Jeff Amann

Ces ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien

Cocody, Riviera-Palmeraie, une fois encore ! Tous les matins des jours ouvrés, ils franchissent en silence, les uns après les autres, le portail de Sainte Philomène. Le regard tourné vers l’avenir, ces enfants, élèves ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien, ont saisi la main tendue du Centre d’accueil. Il leur offre l’unique occasion de s’instruire pour un futur plus radieux et certainement plus visible, l’unique occasion de se faire les armes et se forger une âme. Voici le récit d’une aventure sous fond d’altruisme doublé d’un engagement citoyen, pour la formation scolaire de ces enfants que le système ivoirien a laissé sur le bas-côté de la route de l’éducation, dans les rues du quartier  »Les Rosiers ».

Ils sont environs 150 enfants à presser le pas tous les matins pour rejoindre les salles chaudes de classe, où attendent patiemment maîtres et maîtresses dévoués. Ces enfants de familles en difficulté, se voient frappés par la problématique de la cherté de la scolarité due l’insuffisance de l’offre d’éducation. Un problème plus accru dans les quartiers résidentiels d’Abidjan, quand bien même que la situation soit d’ordre national, en milieu urbain comme rural.

A lire aussi : Découverte d’une école atypique au cœur d’un quartier résidentiel abidjanais

D’après l’agence onusienne pour l’enfance, Uncief Côte d’Ivoire« en Côte d’Ivoire, le droit à l’éducation de base pour une frange importante des enfants n’est pas encore assuré. Près d’un enfant âgé de 6 à 11 ans sur deux ne va pas à l’école, avec un décalage entre les garçons et les filles (59% contre 51%), et un écart plus prononcé entre le milieu urbain et le milieu rural (66% contre 48%).

Le faible niveau de scolarisation est essentiellement attribuable à l’insuffisance de l’offre d’éducation : insuffisance de maîtres et d’établissements scolaires. »

Cocody, Riviera-Palmeraie, une fois encore ! Tous les matins des jours ouvrés, ils franchissent en silence, les uns après les autres, le portail de Sainte Philomène. Le regard tourné vers l’avenir, ces enfants, élèves ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien, ont saisi la main tendu du Centre d’accueil.
Des élèves ‘‘invisibles’’ en séance de jeu dans la cours du Centre d’accueil Ste Philomène – Jeff Amann / Libre Tribune

 

D’une balançoire à un centre d’accueil pour les ‘‘invisibles’’

Nous sommes en 2011, au lendemain de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire. Monsieur Koffi passe ses journées dans la cour de son domicile. Assis dans ou près de sa balançoire, il voyage tranquillement à travers les lignes des livres qu’il dévore au quotidien. Un après-midi, alors que l’ex fonctionnaire à la retraite sacrifiait au rituel de la lecture, des enfants viennent le tirer de son palpitant voyage.

« Tonton, on veut jouer à la balançoire ».

« Allez-y ! », leur avait-il lancé promptement, sans autre forme de procès. Il lui tardait de replonger dans sa lecture et poursuivre son odyssée intellectuelle.

Le feu vert obtenu, la balançoire en question est devenue le terrain de jeu favori de ces enfants en haillon. C’est à peine s’ils quittaient le domicile des Koffi. Normal, dirait quiconque ! En ce lieu, ils bénéficiaient de la charité de la famille qui partageait avec eux son repas jusqu’au jour du déclic.

« Pourquoi n’êtes-vous pas allés en cours alors que vos camarades d’école y sont ? », interroge Madame Koffi.

Les réponses fusent : « On ne nous a pas inscrit à l’école » ; « Nos parents n’en ont pas les moyens » ; « L’école est chère » ; etc. Comme des membres d’un chœur en déphasage, les enfants chantent dans des gammes différentes, le refrain d’une même chanson: les maux de l’école ivoirienne.

Dès cet instant, dame Koffi Anastasie décide de créer les conditions d’accès à l’éducation et à la formation pour ces ‘‘invisibles’’. Ces enfants dont les parents en quête de sécurité en pleine crise post-électorale, ont quitté la commune d’Abobo ou ailleurs pour trouver refuge dans des baraques à la Riviera-Palmeraie, quartier résidentiel de la grande commune de Cocody. Là où régnait un calme relatif, avec des possibilités de petits boulots pour le gîte, le couvert et la pitance.

Dévouement et rigueur pédagogique

Sage-femme de formation, Koffi Anastasie initie des séances d’enseignement au bénéfice des enfants à ses heures perdues. Elle aménage un coin de sa maison à cette fin, avec l’accord se son mari qui est plus qu’enchanté de voir son épouse se dévouer aux enfants. Mieux, il l’accompagne autant que faire se peut dans cette œuvre altruiste visant à offrir les armes nécessaires à des mômes pour affronter la vie dans leur croissance.

D’un effectif à un chiffre, très vite le nombre des enfants est passé à deux chiffres, puis à trois. Comme une traînée de poudre, le bouche à oreille s’était en effet chargé de colporter la bonne nouvelle aux parents qui ont saisi illico cette aubaine. Eux qui ne savaient à quel saint se vouer, Sainte Philomène est venue jusqu’à eux de façon inattendue. Un petit miracle !

Ces parents, pour la plupart des employés de maison, ne voient aucun inconvénient à participer financièrement à la formation de leurs enfants. Une modique somme de 1000 francs CFA est arrêtée par enfant chaque mois. Aujourd’hui, on parle de 30 000 francs CFA par enfant et par année (difficilement soldée ou pas). Avec le cumul de ces contributions, le couple Koffi organise, planifie et structure leur action. Leurs différents comptes en banque viennent en appui au besoin. Ils recrutent des enseignants et non des moindres.

Monsieur Akoty, titulaire d’un Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) est la caution morale en matière de pédagogie au Centre d’accueil Sainte Philomène. Il partage son expérience d’enseignant chevronné avec ses collègues, tous des diplômés de divers domaines de l’enseignement supérieur.
Un enseignant du Centre d’accueil, remplissant des documents d’ordre pédagogique – Jeff Amann / Libre Tribune

 

Monsieur Akoty, titulaire d’un Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) est la caution morale en matière de pédagogie au Centre d’accueil Sainte Philomène. Il partage son expérience d’enseignant chevronné avec ses collègues, tous des diplômés de divers domaines de l’enseignement supérieur. Il est aidé dans cette tâche par Madame Kouassi Blandine, éducatrice préscolaire, formée par l’Institut National de Formation Sociale (INFS) de Côte d’Ivoire.

A sept, ils tiennent les six classes que compte l’œuvre à ce jour, avec un effectif total de 150 enfants entre la maternelle et le cours moyen 2e année (CM2). A leur côté, Béhira Bénédicte, responsable projets du Centre d’accueil, planifie le développement de l’activité, sous la supervision de la fondatrice. Celle dont le dévouement à la cause sociale et communautaire a conduite au Programme National de Nutrition, au service du Développement intégré du jeune enfant. ‘‘L’abandon’’ de l’aventure par monsieur Koffi, qui entre temps est passé de vie à trépas, n’a pas découragé l’entrepreneuse sociale. Bien au contraire !

Décuplement de l’œuvre et optimisation de l’existant

Sept années d’entreprenariat social, sept années d’engagement et de gestion austère pour sortir de terre un bâtiment de six salles de classe. Un bâtiment en dur sur un terrain de 600 mètres carrés ceinturé par une clôture du même matériau, assortie d’un portail pour la protection des enfants et du personnel enseignant. Cet exploit a été réussi progressivement à partir de 2013, après l’acquisition du terrain en question. Mais le développement continue, avec une vision post-formation plus large : l’insertion des enfants.

« Nous ambitionnons à long terme de créer une annexe, un centre spécialisé pour la formation des enfants de plus de 16 ans et de les accompagner dans leur insertion dans le tissu social. Ils sont nombreux, certains n’ont même pas d’extrait de naissance. Les filles sont confrontées à des mariages forcés ou n’ont pas les moyens de continuer après l’obtention du CEP (Certificat d’étude primaire). C’est triste, et il faut les aider ! Mais pour l’heure, notre priorité, c’est l’acquisition d’une bibliothèque ainsi que l’aménagement et l’équipement de la salle informatique », explique la responsable projets, Béhira Bénédicte.

Cocody, Riviera-Palmeraie, une fois encore ! Tous les matins des jours ouvrés, ils franchissent en silence, les uns après les autres, le portail de Sainte Philomène. Le regard tourné vers l’avenir, ces enfants, élèves ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien, ont saisi la main tendu du Centre d’accueil.
Le personnel d’encadrement du Centre d’accueil Ste Philomène – Jeff Amann / Libre Tribune

 

Si la jeune étudiante en Finance Management se projette plus loin dans l’avenir, les attentes de Monsieur Akoty qui fait également office de directeur et de Kouadio Ange, assistante à la maternelle, sont plus pressantes.

« Si nous devons attendre la petite contribution des parents pour achever les travaux de construction, ce n’est pas demain le bout du tunnel. Il nous faut faire le plafond pour juguler la chaleur. Nous avons besoin de tableaux à casier, de bureaux, de matériel de bureau et de manuels d’enseignement », énumère-t-il avant de laisser la parole sa collègue, titulaire d’un Responsable de la cantine.

« Tout appui au niveau de la cantine sera le bienvenue. Les parents des enfants contribuent à hauteur de 200 francs CFA pour que nous puissions leur offrir le déjeuner. Mais voyez-vous, avec la cherté des denrées alimentaires, c’est difficile. Certains n’arrivent pas à payer la somme demandée, n’empêche que nous partageons le peu avec eux pour qu’ils n’aient pas le ventre creux », plaide Kouadio Ange.

Toutefois, dame Koffi Anastasie n’a pas attendu de satisfaire ces conditions parfaites pour se lancer dans le décuplement de l’œuvre sociale qu’elle a commencé à Abidjan. Trois autres centres d’accueil communautaire de l’enfance (CACE) ont été créés par ses soins, dans les villes de Tiassalé située dans la région de l’Agnéby-Tiassa, au nord d’Abidjan, la capitale économique du pays ;  Sakassou et Bouaké, toutes les deux situées dans la région du Gbêkê, au centre de la Côte d’Ivoire.

L’objectif premier de ces centres est le même, la formation scolaire des enfants que le système ivoirien a laissé sur le bord de la route de l’éducation. Autrement dit, les ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien ! Objectif sous-jacent, soulager des parents d’élèves en proie à la pauvreté et contribuer à faire de l’école obligatoire, une réalité concrète. Ce centre mérite toute l’attention et par ricochet tous les CACE !

En Côte d’Ivoire le taux de pauvreté est estimé 47% selon une étude conjointe de l’Agence française de développement (AFD) et de l’École nationale supérieure de statistique et d’économie appliquée (ENSEA), publiée en décembre 2017.

A lire aussi : École obligatoire, une décision en faveur des enfants ivoiriens 

Pour terminer, notons que le budget de l’éducation en Côte d’Ivoire s’élève à 814 milliards de francs CFA (2017) dont seulement 6% est réservé aux investissements ; les salaires engouffrant presque tout le reste. Le gouvernement ivoirien déclare avoir construit 19 120 salles de classe et recruté 40 000 enseignants de 2011 à 2016 ; soit en cinq ans. Des chiffres à première vue importants, mais qui représentent une goutte d’eau dans la mer, face à la réalité abyssale des besoins en infrastructure du système éducatif ivoirien.

