Ruben BONI

Petites astuces de geek pour assurer sa cyber sécurité

Vendredi 4 mai, à Abidjan / Côte d’Ivoire, la Friedrich Nauman Stiftung a réuni une vingtaine d’acteurs du web ivoirien. Objectif de la rencontre : apporter les outils nécessaires à l’optimisation de blogs et à l’écriture web. A cette même occasion, on a pu découvrir des petites astuces permettant de renforcer sa cyber sécurité.

Ce dernier thème a particulièrement attiré mon attention, en effet, les conseils donnés sont utiles à connaître, notamment si l’on veut faire face à un Etat dont la préoccupation essentielle est de restreindre la liberté d’expression de ses citoyens (voire bien d’autres droits encore).

Astuces de geek pour assurer sa cyber sécurité

Cyriac Gbogou, influenceur du Web ivoirien a animé l’une des deux formations de la journée. En tant que professionnel du domaine de la sécurité web, son intervention a été des plus pratiques. Je retiens et je partage ici quelques astuces pour mieux se protéger.

De nos jours encore, très rares sont les personnes qui sont sur internet sans avoir de compte email. Et bien souvent, ces comptes sont la première chose piratée en vue de recueillir le maximum d’informations. Elles sont donc la cible privilégiée des attaques des pirates informatiques.

Le site hacked-emails.com vous permet de savoir en un clic si vous avez déjà été victime de piratage ou d’une tentative de piratage. Deux cas de figure sont possibles, soit vous n’avez jamais été piraté et le site affichera « Congratulations! We found no entries… », soit vous avez été victime de piratage ou d’une tentative de piratage, le site indiquera alors le nombre de fois et les sources du problème dans un tableau.

Selon le formateur, pour chacune de ses plateformes web (notamment emails et comptes sur les réseaux sociaux), il est utile d’avoir une clé de sécurité. La clé de sécurité ne doit pas être facilement envisageable et doit être changée régulièrement. Il faut aussi avoir recours à différentes clés de sécurité pour chacune de ses plateformes.

Par exemple pour les mots de passe, il est préférable qu’ils contiennent des lettres minuscule, des lettres majuscule, des chiffres et des caractères spéciaux (?, !, @, #, …). Mais devant la complexité de son mot de passe, on pourrait l’oublier. Dans ce cas, il est aussi recommandé d’utiliser son numéro de téléphone pour la récupération d’une clé d’accès éventuels.

Une fois créé, testez sa fiabilité avec le site proposé : il évalue en temps (secondes, minutes, heures…) la difficulté pour un pirate à cracker votre mot de passe !

  • Cryptez certaines de vos conversations en ligne

Dans certains pays africains, il est difficile de s’exprimer librement sur les sujets d’intérêt national. Le risque est en effet élevé de se faire écrouer pour des incriminations fourre-tout, comme par exemple l’atteinte à la sûreté de l’Etat.

Face à cela, il existe des moyens connus pour échanger librement et de manière fiable en ligne. Notre formateur a proposé l’utilisation de certains outils. En premier lieu, il est possible d’utiliser www.mailvelope.com pour crypter ses courriels. Whatsapp permet de sécuriser vos conversations dans ses paramètres. Telegram et Signal Private Messenger sont quant à eux des outils dédiés à la conversation privée sécurisée.

Mais ce qu’il faut retenir, rappelons-le, c’est que la sécurité à 100% n’existe pas, et encore moins concernant les questions numériques. La meilleure sécurité est tout simplement de faire preuve de vigilance et de responsabilité en ligne. Ainsi, je pourrais penser comme Lucrece : « Plutôt que de choisir l’application la plus sécurisée, il est préférable de faire attention à ce qu’on échange en ligne ». Mais, la facilité de communication qu’offrent les médias sociaux nous oblige souvent à partager des informations sensibles.  Il est donc toujours utile de connaître de petites astuces permettant de garantir un minimum de sécurité de nos données.

Et n’oublions pas que la violation du droit à la sécurité est une porte ouverte à la violation de nombreux droits humains. Connaître les astuces pour protéger sa sphère privée, c’est proclamer et défendre le respect de ses droits. Parce que, pour moi, tout le monde a le droit de communiquer librement et en toute sécurité.

Vidéo éditée par l’Agence Tunisienne (ANSI).


Le défi en eau potable à Bouaké, un casse-tête chinois ?

A en croire les nombreux titres peu élogieux de l’actualité sur Bouaké, on pourrait se laisser convaincre que la ville est damnée. Rébellion armée, mutineries, grèves sauvages, incivisme et aujourd’hui pénurie d’eau paraissent confirmer cette folle idée. Mais à la réalité, il n’en est rien.

La ville mythique du centre de la Côte d’Ivoire est seulement victime des erreurs et de la négligence humaine. La pénurie d’eau potable actuelle n’est en rien un phénomène des dieux. Le fait que les populations soient obligées de se tourner vers les marigots aux abords de la ville, avec tous les risques de crise sanitaire, a des raisons humaines bien simples.

Les causes de la pénurie en eau

L’origine du problème rapidement brandie par les autorités est sans surprise l’assèchement du lac du barrage hydraulique de la Loka. En effet, le lac qui fournissait 70% de l’eau de Bouaké a aujourd’hui carrément disparu. La faute, dit-on dans les hautes sphères de l’Etat, au changement climatique qu’on personnifie. Cependant, ce qu’on prend le soin d’éviter de confesser, c’est la faillite de l’Etat à mener une politique efficace de gestion de ses ressources naturelles.

On le sait, les forêts aident à reconstituer les nappes phréatiques et les cours d’eau si cruciaux pour l’eau potable. Mais en Côte d’Ivoire, la négligence des gouvernements successifs a entraîné la disparition de plus de 80% des forêts. Les conséquences sur l’environnement ne pouvaient qu’être trop prévisibles. Le cas de l’assèchement du lac de la Loka ne devrait donc pas surprendre. Ce n’est qu’un retour de bâton des actions de l’homme.

A côté de cela, notons comme autre source du problème le détournement des eaux du lac pour le bénéfice d’activités anarchiques. En effet, aux abords du lac, s’est développée au vu et au su des autorités l’exploitation de carrières de sable et de gravier.

Aussi, il est à relever que le barrage de Loka construit en 1964 pour une population d’alors de près de 65 000 habitants a été surexploité. En plus de 50 ans, la population de Bouaké a explosé et est aujourd’hui estimée à plus de 542.000 habitants. Il s’est ainsi progressivement avéré difficile d’assurer la consommation annuelle de 10 millions de m3 d’eau de la ville.

Les réflexions pour sortir de la crise de l’eau

Face à la difficile situation que vivent les résidents de la zone de Bouaké, des actions sont entreprises mais d’autres restent à mener. Ainsi, pour pallier le problème, le gouvernement ivoirien a réquisitionné plusieurs citernes d’eau pour desservir les populations en situation d’urgence humanitaire. Une telle mesure est à saluer. Cependant, elle est provisoire et ne pourra soulager qu’une petite minorité d’individus.

C’est pourquoi, dans les perspectives à moyen et long terme, bien d’autres mesures sont en cours de réalisation. L’une des plus en vue du moment est la construction de plusieurs forages hydrauliques modernes dans la ville. C’est en effet une solution qui s’inscrit davantage dans la durée. Mais il faut le dire, elle n’est pas sans risque.

Selon l’avis de certains spécialistes de l’eau, notamment Mathieu Guérin, expert international sur la question de l’eau et président de l’ONG Urgence eau, la création de nombreux forages est à éviter car un nombre accru de ces forages serait destructeur de la nappe phréatique déjà difficile à renouveler.

En attendant, la solution la mieux partagée reste le ralliement hydraulique de Bouaké au fleuve Bandama. En effet, couvrant une superficie de près de 97 500 km2 et s’étendant du nord au sud du pays, le Bandama offre une solution durable au problème.

Toutefois, des recommandations sont à faire. L’Etat ivoirien devrait mettre au centre de sa politique la préservation de ses ressources biologiques. Car, quand la biodiversité est mise en péril, l’existence humaine se trouve par ricochet menacée. Aussi, les populations, ivoiriennes en particulier, devraient davantage s’engager en faveur des questions écologiques. Par exemple, dans la gestion domestique de l’eau, nous devons tous faire preuve de plus de responsabilités. Suivant des gestes simples, notre planète se portera mieux, et l’humanité aussi.

L’accès à l’eau potable, un droit humain                  

Au terme de notre exposé, nous ne saurions terminer sans évoquer cette avancée majeure dans les droits humains. Depuis juillet 2010, l’Assemblée générale de l’ONU a officiellement reconnu comme un droit humain l’accès à une eau de qualité et à des installations sanitaires. Ceci parce que l’accès à une eau saine fait partie intégrante du droit à un niveau de vie suffisant. Et, il est étroitement lié à la dignité humaine.

La minute éco-citoyenne – Eau de Est Ensemble


« La peine de mort, ce n’est pas de la justice. C’est de la vengeance ! »

Avec le soutien de nombreuses organisations nationales et internationales, s’est tenu les 9 et 10 avril 2018, à Abidjan le Congrès régional africain contre la peine de mort. C’était une occasion de plus pour l’association Ensemble contre la peine de mort (ECPM) d’inviter les 55 Etats restant à poser des actions concrètes pour une abolition totale de la condamnation à mort dans le monde.

À cet événement, j’avoue que j’y participais sans trouver un réel intérêt pour mon pays la Côte d’Ivoire. En effet, depuis son accession à l’indépendance en 1960, aucune condamnation à la peine capitale n’a été prononcée. Et mieux, ses deux dernières Constitutions ont sorti de l’ordonnancement juridique le recours à la peine de mort.

Mais au fur et à mesure du déroulé de l’activité, mon point de vue a évolué. Les divers récits d’ex-condamnés à mort et les arguments contre la peine capitale m’ont aidé à saisir tout l’enjeu.

‘’Peine de mort, pleine de tort‘’ : récits…

  • Dans les années 1980, une Chinoise a été cruellement assassinée. Son corps démembré sera retrouvé dans une rivière. Selon des enquêteurs, il s’agirait de Shi Xiaorong déclarée disparue à la même époque. Pour la police, le meurtre est l’œuvre d’un professionnel de la découpe. Teng Xingshan, boucher de profession est alors arrêté et présenté comme l’assassin. Il aurait « confessé son crime de sa propre initiative et ses aveux étaient conformes à l’enquête scientifique et à l’identification ». En 1989, Teng est exécuté d’une balle dans la tête. En 2005, Shi Xiaorong, donnée pour morte, réapparaît vivante dans une autre région de la Chine. La justice chinoise est alors contrainte de disculper à titre posthume Teng. ( Lire The Telegraph )

  • Suzan Kigula, à 20 ans, était une jeune mariée et mère d’un enfant. À sa fille, comme tout parent, elle rêvait offrir tout le lait et le miel du monde. Mais une nuit qu’on dirait ordinaire, sa vie prit une tournure pathétique. Son domicile conjugal fut cambriolé. Elle fut violentée et son époux égorgé vif. Malgré les blessures qu’elle affichait sur le corps, personne ne voulut croire son témoignage. On lui attribua la responsabilité du crime. Suzan fut livrée à l’enfer par beaucoup. Et la justice de son pays la condamna à mort. (Lire l’entretien de Suzan)

La peine de mort, une bêtise humaine…

La question suscite beaucoup d’intérêt, et malheureusement, il existe encore des gouvernants et des individus pour défendre son application. En fait, les arguments avancés par ces derniers sont simplistes, comme le rapporte revoltes.org.

On montre la peine de mort comme le moyen le plus efficace pour « rendre justice ». Il est présenté comme l’expression de la réprobation des populations pour des faits tels que les crimes de sang, le terrorisme, la pédophilie, le viol, l’homosexualité, l’incitation à la guerre, les coups d’Etat, le trafic de drogue, le piratage, l’avortement, l’adultère, le blasphème, l’apostasie, etc. On y voit de la dissuasion à la commission de crimes graves et la prévention au retour des dangereux criminels dans la société. Pour ceux-ci donc, les personnes qui commettent ces crimes qualifiés de graves ne méritent pas de vivre.

Mais à l’opposé de ces sombres arguments, il y a d’innombrables raisons d’abolir la peine de mort. D’emblée, il faut relever que la peine de mort viole le droit à la vie. Ce droit est fondamental, sacré et inviolable selon l’article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. La peine de mort est cruelle, inhumaine et dégradante autant pour le condamné que pour ses proches.

De plus, la peine de mort tue des innocents. L’exemple prouvé de Teng et de plusieurs autres suffit à justifier cet argument. Et il ne faut pas se le cacher, sous couvert de vindicte populaire, la peine de mort sert souvent à éliminer des adversaires politiques. Ou à servir de pression politique contre un autre Etat.

Clairement, la peine de mort n’est pas dissuasive et ne rend pas la société plus sûre. Bien au contraire, elle duplique la violence qu’on prétend combattre. Dans l’Etat américain du Texas, le taux de criminalité a augmenté de 400 % depuis la réinstallation de la peine de mort en 1976, selon l’association ECPM.

Aussi, la commission d’une infraction grave n’empêche en rien la réussite de la réinsertion sociale. C’est pourquoi, il faut s’engager contre la peine de mort sous toutes ces formes.

