M.C Agnini

Festival Afropolitain : jazz et slam conquièrent le public de l’Institut français

La sixième édition du Festival Afropolitain nomade a ouvert ses portes à Abidjan, le 25 juin 2019. Au programme, des rencontres avec des artistes de divers horizons. Pour la deuxième journée, j’ai jeté mon dévolu sur le spectacle Jazz et Slam qui s’est tenu à l’Institut Français. Embarquement immédiat !

Journée très mouvementée avec la team mondoblog. Alors que je venais de mettre des noms sur des billets que j’ai pris plaisir à lire, des blogs que je prends plaisir à visiter, j’allais vivre une expérience extraordinaire dans la salle de spectacle de l’Institut Français. Que demander de plus ?

19 heures. Nous sommes accueillis avec des sourires étincelants. Les hôtesses brillent par leur maîtrise de cet exercice. Nous recevons nos « pass d’entrée ». Avant de faire le grand saut, une photo de famille s’impose. « Cheese » ! Clic ! Le déclencheur de l’appareil photo vient mettre fin à ces instants de fou rire. Il faut partir.
Les portes s’ouvrent. C’est d’abord l’obscurité qui nous éclabousse, puis envahit nos pupilles qui finissent par se dilater. La salle est là, devant nous. Les quelques personnes qui ont déjà pris place pianotent encore sur leur téléphone. Il faut s’installer pour ne pas déranger plus longtemps. La salle n’est pas pleine à moitié. Mais l’art est sélectif. Le nombre n’est qu’une vue de l’esprit. Le ton est donné. Le voyage peut commencer.

Du Slam… 

Le Slameur ivoirien Kapégik donne de la voix. Son slam, il l’appelle « slam coco bacca ». Porté par des mots en français, en argot ivoirien et des mots en nouchi*, sa voix cisaille différents lexiques par la force des images. Les images, ça lui connait. Il visite le quotidien des populations, sans maquiller la réalité. Il la présente telle qu’elle est, en abordant les problèmes de fond, sans faux-fuyants. Hymne à sa très chère Côte d’Ivoire, récit des événements de la crise post-électorale de 2010 et mise en garde face aux élections de 2020 qui approchent, hommage à l’artiste A’Salfo, Kapégik suscite des acclamations de la foule à chaque phrase forte qu’il lance. Il est soutenu par les cordes d’une guitare pincées avec talent, et une voix, celle de son binôme, Mawatta, qui l’accompagne tout en mélodie et en rythme.

« Un matin on était assis en train de gérer nos gbas, un coup on a entendu gbo, on a tous eu peur, enfant, vieux, femmes, adultes, même ado… »

« Désormais dans mon Abobo, ce n’étaient plus les enfants mais les balles qui étaient perdues. On les retrouvait dans une cuisse, un ventre, un crâne ou par chance dans un mur. La mort faisait l’appel. »

« Ton avenir est tracé depuis le berceau. Ils t’ont dit que tu ne vas pas réussir, dis leur c’est faux. T’es pas bête, tu as un talent, tu as un cerveau. De zéro tu peux être héros, comme A’Salfo. »

A sa suite, le trio dénommé les Powêtes, originaire du Gabon, prend place. Trois micros à pied. Deux dames. Un homme. Une guitare. Des voix, des mots et des chants. Les artistes allient performance slam et chanson africaine. La symphonie est belle. Avec eux, on a l’impression que l’Afrique est un pays, tant les problèmes sont les mêmes. Ils en abordent plusieurs : corruption, mauvaise gouvernance, jeu démocratique biaisé, élections meurtrières, crise de l’école… Les jeux de mots sont époustouflants, les chants entraînants. L’applaudimètre ne peut mentir.

« A la différence je dis oui, car c’est elle qui nous lie. A nos différence je dis oui, pour qu’il y ait toujours un toi, un nous, les autres, des couleurs, des vies, une tolérance entre autres. A nos différences, on dit oui et vous ? »

« Sur le chemin de la démocratie, nombreux se sont perdus. »

Mauriusca Moukengue, du Congo, vient prolonger la liste des slameurs qui animent cette soirée. Son apparition sur la scène soulève des applaudissements. Elle est vêtue majestueusement. Avec elle, il faut retenir le slogan « le slam s’enflamme ». La foule l’accompagne tout en chœur. Elle chante l’amour, danse l’amour, vit l’amour. Elle emballe le public dans ses envolées qui demandent un souffle particulier. Par moment, elle rappe même. Elle s’envole, puis ne veut plus descendre. L’artiste est littéralement en lévitation. Le public la suit, avec gaîté, dans son délire de déluré.

« Le jardin n’est beau que par la diversité de ses fleurs. La terre n’est terre que par ses multiples couleurs. »

Dans le lointain une voix se fait entendre. Des paroles incompréhensibles – du moins pour nous – embaument l’atmosphère de l’Institut français. La voix clame, l’identité de l’Afrique, celle des Africains. Elle cite des pères fondateurs, leur rend hommage. La voix accuse, elle réclame. La voix en a marre. Il faudra attendre un peu plus de trois minutes pour voir apparaître sur la scène, une silhouette, les cheveux en bataille. C’est le slameur Kmal, du Bénin.

Sur scène, il est irrésistible. Impossible de ne pas lui prêter nos oreilles, qu’il y déverse toute sa hargne contre la société. Il fustige l’Africain. Il tacle l’Occident. Il exalte l’Afrique. Plus loin, il fait un pied nez à la religion, ou plutôt aux religieux qui abusent de la naïveté des plus faibles. Le public est en harmonie avec lui, scandant « amen, amen » à ses nombreuses sollicitations. Pour finir Kmal s’est fait le défenseur des hommes, non pas sans soulever les cris de protestations des femmes présentes dans la salle. Selon lui, « tout ce qu’une femme fait, elle le calcule ».

« Les églises se créent à chaque coin de rue, et Dieu, une marchandise. Laissant les fidèles dans leur pauvreté, et dans le cœur le mot espoir. »

 

« Le monde est affame de vérité. Les gens ne prennent même plus la peine de s’écouter pourtant nous voulons connaitre Dieu. »

… et du Jazz ! 

Après ces prestations, il faut passer au jazz. J’avoue que ce fut une grande découverte pour moi. Et très honnêtement, devant tant d’harmonie dans les orchestrations, je n’ai pu trouver de justes mots pour qualifier ce que j’ai vu et entendu. Si ce n’est que j’ai vu se replacer coup sur coup, l’orchestre ivoirien Jaixi (batterie, synthétiseur et guitare) qui cumule deux albums à son actif, et le Camerounais Papy Anza, deux albums pour cinq ans d’expérience dans le domaine. J’ai été conquis. Le public n’a pas boudé son plaisir. Mon voisin de devant ne tenait plus en place, on aurait dit que c’était lui qui faisait groover la guitare. Comme quoi, la musique c’est de la folie !

* Nouchi : Le nouchi est une forme d’argot présente en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’Ouest. Le nouchi est un mélange de français et de plusieurs langues de Côte d’Ivoire, il est apparu au début des années 1980.

 


Réseaux sociaux, grandes gueules et mouroir populaire

Il est loin derrière nous le temps où chacun pouvait s’offrir le loisir d’exprimer ses idées sans se soucier d’une quelconque critique. Le temps où la seule menace était la crainte de voir des journalistes un peu trop zélés faire des critiques virulentes a connu bien des transformations. Aujourd’hui, que l’on soit un ministre qui a du mal à compter au-delà de 200, ou même un autre qui tient un…


A qui profite le buzz : Tour d’horizon de ces acteurs qui soufflent le chaud et le froid !

Quand un bruit assourdissant se fait entendre, il y a généralement deux réactions. Deux réactions pour deux catégories de personnes. Avec les buzz sur les réseaux-sociaux, c’est la même chose, même si le tout se jouera en emojis et en commentaires, auxquels se joindront fièrement les partages et les identifications…

Parler de bon buzz ou de mauvais buzz c’est comme évoquer le moment ou le jour et la nuit interviennent

Ce billet ne serait-il pas une métaphore de ce que sont les réseaux-sociaux aujourd’hui… un seau d’essence qu’on verse sur le feu pour l’atteindre, et faire croire qu’on veut l’éteindre.

Premièrement, il y a ceux qui ont été témoins des faits et les rapportent à qui veut bien avoir l’information. Ce sont les personnes qui sont plus ou moins proches de l’individu concerné. Nous ne parlerons pas de victime, à dessein. Nommons les « CAT-1 ».

Après, il y a ceux qui ont entendu le bruit, mais qui ne savent pas réellement de quoi il s’agit. Selon qu’ils soient de bonne ou de mauvaise foi, ils verront la nécessité de s’informer afin d’avoir la bonne version des faits, ou de se fier à leur créativité toujours fertile pour diffuser l’information. Nommons les « CAT-2 ».

Maintenant, contextualisons en considérant que le bruit assourdissant, ici, n’est rien d’autres qu’un buzz ! Parler de bon buzz ou de mauvais buzz c’est comme évoquer le moment ou le jour et la nuit interviennent. Tout dépend de là où l’on se positionne. Les cas les plus marquants demeurent ceux qui engagent la réputation d’un individu…

La proximité bâillonne la contradiction ou ferme la bouche à la raison

Lorsqu’un buzz intervient, il y a forcément des prises de position. Que l’on les exprime ou non, les avis seront partagés. Les personnes de la première catégorie« CAT-1 »  auront des avis très tranchés.

CAT – 1 / POUR : Défense absolue

Inutile d’engager avec elles des discussions enflammées. L’objectif est clair… redorer le blason de la personne qui subit le courroux des internautes sera la visée de toutes leurs actions. Le bouchon de l’aveuglement est parfois tellement poussé qu’il devient impossible de leur faire accepter un avis contraire aux leurs. Déjà, il faudrait arriver à les pousser à écouter/lire vos arguments sans parti pris. Utopie ! Et lorsqu’elles engagent une discussion, ce n’est pas vraiment pour laisser éclater la raison, mais plutôt pour imposer leur raison.

CAT – 1 / CONTRE : Silence stratégique

Lorsqu’une personne est étrillée publiquement, si les personnes de la présente catégorie estiment que cette personne – qui leur est proche – est en tort, si elles en sont persuadées, et qu’elles tiennent à leur propre image, elles feront le choix de ne pas alimenter le buzz. Elles garderont le silence.

Peut-être bien qu’elles passeront par sa messagerie pour tenter de lui remonter le moral, mais aussi pour l’aider à réagir à froid face à toute la déferlante. C’est un travail qui se fait loin des regards enflammés, des propos partisans et des raisonnements trempés dans le lac de l’émotion.

Les comptes se règlent là où on trouve leS véritéS

Pour citer un certain Yousoupha, « l’avantage avec le buzz, même ceux qui ne t’aiment pas t’écoutent ». C’est en même temps un inconvénient, dans la mesure où on prête facilement le flanc à ceux qui nous écoutent… la moindre faille peut être exploitée. Pour une personne qui n’est pas forcement proche de l’individu impliqué, c’est la boite de pandore qui est ouverte ! Vous avez dit commérage 2.0 ? On se sent libre de poser des actions sans forcément en mesurer les conséquences, ou au contraire, en les calibrant pour faire le plus mal possible.

