Hawa




Iwaria, un autre regard sur l’Afrique en photo

En 2015, le hashtag #TheAfricaTheMediaNeverShowsYou  a été lancé sur Twitter pour mettre en question l’image du continent africain dans le monde. Les internautes voulaient casser les stéréotypes associés à l’Afrique à travers des photos plus diversifiées et positives. Iwaria a répondu à cette problématique.

Fondée en 2016 au Bénin par Aurelle Noutahi et Basile Barrincio, Iwaria se positionne aujourd’hui comme la seule banque de photos africaines gratuites et libres de droit. Sur la plateforme collaborative, ce sont les contributeurs qui diffusent leurs photos. Yeelenpix et AfricanStockPhoto sont également des banques de photos dédiées au continent africain mais les photos sont payantes.

J’ai pu poser des questions à la co-fondatrice Aurelle Noutahi :

 L’idée de créer Iwaria est venue d’un problème personnel que j’ai rencontré, celui de ne pas trouver des images africaines de qualité pour illustrer mes projets. Je ne trouvais simplement pas des images de cette Afrique que je vis et connais. Et malheureusement, l’Afrique ne se retrouve souvent bien illustrée dans les médias et particulièrement sur Internet que quand il s’agit de la pauvreté, des maladies, des dictateurs criminels, des guerres civiles et ethniques, de la famine, de la violence, etc.

Certes, sur Internet on peut trouver des images de noirs, mais le style, les traits et l’environnement ne sont généralement pas africains. Et si l’on souhaite communiquer avec une audience africaine, la cible s’y identifie difficilement.

Iwaria est née de cette frustration. De l’envie de montrer l’Afrique telle qu’elle est, de la faire découvrir à qui veut prendre la peine de la connaître, de donner de la matière à toutes ces personnes qui sont à la recherche de contenus africains pour communiquer. Basile Barrincio, co-fondateur et CTO de Iwaria, a épousé l’idée et ensemble nous en avons fait notre projet commun.

Un bien commun numérique

Femme noire, au teint noir. Crédit photo nardb8/Iwaria

La photographie s’est démocratisée. Aujourd’hui, n’importe où et n’importe quand, une photo peut être prise et diffusée immédiatement sur Internet. Mais quand est-il du devenir de la photo ? Libre, privée, partageable ?

Iwaria est libre :

Iwaria est avant tout née d’une passion, d’une volonté de faire les choses différemment et d’impacter. C’est une banque de photos libres et gratuites parce que l’objectif est de rendre ce contenu accessible au plus grand nombre mais aussi de permettre à toutes ces personnes qui utiliseront les images de le faire le plus librement possible. Car l’une des choses dont les gens n’ont pas conscience est que toute image trouvée sur Internet n’est pas gratuite et l’auteur peut réclamer des droits. Disons que l’objectif d’Iwaria est de démocratiser le contenu africain. 

Iwaria s’organise :

 Iwaria étant une plateforme participative, tout le monde peut devenir contributeur. Nous collaborons avec plusieurs photographes professionnels et amateurs qui n’hésitent pas à partager leurs prises avec la communauté, mais organisons également régulièrement des shootings photos pour accélérer la création et la disponibilité de contenus dans certains secteurs.

Partager des photos libres de droits, échanger des photos qui ont un rapport avec l’Afrique, et surtout conforter l’idéal du bien commun sont les objectifs des fondateurs d’Iwaria.

La question de l’épuisement des ressources ne se pose pas, mais en réalité, c’est l’implication citoyenne qui est un enjeu.

Iwaria devrait-elle être financée sur le long terme ? Sous forme de don ? Un bien commun numérique est-il contraint d’associer l’économie numérique à son projet ? C’est à double tranchant puisque par définition un commun tente de s’émanciper des grands acteurs du numérique. L’utopie d’un monde non-marchand dans le commun est une problématique actuelle. L’actualité annonce la tragédie des communs : en 2018, le rachat de GitHub, une importante plateforme de création de logiciel libre, par Microsoft a suscité énormément de craintes concernant l’avenir de la “culture libre”.


WhatsApp a aussi séduit ma mère

WhatsApp est l’une des applications mobiles les plus téléchargées au monde. Appels, messages, n’importe où, n’importe quand.. communiquer devient de plus en plus facile avec son portable ! Les exclus du numérique, eux aussi, l’ont adoptée.

 

WhatsApp, mon portable et moi

WhatsApp, ou l’histoire d’un réseau social captivant. Une connexion internet, un smartphone et le tour est joué ! Plus de barrières géographiques, plus de frustration, cette application mobile est vraiment celle qu’il nous fallait. La frustration de ne plus avoir de crédit pour communiquer est désormais révolue. En quatrième, je me rappelle encore de mon forfait SFR, illimité le mercredi de 10 h à 17 h. Le reste de la semaine, les textos s’écrivaient de cette manière : « koi 2 9 ? ».

Dire qu’en 2014, je m’opposais à WhatsApp. Quelle grossière erreur de ma part ! Des amies m’ont « forcée » à la télécharger pour discuter toutes ensembles dans un groupe. Aujourd’hui, en 2018, c’est la seule application sur mon portable. WhatsApp m’a tuée ? WhatsApp va-t-il tuer ma mère ?

Moi, pas encore. Mais j’y passe trop de temps. Pour discuter, m’informer, faire la maquerelle, m’exposer en faisant des stories, ces vidéos courtes à la durée de vie éphémère. Une routine sympa.

En Mauritanie, des lycéens l’utilisent pour tricher au bac, au Niger, des villageois pour organiser la vie en collectivité. Chacun se l’approprie pour ses propres besoins. Mais ma mère a-t-elle réellement besoin de ce réseau social ?

Maman connectée au numérique

WhatsApp, l’application qui rassemble tous les âges ? Crédit photo : Pixabay/MabelAmber

L’exclusion du numérique, c’est ma mère. Enfin, c’était. À présent, elle est connectée. Elle n’a jamais utilisé un ordinateur. Pas de besoin spécifique. Le mobile fait l’affaire. Dorénavant, ce n’est plus le mobile lambda, mais un smartphone qui se balade entre ses mains. S’ajoute à cela l’ouverture sans cesse de WhatsApp, l’envoi de multiples messages vocaux, et surtout son point fort : le partage de vidéos à ces contacts favoris (dont je fais partie).