Les exécutions sommaires, une forme d’application de la peine de mort ?

Durant le déroulé de l’activité, je ne m’arrêtais plus de penser aux faits banals de l’actualité ivoirienne. Un certain Zama, chef supposé d’un groupe de microbes, exécuté sous les jets de pierres de badauds. Un gendarme malencontreusement lynché par une population en colère. Un jeune homme à terre désarmé et abattu à bout portant par un policier. On pourrait à juste titre y voir de l’incivisme des populations ou des bavures policières. Mais, la récurrence et la banalité des faits m’imposent à y voir de fait une application de la peine de mort.

Et des questions me restent. A-t-on tous conscience qu’une vie humaine est sacrée ? Si la peine de mort est détestable, cela ne l’est-il pas en raison du fait qu’elle ôte la vie humaine ? Pour ma part, je suis contre la peine de mort. Je suis contre le fait d’arracher une vie humaine quelles qu’en soient les raisons. Car comme le dit si bien Paul Angaman, président de la FIACAT, « La peine de mort, ce n’est pas de la justice. C’est plutôt de la vengeance. ».

En réfléchissant à ma journée, j’ai finalement compris que le terrible acte d’ôter la vie doit nous obliger à regarder au-delà de notre seul nombril. Car la peine de mort ne fait pas que du tort au condamné et ses proches. Elle fait du tort à toute l’humanité en ce qu’elle promeut l’inhumanité.

Concernant la Côte d’Ivoire, d’autres efforts sont à faire. Elle doit notamment tout mettre en oeuvre pour la ratification du Deuxième protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, visant à abolir la peine de mort.

Pour la petite histoire, l’Ougandaise Susan Kigula, après plus de 15 ans passés à attendre une exécution, a bénéficié d’un réexamen de peine. Elle est aujourd’hui libre. Pendant sa détention, elle a décroché son diplôme de droit par correspondance et est à présent avocate au barreau de son pays. Elle partage aussi son expérience en slam aux jeunes filles détenues.

Voir pour comprendre #1 : La peine de mort, une production de Amnesty France.


Lutter pour les droits des femmes d’aujourd’hui et de demain, la responsabilité de tous !

Depuis longtemps, les femmes ont été discriminées. Mais aujourd’hui, le monde semble avoir réalisé son tort et tente d’équilibrer la balance. Cette situation, bien qu’à encourager, fait malheureusement de petits jaloux.

28 novembre 2017, depuis l’Université de Ouagadougou, le Président français, Emmanuel Macron s’adresse à la jeunesse africaine. Sur le sujet de l’éducation, il  invite les ambassades françaises en Afrique à proposer des bourses d’études vers l’Hexagone en priorité aux filles.

Mais dans la salle, une clameur d’agacement se fait entendre. Macron rassure immédiatement. « N’ayez pas peur. Je n’ai pas dit qu’il n’y en aurait que pour les jeunes filles. J’entendais cette mâle réaction visant à protester … ».

Etre une fille c’est s’ouvrir les portes du paradis…

Dans l’Afrique même éduquée d’aujourd’hui, la perception masculine à l’égard des filles est bien triste. On s’imagine souvent qu’être une fille ouvre les portes du paradis. Et pour fustiger les initiatives en faveur de la gente féminine, des arguments peu honorables sont avancés.

Tout d’abord, on entend dire que les initiatives tendant à la promotion de la fille et de la femme foisonnent. Et qu’ainsi, presque tous les programmes de leadership leurs sont dédiés.

Dans les offres d’emploi, on relève nerveusement que la fameuse phrase « candidature féminine vivement encouragée » ne manque quasiment jamais. Pour les séminaires et autres, on s’indigne que leur soit assuré presque immédiatement un quota de places.

Ensuite, en plus de ces initiatives à rendre jaloux, les filles semblent effectivement mettre le monde sous leurs talons. Dans de nombreux domaines, les filles dament le pion aux garçons et elles excellent.

Pour exemple, en Côte d’ Ivoire, dans le domaine des TICs et bien plus, les filles ne sont que sur les plus hautes marches. Quelles que soient les générations, elles mènent la danse. Au pif, je peux citer Yehni Djidji, Edith Brou, Raïssa BANHORO, Orphelie ThalmasMaria de Jésus, Tchonté Silué, etc.

Ainsi, devant leur charme intellectuel qui les met en lumière, plusieurs garçons ont jalousement émis le vœu d’être une fille. Mais à la vérité, le traitement spécial accordé aux filles qui fait tant d’envieux n’est pas fortuit. Il vise à corriger une bien triste réalité.

… et pourtant, que d’enfers elles vivent

Les projets pour filles et les modèles de réussite féminine font presque oublier leur dure réalité. En effet, aujourd’hui encore, la situation de la gente féminine dans le monde reste exécrable. Ceci, bien qu’il y ait une prise de conscience mondiale sur le sujet.

Pour une énième fois, et au risque d’être long dans notre exposé, il s’avère important de rappeler quelques enfers que vivent les femmes. Cela en espérant que cesse définitivement l’égoïsme et la méchanceté gratuite de certains messieurs.

  • Les violences faites aux femmes

Le terme englobe l’ensemble des comportements violents, individuels et collectifs dirigés contre les femmes. Ces violences sont exercées dans tous les domaines de la vie : au travail, en couple, en famille, à l’école, dans la rue, dans les transports, etc. Elles prennent presque toutes les formes imaginables.

Pour donner une idée du problème, la Banque Mondiale révèle que « le viol et la violence conjugale représentent un risque plus grand pour les femmes entre 15 et 44 ans, que le cancer, les accidents de la route, la guerre et le paludisme réunis. ».

Comme pour renchérir, Care France avance que : « Aujourd’hui encore : 1 femme sur 3 est victime de violences au cours de sa vie (coups, viol, abus), soit 1 milliard de femmes à travers le monde. 1 fille mineure est mariée de force toutes les 2 secondes, soit plus de 40 000 par jour. Plus d’1 pays sur 2 ne condamne pas le viol conjugal, soit 127 pays au total. Près de 5 000 femmes sont victimes de crimes d’honneur chaque année. 1,36 millions de filles et de femmes sont victimes d’exploitation sexuelle dans le monde. Plus de 125 millions de filles et de femmes vivent avec les séquelles de mutilations génitales. ».

  • Le difficile accès à l’éducation et à la santé

Dans le domaine de l’éducation, selon l’ONG ONE, on enregistre plus de « 130 millions de filles qui ne vont toujours pas à l’école aujourd’hui – pas parce qu’elles ne le veulent pas, mais parce qu’elles n’en ont pas la possibilité ! ». Et les raisons évoquées sont évidemment bêtes.

On évoque les traditions culturelles, la pauvreté, les violences à l’école et sur le chemin de l’école, les menstruations, les mariages précoces et forcés, les grossesses précoces, l’absence de certificat de naissance, les instabilités sociopolitiques, etc.

Dans le domaine de la santé, un pareil sombre tableau peu être dressé. « L’accès aux soins et à la santé fait partie des droits auxquels des millions de femmes sont privées dans le monde, notamment en ce qui concerne leur santé sexuelle et reproductive. ». Plan International

Selon l’OMS (2015), 830 femmes décèdent chaque jour de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement et 99% de ces décès surviennent dans un pays en développement.

  • Les discriminations et le sexisme au travail

On le sait tous, quand bien même une petite proportion de filles parvient à bénéficier de l’éducation, une fois devenue des adultes, l’accès et les conditions du travail sont encore sujets de problèmes pour elles.

Selon une étude de la Banque Mondiale, « dans un certain nombre de pays africains, les femmes ont presque deux fois plus de chances que les hommes de se retrouver dans le secteur informel, et environ deux fois moins de chances d’obtenir un emploi formel que ce soit dans le secteur public ou privé. Bien qu’élevé, l’écart salarial entre les hommes et les femmes varie grandement d’un pays à l’autre. ».

Quant au sexisme, pas besoin d’une enquête spécifique pour le constater. Avec un minimum d’attention, l’on peut aisément relever de nombreux comportements sexistes dans nos attitudes ou dans ceux des autres.

Nous devrions tous être des féministes*…

A ces trois points sus-évoquées, on pourrait ajouter de multiples autres points tels que le difficile accès à la terre, les droits successoraux des femmes bafouées, etc. et nous nous éterniserions à commenter les droits violés des femmes.

En  s’étalant ainsi dans les détails, l’objectif recherché est de faire prendre conscience d’un fait : les filles et les femmes méritent plutôt notre soutien. Car c’est envers et contre tout qu’elles parviennent à se faire une place de choix dans la société actuelle.

Et, pour une société plus juste pour tous, nous devons absolument soutenir et défendre les droits des femmes. Outre la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, à notre sens, la raison est simple. Elle devrait s’appuyer sur deux belles citations.

« Je me considère comme féministe… Ce n’est pas le mot pour désigner une personne qui se bat pour les droits des femmes ? ». Dalai Lama

« J’ai toujours été convaincue qu’en éduquant une fille, vous donnez du pouvoir à toute une nation. » — Reine Rania de Jordanie, militante pour l’éducation des filles


Un best-seller que je recommande :

*Nous sommes tous des féministes, paru le 26 février 2015 de Chimamanda Ngozi Adichie 


Feux d’artillerie en début d’année, la Côte d’Ivoire doit rompre avec la violence !

Avec les feux d’artifice de l’an 2018, on souhaitait définitivement tourner la page des démons de l’instabilité politique. Mais hélas, de nouveaux événements nous interdissent de rêver plus longtemps.

Après les feux d’artifice, les feux d’artillerie

Depuis maintenant cinq ans, Abidjan, vitrine de la Côte d’Ivoire, est connue pour une chose : elle s’affiche chaque fin d’année comme une ville magique et féerique au travers d’un événement particulier : Abidjan, perle des lumières.

En effet, à cette occasion, les bâtiments publics et privés se parent de toutes sortes d’objets lumineux. Les grandes voies et les ruelles sont étincelantes et rivalisent de brillance. Même les citoyens participent à cette grande messe de la lumière, les tirs de feux d’artifice donnent le clou au spectacle.

Magnifique, splendide, époustouflant, abracadabrant, etc. les Ivoiriens ne tarissent pas d’éloges. Et, sous les feux d’artifice, de jeunes tourtereaux roucoulent à l’unisson. Quel spectacle extraordinaire !

Mais, comme le dit l’adage, « les bonnes choses ne durent jamais », et, malheureusement, dans le cas de la Côte d’Ivoire, c’est incontestable. En effet, depuis le quinquennat dernier, aux feux d’artifice succèdent presque toujours les feux d’artillerie.

Ainsi, pour apporter preuve à cette affirmation, il n’est pas besoin de trop loin voyager dans le temps. En 2017 donc, le mois de janvier a été celui de tous les dangers. Ultima Ratio, le blog du Centre des études de sécurité de l’Institut Français des Relations Internationales (Ifri) le relève bien.

« Dans la nuit du 5 au 6 janvier, des tirs ont été entendus à Bouaké : des soldats démobilisés et d’anciens rebelles réinsérés au sein de l’armée ivoirienne ont attaqué la Préfecture de Police et deux commissariats et pris position aux abords de la ville. »

Pour ce début 2018, c’est une situation similaire qui semble se profiler : « Côte d’Ivoire : nouveaux échanges de tirs dans des bases militaires à Bouaké » signale le Monde Afrique. « Côte d’Ivoire: à Bouaké, les dangereuses querelles interarmées » titre RFI Afrique.

Capture d’écran, tweets de Nicolas Pinault du 10 janvier 2018

L’échec des réformes du secteur de la sécurité (RSS) ?

Devant ces scènes de quasi-guerre, qui semblent aujourd’hui devenues ordinaires, on a envie de s’interroger : sachant le traumatisme permanent  des populations, on se demande bien à quoi servent les reformes du secteur de la sécurité. À rien, a-t-on envie de répondre.

On se rappelle qu’à l’époque de la mission de l’ONUCI, une division spéciale était affectée à la RSS. Le rôle de cette division était assez bien connu. Il s’agissait d’appuyer le Gouvernement ivoirien dans la mise en place d’une Stratégie Nationale de la RSS, axée sur six piliers.

Ainsi, avec l’appui de l’ONUCI et de la Force Licorne dans ce domaine, on croyait le problème résolu. Mais que d’illusions !

Capture d’écran du site RFI, réaction de l’ancien Général Français Bruno Clément-Bollée

Peut-être avions nous ignoré une notice telle que celle d’Aline Lebœuf.

« Toutefois, ce sont les Ivoiriens qui doivent eux-mêmes, aujourd’hui, proposer des réformes qui leur conviennent. Un expert étranger ne peut servir que de poil à gratter, de stimulant pour aider à mettre en mots des enjeux qui restent souvent tabous et non exprimés parce qu’ils sont jugés trop sensibles. ».

C’est pourquoi, aujourd’hui, il faut arrêter de se beurrer les yeux. Car, le sentiment de sécurité des populations ivoiriennes est à mille lieux de celui des New-yorkais et des Genevois. De ce fait, il faut donc prêter une attention particulière aux recommandations en vue de « mettre en place des relations civilo-militaires constructives et non crisogènes ».

