Leïla

L’Algérie enterre Aït Ahmed, l’un des pères de l’indépendance

Vendredi 1er janvier, Hocine Aït Ahmed, l’un des leaders de l’Indépendance algérienne et ancien dirigeant du parti d’opposition du Front des forces socialistes (FFS), a été enterré dans son village natal de Ath Ahmed, dans les montagnes de Kabylie, à une heure de route de la ville de Tizi-Ouzou.

 

La veille, les villages alentours ont collé des affiches sur les vitrines. Des banderoles de deuil ont été accrochées sur plusieurs ponts sur la route nationale.

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Dans le village, la foule est déjà nombreuse. Au bord de la route, on a aménagé une esplanade pour accueillir la dépouille et y faire la prière.A la mi-journée, le wali de Tizi-Ouzou est là pour gérer les derniers préparatifs, mais la majeure partie de l’organisation est le fruit du travail des Comités de village et des sections locales du parti du Front des forces socialistes (FFS).

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Hocine Aït Ahmed sera inhumé à deux kilomètres de là, en contre bas de la montagne. Des navettes de bus ont donc été mises en place, des bénévoles montent les tentes qui serviront le lendemain car la route sera coupée, et les participants aux obsèques devront marcher jusqu’au mausolée.

Bus Jeudi

 

Benevoles Jeudi

 

Autour du mausolée, on est venu présenter ses condoléances à la famille de l’ancien leader de la révolution.

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Condoleances Jeudi

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Ahmed (à gauche) et son père Mohand Tahar vivent à 500 mètres de la maison de Hocine Aït Ahmed. Ils sont très affectés par sa disparition. Leader de la révolution pour Mohand Tahar, combattant contre le régime algérien pour Ahmed, l’ancien leader du FFS représentait à leur yeux « l’espoir que la politique changerai un jour ».

Ahmed et Mohand Jeudi

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Ce jeudi là, la dépouille de Hocine Aït Ahmed arrive à Alger, où elle est accueillie avec par une délégation officielle, avant d’être transférée au siège du parti le Front des forces socialistes (FFS).

 

La dépouille ne doit arriver en Kabylie que le lendemain matin. A ce moment, à Ath Ahmed, les préparatifs s’accélèrent.

AttenteRoute Jeudi

Vitre du bus Jeudi

Le vendredi matin, à 6h, la place de l’esplanade est pleine de monde.

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Des centaines de personnes arrivent à pied par la route de Ain El hammam. Le ballet va durer toute la matinée.

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Celà continuera jusqu’à l’arrivée du cercueil. En fin de matinée, ils sont des centaines de milliers.

 

 

A la fin de la cérémonie, la foule repart à pied.

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Algérie : voir Oran réhabilitée

Tramway d'Oran

Place d'Oran

Construction à Oran

Oran, sur la côte ouest du pays, est la deuxième ville du pays. Ville historique où se côtoient architectures ottomane et française de l’époque coloniale et grands buildings de verre. Si Oran est aujourd’hui l’exemple d’un développement spectaculaire, le centre-ville est au centre d’une opération de « réhabilitation ».

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Première étape : 200 immeubles rénovés dans les rues Mohamed Khemisti et Larbi Ben M’hidi et le boulevard Maâta Mohamed El Habib.

Boulevard Oran

Avenue d'Oran

Pourtant à moins de 2 kilomètres de ce quartier, le quartier historique de Sidi El Houari est toujours en ruine. Un quartier très paupérisé, dont les bâtiments s’écroulent les uns après les autres.

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Sidi El Houari

Sidi el Houari     Sidi El Houari

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IMG_7587    Hammam Oran

Toutes les photos sont de ChoufelDjazair –

En savoir plus :

– A lire iciLa fragmentation de l’espace urbain d’Oran (Algérie). Mécanismes, acteurs et aménagement urbain. Revue Insaniyat.

Oran, une ville d’Algérie. Revue Insaniyat. A lire ici.


Algérie : Que reste-t-il des Soldats du Califat ?

C’était une journée ensoleillée et chaude. Un mois de septembre normal. Un jour de négociations de paix entre Mouvements armés maliens et autorités. Quand un sms est arrivé : « Un français kidnappé ».

Trois jours plus tard, dans une vidéo, un groupe armé publiait une vidéo montrant l’assassinat de Hervé Gourdel, un guide de haute montagne français venu faire une randonnée avec de jeunes alpinistes de la région.

Soldats du Califat

Ces terroristes, membres d’AQMI, affirment qu’ils sont les « Soldats du Califat », un groupe qui a prêté allégeance à l’organisation de l’Etat Islamique. Leur nom, en français, comme en arabe, « Jundh El Khalifa », tournent en boucle dans les bouches des journalistes, des analystes, des diplomates.

Attaques

Aujourd’hui, des sources sécuritaires estiment que ce groupe est formé d’une quarantaine de terroristes. La région où Hervé Gourdel a été le théâtre de deux attaques importantes. Au mois de novembre 2014, un convoi est attaqué près de Ahnif. Dans le cortège, des voitures de gendarmerie encadrent des bus qui transportent des ouvriers turcs et chinois. Les forces de sécurité ripostent et appellent des renforts. L’accrochage dure une demi-heure, sans faire de victime.