Elle sait lire et écrire le français, mais fait tout de même des erreurs. Puis, elle prend du temps. Les SMS ne sont pas de son vocabulaire.

Alors pourquoi WhatsApp sur son portable si on ne sait pas écrire des messages ?

Cela n’avait pas de sens pour moi… Or, je me suis totalement trompée.

Ses amies de Paris l’incitent à l’avoir pour lui envoyer des vidéos, et surtout elle peut parler à sa mère en Afrique par l’intermédiaire d’un voisin.

Pour résumer son aventure WhatsApp :

  • 1 ère tentative d’installation : ouf ! plus de mémoire sur son portable (je suis satisfaite)…
  • 2 ème tentative d’installation : mon petit frère a mis WhatsApp… Mais sans faire exprès ma mère supprime l’application !
  • 3 ème tentative d’installation : je l’initie à WhatsApp plus de six fois, j’abandonne, mon frère reprend le relais…

Aujourd’hui, ma mère m’envoie des audios au lieu de m’appeler. Elle ne va plus au taxiphone, n’achète plus de cartes prépayées pour appeler l’Afrique. Presque tout se fait sur l’application. Tant mieux ! Moins de dépenses, et tout le monde est gagnant !

Depuis que ma mère est connectée, j’ai compris une chose : il est important de s’adapter à l’apprentissage des autres, et surtout d’être patient.


Top des 10 expressions footballistiques qui m’ont fait tordre de rire

La Coupe du monde 2018 a débuté en Russie. Les supporters sont parés pour défendre l’équipe de France. Le bon supporter, c’est aussi celui qui maîtrise les meilleures expressions footballistiques françaises. Mais avant de vous les expliquer, retour sur la première sortie française sur le terrain.

Ce billet a été initialement publié sur lekoteba.mondoblog.org.

Le premier match de la Coupe du mondeRussie vs Arabie Saoudite, a tenu en haleine beaucoup de Français. Mais France vs Australie était le match véritablement attendu par bon nombre de supporters français.

A quand notre tour ?

Samedi 16 juin, j’anticipe : je sors à onze heures pour ne pas louper le match de midi. Nous sommes quatre filles. Direction La Bellevilloise, lieu de culture et d’échange parisien. Nos cordes vocales sont entraînées, nos visages sont illuminés, les plus beaux maillots de l’équipe de la France sont de sortie. Moi, j’ai opté pour un petit drapeau, bleu blanc rouge. Les noms Pogba, Griezmann, M’Bappé s’imposent. Bières, enfants, femmes, hommes, rires, sandwichs : la Coupe du monde a bien débuté !

Les expressions de football des supporters français.
Crédit Flickr, Dhodho.net

Coup de sifflet

Le match commence, les décibels sont au maximum !

Malgré le bruit, j’entends tout autour de moi. Des conversations téléphoniques « dépêche-toi ça va commencer, t’es toujours à la bourre toi ! », des commandes de bières… L’ambiance est joviale. Les cris, les angoisses, et le stress se traduisent à travers les bruits des tables.

Parmi tout cela, une chose me régale : les expressions footballistiques. Les supporters font preuve d’une vraie imagination, et leurs expressions sont une hybridation de spontanéité,  d’enthousiasme et d’adrénaline. Ce sont des métaphores, des néologismes et bien sûr de l’humour.

Découvrez le top 10 des expressions hilarantes qui ont retenu mon attention :

  • Il s’est fait enrhumer :  un joueur s’est fait dribbler par un adversaire

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  • Il aime caresser le ballon : le joueur est super doué
  • Quel pingouin avec la balle ! :  le joueur joue comme un pingouin qui se déplace

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  • Kylian M’Bappé l’a déposé:  il est rapide par rapport à son adversaire
  • Il a du savon dans les mains ou quoi : le goal loupe toutes les balles

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  • Il a dit oui au ballon : le joueur est en accord avec le ballon, tous ses tirs sont parfaits
  • Pogba c’est un jambon : durant, le premier match de la France, Pogba a marqué un but, cri de joie ! Pogba est un génie !

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  • Il a bouffé de la feuille : le joueur rate de nombreuses occasions
  • Avaler son sifflet : lors du match Australie vs France,  l’arbitre  (sous décision de la FIFA) a refusé le but de Pogba.  A-t-il bien vu ? Pour certains supporters, il a avalé son sifflet car le ballon est bien entré dans les cages.

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  • On a laissé notre carte de visite : l’équipe gagnante a laissé ses traces après sa victoire.

Et vous, quelles sont vos expressions ?


Top des 10 expressions footballistiques qui m’ont fait tordre de rire

La Coupe du monde 2018 a débuté en Russie. Les supporters sont parés pour défendre l’équipe de France. Le bon supporter, c’est aussi celui qui maîtrise les meilleures expressions footballistiques françaises. Mais avant de vous les expliquer, retour sur la première sortie française sur le terrain.

Le premier match de la Coupe du mondeRussie vs Arabie Saoudite, a tenu en haleine tous les Français. Mais France vs Australie, était le match véritablement attendu par bon nombre de supporters français.

A quand notre tour ?

Samedi 16 juin, j’anticipe : je sors à onze heures pour ne pas louper le match de midi.  Nous sommes quatre filles. Direction La Bellevilloise, le lieu de la culture et d’échange parisien. Nos cordes vocales sont entraînées, nos visages sont illuminés, les plus beaux maillots de l’équipe de la France sont de sortie. Les noms Pogba, Griezmann, M’Bappé s’imposent. Bières, enfants, femmes, hommes, rires, sandwichs : la Coupe du monde a bien débuté !

Les expressions de football des supporters français.
Crédit Flickr, Dhodho.net

Coup de sifflet

Le match commence, les décibels sont au maximum !

Malgré le bruit, j’entends tout autour de moi. Des conversations téléphoniques « dépêche-toi ça va commencer, t’es toujours à la bourre toi ! », des commandes de bières… L’ambiance est joviale. Les cris, les angoisses, et le stress se traduisent à travers les bruits des tables.