Cocody, Riviera-Palmeraie, une fois encore ! Tous les matins des jours ouvrés, ils franchissent en silence, les uns après les autres, le portail de Sainte Philomène. Le regard tourné vers l’avenir, ces enfants, élèves ‘‘invisibles’’ du système éducatif ivoirien, ont saisi la main tendu du Centre d’accueil.
Les enfants de la maternelle en repos sur des nattes. La salle manque de chaises – Jeff Amann / Libre Tribune


Ce billet qui m’a permis de rejoindre Mondoblog

‘‘Bonjour à toutes et à tous,

Après avoir lu et relu l’ensemble des 630 candidatures reçues cette année, l’équipe de l’Atelier des médias souhaite vous féliciter :

Vous avez été sélectionné(e) pour intégrer Mondoblog ! Bravo !’’

Vous l’aurez compris, tel est l’en-tête du message reçu par voie électronique le 27 avril 2017 de l’équipe et qui annonçait mon intégration à la grande famille Mondoblog. Un article en était à l’origine. Je vous le publie à l’occasion de la date anniversaire et en souvenir des choses que nous avons accomplies à partir de cet article de blog.

A propos, ce même billet a permis de créer une campagne de financement participatif après sa publication sur la page Facebook de Enfants d’Afrique et initié le ‘Projet d’aide à l’éducation des enfants des familles défavorisées de la Riviera palmeraie – Epp bananikro’.

Grâce à cette initiative, des dons de personnes individuelles et d’organisations non gouvernementales ont permis d’offrir une fête de fin d’année, des kits scolaires, des chaises et des produits d’entretien à plus de 160 élèves de Epp Bananikro.

Aujourd’hui encore, cette école est presqu’un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui s’intéressent à la question de l’éducation et à la cause communautaire. Une petite fierté pour nous. Bref, lisez le reportage !

 

Côte d’Ivoire : découverte d’une école atypique au cœur d’un quartier résidentiel abidjanais

Abidjan, capitale ivoirienne, le quartier appelé Riviera palmeraie. A quelques encablures du carrefour Maci Canada de la célèbre rue Ministre, une cloche retentit. La minute d’après, des cris perçants d’enfants fendent le silence assourdissant et font disparaître instantanément le calme habituel de cette ruelle paisible.

D’où proviennent ces cris d’enfants dans ce quartier presque désert en ce jour ouvré ? L’interrogation est totale, la curiosité papable, le regard hasardeux, inquisiteur !

Un premier indice. Le drapeau tricolore, l’emblème de la Côte d’Ivoire, orange-blanc-vert, hissé sur un mât de bambou, flotte aux quatre vents, rivalisant d’ardeur avec les feuilles de manguiers et bananiers qui voltigent également à vive allure.

A mesure qu’on s’en approche, la clameur se fait de plus en plus précise. Tout d’un coup, un autre cri. Cette fois, d’un autre timbre : grave et menaçant, une interpellation !

« Monsieur Koré. Monsieur Koré. Rétablissez de l’ordre parmi les enfants et faites les entrer en classe !», martèle une voix.
Nul doute, c’est une école. Le mot classe, un deuxième indice on ne peut plus clair, sonne le glas du mystère, mais ne dissipe pas pour la curiosité. Au contraire, il l’aiguise davantage. L’intrigue demeure entière. Il faut franchir la porte pour assouvir ce désir brulant et tenace. Plus qu’un pas. Ça y est, c’est fait.

 

Derrière la porte crise solidement ancrée dans un amas de briques noirâtres qui fait office de mur et de clôture, le tableau est éloquent. Les
Unique porte d’entrée er de sortie de Epp Bananikro / Jeff Amann – Enfants d’Afrique

 

Derrière la porte crise solidement ancrée dans un amas de briques noirâtres qui fait office de mur et de clôture, le tableau est éloquent. Les élèves, reconnaissables à leurs tenues couleur kaki pour les garçons et bleu-blanc carrelée pour les filles, tournent leurs regards vers l’unique entrée et sortie de l’enceinte. Le mouvement est synchronisé, l’image saisissante ; unique ! Les adultes ne sont pas en reste. Mais ils s’empressent de regagner les baraques qui leur servent de salles de classes. Ils ne peuvent se permettre d’ignorer l’injonction de Hamed Sidibé, le fondateur et directeur de l’école, mettant ainsi un terme à la récréation.

Dans cette cour d’école à valeur de basse-cour, coqs et poules se précipitent à leur tour dans l’arène à peine désertée par les enfants pour picorer activement les miettes de nourriture laissées par ceux-ci. D’autres, certainement plus timides, préfèrent remuer la terre humide sous les fleurs pour dénicher des insectes et s’en délecter à l’ombre des arbres au feuillage luxuriant. Cet ombrage profite également à Hamed Sidibé qui explique cette initiative bénévole depuis sa « tour de contrôle », un bureau de fortune en plein air.

A lire aussi : « Éducation en Côte d’Ivoire : Dr. Gnapia apporte son soutien à Epp Bananikro »

« J’ai démarré cette école par le bouche à oreille. C’est du bénévolat. J’ai demandé à une voisine de faire venir leurs enfants qui n’allaient pas à l’école pour que je les encadre, moyennant 1000 francs par enfant. Elle a adhéré à l’idée. Ils étaient deux. De bouche à oreille, la première année, 2011-2012, j’ai eu 20 enfants. 2013 -2014, j’ai avancé avec une cinquantaine d’enfants. Les années qui ont suivi, le nombre a encore augmenté et on est passé à 100 enfants. Cette année je suis à environ 160 enfants répartis dans quatre classes. La maternelle, à peu près 45 enfants ; le CP1 une soixantaine d’enfants ; le CP2, 32 enfants et le CE 20 enfants », détaille cet instituteur à la retraite qui s’est attaché les services de quatre enseignants, dont trois femmes et un homme. Des bénévoles à la base dépourvus de formation pédagogique, qui ne doivent leur qualification professionnelle actuelle qu’à la pratique et surtout au précieux coaching de leur premier responsable.

‟Le niveau de vie du quartier est préjudiciable aux familles défavoriséesˮ

Du haut de ses 65 ans d’âge et trente ans d’expérience dans l’enseignement au niveau primaire et secondaire, ce nigérien d’origine malienne vit en Côte d’Ivoire depuis dix-sept ans. Il s’est lancé de cette aventure pour aider ces enfants défavorisés qui n’ont pas accès à l’éducation en raison du standing du quartier qui les abrite.

« La Riviera palmeraie est un quartier résidentiel. Et à l’image de tous les autres quartiers huppés de la grande commune de Cocody, le niveau de vie est très élevé. C’est un quartier de boss comme on le dit. La quasi-totalité des écoles sont privées et coûtent extrêmement cher pour ces ouvriers, maçons, servantes ou ces femmes qui font à manger sur les chantiers en construction. Vous imaginez, 200.000 francs, 250.000 francs, voire 450.000 francs de frais de scolarité pour des personnes qui gagnent à peine 2000 francs par jour et qui vivent dans des baraques ! L’inscription au CP1 dans la seule école primaire publique (officiellement gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans) s’élève à 35.000 francs. Et là encore, les effectifs sont pléthoriques. Il est plafonné à 85 élèves au CP1. Même si vous avez les moyens pour inscrire votre enfant, il n’y a pas suffisamment de places pour les accueillir. Ce quartier permet à ces gens de survivre, certes, mais le niveau de vie leur est préjudiciable, en particulier par rapport à l’éducation de leurs enfants », se désole le sexagénaire.

Hamed Sidibé et Jeff Amann à son bureau / Charlène Kodia – Enfants d’Afrique

 

« Chez moi, c’est 3500 francs par enfant chaque mois, confie Hamed Sidibé, très excité et fier. Nous dispensons les mêmes enseignements, nous suivons le calendrier du système éducatif normal mais c’est 3500 francs par enfant chaque mois, avec possibilité d’échelonnement. Malgré cela, nombreux sont les parents qui éprouvent des difficultés à solder. Le peu d’argent collecté sert à motiver mes quatre collaborateurs et à créer des conditions de travail adéquates pour la bonne éducation des enfants. Tout ici a été fait sur fonds propres. Les salles de classe, les tables, les bancs… Je n’ai reçu aucune aide extérieure. Pourtant, ce ne sont pas les visites d’ONG et des structures religieuses qui manquent. Mais les promesses d’aide sont restées sans suite. Il en est de même pour les démarches entreprises auprès des organismes nationaux et internationaux, spécialisés dans les questions de l’enfant. Rien ! »

A lire aussi : « Droit et civisme : le Centre ESD instruit les enfants de Epp Bananikro »

Sportif à souhait, l’homme, qui a participé à quatre éditions du Marathon d’Abidjan sur une distance de dix kilomètres depuis sa présence sur le sol ivoirien, est un habitué des courses de fond, de l’endurance et du challenge. Résolu à mener à bien ce projet d’aide aux enfants des familles défavorisées de la Riviera palmeraie, il travaille à la reconnaissance de son école, Epp Bananier-kro (village de bananier), avec statut d’ONG sous le sigle S.A.A.P.E. (Structure d’accueil et d’appui à la promotion de l’éducation). Mais avant cette consécration tant attendue, Hamed Sidibé continue de donner satisfaction à ces nombreuses familles pour qui l’école représente l’unique espoir de sortir de l’extrême pauvreté, en offrant à leurs enfants un ticket pour la vie.

 


Filière anacarde, main dans la main vers l’Interprofession

Les acteurs de la filière anacarde se sont réunis samedi à Yamoussoukro pour des travaux de mise en place d’une Organisation Interprofessionnelle,  à l’initiative de la Fédération nationale des producteurs d’anacarde de Côte d’Ivoire (FENAPACI).

Organiser la filière anacarde pour mieux faire face aux problèmes que rencontre la chaîne de valeurs, tel est le principal objectif qui a motivé les travaux de réflexion des producteurs, acheteurs, exportateurs et transformateurs de la noix de cajou, ce samedi 21 avril 2018 à l’Hôtel Président de Yamoussoukro. Le tout, sous la supervision du président de la chambre des huissiers de Côte d’Ivoire, Cissé Yao.

Après la libation qui  consacrait cette conférence aux mannes des ancêtres pour la bonne marche l’Organisation Interprofessionnelle en gestation, producteurs, acheteurs, exportateurs et transformateurs se sont succédé au pupitre de la salle Cinéma du prestigieux hôtel, pour un bref état des lieux de chaque corporation. Sans équivoque, ils ont chacun égrené les maux qui fragilisent la filière cajou.

Entre autres, la mévente des noix de cajou, le dysfonctionnement des coopératives et des unions, la fuite des produits vers les pays limitrophes, la qualité des noix de cajou, le manque de financement et la fluctuation du prix pratiqué (faible à la base). Tous, pour terminer leurs propos liminaires, ont de façon unanime crié l’urgente nécessité de la création d’une supra organisation entre acteurs de la filière anacarde : l’Interprofession  de cajou de Côte d’Ivoire (ICCI). La voix de Bamba Adama, Président de la FENAPACI, se voulant plus audible quant à la vision et la contextualisation de la démarche.

« Nous allons, non seulement dans le sens du développement de la filière, mais aussi protéger les intérêts des uns et des autres. Parce que nous avons plusieurs familles. L’intérêt du producteur est certes différent de celui de l’exportateur, mais si nous nous mettons ensemble, nous pouvons converger à un intérêt commun. Ainsi, on évitera de se marcher sur les pieds. La filière anacarde étant une chaîne de valeurs, quand un maillon est faible, c’est toute la chaîne qui risque de se casser. Donc nous voulons aider l’État à sécuriser la filière pour que cette chaîne de valeurs soit bénéfique à tous », a déclaré le leader de ce projet de mise en place de l’Interprofession. Il s’est par ailleurs réjouit de l’adoption par acclamation des textes de la futur organisation par l’ensemble des collèges d’acteurs.

Même son de cloche du côté des exportateurs qui adhèrent pleinement à l’idée. En témoignent, les mots de l’un des leurs. Koffi Yao Appiah, Directeur général de Zanzan Commodity Côte d’Ivoire, exportateur de noix de cajou, approuve « l’initiative de cette conférence pour réfléchir à une possibilité de mise en place de l’Association interprofessionnelle tant souhaitée par les acteurs de la filière anacarde ».