Lire aussi : Réseaux sociaux, mouroir populaire des grandes gueules

Qui est impliqué ? Quels sont les antécédents avec cette personne ? Le jeu des alliances est-il engagé ? Ce sont autant de questions qui sont posées par cette catégorie de personne avant de passer à l’action. Bien entendu, cette action sera aussi influencée par les valeurs morales individuelles. Les armes seront, entre autres, les débats contradictoires à coup d’arguments, la raillerie, l’ironie et les désormais immanquables captures d’écrans ! Il se dessinera encore deux sous-catégories : les « contre » et les « lucide » !

 

CAT-2 / CONTRE : Destruction massive

Cette catégorie se montrera amère et très virulente. Vous les reconnaîtrez par leurs publications et commentaires durs, moqueurs, truffés d’insinuations. Ils sont clairement opposés aux « CAT-1/POUR ».

A fond dans leur rôle, ils mettront de côté la possibilité d’avoir tort, pour se concentrer sur l’objectif de déconstruire toute crédibilité de la partie entraînée dans le buzz. La force du nombre prend tout son sens ici. Dans leur élan, ils en entraîneront plus d’uns : c’est le suivisme, ou la solidarité 2.0.

CAT-2 / LUCIDE : Analyse à froid !

Cette dernière catégorie se retrouvera très facilement acclamée par l’un ou par l’autre camp, selon qu’elle prendra position. Mais pour elles, l’objectif sera de rechercher la vérité en s’appuyant sur les faits qui lui sont parvenus. C’est à ce niveau que la complication se fera remarquer. Si d’aventure, elle s’approche d’un « CAT-1/POUR », le tableau qui lui sera présenté aura pour objectif de la faire pencher de ce côté de la balance. Et s’il s’agit d’un « CAT-2/CONTRE », ce sera l’objectif contraire qui sera recherché.

En définitive, cette dernière catégorie de personne finit par endosser malgré elle, la position d’arbitre. Or, quand on en arrive là, on troque très facilement son maillot contre un autre qui ressemble étrangement à celui d’un « CAT-1/MUET ».

Le buzz peut être provoqué. Mais là encore, il faut faire preuve de beaucoup de tacts pour en maîtriser les contours. S’il s’agit d’un coup qui vous tombe sur la tête, ne soyez pas surpris de voir ces lignes de démarcations se dessiner clairement. Et ce jour-là, vous réaliserez peut-être qu’il existe une autre catégorie de personne, qui, pour des intérêts dont il est difficile de saisir la nature, pèseront de tout leur poids pour que ce buzz vous enfonce et vous fasse perdre le plus de plumes possible, pendant que elles auront l’impression de voler… le temps d’un buzz !


[ FICTION ] : Le message que le « petit Bouba » aurait voulu nous adresser après sa mort brutale

Comme de nombreux enfants, le petit Bouba a été sauvagement arraché à l’affectation de ses parents. La tristesse me submerge à l’instant ou j’écris ces quelques mots. Il y a un moment, j’ai regardé une vidéo dans laquelle le présumé tueur du petit Bouba passe aux aveux. Son témoignage donne froid dans le dos. Il dit avoir été motivé par son marabout, qui lui a suggéré de commettre ce crime rituel, dans la seule et unique intention morbide de devenir riche.

Mon esprit m’a donc poussé à faire parler le petit Bouba. Entre fiction presque réelle et grosse dose d’émotion, ma plume a été pour cette fois, très humide.

Début : 22 H 50

— 

Il me tardait de vous adresser ces mots. Ce sont là les vives émotions que je ressens depuis que j’ai fait le voyage duquel je ne reviendrai jamais. Je vais être bref. Bien plus bref que le temps qu’il m’est resté à vivre une fois que nous avons embarqué dans le véhicule qui m’accompagna pour mon dernier voyage.

J’ai pris mon départ. En ai-je vraiment eu le choix ? Qu’à cela ne tienne. Tonton Étienne m’avait rassuré que nous reviendrons très vite à la maison. Il avait toujours été gentil avec moi, et puis, papa et maman l’aimaient bien. C’était mon tonton du quartier. Qu’est-ce que je pouvais bien craindre ?

Mais sur le chemin, quelque chose me disait que je ne reverrais plus le paysage que je voyais là défiler. Je n’étais pas bien grand du haut de mes 4 ans, mais j’ai fait l’effort de regarder chaque ruelle du quartier, en faisant attention aux détails. Je revois ce terrain ou les autres enfants et moi, aimions bien jouer. Ah, des histoires sur ce terrain, j’en ai tellement à raconter !

Nous avons emprunté un véhicule et le voyage a commencé. C’était long. Très long. Tonton Étienne me disait que nous allions voir de belles choses là-bas. J’étais impatient ! Et puis… et puis je suis ici. À vous regarder sans que vous ne puissiez me voir. Je vois sur vos visages tant de tristesse et de désolation. Je vois la révolte dans vos yeux. Je vois la colère dans chacun de vos mouvements. Vous repensez à ce moment où Tonton Etienne m’a demandé de descendre du véhicule car nous avions atteint notre destination. Vous repensez à la peur que j’ai ressenti en découvrant que nous étions seuls, et que tout autour, il y avait de la broussaille. Vous vous imaginez alors comment j’ai essayé de me débattre quand Tonton Étienne m’a pris par la main, quand il m’a rapproché de lui, quand son regard a soudainement changé, quand je lui ai demandé ce qu’on faisait là et qu’il répondu par un silence coupable. Vous vous imaginez toutes ces choses et vous êtes révoltés. Sachez que je le suis aussi.

Depuis que je suis arrivé ici, j’ai encore plus mal pour votre monde. J’ai mal pour maman qui ne peut plus fermer l’œil de la nuit. J’ai mal pour papa qui se sent si limité, si incapable de remonter le temps. J’ai mal pour tous ceux qui ont mal pour le mal que l’on m’a fait. Votre monde va mal. Ma vie a été raccourcie. Mon existence avortée par la cupidité d’un homme. Ma vie n’a pas valu plus que quelques billets de banque. Votre monde va vraiment mal.

Je suis ici et je découvre une autre vie. J’avoue que j’aurais voulu profiter de toutes ces années que j’aurais pu vivre, mais ici au moins, je me sens en sécurité. Personne ne viendra me faire du mal pour son bien-être. Personne ! Et cette seule pensée suffit à me redonner un bout de plaisir. Ici, j’ai la chance de grandir, cette chance que Tonton Étienne ne m’a pas laissé.

Si j’ai une chose à vous demander, c’est de faire en sorte que ma mort ne soit pas inutile. Je ne suis plus c’est vrai, mais vous pouvez vous en servir comme argument pour faire cesser ces crimes odieux. Les enfants n’ont pas à payer pour ce que vous avez fait du monde, une jungle où l’on est prêt à tout pour quelques billets, un territoire où la réussite sociale passe avant la vie, un enfer pour les faibles. Votre monde va si mal.

Je vous avais dit que je ne serais pas long. Je retourne profiter de la sécurité qui règne ici. Au moins, je ne risque pas de subir un sort similaire à celui qui fait votre tristesse aujourd’hui.
Mais il y a bien une chose qui me taraude l’esprit. Des fois, je pense à ces enfants qui viendront grossir notre nombre car certains parmi vous, continuerons encore de nous sacrifier au nom de leur soif de réussite sociale.

Promettez-moi de veiller sur vos enfants. Vous allez tous me manquer. Et maman aussi, et papa aussi. Et mes deux frères. Dites-leur que je vais bien et que je suis heureux ici. Mais qu’à cela ne tienne. Tonton Étienne en a décidé autrement, mais seul Dieu a le dernier mot.

Aimez-vous. Faites l’amour et non la guerre ! Moi, j’ai trouvé la paix ici.

Fin : 23 H 21

—–

 Les mots de Bouba auraient été beaucoup plus poignants. Ils auraient touché notre sensibilité, et peut être notre raison. A l’unanimité nous soutenons qu’aucune famille ne mérite de subir une telle tragédie. C’est avec les mots de mon cœur, de ma douleur, que j’ai écrit ces quelques phrases, en la mémoire de Bouba, pour que plus aucun enfant ne soit précipité dans l’eau delà, au nom de la cupidité d’un adulte qui aura été lâché au pont de ne pas assumer ce qu’il a fait de sa vie.

Adieu Bouba !


Black Panther : 4 portraits de femmes qu’un homme doit savoir reconnaître et garder dans sa vie

La vague suscitée par le film Black Panther ne m’a pas épargnée. Par un mécanisme dont je cherche encore l’activateur, mon esprit m’a poussé à reconnaître, à travers certains personnages de ce film, des personnes « type » que tout homme rencontre ou est amené à rencontrer dans sa vie. Ces personnages, ce sont les quatre femmes qui ont directement aidé T’Challa (Black Panther) dans la poursuite de ses objectifs (et même dans la réussite de son règne). A travers leurs rôles, elles laissent transparaître des qualités et des traits de caractères bien reconnaissables.

Faisons un petit tour dans la vraie vie avant de prendre le vol pour le Wakanda :
Comment se billet a-t-il pris forme ? Je dois dire que des endroits insolites pour recevoir une décharge d’inspiration, j’en ai connus. De l’ascenseur au terre-plein de la chaussé en passant par la banquette arrière d’un taxi en froid avec le confort, ne croyez pas que je vous ai tout raconté… Ce matin, c’est au milieu de la salle de bain que l’instant fabuleux d’illumination s’est manifesté à moi ! Armé de mon smartphone, j’ai tout de suite entrepris de dessiner le squelette de ce billet et d’en coucher les premières lignes.

En y réfléchissant bien, je me dis que la salle de bain n’est pas fortuite. C’est bien dans une autre salle, une salle de cinéma que la source de cette inspiration se loge, c’est là que les lignes qui vont suivre ont pris racine dans mon esprit.  Normal que ce qui commence dans une salle, finisse dans une autre salle fut-elle une salle de bain ! Simple diversion vous l’aurez remarqué 🙂  Assez bavardé. Bienvenue au Wakanda !

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En parcourant les scènes de Black Panther, on remarque que quatre femmes sont très proches de T’Challa. Elles l’aideront même à réussir sa mission de super-héros, chacunes d’elles jouera un rôle bien précis. Par transposition, je pense que ce sont les quatre femmes les plus importantes qu’un homme peut rencontrer au cours de sa vie : la soeur, l’épouse, l’amie, la mère. S’il sait s’y prendre, il arrivera à saisir pleinement cette opportunité. Cet article s’adresse donc principalement à vous chers messieurs. En espérant que vous en prendrez de la graine.

SHURI. La sœur (la cousine ou même la nièce) :

Incarnée par Shuri, la soeur est l’une des personnes sur lesquelles un homme peut totalement compter. Les « Shuri » on peut en avoir plusieurs, mais il y en a toujours une dont la loyauté sera plus grande que celle des autres. Qu’elle soit plus jeune que vous ou non, elle ne vous contrariera que si une situation extrême l’impose. Et même là encore, elle trouvera la manière.

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Elle sera toujours présente. Elle évitera parfois de vous dire certaines vérités, mais n’y voyez pas une faiblesse de sa part, c’est une façon de vous exprimer du respect. Silencieuse à souhait, elle attendra que vous l’associez à vos projets, vous aider sera une partie de plaisir pour elle. Elle patientera pour qu’enfin vous acceptiez de lui faire confiance. Et là, l’apport qu’elle vous manifestera sera inestimable. Vous, vous devez simplement lui accorder votre confiance. Ce sera suffisant pour qu’elle fasse des miracles, de vrais miracles. Les « Shuri » sont des trésors à protéger.