Parmi tout cela, une chose me régale : les expressions footballistiques. Les supporters font preuve d’une vraie imagination, et leurs expressions sont une hybridation de spontanéité,  d’enthousiasme et d’adrénaline. Ce sont des métaphores, des néologismes et bien sûr de l’humour.

Découvrez le top 10 des expressions hilarantes qui ont retenu mon attention :

  • Il s’est fait enrhumer :  un joueur s’est fait dribbler par un adversaire
  • Quel pingouin avec la balle ! :  le joueur joue comme un pingouin qui se déplace

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  • Kylian M’Bappé l’a déposé:  il est rapide par rapport à son adversaire
  • Il a du savon dans les mains ou quoi : le goal loupe toutes les balles

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  • Il a dit oui au ballon : le joueur est en accord avec le ballon, tous ses tirs sont parfaits
  • Pogba c’est un jambon : durant, le premier match de la France, Pogba a marqué un but, cri de joie ! Pogba est un génie !

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  • Il a mangé la feuille de match : le joueur rate de nombreuses occasions
  • Avaler son sifflet : lors du match Australie vs France,  l’arbitre  (sous décision de la FIFA) a refusé le but de Pogba.  A-t-il bien vu ? Pour certains supporters, il a avalé son sifflet car le ballon est bien entré dans les cages.

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  • On a laissé notre carte de visite : l’équipe gagnante a laissé ses traces après sa victoire.

Et vous, quelles sont vos expressions ?

 


Le Koteba fête ses 1 an de blogging à Mondoblog

L’aventure Mondoblog commence pour moi, le 27 avril 2017. Soit il y a 1 an et environ 15 jours.

Il était une fois une blogeuse Mondoblog

Ce jour-là,  je consulte ma boite mail : « Vous avez été sélectionné(e) pour intégrer Mondoblog ! Bravo ! ». Contente et fière, je fais la danse de la joie ! 630 candidatures pour la session 2017 ! Le blogging a toujours autant de succès !

Mon premier blog Kany&Cie dont la ligne éditoriale est axée sur la culture afro, a vu le jour en mai 2013. Qui dit intégrer Mondoblog, dit création d’un nouveau blog. Je vous avoue tout de même que c’est avec un peu de tristesse, que j’ai quitté mon premier blog.

Trouver un nouveau nom de blog n’a pas été chose facile ! Finalement, j’ai opté pour Le Koteba. Le Koteba est un théâtre traditionnel au Mali, où se mêle jeu dramatique, chant, danse et expression publique. C’est un espace public, où des messages se transmettent.Littéralement  kote signifie escargot et ba grand en bambara. A l’instar, de ce théâtre populaire, ce blog permet de m’exprimer à travers des mots.

Bloguer me permet d’exprimer mes pensées, partager mes découvertes, voilà pourquoi j’ai décidé de participer au concours Mondoblog.

Le Koteba blogeur Mondoblog
Le Koteba fête ses 1 ans sur Mondoblog. Crédit photo : Geralt/Pixabay

De Kany&Cie à Le Koteba

Pour mettre toutes les chances de mon côté, je me suis dis qu’il fallait sortir du lot. Donc faire preuve d’originalité. Je choisie comme épreuve « le top 10 ». Mon idée était de créer un journal, où en tant que rédactrice en chef, j’expose le top 10 des mots que j’affectionne tant. Les 10 mots que j’utilise le plus, lorsque je suis avec mon amie congolaise et ma cousine. Parfois, nous parlons en message codé, afin que les gens ne comprennent pas ce que nous disons. Astucieux ? Ces mots sont issus du métissage et ils m’accompagnement au quotidien.

Lexique Mag’ Top 10 des mots de la rédac

Aujourd’hui, bien que je blogue un peu moins, j’ai toujours la dynamique d’écrire. Bloguer est le meilleur moyen d’exposer sa plume, et de faire partie d’une communauté en l’occurrence, ici, francophone. N’attendez plus pour participer au prochain concours !


De citoyenne lambda à juré d’assises au Tribunal

Les jurés d’assises sont des citoyens français qui vivent une expérience inédite au Tribunal de grande instance. Vote, plaidoiries, témoignages : découvrez ma semaine à la cour d’assises.

Dans la peau d’un juré d’assises

Être juré d’assises n’a pas été une tâche facile ! Je l’ai été durant quatre jours, à la cour d’assises du Val-de-Marne. Tout commence le mois de décembre 2017. Ma convocation m’attend dans la boîte aux lettres. Il est mentionné sur celle-ci que je suis juré titulaire n°6.

Les jurés d'assises à la cour d'assises.
La cour d’assises. Crédits photo Jacques/Flickr

Plusieurs questions surgissent dans mon esprit : pourquoi moi ? Est-ce obligatoire ?

Toutes mes questions trouvent finalement leur réponse dans un document joint au courrier, et sur le site de courdasssise.fr.

Jeudi 6 avril, la Présidente de la cour tire mon nom de la liste. Je suis jurée supplémentaire. Grosso modo, le juré supplémentaire participe à tout le procès. Pour autant, lorsque vient l’heure du délibéré, il ne vote pas et ne parle pas. Contrairement au juré titulaire, qui vote et s’exprime.

Étrangement, bien que l’affaire n’ait pas encore commencée, je suis satisfaite de ne pas participer au vote. Un poids en moins. Un poids en moins, car je me sentirai coupable, par mon vote, d’avoir mis un accusé en prison. Bien qu’il ait fait la pire des horreurs. D’ailleurs, l’autre jurée supplémentaire était elle aussi soulagée, tout comme moi.

Les 9 jurés, durant trois jours, vont prendre part à une affaire, qui ma foi, est très complexe. Étant tenue au secret judiciaire, je ne dévoilerai pas l’affaire.

Je peux vous dire que l’accusé a trois chefs d’accusation dont un viol sur mineure, un viol sur conjointe, viol et agression sexuelle. À la Cour d’assises on juge ces crimes : « le viol, le meurtre, l’assassinat, les actes de torture et de barbarie, le vol avec usage d’une arme, ou en bande organisée, les actes de terrorisme, l’organisation d’un trafic de stupéfiants. »

9 jurés, dont moi, la plus jeune, qui a priori n’étaient pas censés se rencontrer un jour, vont juger un accusé présumé innocent avec les assesseurs et la Présidente.