Cet ancien président de l’Association des exportateurs de cajou de Côte d’Ivoire (AECI) a tout comme ces prédécesseurs, déploré la fuite des produits vers les pays voisins tels que le Ghana et le Burkina Faso ; « un manque à gagner certain pour l’exportateur et pour l’économie ivoirienne ».

A lire : Anacarde, la campagne 2018 de commercialisation s’ouvre le 15 février en Côte d’Ivoire

Mais ce fléau (concurrence déloyale)  vieux « d’une dizaine d’années » ne trouvera une solution définitive que par « une concertation générale de tous les acteurs. Le politique et les opérateurs. C’est l’une des raisons majeures qui motivent la mise sur pied d’une organisation interprofessionnelle ». Le prix d’achats des noix de cajou pratiqué en Côte d’Ivoire n’en est pas moins.

Fixé à un plancher obligatoire de 500 FCFA le kilogramme à l’ouverture de la campagne en février 2018 « pour la noix de cajou bien séchée et bien triée, ne comportant aucune matière étrangère », le prix du produit se négocie aujourd’hui à 350 FCFA, voire 300 FCFA à en croire à Bamba Adama. Une situation qui occasionne le maintien en magasin de plusieurs stocks de produits par les producteurs. Dégradant ainsi et davantage, la qualité déjà piètre des noix de cajou du fait du changement climatique.

Premier producteur mondial de noix de cajou, la Côte d’Ivoire entend conserver sa position avec une production de 750.000 tonnes en 2018 contre 711.236 tonnes en 2017. D’où l’appel du Président FENAPACI à l’État ivoirien pour la mise en place effective de l’Interprofession  de cajou de Côte d’Ivoire. Car pour lui, c’est dans une synergie d’actions entre l’Etat, le Conseil Coton-Anacarde et l’Interprofession que l’on pourra consolider les acquis des quatre premières années de la réforme de la filière anacarde. En mettant l’accent sur la qualité et sur la mise en œuvre des mesures incitatives permettant l’augmentation du taux de transformation locale de ce produit agricole.

Notons pour terminer, que la Côte d’Ivoire et la Banque mondiale ont signé ce même samedi 21 avril 2018 à Washington, DC, trois accords de prêt de 295 millions de dollars (environ 157, 530 milliards de FCFA). L’un de ces accords est adressé au projet Promotion de la compétitivité de la chaîne des valeurs de l’anacarde (236, 11 millions USD) qui vise à améliorer la productivité et de la qualité, ainsi qu’à soutenir la transformation locale.

Bon timing des initiateurs de l’Interprofession ou hasard de calendrier ?

A lire : La Côte d’Ivoire et la Banque mondiale signent trois accords de prêt de 157, 530 milliards de FCFA portant sur l’anacarde l’érosion côtière et le foncier rural

 


Popo carnaval en images, vous allez en avoir plein la vue !

La 38ème édition du Popo carnaval 2018 s’est tenue du 2 au 15 avril 2018 à Bonoua, ville située à 50 km à l’est d’Abidjan, dans la région du sud Comoé en Côte d’Ivoire.

Le Popo carnaval est un événement culturel célébré chaque année dans la Cité de l’ananas. Cette manifestation vient des changements que les jeunes Abourés de Bonoua ont apporté successivement à la fête annuelle des ignames. De 1946 à 1970, les différentes innovations apportées à l’événement traditionnel et d’un caractère très sacré (Popo signifiant masque en langue Abouré) ont fait évoluer le Popo en une manifestation moderne aux allures de carnaval.

A lire : Bonoua ou la cité de l’Ananas

Depuis, le Popo  carnaval de Bonoua, ce sont des expositions-ventes, des animations publiques, des danses et costumes traditionnels, des jeux traditionnels, des prestations artistiques, un défilé carnavalesque, des concours de beauté et culinaire. Le tout en deux semaines d’activités, de joie et partage.

La grande attraction est le défilé carnavalesque qui a lieu à la veille de la fermeture des portes du Carnaval, en présence des autorités coutumières, étatiques et diplomatiques. Les populations et touristes viennent nombreux également pour assister à la célébration de la richesse culturelle du peuple Abouré.

Libre Tribune est allé découvrir cette 38e édition du Popo carnaval de Bonoua. Quelques images amateurs pour vous en mettre plein la vue !

Les officiels

Les autorités traditionnelles.  En pays Abouré et chez les Akan en général, elles sont reconnaissables par leurs tenues et apparats : grand pagne, couronne, chaussures et colliers en ornés or qui font partie des attributs des rois et chefs coutumiers / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Autorités traditionnelles en compagnie d’une touriste / Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

Les autorités traditionnelles sont constituées des rois, chefs, notables, etc. Elles se distinguent par leurs tenues. Plus elles sont en haut de l’échelle hiérarchique, plus les tenues et apparats sont voyants. Ce sont des signes de richesse et de pouvoir. / Jeff Amann – Libre Tribune

 

La Miss Popo et ses dauphines, aux côtés des plus beaux hommes désignés à l’issue du concours Êbê (Bel homme) / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Le député de Bonoua Miessan Daniel dit « Daniel Loto » (au milieu) et ses gardes de corps / Jeff Amann – Libre Tribune

 

L’artiste-humoriste Gohou Michel, ambassadeur du Popo Carnaval / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Membres du comité d’organisation  / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danses et prestations diverses

 

Tambours : le tam-tam parleur (prange, blanc et vert), le Fakouê accompagné de l’Ebricoutché ou petit tam-tam en Abouré / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Le Fakouê sort uniquement lors des cérémonies solennelles et jamais sans le tam-tam parleur / Jeff Amann – Libre Tribune

 

L’Attougblan, tambour membranophone, constitué d’une partie « mâle » pour les tons bas et d’une partie « femelle » pour les tons hauts, au milieu desquelles se place l’instrumentiste, le mâle étant à sa gauche. C’est le cadet du tam-tam parleur  / Jeff Amann – Libre Tribune

 

L’Attougblan dans toute sa splendeur / Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

L’Attougblan joué par l’une des danseuses, une femme. Ce qui serait un sacrilège dans le cas du tam-tam parleur, et pire, du Fakouê / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danseuse de l’Attougblan / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danseurs de l’Attougblan / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danseuses et public amusés face à un comique danseur de l’Attougblan / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les danseuses de l’Attougblan et leurs lunettes extravagantes pour marquer l’année de la 38ème édition du Popo carnaval / Jeff Amann – Libre Tribune

 

La danse Môgnin. Elle consiste à se réunir entre femmes et à battre des baguettes faites de bambou de Chine, tout en chantant et dansant. C’est un moment de réjouissance et de divertissement / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les hommes qui savent danser peuvent se laisser entrainer par les belles voix de femmes lors de la danse Môgnin / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Un homme et une femme en compétition / Jeff Amann – Libre Tribune

 

L’orchestre soixantenaire, Caméléon /Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danseurs et danseuses au son de l’orchestre soixantenaire, Caméléon / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Danseurs et danseuses au son de l’orchestre soixantenaire, Caméléon / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Défilé géant

Les majorettes / Jeff Amann – Libre Tribune
© Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

Les majorettes dans une nouvelle tenue / Jeff Amann – Libre Tribun
© Jeff Amann – Libre Tribune
Les filles aux couleurs jaune et vert de Bonoua / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les filles aux couleurs jaune et vert de Bonoua / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Un homme déguisé en jeune fille / Jeff Amann – Libre Tribune

 

  L’homme déguisé en jeune fille vue de dos / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les adolescents aptes à intégrer une nouvelle classe d’âge / Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

Les adolescentes au seuil de la puberté / Jeff Amann – Libre Tribune

 

La Comien ou la féticheuse. C’est une voyante qui communique avec le monde des esprits et est souvent au service du Roi en pays Akan. Elle est la garante des rites spirituels de la cité. Elle soigne les malades grâce à sa connaissance poussée des plantes et de la nautre / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les guerriers de la génération Noudjou, la génération au pouvoir à Bounoua. La société Abouré est organisée en classe d’âges qui subissent différentes étapes de rites initiatiques par génération. Le pouvoir politique s’hérite par génération en pays Abouré / Jeff Amann – Libre Tribune

 

L’éclaireur de la génération Noudjou. Il veille spirituellement et déjoue les attaques du même ordre / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Le travail forcé, une scène théâtralisée pour évoquer l’époque de la colonisation / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les femmes mariées / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les nourrices en pays Abouré sont en général prises en charge par la familles. Elles sont nourries et pouponnées pour en faire des femme belles et attirantes pour leur mari  / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les nourrices vues de dos / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les veuves. Ces images (celle-ci et celle d’après) montrent comment le femme Abouré en situation de veuvage s’habille : foulard, corsage, pagne noué et quelques bijoux symboliques, sans fioritures / Jeff Amann – Libre Tribune
Les veuves / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les personnes âgées. Cette fresque des hommes et femmes qui reviennent des champs fait ressortir le caractère solide et travailleur du peuple Abouré / Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

 

Les personnes âgées / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Les motards. Bonoua est une ville située entre deux stations balnéaires, Bassam et Assinie. Les populations relativement riches s’offrent des motos et des quads pour mieux circuler sur les plages / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Le public

 

Une spectatrice masquée / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Une délégation du Djaka Festival, un évènement qui promeut des arts et de la culture des peuples Dida et Godié tous les ans au mois d’août à Divo, dans région du Lôh-Djboua, au sud de la Côte d’Ivoire / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Des jeunes filles habillées en tenues traditionnelles. Les bijoux et le maquillage traduisent la caractère solennelle de la cérémonie / Jeff Amann – Libre Tribune

 

Jeff Amann – Libre Tribune

 

Jeff Amann – Libre Tribune

 

© Jeff Amann – Libre Tribune

 

© Jeff Amann – Libre Tribune

 

© Jeff Amann – Libre Tribune

 

Personne ne voulait se faire raconter l’évènement. Quitte à monter sur le toit des maisons ? Oui ! / Jeff Amann – Libre Tribune

 

 

 


Salon Emploi Jeunes, accusés, levez-vous !

Le rideau est tombé ce vendredi à la salle d’art dramatique du Palais de Culture, sur la Semaine Nationale de l’Emploi. Entre lauréats du Forum Africain des Jeunes Agripreneurs (FAJA) et les chiffres du Salon Emploi Jeunes, retour sur les temps forts d’un évènement qui a alimenté la polémique sur les bords de la lagune Ébrié.

« Un réel succès »

La Semaine Nationale de l’Emploi a fermé ses portes ce vendredi au Palais de la Culture de Treichville, dans la salle Kodjo Ebouclé. Comme à la cérémonie officielle d’ouverture, la clôture de cette 3e édition a vu la participation d’un parterre de personnalités,  dont Edson Mpyisi Coordinateur du programme Enable Youth pour le compte de la Banque africaine de développement (BAD), partenaire de l’évènement et Sidi Tiémoko Touré, Ministre de la promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, initiateur de l’évènement.

Au cours de son allocution bilan, Sidi Tiémoko Touré a, conformément au protocole, remercié tous les acteurs et partenaires « avec à leur tête Monsieur le Président de la  République, Son Excellence Alassane OUATTARA qui a bien voulu autoriser la tenue du présent salon ». Il a par ailleurs livré ses sentiments de satisfaction au terme du Salon et livré les chiffres à l’issue de la semaine d’activités.

A lire : Ouverture officielle de la 3e édition de la Semaine Nationale de l’Emploi

« Je crois pouvoir dire que l’édition 2018 du Salon Emploi Direct a été un réel succès, car il a mis en place toutes les modalités nécessaires pour accompagner nos jeunes dans leur parcours d’insertion.», a-t-il déclaré.