NAKIA. L’épouse :

L’épouse ne sera pas facile à conquérIr. Il vous faudra vous armer de nombreux arguments dont le plus solide sera l’amour que vous lui portez. Cet amour devra être sincère, il ne devra pas balbutier et devra surtout être assez grand pour résister aux malentendus et aux incompréhensions. A cela s’ajoutera les coups que vous êtes prêts à prendre pour elle. Si elle vous aime, elle vous suivra. Soyez rassurés, elle ne passera pas par quatre chemins pour vous le faire savoir.

 

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Déterminée, engagée, fidèle à ses convictions, elle prendra même les risques les plus fous tant que vos idéaux convergeront (cueillir l’herbe-cœur). Elle agira en silence pour essayer de raisonner ceux qui vous tournent le dos (Okoye, par loyauté). Pour vous tirer d’affaire, elle sera même prête à s’allier à ceux avec qui vous étiez en désaccord hier (les jabari). Si elle vous aime, elle vous suivra, si tant est qu’elle est rassurée.

OKOYE. L’amie :

Son caractère peut être fort, mais son sens de l’engagement est sans pareil. Il vous arrivera bien des fois d’être en désaccord. La plupart du temps, le bon sens vous guidera pour faire les meilleurs choix. Face à votre épouse, elle manifestera une protection parfois incompréhensible, mais si vous avez bien établit les bases de votre relation, elle ne vous outragera jamais. Elle finira par comprendre. Contentez-vous de lui faire comprendre le bien fondé des actions que vous souhaitez mener, et elle vous accompagnera.

 

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Par moment, elle manIfestera de l’impatience. Sachez trouver les mots pour accorder vos points de vue. Loyale et dévouée, le respect à ses engagements demeurera sa plus forte conviction (rester attaché au service du nouveau Roi, même s’il s’appelle Killmonger). Elle reviendra à la raison s’il le faut, mais toujours en restant fidèle à ses principes.

RAMONDA. La mère :

Elle garde le silence. Elle reste en observation. Elle donnera l’impression de ne pas vous suivre dans votre évolution, mais ne vous y trompez pas, la mère à ses capteurs partout. Toujours prête à intervenir et à relever votre face, son unique joie viendra de votre capacité à atteindre vos objectifs. Quand tout semblera s’opposer à vous, elle est celle-là même qui trouvera la solution ultime pour vous faire regarder l’horizon avec assurance. Une mère c’est l’activatrice des derniers recours (convaincre M’Baku).

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Selon moi, la vie de tout homme est marquée par le lien avec ces personnes de la gent féminine. S’il est moins évident de reconnaître certaines d’entre elles tout de suite, les garder reste le plus difficile à réussir. Le rêve ultime c’est de parvenir à faire régner entre ces personnes une harmonie parfaite. Et pour y arriver, pas besoin de vibranium, ni de l’herbe cœur, ni de costumes super futuriste, ni encore de gadgets Hi-Tech. Il faut simplement accepter de mettre son ego de côté, et savoir leur donner la place qui leur revient.


« Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (4 / Fin)

Si le coup est réussi, c’est parce-que dans toutes ses vidéos, Dadju ne se contente pas de faire découvrir des chansons. A travers les mises en scène, il invite ses fans au cœur de la préparation de l’album principalement, mais pas de façon lapidaire. Il les invite au cœur de sa vie de couple. Que l’histoire soit vraie ou fausse, il en ressort que le fictif est transposé sur son vécu, à travers des références à des faits réels, et c’est là toute la magie de cette stratégie.

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (1)

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (2)

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (3)

Chaque vidéo a trois phases entremêlées ou plus. La première, c’est la chanson telle qu’elle est, avec ses vraies paroles. La seconde consiste, à travers une mise en scène, à déballer l’histoire, et la dernière se charge d’inviter les fans au cœur de la préparation de l’album (stratégies, choix, programmes, évolution…). Place à la deuxième vidéo !

Seconde chance :

Mise en ligne : 24 novembre (jour de la sortie de l’album)
Durée : 11 : 50
Nombre de vues : 1 775 958 (Lors de la publication de l’article)

Dadju a le dos au mur. Il semble être pris à son petit jeu devenu un piège, sans qu’il n’en mesure rapidement les proportions. Trop tard ! La photo prise à son insu ne va pas tarder à faire ses effets. Dadju reçoit un message de son épouse avec un contenu très explicite. Expéditeur « Lily » (Tiens ! On a enfin son prénom. On se sent plus proche, plus familier, on compatit. On a même envie de prendre partie pour elle) / Message « J’suis Choquée… Tu m’dégoutes Dadju, c’est ça le studio? ! » A l’appui, la photo en question. Il s’est fait prendre la main dans le sac. Alors commence l’épisode où il tentera de se faire pardonner et recoler les morceaux.

Si Dadju demeure le personnage principal, on a presqu’envie de le détester. La succession des événements crée chez l’internaute, de l’antipathie contre lui. Cette antipathie, on la convertit très rapidement en sympathie pour sa femme. La victime capte toutes les attentions !

Du coté des filles, la femme de Dadju est effondrée, elle se sent trahie. Elle se confie à son amie. Elle parle de la photo, explique qu’elle ne peut pas arrêter de la regarder. Tout porte à croire que c’est cette amie qui a l’a prise, ou pas…. Elles parlent de la petite, leur fille à tous les deux (avec Dadju). On se sent à nouveau dans la vraie vie.
Monsieur sait qu’il a merdé. Il veut arranger les choses. Il essaie de renouer le contact. Il s’en veut. Mais est-ce encore possible ?

« Te perdre, c’est risquer de tomber de haut
Je n’peux plus voler avec une seule aile dans le dos
(J’ai essayé)
C’est peut-être pas la dernière fois que je faute
Mais prendre un mur parfois, j’te jure c’est tout ce qui me faut
(Ça va pas durer) »

Les choses se précisent. La solidarité entre femme, le sens de la véritable amitié, l’importance de la prise de décision, toutes ces valeurs font surface. La photo a été prise par la pote de Lily, la femme de Dadju. Elle clarifie les choses avec la « maitresse » qui se trouve être une amie à elle : Shirley. Alors elle lui exige de mettre fin à cette relation. Elle tempère. Elle menace. Elle est catégorique. Shirley est effondrée. Shirley, jusque là simple maitresse, une fois que son prénom est dévoilé, prend de la valeur. On sent tout de suite qu’elle ne sortira pas si facilement du scénario.

De retour chez sa pote, l’amie « super-héros pour couple » explique tout à Lily. Elle lui demande d’accorder une dernière conversation à Dadju. Elle accepte !

La rencontre se déroule dans les locaux de « Universal Music ». Séquence « Inside » bien menée. Juste après la séance pré-écoute de l’album qui a eu lieu la veille de la mise en ligne de la vidéo. Le timing parfait apporte son grain de sel à la stratégie.
La maitresse, Shirley, est présente mais elle déchantera très vite. Dadju a déjà fait son choix. Il le lui fait savoir. Elle quitte les lieux. Lily et lui se rencontrent. Ils discutent. La femme a mal, elle repense à tous les mensonges, elle le lui rappelle, encore et encore. Elle tempête, bastonne sa conscience, sermonne son honneur, fusille son sens de la responsabilité. Elle implique sa fille. Un homme aussi fort soit-il, se sent à genou dans ce genre de moments-là. Elle a su le toucher. Il n’a plus les mots. Il demande une seconde chance. Elle lui explique qu’elle ne sait plus. Elle doit réfléchir. L’histoire finie ici en pointillés.

Si l’histoire s’arrêtait là, le suspens n’aurait pas été entretenu. Une dernière séquence va rattraper le tire. Shirley découvre qu’elle est enceinte. Elle contacte Dadju. Elle lui explique qu’ils doivent parler. Elle lui annonce qu’elle est enceinte. La grosse claque !

Dadju l’avait dit dans le titre intro, « Je vais vous raconter plusieurs histoires dans l’album, il y en a qui me concernent, d’autres non. Je vais vous laisser deviner ce qui ne me concerne pas ». Pensez-vous que cette histoire le concerne ? Heureusement ou malheureusement, il n’y aura pas de suite. Cette suite, c’est à chacun de l’écrire !

Une chose est presque certaine, cette stratégie inspirera plusieurs, au grand bonheur des mélomanes et des férues des coups très fins ! Enfin, espérons le !


« Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (3)

Si le coup est réussi, c’est parce-que dans toutes ses vidéos, Dadju ne se contente pas de faire découvrir des chansons. A travers les mises en scène, il invite ses fans au cœur de la préparation de l’album principalement, mais pas de façon lapidaire. Il les invite au cœur de sa vie de couple. Que l’histoire soit vraie ou fausse, il en ressort que le fictif est transposé sur son vécu, à travers des références à des faits réels, et c’est là toute la magie de cette stratégie.

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (1)

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (2)

Chaque vidéo a trois phases entremêlées ou plus. La première, c’est la chanson telle qu’elle est, avec ses vraies paroles. La seconde consiste, à travers une mise en scène, à déballer l’histoire, et la dernière se charge d’inviter les fans au cœur de la préparation de l’album (stratégies, choix, programmes, évolution…). Place à la deuxième vidéo !

Comme si de rien :

Mise en ligne : 17 novembre
Durée : 9 : 57
Nombre de vues : 1 988 642 (Lors de la publication de l’article)

Dans cette vidéo, on découvre un Dadju qui est confronté à un dilemme. Il doit faire un choix. Un choix difficile. Difficile mais déterminant, alors il faut le faire. En pleine réflexion, sa raison le ramène à la raison.

« Avant de te connaître, j’avais une vie
Tu sais que c’est impossible
Tout ce qui arrive est de ma faute mais
J’y laisserai pas ma femme pour une autre »

Mais il va encore falloir faire le pas, car de l’autre côté, les soupçons commencent à se faire voir. Il est de plus en plus absent, distant. Le pot aux roses ne tardera pas être découvert. Certainement !

La séquence « inside » de l’album est tout aussi révélatrice que dans la première vidéo. Ici, on se retrouve face à celle que j’appellerai la « stratège ». Et elle mérite bien cette appellation. La jeune dame explique comment la « chorégraphié sera menée pour la sortie de l’album. Elle présente des « box collectors » exclusives et lâche une phrase très incisive « je vous laisse checker ce qu’il y a dedans ». En réalité, elle ne s’adresse pas qu’à ses interlocuteurs, mais surtout à ceux qui visionnent la vidéo. Elle ne présente pas ce qui se trouve dans la mystérieuse boite et accentue ainsi la curiosité des fans.

La stratège annonce aussi une « pré-écoute » de l’album pour laquelle il faudra remplir un formulaire afin d’espérer y participer (le lien du formulaire sera mis dans les commentaires de la vidéo « La famille, merci pour le soutien ! Pour ceux qui veulent participer à l’écoute en avant-première mercredi 22/11 à 17h inscrivez-vous ici ». D’ailleurs, il y aura même un « showcase » pour couronner le tout. L’idée est béton ! Les fans n’en peuvent plus d’attendre et se sentent impliqués plus que jamais.

Dans la « vraie-fausse vie », la situation ne s’améliore pas pour Dadju. Et comme cela ne suffisait pas, il faut qu’une pote à sa femme viennent fourrer son nez dans leur affaire. Elles papotent entre filles. Dadju se montre de plus en plus étrange, et éveille des soupçons chez sa femme. Il retourne au studio comme d’habitude. Pour de vrai ?