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A gauche, le chef-lieu de wilaya, la ville de Bouira. En haut à droite, Tizi N’Kouilal, le lieu où Hervé Gourdel a été kidnappé.

En revanche, au mois de novembre, deux gendarmes sont abattus par des hommes armés, au barrage situé à la sortie de l’autoroute vers El Adjiba. Aucune revendication n’a été faite, mais ces deux attaques ont eu lieu à moins de 30 kilomètres de là où a été enlevé le Français.

Enquête

Au mois de décembre, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, affirme que l’enquête a permis d’identifier un certain nombre de terroristes. Puis, le 22 décembre, on apprend que l’armée a abattu Abdelmalek Gouri, le leader des Soldats du Califat. En janvier, l’armée annonce avoir trouvé la dépouille du guide français. Une cache et des armes sont découverts.

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photos AFP/Farouk Batiche

Cinq mois plus tard, un ratissage permet à l’armée de tuer 25 terroristes, un peu plus au nord. Mais les sources sécuritaires des médias sont formelles : ces hommes étaient membres des soldats du Califat.

Etat islamique

Ce groupe terroriste n’a plus revendiqué d’attaque spectaculaire cependant, au fil des mois, plusieurs petits groupes d’AQMI ont annoncé qu’ils prêtaient allégeance à l’organisation de l’Etat islamique. Aujourd’hui, l’organisation compterait 200 éléments en Algérie, selon des sources sécuritaires.

Dans une vidéo tournée à Raqqa, en Syrie, des combattants algériens de l’Etat islamique déclaraient avoir des éléments dans la capitale et menaçaient directement Alger.


Algérie : Le chef des services secrets mis à la retraite

La présidence de la République a annoncé ce dimanche la mise en retraite du général Mohamed Médiène, connu sous le nom de «Toufik». Cet homme est l’un des plus puissants du pays. Il était le chef des services de renseignement (le DRS) depuis 25 ans.

Le général Toufik, à droite.

(Le général Mohamed Médiène, dit Toufik, à droite)

En Algérie, le «pouvoir» (comprendre, ceux qui dirigent effectivement le pays) est un consensus permanent, un équilibre entre la Présidence de la République, l’aile civile, et le DRS, l’aile militaire. Aujourd’hui, des analystes estiment que le pouvoir bicépal serait devenu tricéphal : le consensus se fait désormais entre le Président Bouteflika (civil), le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah (militaire), et le chef du DRS, Mohamed Médiène (militaire).

On sait très peu de choses sur «l’homme au cigare». Il apparait rarement en public et refuse de se faire prendre en photo. Il n’existe que quelques images de lui, anciennes.

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(Ici, à gauche, face à Larbi Belkheir, ancien chef de cabinet de la Présidence)

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URSS
Né en 1939, Mohamed Médiène est recruté en 1961 par le Malg (Ministère de l’Armement et des Liaisons Générales), le service de renseignement de l’Armée de libération nationale (ALN), qui combat pour l’indépendance de l’Algérie. A cette époque, avec d’autres agents, Mohamed Médiène est envoyé en URSS pour être formé par le KGB.

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Sécurité militaire
L’Algérie indépendante nait en partie grâce à ce puissant service secret. En 1962, le Malg devient la «Sécurité militaire». Cette sécurité militaire, dirigée par le colonel Boumédiène, devient un organe pour identifier et neutraliser tout opposant. C’est en s’appuyant sur ce service, que Boumédiène organise le coup d’état de 1965 et prend le pouvoir. Dès lors, Kasdi Merbah, ancien chef du Malg, prend les rênes du renseignement.

Police politique
En 1990, Mohamed Médiène est nommé à la tête de ce service, qui devient le département du renseignement et de la sécurité (DRS). Alors que le pays fait face à des manifestations populaire, un vote contestataire en 1991 puis à la guerre civile, Mohamed Médiène élargit les prérogatives du DRS et prend le contrôle la sécurité intérieure et du renseignement extérieur. C’est le DRS qui organise la lutte contre les islamistes armés. Les services secrets se transforment en police politique et reste l’armature du régime algérien.

L’homme du DRS parti, est-ce la fin du règne des Services secrets? Non, estime mon confrère Adlène Meddi. Pour lui, «les services secrets algériens ne meurent jamais».


Algérie : voir In Salah

Depuis le 31 décembre 2014, les habitants d’In Salah manifestent contre l’exploitation du gaz de schiste.

Cette ville saharienne de 50 000 habitants, à 1 200 kilomètres de la capitale, est à une quarantaine de kilomètres du premier puits de gaz de schiste du pays. Les habitants craignent que la nappe phréatique soit polluée par les produits chimiques. Jour après jour, les habitants se sont rassemblés, ont défilé sur des parcours de 10 kilomètres. Mais, In Salah est loin des caméras. Il a fallu plusieurs semaines aux rédactions pour envoyer leurs journalistes dans cette petite ville. Alors les images sont venues d’ailleurs.

 

Manifestation à In Salah

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Ces images reconnaissables aux filtres particuliers utilisées par les photographes sont celles de Desert Boys. Ces six jeunes, entre 23 et 26 ans, ont un groupe de rap depuis 2006. Militants anti-gaz de schiste, ils publient plusieurs fois par semaine leurs images sur Facebook.