Une expérience démocratique

L’audience est à huit clos.

La cour d'assisse de Paris.
Une cour d’appel. Crédits photo Pixabay/Djedj

Pourtant, au début de l’audience, il y avait des membres de la famille de l’accusé et sa petite amie. L’avocate de la victime annonce à la Présidente de la Cour que celle-ci souhaite que l’audience soit à huis clos. La victime étant mineure et les faits étant graves, la Présidente accepte la demande.

  1. Le premier jour, l’accusé s’exprime. Il s’exprime bien, il suit des cours de droit en prison. Sa vie professionnelle, sentimentale et familiale est dévoilée. Puis, il répond aux questions de la Présidente. Là, son discours commence à me dégoûter.  Ses arguments sont pesants voire illogiques.
  2. Le second jour, la victime, mineure, décrit les faits. J’ai envie de verser des larmes. Mais je ne peux pas. Aucun sentiment ne doit apparaitre sur mon visage.  Après l’audience, je me sens mal. Le soir, je pense à l’affaire. Le lendemain, après en avoir discuté avec les autres jurés, je constate que je ne suis pas la seule à n’avoir pas été bien la veille.
  3. Le troisième jour, c’est la plaidoirie des avocates. D’une intensité inouïe. L’art des mots, l’art de l’argumentation, l’art de séduire. Je suis bouche bée face à leur plaidoyer.

L’affaire est lourde, ignoble, dure.

C’est le moment de la délibération. Oui ou non, est-il coupable pour ces chefs d’accusations ? Combien d’années, s’il est coupable, prendra-t-il ? Le juré doit avoir l’intime conviction avant de voter.

J’écoute, bien que je ne vote pas pour cette affaire. Pour autant, je ne me sens pas bien. Mettre quelqu’un en prison, aurais-je été capable de le faire ?

La Présidente de la cour annonce le verdict. Je regarde la partie civile et l’accusé. D’un coté un visage marbre, figé, assombri. De l’autre, des regards qui fixe l’accusé avec insistance.

Le juré d’assise doit prendre du recul et surtout être sûr de son vote. Une expérience unique.


Les vendeurs à la sauvette de maïs à Paris, une activité illégale mais répandue

Le maïs fleurit autour de nombreuses gares d’Ile-de-France. Chaud ou tiède, dans un caddie ou un chariot de course, ce féculent attire une grosse clientèle.

Le maïs se vend toujours autant. Il est aujourd’hui très présent aux abords de certaines gares de banlieue et des stations de métro parisiennes.

Le maïs, associé des vendeurs à la sauvette. Crédit photo Alexas_Fotos/Pixabay

Vendu généralement  à 1 euro, avec la possibilité d’ajouter du sel : le prix attractif de l’épi séduit. Lorsque mon père se rend au « foyer malien » de Vitry-sur-seine, chaque membre de la famille a droit son épi. C’est comme un cadeau ! Les vendeurs de maïs se placent dans des endroits stratégiques. Le quartier parisien le plus prisé par ces marchands est Château-Rouge. Quant aux villes de banlieue, on peut ajouter Saint-Denis (là-bas, on vend aussi des brochettes), Sarcelles, Grigny ou encore chez moi, à Choisy-le-Roi.

Dans ma ville, il y a une réelle concurrence. Chacun à son emplacement spécifique, mais le prix reste le même.

Le Malien, Sénégalais ou Mauritanien va vendre de son coté, et le Bangladais de l’autre coté. Ils sont parfois âgés, ou ont autour de la trentaine. Très polyvalents, ces travailleurs sont capables de prendre plusieurs commandes en même temps. Leurs clients sont nombreux. Surtout durant les heures de pointe, de 16h à 20h. Adultes, enfants, noirs, blancs, arabes : ce féculent séduit la population.

Les Bangladais « travaillent » avec des chariots de supermarché, où ils y installent un tonneau en métal. Dans celui-ci, du charbon et du feu sont placés pour faire griller le maïs. Ils emploient la même technique dans leur vente de marrons chauds. Les autres vendeurs Africains disposent eux d’un caddie où le maïs à la vapeur repose en attendant son prochain appel.

 

Vendeur de maïs malgré soi

Inoffensifs, ils le sont. Mais leur activité est illégale. Sans-papiers, ils le sont parfois. Pourtant, ils vendent du maïs. Au détriment de la loi.

Crédit photo Vijayanarasimha /Pixabay

Les vendeurs à la sauvette sont passibles d’une amende allant de 100 à 300 euros. Dans l’article « Kamara, vendeur de maïs à la sortie du métro » de Streetpress, Kamara évoque son quotidien de vendeur de maïs au quartier de Château-rouge. Il le fait par nécessité. Pas d’autre choix, pour survivre et faire vivre sa famille :

« Je dois aussi envoyer de l’argent au pays et payer mes dettes au passeur. »

Dans Paris et sa banlieue, chacun travaille comme il peut.


Coupé-décalé, Douk Saga, 10 choses à savoir sur ce concept ivoirien

Né en Côte-d’Ivoire, le coupé-décalé est plus qu’une danse. Au-delà de son aspect musical, il modifie des comportements.

 

Le coupé-décalé est loin d’être has-been.

« Et coupé et décalé, coupé-décalé » ces paroles, ce sont celles de la chanteuse franco-ivoirienne Teeyah. Le coupé-décalé me fait immédiatement penser à cette chanson. Mais, aussi à Douk Saga. Il était l’un des précurseurs de ce mouvement, jusqu’à son tragique décès en 2006.

2003, c’est l’année où Douk Saga et sa bande d’amis de la Jet Set ivoirienne, sillonnent les boîtes de nuit de la banlieue parisienne pour présenter ce nouveau concept.

 

Le coupé-décalé en Côte d'Ivoire a été crée en 2003 par Douk Saga
Le coupé-décalé en Côte d’Ivoire. Crédit photo Crea8t/Iwaria

Littéralement, en nouchi (argot ivoirien) les mots  « « Couper », en parler populaire ivoirien, signifie « escroquer », et « décaler », prendre le large ».  Le coupé-décalé va à la fois inspirer et faire rêver de nombreux jeunes. Il s’inspire de nombreux styles musicaux africain dont la musique congolaise.