Alors qu’il est en route, une brèche est trouvée, il faut l’exploiter. Séquence « Inside » à nouveau. Sur l’autoradio, le titre d’une chanson s’affiche « Django », on a même le privilège de l’écouter en totale exclusivité. On se sent spécial, une fois de plus. On se familiarise, le temps de quelques secondes, à la chanson.

Dadju s’est décidé à rompre avec l’autre fille. C’est bien elle qui lui avait rendu visite au studio, et pour qui, il n’avait pu trouver de temps. Un élément perturbateur se glisse dans cette séquence presque parfaite. Quelqu’un suit la scène et dégote une photo au moment où il fait ses adieux à celle qu’il considère désormais comme son ex-maitresse. A ce niveau, encore, il fait une incursion de faits réels, il parle de sa fille qui vient de naitre, et lui explique qu’il a déjà fait son choix.

Mais qui a bien pu prendre cette photo. Qu’est-ce que cette personne compte en faire ? Le suspense est entretenu en attendant la troisième vidéo.

 

Dadju l’avait dit dans le titre intro, « Je vais vous raconter plusieurs histoires dans l’album, il y en a qui me concernent, d’autres non. Je vais vous laisser deviner ce qui ne me concerne pas ».

Pensez-vous que cette histoire le concerne ?


A l’université de Ouaga, Macron a boxé avec ses mots comme sur un ring !

Le Président Emmanuel Macron s’est entretenu avec des étudiants lors de son voyage au Burkina-Faso, ce 28 novembre. Autant dire que la séance des questions-réponses est allée dans tous les sens. Devant des étudiants dont certains donnaient plus l’impression de s’adresser au Président Roch Christian Kaboré, dans une ambiance survoltée, Emmanuel Macron n’a pas boudé son plaisir.

De tout cela, il ressort que cette jeunesse a vu dans cet échange, une occasion en or pour s’adresser à son président – en a-t-elle très souvent l’occasion ? – et toucher ainsi les problèmes auxquelles elle fait face. Dans le vacarme qui a permit à Macron de se donner des airs de chef de famille, un constat triste s’écrit en filigrane : la jeunesse africaine – burkinabè singulièrement – en tout cas celle qu’il a été donné de voir lors de cette séquence de questions-réponses, souffre de biens de maux dont le complexe d’infériorité, le faible niveau d’instruction, la méconnaissance des ramifications qui composent les idéaux qu’elle défend, le manque de repère solidement ancrés…

Si Macron a « volé bien bas », entre tentative d’intimidation et dérision, il ne faut pas lui en vouloir. Quand pour son arrivée, tout le système éducatif se met sur pause deux jours durant, il peut bien se permettre quelques écarts. Et il faut dire que Emmanuel Macron n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.

Pour sortir ces phrases qui constituent trente pioches parmi plusieurs, il fallu ressortir pas moins de trois casquettes que Macron a enfilé. Afin d’en faciliter la compréhension, la chronologie de base a été gardée. Pour marquer la différence, malgré le chevauchement des trois casquettes sur certaines questions, trois couleurs seront utilisées pour faire référence au :

  • Macron Président

  • Macron moralisateur 

  • Macron taquin / Punchlineur 

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1- Quelque part vous me parlez comme si j’étais toujours une puissance coloniale. Mais moi je ne veux pas m’occuper d’électricité dans les universités au Burkina-Faso. C’est le travail du Président (montrant Roch Kaboré du doigt)

2- Mais où il s’en va ? Reste là. Du coup il est parti réparer la climatisation (s’adressant au Président Roch Kabore)

3- Vous êtes jeunes et vous avez déjà un micro. Ne dites pas j’aurais voulu vous dire… Je ne vais pas vous arrêter. (Rire général)

4- Qui fait des études en économie ou en finance ici ? … (Aucune réponse) Mais vous êtes en quoi là ?

5- Si quelqu’un pouvait me dire où l’Or burkinabé se trouve caché à Paris. Je suis preneur. Il n’y en a pas. Il faut être sérieux. Bon !

6 – Moi je n’ai peur de rien. Je ne serais pas devant vous sinon. Je l’ai montré par mon parcours.

7 – Dès qu’il aura réparé la climatisation de l’amphithéâtre, il sortira de la zone Franc. Vous l’avez compris.

8 – N’ayez pas ce discours sur de revendication [ ] qui ne sont pas ceux de votre génération en expliquant qu’on aurait mis un joug sur quoi que ce soit. Il n’y a pas de joug. Il n’y a pas un français qui utilise l’Or du Burkina-Faso. Arrêtez !

9- De l’autre côté moi j’ai des contribuables français qui viennent me dire pourquoi vous continuez à mettre de l’aide public au développement avec nos impôts dans les pays d’Afrique. Donc tout le monde va se calmer !

10 – Moi je n’utilise pas l’Or du Burkina-Faso pour faire quoi que ce soit. Il n’est pas chez moi il est chez vous. Bon ! (Applaudissements)

11 – N’imaginez pas qu’on va distribuer de l’or à tout le monde parce qu’on sera sorti de la zone Franc. C’est n’importe quoi. Bon !

12 – Il y en a qui disent que parce que ça s’appelle Franc CFA…pardonnez-moi, mais je les laisse à leur propre turpitude, ils font ce qu’ils veulent, je ne suis pas nominaliste.

13 – Je ne suis ni fier du nom, ni n’ai de problème avec le nom. Vous en faites ce que vous voulez

14- Si je puis me permettre un conseil. N’ayez pas sur ce sujet, une approche bêtement postcoloniale ou anti-impérialiste.

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15 – Ce n’est pas de l’impérialisme. Ce n’est pas vrai, donc il ne faut pas avoir ce discours-là sinon vous allez faire des bêtises.

16- C’est pour la France un non sujet, par contre c’est pour vos dirigeants un vrai sujet de stabilité qu’il faut aborder avec beaucoup de sérieux. (Applaudissements)

17- En France, ce n’est pas le Président de la République qui ramène, ni à une famille, ni dans un pays étranger, ni où que ce soit, quelqu’un qui est justement sous l’autorité de la justice française. Elle est indépendante.

18- J’avais accolé l’adjectif civilisationnel, ce qui était une erreur de ma part. Ce n’est pas du tout l’adjectif qu’il fallait utiliser dans une phrase qui parlait plus largement des filles, des défis démographiques. Ce qui était totalement le contraire de ce à quoi je voulais parvenir.

19- Vous me dressez une comparaison avec la Chine. Je ne sais pas dans quelle filière vous êtes, mais à mon avis si vous faites Histoire, Géo ou Sciences Politiques, il va falloir bosser dur à la fin de l’année.

20- Vous utilisez un exemple pour dire le contraire de ce que vous voulez dire

21- En Libye, qui sont les trafiquants ? Posez-vous quand même cette question jeunesse africaine. Vous êtes incroyables !

22 – Qui sont les trafiquants ? Mais ce sont des africains mon ami. Ce sont des africains. Ce ne sont pas de français !

23- Présentez moi un passeur français, belge, allemand, ou que sais-je qui est en train d’opérer entre le Niger et la Libye. Ils n’existent pas. (Applaudissements)

24- Ne me reposez pas des questions qui ont été posées hein

25- La condition pour que je prenne des questions c’est le retour au calme

26- Je connaissais déjà les étudiants français qui sont des esprits paradoxaux, mais vous, vous êtes des esprits super-paradoxaux !

27- Vous râlez pour avoir la parole et vous râlez dès que quelqu’un prend la parole

28- S’il Vous Plait ! La démocratie et le débat supposent quelques règles

29- Les deux questions que vous avez posées relèvent du Président du Faso, et pas du Président français

30 – Ce n’est pas moi qui vais décider pour vous de la politique de formation professionnelle ni de celle du génie civil

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En bonus, quelques questions des étudiants dont certaines, il faut l’admettre, ont permit à Macron de pendre son pied !

1 – A quand le transfert de nos tonnes d’Or déposées auprès du trésor français, pour soi-disant, assurer la convertibilité du franc qui on le sait, porte toujours la marque de la colonisation. Avez-vous peur monsieur le Président, d’un bloc économique intégrant le Nigeria ?

2- Nous avons espéré que vous nous ramèneriez avec vous dans vos valises, le frère cadet de notre ancien Président, Monsieur François Compaoré… (Éclats de rires)

3 – Pourquoi ne pas investir dans la formation professionnelle au Burkina-Faso ?

5 – Quand est-ce que le Burkina-Faso aura ses propres normes ? Dans le domaine du génie-civil par exemple, on se réfère toujours aux normes françaises

6 – Quel est l’état du PNDES ( Plan national de développement économique et social ) ?


« Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (2)

Si le coup est réussi, c’est parce-que dans toutes ses vidéos, Dadju ne se contente pas de faire découvrir des chansons. A travers les mises en scène, il invite ses fans au cœur de la préparation de l’album principalement, mais pas de façon lapidaire. Il les invite au cœur de sa vie de couple. Que l’histoire soit vraie ou fausse, il en ressort que le fictif est transposé sur son vécu, à travers des références à des faits réels, et c’est là toute la magie de cette stratégie.

Lire aussi : « Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (1)

Chaque vidéo a trois phases entremêlées ou plus. La première, c’est la chanson telle qu’elle est, avec ses vraies paroles. La seconde consiste, à travers une mise en scène, à déballer l’histoire, et la dernière se charge d’inviter les fans au cœur de la préparation de l’album (stratégies, choix, programmes, évolution…). Place à la première vidéo !

Intuition

Mise en ligne : 10 novembre
Durée : 9 : 59
Nombre de vues : 3 123 300 (Lors de la publication de l’article)

Dans cette première vidéo, Dadju présente sa vie de couple qui est en proie à des tensions. Le fait qu’il soit plongé dans la préparation de son album semble être à la base de cette mésentente. Les minutes qui suivent lèvent les soupçons. L’épouse de Dadju se sent reléguée au second plan, et elle le dit à 4 : 50 « Quand je te parle tu ne réponds pas [ ne doit pas répondre] au téléphone, tu es tout le temps occupé » et lui qui répond « je suis en train de taffer ». La tension est palpable entre eux.

Quand il se rend au studio, c’est la séquence « inside » de l’album. A 4:13 il lâche ceci : « je viens de recevoir les derniers mix » et évoque les titres qui « sortent le plus ». On a même droit à une courte écoute en exclusivité avant la sortie officielle de l’album. A ce niveau, on se sent privilégié, on se sent impliqué et l’objectif est atteint. Un fan qui se sent honoré, est un fan qui se sentira beaucoup plus proche de son artiste ! Que vouloir de plus pour un artiste ?

Dans cette séquence « inside », Dadju va beaucoup plus loin et explique même qu’il ne veut pas faire le clip de la chanson en question en France, il cite les États-Unis, le Canada, il propose et défend ses choix. Ici, il glisse délicatement de la web-série, vers un web-documentaire. Les personnages ne donnent pas l’impression de camper un rôle. Ce détail pousse encore plus le réalisme du projet, et emmène le spectateur, le temps d’une séance studio, à se sentir comme un membre de l’équipe qui travaille d’arrache-pied pour que l’album soit une réussite.

Quand la web-serie se présente à nouveau, la vidéo se termine sur une scène qui fait grandir le fossé entre l’artiste et sa femme. Une autre femme le rejoint au studio alors qu’il est en plein travaille. Entre les deux, il y a quelque chose d’électrique. Mais qui est-elle ?  La bonne formule est alors trouvée pour maintenir le suspens en attendant la suite.