À cet effet, il semble utile d’énumérer certaines pistes de solutions proposées par l’IFRI. Il s’agit dans un premier temps de construire une armée nation, de définir des missions et des engagements clairs pour les forces. Dans un second temps, il faut repenser la formation et la sélection des militaires. Et enfin, il faut aussi réaliser des investissements pour la formation et l’équipement de la gendarmerie et de la police.


Côte d’Ivoire : notaire, une profession encore hermétique

Le notariat, l’un des métiers du droit, demeure en Côte d’Ivoire l’un des plus hermétiques. Sous nos tropiques, pour revêtir la robe noire de notaire, il semble que la ménopause ou la calvitie proéminente fait partir des conditions.

Mais au fait, quel est le rôle du notaire ? Découvrez le dans cette vidéo…

Les conditions officielles pour être notaire

Pour prétendre au titre de notaire en Côte d’Ivoire, il faut tout d’abord avoir la qualité de clerc. En fait, le clerc est le collaborateur direct du notaire. Il est chargé par ce dernier du traitement des dossiers sous son contrôle. Ainsi, il acquiert par ce biais les rudiments du métier.

Mais derrière le charme de son appellation, la fonction de clerc de notaire cache une toute autre réalité. Son statut demeure vague. En effet, considéré comme un stagiaire dans la pratique, le clerc est soumis aux humeurs de son employeur – le notaire.

Même après 10 années d’expérience, le clerc peut ne recevoir qu’une simple indemnité de transport comme salaire. Passons sous silence la déclaration à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale et l’assurance-maladie. Elles sont quasi inexistantes.

Et pour aspirer à la fonction de notaire, le clerc doit accomplir au minimum quatre (04) années de stage dans une étude notariale. Cependant, il doit être titulaire de la Maîtrise en droit ou de tout diplôme équivalent. Aussi, depuis juillet 2017, ce dernier doit en plus satisfaire à un examen professionnel.

Loin d’être une formalité, cet examen professionnel semble nécessiter des aptitudes surnaturelles. Il suffit de regarder aux conditions d’examen et aux résultats d’admissibilité pour s’en convaincre.

Dans les faits, être notaire n’est pas si simple

Concernant cet examen professionnel, de nombreuses voix s’élèvent pour affirmer qu’il est déjà dévoyé. Car, dans sa mise en œuvre, des mains occultes paraissent travailler à restreindre l’accès à la profession.

En effet, selon certaines sources, pour l’année 2017, l’examen a connu de multiples difficultés. Tout d’abord, les cours de préparation à l’examen professionnel ont été dispensés de façon lapidaire. Pour preuve, initialement prévue pour deux (02) mois, la formation avant examen n’a duré que trois (03) semaines.

Ensuite, que dire des professionnels formateurs à ces cours ? Pour la plupart, ils ont brillé de par leurs absences répétées. Ceci, en dépit du coût exorbitant de la formation.

Enfin, l’une des matières à la composition d’admissibilité était totalement étrangère à l’ensemble des candidats. Ni leur formation universitaire, ni même le stage notarial ne leur a offert l’opportunité de côtoyer une telle discipline.

Ainsi, le résultat ne pouvait qu’être trop prévisible. Sur 122 candidats, seulement 06 ont été déclarés admissibles. Une situation déplorable et révoltante pour les candidats d’autant plus que l’examen est prévue se tenir tous les deux (02) ans.

Car, l’air de rien, aujourd’hui, les clercs ayant présenté l’examen professionnel totalisent entre quatre (04) et dix (10) années d’expérience. Et, la moyenne d’âge avoisinerait les 45 ans. Triste réalité africaine ! Ainsi donc, ce qui devrait constituer pour ceux-là un premier emploi va encore devoir attendre l’humeur de certains.

Ceci, en dépit du fait que les professionnels du notariat sont unanimes sur une chose. Le nombre actuel de 212 notaires est largement insuffisant pour toute la Côte d’Ivoire. Le besoin en notaires est donc réel. De ce fait, d’autres mesures doivent être prises.

La nomination de deux catégories de notaires, une solution

Dans un contexte où la tendance à l’international est à l’ouverture de la profession notariale, il faut s’inspirer des autres.

A cet effet, en France, la loi Macron a institué plusieurs réformes destinées à faciliter l’accès à la profession notariale. La Côte d’Ivoire pourrait s’en inspirer. Car, un projet de loi portant statut du Notariat est sur la table du Parlement pour adoption. La désignation de notaires titulaires de charges* et de notaires salariés* peut constituer une solution.

Cette dernière solution permettrait par exemple la nomination des 122 candidats à l’examen. Ceci d’autant plus que leur mérite a été reconnu par une attestation de premier clerc de notaire.

Aussi, cela permettrait de répondre d’une part au fort besoin en notaires de la Côte d’Ivoire. Et d’autre part, elle aiderait à une meilleure planification des examens futurs de premier clerc et de notaire.

Malgré toutes les apparences, cette solution n’est pas nouvelle encore moins destinée à faire la promotion de la médiocrité. Elle a récemment été adoptée au Maroc et les résultats sont élogieux.

Dans le Royaume Chérifien, il y a eu nomination massive à titre transitoire des candidats remplissant les conditions nécessaires à l’exercice de la profession notariale. Et ce, en attendant comme en Côte d’Ivoire, l’ouverture effective de l’institution de formation professionnelle prévue par la loi.

En définitive, pour permettre aux aspirants notaires de réaliser leur rêve, et enfin convenablement subvenir aux besoins des siens, le gouvernement ivoirien devrait se pencher sur ce cas. Car, vu les conditions de tenue de ce dernier examen professionnelle, une décision courageuse serait salutaire pour tous.

Et, voilà qui est clair ! Le notariat, un métier d’enfer… Mdr

Petit glossaire :

Notaire titulaire de charges* : J’entends le notaire officier ministériel, professionnel du droit et qui exerce ses fonctions, dans le cadre d’un office, sous le contrôle des magistrats du Parquet.

Notaire salarié* : J’entends le notaire lié à une Etude notariale par un contrat de travail.


Les codes derrières les vœux de nouvel an en Côte d’Ivoire

« Si l’on te ferme la porte, passe par la fenêtre » dit le proverbe. M’appuyant sur cet adage populaire, j’ai souhaité faire entorse à ma ligne éditoriale et m’incruster au #Mondochallenge, #Bonjour2018. En fait, j’ai été pris d’envie d’aborder le sujet des vœux de nouvel an. Pourquoi ? Parce qu’en Afrique, et particulièrement en Côte d’Ivoire, dire ses vœux permet de passer de biens jolis messages.

L’an 2017 s’en est allé sous nos yeux. Il a égrainé son chapelet de mauvaises et de bonnes nouvelles. Et nous voilà tout heureux de passer à une nouvelle année. Pour 2018 donc, on espère pour soi-même et pour les autres de très belles choses. On s’échange et on se dit de belles paroles. On se présente les vœux de nouvel an.

Mais, sous nos cieux, dire ses vœux a, selon son contexte, son code. Il faut donc absolument bien les comprendre pour ne pas être « Gaou », si vous visitez la Côte d’Ivoire. Je n’aborderai que trois des pratiques les plus répandues.

Premier code, « bonne année l’argent »

En Côte d’Ivoire, si en ce mois de janvier 2018 votre chemin rencontre une meute d’enfants sur leur 31, n’ayez aucune crainte. Ils cherchent juste à vous présenter leurs vœux de nouvel an.

Mais ne vous attendez surtout pas à des phrases bien construites. Ils vous diront une expression magique accompagnée de grands sourires sans non plus vous céder le passage. « Sambè-Sambè » ou « Bonne année l’argent », c’est tout ce que vous entendrez.

Par ces diverses expressions, ces enfants vous auront absolument tout souhaité comme vœu. Santé, prospérité, travail, avoir des enfants, etc. En fait, tout ce que vous désiriez entendre. En retour de leurs riches bénédictions d’enfants, vous devrez payer le prix fort.

Et oui, un peu comme pour les prières des pseudos « hommes de dieu », il va vous falloir sortir le portefeuille. Des pièces de monnaie ou de beaux billets de banque remis pour chaque enfant les feront disparaître sous vos yeux.

Mais ne vous y méprenez pas, cela n’arrive pas tous les jours. Comme pour la fête d’Halloween ailleurs, les premiers jours de l’an en Afrique sont également consacrés aux enfants. On témoigne ainsi que l’enfant appartient à toute la communauté, et que tous nous sommes leurs éducateurs.

A côté des vœux d’enfants ainsi formulés, les adultes ont une autre manière de souhaiter leurs vœux. Là aussi, il y a des codes à décrypter.

Second code, les innombrables et kilométriques SMS de vœux

Avant tout premiers contacts physiques de vos amis et connaissances, vous recevrez à coup sûr des SMS. En effet, depuis le passage à la nouvelle année, vous recevrez d’innombrables et volumineux messages de personnes qui vous tiennent en estime.

Dans ces SMS, à la différence du message concis des enfants, les adultes essayeront de tout vous souhaiter en une fois. Et votre téléphone ne cessera plus de crépiter toutes les 2 minutes minimum. Des passages presque entier de livres Saints ou des belles phrases copiées ici et là vous seront transférées.

Mais bien d’autres, par des messages personnalisés et presque toujours spirituels vous feront fondre le cœur.

« L’année nouvelle est là. Puisse Dieu nous accorder de nous attacher davantage à Lui et d’être plus attentifs à sa Voix. Qu’il t’ouvre les portes qui seront pour toi source de bénédiction. Qu’il te libère de toutes servitudes et te distingue. Sois et demeure lumière. Bonne et heureuse sainte année 2018.»

Aussi, si vous êtes une demoiselle, d’autres messages plus libérés vous obligeront à commencer l’année avec sourire.

« Qu’en cette année 2018 qui commence, ton Georges Weah s’élève. Que ton Mugabé tombe. Aussi, que ton Kim Jong-Un ait son Donald Trump. Que ton Macron soit en marche. Que tous tes soucis connaissent leur Libye. Sois sereine comme Gbagbo à la CPI. Bonne et heureuse année ! »

Ainsi, au travers de ces divers messages, l’ivoirien voudra vous témoigner son affection. Mais aussi, il sera très attentif à votre message ou appel en retour. Car les signes d’une amitié forte se conjuguent avec réciprocité et quasi instantanéité. Si vous avez l’occasion de passer des appels, mettez-y surtout des onomatopées d’émotion. On adore ça !

Troisième et dernier code, visites et bouffe à gogo

Ce troisième point est le plus important à mes yeux. Car, en Afrique, le contact physique joue un rôle central dans les relations humaines. Le jour de l’an est ainsi l’une de ses occasions privilégiées où il faut resserrer les liens sociaux.

A cet effet, ne soyez pas du tout surpris si tout votre voisinage frappe à tour de rôle à votre porte. S’il débarque chez vous sans vous avoir prévenu et vous faisait des accolades ou des bises.

C’est une tradition africaine. Les moments de fête sont faits pour désamorcer les tensions, se pardonner, faire plus ample connaissance et tracer les sillons pour demain.

Et aussi, en Afrique, dans ces moment-ci, on ne rend visite que précédé ou accompagné de bons plats. C’est l’occasion pour les femmes surtout, en plus de témoigner de la fraternité, de faire l’étalage de leurs compétences culinaires. Qui sait, peut-être arriveront-elles à ouvrir les yeux au voisin célibataire !?

Je vous propose de découvrir la recette et l’un de plats qui m’a été donné de déguster. Merci voisine !

Quoiqu’il en soit, visites et nourritures offertes sont aussi une autre manière d’adresser ses vœux. Et comme toujours, il ne faut surtout pas oublier la réciprocité. Il faut, quelques jours après, renvoyer l’ascenseur.

Enfin, une précision de taille est à relever. Lorsque l’on vous apporte de la nourriture, il ne faut surtout pas s’empresser de vide le contenu et renvoyer immédiatement les récipients. Il faut le faire un, deux ou trois jours après. C’est un signe que vous avez été satisfait du mets qui vous a été apporté.

Voilà donc quelques codes derrière les vœux de nouvel an en Côte d’Ivoire. Si vous lisez mon article, je vous dis « bonne année l’argent ». Et si vous êtes l’un de mes voisins, vous savez ce que vous avez à faire.

Je vous souhaite Jésus-Christ dans votre vie. Heureuse année 2018 !


Ecoutez le bon vieux tube « bonne année » de Lokassa, vous allez adorer !

 


Noël, l’enfant a droit aux jouets

À l’approche de la Noël, les tout-petits réclament à tue-tête toute sorte de jouets. C’est bien normal, car  jouer est un droit garanti à l’enfant.

L’enfant a droit au jeu…

Au jour de la Noël, est attaché toute une multitude de demi-vérités. Tout d’abord, la date de la naissance du sauveur de l’humanité dans une crèche. Ensuite, vient le mythe du petit papa barbu parcourant le globe et récompensant les enfants les plus sages. Mais qu’importe, si cela contribue à reconnaître et à célébrer un droit essentiel de l’enfant : le droit de jouer.