Frime, argent et boîtes de nuit s’associent à ce genre musical.

Après avoir assisté à la superbe conférence dansée « Le coupé-décalé est-il féministe ? » organisée par Africolor, j’ai trouvé légitime de lui laisser une place dans mon blog.

Cette conférence a retracé son histoire et ses fondamentaux.

10 choses à savoir sur le coupé-décalé :

 

  • Le coupé-décalé tire son essence de l’art de frimer.

 

  •  À son début, son but était d’arnaquer, d’escroquer et de disparaître de la circulation comme l’a si bien dit le journaliste Soro Solo.

 

  • Le langage nouchi, était principalement utilisé dans ce tempo, tels que le terme faro-faro ou l’art de faire son malin.

 

  • Douk Saga, philosophe du corps et de l’esprit propulsa le coupé-décalé à Paris et Abidjan.

 

  • Tout coupé-décaleur doit s’imprégner du prodada. C’est le fait de se produire, de s’afficher dans les espaces publics avec des vêtements de marque.

 

  • Le travaillement, c’est une façon d’obtenir une meilleure charité sur soi-même. Certains coupé-décaleurs lorsqu’ils faisaient des prestations scéniques dans les boîtes de nuit versaient des tonnes de billets à d’autres artistes.

 

  • « Au-dessous d’une montagne, il y a toujours un sommet ». Célèbre phrase de Douk Saga, elle laisse entendre qu’il faut toujours donner le meilleur de soi-même.

 

  • « Parmi les champions, il y a toujours un champion ». Autre célèbre phrase de Douk Saga, qui signifie que bien qu’on soit le numéro un, il faut toujours exceller. La vie est une compétition.

 

  • Le coupé-décaleur lorsqu’il anime, fait des atalakus ou des louanges aux personnes qu’ils estiment.  À l’instar des griots mandingues, en l’échange de ces louanges il reçoit de l’argent.

 

  • La Sape, S.A.P.E (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) est un code vestimentaire représenté dans le coupé-décalé. Ce type d’habillement indique la réussite et le pouvoir.

 

 

Pour en savoir plus : Le Swing identitaire du coupé-décalé 


Oeuf à terre, sauve qui peut !

L’œuf, sa coquille et son jaune, tout ça rien que pour lui. Hormis son utilisation en cuisine, l’œuf a aussi une identité symbolique dans le monde mystique.

 

L’œuf est un aliment important.

Pour autant, certains réinventent son usage. Ils se l’approprient. En chemin pour aller à l’Université, j’aperçois un œuf cassé par terre. Rien d’inquiétant ? Cependant, cet œuf porte des inscriptions noires sur sa coquille. Des traits noirs verticaux et son jaune d’œuf éparpillé. Mon regard est surpris.

Pourtant, je ne suis pas si étonnée que ça. Ce spectacle ne m’est pas inconnu. Tout de même, je me questionne. Pourquoi faire cela aux alentours de la fac ? De temps en temps, aux abords de ma rue, je constate ce même scénario. Il faut dire que ma rue est très cosmopolite.

L’œuf cassé pour des sacrifices.
Voici l’œuf cassé trouvé à coté de l’Université. Crédit photo Le Koteba.

Instinctivement, j’évite de marcher dessus. Cette photo, je l’ai prise le jour de cette découverte. Pour que vous vous méfiez des œufs cassés qui traînent dehors. Immédiatement, je pense sacrifice, marabout et toute la panoplie des choses mystiques. Ai-je regardé trop de films Nollywood ? Oui, certes.

Pour autant, je sais que le jet d’œufs est une pratique populaire mandingue, ce peuple ouest-africain dont je tire mes origines.

 

Un œuf pour réussir sa vie

Des œufs d’Afrique. Crédit photo Aurelle Noutahi/Iwaria

Bien que je vive en région parisienne, j’aperçois souvent ce genre de spectacle.

Je n’exagère pas.

En fait, utiliser un œuf pour la satisfaction de ses besoins personnels en pays mandingue ne date pas d’aujourd’hui. Dans ma ville, il y a beaucoup de maliens. Je suis malienne. Je sais que les maliens ne font pas que de manger des œufs :). Le malien fait une hybridation entre l’islam et l’animisme. Souvenez-vous, j’en parlais dans le billet « Le syncrétisme ouest-africain : une religion hybride ». Attention, pas tout les maliens ! Jeter un œuf est souvent fait pour obtenir quelque chose.

Le court-métrage L’oeuf de la trahison de Mariam Cheickna Kamissoko présente ce phénomène. C’est l’histoire d’un jardinier qui vient du village et souhaite marier une bamakoise. Un griot et lui vont chez elle pour lui parler de mariage. La femme refuse en disant qu’elle ne va jamais se marier avec un villageois.

Le jardinier met en place une stratégie grâce au marabout et l’œuf. Si elle le jette par terre, le jardinier ne va plus lui courir après. Si elle le loupe, elle sera sa femme. La femme va finalement louper le jet d’œuf, et accepte d’être la femme du jardinier (la scène est en langue bambara, mais les images parlent d’elles-mêmes).


Voyage en Côte d’Ivoire : le marché d’Abobo (1/3)

Un séjour à Abobo, un été en Côte d’Ivoire. Entre rencontres, joie et colère baignez dans mon feuilleton ivoirien. Trois épisodes dont le premier se déroule au marché d’Abobo. Un marché où routine et racontar se joignent aux abobolais.

Ce dimanche 17 septembre, ce marché a été incendié, RFI rapporte que le lieu est quasiment détruit.

Un jour à Abobo

Abobo est une commune d’Abidjan. Perçue comme la plus dangereuse et pauvre. Pour autant, je m’y sentais bien.

Mon été à Abidjan était à Abobo, au quartier Plateau Dokui. Pas trop d’insécurité, contrairement au coin de la gare où, les microbes font parfois des opérations coup de poing avec des machettes.

Routes un peu rocailleuses. Les apprentis à la recherche de passagers criant « Adjamé Liberté » ou « la gare ». Ekolo oyo de Fally Ipupa en boucle : le Plateau Dokui est toujours animé.

Souriant, accueillant et charmant. Bien qu’une montagne de déchets y ont posé leur valise.