Dadju l’avait dit dans le titre intro, « Je vais vous raconter plusieurs histoires dans l’album, il y en a qui me concernent, d’autres non. Je vais vous laisser deviner ce qui ne me concerne pas ».

 Pensez-vous que cette histoire le concerne ?


« Gentleman 2.0 » de Dadju : Dans les arcanes d’une stratégie basée sur du storytelling (1)

Dadju, l’ancien compagnon d’Abou Tall, avec qui il formait le duo « Shin Sekai », sort son premier album solo ce 24 novembre 2017. Dans la vidéo intro de l’album mise en ligne le 2 octobre, soit presque un mois avant sa sortie, l’artiste donne les couleurs. Il se permet de livrer des informations plus ou moins personnelles concernant, sa carrière solo, sa vie de famille, il évoque même la naissance de sa fille. Il le dit lui-même « je vais vous raconter un peu l’histoire de l’album », mais l’on est alors loin de s’imaginer qu’il s’agit d’un embarquement au cœur de l’aventure. Pour y arriver, il adopte une stratégie basée sur du storytelling.

Après la mise en ligne de la vidéo intro, le frère cadet de Maitre Gims engage ses fans à travers une folle aventure. Coup sur coup, trois vidéos seront publiées avec des histoires cocasses entre lesquelles il réussit à créer des liens. Ainsi, il transforme une simple découverte des titres qui constitueront l’album, en une véritable web série. Histoires de famille, problèmes de couple, contraintes professionnelles, infidélités, perte de confiance, tentative de reconquête… Dadju conte sa vie. Dadju conte la vie.

Si le coup est réussi, c’est parce-que dans toutes ses vidéos, Dadju ne se contente pas de faire découvrir des chansons. A travers les mises en scène, il invite ses fans au cœur de la préparation de l’album principalement, mais pas de façon lapidaire. Il les invite aussi cœur de sa vie de couple. Que l’histoire soit vraie ou fausse, il en ressort que le fictif est transposé sur son vécu, à travers des références à des faits réels, et c’est là toute la magie de cette stratégie.

Chaque vidéo a trois phases entremêlées ou plus. La première, c’est la chanson telle qu’elle est, avec ses vraies paroles. La seconde consiste, à travers une mise en scène, à déballer l’histoire, et la dernière se charge d’inviter les fans au cœur de la préparation de l’album (stratégies, choix, programmes, évolution…).


Lyrics Decryptor, « Hors-Série » de Bebi Philip passé au peigne fin !

On le sait, l’auteur-compositeur, arrangeur, Bebi Philip ne sait pas que faire du coupé-décalé. Entre deux singles aux sonorités qui invitent sur la piste de danse, il trouve le temps de poser sur une mélodie qui se laisse écouter d’elle-même. Il revient avec une chanson aux allures de revendication et de mise au point. Avec « Hors-Série », Mister BBP vient simplement renforcer ce qu’il avait déjà laissé entendre à travers « La Vraie Force », à savoir qu’il est le meilleur.

Lyrics Decryptor a pioché 10 phrases percutantes qui font que ce titre plait. Décryptage !

                              Bebi Philip ne sait pas que faire du coupé-décalé

#1/ Mon style de zik est comme ton tout premier amour, te laissera une tache indélébile car je suis un homme habile

D’entrée de jeu, Bebi Philip utilise la métaphore de l’amour pour planter le décor. Une pensée vulgarisée au fil des siècles soutient que le premier amour ne tombe jamais dans l’oubli. De cette manière, la musique de Bebi Philip, une fois qu’elle est écoutée, ne se laisse jamais oublier.

#2/ La musique m’a testé et elle a fini par devenir une de mes fans

Ce n’est pas la musique qui a le pouvoir, c’est plutôt Mister BBP qui le détient. Le pouvoir a changé de main quand la musique a fait l’erreur de le tester.

#3/ Je ne suis pas allé vers elle, mais c’est plutôt la zik qui m’a fait la cour

On reste dans la métaphore de l’amour… Mais ne vous y trompez pas, car c’est la musique qui a courtisé l’artiste. Normal qu’elle lui réussisse autant !

#4/ Mon style de zik est visuel…

La musique est faite pour être écoutée. En transposant sa musique dans un autre registre, celui du visuel, devrait-on comprendre par là qu’elle ne passe pas inaperçue ? Ce n’est pas Bebi qui dira le contraire.

#5/ … et visible depuis le ciel et ce n’est pas du virtuel

Le tout n’est pas d’être seulement visible, mais surtout de l’être de très loin. Et pour y arriver, il faut se démarquer de la concurrence avec une touche d’originalité : le réel (non virtuel). Bebi ferait-il référence à l’auto-tune de plus en plus utilisé dans l’industrie du disque ? La répétition du son « vi » (VIsuel – VIsible – VIrtuel) passe finalement un message : la musique de Bebi prend VIe.

#6/ Toi l’artiste qui me dénigre sur la place publique

Sans citer de nom, ces artistes se reconnaîtront certainement. Mais plus loin, ce message renforce la position de Bebi, si l’on se tient à sa référence dans le titre « la vraie force » : « On ne lapide que l’arbre qui porte des fruits, alors il faut les comprendre ». Si l’on le dénigre, c’est donc parce-que son talent est remarqué.

#7 / …Pourtant dans les coulisses, tu pleurniches pour avoir mon doigté magique

A ce niveau, c’est plus qu’une divulgation de secret de polichinelle (?). Le public ne doit donc pas se fier aux apparences et attitudes de certains artistes qui retournent rapidement leurs vestes en coulisse.

#8/ Mister BBP, le seul et unique fabricant de numéro 1, je bosse avec qui je veux, comme je veux, mais surtout quand je le veux

Il aurait pu se limiter à répéter qu’il est le numéro 1, mais ici, le SEUL a fonction « d’exclusivité ». Bebi persiste et signe, il n’y a que lui qui fait les numéros 1. A ce titre, c’est lui qui décide de qui doit bosser avec lui, mais aussi des conditions dans lesquelles il doit bosser. D’ailleurs, il semble accorder une attention particulière au « quand »… il fait la pluie et le beau temps. En somme, il a les mains vraiment libres.

#9/ J’entends dire Kôrô Bebi tu n’es pas dans tous les points chauds de la ville, pourtant ma musique est plus présente que ceux qui les fréquentent

Il percute sur ce coup ! Le fait que l’on dise de lui qu’il n’est pas dans tous les points chauds de la ville ne semble pas le déranger du tout. Cependant, il ne dit pas si cela est avéré. Peu lui importe, puisque même quand lui n’y est pas physiquement, sa musique l’est. Sa musique le représente donc. N’a-t-il pas signifié plus haut qu’elle n’est pas virtuelle ?

De plus, Bebi Philip est un arrangeur très prolifique. Le fait que la musique d’un artiste qui a subi l’assaut de son « doigté magique » retentisse quelque part, il y est encore. Alors, comment sa musique ne serait pas plus présente que ceux qui fréquentent ces endroits ? En tout cas, il a les arguments pour soutenir sa « grande gueule ».

#10/ Bébi Philip est là juste pour vous donner la joie, du bonheur et faire de vous des personnes heureuses

Que demander de plus ? Avec ce titre, Bebi Philip (re) vient mettre les pendules à l’heure et revendiquer le titre qui lui revient et auquel il tient tant : fabricant de numéros 1. La sortie de ce titre, quelques semaines après les Awards du coupé décalé, ne serait pas le simple fait du hasard.

Avec un texte bien élaboré et des piques bien ficelées, bebi Philippe laisse son emprunte dans un mouvement ou les clashs deviennent la monnaie de fabrique. Sans jamais nommer qui que ce soit, il réussit à poser des punchlines qui piquent, aux allures de celles du « Rap Game ». On ne peut qu’aimer.

Hors-Série de Bebi Philip, validé par MC Agnini ! 

 


La rentrée : la préparer ou se faire manger #MondoChallenge #LaRentréeDesClasses

Période redoutée. Période attendue. Période de craintes. Période fabuleuse. La rentrée demeure un moment particulier, peu importe la casquette qu’elle porte. Et cette casquette se choisit, sinon s’impose en fonction du rôle que l’on a à jouer dans le déroulement de cette rentrée. Parler de celle que je connais le mieux, la rentrée scolaire, m’invite à faire une rétrospection dans une zone de ma mémoire restée intacte malgré le temps qui passe.

Préparer la rentrée… un casse-tête ! 

Dès l’entame des vacances, la rentrée demeure une évidence dont l’ombre plane sur les jours qui se succèdent, qu’ils soient guais ou non. On vit les vacances en essayant de se défaire de la hantise de la rentrée qui s’annonce en grande pompe. Pour la plupart des parents, le temps pour préparer la prochaine rentrée n’est jamais assez. La rentrée scolaire, est à juste titre un piège qui s’évite difficilement.

Dans mon pays, les années passent et se ressemblent. Les rentrées scolaires aussi. Il paraît que les habitudes ont la peau dure. Ici, celles des mauvaises habitudes le sont plus encore. Résultat, on se laisse toujours surprendre par la rentrée des classes. Pourtant, cette période, nul est le besoin de le démontrer encore, rime avec dépenses et situations imprévues.

Situation vécue un peu par hasard

J’ignore si c’est le hasard qui a permis cette coïncidence mais les faits que je vais relater se sont produits alors que je m’apprêtais à pondre ce billet. On dit merci qui ???

Dans l’ascenseur, j’ai été fait acteur – malgré moi – d’une écoute indiscrète entre deux individus. L’un certainement un cadre supérieur, au vu de son accoutrement, de sa bedaine, triplé de son air de condescendance qui refusait de cesser d’attirer l’attention. Et l’autre, ouvrier – son uniforme ne pouvait dire le contraire – homme apparemment sans histoire que le système ne se dérange pas de ranger au rang des oubliés. La discussion qui s’engagea entre eux concernait, vous l’avez sûrement deviné, la prochaine rentrée scolaire. L’ouvrier entama l’échange, du moins lorsque je les pris en marche (sans jeu de mot avec l’ascenseur) :

– Actuellement c’est difficile hein, avec la rentrée là

– …. Silence du cadre supérieur

– Tu vas payer les fournitures des enfants, leurs habits, les habits de madame… Se plaignit l’ouvrier

– Moi j’ai déjà fini de gérer tout ça depuis, répondit le cadre supérieur avec une fierté impossible à masquer

– …. Le silence de l’ouvrier s’était désormais vêtu de la toge de l’admiration

– Tu sais, nous qui avons nos enfants dans les écoles privées là, on fait les choses rapidement…

La dernière phrase portait en elle les germes de la vérité d’une part, mais aussi celles de l’accusation. Le cadre supérieur venait ainsi de faire comprendre à l’ouvrier qu’une rentrée ça se prépare. Lui, bien qu’ayant à payer la scolarité de ses enfants inscrits dans une école privée, synonyme de coût élevé, avait tout de même réussi à le faire. Est-ce parce qu’il est fortuné ? Pas forcement. Tout est une question d’organisation. Personne n’osera dire qu’il faut avoir beaucoup d’argent pour apprendre à planifier. La rentrée se prépare dès le dernier jour de classe, mais bon… n’oublions pas que les habitudes ont la peau dure.