Et d’apprendre que  le Salon Emploi Jeunes a enregistré en termes de statistiques, « plus de 20.000 » participants au niveau du Palais de la culture ; 15.338 dans les 15 agences régionales et 7.166 jeunes formés aux techniques de recherches d’emploi et rédaction de plan d’affaires parmi lesquels, dix (10) ont reçu chacun des certificats de participation.

Au regard de ces chiffres et « de la qualité des échanges » lors des différents panels (sept au total) qui ont meublé l’évènement autour du thème « L’agriculture, secteur d’avenir pour l’emploi et l’entreprenariat des jeunes », pour le ministre de la jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique, « le Salon « Emploi Direct » a permis d’offrir une multitude d’opportunités aux jeunes à travers plusieurs pôles : la Bourse de l’emploi, l’espace B to B, l’espace formations, l’espace panels et conférences et l’espace présentation des dispositifs de l’Agence Emploi Jeunes. ».

Il a donc, pour terminer son propos, invité les jeunes « à capitaliser les acquis et à saisir les opportunités dont vous avez eu connaissance pour réussir votre insertion dans le tissus économique ».

Heureux Agripreneurs

La seconde articulation de la Semaine Nationale de l’Emploi était la 2e édition du Forum Africain des Jeunes Agripreneurs (FAJA). Les résultats du concours Agripitch ont été proclamés et les lauréats récompensés au cours de cette cérémonie de clôture. Ce sont quatre femmes et deux  hommes, soit six heureux gagnants repartis en deux catégories.

Ont été distingués dans la catégorie des startups déjà en activité, Aboubaker Karim, Beata Adonon et Abdoulateef Olaosebikal, avec respectivement des chèques de 10 000, 6 000 et 4 000 dollars US. Quant à Odette Agossou, June Stowia et Véronica M., elles ont fini à la tête de la catégorie des startups à fort potentiel, empochant chacune la somme de 5 000, 3 000 et 2 000 dollars US (suivant l’ordre).

En plus des chèques pour le financement de leurs startups, les jeunes Agripreneurs ont reçu chacun un ordinateur des mains du Directeur général du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA).  Le premier responsable de l’Institution internationale conjointe des Etats du Groupe ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) et de l’Union européenne (UE) a par ailleurs annoncé pour les prochains jours, un concours du niveau de l’Agripitch « avec une priorité accordée aux jeunes filles ». A la clé, une récompense « d’une valeur de 10 millions de FCFA », soit environ 18 200 dollars US.

Pour couronner le tout, les six heureux Agripreneurs auront le privilège de participer à la prochaine Assemblée générale de la BAD.

« Emploi direct ou Client direct ? » : accusés, levez-vous !

Qualifiée de réussite par les organisateurs, le Salon Emploi Jeunes ne fait pas l’unanimité sur les bords de la lagune Ébrié. Une polémique s’est même ouverte sur les réseaux sociaux et a enflé durant cette Semaine Nationale dite de l’Emploi.

Les détracteurs du Salon Emploi Jeunes interpellent la tutelle de l’inopportunité d’un tel évènement dont le budget aurait pu servir à financer des projets des jeunes.

« Le rendez-vous à ce Salon consistera donc à distribuer de l’emploi ? L’argent qu’on prend pour organiser ce genre de salon peut aider des jeunes à monter un garage, une boutique, un atelier etc. Allons-y à l’essentiel en proposant des solutions inclusives qui poussent à l’action. Merci. » Kéita Moussa, Contributeur volontaire sur Wikipedia, sous le poste de Daniel Williams Oulaï.

Le dernier cité, Fondateur de la startup Grainothèque, a ouvert le débat sur son mur Facebook le 29 Mars 2018 aux alentours de minuit par une expression célèbre sur les réseaux sociaux ivoiriens. « Je dépose ça ici, je reviens ! », accompagnée d’une affiche du Salon.

Le lendemain de l’ouverture officielle du Salon, soit le mercredi 11 avril 2018, le jeune afripreneur ivoirien dénonce l’absence des « champions nationaux », dans les différents panels. Toujours sur son mur Facebook.

En réponse à cette publication, les commentaires fusent. La majorité va dans le sens de Daniel. Le constat est presque identique sur le mur de Fulbert Koffi, Journaliste et Directeur de publication du site d’information Côte d’Ivoire News. Les commentaires sont les uns aussi tranchés que les autres.

« Les gars, il faut qu’on se mette ensemble pour leur dire qu’il y a des jeunes ivoiriens qui sont des AGRIPRENEURS accomplis. On va dire à ceux qui veulent justifier les budgets que nous sommes prêts à partager nos expériences de terrain; qu’ils nous en donnent juste l’opportunité. C’est ensemble qu’on aidera nos frères à s’intéresser à l’agriculture inclusive, moderne et performante », conclut Alain Ouréga Gobble, Fondateur de La case des arts et des métiers.

Toutefois, Ben Aziz Konaté, Fondateur de la startup Vollaille d’Or, désigné absent au rendez-vous, annonce sa participation au Salon sous la publication de Daniel Wiliams. Un contre-pied !

« Demain j’y serai Avec Volaille d’Or » écrit-il. Ce commentaire reçoit l’assentiment de Aboubakar Karim, lui également signalé absent par la même publication.  Pour la petite histoire, le jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, participait au FAJA. Il a terminé premier lauréat du concours Agripitch avec un chèque de 10 000 dollars US.

Un fait qui vient certainement conforter les défenseurs du Salon dans ce débat de l’opportunité ou non d’organiser un évènement dans le contexte actuel en Côte d’Ivoire. 77,7 % de la population ivoirienne à moins de 35 ans. Ceux qui ont atteint le majorité dans cette frange, sont en général des diplômés sans emploi. 20% de taux d’insertion des étudiants, pour une population estudiantine d’environ 190.000 personnes.

« Avec notre époque, on ne va plus au salon pour chercher de l’emploi, mais plutôt pour découvrir ce qui se fait dans notre pays et y déceler des opportunités d’investissement à la hauteur de nos petits moyens. J’y ai découvert une structure qui fait de l’accompagnement en agriculture. Assise chez moi, je ne les aurais peut-être jamais croisés », répond  une internaute à Fulbert Koffi.

Pour ce dernier, « le rôle d’un ministère est de créer le cadre et les conditions pour qu’il y ait plus de boulot pour les jeunes. Pas d’organiser un forum pour venir apprendre aux jeunes comment chercher du travail. Un salon ou exposition est le fait des agences de communication. Le ministère doit proposer des solutions pour permettre aux jeunes de travailler telle la proposition au gouvernement de faire des rabattements fiscaux pour les entreprises qui embauchent un certain nombre d’employés chaque année ou tous les deux ans. »

A lire : Côte d’Ivoire : Salon de l’emploi ou le salon de l’escroquerie morale pour jeune

Un avis non partagé par une autre internaute, Directrice générale d’une Agence de communication qui adresse à la question de l’emploi des jeunes, l’incompétence et le manque de loyauté des demandeurs.

« Le problème est qu’aucun recruteur ne voudrait prendre de risque. Je l’ai appris à mes dépends. Hélas ! Tu donnes la chance à certains jeunes diplômés, ils viennent à tes bureaux pour être toute la journée sur Facebook, Whatsapp et j’en passe. Un manque de volonté pas possible. Et des partisans du moindre effort ; la nouvelle génération ! Ils ne foutent rien, te créent des charges supplémentaires, et attendent chaque mois primes ou salaires. Non seulement tu vas prendre de ton temps ou de l’argent pour les former, déjà attends toi à 6 ou 8 mois sans résultat de leur part, un an plus tard après être bien formés et engendrés d’énormes dépenses, ils viendront te dire qu’ils ont eu mieux ailleurs. Du pur gâchis ! », se désole cette internaute dans le forum public « Un ‘‘Consommateur’’ averti en vaut deux (UCAEVD) ».

Dans ce groupe de discussion forte de 183 121 membres, un visiteur supposé du Salon a fustigé les organisateurs l’évènement, faisant un retour d’expérience dans une coutre diatribe. Mais la publication fait mouche avec  la phrase « Aaah, Emploi direct là est devenu client direct »,  qui dénonce la présence de stands qui proposent l’achat d’articles et produits divers aux participants.

Par contre, interrogée à la fin de la cérémonie de clôture, Sylvia K. a affirmé avoir activement participé au Salon les quatre jours durant. Elle témoigne avoir noué d’importants contacts et particulièrement apprécier les présentations enrichissantes des jeunes agripreneurs qui donnent des idées.

Bref, que l’on soit détracteur ou défenseur du Salon Emploi Jeunes, on comprend in fine que la problématique de l’emploi des jeunes ivoiriens reste cruciale et entière en Côte d’Ivoire. Elle alimente les passions et mérite des réponses concrètes ; et en masse. Car la jeunesse ivoirienne est désormais très regardante des affaires de la cité et surtout des décisions prises pour elle.

. Pour la petite histoire, le jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, participait au FAJA. Il a terminé premier lauréat du concours Agripitch avec un chèque de 10 000 dollars US.
Aboubakar Karim, jeune agripreneur ivoirien, Fondateur de Investiv, recevant son chèque de 10 000 dollars US à l’issue du concours Agripitch.

 

PS : Les organisateurs n’ont pas souhaité répondre à polémique.


Ouverture officielle de la 3e édition de la Semaine Nationale de l’Emploi

Débutée lundi par le Forum Africain des Jeunes Agripreneurs (FAJA), la Semaine Nationale de l’Emploi a officiellement ouvert ses portes ce mardi au Palais de la Culture de Treichville, en présence du ministre Sidi Tiémoko Touré.

Sidi Tiémoko Touré, ministre ivoirien de la jeunesse, de l’emploi et du service civique lors de la cérémonie officielle de la 3e édition de la Semaine Nationale de l’Emploi

 

L’ouverture de la 3e édition de la Semaine Nationale de l’Emploi qui s’articule autour du Salon Emploi Jeunes et du FAJA, a été marquée par une cérémonie solennelle à la salle Kodjo Ebouclé Palais de la Culture, sur le coup de 15 heures 30 minutes, en présence de Sidi Tiémoko Touré, ministre ivoirien de la jeunesse, de l’emploi et du service civique.

D’entrée de jeu, le ministre a adressé ses « sincères remerciements » et sa « profonde gratitude » au Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly parrain de l’évènement (à travers son représentant), passé en revue les institutions et autorités diverses « pour leur soutien permanent » et à « tout particulièrement » remercier le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), M. Akinwumi ADESINA, pour avoir perçu l’intérêt de ce Salon et pour avoir bien voulu nous accompagner dans sa mise en œuvre ».

A lire : Une semaine d’opportunités d’emploi sur les bords de la lagune Ébrié

Face aux nombreux jeunes chômeurs et diplômés en quête d’un premier emploi présents dans la salle d’art dramatique de 605 places de capacité, le ministre a par ailleurs rappelé le thème de ce rendez-vous de l’emploi, « L’agriculture, secteur d’avenir pour l’emploi et l’entreprenariat des jeunes », avant  d’égrener les actions du gouvernement pour faire face au chômage des jeunes.

« Le Gouvernement a placé la lutte contre le chômage des jeunes, au cœur de ses préoccupations. Ainsi, la création massive d’emplois, principalement en faveur des jeunes, figure au premier plan dans l’action gouvernementale.

La dynamique économique insufflée par le Gouvernement a favorisé la création d’emplois au profit de 2,3 millions de personnes sur la période 2011 à 2015. »

A lire : Taux de chômage en Côte d’Ivoire: Entre 70 et 90% selon la BAD

« Pour aller plus loin, notre département ministériel a élaboré une Politique Nationale de la Jeunesse, la première du genre depuis l’indépendance de la Côte d’Ivoire, adoptée par le Gouvernement le 19 octobre 2016. » a précisé le ministre Sidi Tiémoko Touré.