Mon dernier séjour en Côte d’Ivoire remonte à 2012. Abidjan a émergé. Par contre, Abobo est toujours dépourvue de bonnes routes. Chose essentielle.

Voici les trois grands changements que j’ai constaté :

  • d’énormes embouteillages
  • le pont Henri Konan Bédié
  • les vendeuses à la sauvette de poissons au marché d’Abobo

Le poisson, force de vente du marché abobolais

Le marché abobolais, de temps en temps j’y fesais un tour. Pour saluer, faire des achats et le contempler. C’est pas cher. On trouve tout. Impressionnant. Le poisson se vend comme de l’attiéké là-bas. Des vendeuses à la sauvette s’installent sur la route réservée aux voitures pour vendre toutes sortes de poissons. À des prix défiants toutes concurrences.

Le poisson sort du carton, le poisson de mer est inaccessible vu son tarif. Enfants, adolescents, adultes : le poisson est la force de vente du marché. Cependant, ces vendeuses commettent deux infractions. Elles vendent sans autorisation. Elles ne payent pas leur droit à la mairie. Puis, elles vendent sur la route. Or, la mairie a construit une route pour les voitures.

Chaque jour, un agent de la mairie vient et essaie tant bien que mal de chasser ces vendeuses. Travail inutile. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent. À vrai dire, c’est la routine. Un jeu. Armé d’un martinet, chapeau de cow boy, d’une allure dynamique il poursuit les vendeuses. Celles qu’il attrape se voient confisquées leur marchandise jusqu’au soir – avec une amande à la clé.

La guerre voiture/ vendeuse

Les vendeuses à la sauvette savent pertinemment qu’une voie pour les voitures existent au marché. Rien n’y fait. Chaque jour que Dieu fait, cette voie est inondée de vendeuses et de marchandises au sol. Dès qu’une voiture passe à vive allure, les jeunes filles crient « la mort ». Comme un message, pour prévenir du potentiel danger. Un jour, alors que j’attends mon plat cul de dindon, alloco et attiéké (un pur bonheur) une scène inouïe se présente sous mes yeux.

Une femme et un homme se battent. Des coups, des hurlements : un vrai palabre. L’objet de la discorde : les voitures et les vendeuses ne peuvent cohabiter ensemble. La vendeuse l’a bien fait comprendre au conducteur. La voiture est bloquée à cause des marchandises. À multiples reprises, il demande à la dame de pousser ses affaires. Elle refuse. Il descend, elle s’apprête. La bagarre. Heureusement, le marché c’est aussi des bons moments.


Voyage en Côte d’Ivoire : Zo Kalanga le photographe amateur (2/3)

Zo Kalanga est un photographe ivoirien. Amateur, mais très professionnel ses photos racontent la jeunesse ivoirienne.

Zo Kalanga un autodidacte de la photo

Pas besoin de dévoiler son identité. Zo Kalanga, son nom d’artiste lui suffit. Jeune photographe de 22 ans, passionné et doué, nous avons pu nous rencontrer dans un studio qui lui fait office de bureau, à Marcory. Cahier en main, il répond à mes questions. Avant l’interview, je lui dévoile mon admiration pour ses photos. Elles m’ont envoûté, d’où le souhait de le rencontrer.

Une vendeuse de banane à Abidjan. Crédit photo Zo Kalanga. Avec son aimable autorisation

Alors, qui est-il ?

  • Zo Kalanga  : Jeune mais ambitieux. Une licence pro en graphisme, mais c’est la photographie qui le passionne plus. Il aime les choses bizarres et mystiques. Une référence au chiffre 667 qui accompagne également son nom d’artiste. 667 suit le chiffre 666 connu pour être celui de Satan. (Satan tu es vaincu !)
  • Son nom d’artiste : Zo Kalanga me fait penser à des musiques de coupé décalé. Telle a été ma réaction lorsque je suis allée pour la première fois sur sa page Facebook. Kalanga vient du bantue, langue parlée dans plusieurs pays d’Afrique centrale. En bantue, on pourrait le définir comme quelque chose qui fait trembler. Il a alors associé kalanga avec le mot zo qui signifie beau ou belle en nouchi ivoirien. Zo s’est popularisé en Côte d’Ivoire grâce à la chanson « I pe pa » de Serge Beynaud et TNT. Une création authentique pour un nom authentique. Un nom hors du commun et totalement africain. Tout ce qu’il aime.
  • Son concept : « Montrer la jeunesse ivoirienne à travers ses photos » dit Zo Kalanga. Voilà pourquoi il a photographié Noëlla Tanoh. Noëlla Tanoh a fait une sex-tape en 2016. Buzz national, la vidéo a été vue des millions de fois sur la toile et même mise en vente sur le marché. Ce qui se passe dans ses photos n’est pas inventé.

L’Arafat de la photo

Il est photographe amateur, mais son souhait est qu’elles plaisent aux photographes professionnels : « Je veux être le Arafat de la photographie ivoirienne », confie Zo Kalanga.

Il n’a pas de studio photo à proprement parler, mais sa créativité paie. Après tout, l’art c’est ça. Actuellement, il distingue tout de même deux types de photos à valeur différente. La photo commerciale et la photo symbolique.

La photo commerciale, parfois faite rapidement : c’est ça qui lui permet de réaliser encore des photos. Ce genre de photo lui permet d’acheter du matériel et pouvoir faire de meilleurs photos. Elles sont faites en *chap chap pour lui. Plusieurs photos sont réalisées en un coup d’oeil. Cela ne lui ressemble pas.

Travailler en chap chap n’est pas son but, mais un mal nécessaire pour faire de la qualité. A contrario, les photos symboliques, c’est ce qu’il aime. Zo Kalanga arrêtera les photos commerciales quand il aura suffisamment d’argent pour pouvoir faire uniquement des photos symboliques.

Une photo symbolique de Zo Kalanga. Crédit photo Zo Kalanga. Avec son aimable autorisation

Une vieille corde à linge appartenant à sa mère, une bouteille d’alcool, un jeu de couleur et de l’inspiration.

*chap-chap : vite ou rapide en nouchi ivoirien


Voyage en Côte d’Ivoire : la montagne Sion (3/3)

La montagne de Sion est un élément naturel ivoirien. Nouvelle Jérusalem ou simple richesse de la nature, les zions attendent le rassemblement final sur cette terre.