 

Ce sont eux qui ont pu donner à voir les affrontements qui ont dégénéré, une fois, avec les forces de sécurité. Trois manifestants ont été blessés par des tirs à balle réelle.

Affrontements à In Salah

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La journaliste Nejma Rondeleux est allée dans la ville saharienne au mois de janvier. Elle a fait une série de photos qu’elle a mises en ligne et raconté la journée des manifestants ici et .

 

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Les femmes

 

Les habitants eux ont tenté de se documenter ce qui les pousse à craindre l’exploitation du gaz de schiste.

Aujourd’hui, les manifestations sont moins importantes. Les autorités n’ont pas répondu à la demande de débat national formulée par les opposants. Certains partis d’opposition tentent de s’emparer du sujet, mais sans résultat pour le moment.

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Extraits du journal El Watan Week-End du 23 janvier 2014


Algérie : une hospitalisation sans images

Vendredi 14 novembre 2014, en milieu d’après-midi, le journal local de la ville de Grenoble, dans le sud-est de la France, annonce que le président algérien est hospitalisé dans une clinique privée de la ville.

Abdelaziz Bouteflika a été accueilli la veille, au 6e étage de cette clinique, un 6e étage entièrement réservé, qui accueille habituellement des patients  » VIP « .

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La présidence algérienne refuse de commenter l’information. Des ministres, des responsables politiques affirment que c’est un mensonge, que le président va bien. Des médias privés, proches du pouvoir, assurent même qu’il est à Alger. Quant à la télévision officielle, elle ne mentionne pas l’hospitalisation, ni le jeudi soir, ni le vendredi soir.

Le samedi matin, devant cette clinique de Grenoble, les journalistes français présents apprennent que le président algérien va quitter la clinique. Les caméras sont autorisées à filmer un convoi médical qui quitte la clinique, de loin. Il n’y aura pas d’images du président.

 

Côté algérien, toujours aucune réaction. Jusqu’à ce dimanche soir. Lors du journal télévisé de 20 h, une vidéo montre le président Bouteflika qui reçoit en audience les ambassadeurs du Mali, du Soudan, de la Palestine et du Danemark.

 

C’est de cette manière-là que les autorités ont répondu aux interrogations sur la santé du chef de l’Etat depuis son hospitalisation en urgence au Val-de-Grâce en avril 2013 après un accident ischémique transitoire (petit accident vasculaire cérébral). Après plusieurs semaines sans images, le président est apparu à la télévision en robe de chambre, et à nouveau ici, et . Même scénario lorsque le président a tenu son premier Conseil des ministres depuis son hospitalisation.

 


Algérie : la police en marche

Puisque ce blog veut parler d’images, il faut savoir qu’en Algérie, s’il y a des images bien difficiles à faire et donc à voir, ce sont celles des forces de sécurité. Militaires, policiers, gendarmes, forces d’intervention, il est interdit de les prendre en photo. Mais cette semaine, l’actualité s’est emballée. Et les policiers se sont affichés dans la presse et sur les écrans de télé. Car pour la première fois dans l’histoire du pays, ils ont manifesté.

Lundi, à Ghardaia, une ville du sud du pays où des affrontements entre habitants ont lieu de façon cyclique depuis plus d’un an, les forces de maintien de l’ordre ont refusé de rejoindre leur poste puis ont défilé à pied dans la ville.

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Le lendemain, dans la capitale, des brigades quittent les casernes et marchent en direction du centre-ville d’Alger, à pied, le long de l’autoroute, jusqu’au Palais du Gouvernement. Là ils demandent à être reçus par le ministre de l’Intérieur. Le premier groupe arrive à 16 h. A 23 h, ils sont plusieurs centaines, à lancer des slogans demandant le départ du chef de la police. Ils revendiquent de meilleures conditions de travail et, entre autres, des augmentations de salaire.

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Le rassemblement tient bon malgré la nuit, malgré la pluie, les journalistes des télévisions étrangères en arabe font des directs devant les manifestants, les journalistes sont des dizaines à attendre le dénouement. On croit avoir vu le plus incroyable, on a tort. Au cours de la nuit, ces centaines de manifestants vont marcher encore 5 kilomètres jusqu’au Palais de la Présidence de la République. Ils vont dormir sur les pelouses. Et mercredi matin, des représentants rencontrent des conseillers du ministre de l’Intérieur. Les autres patientent, tentant de s’abriter de la pluie, au pied des bâtiments qu’habituellement, personne ne peut approcher.

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Et soudain, de grands coups de sifflet battent le rappel. Des centaines d’hommes sortent des rues avoisinantes et se rassemblent au centre de la place. Au bout de quelques minutes, ils se retournent et marchent vers le palais présidentiel. Personne pour les arrêter. Certains passeront les grilles. La plupart s’arrêteront devant. Ils chantent l’hymne national, des chants patriotiques et demandent à voir le premier ministre.

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Dans la soirée, le chef du gouvernement, Abdelmalek Sellal a fini par rencontrer les manifestants. Le gouvernement est d’accord pour faire évoluer les conditions de travail et les salaires, mais refuse de discuter du sort du chef de la police. Le lendemain, quelques dizaines de manifestants reviendront manifester, mais finiront par quitter les lieux dans le calme.