En effet, l’air de rien, le droit de jouer est un droit qu’on pourrait qualifier d’absolu pour l’enfant. Souvent négligé et peu promu, le droit de jouer est bel et bien reconnu à tous les enfants de la planète. Car, la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE), ratifiée par la quasi-totalité des Etats du monde, le garantit.

Cette dernière dispose en son article 31 alinéa 1 que : « […] l’enfant [a] le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique. ».

Aussi, en Afrique, une charte ratifiée par mon pays la Côte d’Ivoire consacre ce même droit de jouer. Il s’agit de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant (CADBE) de juillet 1990. En son article 12.1, elle aussi reconnaît qu’il est essentiel pour l’enfant de s’épanouir par le jeu.

Alors, sans vouloir faire plus longtemps du charabia juridique, il est simplement à retenir que jouer est un droit de l’enfant protégé. Ce n’est donc pas un droit superflu, ni accessoire. C’est un droit fondamental, expressément reconnu aux seuls enfants. Parce que les bénéfices du jeu pour l’enfant sont remarquables.

Le jeu et son importance pour l’enfant…

Défini par le Lexis, dictionnaire érudit de la langue française, le jeu est « un divertissement, sous forme d’activité physique ou intellectuelle, qui n’a d’autre but que le plaisir, la distraction et l’amusement de soi-même ou des autres. ».

La consécration du jeu, tel que défini, comme un droit fondamental de l’enfant n’est donc pas fortuit. Elle trouve son fondement dans diverses raisons. Toutes ces raisons peuvent s’exprimer en trois temps.

D’abord, le jeu favorise l’épanouissement de l’enfant. En effet, par la belle euphorie que lui procure le jeu, l’enfant se détend, oublie les soucis et exprime ses émotions. En jouant, il fait appelle à son imagination et à sa créativité. Le jeu renforce chez l’enfant la confiance en lui-même et en les autres.

Ensuite, par le jeu, l’enfant apprend à vivre en société. En s’amusant, il interagit avec les autres, apprend à partager, à écouter et à s’intégrer. Aussi, l’enfant inculque les notions cardinales de construction d’une société forte. Il apprend l’amitié, la tolérance, la loyauté, la discipline, la solidarité et le respect des règles.

Enfin, au travers du jeu, l’enfant améliore ses capacités physiques et intellectuelles. Par l’activité ludique, l’enfant entraîne son corps à être plus fort et à se développer harmonieusement. De même, en jouant, l’enfant apprend à bien réfléchir. Il met en place des tactiques et stratégies pour contourner les défis qui s’imposent à lui. Le jeu est subséquemment un outil de transmission de savoir et d’éducation.

Ainsi donc, en plus d’être un droit garanti, le jeu participe au bien-être de l’enfant. Cependant, il appartient aux adultes de veiller à rendre effectif ce droit. En cette période de Noël, offrir des jouets à nos archanges est une belle manière de promouvoir ce droit fondamental.

A Noël, l’enfant a droit aux jouets…

Pour jouer, il faut un jeu. S’il est vrai que les enfants ont l’esprit fertile au point de s’amuser tout seul, il n’en demeure pas moins qu’un jouet est tout aussi utile. Ainsi, par analogie au droit au jeu, on pourrait en déduire le droit aux jouets. Car, jouer fait appel à des moyens de jeu.

C’est pourquoi, en cette période de Noël où l’enfant est célébré, nous, adultes, devons offrir des cadeaux à nos tout-petits. Leur offrir des jouets est le meilleur moyen de garantir et de promouvoir leur droit au jeu.

Néanmoins, dans le choix des jouets à offrir, il faut viser le bien-être présent et futur de l’enfant. Il faut donc éviter les jouets violents et dangereux. Le choix des cadeaux doit aussi se faire en fonction de l’âge et des aptitudes de l’enfant.

Pour finir, et pour ma part, j’aimerais recommander à tous les adultes d’offrir un livre à leur chérubin. Peu importe que ce soit le livre de coloriage de Yehni Djidji, le nouvel ouvrage LE DRAP PARFUME de Isaïe Biton Coulibaly ou une Bible illustrée. Ma motivation est toute simple. Elle repose sur le message de Bernard Pivot publié sur Twitter, qui m’a grandement marqué.

« Offrez des livres ! Ils s’ouvrent comme des boites de chocolats et se referment comme des coffrets à bijoux ».

Vive la Noël, le droit au jeu et les cadeaux !



Pour rappel :

Selon l’ article 1 de la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE), « un enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable ».

Si vous ne voulez pas découvrir la vérité sur Noël, ne cliquez pas sur la vidéo !

Documents consultés :


Côte d’ivoire, l’extinction de la biodiversité en marche à grand pas

Le sujet de la protection du patrimoine forestier de la Côte d’Ivoire n’est pas nouveau. En décembre 2015, sur mon précédent blog, j’appelais à une prise de conscience. Aujourd’hui, je remets à neuf mon article dans l’objectif d’interpeller les décideurs nationaux et internationaux.

80% des forêts de la Côte d’Ivoire disparues en un demi-siècle

Nous vivons dans un pays qui ne grandit pas, alors que sa population augmente chaque année. Selon le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH 2014), la population ivoirienne est aujourd’hui estimée à 23 millions d’habitants. Cette population grandissante a sans aucun doute un impact important sur l’espace forestier de la Côte d’Ivoire. Car elle est foncièrement agricole. On dénombre environ dix millions de travailleurs du secteur agricole.

A ce jour, l’agriculture participe à la formation de 20 % du Produit Intérieur Brut (PIB) de la Côte d’Ivoire. Et les cultures de rente telles que le café, le cacao, l’hévéa, le coton, le palmier à huile, etc. soutiennent le développement économique du pays. Aussi, les cultures vivrières ne sont pas en reste. Le riz, le maïs, l’igname, le manioc, la banane plantain apportent de leur appui en servant principalement à la consommation locale des Ivoiriens.

Ce fait socioéconomique a, comme déjà noté, une incidence sur les forêts de Côte d’Ivoire. Par l’effet du défrichement pour cause agricole, de l’installation anarchique et clandestine dans les aires protégées, de la multiplicité des industries extractives et du bois, de l’urbanisation extensive et des incendies accidentels, la forêt ivoirienne tend à disparaître.

Présentement, 80% des forêts de la Côte d’Ivoire ont disparu en un demi-siècle. Ce n’est un secret pour personne, la forêt ivoirienne a connu une dégradation incessante. De plus de 16,5 millions d’ha à l’indépendance en 1960, le couvert forestier ivoirien est progressivement passé à environ 12 millions d’ha en 1970 puis à 4 millions d’ha en l’an 2000. De nos jours, il ne reste plus qu’environ 2 millions d’ha de forêt à la Côte d’Ivoire.

Avec la forte dégradation de la flore, la faune ivoirienne est, elle aussi, gravement menacée. Car, flore et faune sont intimement liées.

La faune ivoirienne en voie d’extinction

Sur les sites web de tourisme et de voyage en Côte d’Ivoire, on peut lire de belles annonces comme celle-ci.

« La faune de la Côte d’Ivoire est particulièrement riche : l’animal le plus emblématique reste l’éléphant qui subsiste dans les réserves et parcs naturels. Les hippopotames, les hylochères (semblables au sanglier), les antilopes, les buffles et les singes sont des exemples de mammifères que l’on rencontre en Côte d’Ivoire. ».

Mais, loin des cartes postales et sites de tourisme, la réalité est beaucoup moins idyllique. Pour cause de déforestation abusive et de braconnage, de nombreuses espèces animalières sont en voie d’extinction. Et, certaines n’existent carrément plus dans le pays.

L’éléphant, pachyderme qui a malgré lui prêté son nom au pays, est gravement menacé de disparition. De nombreux travaux et rapports font état d’une diminution drastique de la population d’éléphants en Côte d’Ivoire. En effet, beaucoup moins du nombre de 1000 éléphants en liberté est estimé.

L’éléphant, n’est pas le seul animal sauvage en voie d’extinction. De multiples autres espèces d’animaux et d’insectes ont vu leur taille considérablement réduite. A tout hasard, on peut citer l’hippopotame nain, le buffle, le crocodile, le singe, le héron, le lamantin, le marabout, la cigogne, les chevrotins (biches, cochons) et bien d’autres encore.

Certaines espèces ont quasiment disparu et n’animent désormais que les contes racontés autour des feux de bois dans les villages. Panthères, autruches, hyènes, girafes et rhinocéros, pour ne citer que ceux-là, sont de tristes exemples qui viennent à propos. Concernant le rhinocéros, un dernier survivant a récemment (heureusement) été capturé et placé dans une réserve protégée.

Les aires protégées, des réservoirs de la biodiversité

Pour juguler le problème de la disparition de la biodiversité de la Côte d’Ivoire, des mesures ont été prises depuis longtemps. Au nombre de celles-ci, on remarque la mise en place d’une réglementation forestière. Elle s’appuie sur deux importantes lois, desquelles découlent plusieurs décrets, règlements, arrêtés et décisions administratives. Il s’agit de la loi n° 65-255 du 4 août 1965 relative à la protection de la faune et à l’exercice de la chasse et de la loi n° 65-425 du 20 décembre 1965 portant code forestier.

De ces deux principaux textes ont découlé des actions concrètes. On enregistre la création de huit (08) parcs nationaux reconnus de catégorie 2 par la Commission mondiale des aires protégées. Et, près de 06 réserves naturelles ainsi que bon nombre de forêts classées ont été créés. ( voir www.oipr.ci )

Notons aussi que, 03 des zones protégées sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du Parc national de Taï, du Parc national de la Comoé et de la Réserve naturelle intégrale du Mont Nimba. A côté de celles-là, les Parc national de Taï et Parc national de la Comoé servent de réserves de biosphère.

Tous ces espaces protégés sont autant affectés à la préservation de la flore que de la faune ivoirienne. Elles participent à amoindrir les effets du changement climatique qui font l’actualité mondiale. Aussi, ces aires protégées sont destinées à servir de poumon vert et de réservoir hydraulique au pays. La forêt du Banco situé au cœur de la capitale Abidjan est un exemple éloquent.

Mais l’état peut reluisant de la flore et de la faune ivoirienne démontre deux choses. D’une part, il révèle l’insuffisance, voire la légèreté du suivi des mesures gouvernementales prises. Et d’autre part, que des mesures complémentaires s’imposent.

Protéger la biodiversité pour les générations futures

A cet effet, en considération de l’intérêt des générations futures, de nouvelles initiatives sont à encourager.

Au niveau du gouvernement, il faut veiller à la défense et au reboisement effectif des aires protégées. Cela, passe inévitablement par le renforcement des capacités des agents et personnels du domaine de l’environnement. Aussi, il faut procéder à l’expulsion sans condition des occupations illégales des forêts et réserves classées. Enfin, l’administration devra davantage initier des actions d’identification, de sauvetage et de reproduction des espèces biologiques en voie d’extinction.

Les organisations de la société civile, et même les entreprises doivent aussi peser de tout leur poids pour la cause de la nature. Ainsi, elles doivent contribuer à la sensibilisation, au développement et à la promotion des innovations frugales écologiques. De même, la création de domaines forestiers et réserves animalières privées ou collectives doivent être encouragées. Il faut également initier des groupes de vigilance communautaires pour la protection des ressources environnementales.

De plus, tout ceci aura pour conséquence la création d’emplois et l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Pour finir, il faut que tous, politiciens comme citoyens, nous accédions à un nouvel état d’esprit. La préservation de l’environnement doit être une préoccupation plus que simplement importante pour la Côte d’Ivoire. Car, l’économie verte est le moteur du développement du pays. C’est pourquoi, protéger notre biodiversité, c’est garantir un avenir meilleur à nos générations futures.

Pour finir, je vous partage ma peine au travers de ce documentaire réalisé par UN-REDD Programme

Documents consultées :

  1. Les ressources forestières dans la problématique du développement en Côte d’lvoire, Asseypo Hauhouot, 1992, volume 2
  2. IFAW ELEPHANT BROCHURE COMPLET,
  3. Stratégie de gestion durable des éléphants, programme 2005 – 2014
  4. Les forêts de Côte-d’Ivoire : une richesse naturelle en voie de disparition, Jean-Claude Arnaudet Gérard Sournia, 1979, volume 32
  5. Cinquième rapport national sur la diversité biologique, mars 2014
  6. Stratégie nationale de conservation et d’utilisation durable de la diversité biologique de la côte d’ivoire
  7. La biodiversité en Côte d’Ivoire : Etat des lieux et facteurs de menace

 


Crise migratoire, ce que font les « influenceurs » africains

Dans le contexte difficile de la traite humaine en Libye, je me suis souvenu de l’article à polémique de Hamidou Anne qui s’intitule « Les “influenceurs” africains ne servent à rien : que les jeunes fassent de la politique ! ». Mettant en parallèle cet article avec l’actualité libyenne et mondiale, j’ai voulu comprendre l’apport des influenceurs africains.

Avant d’aller plus loin dans notre petite analyse du jour, la définition du concept « d’influenceur » s’impose. Ainsi, sur le coup, Google, le moteur de recherche internet, sera notre meilleur ami. Je me limiterai à deux définitions avant d’exprimer mon avis.

Qu’est-ce qu’un influenceur ?