La Côte d’Ivoire serait la terre promise de l’humanité. Les zionais le revendiquent. Chrétiens, mais appartenant à la communauté zion, ils vivent à la montagne de Sion à Kiriao, village communal de Facobly.

 

Une discussion dans les rues abobolaises avec une connaissance au sujet de la montagne de Sion m’a intrigué. J’ai rencontré un adepte de cette doctrine, Jean Rodrigo Kouamé Kouakou.

Jean Rodrigo Kouamé Kouakou est chrétien, mais davantage zion. Avant de devenir religieux, il était DJ à Yopougon, commune d’Abidjan où maquis et boîtes de nuit accompagnent les rues.

Aujourd’hui, il a abandonné tout cela. Il dévoue exclusivement sa vie à Dieu. Une rencontre a bouleversé sa vie. Elle a métamorphosé son existence. Un homme lui a indiqué le chemin vers Dieu. Ses yeux se sont alors dédja* comme il le dit si bien. « Avant, j’étais DJ à la rue princesse à Yopougon. Maintenant, je suis le dj du Saint-Esprit », dit-il.

La montagne de Sion ou le rassemblement pour tous

Autour d’un verre de coca, Jean Rodrigo me raconte son parcours religieux. Il vient tout juste d’arriver à Abidjan. Après un long séjour d’un an et deux mois à la montagne de Sion, il retrouve enfin la civilisation.

Une impression me fait croire qu’il souhaite me zionniser. À la montagne de Sion, ils sont très peu. Une cinquantaine. Selon ses dires, cette montagne est la montagne de Jésus-Christ et Adam et Eve sont nés là-bas.
Les zionais attendent dans cette montagne une troisième personne pour accomplir la Trinité : le Saint-Esprit, qui doit venir sur cette montagne. Jean Rodrigo insiste sur cela. Voilà pourquoi Zion est la nouvelle Jérusalem. Pour autant, le monde ne le sait pas. Les chrétiens de Côte d’Ivoire ne veulent pas reconnaître Zion, car ils ne cherchent pas à connaître l’arbre de vie.

Le cannabis, essence de vie pour les zions

L’arbre de vie, c’est l’arbre de la connaissance. Dans cet arbre pousse du cannabis. Le cannabis est l’essence de vie des zions, puisqu’il est issu de la nature. Ils en consomment de façon quotidienne. Perplexe, je lui demande plus d’explications, car je trouve ça étonnant voire paradoxal pour un religieux. Plusieurs arguments fusent de sa bouche : « A la fin des temps les feuilles de l’arbre de vie serviront à la guérison des nations (Apocalypse 22). » « Il s’élevait de la fumée dans ses narines, et un feu dévorant sortait de sa bouche : il en jaillissait des charbons embrasés (2 Samuel 22). » Le cannabis serait évoqué dans la Bible et il aiderait face aux maux de la vie. Les zions n’y voient pas d’inconvénients.

Jean Rodrigo et les Zionais sont convaincus d’une chose : la montagne de Zion est la Nouvelle Jérusalem. Les prêcheurs de Zion vont dévoiler la lumière aux hommes.

Merci à Jean Rodrigo Kouamé Kouakou d’avoir répondu à toutes mes questions.

dédja : ouvert en nouchi ivoirien


Le syncrétisme ouest-africain : une religion hybride

Le syncrétisme ouest-africain s’accommode avec l’islam et le christianisme. Dans cette région, les musulmans ont tendance à faire affaire aux religions traditionnelles pour satisfaire leur désir.

Résistance des religions traditionnelles

Le syncrétisme n’est pas une exclusivité ouest-africaine. Il est aussi pratiqué en Amérique Latine ou en Asie. Moi, je suis de confession musulmane. Quelque chose me chagrine chez « l’islam ouest-africain ». Si on peut l’appeler comme ça. C’est son syncrétisme. Cet islam ajusté, adapté, remodelé. Cet islam fusionné avec d’autres croyances. Un culte animiste y est mêlé. Des visites chez la jeteuse de cauris, une demande d’aide chez le marabout, des talismans autour de la taille comme les lutteurs sénégalais, ceci est banal. Trop banal. Le mimétisme et les habitudes culturelles en sont les raisons. Le syncrétisme religieux est beaucoup pratiqué au Mali, au Bénin, ou encore au Sénégal.

Cependant, en consultant le monde de l’invisible, l’un des principes fondamentaux de l’islam est transgressé : croire en un Dieu unique, et sans associé.

En effet, Allah est clair : il est interdit de croire et de consulter les devins, astrologues et sorciers.

Va essayer de dire à ta tantie d’arrêter de consulter son marabout adoré, car c’est interdit dans l’islam … elle va te regarder d’une manière en rétorquant : tu connais mieux l’islam que moi ?

Bref, je me suis fait une raison. Salam. Chacun ses problèmes.

Un paysage en Afrique. Crédit photo Emmanuel Awohouedji/Iwaria

 

Puis, j’ai réfléchi quelques instants.

Avant que l’islam apparaisse en Afrique de l’Ouest, il y avait trois empires : les empires du Ghana, du Mali et Songhaï. L’animisme était la croyance la plus importante. Dès l’instant où l’islamisation s’est propagé par les Almoravides, les animistes ont embrassé l’islam par force. Ce syncrétisme tire probablement ses sources par cette histoire.

Pour satisfaire leur désir, obtenir des solutions rapidement les devins sont consultés. L’essence du musulman est la patience. L’homme n’aime pas attendre trop longtemps.

Tous les musulmans de l’ouest ne sont pas tous comme ça. Je traite dans ce billet un cas.


Crèmes éclaircissantes : claire contre mon gré

Le marché des crèmes éclaircissantes est très fructueux. Chez les femmes noires notamment. Du teint noir au teint clair, la métamorphose de l’épiderme tourne souvent à la catastrophe. J’ai été une victime de ces crèmes éclaircissantes.