L’Algérie a eu son image de l’année.

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(Page issue du journal El Watan Week-End du 17 octobre)

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(Unes des journaux Le Quotidien d’Oran et El Watan Week-End)

 

 

 

 

 

 


Un été à Alger

Voir Alger. C’est pour vous permettre ça que j’ai voulu me lancer dans l’aventure Mondoblog. On me dit trop souvent que les médias déforment la réalité, que les journalistes étrangers ne connaissent rien à ce pays. Voilà donc une sélection d’images de l’été, rien de spectaculaire, rien que du quotidien, un quotidien probablement similaire à celui de beaucoup d’autres gens dans le monde.

Sauveteurs

 

Ain Taya

L’étape du week-end, c’est la plage. Une plage, où des « jeunes » louent parasols, tables en plastique et paravents. Une plage où les enfants sont afflublés de bouées multicolores. Une plage où certaines filles sont en bikini d’autres pas.

Plage de Ain Taya

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Mais l’été, c’est aussi la saison des mariages. A chaque soir ses feux d’artifices tirés, ses pétards. Et au détour des couloirs des grands hôtels, on croise des petites filles habillées en princesses.

ImmeublesFeuxArtifices

Mariage

 

Si en journée, on s’arrête manger au fast-food du coin, le soir, certains préfèrent le « quartier chic », Sidi Yahia, là où brillent les néons des grands magasins.

MacQuinze

SidiYahia

 


Coupe du monde. Les Verts ont fait frémir Alger

Impossible d’y échapper. A l’heure où j’écris, vous savez déjà que l’équipe algérienne de football a perdu 1-2 contre l’Allemagne en 8e de finale de la Coupe du monde.

Ce que vous imaginez peut-être plus difficilement, c’est l’ambiance dans les rues d’Alger pendant ce match. En voilà un (très bel) aperçu.

Pour résumer toute cette soirée, voilà ce que m’a raconté un supporter : « Avant, quand tu jouais à la Playstation, tu choisissais jamais l’Algérie pour être en face de l’Allemagne. Mais avec ce que j’ai vu ce soir, maintenant je jouerai avec l’Algérie sur ma Play ».

 

 


Algérie: Non, filmer n’est pas un crime

Filmer n’est pas un délit, encore moins un crime. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la loi. Mais ce que dit la loi, ce n’est pas la règle ces temps-ci.

Journal El Watan, 25 avril 2014

Youcef Ouled Dada, 47 ans, est informaticien et il a été condamné à deux ans de prison ferme pour une vidéo. Il habite dans la région de Ghardaia. Il est accusé d’avoir «trafiqué» et partagé sur les réseaux sociaux une vidéo qui montre trois policiers entrant dans un magasin alors que la rue est déserte et en ressortant des cartons plein les bras.

 

On ne l’accuse pas d’avoir filmé, la justice lui reproche la «publication et le partage de photos et de vidéos touchant à l’intérêt national» et l’«outrage à corps constitué».

Les habitants de la région de Ghardaia ont été très «producteurs» de vidéos sur les réseaux sociaux. Entre novembre et mars, des violences entre habitants ont fait sept morts et beaucoup de dégâts. A cette époque, ce sont des vidéos, diffusées sur YouTube, qui poussent la presse à réagir, et parfois, la police à ouvrir des enquêtes.

Comme lorsqu’un homme est tué par arme blanche…

… ou quand des policiers sont accusés de soutenir des émeutiers.

 

Le 20 avril dernier, c’est également grâce à des vidéos publiées sur Youtube que les médias, et par conséquent, une partie des Algériens visualise la répression d’une manifestation en Kabylie.

Le lendemain, un jeune homme est interpellé alors qu’il filme avec son téléphone portable. «J’ai été arrêté par des policiers en civil qui m’ont confisqué mon appareil avant de supprimer toutes les vidéos et photos que j’ai prises lors des émeutes», raconte-t-il au journal El Watan.

A la mi-juin, un homme arrive aux urgences pédiatriques de Constantine avec son bébé qui respire mal dans les bras. L’hôpital est vide. Il sort son téléphone et filme les couloirs.

La première personne apparaît 20 minutes plus tard, c’est un agent de sécurité. Relayé par les médias, la vidéo pousse l’hôpital à «suspendre 9 médecins et infirmiers». Mais la Direction de la santé, de la population et de la réforme hospitalière (DSP) dépose plainte contre le père pour «diffamation».

A l’heure de la 3G, de l’apogée de Facebook comme moyen de communication, alors que la télévision étatique reste un média du pouvoir, que les autorités font pression sur certains médias, qu’aucun journal n’a les moyens d’avoir des journalistes dans les 48 wilayas de ce pays, l’information citoyenne n’est pas seulement importante, elle est vitale. Filmer, n’est pas un crime. Informer est un droit.


Algérie. Parce qu’il faut écrire

Il y a ces jours où l’on ne sait pas quoi écrire. Où l’on n’arrive pas à faire le tri dans le flot d’information qui nous entoure.
Il y a ces jours où l’on sort la tête de l’eau vers 1h du matin, pour cause de boulot, sans aucune autre envie que de s’endormir.