La rentrée… c’est le temps des retrouvailles 

Bien loin de l’anxiété des parents, l’heure est à l’explosion de joie chez les élèves. La rentrée scolaire est le moment, par excellence, des retrouvailles après de longs mois d’absence. C’est alors l’occasion indiquée pour se montrer sous sa plus belle apparence. De l’uniforme scolaire, aux paires de chaussures, en passant par les accessoires additionnels (bijoux, smartphones etc y passent), tout doit être choisi avec beaucoup d’attention pour paraitre en phase avec la rentrée. D’ailleurs qui parle de rentrée fait allusion à un nouveau départ. Malheur donc à qui s’affichera avec ses vieilleries de l’an précédent. La frustration qu’on peut ressentir en pareilles circonstances  laisse des traces bien profondes.

La rentrée est un moment fabuleux qui donne des nuits blanches aux parents d’élèves. Dans un pays ou tout tant à augmenter en dehors des salaires, arriver à assurer la rentrée avec aisance exige bien de sacrifices de la part des parents, mais aussi de la compréhension de la part des élèves. Lorsque la situation se corse, les pas peuvent trainer, chacun faisant sa rentée de classe en fonction de la teneur de sa poche.


Un monde sans Internet ? Pas très net… #MondoChallenge #UnMondeSansInternet

Un monde sans internet ne serait certainement pas une catastrophe. Mais tout indique qu’il ne serait pas ce monde que nous connaissons aujourd’hui. Les échanges se feraient différemment, le monde serait différent et il faudrait pour ainsi dire, le reconfigurer. Un monde sans internet, on s’y plongerait avec méfiance, comme je le fais à travers ces lignes.

C’est au cœur d’un exercice, que j’ai voulu on ne peut plus réaliste, que je me suis lancé. Avant la rédaction de ce billet, je me suis donc coupé d’internet : aucune recherche, aucune consultation en ligne, aucune référence qui exige une navigation sur la toile. Tout ce qui sera mentionné ici n’est donc que le concours de ce que ma mémoire m’a permis de conserver au fil du temps. L’exercice est fastidieux mais très instructif. Et surtout, il se fait à l’abri d’internet.

Un réveil sans internet, la galère, ou presque

Sans internet, chaque matin à mon réveil, je gagnerais surement une trentaine de minutes. Cette vilaine habitude, comme beaucoup d’entre vous, je l’ai acquise et adoptée à mes dépends. Désormais, impossible pour moi de quitter le lit, sans avoir fait un tour d’horizon pour consulter ce que le monde a fait durant mon sommeil. Et rien de plus efficace qu’internet pour me donner de quoi satisfaire ma grande soif. Boite mail, statistiques de blogs, flux rss… tout y passe. De plus, il a fallu que les réseaux sociaux se mêlent à la chorégraphie déjà si vertigineuse. Naviguer entre les notifications, entre les icônes, entre les fonctionnalités… c’est chronophage et sournois. De ce point de vue là, un réveil sans internet reviendrait à réapprendre à savourer la joie de cet instant-là : embrasser l’air matinal, se délecter des premiers rayons de soleil.

Imaginez alors que cette situation soit transposée dans les transports en commun – a-t-on encore le temps de dire bonjour à son voisin dans le bus ? – dans les rangs, en entreprise, dans le parc… sans internet, nous réapprendrions à vivre, et à bien vivre.

Des relations plus chaleureuses

Loin de vouloir porter la casquette de celui qui navigue à contre-courant, je suis de ceux qui croient que, si le monde devait se passer d’internet, les relations humaines seraient plus chaleureuses. Elles seraient plus vraies et donc forcément plus humaines. Il faut l’admettre, si internet permet de raccourcir les distances, il impose une certaines esthétique aux relations, les rendant fades, leur donnant un air de simulation. Combien de visites avons-nous annulé simplement parce que la possibilité nous est offerte de voir notre interlocuteur à travers les pixels d’un écran ?

Internet a même conditionné la conception du bonheur, de la réussite, en décuplant l’impact de la comparaison. Aujourd’hui, chaque publication faite sur les réseaux sociaux a tendance à montrer le plus beau visage que nos vies peuvent présenter. On s’invente même souvent des vies qui ne sont pas les nôtres, tout cela pour paraître un peu plus heureux, un peu plus normal, pourtant un peu trop frustré. Sans internet, les véritables valeurs qui régissent la vie en société feraient leur grand retour : la tolérance, le respect, la compassion.

Mais un monde qui s’arrêterait littéralement

Un monde sans internet revient à reconstruire nos sociétés, à les repenser, à les réadapter. Internet fait désormais partie des ressources indispensables à notre équilibre. Sous d’autres cieux, il contrôle la totalité des administrations, jusqu’à la moindre des actions du quotidien. Santé, éducation, sécurité, finances, ne peuvent fonctionner normalement sans internet.

Internet, n’est-ce pas en définitive, ce mal nécessaire que nous devons utiliser en gardant nos valeurs humaines bien en dehors de la toile ?

Le pire de tout c’est que je ne serais pas en mesure de partager cette réflexion avec vous. Ce billet n’aurait jamais été écrit… alors, si demain le monde devait se réveiller sans internet, que ces mots soient les derniers que vous garderez de moi, comme un testament virtuel.
Fin de l’exercice.


#Rap : la guerre des #CivPunchlines est déclarée ! (Partie 2)

Le ton ayant été donné par M.C One, le groupe de 5 rappeurs s’en donne à cœur joie et balance un clash-réponse bien calibré et dosé comme ils savent le faire, sur le titre « Eh Allah ». Dans cet article, je commenterai donc dix punchlines prises dans chaque titre – les mieux élaborées selon moi – pour vous donner un avis sur le titre le plus percutant. Alors on poursuit.

Lire la première partie 

Kiff No Beat

Kiff No Beat a le vent en poupe. M.C One et son équipe ont peut-être eu le nez creux en faisant ce titre sur fond de clash. La réponse de Kiff No Beat : ils n’attendaient surement pas mieux. Sur le titre « Eh Allah », les 5 garçons se lâchent sur un air de « chanson facile » et sans prise de tête. La plupart de leurs punchlines sont orientées parcelles de MC One, normal puisque ce titre est la réponse au sien.
Globalement, Kiff No Beat reste dans la même logique : railleries, défis et dérisions sont au rendez-vous. Ce que j’ai déploré, c’est que les garçons versent très facilement dans l’injure de façon trop brute, trop directe, pourtant cela aurait pu être fait de façon plus subtile et plus originale. On se fait une idée !

  • 1- Moi je cherche l’argent pour ma maman, toi tu cherches l’argent pour tes problèmes

La comparaison annonce la couleur. Kiff No Beat vit dans l’opulence, M.C One cherche encore ses repères. Toute la différence selon eux, se trouve là.

  • 2- Donc toi tu n’as pas de vie, depuis là tu n’as pas de vues ?

M.C One avait lancé cette boutade à plusieurs reprises « Tu as 100.000 j’aime sur Facebook, opi on naka faikoi ? ». Et bien la réponse est sans appel. Kiff No Beat affole les compteurs de vues avec ses vidéos, l’autre en face est bien loin derrière.

  • 3-  Il n’y avait pas courant dans leur rap là, donc j’ai envoyé mon groupe

Première punchline bien élaborée. Si je me permets d’ajouter « électrogène » à la fin de la phrase vous comprenez mieux ? Cette métaphore qui s’appuie sur un jeu de sens, signifie tout simplement que c’est Kiff No Beat qui a redonné du rythme au Rap game en Côte d’Ivoire. Lourd !

  • 4- Mon petit faut barra, avant je mangeais à midi seulement

Dérision fondée sur le niveau de vie. M.C One devrait plutôt se mettre au travail pour parvenir à se nourrir et là encore, il ne parviendrait surement pas à se nourrir convenablement.

  • 5-  Maintenant ma sauce est remplie de viande comme bouton sur visage de Kedjevara

Injure tout simplement ! Rien d’autre. Néanmoins, on suit la logique entre cette punchline et la précédente. Alors que M.C One ne parvient pas à se nourrir convenablement, les Kiff no Beat eux refusent même de la viande dans leurs sauces.
Le principe des clashes, n’est-il pas d’emmener le public à deviner les personnes concernées, en lui donnant des indices ?
Booba par exemple, pour lancer une pique à son rivale La fouine, sur le titre « validé », sort tout simplement ceci : « Nous deux c’est fini comme Banlieue Sale ». « Banlieue sale » étant le label de La Fouine. Tout est dans la subtilité du message ».

  • 6- Les microbes ont pris le micro au lieu d’aller casser les boutons de leur père

Pas mal, mais aurait pu être mieux si la fixation sur les boutons d’un individu ne souffrait pas de redondance. En Côte d’Ivoire, les « microbes » ce sont ces enfants en conflit avec la loi. M.C est de ce fait comparé à un gamin d’une part, mais il est surtout présenté comme un individu qui n’est pas à sa place. Que ferait-il avec un micro ?

  • 7-  Je barra* pas à la CIE mais je suis au courant que mes phrases secouent

CIE = Compagnie Ivoirienne d’Électricité – Courant – Secouer. Etre au courant, c’est être informé et c’est le « truc » de cette punchline.

  • 8- A cause de petite connexion de 200 là ils vont commenter photo des gens aussi

Cette punchline a l’air simple, mais il faut la prendre au second degré pour mieux la comprendre. Internet a brisé les barrières au point ou n’importe qui peut se permettre de dire n’importe quoi aux personnes respectables. Font-ils allusion à M.C One ? Grande question.

  • 9-  On va te limer et puis on va te donner l’argent pour aller à la pharmacie

Menace directe. On commet un délit et on assume.

  • 10- Tais-toi espèce d’imbécile, tu es là-bas nous on est ici

Là-bas et ici ce n’est pas pareil ! Trop simple, trop cru, trop prévisible.

 

Meilleure punchline

Il n’y avait pas courant dans leur rap là, donc j’ai envoyé mon groupe

Dans l’ensemble, Kiff No Beat donne une réponse un cran en deçà de l’attaque de M.C One. Ils auraient pu mieux élaborer leurs punchlines, d’autant que M.C One a pour ainsi dire piégé son titre de punchlines.

M.C One se montre beaucoup plus pointilleux avec ses punchlines, tandis que Kiff no Beat fait une fausse manœuvre en citant explicitement le nom de Kedjevara. Ça, ils auraient dû l’éviter. Mais le plus marquant, c’est de se rendre compte qu’alors que Kiff No beat s’engage sur ce terrain, chaque phrase pour tenter de prouver leur supériorité dans la société ( ?) (comparaison en l’occurrence), perd toute sa valeur car ayant été déjà discréditée par MC One.

« [ Tu as 100.000 j’aime sur Facebook, tu roules en BM moi j’emprunte Waren, tu es yêrê, nous on est gawa, tu as un compte en banque tu es plein aux as, même si tu es l’homme le plus riche du monde ] », et à chaque fois, la phrase culte « opi on naka faikoi » vient pour rappeler que toutes ces considérations sont des clichés dont le rappeur fait peu de cas.
C’est un peu comme s’il prévoyait déjà les réponses de Kiff No Beat, et les garçons tombent directement dans le panneau.
Parce-qu’une punchline percutante, c’est d’abord une punchline qui n’est pas aussi claire que de l’eau de roche, la plupart des punchlines de M.C sont validées. Il allie parfaitement la métaphore, la comparaison, l’usage des double sens, sans pour autant oublier d’y ajouter une coloration typiquement ivoirienne.