D’abord, selon Gabriel Dabi-Schwebel, ingénieur de formation,

« Dans le monde du web, on appelle influenceur une personne dont les écrits sur une marque ou un produit sont susceptibles d’influencer le comportement d’un nombre significatif de consommateurs. Version moderne du leader d’opinion, l’influenceur blogue et tweete. ».

Ensuite, pour le site www.e-marketing.fr, spécialisé en communication digitale,

« Un influenceur est une personne qui utilise un blog personnel et/ou tout autre support (forums, réseaux sociaux et communautés) pour diffuser ses opinions auprès des internautes et qui est capable d’influencer ces derniers en modifiant leurs modes de consommation. L’influenceur est le plus souvent un particulier, même s’il est parfois sollicité par des entreprises à des fins commerciales ou publicitaires. Il peut ainsi agir en tant qu’ambassadeur d’une ou de plusieurs marques ou pour son propre compte. Son pouvoir d’influence dépend de sa popularité, de son expertise sur un sujet donné et de l’étendue de sa cible (followers, fans, abonnés). ».

En somme, et c’est aussi mon avis, l’individu dit « influenceur » en Afrique est caractérisé par deux choses. Premièrement, il jouit d’une grande popularité sur les réseaux sociaux et créé assez régulièrement du contenu. Deuxièmement, ses talents de communicateur web lui offre diverses opportunités. Il accompagne les campagnes publicitaires de grandes entreprises et d’institutions. Aussi, il est invité aux grandes activités du pays et participe à de prestigieuses formations en leadership. Il reçoit souvent des prix de récompense.

Pour Hamidou Anne, les influenceurs comme des spectateurs…

Le prototype de l’influenceur africain étant dressé, que dit Hamidou Anne à leurs sujet ? Pour le talentueux écrivain, journaliste, chroniqueur sénégalais, les influenceurs sont, selon ses propres mots, « …souvent dans la confusion du spectateur qui se prend pour un acteur. ».

Pour lui, les influenceurs africains manquent d’« un engagement viscéralement et pleinement politique, afin de participer un jour à l’exercice de l’action publique et imposer des politiques de rupture qui répondent aux préoccupations des peuples. ». Ils se contentent juste de partager le contenu viral du moment. Et souvent, fait-il savoir, leurs actions se limitent juste au « seul cadre de la contestation ou de la sublimation du moi sur Internet. ».

Le salut de l’Afrique, ne viendra donc pas des influenceurs, selon Hamidou Anne.

« La politisation de notre jeunesse est une voie de salut. Il faut tenir tête, voire affronter tous ceux qui, sous le couvert d’une forme coupable de bienveillance, éloignent la jeunesse de la politique au profit d’autres miroirs aux alouettes ; qu’il s’agisse de l’entreuprenariat ou du numérique, souvent nimbés d’une inanité vaine et ludique » conclut-il.

Les influenceurs, des agents de changement positif…

Dans le cas particulier de la traite humaine en Libye, les réactions des influenceurs ont été diverses ici, en Côte d’Ivoire. Le buzz qu’a créé la vidéo de révolte de Claudy Siar a presque fait sortir plusieurs d’entres eux de leurs occupations entrepreneuriales.

Certains, moins nombreux (bien heureusement), ont affiché une quasi-indifférence vis-à-vis du sujet brûlant de l’actualité mondiale. Sur leurs pages sur les réseaux sociaux, on pouvait les voir continuer leurs activités régulières sans rien y changer. Cela, dans le meilleur des cas, sinon, certains de ces influenceurs ne sont sortis que pour culpabiliser les pauvres migrants en péril. Dans leurs publications, plusieurs influenceurs ont préféré pointer le doigt accusateur sur les migrants qu’ils ont qualifié de « fainéants ».

Mais pour la très large majorité des influenceurs, plus prompt, plus responsables, leurs messages d’indignation et de révolte ne se sont pas fait priés. Par de nombreux messages facebook, tweeter et autres, ils n’ont pas manqué de crier, de dénoncer et d’appeler à la cessation des actes de barbarie d’une autre époque. Tout ceci,dans une réelle volonté d’attirer l’attention des autorités publiques nationales et internationales. Mais il s’agissait également de sensibiliser les abonnés de leurs pages aux dangers de la migration clandestine.

Cette dernière catégorie d’influenceurs africains me convainc que le discours d’Hamidou Anne doit être tempéré. Car, s’il est vrai que les influenceurs africains sont pour la plupart affairés à transformer l’Afrique par l’économie, il ne faut cependant pas douter de leur impact réel et de leur importance. Ils contribuent à leur manière à la lutte pour une Afrique responsable. Ainsi, comme les joueurs d’une même équipe de football, chacun participe, à son poste, à la récolte de précieuses victoires pour l’Afrique.

Résultats…

Les influenceurs africains sont des maillons essentiels à l’essor de l’Afrique nouvelle. Comme le jeune politisé ou le défenseur des droits humains, l’influenceur s’affaire à transformer l’Afrique par l’entreuprenariat social.

De ce fait, pour résorber la crise de la migration africaine, leurs contributions à tous les niveaux sont et seront les bienvenues. Par exemple, dans les plans de réinsertion sociale des migrants à rapatrier, ces jeunes entrepreneurs ont un rôle important à jouer ; ils ont en effet des solutions concrètes qui marchent assez bien déjà.

Ainsi, de fait, l’influenceur africain participe et participera encore au débat sur la migration clandestine des jeunes en Afrique. Ceci, jusqu’à entière résolution du triste phénomène.


Traite humaine en Libye, nos chefs d’Etat sont aussi responsables

Après les révélations de la chaîne américaine CNN et le coup de gueule retentissant de Claudy Siar, l’Afrique s’éveillait à une terrible réalité. En Libye, pays membre de l’Union Africaine, des migrants noirs sont vendus comme du bétail. Ceci, dans la quasi-ignorance, voire indifférence, des chefs d’Etats d’Afrique…

Migration clandestine, l’échec des politiciens Africains…

Il y a bien longtemps que le drame du dépeuplement de l’Afrique avait cours. Depuis 2011, les premiers groupes de migrants clandestins d’Afrique avaient commencé à emprunter la voie de l’Europe. Ils étaient en quête de sécurité et de mieux-être, comme leurs amis Syriens, Roumains et Hongrois.

Car, dans leurs Etats d’origine, ils sont poussés sur la voie de l’exil par différents fléaux. La guerre, la sécheresse, la faim, le chômage endémique des jeunes, l’occupation industrielle des terres cultivables, la pollution des espaces de vie, etc. étaient autant de raisons qui les emmènent à tenter l’aventure migratoire.

Soudanais, Ethiopiens, Erythréens, Libyens, Maliens, Nigérians, c’étaient la plupart des nationalités qu’on retrouvait sur les routes et dans les embarcations de fortune. Dans ces esprits pleins d’espoir, l’Europe était la terre promise où coulent le lait et le miel.

Tout cela, parce que, chez eux, dans leurs pays d’origine, ils sont oubliés et laissés pour compte. Leurs vies n’intéressaient personne, ou du moins, pas leurs hommes politiques. En effet, ils sont trop occupés à dresser les schémas pour se maintenir ou accéder au pouvoir.

Les politiciens préfèrent appeler de tout leur vœu à la guerre pour faire l’étalage de leurs nouvelles acquisitions en armes. Et, organiser le dépouillement du pays avec la complicité de grandes multinationales. Aussi, ils utilisent la détresse des jeunes en quête d’emploi pour institutionnaliser la corruption et le népotisme.

Ainsi, quand les premiers signaux d’alarme résonnaient, les politiciens africains ont refusé d’entendre raison. Près de Lampedusa, le chavirement d’une embarcation de migrants africains pouvait faire plus de 350 morts. Les hautes autorités politiques africaines restaient de marbre. Aucune mesure concrète n’était prise pour juguler le nouveau fléau.

Aujourd’hui, avec la quasi-bénédiction des dirigeants africains, les migrants clandestins proviennent de presque tous les Etats de l’Afrique.

Traite humaine, le silence complice des chefs d’Etat …

L’un des points de passage prisé par les migrants pour rejoindre l’Europe, on le sait tous,  est la Libye. Des milliers et des milliers d’individus y séjournent en attendant de trouver des moyens de traverser la méditerranée.

Là, en Libye, comme depuis plusieurs mois et années déjà, les organisations de défense des droits de l’homme ont tiré la sonnette d’alarme. Elles dénonçaient le traitement dégradant et inhumain infligé aux migrants dans les prisons libyennes.

Mais tout ceci tombait dans des oreilles de sourds. Ni la communauté dite internationale, ni même les dirigeants africains ne semblaient accorder la moindre importance à ce sujet. Cela, bien que la Libye soit membre de l’Union Africaine. A notre connaissance, aucun rapport sur les faits allégués n’avait été demandé à la Libye par les autres Etats membres de l’Union Africaine.

Ce n’est qu’après le poignant message de Claudy Siar que les politiques africaines se sont, curieusement, réveillés. Ils semblaient maintenant se rendre compte de l’esclavage et la vente de migrants noirs en Libye.

Et vraisemblablement, par mimétisme et pour contenter la grogne sociale, les politiciens sont sortir de leur hibernation. En réalité, ils se dressent pour pas grande chose. Juste pour faire des déclarations tapageuses et organiser des sommets pour profiter de l’argent du contribuable de leur pays. Tout ceci sans jamais prendre des décisions efficaces pour traiter le mal à la racine.

Les dirigeants politiques Africains doivent se bouger…

Par conséquent, et au vu de cette situation désolante, on a comme envie de faire une chose révoltante et ignoble. Mettre sur le marché Libyen, les dirigeants politiques Africains. Car, ils ne servent à presque rien de vraiment utile à l’Afrique. Si ce n’est de contribuer à son dépouillement et à son sous-développement continuel.

Les mots peuvent paraître durs, mais ce n’est que peu dire. En effet, face à des jeunes qui scandent que « la mort est mieux que la honte », vous ne pouvez pas être tendre avec les politiciens. Il faut qu’ils se bougent. Le but étant de les conduire à plus de responsabilités vis-à-vis de leur propre peuple. Cela, parce que, nous désirons le bien-être de l’Africain en Afrique ou ailleurs.


La migration clandestine, une autre traite négrière, vue par le cinéma

La semaine du 13 au 18 novembre 2017 à Abidjan/Côte d’Ivoire, a eu lieu la 9ème édition du  festival « Ciné Droit Libre ». Il s’agit du festival africain de films sur les droits humains et la liberté d’expression. Cinéastes, blogueurs, activistes, organisations nationales et internationales de divers horizons se sont donnés rendez-vous autour d’un thème d’actualité : l’immigration clandestine. De toutes les projections faites, un film en particulier a interpellé ma conscience d’africain…

« Les Sauteurs », un film humain d’un migrant…

Le décor étant ainsi planté, parlons du film d’ouverture du festival diffusé au Goethe institut d’Abidjan. Il s’intitule « les Sauteurs ». A dire vrai, le film émeut et plonge dans les méandres de l’histoire tumultueuse de l’Afrique. Le film dure environ 80 minutes. Il retrace le parcours certes difficile, mais humain d’un migrant ivoirien qui tente le passage de la barrière du Maroc à l’Espagne.

Au visionnage du film, on se surprend, à plusieurs reprises, à lâcher de grands et francs rires sur le drame qui se joue. On rit des expressions et de la bonne humeur du fier cinéaste ivoirien d’occasion – Aboubakar Sidibé. On rit et l’on applaudit presque lorsque le groupe de migrants, dont il fait partir, érige son « Union Africaine ». En fait, dans le film, les migrants se sont organisés par pays de provenance. Et, chaque pays désigne son chef d’Etat et ses ministres. Les autres doivent leurs obéir.

Aussi, pour se remotiver dans leur ambition commune d’atteindre l’Europe, ces migrants ne manquent pas d’initiatives. Ils organisent des matchs de football, des cultes de prières, des mini concerts, etc. Mais également, ils se préparent à toutes les éventualités. S’ils étaient contraints au retour au pays, ils prévoient régler le compte du marabout qui leur a certifié que la route vers l’Europe serait facile. Ou plus grave, ils prévoient faire un coup d’Etat.

La migration clandestine, comme une déportation…

A l’analyse, le film interpelle principalement les autorités politiques nationales et internationales. Cependant, il n’oublie pas de sonner l’alarme générale. En effet, par différentes scènes filmées, nous sommes tous appelés à la prise de conscience de la tragédie de l’immigration clandestine.

Tout d’abord, les images des caméras nocturnes, certainement empruntées à la police marocaine, nous montre des scènes ahurissantes. On aperçoit des milliers et des milliers de migrants africains marchant en file indienne en direction de la frontière avec l’Espagne. Ensuite, dans d’autres images capturées par notre cinéaste occasionnel, on remarque le génie créateur africain. Les migrants, arrivés au pied de la barrière de grillage de plusieurs mètres de hauteurs, font preuve d’une incroyable ingéniosité. Ils inventent, sur le tas, des outils pratiques pour leur permettre de réaliser l’escalade.

Inutile de vous dire que devant ces images, j’ai eu gros sur le cœur. J’ai pensé à la traite négrière d’antan, où l’on emmenait de force nos ancêtres. Enchaînés, maltraités, humiliés, ils étaient exportés comme du bétail. Pour quoi faire ? Pour accomplir des travaux abjects, dégradants et humiliants. Ceci, souventefois, avec la complicité de certains frères africains. On a retiré à l’Afrique ses bras valides, mais aussi ses grands esprits.