Ciel d'Alger, le 13 juin 2014.
Ciel d’Alger, le 13 juin 2014.

Et puis il y a ces jours où l’on réalise qu’un blog est une forme d’information nécessaire, voire vitale, que la parole doit se libérer, devenir publique, que s’exprimer doit devenir normal pour forcer les autres à écouter et à entendre.

Je n’ai pas écrit un post en près de six mois. Entre temps, l’Algérie a un Président malade, des citoyens vidéastes en prison, des journaux sans publicités. Il fallait se remettre à écrire.


Algérie. Candidat, vous avez dit candidat?

Dans deux mois, le pays aura un nouveau Président. Le système algérien permet à ceux qui le veulent d’être candidat à la candidature pour la présidence. Il faut respecter quelques critères simples et réunir des dizaines de milliers de parrainages. D’ici au 14 mars, lorsque le Conseil Constitutionnel dira qui, oui ou non, respecte les conditions pour être officiellement candidat (et le nombre d’heureux élus n’a jamais dépassé 8), tout le monde peut se déclarer « candidat ».

L'une des photos du programme de Tarik Mihoubi
L’une des photos du programme de Tarik Mihoubi

Ce « tout le monde » me pose problème aujourd’hui. Oui, il est bon que le système politique soit ouvert (ou en tout cas ait les apparences d’un système ouvert). Mais certains se moquent de nous.

Ali Benouari, au centre est candidat à la candidature.
Ali Benouari, au centre est candidat à la candidature.

Comment devons-nous réagir quand des hommes font des annonces avec deux heures de retard, probablement parce que la salle n’est pas assez pleine à leur goût? Comment devons-nous réagir quand des inconnus, qui n’ont jamais pris la parole sur le moindre petit sujet, nous promettent « Zéro pauvreté », des augmentations de salaire ou de meilleures retraites? Comment devons-nous réagir lorsque les affiches électorales ont des fautes d’orthographe? Comment devons-nous réagir quand certains refusent de répondre aux questions des journalistes mais se plaignent que tel ou tel journal ne publient pas leurs communiqués qui annoncent leur candidature? Comment devons-nous réagir quand ceux qui veulent être Présidents ne savent pas parler correctement?

Les citoyens de ce pays méritent plus de respect et de considération.

Soufiane Djilali est candidat à la candidature.
Soufiane Djilali est candidat à la candidature.

 

ps: Cette opinion est une opinion personnelle. Elle ne doit pas être imputée à mes employeurs. Mon travail de journaliste m’oblige à traiter tous les candidats à l’élection de manière équitable. Je continuerai à le faire.

pps: La photo de Ali Benouari est de Souhil B.

 

 


Algérie : un crash, peu d’images

Hier, vers midi, un avion transportant des familles de militaires s’est écrasé dans les montagnes de Oum El Bouaghi, à l’est du pays. Selon un bilan officiel, 77 corps ont été retrouvés et un survivant a été transporté à l’hôpital. Dans ces cas là, notre travail est de trouver un maximum d’informations, le plus rapidement possible. Et parmi les informations à trouver, il y a bien sûr les premières images.

En début d’après-midi, une première vidéo circule. Un avion qui se retourne et s’écrase au bord d’une route. A ce moment là, il faut appeler, trouver quelqu’un qui peut nous décrire la zone du crash, pour savoir si les paysages sont similaires. Confirmation : la vidéo n’est pas la bonne. L’avion qui s’est écrasé avait 4 hélices.

 

Crédit photo: Gilles Denis

Mais surtout, la zone est éloignée des routes. Un confrère, envoyé sur place, m’a expliqué plus tard qu’il avait du marcher plus d’une heure pour arriver sur les lieux du crash.

 

Les premières images sont diffusées par la chaine de télévision privée Ennahar Tv.

 

 

Mais ces images posent problème. D’abord, elles sont floues et on ne peut pas identifier clairement l’appareil. Mais surtout, le groupe Ennahar, qui possède entre autre un quotidien et une chaine de télévision, est connu pour donner des informations sensationnelles, souvent erronées. Il est donc impossible de faire complètement confiance à ces images. Des confrères nous appellent alors pour nous dire que les services de sécurité ont bouclé la zone et que personne ne peut approcher.

Les premières images arrivent donc pendant le JT de la télévision officielle de 19h. Pas au début, non, mais à la fin.

Sur les images de la télévision Ennahar, on voit bien qu’il y a du monde autour du lieu de l’accident. Mais, aujourd’hui, dans le pays, les MMS ne passent pas. La 3G existe dans quelques grandes villes privilégiées, et la connexion internet est encore très chère par rapport au salaire moyen. Voilà pourquoi il n’y a pas eu d’images avant.

 

Cet article a été actualisé à 12h30 avec les images d’un journaliste algérien arabophone, Omar Shabbi, qui s’est déplacé sur place pour le journal Annasr de Constantine.

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Ain Mlila 2

 

Ain Mlila 3

 


L’Algérie de 2014. Prêts? Partez!