Ci dessous le réponse de Kiff No Beat


#Rap : la guerre des #CivPunchlines est déclarée ! (Partie 1)

C’est par pur hasard que je suis tombé sur une vidéo dans laquelle un adolescent se donnait à cœur joie à un exercice très atypique. Il posait son flow* sur une instru*, dans un studio d’enregistrement. Tout de suite je n’ai pas trouvé sa « prestation » particulière, jusqu’à ce qu’il se mette à aligner des punchlines coup sur coup. J’étais alors scotché !

Plus tard je découvre que ce jeune rappeur se nomme M.C One, le poulain de DJ Kedjevara. Et le bout de musique que je venais d’entendre, n’était rien d’autre que le teaser de son prochain Single « Opi onaka faikoi » (Que veux-tu qu’on en fasse ?). C’est donc impatiemment que j’attendais la sortie de ce single bourré de punchlines made in Côte d’Ivoire (#CivPunhcline). Après écoute, je découvre que le jeune rappeur n’est pas allé de main morte dans ses paroles. Nul besoin d’avoir une capacité d’analyse extraordinaire, pour se rendre compte qu’il clash directement le groupe de Hip-Pop qui n’est plus à présenter, Kiff No Beat. Effet de mode ou gros coup de communication, toujours est-il que le bambin du rap game ivoirien aura sa réplique à la sauce KI2F.

Le ton ayant été donné par M.C One, le groupe de 5 rappeurs s’en donne à cœur joie et balance un clash-réponse bien calibré et dosé comme ils savent le faire, sur le titre « Eh Allah ». Dans cet article, je commenterai donc dix punchlines prises dans chaque titre – les mieux élaborées selon moi – pour en sortir un verdict sur le titre le plus percutant. Alors on se lance.

MC One

De façon générale, M.C One utilise beaucoup les images et les comparaisons comme c’est le cas dans la construction de bon nombre de punchlines. Là où sa force se fait découvrir, c’est surtout dans l’usage des double-sens. Il ne s’en lasse jamais, et à un moment ça devient trop évident de capter le message. Néanmoins, il fait l’effort de ne pas verser dans l’injure en utilisant des voies détournées et surtout en misant sur une petite dose d’humour qui ne passe pas inaperçue. Place au décryptage.

  • 1- Depuis que je suis dans le game, tous les rappeurs sont embrouillés, faudra qu’on éteigne la lumière comme ça ces M.C pourront sortir les briquets

Le M.C commence fort en plantant le décor. Il annonce d’abord que sa présence dans le rap game dérange tout le monde, au point de causer des embrouilles. Et vu que Kiff No Beat veut allumer les briquets, il faut bien qu’on leur donne une bonne raison de le faire. Cette punchline prend tout son sens au regard du fait que « sortez les briquets » est bien un titre du groupe.

  • 2 – C’est plus des rappeurs c’est des commerçants. Ils sont à la recherche de publicité, je les ai vu au grand marché d’Adjamé en train de crier « approchez ! regardez ! »

Rappeur-commerçant = musique commerciale ! Lourd ! M.C One critiquerait-il la collaboration de Kiff No Beat avec Arafat DJ (Approchez regardez) ? En tout cas tout porte à croire qu’il compare cela à la recherche du buzz par tous les moyens !

  • 3- J’ai doublé les pronostics comme Donald Trump aux élections américaines

M.C One utilise ici une comparaison. En s’assimilant à Donald Trump, il laisse entendre que le niveau qu’il a atteint aujourd’hui, personne ne l’en croyait capable. De plus, il vogue sur l’actualité, Trump est bien l’homme le plus puissant du monde non ? Que demander de plus ?

  • 4-  La pauvreté touche même les animaux, viens en ville, tu trouveras des poulets piqués

Un peu plus technique cette CivPunchline ! Double sens en ligne de mire. Être « piqué » signifie avoir des difficultés financières. Le « Poulet piqué » lui est un met très prisé. Ainsi, en ville on trouve des poulets piquets (comestibles), qui justifient que les animaux peuvent être pauvres. Petit gymnastique.

  • 5- Quand je marche dans la rue j’ai les mains en l’air, les MC croient que je me rends mais ils se trompent, c’est parce que dans la vie il ne faut jamais baisser les bras

« Main en l’air », « Se rendre », « Baisser les bras » = tout est là, dans le double sens avec « baisser les bras ».

  • 6-  Si tu es un artiste en herbe on va appeler petit Denis comme ça il va te fumer

A ce niveau, il faut faire attention. Cette punchline peut être comprise de deux manières, sinon plus :

1er : Petit Denis étant un artiste confirmé et pétri de talent, si un artiste débutant entre en comparaison avec lui, il se fera battre copieusement.

2eme : « Petit Denis » a eu plusieurs démêlés avec la justice pour des histoires de drogue. « Herbe » ici fait donc allusion à cette substance proscrite par la loi. Petit Denis fumera donc de l’herbe tout simplement

  • 7- Tellement ils veulent mousser, ils sont allés à Boss Playa pour chercher Muss

Muss (membre du groupe ivoirien MAM), c’est l’un des patrons de la maison de Production Boss Playa. M.C One fait le rapprochement entre vouloir « mousser », qui signifie cartonner, et signer chez Boss Playa. Question de sens… ça reste un peu ambiguë, d’autant plus que le groupe n’a pas signé chez Boss Playa. Serait-il en train d’insinuer qu’ils ont essayé de le faire sans réussir ? Mais la puissance de cette phrase réside dans l’orthographe de « Muss » et non « Mousse ».

  • 8- Ils ont commencé à m’appeler l’indien parce-que je suis arrivé en flèche

Double sens et métaphore : arriver en flèche – Indien.

  • 9- Je suis le plus grand de tous ces rappeurs donc c’est normal qu’ils fassent des coups bas

Même logique : Grand – Coups-bas. Ici, il fait en même temps ressortir le fait qu’il est le meilleur de tous. Il a l’ego démesuré d’un rappeur tout simplement.

  • 10- Les garçons sont des grands mangeurs de placali*, quand ils voient une fille ils courent après son Kplo*

« Les garçons sont des grands mangeurs de placali », jusqu’ici tout va bien. On s’attend à tout, sauf à une telle sortie, quand M.C One nous ramène dans un tout autre univers : « courir après son kplo » signifie ici la désirer sexuellement. Sans toutefois omettre le fait que le placali se mange avec le Kplo. Tout est dans l’ordre des idées.

 Meilleure punchline

« La pauvreté touche même les animaux, viens en ville, tu trouveras des poulets piqués »

Lexique :

  • Flow : Rythme avec lequel on aborde les syllabes
  • Instru : Instrumental
  • Punchline : Phrase choc, forte, percutante
  • Clasher : S’en prendre à quelqu’un dans une chanson
  • Placali : Mets ivoirien à base de manioc
  • Kplo : Peau d’animal très dur, comestible après cuisson / Vulgairement sexe féminin

Lire la deuxième partie 

Ci-dessous « Opi Onaka Faikoi » de MC One

 


Le gouvernement ivoirien dévoile ENFIN la vraie dénomination de ses ministères

Le gouvernement ivoirien a fait presque peau neuve. De 36 membres précédemment, le gouvernement ne compte plus que 28 ministres. Pour y arriver, il a fallu se séparer de certaines grosses têtes, alors que plusieurs autres ont fait leur entrée. Plus surprenant encore, il semble se dévoiler une nouvelle dénomination des différents postes ministériels, disons qu’elles sont désormais plus explicites et plus claires. Ces nouvelles dénominations pourraient, probablement, faire bouger les choses et nous rapprocher de l’immersion, pardon de l’émergence, à l’horizon 20** .

 

  • Ministre d’Etat, Ministre chargé de surveiller chacune de vos actions et de prévenir le Président en cas de mouvements suspects : M. Hamed Bakayoko
  • Ministre qui a en charge le paiement des frais de location des ambassades, chargé de venir en aide aux étudiants qui sont sur le point d’être rapatriés, ami particulier des ambassadeurs : M. Marcel Amon Tanoh
  • Ministre chargé de représenter Human Rights Watch en cas d’absence : M. Sansan Kambilé
    Ministre qui a en charge la surveillance des frontières pour pas que la superficie du pays diminue et de faciliter la tropicalisation des ivoiriens sur le « bingue* » : M. Ally Coulibaly
  • Ministre des zones industrielles, Camarade des libanais, adeptes des pierres précieuses : M. Jean Claude Brou
  • Ministre chargée de réduire les grèves par des sanctions sauvages et inoubliables, chargée de menacer les enseignants paresseux et contrainte de surveiller le taux de réussite aux examens : Mme Kandia Kamissoko Camara
  • Ministre de la terre (elle nourrit bien son homme non ?), relégué à s’assurer que l’exode rural est constamment en baisse : M. Mamadou Sagafowa Coulibaly
  • Ministre des abattoirs, camarade des bouchers, declencheur des alarmes en cas d’éventuelles grippes qui s’attaquent aux bêtes : M. Kobenan Kouassi Adjoumani
  • Ministre du Plan et du Développement (impossible de simplifier, trop complexe) : Mme Nialé Kaba
  • Ministre chargé de discipliner les « gnambros* », d’éduquer les apprentis «Gbaka »*, de lutter encore et encore contre les grèves : M. Amadou Koné
  • Ministre chargé de planifier le décaissement des milliards dans les différents ministères : M. Cissé Abdourahmane
  • Ministre chargé de distribuer les milliards après décaissement ou presque : M. Adama Koné
  • Ministre chargé de ramener les brouteurs sur le droit chemin, de rendre public les différents moyens de gagner l’argent sur internet, habilité à lire le compte rendu des conseils de ministres. Ne doit pas être trop bavard : M. Bruno Nabagné Koné
M. Bruno Koné / Crédit Photo : Flickr
  • Ministre chargé de réduire le nombre de chômeurs– bien sûr théoriquement – et de veiller à protéger les pauvres toujours plus nombreux : M. Jean Claude Kouassi
  • Ministre qui casse tout, tout et tout. Chargée de lire les comptes rendus quand les 200 le porte-parole principal est absent, ou occupé : Mme Anne Désirée Ouloto
  • Ministre chargée de veiller à l’habitabilité des hôpitaux publics, et à la baisse de la cupidité des médecins véreux : Mme Raymonde Goudou Coffie
  • Ministre tenu de nous ramener plus de trophées, de médailles, sans toutefois oublier les sportifs locaux (oui oui ça compte aussi) : M. François Albert Amichia
  • Ministre de la culture et non de la musique (important de le préciser) et des relations avec les adeptes de la langue de Molière, mais pas que : M. Maurice Kouakou Bandaman
  • Ministre chargé de rendre l’émergence palpable, surtout sur les routes : M Amedé Koffi Kouakou
  • Ministre de ce qui donne l’argent au pays : M. Thierry Tanoh
  • Ministre chargée de dompter la FESCI (Fédration Estudiantine et Scolaire de Côte d’ivoire), ou du moins de tenter de trouver les moyens pour faire baisser ses revendications, dans la mesure du possible : Mme Ramata Ly-Bakayoko
  • Ministre chargé de mettre les Ivoiriens au travail : M. Pascal Abinan Kouakou
  • Ministre de la solidarité, entendez faire par là, qui doit faire des mains et des pieds pour le retour des réfugiés, enfants, femmes et hommes : Mme Mariatou Koné
  • Ministre des « grouilleurs* », et des porteurs de projets (disons startuper pour faire tendance) : M. Souleymane Diarrassouba
  • Ministre chargé d’offrir un toit à tout un chacun et de lutter contre les cautions et avances à n’en point finir : M. Claude Isaac De
  • Ministre chargé de saper le moral des braconniers et de protéger les eaux contre la pollution : Général Issa Coulibaly
  • Ministre chargé de décourager les candidats aux embarcations de fortune pour rejoindre l’occident, en leur créant des emplois ou de véritables promesses d’emploi (les deux marchent souvent) : M. Sidi Tiémoko Touré
  • Ministre des visites guidées et de plaisance : M. Siandou Fofana
    Secrétaire d’Etat appelé à la rescousse du Ministre chargé de réduire les grèves, dont la tâche est loin d’être facile : M. Mamadou Touré
  • Ministre chargé de limiter les tensions entre le pouvoir et l’opposition : M. Jeannot Kouadio Ahoussou
  • Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la république (Que voulez-vous d’autre ? Ah oui, recordman en ancienneté gouvernementale) : M. Patrick Achi
  • Ministre chargé de s’assurer que rien n’a été oublié. Spécialiste des passages en revue : M. Téné Birama Ouattara
  • Ministre auprès du Président de la république, chargé de raisonner les mutins si jamais ça arrive à nouveau. Doit être capable de manger partout, même par temps de crises : M. Alain Richard Donwahi

 

*Gnambro : Syndicats de transporteurs
*Gbaka : Minicar de transport en commun
*Grouiller : Qui se bat pour s’en sortir avec les moyens à sa disposition
*Bingue : Europe


Etudiants des universités publiques, ces éternels sacrifiés !