De noir à métisse

Les crèmes éclaircissantes, j’ai toujours été contre. Les Carolight* et compagnie. Gâter sa peau pour tenter d’avoir un teint clair est une abomination. Ma mère a franchi ce cap. Son entourage aussi. Ces crèmes séduisent beaucoup de femmes. Malheureusement, je me suis dépigmenté la peau. Involontairement. Evidemment. C’était en 2016. Des problèmes de peau : boutons par là, tâches par ci. La peau noire est très sensible. Un bouton équivaut toujours à une tâche. Mon visage avait besoin d’un réel coup de pouce. Je cherchais donc une bonne crème pour unifier mon teint. Alors, je me suis dirigée vers une vendeuse Facebook. Photos à l’appuie, ses produits semblaient corrects. Aucun mauvais commentaires, une bonne communication, un service après vente parfait. L’excellente vendeuse.

J’achète la gamme caramel. Son rôle est d’ unifier et réparer le teint. Tandis que la gamme métisse éclaircit la peau. Un savon orange, une petite crème dont le packaging ressemble fort au Victago. La marche arrière est impossible. 60 euros la gamme, des commentaires qui vantent les mérites de ces produits,  je préfère essayer. Effectivement, mes tâches disparaissent. Mes boutons aussi.

Pied noir de femme noire
Crédit photo Medsile/Iwaria

Retour à la réalité

La phrase de ma mère : « Tu as mis du produit ! » Produit équivaut à crèmes éclaircissantes. Je répond que non. Qu’il s’agit d’une crème qui enlève les tâches. Je vais chez de la famille, là-bas, tout le monde me dit que j’ai éclairci. Même mon petit frère. Des questions traversent mon esprit.

Je me regarde dans la glace. Le constat est tel que mes mains sont plus foncées que mon visage. Or,  mes mains et mes pieds ont toujours été plus clairs que mon visage.

Une opération de taille se prépare : retrouver ma couleur d’origine. Ma mère crie sur moi. Sans cesse. Elle jette à la poubelle la gamme que j’ai acheté durant mon absence. Je surfe le web pour connaître les astuces afin de retrouver mon teint d’origine. A priori, la karité serait la solution. Tant mieux, j’en ai beaucoup à la maison. Deux semaines que je sors plus.

Trop honte. Trop claire. Trop fake. Je déteste ce teint. La karité est ma nouvelle meilleure amie. Matin et soir mon visage brille de karité. Deux semaines plus tard, je retrouve mon teint. Liberté !

Aujourd’hui je n’ai de yeux pour les produits coréens.

*Carolight : crème éclaircissante, Carolight est une référence


Oumou Sangaré plus forte avec Yere Faga

Oumou Sangaré est de retour avec son nouvel album Mogoya sortit ce 19 mai.Yere Faga, un des titres de son album expose une douleur.

Oumou Sangaré, femme à multiples casquettes

Femme forte, Oumou Sangaré, je te rend hommage à travers cet article. Diva mandingue, chanteuse, femme d’affaires, féministe : tu as tout pour toi. Tu es un exemple à suivre. Commencer enfant par vendre des bouteilles d’eau au marché. Puis, finir par faire des scènes internationales. Ma foi, quel destin ! Mon confrère Mondoblog Michouthe, dresse un portrait bien détaillé de la chanteuse malienne.

Oumou Sangaré a aucun défaut. Si ce n’est un. Ce défaut qui fait des ravages chez les femmes africaines. Principalement. Mais pas que. Ce défaut sévit aussi le continent asiatique. On le nomme l’éclaircissement de la peau. D’ailleurs, j’en parlais dans mon ancien blog Kany&Cie avant de faire désormais partie de la communauté Mondoblog :). Du teint couleur noire ébène au teint clair Oumou a mis tchatcho* ! Oh, que j’ai été déçue ! Elle qui prône les valeurs de la femme noire. Elle qui dit sans cesse que la femme africaine doit s’assumer … Quelle paradoxe ! Cependant, je te pardonne Oumou. J’ai en effet constaté que tu as arrêté les produits éclaircissants dans ton dernier clip Yere Faga.

 

Yere Faga, une chanson pleine d’espoir

Souvent on dit que la piraterie tue l’artiste. Les rumeurs peuvent-elles aussi tuer l’artiste ?

Yere Faga, ma chanson coup de cœur l’évoque en autres. Yere Faga signifie se tuer en bambara. On pourrait le traduire en bon français par se suicider. Dans cette chanson, Oumou Sangaré explique que face aux aléas de la vie, la mort n’est pas la solution. Le suicide ne guérit pas face aux maux. Le suicide n’est pas la clé face aux souffrances que nous infligent les autres. Après huit années d’absence, la star malienne  semble revenir plus forte, en traitant les relations humaines. D’où le nom de son album Mogoya qui signifie les relations humaines.

Un couplet a retenu toute mon attention dans cette chanson. J’ai essayé de le traduire du bambara au français pour que vous compreniez :

L’avez-vous vu ? Je ne me suis pas suicidée !

Vous l’avez pas entendu ? Je ne me suis jamais tuée !

Ils ont raconté toutes choses négatives à mon sujet mais, je ne me suis pas suicidée.

Ils ont dit que je prenais de la drogue. Des mensonges me concernant, mais Oumou ne s’est pas tuée.

Ils ont dit que j’ai tourné dans du porno. Mais me suis-je suicidée ?

Ils ont raconté toutes choses négatives à mon sujet, mais je ne me suis pas tuée.

Ce couplet m’a interpellé. Effectivement, la rumeur disant qu’Oumou Sangaré aurait tournée dans un film porno était malheureusement l’une des discussions de ma mère et ses copines lorsque j’étais au collège. Cette rumeur était d’une grande ampleur, comme l’évoque Libération en 2014 :

En 2004, le «scandale Oumou Sangaré», au sujet d’un film porno dans lequel la chanteuse aurait joué, a même fait les titres des journaux locaux, en dépit de la ressemblance fantaisiste entre l’actrice et la chanteuse. Les mauvaises langues (voire les intégristes religieux, selon des rumeurs) qui ont lancé le ragot, lui reprochaient d’avoir utilisé l’argent du tournage pour s’offrir l’hôtel Wassoulou, sur la route de l’aéroport de Bamako.

Malgré les épreuves de la vie, il faut être fort. Tel est le message d’ Oumou Sangaré à travers cette chanson.

  • tchatcho : crème éclairssisante