Champagne pour les uns, thé à la menthe pour les autres , tout est prêt. Mais une fois que vous aurez claqué la bise à minuit à vos amis, que va-t-il se passer en 2014 en Algérie? Blogueuses « Algérie » sur Mondoblog, nous vous avons concocté notre propre sélection. Ni exhaustive, ni objective, mais avec un fond de vérité quand même.

Ce à quoi vous ne pourrez pas échapper

 

L’élection présidentielle (avril)

 

Depuis deux mois, la liste de candidats n’a cessée de s’allonger et de surprendre parfois, comme lorsque le célèbre écrivain Yasmina Khadra a annoncé sa candidature. Dans le cadre de ces élections « tant attendues », la question qui se pose le plus n’est pas « Qui sera élu à la présidence algérienne ? » mais plutôt « Bouteflika briguera-t-il un 4ème mandat ?». Depuis le retour du président Bouteflika à Alger à la suite de son accident vasculaire cérébral, les Algériens peinent à croire que le président dispose encore de toutes ses capacités à gouverner , et encore moins à briguer un nouveau mandat.

Ce doute a été conforté quand l’émission française de Canal +, le Petit Journal a présenté la rencontre entre Jean Marc Ayrault , chef du gouvernement français et Abdelaziz Bouteflika qui montre clairement une extrême difficulté à parler et à bouger.

En attendant, on compte déjà une dizaine de candidats, des petites phrases assassines et plusieurs coalitions qui tentent toutes de tirer la couverture. Le jeu promet d’être croustillant.

 

La Coupe du Monde de football (juin)

Brazil! A nous, les semaines de liesses, de concerts de klaxon et de pétards avant l’entrée en lice des “Fennecs”. Nous n’échapperons certainement pas à de nouvelles démonstrations de joie des supporters avant les matchs que disputera l’équipe nationale au cours de son parcours au Brésil, un parcours qui risque de s’arrêter au premier tour. Et après? Pas la peine d’en parler, on va gâcher l’ambiance.

 

Le suicide procès de Rafik Khalifa

 

Si l’affaire remonte maintenant à une dizaine d’années, l’extradition d’Abdelmoumène Rafik Khalifa, le “Bernard Madoff algérien”, et son procès (si procès il y a) devraient mobiliser l’opinion publique algérienne et internationale, étant donné que certaines stars faisaient partie du business.

Rafik Khalifa est accusé d’avoir escroqué à hauteur de plusieurs milliards de dollars des milliers d’Algériens ayant fait l’erreur de déposer leur argent auprés de la Banque Khalifa. Le succès de ce pharmacien est aussi fulgurant que curieux… créant sa banque, puis une compagnie aérienne, une télévision et sponsorisant de grands clubs sportifs. Les journalistes sont convaincus que cet empire et cette arnaques n’auraient jamais pu exister sans la complicité de hauts dirigeants algériens. Si Khalifa témoigne dans un tribunal, ceux qui n’ont jamais été inquiété ont peut-être du souci à se faire. Dès son extradition depuis Londres, les autorités algériennes ont prévenu de la « santé mentale fragile » du milliardaire et craignent un risque de suicide.

Ce que vous attendez

 

La 3 G qui fonctionne

 

On vend du rêve depuis des années aux Algériens concernant la 3G , le nombre de reports de sa mise en place ne se compte même plus. Elle est enfin là ! Alors que la 4G est déjà disponible dans certains pays, l’Algérie est l’un des derniers pays du monde à disposer de la 3G. Reste à savoir si elle fonctionnera en 2014. Pour l’instant, la 3G a plus l’air d’un mirage que d’une réelle innovation technologique. Certains pourront peut être se réjouir de prendre leur abonnement 3G chez l’opérateur Mobilis… qui s’est payé le luxe de faire une publicité avec Diego Maradona.

Moins de paperasse

C’est ce qui fait blanchir nos cheveux et le nouveau cheval de bataille du premier ministre Abdelmalek Sellal? La bureaucratie. Alors que les démarches administratives comme retirer un extrait de naissance ou refaire son passeport sont devenues une réelle discipline sportive et mentale (où il faut souvent “revenir demain” ou “attendre que la dame chargée de tel tampon soit là”), cette année, le gouvernement a demandé la mise en place de mesures d’allègement et d’accélération de procédures notamment en matière de passeport, de carte grise ou encore du permis de conduire. Les documents auront une validité plus longue, comme le passeport qui passera de 5 à 10 ans, tandis que les Algériens se verront attribuer un numéro d’identification nationale qui leur permettra de retirer leurs papiers par voie informatique. Une telle innovation technologique est trop belle pour y croire pour des Algériens encore formatés par la lenteur bureaucratique de leur pays. De toute façon, il faut toujours aller faire tamponner 5 fois par la mairie une photocopie pour qu’elle ait une quelconque valeur. Ca s’appelle la “légalisation”, et c’est encore notre routine quotidienne.

Ce qu’on vous promet mais que vous n’attendez plus

 

Un travail

 

2013 fut l’année des manifestations de chômeurs. Droit au travail, transparence du recrutement, respect du droit pour les contrats de sous-traitance. Le gouvernement a promis de multiplier les mesures en direction des chômeurs.