Aujourd’hui, face à ces horribles images, j’ai la même sensation de révolte que Claudy Siar. Je vois des frères africains marcher en direction de ce continent que voulait fuir Aimé Césaire. Ils sont enchaînés par l’illusion mentale qu’ailleurs est meilleur que chez soi. Je les vois, comme du bétail des prairies d’Afrique, foncer droit dans l’eau tueuse. Une eau infestée de toutes sortes de prédateurs haineux en quête de chairs dorées. Et bientôt, on les voit maltraités, vendus, et déçus de se rendre à l’évidence d’une chose. Le malheur frappe aussi tous les centimètres carrés du globe.

Critiques et propositions…

Franchement, j’ai honte de l’élite africaine gourmande et aux discours vides d’humanité réelle. Une élite qui joue le jeu de la déportation de l’intelligentsia africaine. Par des guerres et des coups d’état idiots, par la mal gouvernance, le népotisme, etc. elle joue le jeu de l’immigration clandestine. Et un peu comme pour le SIDA à ses débuts, cette élite embourgeoisée rejette toute la responsabilité aux seuls migrants qu’elle stigmatise. Cela, sans jamais se remettre en cause.

De mon avis, l’une des solutions à la crise migratoire africaine, et ivoirienne en particulier, doit être d’ordre politique et économique. Un climat politique serein et paisible adossé à la démocratie vraie coupera toute ambition d’exil volontaire. Aussi la gestion responsable des deniers publics, la promotion de la culture africaine et des compétences locales fermera bon nombre d’yeux envieux. Ainsi, l’africain prendra davantage conscience que l’eldorado c’est vraiment chez soi. Et, sûrement, refuserions nous de répéter d’une certaine manière la désolante traite négrière.

In fine…

En somme, j’avoue que j’ai eu du mal à conclure mon propos. Car, j’ai mal pour l’Afrique. Je me demande encore ce qu’il reste du fier mouvement de la négritude. Je me demande ce qu’aurait pensé Léopold Sédar Senghor. Peut-être qu’il m’aurait répété son cri de désarroi : « L’émotion est nègre, la raison est hellène ». Et sûrement que fébrilement, je lui aurais rétorqué que : « l’émotion est animale, la raison est seulement humaine. Nous, africains, sommes humains ! ».


A un excellent documentaire, je préfère de loin ce cri perçant d’une femme ré-vol-tée !


La paix et la réconciliation, comme un jeu d’amis

« La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement » dixit le premier président de la République de Côte d’Ivoire – feu Félix Houphouët-Boigny. Le 15 novembre 2017, journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire, alors que je méditais à propos de cette belle citation, des souvenirs de mon enfance ont refait surface. Ces souvenirs partent du jeu entre deux amis, pour se poser sur la branche de la réconciliation et de la paix.

Quand j’étais jeune garçon, j’avais un ami. Avec cet ami, on semblait s’opposer en tout point ou presque. Il était du nord de la Côte d’Ivoire, moi, du sud. Il était musulman, moi chrétien. Nous habitions la même ville, le même quartier, le même alignement de rue. Lui, du côté nord, moi, du côté sud de la voie centrale. Il y avait en permanence une quasi-rivalité entre nous, bien qu’amis. Pour tout et rien, lui et moi mesurions nos forces.

Malgré tout, on restait des amis…

Donc, on était tout le temps en compétition. Mais on restait de bons amis. Tout comme nos brillants sœurs et frères, nous aussi, nous rivalisions d’excellence et de très bons résultats académiques. Malgré nos différences, nos frères et soeurs, comme nous mêmes, travaillions souvent nos connaissances ensemble. Et cupidon aurait même voulu jumeler quelques-uns des membres de nos familles nombreuses !

Lorsque cet ami et moi nous nous bagarrions, jamais on ne se frappait du poing. Lorsqu’on jouait au foot, on s’inquiétait mutuellement de la blessure de l’autre. Au coucher du soleil, on se séparait toujours au niveau de la voie centrale du quartier. Et fréquemment, on craignait la même correction de nos parents. On s’appréciait malgré toutes les apparences, les différences et nos petites disputes. On finissait nos journées toujours réconciliés de cœur. Et le lendemain matin, on se retrouvait pour une nouvelle journée d’aventure. On vivait à Bouaké, ville d’avant la rébellion armée qui a déchiré la Côte d’Ivoire.

A la suite du 19 septembre 2002*, mon ami est souvent retourné dans le nord du pays. Ma famille et moi, nous nous sommes déplacés dans le sud du pays. Dès lors, nous nous sommes aussi opposés géo-politiquement parlant. De par nos positions, de fait, nous nous sommes querellés violemment. Nous nous sommes pour la première fois frappés du poing, et pas seulement. Nos sangs ont rougi le sol sur lequel nous aimions jouer aux billes. Nous ne jouions plus que de terribles scènes d’horreur. Le voile de respectabilité de ses sœurs a été violé. Mes frères ont été frappés dans leur dignité.

Amis et réconciliés de cœur, un exemple pour la Côte d’Ivoire

Aujourd’hui, après que les positions d’orgueil se soient évanouies, nous nous sommes enfin retrouvés. Nous avions de la gêne à nous regarder en face. Mais, nous sentions le besoin de nous parler de nouveau. Non pas avec la langue de bois, mais avec des mots de franchise et de vérité. Pour que, le soleil couchant, nous nous pardonnions et retournions vers nos maisons, réconciliés de cœur. Cela pour que plus jamais nous nous fassions la guerre. Car nous sommes amis et frères…

Nous, amis, avons appris le respect et le vivre ensemble malgré nos différences. Amis, on a appris le pardon, non pas celui des lèvres, mais celui des gestes simples de tous les jours. On a appris l’amour et la fraternité. Pareille histoire n’a pas été vécue uniquement par nous, les deux amis. D’autres histoires similaires peuvent vous être racontées…

Toi, notre pays la Côte d’Ivoire, apprends de notre amitié. Une amitié entre le fils du nord et le fils du sud, dans ta ville phare du centre, Bouaké. Pour cette fois, apprends de nous les amis, la réconciliation vraie et la paix !

Une chanson qui milite pour la réconciliation et la paix: « Une seule voix pour la Côte d’Ivoire » réunit les plus grandes stars de la région.

 

* Dans la nuit du 19 septembre 2002, un soulèvement militaire éclate à Abidjan. Alors que le président Laurent Gbagbo est en visite officielle en Italie, les insurgés tentent de prendre le pouvoir, c’est la 6e fois qu’un putsch ou tentative de putsch secoue la Côte d’Ivoire. Menaçant à nouveau l’unité nationale, cette crise politico-militaire plonge le pays dans une très longue période de troubles et d’incertitudes.


L’hymne national de la Côte d’Ivoire : et si on changeait !

Aujourd’hui, sans aucun préambule, je souhaite partager avec vous l’émotion qui a été la mienne… C’est une histoire qui fait appel à l’hymne national ivoirien, à des traumatismes vécus et au football. Je vais vous la raconter en me situant dans le temps et dans l’espace telle que je l’ai vécue. Elle vous paraîtra peut-être un peu brouillonne, mais je veux vous la transmettre comme elle m’est arrivée. Aussi, j’utilise le « français ivoirien » pour mieux vous traduire mon ressenti. Mais ne vous en faites pas, vous allez me comprendre !

Je vous raconte !

En fait, vous n’allez pas me croire. Tout à l’heure, il n’y a pas même 10 minutes, j’ai eu une peur terrible. J’ai commencé à trembler sur moi. Mes mains étaient devenues moites, mes pieds avaient perdu de leur vigueur, mon estomac était tout noué, et ma tête pensait à 33 milliards de choses à la fois. Beaucoup de bons et surtout de mauvais souvenirs m’ont traversé l’esprit en un éclair de seconde. J’ai instantanément formulé une prière à Dieu. Et, Dieu merci, le danger a été écarté. Je vous raconte…
En plein 11 heures-là, j’ai entendu chez le voisin, l’Abidjanaise, l’hymne national ivoirien sur la Télévision nationale ivoirienne (RTI). 

Vous êtes peut-être prêt à lancer le petit juron préféré des Africains, le fameux « Tchrouu », et à passer votre chemin… Mais attendez d’abord ! Pour les citoyens ivoiriens d’avant avant, qui savaient regarder et comprendre un peu les choses : ceux-là m’ont certainement déjà compris. Pour les autres : j’explique !

Patience, vous allez me comprendre !

A chez nous pays ici, depuis les débuts des années 1990, l’hymne national de la République de Côte d’Ivoire, a été associé à des cataclysmes politiques et sociaux importants. Cataclysmes qui ont fait que nous cousons et recousons sans cesse le tissu social. Je vous dresse une liste non exhaustive des événements qui ont mobilisé « l’Abidjanaise », triste communication. Cela vous permettra de mieux me comprendre, enfin je l’espère. Je vous préviens, la liste, bien que non exhaustive, est longue ! 

L’annonce du multipartismela mort de Nanan Félix Houphouet Boigny – les déclarations de guéguerre des deux frères du RHDP – la déclaration du Comité National de Salut Public (coup d’état de 1999)l’annonce de l’irrecevabilité de certaines candidaturesl’appel à faire respecter le choix des urnesle discours d’après une visite à Rome : Objectif mater une rébellion – l’appel à des marches pour dire non à la rébellion – re-appel à la marche pour faire barrage à l’armée française – re-re-appel pour soutenir un président contesté – annonce qu’on a un nouveau président, etc.

L’angoisse de vivre une nouvelle crise…

Alors, dans un contexte où les traumatismes et les blessures sont encore vivaces, et où aujourd’hui, le chien de chasse mordille la jambe de son maître, j’ai été inquiet. Pour que vous me compreniez, je vous transmet ici quelques articles de l’actualité du moment : AfricaNews : «Côte d’Ivoire – Affaire cache d’armes : le chef de protocole de Soro Guillaume coincé». Radio France International (RFI) : «Côte d’Ivoire: un proche de Guillaume Soro écroué pour ‘complot’». AbidjanTV.net : «Les “proches” de Guillaume Soro “désormais interdits de sortir” de la Côte d’Ivoire». Jeune Afrique : «Côte d’Ivoire : Soro, l’homme pressé… d’être en 2020» et «Côte d’Ivoire : Obasanjo joue les médiateurs entre Ouattara et Soro». Connectionivoirienne.net : «Au cœur de la Guerre Ouattara-Soro en Côte-d’Ivoire».

Chez moi, le sac de riz est gbôlô (à plat). Il n’y a plus un seul morceau du fameux Gabriel (viande de porc) au frigo. La bouteille de gaz est presque vide. La trousse à pharmacie n’a plus de médocs antipaludiques. Et dans ma poche, il n’y a que le son peu flatteur de petites pièces de monnaie qui se fait entendre. Concernant l’huile, oui, oui, il y en a suffisamment en réserve… 

Au regard de tout ce qui précède, j’ai donc été un peu inquiet. Inquiet de n’avoir plus de provisions si une autre crise politique s’annonçait. Car, chez nous, quand il y a une crise politique, on ne peut ni acheter ni vendre. Les banques ferment et même les médicaments font l’objet d’embargo. Seul Dieu est notre remède à tout, pas étonnant que beaucoup se disent croyants !

La vraie signification de l’hymne entendu…

En fait, si j’ai bien tendu l’oreille, il ne s’agit pas d’un autre cataclysme politique en cours. Il s’agit tout simplement de l’annonce de match de football ! Ainsi, en vue d’une qualification pour le mondial 2018 en Russie, la mobilisation générale des supporteurs est sollicitée. Les « Eléphants » de Côte d’Ivoire croiseront le fer avec les « Lions de l’Atlas » du Maroc. Le match est prévu  le samedi 11 novembre à 17 h 30 au Stade Félix Houphouet Boigny d’Abidjan.

Pour ce dernier match qui verra la qualification de l’équipe victorieuse, des légendes auraient été appelées. DROGBA Didier, celui que tous les Ivoiriens appellent « gbagbadê », « la gazelle de Niaprahio », « le 11, bus le plus régulier d’Abidjan » sera semble t-il de la partie. Aussi, « le monstre », « le maestro du milieu de terrain », « El Commandante », Yaya TOURE aurait répondu à l’appel du pays.

Reste donc à espérer une chose importante. Que l’hymne national qui se fera entendre ce jour-là ne réveillera pas chez les joueurs, comme chez moi, des traumatismes. Non pas le traumatisme motivant d’une défaite passée face au Cameroun de Samuel Eto’o Fils. Mais le traumatisme handicapant des bruits de bottes, d’hélicoptères en action, du sol qui tremble devant la violence des bombes qui s’abattent.

Enfin, je termine en osant faire un vœu. Mon souhait, c’est que « l’Abidjanaise », l’hymne national ivoirien, soit changé ! La raison est simple : je suis traumatisé quand j’entends « l’Abidjanaise » aujourd’hui encore.