Et d’invoquer les cinq stratégies en faveur de la jeunesse sur lesquelles s’appuie le Plan National de Développement (PND 2016-2020). A savoir, la Stratégie Nationale de Promotion et de Coordination des Initiatives en Faveur des Jeunes (SNPCIFJ) ; la Stratégie Nationale d’Autonomisation des Jeunes (SNAJ); la Stratégie Nationale de Protection des Jeunes (SNPJ); la Stratégie Nationale de Service Civique (SNSC) et la Stratégie Nationale pour l’Insertion et l’Emploi des Jeunes(SNIEJ) opérationnalisée via la Semaine Nationale de l’Emploi.

La seconde articulation de cette Semaine Nationale de l’Emploi, le FAJA, est axée sur “Technologies et innovation pour les jeunes en Agribusiness”. Il s’agit en clair d’un concours dénommé AgriPitch initié par la BAD  qui réunit une trentaine (30) de jeunes agripreneurs présélectionnés sur études de projets, qui bénéficieront par la suite de trois (3) jours de formation de haut niveau, suivi d’un pitch. À l’issue de ce processus, les trois (3) premiers seront retenus et accompagnés dans la réalisation de leurs projets.

A ce propos, le représentant de l’Institution bancaire africaine a déclaré lors de la cérémonie d’ouverture que « la BAD s’engage à financer les projets des agripreneurs ». Les heureux bénéficiaires de cet accompagnent financier seront connus vendredi, à l’occasion du clap de fin de cette 3e édition de la Semaine Nationale de l’Emploi.

Télécharger ici l’agenda de la Semaine Nationale de l’Emploi _2018

Mais avant, le Salon Emploi jeunes reste ouvert au public avec pour principales attractions la visite des stands d’entreprises exposantes, des formations et des panels autour de thèmes enrichissants animés par des modèles de réussite, dont l’ex-footballeur international ivoirien, Zokora Didier alias Maestro.

 


Numérique, le citoyen au cœur d’un cadre d’échanges haut niveau

« Quel citoyen pour une économie numérique plus performante ? », le thème qui a réuni ce vendredi les acteurs ivoiriens du numérique, dans un nouveau cadre d’échanges de haut niveau dénommé ‘‘Afterwork Numérique’’.

Cet évènement mensuel de deux (2) heures autour des activités, programmes et projets du numérique en Côte d’Ivoire est une initiative de l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications (ANSUT) dirigée Euloge Soro-Kipéya.

Pour cette première édition, la plateforme de rencontres, d’échanges et de networking de haut niveau a eu comme principaux animateurs Bruno Nabagné Koné, Ministre de la Communication de l’Economie Numérique et de la Poste, Docteur Hamadoun Touré, Directeur Exécutif de Smart Africa , Yacine Barro, Directrice générale Microsoft pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre ainsi que Patrick M’Bengue, Président du Gotic-CI, modérateur du panel.

Successivement, et de façon unanime ces acteurs clés du numérique en Afrique ont tous crié la nécessité de faire du citoyen le cœur des enjeux de transformation dans les différents pays africains. Oui, le capital humain est un impératif pour développer une économie numérique performante en Afrique. Subséquemment, l’accent doit être mis sur la formation du citoyen dans tous les secteurs d’activités du numérique, en plus des politiques d’infrastructures, d’accessibilité et de contenus pour le développement d’un écosystème digital favorable.

A lire : ‘‘Ansut blog camp’’, la caravane de la culture numérique

« Les technologies sont une richesse pour nos pays en développement.
Là où les autres ont marché, nous pouvons faire des bonds et rattraper notre retard.
Il faut convaincre nos jeunes que les outils de la technologie sont producteurs de richesse », a déclaré le ministre Bruno Koné, non sans rappeler le potentiel que représente le numérique en Côte d’ivoire et les efforts du gouvernement ivoirien pour faire de « l’accès à Internet un droit fondamental » mais dans un cadre règlementaire.

« En Côte d’Ivoire, ce sont 17 millions de personnes connectées à Internet et 32 millions d’abonnés au téléphone (…). Nous avons pris une loi pour dire qu’Internet est libre en Côte d’Ivoire. Mais la Côte d’Ivoire n’est pas que numérique. Il faut donc tenir compte des autres lois dans la liberté d’expression » a prévenu Bruno Nabagné Koné.

A lire : Un jeune Ivoirien condamné pour avoir incité à la haine sur les réseaux sociaux

Prenant la parole à la suite du ministre ivoirien, Docteur Hamadoun Touré a également insisté sur le potentiel du marché africain en matière d’économie numérique et surtout la volonté de Smart Africa de travailler à « un marché commun du numérique en Afrique ». Il a par ailleurs invité les jeunes à saisir ces opportunités par le travail et la réflexion à des solutions innovantes. Convoquant la problématique du recouvrement des impôts dans les pays africains, et notamment en Côte d’Ivoire, il a cité l’exemple du Kenya, un modèle de réussite dans le domaine. « 98% de recouvrement des taxes grâce au numérique. »

Quant à Yacine Barro, elle a d’entrée de jeu tenu à « gommer » les idées reçues à propos « la guerre du libre ». De guerre, il n’en existe pas, bien au contraire « Microsoft est l’un des plus gros contributeurs de Linux », le système d’exploitation libre (open source). Cette précision faite, la Directrice générale dont l’entreprise « Microsoft est présente dans 120 pays avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 94 milliards de dollars » n’a pas dérogé à la règle de la rencontre d’échanges : développer un écosystème d’innovation par le citoyen, et pour le citoyen.

Portée sur l’innovation, « Microsoft a financé 55 startups et elles génèrent 5,1 millions de dollars de chiffre d’affaires par an » et souhaite voir éclore encore plus startups, de coworking space et d’accélérateurs capables d’impulser la transformation numérique en cours en Afrique par des projets porteurs de changement.

Le public de l’Ansut Afterwork Numérique

 

Les participants pour leur part, ont passé en revue les questions liées à la promotion des actions du ministère de l’économie numérique, à la vulgarisation des services et des projets de l’Ansut et surtout à la sensibilisation des populations à l’usage des TIC afin que le citoyen puisse véritablement s’approprier le secteur du numérique et performer.

En marge de l’évènement, la Côte d’Ivoire a désormais le permis informatique international avec l’inauguration officielle du centre ICDL par le Ministre de la Communication de l’Economie Numérique et de la Poste, Bruno Nabagné Koné.

Inauguration officielle du centre ICDL

 

(*) : Groupement des opérateurs du secteur des technologies de l’information et de la communication de côte d’ivoire


Côte d’Ivoire, les marqueurs d’une nation en déliquescence

Montée des clameurs, éclats des laideurs. Les passions tumultueuses en ascendance en Côte d’Ivoire trahissent sans nul doute un front social longtemps ouvert. Les signes de la décadence sont nettement perceptibles, ces marqueurs de la déliquescence de la nation sont plus que tangibles.

On assiste impuissant à l’affaissement vertigineux ces dernières années, à ce qu’il convient d’appeler le système des valeurs de la nation ivoirienne. La devise nationale sur laquelle repose le contrat social tacite et implicite entre les membres de la nation n’est plus pour le citoyen ivoirien qu’une simple triade de mots. Union – Discipline – Travail, une juxtaposition de syntagmes d’aucune valeur. Divisions sous fond de crise identitaire, incivisme, corruption, faillite morale ; le désordre ambiant, la crise généralisée.

Confiance perdue, autorité bafouée

Korhogo, Guiglo, Soubré, Bloléquin, plus récemment M’bahiakro, et plus loin Bouaké Yamoussoukro et Daloa. Ces villes sont les symboles de la défiance des populations vis-à-vis de l’État. Attaqué en plein cœur de ce qui en constitue la substance et l’autorité. Gendarmes froidement tués, lynchés à mort par des populations en furie ;  préfectures, sous-préfectures, mairies, gendarmeries et autres édifices publics et privés partis en fumée.  Appareils répressifs d’État, tu parles !

L’État, pouvoirs d’autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus en vue de faire prévaloir ce qu’on appelle l’intérêt général, n’est plus qu’une vue de l’esprit au sein des populations. Assidument nourries aux mamelles de la violence et de l’incivisme ces deux dernières décennies, l’État se retrouve face à ces propres démons. Visiblement, l’Etat ne convainc plus. La confiance en l’État est perdue, au point où les populations sont enclines à se rendre justice. A tort ou à raison, l’autorité de l’État déjà mise à mal par les mutineries à répétion, s’en trouve bafouée.

A lire : Déclaration de S.E.M. Alassane Ouattara, président de la république de côte d’ivoire

Autrement dit, on assiste à une contestation sournoise, un antagonisme patent et fulgurant des populations vis-à-vis de l’État, incarné par le pouvoir actuel. Cela dénote d’un sentiment d’insécurité inhérent au quotidien de l’ivoirien. Et même le citoyen le plus laudateur et iconophile du gouvernement houphëtiste en déchante.

Sombre et macabre

L’actualité en Côte d’Ivoire ces derniers mois est plutôt sombre et macabre. Il ne se passe un jour sans que l’on apprenne par les réseaux sociaux des tentatives d’enlèvement ou d’enlèvements effectifs, soldés par la mort par assassinat d’innocents citoyens ivoiriens. Des images insoutenables d’individus tués et mutilés, gisant parfois en pleine rue, dans le peu de sang qui leur est resté. Horreur !

Le crime rituel est évoqué, parfois confessé. Œuvre d’âmes ténébreuses et cupides d’illustres indigents – on entend dire. Ces pratiques ne sont pas nouvelles certes, mais sa fulgurante résurgence est effrayante. Bouba en est le symbole aujourd’hui.  Mais de nombreux enfants anonymes reposent en paix (on espère), sacrifiés sur d’obscurs autels pour un hypothétique pouvoir : ascension sociale ou acquisition de richesse rapide. Une faillite morale doublée de paresse qui pousse à des actes aussi ignobles qu’indignes de l’humain.

L’humanité souffre de l’extrême différence que la fortune a mise d’un homme à un autre.  La Marquise de Lambert ne croyait pas si bien dire, au regard de ces actes fallacieux et abjects qui ont cours présentement en Côte d’Ivoire.

Trois (3) décès  sur huit (8) cas d’enlèvements d’enfants enregistrés depuis janvier selon le bilan officiel. Sauf que pas plus loin qu’en 2015, ce phénomène connaissait un pic sans précédent dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. « Entre le 1er décembre 2014 et le 22 janvier 2015, 21 cas d’enlèvement d’enfant ont été signalés. Et dans 90% des cas, les enfants n’ont pas été retrouvés ou l’ont été mais morts ! ». Jamais les enquêtes n’ont permis d’éclaircir ce mystère. Ou plutôt, jamais les résultats n’ont été rendus publics. Depuis de nombreuses mères, le cœur meurtri,  pleurent en silence leur enfant, trop tôt disparu.

… par ailleurs

A ces cas spécifiques de crimes dits rituels, s’ajoutent l’insécurité notoire. L’indice officiel en Côte d’Ivoire est passé de « 1,6 en janvier 2015, à 1,2 en décembre 2016 », a déclaré mercredi le chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara lors de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux, au palais présidentiel en janvier 2017.

La question qui taraude les esprits, c’est si l’insoluble équation de la délinquance infantile ou la criminalité juvénile qui a même emporté un policier et fait passer de nombreux ivoiriens de vie à trépas, a bel et bien été prise en compte dans ses statistiques. Oui, on vous épargne les braquages à mains armées de fourgonnettes de transfert de fonds, des clients de banque pris en filature et abattus de sang froid pour s’emparer de leur bien ou des agresseurs à la moto.