 

Les intérêts des prêts étatiques ont été supprimés. A Ouargla, dans le sud, là où la contestation a pris le plus d’ampleur, la direction de l’emploi a fait des efforts, l’Etat a promis la préférence locale pour le recrutement dans les multinationales. Mais le problème est ancien. Trop ancien pour que l’on croit des promesses. Les actes, eux, tardent à venir. Officiellement le taux de chômage est à 10%. Les experts l’estiment supérieur. 9 mois après, les manifestations continuent.

 

Un logement

 

Depuis quelques années, l’Algérie connait une crise du logement sans précédent. En plus des immeubles surpeuplés, des constructions inachevées et des habitations inoccupées qui se comptent par millions, les logements AADL (logement sociaux dont on peut être locataire ou propriétaires à moindre coût) ont fait couler beaucoup d’encre en cette année 2013. Pour ces logements réservés à la classe moyenne algérienne, de nombreuses demandes de souscriptions ont déjà été faites, mais les réponses tardent à venir. Bonne nouvelle (mauvaise pour d’autres), le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, a “promis” que toutes les réponses seraient données d’ici janvier 2014 aux 700 000 demandeurs de logements. Pour les autres budgets à la recherche d’un logement, la quête s’avère cauchemardesque.

 

Le calme

 

“L’Algérie est exportatrice de stabilité”, selon un ministre. Si l’on compare avec nos voisins tunisiens, nos voisins maliens, nos voisins libyens, ok, on est “calmes”. Mais il ne faut pas se mentir. Ghardaïa, Tebessa, Baraki (banlieue d’Alger), les “émeutes” sont très régulières. Il y a même un site qui les répertorie. Pourtant, c’est bien avec ce “calme” que les négociations se font. Au point de vue international comme au point de vue local. Des émeutes? Des relogements. Des manifestations? Des grèves? Des augmentations. La violence urbaine s’exprime contre les biens de l’Etat, mais aussi contre les personnes. Agressions, vols, difficile d’obtenir des statistiques précises, mais le fameux « sentiment d’insécurité » est bien là. Bref, il n’y a aucun calme, mais on y croit. Et on se persuade que c’est bien moins pire qu’avant.

 

Allez, on vous embrasse, et bonne année 2014 quand même!

feu-d-artifice

 

Lina et Leïla


Abdelaziz Bouteflika « va très bien »

Le président Abdelaziz Bouteflika va très bien. C’est ce qu’a déclaré lundi 15 décembre le Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault.

 


Le Premier ministre algérien: Bouteflika «va… par 20Minutes

 

Le Premier ministre, soucieux de rassurer les journalistes, a même ajouté : «Il va très bien, il vous embrasse».

Ce soir-là, en ouverture du journal de 19h, la Télévision officielle a ressenti le besoin de nous prouver que « tout allait bien ».

 

https://www.youtube.com/watch?v=7EG0RM0dqGE&feature=youtu.be

 

Devant une telle vidéo, il y a plusieurs réactions. D’abord, ceux qui sont soulagés. Abdelaziz Bouteflika, l’homme de la stabilité, celui qui a sorti le pays de plus de 10 années de terrorisme, est encore en vie. Ensuite, il y a ceux qui sont mal à l’aise. Pourquoi continuer à montrer à la télévision un homme malade? Il a le droit de vivre sa maladie dans la discrétion. Enfin, il y a la colère. Colère, contre ceux qui ont estimé que mettre devant une caméra un homme convalescent d’un AVC était une nécessité. Colère contre ceux qui ont joué le jeu. Colère contre ceux qui ne sont pas rouges de colère face à une telle situation.

 

 

 

 

 

 

 

Mais, l’histoire a pris une autre ampleur ce mercredi soir lorsque l’émission Le petit Journal, de la chaîne française Canal +, révèle que cette vidéo de la télévision officielle algérienne a été modifiée au montage.

Lors de la rencontre entre les deux hommes, deux équipes de télévision ont pu entrer. L’équipe de l’ENTV, officielle. Et l’équipe du « pool » français. Le pool est un regroupement de plusieurs chaines de télévision. Un seul journaliste filme. Toutes les chaines ont accès aux images. Et les journalistes filment à tour de rôle. Ce jour là, c’est l’équipe de France 2 qui filme. Ses images sont ensuite envoyées aux rédactions françaises.

Sur les images du pool, il n’y a pas de son audible, sauf les crépitements des flashs des photographes. Le JRI (le journaliste qui filme) a fait un seul plan où l’on voit le président algérien ne faire qu’un seul mouvement. La différence entre cette séquence et celle diffusée à la télévision algérienne est flagrante.

 

Les internautes dénoncent le trucage. Certains ont écrit au Premier ministre français. Le commentaire principal? « La honte…. »

 

 

 

 

 


Alger, la non-alignée, rend hommage à Mandela

Histoire peu (mal) connue, l’Algérie et l’ANC ont eu un parcours commun, un parcours de combat. D’un côté, les Algériens se sont battus contre la France; contre un système colonial qui ne donnait pas les mêmes droits aux citoyens d’origine européenne et à ceux que l’on appelait les musulmans. De l’autre, Nelson Mandela s’opposait à l’apartheid.
Le Sud-Africain est venu rencontrer les chefs du FLN (Front de libération nationale) alors que le pays n’était pas encore indépendant. C’est ici qu’il reçoit sa première formation militaire.

https://www.youtube.com/watch?v=4gVHm8kY9eY#action=share

 

Peu de temps après son voyage en Algérie, Mandela est emprisonné. Mais Alger a continué à former des combattants de l’ANC. Pendant la détention de Nelson Mandela, l’Algérie a participé sur le plan diplomatique à dénoncer l’apartheid dans les tribunes de l’organisation de l’Union africaine et à l’ONU. En novembre 1974, alors qu’Alger préside la 29e session de l’Assemblée générale de l’ONU, les Algériens, représentés à l’époque par Abdelaziz Bouteflika, réussissent à exclure l’Afrique du Sud des travaux.