Donc, excusez-moi de vous avoir dérangé avec ma folle inquiétude. Je ne saurais terminer sans toutefois rappeler une exigence importante. La promotion et le respect des droits fondamentaux ne peut se faire durablement que dans une société qui connait la paix. Aussi, nous appelons nos gouvernants à plus de responsabilité pour éviter au pays des troubles inutiles.


Côte d’Ivoire : les « microbes », une mafia en constitution

« On ne montre pas son village avec la main gauche » dit le proverbe africain. Mais face à certaines situations, en tant que citoyen, on est bien obligé de réagir. On ne peut pas laisser aux seuls hommes de culture le soin de présenter notre pays comme une carte postale… Ainsi, devant la plaie que constituent les « microbes », il ne faut pas rester bouche cousue. Il faut dénoncer et continuellement alerter des probables répercussions sur la Côte d’Ivoire de demain.

Comprendre le phénomène des « microbes »…

Né au lendemain de la crise post-électorale de 2011, le phénomène dit des « microbes » a aujourd’hui pris de l’ampleur en Côte d’Ivoire. Dans le pays, parler des « microbes », c’est faire référence à un certain type d’enfants. Des enfants qui ont adopté la voie du banditisme comme moyen de subsistance et d’affirmation de soi.

Inspirés du film brésilien « la cité de dieu », où le héros est un enfant gangster, ces enfants n’hésitent pas à commettre les infractions les plus graves. « Nous, on est là pour tuer, pour égorger, pour découper seulement […], nous, on ne trie pas ! », voilà ce qu’ils disent à qui veut les entendre.

Aussi, pour justifier leurs actions, ils racontent des histoires diverses et tristes. Certains auraient été des enfants-soldats utilisés pour faire tomber le pouvoir de Laurent Gbagbo. Pour d’autres, c’est l’assassinat sous leurs yeux de leurs géniteurs, la misère, le rejet familial, la déscolarisation, qui les ont conduits au banditisme.

Concernant leur mode opératoire pour voler, ces enfants, dont l’âge moyen est de 14 ans, ont une stratégie de type guérilla. Elle est basée sur la prise d’assaut en grand nombre (une trentaine d’individus), avec la rapidité et la violence. Équipés de toutes sortes d’armes, ils encerclent une zone fréquentée et ratissent en s’emparant, sans sommation, de tout ce qu’ils trouvent. A chacune de leurs macabres opérations, on enregistre plusieurs personnes mutilées et des morts. A ce jour, on dénombre plus d’un millier de victimes.

Les mesures peu efficaces du gouvernement…

Face à la gravité de la situation et l’exaspération des populations, le gouvernement ivoirien a pris des mesures. Leurs efficacités laissent encore à désirer d’autant plus qu’elles ont été prises après de vives protestations. Deux mesures principales sont à retenir.

Tout d’abord, depuis 2014, le ministère chargé de la sécurité intérieure a créé une unité spéciale de police en charge du banditisme juvénile. Aujourd’hui, elle a mué et prend aussi la forme d’opérations de police de grande envergure. L’objectif affiché, dans un premier temps, est de couper tous leurs réseaux d’approvisionnement en stupéfiants et en armes. Dans un second temps, la police procède par des rafles et des interventions rapides, pour capturer ces enfants-délinquants.

La compilation des résultats publiés jusqu’à ce jour concernant ces opérations de police interpelle. Des centaines de couteaux, de machettes, de gourdins, de fusils, de pistolets, de kalachnikovs ont été saisis. Et, plusieurs kilogrammes de cannabis et autres drogues ont également été confisqués. Près d’un millier d’enfants en conflit avec la loi ont été appréhendés.

Ensuite, ces enfants étant mis aux arrêts, le gouvernement a décidé de créer un centre spécialisé pour les accueillir. Ce centre paramilitaire a pour but de les rééduquer et de les préparer à la réinsertion sociale pendant une période de six mois. Mais au terme du processus où ils sont remis en liberté, faute de plan solide de réinsertion, la majorité de ces enfants  reprend les mauvaises habitudes qui étaient les leurs.

Des « microbes »… à la naissance d’une quasi-mafia

Certains enfants « microbes », revenus d’une expérience de prison et/ou d’un séjour en centre paramilitaire, apportent du sang neuf, de nouveaux  groupes d’enfants délinquants se créent, ils s’organisent et se structurent de mieux en mieux. La discipline y est instaurée et des plans d’actions plus sophistiqués sont élaborés.

Désormais, ce ne sont plus les seules communes d’Abobo et de Yopougon qui les accueillent, toutes les communes d’Abidjan craignent dorénavant les « microbes ». Même les villes de l’intérieur du pays ne sont pas en reste. Elles servent de lieu de refuge et de formation pour les nouvelles recrues. Pour instaurer respect et crainte, ils n’hésitent plus à taillader des personnes sans raison apparente. Et leurs chefs coopèrent avec certains syndicats de transporteurs ou de commerçants pour ne pas troubler leurs activités. Dans les hautes sphères de l’administration, le gang des « microbes » bénéficie de soutiens importants, dit-on.

Petit à petit, ce qui était au départ appelé « gbonhi », s’est fait surnommer « von-von » puis aujourd’hui « microbes ». De toute évidence, depuis 2011, la bête a grossi. Et les enfants qui la composent ont également grandi en âge et en expérience criminelle. Leur mode opératoire d’hier a énormément évolué. Il ressemble de plus en plus à celui des grands barons de la mafia.

Reste à espérer que jamais ils ne vont regarder le film sur Al Capone ou le documentaire sur la vie de Pablo Escobar. Mais, avec les surnoms de mafieux que portent certains membres du gang, il y a fort à parier que c’est chose faite.

Alerter encore et encore…

Ainsi, le droit à la sécurité des populations ivoiriennes étant gravement menacé, il y a encore lieu de tirer la sonnette d’alarme. Car, on le sait tous, la violation du droit à la sécurité est une porte ouverte à la violation de nombreux autres droits humains.

C’est pourquoi, nous préconisons au gouvernement ivoirien des mesures complémentaires à celles déjà prises. Il s’agit de mettre en place des programmes d’écoute et d’assistance psychologique aux enfants, de faciliter la réinsertion effective des enfants dit « microbes », d’accentuer la sensibilisation à la non-violence, de faciliter l’accès à l’éducation de base, de développer et mettre en place des centres de loisirs pour occuper sainement la jeunesse.

Le rôle des parents et de toute la communauté n’est pas non plus à négliger. De ce fait, nous appelons à plus de responsabilité des uns et des autres dans l’éducation de nos petits anges. Aussi, les médias ont un rôle important à jouer. Dans nos divers médias, il faut refuser la rhétorique guerrière et les images de violence. Les petites bulles sur écran (-10 ans ; -16 ans ; -18 ans) devraient faire leur apparition à la télévision ivoirienne.

Car, s’il est vrai que la jeunesse est l’avenir, une jeunesse mal éduquée, traumatisée et abonnée à la facilité fera la plaie puante de demain. C’est pourquoi, il nous faut absolument surmonter ce problème et faire face à ce challenge. C’est une condition essentielle pour avancer vers le développement social, économique et politique de la Côte d’Ivoire.


Voici un excellent documentaire réalisé par le Professeur en sociologie Francis AKINDES

Documents consultés :


Darwin, théorie de l’évolution et racisme : enquête du petit kettinois

Ce mois d’octobre 2017, des photos de chimpanzé, de babouin et autres animaux accolées à celles d’Africains ont été présentées. Les faits se sont déroulés dans un musée de Wuhan dans la province de Hubei en Chine. En visionnant la vidéo mise en ligne, en tant qu’Africain, choqué, je n’ai pas pu m’empêcher de m’interroger. Alors,  je me suis demandé s’il existe un lien possible entre Charles Darwin, la théorie de l’évolution et le racisme.

Ainsi, pour me faire une opinion plus sereine, encore une fois, j’ai fait parler la boîte magique. Au terme de mes recherches, ma perception de Darwin et de la théorie de l’évolution s’est vue changée.

Charles Darwin et son environnement raciste…

Aujourd’hui, dans tous les programmes scolaires, on étudie l’origine et l’évolution de l’espèce humaine. On évoque à coup sûr, le naturiste et scientifique anglais, Charles Darwin. On apprend de lui qu’il y a eu évolution graduelle des espèces vivantes dans la nature. Et dans un ballet de raisonnements, on apprend aussi la filiation entre les humains et les animaux (le singe particulièrement).

Pour être plus précis, on nous dit que la lignée humaine vient de l’Afrique. Pour exemple quasi-irréfutable, on rappelle la célèbre découverte de fossiles d’espèce bipède. En 1974, à Hadar en Ethiopie, on découvrait Lucy. Et pour se convaincre de la véracité de l’évolutionnisme, il faut être assez fort pour résister à une tentation raciste. Apposer côte à côte la photographie d’un singe et celle de l’homme africain.

Et pourtant, on était loin de suspecter l’environnement racistes du célèbre apôtre de la théorie de l’évolution. Tout d’abord, à l’époque de la vie de Darwin (1809-1882), l’esclavage puis le racisme étaient érigés en norme. Il n’était pas anodin de voir des noirs exposés comme des bêtes de foire. Parfois même, l’exposition se faisait dans des zoos.

Ensuite, l’entourage familial de Darwin était loin d’être angélique. Son propre cousin, Sir Francis Galton, l’un des pères de la biométrie, était connu pour ses positions racistes. Ce dernier, fonda un club et un courant scientifique de pensée imprégné de ses idées : l’eugénisme. Son courant repose en grande partie sur la théorie de l’évolution Darwinienne. Francis Darwin, fils de Charles Darwin, prendra la direction même de la fédération internationale des organisations eugénistes.

Enfin, ce n’est un secret pour personne. La théorie de Darwin et l’eugénisme de Galton ont été exploités par l’Allemagne nazie. Tantôt pour ériger une race au-dessus des autres. Tantôt pour pratiquer l’épuration des Juifs, des Tziganes et des Noirs.

Les déclarations ambivalentes de Darwin…

Concernant le scientifique lui-même, plusieurs voix se sont élevées et s’élèvent encore pour assurer sa défense. Il se dit que, même entouré de personnes montrant clairement leur dédain pour le noir, Darwin n’a pas été raciste. Et que, selon l’auteur Patrick TORT, les écrits du scientifique témoignaient de sa révolte personnelle contre l’esclavagisme.

Mais certaines déclarations de Darwin dans son ouvrage intitulé La descendance de l’homme et la sélection sexuelle, font douter plusieurs. Pour exemple, il affirme que :

« Quiconque a vu un sauvage dans son pays natal n’éprouvera aucune honte à reconnaître que le sang de quelque être inférieur coule dans ses veines. J’aimerais autant pour ma part descendre du petit singe héroïque qui brava un terrible ennemi pour sauver son gardien, ou de ce vieux babouin qui emporta triomphalement son jeune camarade après l’avoir arraché à une meute de chiens étonnés, – que d’un sauvage qui se plaît à torturer ses ennemis, offre des sacrifices sanglants, pratique l’infanticide sans remords, traite ses femmes comme des esclaves, ignore toute décence, et reste le jouet des superstitions les plus grossières. ».

Mais quel qu’il fût ou de qui son entourage ait été constitué, il ne faut pas faire d’amalgame. La théorie de l’évolution ne devrait pas souffrir des péchés, fondés ou non, des individus.

L’excuse expiatoire à la théorie de l’évolution…

Ainsi, il faudrait séparer l’idée de racisme associé (à tort ou à raison) à Darwin, à la théorie de l’évolution. Car, même si on lui concède la publicité de la théorie, un fait doit être reconnu.

L’idée de l’évolution des espèces est largement antérieure au scientifique anglais. Avant Darwin, plusieurs autres ont réfléchi sur l’hypothèse. Le français Georges Louis Leclerc Buffon, Jean-Baptiste de Lamark et l’écossais athée Robert Chambers ont avancé que la transformation d’une espèce en une autre est le résultat d’une dégénérescence. Et de plus, depuis même l’époque médiévale, des savants Arabes ont eu l’intuition de l’évolution des espèces. Ibn Miskawayh (932 – 1030), savant Perse déclarait ceci :

« L’animalité arrive finalement à la frontière de l’humanité chez le singe qui est juste un degré au-dessous de l’homme dans l’échelle de l’évolution. ».

Par conséquent, il faut peut-être commencer par adopter une attitude autre. Celle de cesser de résumer la théorie de l’évolution à l’idée de sélection naturelle de Darwin. Car l’évolutionnisme possède en réalité plusieurs autres piliers. La physiologie, l’écologique, l’anatomie comparée, la paléontologie et plus récemment la génétique soutiennent aussi l’idée de l’évolution des espèces.

En conclusion, à notre avis, le point de vue raciste de la théorie de l’évolution doit être abandonné. Car, en réalité, la théorie évolutionniste ne repose pas uniquement sur les travaux de Charles Darwin.

L’épilogue, à retenir…

Pour revenir à la honteuse exposition photographique qui m’a révolté au point de me faire extrapoler, je dirais deux choses.