Une éducation à la petite cuillère

Vous connaissez sans aucun doute l’expression « être ramassé à la petite cuillère ». Eh bien, l’on se permet cette personnification, par analogie, qui dépeint mieux le secteur éducation-formation de la nation ivoirienne. Tous les experts de la question s’accordent à dire que le chantier est à reconstruire. L’inadéquation formation-emploi est manifeste, et tout le monde appelle à la réforme du système éducatif ivoirien. En premier, la Banque Mondiale à travers son 4e Rapport sur la Situation économique en Côte d’Ivoire. Consacré à l’employabilité, il s’intitule « Défi des compétences, pourquoi la Côte d’Ivoire doit reformer son système éducatif  » et  a été publié en janvier 2017.  Le plus grave de la problématique n’est le système que l’État de Côte d’Ivoire (enfin, on le croit) et ses partenaires au développement essaient dans une synergie d’actions de corriger et lui donner une nouvelle orientation. Non !

Ce qui est inquiétant et même ennuyeux, c’est l’insouciance des apprenants. En Côte d’Ivoire désormais, les élèves se mettent en congé. Désormais en Côte d’Ivoire, les élèves brûlent les épreuves d’examen pour ne pas être évalués. Désormais en Côte d’Ivoire, les élèves s’attaquent de front aux forces de l’ordre et de sécurité, avec parfois le soutien des parents, eux-mêmes jugés démissionnaires.

A lire  : Côte d’Ivoire : Des élèves se soulèvent et se mettent en congé de noël

Les élèves ivoiriens n’ont cure de leur niveau de langue médiocre. 70% des élèves du cycle secondaire (BEPC et BAC) n’ont pas le niveau en anglais et 60% n’ont pas le niveau en français. Ils se soucient encore moins de l’arithmétique et de la géométrie, difficilement mathématisable dans leurs esprits de jeunes fêtards. Matinée dans des domiciles privés où sexe, drogue, alcool coulent à flot. L’orgie, c’est cool ; mieux, c’est swagg.

Ah ‘‘Choopie de Port-Bouët’’ ! Qui des 3 millions d’utilisateurs ivoiriens de Facebook, ne se souvient de cette adolescente émancipée dont des photos et vidéos d’ébats sexuels avec son « chéri » se sont retrouvées sur le réseau social ? Qui plus est dans un hôtel de haut standing dont l’accès des mineurs est soumis à une règlementation légale.

Et quand on sait que l’âge moyen du lycéen ivoirien en fin de cycle oscille aujourd’hui entre 16 et 18 ans (maxi), on comprend aisément qu’on est mal. Point besoin d’être un éminent sociologue pour se rendre compte de la profonde mutation sociétale qui s’opère présentement en Côte d’Ivoire. Les études, la compétence et le travail ne sont plus les voies par excellence de l’insertion et l’ascension sociale ; l’épanouissement et la satisfaction personnelle. Des chemins détournés existent. Alors plus personne ne s’emmerde. Les élèves aussi !

La corruption au galop

La problématique de la corruption en Côte d’Ivoire est un vaste labyrinthe sinueux  et tentaculaire difficile à dénouer. Une véritable gangrène de la nation ivoirienne qui occupe la 16è place africaine en matière de corruption et 103è mondial selon le rapport Transparency International 2018.

Aucun secteur n’est à l’abri. Antoine Tiémoko Assalé, Directeur général de l’Eléphant déchainé a publié, « documents et détails précis à l’appui, une enquête faisant état du détournement de plus de 400 milliards de FCFA, dans l’ensemble des recettes des impôts de Côte d’Ivoire ».

Déjà « en 2014, après avoir infiltré un réseau de contrefacteurs de documents administratifs, nous avions publié une enquête sur les « usines » de fabrication de faux documents administratifs en Côte d’ivoire. Nous avions démontré que les cartes nationales d’identité, les permis de conduire, les cartes de visite technique, les extraits d’acte de naissance, les timbres fiscaux…étaient fabriqués en quantité industrielle et injectés dans le pays.», a  révélé le journaliste d’investigation ivoirien.

Des faits suffisamment graves pour normalement ébranler toute nation qui se veut sérieuse, sont passés à la limite sous silence. Non circulez, il n’y a rien à voir ! Personne ne s’émeut. Tout va même très bien au contraire.

Pourtant, sur toutes les lèvres des ivoiriens, « on paye les places au concours de la fonction publique », on crie au chômage, on dénonce la pauvreté. Le gré à gré est de plus en plus de mise dans l’octroi des marchés publics. Pots de vin, dessous de table en sont les leviers.

‘‘Aide toi et le ciel t’aidera’’ ou encore ‘‘Chacun s’assoit, Dieu le pousse’’ des expressions érigées en slogan par des citoyens, champions des chemins détournés.

Crise identitaire et regroupement sectaire

L’identité nationale, ce sentiment qu’éprouve une personne à faire partie d’une nation, avec le protectionnisme légitime (mais mesuré) qui en découle, est en âpre rivalité avec la xénophobie. Bien heureux celui qui est capable d’en déterminer la ligne de démarcation. ‘‘Étranger’’, le summum des outrages en Côte d’Ivoire. Un fonds de commerce politicien qui creuse et accentue les clivages. A tort ou à raison, le résultat est le même. Mépris, blessure et rancœur.  Les invectives entre ivoiriens sont monnaie courante. Ces langages survoltés et débridés, ont le mérite de fendre les cœurs et heurter les egos ; le seuil des inflexions, l’atteinte des afflictions. On se regarde en chien de faïence. La revanche !

L’histoire récente de la Côte d’Ivoire a montré combien de fois il est dangereux de surfer sur la vague identitaire. Mais la leçon est mal passée. Cantonné dans son obédience, on stigmatise l’autre. Seul l’évangile de sa chapelle est l’absolue vérité qui déchaîne les passions. Pire, on continue de tirer sur les ficelles ethniques. Attention à ne pas les casser, car « Il n’existe pas d’exemple d’une nation qui aurait tiré profit d’une longue guerre », Sun Tzu.

 


‘‘La Palmeraie’’, ce cadre rustique qui enchante ses visiteurs

Accès sablonneux, courant d’air frais, calme relativement plat, gigantesques palmiers à perte de vue ; souriez, vous êtes à La Palmeraie. Un espace à priori caché, mais enchanteur qui rassemble tous les jours des visiteurs en quête de divertissement, dans la tranquillité et le recueillement.

On les compte par dizaine, voire par centaine, ces visiteurs qui affluent les week-ends à l’espace gastronomique La Palmeraie. Seul, avec des amis ou en famille, ils font le choix de ce lieu situé dans la commune d’Abobo au quartier Belle-ville, pour sa quiétude et son air de campagne.

A La Palmeraie, on s’assoit sur des chaises en bois de type trépied-croisé pour déguster de bons mets et se délecter de bons vins. Une large gamme de menus est proposée aux visiteurs. La sauce graine, la sauce claire, l’aubergine, le Gouagouassou, le Gniangnan, etc. Dans ces différentes sauces du patrimoine culinaire ivoirien, on y trouve de la viande de brousse mais aussi du poisson. L’agouti, le rat et son cousin palmiste, la biche, hérisson … A ces sources de protéine animale, s’ajoute plusieurs catégories de poisson frais comme fumé.

Pour les friands de friture, l’alloco, la pomme de terre, l’igname et même le poisson n’échappe pas à l’huile à La Palmeraie. Le porc quant à lui, se mange en sauté, braisé, grillé et bien assaisonné. Si vous êtes de tendance épicée, le piment est à la demande. On le relève pour vous. Très piquant. Mais il n’y a pas de quoi à être inquiet pour ses papilles en feu. La solution est à portée de mains.

 

Tonton Cool.
Voitures des visiteurs / Libre Tribune- Jeff Amann

 

Du bon vin de palme extrait à proximité du site y est exposé pour qui veut bien en acheter. C’est frais, c’est sucré, pour le plaisir de votre palais. On y trouve également du vin rouge et blanc, mais aussi de la bière fraiche dans des glacières et de la liqueur sur des étagères. Le soda ne manque pas l’appel à La Palmeraie pour les consommateurs qui s’interdisent l’alcool.

Rumba distillée en sol majeur, chanson baoulé exécutée avec ardeur ; vous avez le choix entre une place sous les abris ceinturés de bambous de chine ou un siège en plein air. Tout compte fait, chacun peut assister depuis sa position au concerto mélodieux des oiseaux en extase. Chacun peut se laisser bercer par le courant d’air frais et respirer en plein poumon cette atmosphère moins polluée, ventilée par le feuillage luxuriant des gigantesques palmiers.

Où que vous soyez assis, vous ne pouvez manquer ces deux chansonniers baoulé qui viennent à vous. Ils vous encensent en musique, lui pinçant passionnément les cordes d’une guitare artisanale ; l’autre agitant fougueusement des deux mains de petits crochets à percussion. Pendant ce temps, ils débitent harmonieusement tel un griot mandingue, des mots flatteurs qui vous poussent à les cadeauter d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ils n’ont pas en horreur les billets de banque. Non, cela les motive davantage. Pluie de bénédictions prononcées sur la vie du généreux donateur.

Où que vous soyez assis, vous ne pouvez manquer ces deux chansonniers baoulé qui viennent à vous. Ils vous encensent en musique, lui pinçant passionnément les cordes d’une guitare artisanale
Deux chansonniers baoulé / Libre Tribune – Jeff Amann

 

Tel à la plage, d’autres types de consommable sont proposés aux visiteurs de La Palmeraie. De petites bouteilles pleines de cacahuètes sucrées sont est exposition-vente sur le site. Une adolescente d’environs 14 ans a fait du garcinia cola sont affaire. Mieux connu sous le nom de ‘‘petit-cola’’ et pour ses vertus curatives, le fruit de la famille des sterculiaceae s’arrache par les visiteurs surtout pour sa réputation aphrodisiaque. Mais la fillette n’est sait rien. Elle est en mission commerciale, mandatée par sa mère. La bonne vieille dame a le nez creux, car aux abords de La Palmeraie, résidence et hôtel sont bien en vue. Bref, le décor est planté ! Seul, en couple ou avec des amis, l’enjeu est de se détendre. Chacun y va de sa manière, avec ses moyens et sa sensibilité.

Cacahuètes / Libre Tribune- Jeff Amann

 

Petit cola / Libre Tribune – Jeff Amann

 

De la volonté d’un homme, une histoire

La Palmeraie, c’est une histoire vieille de plus de 10 ans. Tout est parti de la volonté d’un homme : Tonton Cool.

En 2006, alors qu’il rentre de Nice (France), Tonton Cool élit domicile dans un immeuble au quartier Belle-ville et se trouve un stage dans le milieu du showbiz ivoirien. Depuis chez lui, il a une belle vue sur une plantation de palmiers, d’où il observe un véhicule de type 4×4 faire des allers-retours dans cette sombre végétation. Une ou deux fois, le véhicule s’était embourbé, du fait de crevasses.

Un jour Tonton Cool décide d’apporter un coup de main à l’homme du véhicule en fermant les creux à son insu. Il a la matinée pour lui, car son stage commence dans l’après-midi. Muni de matériels pris à la maison, il procède au remplissage des trous avec du gravas.

Un monsieur l’épie un moment avant de surgir et lui poser une question. « Qui t’a demandé de faire cela ? ». Tonton Cool craintif, fait savoir au vieil homme les difficultés qu’avait à chaque fois un véhicule qui tentait de regagner la plantation. Le vieil homme lui intime l’ordre de le suivre sous les palmiers. Le cœur du bon samaritain bat la chamade, se posant mille et une questions. N’empêche qu’il obéit.

Mais une fois à la clairière qui sert de point de ralliement entre le vieux Koffi et ses ouvriers, le vieil homme demande à ses employés d’offrir à boire au « jeune homme ». Dix litres de vin de palme fraichement extrait fut servis à Tonton Cool. Une récompense pour son acte volontaire et altruiste.