 

 

En 1990, Nelson Mandela est décoré par le président Chadli Benjedid.

 

chadlimandela

 

 

De l’annonce de son hospitalisation au mois de juin à sa disparition, Nelson Mandela fait plusieurs fois la Une des journaux.

 

Juin

 

 

 

Après son décès, les hommages affluent.

 

 

 

 

Les autorités algériennes rendent également un hommage officiel à Nelson Mandela. Le président du Sénat représente le président Abdelaziz Bouteflika aux obsèques. Les principaux responsables de l’Etat se sont rendus à l’ambassade d’Afrique du Sud pour signer le registre de condoléances. Les drapeaux algériens ont été mis en berne pour 8 jours.

 

 

 

 

Mais sur les réseaux sociaux comme dans la presse, la disparition de Nelson Mandela provoque une série de critiques contre le système politique algérien et contre la diplomatie internationale.

 

 

 

Lire aussi :   L’Algérie, « seconde patrie » de Mandela

Voir aussi :  le témoignage de Nourredine Djoudi, traducteur de Mandela lors de son premier voyage en Algérie et ancien ambassadeur en Afrique du Sud.

 


Mazal Wakfin ou la saga 3G

Depuis des mois, on nous promet, campagne de pub virant au harcèlement à l’appui, que, promis, juré, craché, la 3G, promise depuis 2004, c’est pour le premier décembre.

Cyniques que nous sommes, nous, journalistes, habitués aux rebondissements de dernière minute dans cette saga plus longue que les Feux de l’Amour, on a malgré tout fini par y croire.

Sauf qu’aujourd’hui, c’est le 1er décembre et Mazal! (Pas encore)

3g

 

Oui, vous avez bien lu. Je parle de 3G. Technologie, que vous, chers internautes, vous avez adoptée depuis très longtemps. (L’Atelier des médias en parlait en … 2010). La presse algérienne aime rappeler que « même la Somalie » a la 3G.  Mais ici, Mazal! (Pas encore).

Sur les plateaux de télévision, même les experts ne comprennent pas.

 

https://www.youtube.com/watch?v=nIXEbUBs25s#t=20

 

Jeudi, nous avions appris également que pour avoir la 3G, les utilisateurs devraient acheter une nouvelle puce de téléphone portable. Ca ne se justifie pas techniquement. Une puce 2G a juste besoin d’être configurée, et non, changée. Et pour boucler la boucle, étant donné qu’il n’y a pas de « portabilité du numéro », en changeant de puce, il faudrait changer de numéro. Pour avoir un nouveau numéro, il faudrait déposer un dossier administratif.

 

Les réactions sont très nombreuses. Regardez les commentaires sous l’article du journal El Watan. Et pour le journal britannique The Economist, toute cette histoire est le symbole de la difficulté de faire des affaires en Algérie.

Le problème est politique, puisque techniquement, tout le monde est prêt, des opérateurs aux vendeurs en passant par les développeurs d’applications et les acheteurs.

Autant vous dire qu’on a le sentiment qu’on se moque de nous. Regardez plutôt, les spots de publicité télévisés qui sont diffusés depuis des mois.

 

 

 

Je vous épargne les panneaux publicitaires de 4m sur 3m et les spots radios quotidiens. Chaque opérateur se vante d’être le « numéro 1 ». Il y en a au moins 2 qui mentent. Mais on laisse faire.

La 3G est promise depuis des années. Elle n’arrive jamais. Mais on laisse faire.

Mazal Wakfin! (On est toujours debout, slogan à caractère historique, utilisé par l’opérateur de téléphonie Nedjma)


Le foot, c’est la vie?

Il y a des jours où le pays se réveille. Ce mardi est un jour comme ça. Il y a comme un parfum de bonheur, de joie. C’est un jour de (grand) match, de (grande) victoire. C’est éphémère, on le sait, mais peu importe. Cette joie là mérite d’être vue.

 

Tout commence par des messages d’encouragements.

 

La suite, ce sont des heures de coups de klaxons, de vuvuzelas miniatures, de chants, de cris, de défilés de voitures/camionnettes/bus/charrettes parés de drapeaux vert-blanc-rouge. Et lorsque le coup de sifflet final retenti, sur le score de 1-0,  une clameur sourde monte, explose, et anime les grandes villes pendant toute la nuit.

 

Voilà un aperçu de l’ambiance à Annaba, grand ville de l’est du pays, proche de la frontière tunisienne.

 

coupe

 

 

 

vendeur

 

 

 

voiture

 

 

journaux

 

 

Victoire1

 

 

victoire2