Un jour nouveau s’est levé sur l’enseignement supérieur en Côte d’Ivoire. Plongé dans un profond coma depuis de nombreuses années, les universités publiques avaient besoin d’une visite en réanimation, pour recevoir leur dose d’adrénaline. Les moyens furent trouvés, le cadre déterminé et une manœuvre quelque peu sévère, adoptée. Les mauvais grains ou ceux mal enracinés furent même extirpés.

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Une vue de l’université Felix Houphouet Boigny après les rénovations / CREDIT : Wikimedia

Comme lors du déballage des cadeaux à la Noël, tous furent agréablement satisfaits de découvrir les nouveaux habits des universités. Je fais même partie de ceux qui, dans un coin reculé de leur imagination, ont voulu faire un « flash-back » pour se former au sein de « l’université nouveau », celui de l’émergence. Seulement, après quelques années, les temples du savoir semblent plutôt immerger. Heureusement ou malheureusement – tout dépend du côté où chacun se situe – dénoncer une irrégularité dans mon pays, c’est porter la casquette de l’opposant incendiaire. Le départ nouveau a bel et bien eu lieu, mais ici comme ailleurs, les habitudes ont la peau dure. Le malaise social, cet animal longtemps combattu visiblement sans succès, n’a pas mis du temps à ressortir de sa tanière. Et le bouc-émissaire (?) a vite été mis face à ses dérives qui consistent à réclamer ses droits. La FESCI (Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire) et les autres fédérations estudiantines ont pris un coup dur.

Ici, la priorité ce n’est pas l’éducation

Lundi 11 avril 2016, la FESCI, ce monstre étranglé sans succès refait surface de fort belle manière. Avec des méthodes qui sont les siennes, il présente un chapelet de revendications qui a y regarder de plus près, n’ont rien de surréalistes. Entendre des jeunes gens scander « on veut étudier ! On veut étudier ! », même avec un cœur d’acier, on ressent un pincement dans la poitrine

Vous avez dit jeux de la francophonie ?

Comment comprendre que des étudiants se verront réquisitionner, déjà en 2016, leurs chambres en vue de l’organisation des jeux de la francophonie prévus pour 2017 ? La question de la date n’est pas l’essentiel du problème, tout réside dans le choix qui est fait. Jusque-là, tous les sens dans lesquels j’ai renversé cette question au fond de mon esprit ne m’ont donné aucune réponse probante. Ou le pays a les capacités d’accueillir un tel événement, et il le fait sans avoir à contraindre des étudiants à se plier en quatre pour trouver ou passer la nuit, ou il n’en a pas la capacité et il décline l’offre. Surprenant de voir que nos dirigeants sont capables d’accepter de brader l’éducation de cette manière. D’autant plus que plusieurs citées universitaires à Abidjan (Cité rouge, Port-Boué, Riviera 2, Mermoz…) sont plongés au cœur de travaux de réhabilitation qui ne semblent pas être prêts de s’achever dans les 5 prochaines années, du moins à ce rythme. Pourquoi donc ne pas utiliser ces citées en réhabilitation pour accueillir la foule de participants qui viendront ? Encore là une question qui ne mérite pas de réponse claire. Certainement !

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Une vue de la cité universitaire de l’université Felix Houphouet Boigny / CREDI : M.C Agnini

Système LMD ou un une pâle copie pour Laisser Mourir la Détermination

Le départ nouveau a ouvert les portes à l’introduction du système LMD (Licence Master Doctorat) dans les universités publiques ivoiriennes. Quelques années après, ce qui semblait être une chance pour l’enseignement supérieure en Côte d’Ivoire grince. De toute évidence, un manque de graisse pour faire fonctionner correctement les engrenages de la machine est à la base. Entre autres exigences, le Système LMD requiert de nombreuses recherches de la part des étudiants. Pourtant sur la fac, à l’université Félix Houphouët Boigny de Cocody en l’occurrence, chercher à se connecter à internet ressemble plus à des exercices acrobatiques dignes des olympiades qu’à toute autre chose. En l’état actuel des choses, ce système n’est donc pas encore applicable.

Pourtant, lors de la réouverture de ce temple du savoir rénové à coup de milliards, les innovations qui ont été annoncées prévoyaient même l’introduction du e-learning avec des professeurs qui ne se verraient plus contraints de faire des déplacements d’une ville à une autre, afin de dispenser les cours. Que dire donc de la vétusté des bibliothèques et des laboratoires qui peinent à être équipés. En faculté de médecine par exemple, par un manque de matériel, l’année blanche est beaucoup plus évidente qu’un probable passage en année supérieur.

Entre des enseignants continuellement en grève pour primes impayées et des années universitaires qui s’allongent sans relâche, abandonner peut vite devenir un choix qui s’impose.

Pendant ce temps, le système se corse

Face à ces quelques maux que rencontrent les futurs cadres du pays, les étudiants décident de monter au créneau afin de prendre leurs destins en main en criant leur ras-le-bol. On aura beau reconnaître aux étudiants leurs dérives et leurs procédés peu orthodoxes voire barbares, les maux qui minent l’université sont nombreux, les autorités font la sourde oreille et se taire c’est accélérer la déchéance. Le mot d’ordre de grève fut donc lancé.
Mais comme il est de coutume dans mon pays, le plus faible n’a jamais raison. Il faut réprimer pour ne pas que la gangrène se répande. D’ailleurs le procédé n’est pas nouveau, l’on a toujours fonctionné ainsi. Au point où il semble régner une sorte de « rivalité sordide » entre étudiants et forces de l’ordre. Une fois de plus la machine s’est mise en marche. De l’usage des gaz lacrymogènes aux courses poursuites improvisées, le sauve qui peut sera généralisé dans la journée du 11 avril 2016. Pour cette fois, juste une trentaine d’étudiants seront interpellés muni-militari.

Il est important que l’on se demande une fois pour de bon, la place qui est accordée à l’éducation dans ce pays et plus singulièrement aux étudiants. Il est important que cela soit défini clairement afin que les décisions prises le soient en fonction. Car aujourd’hui malgré les apparences, force est de constater que l’enseignement supérieur en Côte d’ivoire, ressemble à un système qui a pour vocation de pousser le maximum de monde vers la porte de sortie.

L'éducation perd sa place sous nos tropiques
Aux plus jeunes, l’école risque d’apparaître comme un processus inutile. CRÉDIT : M.C Agnini

Des reformes ont certes été entreprises mais tant que la place déterminante et l’importance de l’étudiant ne lui sera pas reconnue, il se retrouvera encore et encore dans la posture du poulet qu’il importe peu de sacrifier. Si rien n’est fait, les futures générations finiront un jour par se faire à l’idée que l’éducation ne sert pas à grand chose finalement.


Devant tant de barbaries, je suis humain et j’ai mal

Etre ou ne pas être ? Telle est la question qui revient à chaque fois que la lâcheté humaine s’exprime et arrache de l’affection de leurs proches, des innocents qui ne demandaient qu’à vivre. Rien d’autre ! Alors devant toute cette haine gratuite, je ne choisis pas, je lève tout simplement le point et je cris « Je Suis Humain », citoyen du monde.

Le-Monde-lautreregard

 Il faut les avoir entendu pour comprendre ce que les soupirs d’un père valent
La perte prématurée d’un enfant plus que tout fait mal
Il faut l’avoir vu, pour réaliser ce que la larme d’un père vaut
Un instant de douleurs qui s’échappent quelque part dans son cerveau
Aucun parent ne devait avoir à mettre son enfant sous terre
C’est la pire souffrance que l’on puisse vivre en étant sur terre
D’un coup les projets, rêves et ambitions de toute une vie l’on enterre
Le quotidien devient amer et plus sombre que la nuit-là plus noire

Il faut l’avoir vécu pour réaliser ce qu’est une mère qui veille
Au chevet de son enfant malade que celui-ci se sente à merveille
Il faut l’avoir expérimenté pour percevoir la douleur d’une mère en deuil
Les nuits pour elle ne seront plus que des moments de veille

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux

Ce matin encore je me suis réveillé le cœur léger
Eveillé je l’étais mais la raison en veille
Ce matin encore, j’ai eu mal en mon humanité
Déchiré sous les multiples assauts de la lâcheté exprimée vaille que vaille

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux miens

Ce matin encore le sang a coulé, sans qu’aucune larme ne coule, car les armes dans leurs mains n’ont pas de sen-timents
Aux autres, ces ignares qui ne connaissent pas Dieu, le châtiment
Le char ne tardera pas à se mettre en avant, lentement
Mais surement, car assurément nous vaincrons ce combat au nom de Dieu
Disent-ils, crapuleux et odieux

Feu-lautreregard

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux miens

Telles sont les paroles qu’ils profèrent perdues dans leurs jeux de rôles
Je le dis ainsi et ce n’est pas un simple jeu de mots
Nos maux sont nombreux et chaque jour la vie devient moins drôle
Ils nous prennent le peu de joie qui nous reste, par leurs actes barbares
Tuent, pillent, poussent à la mort fils et filles mais il y a pire
Quand l’indignation devient sélective
Aucun abus n’est plus répréhensible
La peine s’exprime pour ceux des nôtres
Oubliant les notes que nous nous étions échangées,
Les promesses que nous nous étions faites
A la création

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux miens

Nous qui disions que nous veillerions les uns sur les autres, sans distinction
Pourtant aujourd’hui,
Les autres ce sont ceux là
Ceux qui ne partagent pas nos convictions
Oui ils méritent de mourir
De la pire des manières
Ils méritent de souffrir
De la pire des souffrances amères
Ils méritent de bruler en enfer
Battons les donc au fer
Fier, d’accomplir un acte prôné par le père

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux miens

Mais sommes-nous si différents d’eux ?
N’avons-nous pas nos différences ?
Mais eux, ils y restent bien indifférents
Nos actions nous rendent coupable contre eux
Désormais nous mettrons notre énergie à la préservée
La vie humaine si précieuse, en menant une vie pieuse

Je suis humain et j’ai mal du mal que causent les miens aux miens, en réalisant que ces deux derniers vers ne sont pas prêtes d’être prononcées

#JeSuisHumain