Surprise pour surprise, c’en était une pour le jeune binguiste* qui ne tient pas l’alcool. Le vieux Koffi l’introduit auprès de ses employés avec qui nait une familiarité. De temps en temps, au cours de la journée, Tonton Cool les retrouvent pour sympathiser et surtout les assister dans leurs travaux d’extraction de vin de palme et de récolte de graines. Avant de retrouver le soir sa caméra  et ses collègues au travail.

Projetant d’ailleurs recevoir quelques-uns d’entre eux, il demande au gentleman Koffi l’autorisation de réunir ses amis sur son site. Le vieil homme qui compte désormais parmi les amis de Tonton Cool, l’autorise sans hésiter à utiliser tout l’espace qui lui conviendrait. Ce qui fut fait.

 

Entrée de la palmeraie / Libre Tribune – Jeff Amann

 

Une fois sur les lieux, le cadre plait. Son aspect de campement enchante les amis et collègues citadins de Tonton Cool. Ils enchaînent donc les matinées, les after-work et les feux de camp. De bouche à oreille, l’information se répand dans le quartier et les petites fêtes se multiplient au-delà du cercle d’amis du binguiste. Encourager par les filles de son entourage, Tonton Cool décide d’en faire un business et de tirer un petit profit de son initiative.

Toujours avec l’accord de son vieil ami Koffi, désormais Tonton Cool achète et revend, en plus du vin de palme qu’on trouve sur place, la bière, le vin et la liqueur à petite échelle. Il propose en accompagnement, de la soupe de viande de brousse chassée et tuée dans la plantation.

Quelques années plus tard, le vieil homme décède mais l’exploitation la plantation continue, les palmiers grandissent, l’initiative de Tonton Cool également. D’autres personnes commencèrent à s’installer non sans la permission du premier venu qui seul, entre carrière professionnelle et cette activité, avait du mal à satisfaire la clientèle qui se voulait croissant.

Aujourd’hui, La Palmerais c’est le lieu décrit plus haut qui rassemble tous les week-ends les abidjanais en quête d’évasion. Pour la petite histoire, l’appellation Tonton Cool est un pseudonyme qui témoigne de la sympathie de l’homme, du gars cool et aimable que tout le monde aime bien. Nous aussi !

(*) : un ivoirien qui vit ou rentre fraichement de l’Europe.

 

Tonton Cool et votre serviteur / Libre Tribune

 

Stand de boissons / Libre Tribune – Jeff Amann

 

 

Vin de palme / Libre Tribune – Jeff Amann

 

Un cheval / Libre Tribune – Jeff Amann

 

Vente de vêtement / Libre Tribune – Jeff Amann


Friedrich Naumann fait ami-ami avec les blogueurs

Pour sa vision stratégique quinquennale 2018-2022 qui appelle à l’innovation créative et à l’usage du digital, la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté a fait ami-ami avec les blogueurs, les web activistes et les journalistes. Au cours d’un petit déjeuner à Abidjan, la fondation a passé en revue ses activités avant de se projeter vers l’avenir.

Ainsi, une trentaine de blogueurs, web activistes et journalistes étaient conviés à un petit déjeuner dans la salle Framite d’un hôtel chic en plein cœur du Plateau, la cité des affaires de la capitale économique ivoirienne. Cet « instant café », autour d’un délicieux menu fruité, fut l’occasion pour la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté Côte d’Ivoire de s’ouvrir aux acteurs de la blogosphère ivoirienne.

Les partenaires exécutifs de l’association se sont succédé au pupitre pour présenter leurs projets, dont voici quelques exemples :

L’épineuse question ivoirienne de la sécurisation du foncier rural – prévu par la loi N°98-750 du 23 décembre 1998 – a été abordée par  Sosthène Koffi, sociologue et chargé de la question du foncier à la fondation Friederich Naumann. A ce titre, Sosthène Koffi est aussi  l’interlocuteur de Audace Institut Afrique (AIA), think tank ivoirien indépendant et apolitique, soutenu par la fondation. Par sa voix, les blogueurs ont appris qu’un projet de certification des terres est en cours d’implémentation. La phase pilote a été mise en place dans quatre villages témoins en février 2016, dans les départements de Guiglo et Sinfra, au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Ce projet a permis de couvrir 23 570 hectares de terre dans cette zone en deux ans. Cette année, le cap sera mis sur les départements de Man, toujours l’ouest de la Côte d’Ivoire et de Yamoussoukro (au centre) pour faire progresser positivement le chiffre des terres immatriculées au plan national.
Selon Sosthène Koffi, porteur de ce projet de certification des terres, il n’est aujourd’hui que de 4% sur 23 millions d’hectares de forêt en Côte d’Ivoire.

A lire aussi : Processus de certification du foncier rural en Côte d’Ivoire

Prenant la parole au nom de l’Ong N’Gouadô dont il est le Président, Job Sodjinou s’est félicité de sa collaboration avec la Fondation Friedrich Naumann. Il s’est fendu d’un plaidoyer pour la lutte, la promotion, la protection et la défense des valeurs citoyennes et des droits humains en mettant un point d’honneur à ce que les droits des détenus et des enfants en conflits avec la loi soient respectés. Un tableau sombre du milieu carcéral ivoirien a été dressé, avant d’en appeler à l’engagement citoyen des blogueurs, web activistes et journalistes pour mettre en lumière ce qui se fait dans les prisons ivoiriennes.

Arsène Konan pour sa part, a évoqué la nécessité d’un « renouvellement de la classe politique » ivoirienne dans un avenir très proche. C’est un des objectifs que s’est fixé le Centre Education pour une Société Durable(ESD) dont il est le directeur exécutif. C’est le but du projet ‘‘Politic Lab’’, qui bénéficie du soutien de la Fondation Friedrich Naumann et qui consiste à former les jeunes de la société civile et des partis politiques aux questions de leadership et de gouvernance. Conscient que le changement social ne passe que par une culture politique des populations et de l’engagement citoyen, le Centre ESD participe activement depuis 2014 au débat public et politique.

A lire aussi : Justice et cohésion sociale en Côte d’Ivoire, le pari de l’information non partisane

Au cours des échanges des convives avec le Directeur Général des Ivoiriens à l’extérieur, engagé dans la lutte contre la migration irrégulière, les blogueurs, web activistes et journalistes ont été informés, entre avis et analyses, de quelques chiffres sur le phénomène hexogène transnational. On sait désormais, grâce à Issiaka Konaté, que 1754 migrants ivoiriens ont été volontairement rapatriés et inscrits dans un programme de réinsertion, pour ceux qui en ont eu la volonté. Un résultat à l’actif de plusieurs organisations dont la Fondation, qui ne lésine pas sur les moyens et surtout qui n’hésite pas à descendre sur le terrain.

Au cours des échanges des convives avec le Directeur Général des Ivoiriens à l'extérieur, engagé dans la lutte contre la migration irrégulière, les blogueurs, web activistes et journalistes
Issiaka Konaté, Directeur Général des Ivoiriens à l’extérieur – Nadi Jessica

 

« Nous avons interrogé plus de 1100 migrants qui sont rentrés. 75% avaient un emploi salarié de plus de 100 000 F CFA avant d’immigrer clandestinement. On dit que les gens partent pour un mieux-être. Mais comment évalue-t-on le mieux-être ? », s’interroge encore Issiaka Konaté avant de faire un malencontreux constat et une exhortation à l’endroit des ivoiriens.

« L’un de nos problèmes dans nos pays c’est la pauvreté. Nous nous cachons derrière cette pauvreté pour utiliser les raccourcis. Les ivoiriens disent d’ailleurs que « raccourci est mieux que goudron ». Il est important que nous les ivoiriens développions des valeurs et que nous sortions des sociétés des per diem. Des sociétés où on estime le travail uniquement à travers le salaire. Des sociétés où on va vers un métier uniquement parce qu’il est bien payé. Mais il faut se demander si on aime ce que l’on fait.  »

A lire aussi : Méditerranée, 6 millions de FCFA pour un aller simple et funeste vers l’Euro(pe)

 

Retour à la fondation Friederich Naumann :

Revenons à la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté, il faut avant tout savoir qu’elle prône le libéralisme. Une croyance en l’importance de la liberté individuelle et à l’égalité des droits. D’où le rappel de ces principes de base que sont les Droits humains, l’Égalité, l’État de droit, la Liberté individuelle, la Propriété privée et le Libre-échange.

En Côte d’Ivoire, la Fondation Friedrich Naumann est active depuis les années 90, mais elle a dû faire un break à cause de la crise sociopolitique en terre d’Éburnie. Réinstallée en 2012, elle est engagée aux côtés des ivoiriens dans le dialogue politique, la réforme constitutionnelle,  la formation politique des jeunes, de la société civile et des acteurs des médias. En témoigne, les différents projets de ses partenaires sus-évoqués. Au total, la Fondation compte 80 bureaux présents et projets dans le monde.

En effet, les blogueurs, web activistes et journalistes ont été sélectionnés, si l’on en croit à Magloire N'Déhi, Chargé de programmes - Communication, pour leur valeur aux yeux de la Fondation.
Une vue de la salle lors du petit déjeuner – échanges / FNF225

 

Pour son plan d’actions stratégiques quinquennales 2018-2022, la vision de la Fondation allemande est axée sur l’innovation et le digital avec quatre thématiques majeures : économie sociale de marché, éducation au sens large du terme, politique internationale et société ouverte et numérique (digital).

On peut l’affirmer sans risque de se tromper : ce petit déjeuner s’inscrit dans une démarche d’amour et de raison dont le but est de faire des hôtes présents de futurs alliés.

A en croire  Magloire N’Déhi (chargé de programmes – communication pour la Fondation), les blogueurs, web activistes et journalistes ont été sélectionnés pour leur valeur aux yeux de la Fondation, c’est à dire pour le travail d’éveil remarquable qu’ils font sur le web.

En effet, les blogueurs, web activistes et journalistes ont été sélectionnés, si l’on en croit à Magloire N'Déhi, Chargé de programmes - Communication, pour leur valeur aux yeux de la Fondation.
Jeff Amann, Mondoblogueur et Émilie Tapé, Blogueuse et écrivaine ivoirienne – FNF225

 

A posteriori, ce petit déjeuner était une opération de séduction pour la bonne cause : l’objectif est de faire de la blogosphère ivoirienne un appui indubitable dans la lutte pour la promotion, la protection et la défense des valeurs citoyennes et des droits humains dans laquelle la Fondation et ses partenaires sont engagés.

C’est de bonne guerre car le numérique aujourd’hui ce sont des solutions concrètes et c’est aussi l’information à vitesse grand V. Les chiffres 2018 créditent Internet de 98% (et les réseaux sociaux de 89%) à l’audimètre de l’attractivité des médias en Afrique, devant la télévision 84%, la radio 58%, l’affichage 42% et la presse 26%.

En Côte d’Ivoire, Internet c’est 10 millions d’utilisateurs avec 3 millions de présence régulière sur Facebook et quelque 300.000 ivoiriens sur Twitter. Une audience importante pour qui veut apporter l’information au grand public afin d’impulser le changement au sein des populations. « Nous vivons dans une société où l’être humain devrait être capable, selon ses capacités et ses aptitudes, de créer les conditions de son mieux-être », a conclu Magloire N’Déhi, lui qui avait eu  la lourde charge de présenter la Fondation vieille de soixante ans.

En effet, les blogueurs, web activistes et journalistes ont été sélectionnés, si l’on en croit à Magloire N'Déhi, Chargé de programmes - Communication, pour leur valeur aux yeux de la Fondation.
Magloire N’Déhi, Chargé de programmes – Communication à la Fondation Friedrich Naumann / FNF225


Faire du HSE une culture dans la société ivoirienne

La notion d’HSE, Hygiène – Sécurité – Environnement, fait son bonhomme de chemin dans la société ivoirienne depuis quelques années. Le Réseau ivoirien des professionnels de l’HSE en a fait son cheval de bataille. Un colloque a été initié dans ce sens.