La première : Pour éclairer mon analyse, je dirais que je ne peux pas affirmer avec certitude que Darwin ait été raciste. Cependant, ce qui me semble évident à comprendre, c’est que la théorie de l’évolution ne doit pas se résumer à Darwin. Non plus se résumer à des individus et leurs supposées dérives personnelles. Car, bien d’autres avant Darwin ont travaillé sur la question de l’évolution. Et elle a germé dans l’esprit de nombreux individus, de toutes les origines, de toutes les races. 

Donc, dire que Darwin ait été raciste (c’est encore matière à discussion) ne devrait avoir aucune incidence sur l’évolutionnisme. Mais ce qui me semble claire, c’est que la théorie de l’évolution en elle-même n’est pas raciste. On peut l’accuser d’être une position athée, en ce qu’elle va à l’encontre de la position créationniste (Dieu créa l’homme), mais pas plus.

La seconde : La volonté inavouée de présenter l’Africain comme un animal (dans le cas d’espèce), démontre une chose importante. Tout esprit humain aussi brillant soit-il peut avoir des moments d’étroitesse. C’est humain de ne pas être parfait et de commettre des erreurs. C’est pourquoi, il conviendrait, peut-être, de rappeler souvent une chose importante. 

Nous vivons dans un monde ou les torts causés aux minorités raciales ont été reconnus. Ils ont été déclarés contraires aux droits inaliénables de l’Homme, et ont même fait l’objet d’excuses publiques. Alors, il serait enfin temps que tous nous méritions notre titre un cran au-dessus des autres animaux.


Côte d’Ivoire : Mise en liberté des quarante (40) étudiants détenus à la MACA

L’information a été rendue publique par la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’ivoire (FESCI) dans la soirée du mercredi 11 octobre 2017. Quarante (40) étudiants, ex-détenus de la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA) ont tous été libérés. En effet, ils avaient été arrêtés le 18 septembre 2017 à l’occasion d’une manifestation de protestation contre les frais supplémentaires sur les inscriptions dans les établissements scolaires de Côte d’Ivoire.

Retour sur les faits…

Le lundi 11 septembre 2017, s’annonçait la rentrée scolaire 2017-2018 en Côte d’Ivoire. A cet effet, le gouvernement ivoirien réitérait la gratuité des inscriptions sur toute l’étendue du territoire national. Mais, entre les déclarations politiques et la réalité sur le terrain, il y a un énorme écart. Les premières journées du lancement des inscriptions vont le témoigner.

Dès le lundi 04 septembre 2017, date du début des inscriptions, les grognes vont se faire de plus en plus entendre. Les parents d’élèves ont commencé par dénoncer les petits bouts de feuilles qui leurs sont distribués. Ces feuilles d’informations comportent toute une liste d’éléments à payer par eux. Tantôt, il s’agit de cotisation à verser au COGES (La Coordination des comités de Gestion des Etablissements Scolaires de Côte d’Ivoire), tantôt c’est le coût des matériaux de construction de classes qu’il faut payer. Dans chaque établissement, chaque responsable dresse sa propre liste. Et, ce qu’on appelle désormais les frais annexes prennent l’envol. C’est des milliers de francs CFA que chaque parent devra débourser pour voir son enfant inscrit. Chez les populations ivoiriennes, il apparaît donc évident que la gratuité des inscriptions promise n’est que leurre. Elles ne vont pas tarder longtemps avant de réagir.

étudiants
Liste de fourniture pour la première année de classe primaire, image obtenue sur la page Facebook de ODCI

 

étudiants
Liste au Lycée Moderne Jeunes filles de Bouaké, image obtenue sur la page Facebook de ODCI

Grogne sociale contre les frais annexes…

Sur les réseaux sociaux, l’exaspération se fait sentir. Chacun y va de son commentaire, preuve à l’appui pour certains. On évoque le droit fondamental d’accès à l’éducation et l’engagement du pays à rendre l’école obligatoire pour dénoncer ces pratiques de racket déguisés. On interpelle le gouvernement, qui dans une lettre écrite ouverte, qui d’autre dans une vidéo diffusé sur Youtube. La télévision nationale semble muette sur le sujet et le gouvernement ne rien en savoir.

Face au mutisme des autorités gouvernementales et du ministère de l’éducation nationale en particulier, la FESCI a décidé de prendre ses responsabilités. En tant que la plus grande structure de défense des droits des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire, elle appelle à une grève générale. Dans l’exposé des motifs de la grève envisagée, la FESCI explique que les frais annexes perçus sont en lien avec la mauvaise gestion des ressources financières issues des inscriptions en ligne. En effet, explique-t-elle, les frais perçus à l’occasion des inscriptions en ligne sont centralisés au niveau du ministère de tutelle. C’est donc lui qui gère et décide de tout l’argent qui revient à la gestion des établissements y compris au fonctionnement des COGES. Ainsi donc, vu le retard et l’insuffisance des sommes allouées, les établissements publics et les COGES n’ont autre choix que de « racler » dans les poches des parents, ajoute-elle.

étudiants
Première de page du journal satirique GBICH !

Arrestation des étudiants et mobilisation sociale…

La suite, on la connait. Le 18 septembre 2017, la grève projetée a effectivement lieu. Tôt dans la matinée, des échauffourées éclatent entre policiers et étudiants. Les policiers pénètrent dans les cités universitaires et arrêtent une quarantaine d’étudiants. Trois (03) demoiselles et trente-sept (37) jeunes hommes seront conduits à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA). Ils seront accusés de troubles à l’ordre public, coups et blessures volontaires contre les agents de police.

Toute la durée de leur détention, la mobilisation pour demander leur libération prendra de l’ampleur. Cela, d’autant plus que la cause défendue parait évidemment légitime. A cet effet, la FESCI sera épaulée dans ses efforts par toute la communauté nationale. Les parents d’élèves et d’étudiants, les associations, les organisations, certains partis politiques et même le simple citoyen s’est senti concerné. Tous, comme d’une même voix ont dénoncé les frais annexes et demandé la libération sans condition des étudiants détenus.

étudiants
Libérez lez 03 étudiantes, photo obtenue sur la page Facebook de ODCI

Le mercredi 11 octobre, dans la soirée, à l’occasion de la journée internationale de la jeune fille, les étudiants détenus seront libérés. Depuis lors, tout semble être revenu à l’ordre. A ce jour, les frais de cotisation annexes ont généralement été abandonnés ou du moins réduits considérablement. Les cours dans les Universités, suspendus depuis le déclenchement de la grève, devraient reprendre dès le lundi 16 octobre 2017.

In fine…

Au terme de cet épisode, nous recommandons au gouvernement de poursuivre ses efforts pour une gratuité effective de l’école. Cela, au regard du taux élevé d’analphabétisme qui est de 51 % en Côte d’Ivoire selon l’Unesco. Ainsi, la suppression des frais annexes pourraient donc éviter le découragement des pauvres populations dans leur volonté de scolariser leurs enfants. C’est pourquoi, nous ne devons pas perdre de vue l’utilité de l’instruction dans l’ambitieux projet d’émergence d’ici 2020.

A cet effet, la célèbre citation de Nelson Mandela vient plus qu’à propos. « L’ éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde. »

 

NB: Cet article est en lien avec notre article intitulé Côte d’Ivoire : étudiants à l’école oui, dans les geôles non !

 


Les réseaux sociaux, des livres ouverts pour la jeunesse en Afrique

Depuis l’introduction de l’école moderne en Afrique, nous avons tous adopté et développé des capacités à nous instruire sur du papier. Aujourd’hui, à l’ère du développement du numérique, la capacité d’apprendre sur supports électroniques semble faire douter beaucoup de personnes. On pense, à tort ou à raison, qu’internet, et spécialement les réseaux sociaux, ne sauraient jouer un rôle formateur chez le jeune. Et pourtant, la petite anecdote que je vais vous partager semble accorder du crédit à ceux qui croient en la puissance éducatrice des réseaux sociaux.

Le vieil homme, la jeune demoiselle et la lecture…

Il y a quelque temps, dans un *gbaka, un monsieur d’un certain âge reprenait un peu trop paternellement une jeune demoiselle à mes côtés. Il affirmait, dans un chœur d’innombrables « hum hum » d’acquiescement des autres passagers, ce qui suit :

« Vous les enfants d’aujourd’hui, vous avez toujours le nez dans les réseaux sociaux. C’est pourquoi vous ne valez plus rien à l’école. Au lieu de prendre un livre et le lire, vous êtes toujours en train de vous amuser avec votre téléphone… ».

Cependant, quelques instants avant la montée du vieil instituteur (je crois deviner que c’était sa profession), j’avais eu une petite discussion avec la jeune demoiselle. Ainsi, j’avais appris un tas d’informations sur cette dernière. Ce qui m’a permis de me désolidariser de cette réprimande infondée.

De notre petite discussion, j’avais appris qu’elle avait 14 ans. Qu’elle était en classe de seconde littéraire et fréquentait un établissement d’excellence. Le lycée de jeunes filles nommé Sainte Marie d’Abidjan en Côte d’Ivoire.

Les réseaux sociaux, de multiples petits livres en accès libre…

Aussi, pendant nos échanges, j’avais pu jeter un œil curieux à l’écran de la lycéenne. J’ai pu ainsi constater qu’elle prenait surtout la peine de lire les publications impeccablement rédigées des pages Facebook de certaines institutions comme l’Ambassade des USA, de certains « *influenceurs » et autres auteurs ivoiriens.

Je me rappelle avoir hésité un instant avant de lui demander subtilement son âge. En fait, j’avais été impressionné par deux choses : la sérénité de son visage d’enfant et la maturité de son langage. Elle me paraissait bien étrange comme jeune demoiselle. Bien étrange, parce qu’elle semblait différente en tous points aux autres jeunes gens de sa génération. Elle avait dans son regard une lueur particulière. Une lueur si particulière qu’elle avait suffi à aveugler le vieil homme et sa chorale. Une lueur semblable à celle des influenceurs et auteurs dont elle visitait les pages.

De mémoire, je fais référence entre autres à Kane Aminata Koné, Audrey EhoumanYehni DjidjiJean-Patrick EhoumanEdith BrouRaissa BanhoroMarie Ella Kouakou, Hermann Cakpo, Alain Tailly et la brillante meilleure blogueuse de l’année 2017 en Côte d’Ivoire, Tchonté Pitin Mireille Silué.

Elle apprenait « énormément de leur manière captivante d’écrire, de leur sens de la responsabilité, et des conseils pratiques en matière de leadership », m’avait-elle confiée.

L’éducation à un usage positif des réseaux sociaux

En somme, de cette petite histoire, on peut en tirer deux choses, voire trois.

En premier lieu, sans doute influencé par les réalités de leur temps, beaucoup de gens pensent qu’apprendre ne peut se faire qu’au travers des moyens primaires. On caricature le bon apprenant. On se représente une personne entourée de multiples livres sur une table, stylo en main et cahier de notes ouvert. Ou aussi, une personne ayant comme camarade de compagnie, un livre en main. Et pourtant, le monde a bien évolué. Aujourd’hui, à l’ère où l’électronique et l’informatique sont partout présentes, il faut comprendre que l’image du bon apprenant ait aussi changé. Désormais, tous ces livres posés sur table et cahier de notes sont dématérialisés. Un ordinateur ou un simple smartphone peut ainsi renfermer tous ces éléments.

En second lieu, concernant les réseaux sociaux, il faut reconnaître que leur usage a progressivement évolué. D’un usage à la base ludique, les réseaux sociaux sont aujourd’hui devenus des outils de partage de la connaissance. Ils ont démocratisé la connaissance et la liberté d’expression. Ainsi, sur une page Facebook par exemple, l’on peut bénéficier quasi gratuitement de l’expérience écrite, visuelle ou sonore d’une personne. C’est un peu comme de petits livres ouverts à tous. On est à la fois lecteur et auteur. Et on peut ainsi utilement s’enrichir intellectuellement. Pourvu qu’on sache s’orienter dans ses choix de lecture, comme dans une bibliothèque physique.

Enfin, il est à retenir qu’internet, et en particulier les réseaux sociaux, sont des outils efficaces pour informer, inspirer, et mobiliser. Ils ont les mêmes capacités éducatives que le livre et autres outils traditionnels. Mieux, de par leur dynamisme, ils participent à la promotion et à la protection de nombreux droits de l’homme. Cependant, il faut le reconnaître, son usage n’est pas sans risque. C’est pourquoi, dans un contexte où les réseaux sociaux font intégralement partir de la vie quotidienne du jeune, il est important d’encourager les initiatives en faveur d’une éducation à l’usage des médias sociaux.

A Singapour, la puissance et la portée des réseaux sociaux sont utilisés dans les établissements pour améliorer les résultats des apprenants. Cette initiative peut servir de modèle dans l’avenir pour de nombreux Etats africains.

 Petit glossaire :

  • Le gbaka est un mini-car de transport en commun de 18 places en service à Abidjan/Côte d’Ivoire.
  • Un influenceur est une personne disposant d’un compte sur un média social (blog, Twitter, groupe ou page Facebook) et diffusant régulièrement un nombre important de contenus à une communauté large et fidèle. Cette personne dispose d’un capital social élevé qui fait d’elle un prescripteur auprès de sa communauté. (source: https://www.ecommercemag.fr )

NB: Cette semaine, faites un tour dans la DiGiTecH pour avoir des conseils pratiques pour un usage responsable des réseaux sociaux 🙂 .