Le Réseau ivoirien des professionnels de l’HSE s’est donné pour mission, à sa création en juillet 2014, de « développer et promouvoir la question de l’hygiène, la sécurité et l’environnement à travers une synergie de réflexions et d’actions des professionnels du domaine, en vue d’une appropriation par tous ». Notamment, le pouvoir public, le secteur privé, les communautés, les citoyens, etc. Pour ce faire, un colloque international bisannuel a été institué en 2016 en Côte d’Ivoire.

La 2e édition qui se tiendra les 20 et 21 avril 2018 a été annoncée mercredi dernier par le président du Réseau, Michel Yao, accompagné par le président du comité d’organisation, Dr. Ketcha K.
Dr. Ketcha K., président du comité d’organisation Abidjan Safety, Michel Yao, président du RIHSE (De la gauche vers la droite)

 

Dénommé Abidjan Safety, ce colloque international se veut une plateforme de discussion, d’apprentissage et de partage d’expérience sur les atouts Hygiène – Sécurité – Environnement. La 2e édition qui se tiendra les 20 et 21 avril 2018 a été annoncée mercredi dernier par le président du Réseau, Michel Yao, accompagné par le président du comité d’organisation, Dr. Ketcha K. Le thème principal autour duquel seront conduits les travaux est « La culture de la sécurité ». Il sera déroulé en neuf thématiques, énumérées ci-dessous.

L’induction, l’influence des paires et la culture de sécurité ; la culture de sécurité et ses composantes : concepts et significations ; la mise en œuvre et l’animation d’une culture de sécurité ; les facteurs humains et organisationnels de la sécurité ; la communication et le leadership en matière de sécurité ; les bonnes pratiques en matière de sécurité ; lien entre civisme et culture de sécurité ; la sécurité humaine et ses ramifications : concepts et applications et indicateurs d’évaluation de la culture de sécurité et analyse de la performance d’une entreprise.

L’ensemble des thématiques sera développé sous formes de communications, d’ateliers, de panels et de cas pratiques, avec pour ultime objectif à l’issue du colloque, la promotion de la culture de sécurité dans les entreprises, les collectivités locales et dans l’esprit du citoyen ivoirien.

Ce colloque international qui ambitionne familiariser les participants au concept de Culture de sécurité, entend promouvoir le partage d’opinions et de connaissances sur la question au cours de la rencontre. Les quelque 200 participants attendus recevront les outils et méthodes nécessaires à l’amélioration continue en matière de sécurité industrielle.

Il convient de noter l’annonce faite par, de l’association très prochaine de l’image de la banque-assurance à cet évènement sur la Culture de sécurité, un domaine auquel son entreprise attache du prix.

Marie-Thérèse Boua N'Guessan, cadre à NSIA Participations
Marie-Thérèse Boua N’Guessan, cadre à NSIA Participations

 

Mais déjà, Abidjan Safety bénéficie des soutiens du Groupe Kibio, un établissement ivoirien de l’enseignement supérieur et de l’Institut pour la culture de sécurité internationale (ICSI) basée à Toulouse. Le Directeur de l’Institut, en la personne du « Grand témoin », Ivan Boissières prendra une part active au colloque, aux côtés d’autres experts du domaine de l’Hygiène – Sécurité – Environnement. En dehors de la France et naturellement de la Côte d’Ivoire, ils viendront du Canada mais aussi du Burkina Faso.

Contrairement à la première journée qui sera foncièrement intellectuelle, le second jour sera dédié à une marche de santé dans la célèbre forêt du Banco, dans un esprit festif. L’hashtag pour suivre sur le colloque sur les réseaux sociaux et ne rien rater de l’évènement est #AbidjanSafety2018.

Le Réseau ivoirien des professionnels de l’ de l’Hygiène – Sécurité – Environnement compte à ce jour une soixantaine de membres répartis dans en Afrique et Europe après bientôt quatre ans d’existence.

A lire aussi : Fiche Métier: Responsable Qualité Hygiène Sécurité Environnement


Une semaine d’opportunités d’emploi sur les bords de la lagune Ébrié

L’annonce de la Semaine nationale de l’emploi a été faite à Abidjan ce mercredi. Des innovations sont à retenir et des opportunités à saisir au cours de cette semaine dédiée à l’emploi des jeunes, prévue pour le mois d’avril, sur les bords de la lagune Ébrié.

L’évènement se tiendra sur la période du 10 au 13 avril 2018 au Palais de la culture de Treichville. L’initiative de cette Semaine nationale de l’emploi est du Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des jeunes, en bonne intelligence avec la Banque Africaine de Développement qui l’accompagne ce projet. Objectif ? La promotion de l’autonomisation des jeunes grâce à la création d’emplois par l’entreprenariat.

De ce fait, deux axes majeurs vont constituer le fer de lance de cette semaine orientée emploi jeunes : la 3ème édition du Salon Emploi Jeunes : Emploi Direct et le Forum Africain de Jeunes Agripreneurs & Concours d’AgriPitch qui est à sa 2e édition (la 1re a eu lieu au Nigéria).

Deux thématiques également, adossées à l’industrialisation, aux TICs et à l’agriculture, cristalliseront les débats et orienteront les actions toute la durée cette Semaine nationale de l’emploi. Ce sont : « L’agriculture, secteur d’avenir pour l’emploi et l’entrepreneuriat des jeunes » et « Technologies et innovations pour les jeunes dans l’agribusiness ».

L’évènement se tiendra sur la période du 10 au 13 avril 2018 au Palais de la culture de Treichville. L’initiative de cette Semaine nationale de l’emploi est du Ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l'Emploi des jeunes
Les acteurs et partenaires lors du lancement ce mercredi de la Semaine Nationale de l’Emploi

Le Salon Emploi Jeunes : Emploi Direct

Plateforme d’échanges et de rencontres entre les jeunes demandeurs d’emplois, les employeurs, les jeunes entrepreneurs, cette 3e édition du Salon Emploi Jeunes compte mobiliser les entreprises à forte croissance et tous les partenaires de l’insertion professionnelle. Patronat, les collectivités territoriales et les organisations régionales ou internationales seront présents pour faire de ce crédo Emploi Direct, une réalité concrète.

Les précédentes éditions ont permis, « d’accompagner 10 000 jeunes demandeurs d’emploi » inscrits sur le site web de l’Agence Emploi Jeunes, salon selon son Administrateur Jean Louis Kouadio, mais le challenge reste énorme. Cette année, ce sont quelque 25 000 visiteurs qui sont attendus sur le site du Palais de la Culture de Treichville mais aussi sur l’ensemble du territoire national.

15 villes de l’intérieur du pays abriteront ce salon qui se veut éclaté, au sein des antennes de l’Agence étatique adressée à la question de l’emploi des jeunes. C’est l’une des innovations importantes, à côté du FAJA qui pose ses valises cette année à Abidjan, pour imprimer sa marque.

Le Forum Africain de Jeunes Agripreneurs (FAJA)

La Banque Africaine de Développement (BAD) accompagne la Semaine nationale de l’emploi à travers le Forum Africain de Jeunes Agripreneurs & Concours d’AgriPitch.

L’Institution bancaire africaine qui a décidé de s’attaquer à l’épineux problème du chômage des jeunes africains aux côtés des états membres, prévoit «un investissement de 800 millions de dollars » sur la période 2016-2025. A la clé, la création de 25 millions d’emplois sur le continent africain durant la prochaine décennie. A fait savoir Mpyisi Edson de la BAD.

Le FAJA va donc favoriser l’insertion professionnelle des jeunes ivoiriens dans les secteurs porteurs d’avenir comme l’Agribusiness et contribuer à l’atteinte de cet objectif quantitatif de la BAD susmentionné, aux côtés du gouvernement ivoirien. Le point d’orgue de ce forum, au cours de cette Semaine nationale de l’emploi, est le concours d’AgriPitch.

Une trentaine de jeunes agripreneurs présélectionnés sur études de projets, bénéficieront de trois jours de formation de haut niveau, suivi d’un pitch. À l’issue de ce processus, les trois premiers seront retenus et accompagnés dans la réalisation de leurs projets.

150 jeunes agripreneurs confirmés d’Afrique prendrons part à cet événement pour un partage d’expérience. Des connections seront établies entre les agripreneurs chevronnés et les débutants grâce à une plateforme. En outre, des liens d’affaires seront créés entre eux et des investisseurs. Cet appui sera par ailleurs étendu au réseautage entre les agripreneurs et les décideurs, investisseurs, organismes de développement et d’autres acteurs pertinents.

Au-delà du FAJA, la Côte d’Ivoire va également bénéficier du projet des vingt Centres d’excellence de coding aux côtés de cinq autres pays membres de la BAD. Il est question dans ce projet d’un apprentissage poussé des Tics. Une des opportunités majeures à saisir par les populations de jeunes ivoiriens.

Lesquelles populations sont estimées à 36,2% pour les 15 et 34 ans et 77,7% pour les moins de 35 ans, sur une population globale de 23 millions d’individus vivant en Côte d’Ivoire. Quand aux chiffres sur le chômage,  ils continuent d’alimenter la polémique sur les bords de la lagune Ébrié, mais ils restent non moins importants avec un pic au niveau des jeunes.

Globalement en Afrique, les jeunes sont frappés de plein fouet par le chômage. 60 % de l’ensemble des chômeurs africains selon la Banque Mondiale. La pauvreté n’est pas en reste, face à une population à très forte croissance démographique.

A lire aussi : Le chômage des jeunes à l’ombre de la croissance économique

Les projections et les études prospectives sur la population en Afrique prévoit en effet une croissance allant jusqu’à 512 millions de jeunes en 2025. Aujourd’hui, les jeunes qui ont moins de 35 ans sont estimés à 65%, 50% qui ont moins de 25 ans et 40% dans la tranche d’âge de 15 à 35 ans. Dans le domaine de l’emploi, les jeunes représentent actuellement 54,2% de la main d’œuvre pour les 15-24 ans, 45,2% pour les 15-19 ans et 64,8% pour les 20-24 ans.

 


Justice et cohésion sociale en Côte d’Ivoire, le pari de l’information non partisane

Le Centre d’Éducation pour une Société Durable (Centre ESD) a réuni plusieurs professionnels des médias en périphérie d’Abidjan les vendredi 2 et samedi 3 février dernier. Deux jours consacrés au renforcement des capacités sur la justice pénale internationale.

Une vingtaine de personnes étaient présentes (journalistes, blogueurs et vidéastes) pour réfléchir à la problématique du fonctionnement de la justice pénale internationale et aux procès de la crise post-électorale en cours (à la Haye et en Côte d’Ivoire). Le but : réfléchir à ce qu’est un traitement non partisan de l’information en terre d’Éburnie.

Un pari que prend le Centre ESD à travers son projet Observateur Citoyen dont une déclinaison en site d’information (OC News),  « est une plateforme indépendante et non partisane d’information, de discussion et d’actions sur les questions de gouvernance, de cohésion sociale et de justice nationale et internationale notamment sur les affaires ivoiriennes à la Cour pénale internationale (CPI) ».

A lire : Cour pénale internationale : Reprise du procès Gbagbo – Blé Goudé mercredi

Dans les différents ateliers de ce séminaire, des hommes et femmes de médias ont été guidés dans leurs réflexions par deux experts. Eric Aimé Sémien, Président de l’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme (OIDH) et André Silver Konan, journaliste et écrivain, analyste politique. Ainsi les professionnels des médias ses sont prêtés à l’exercice des mots clés et à l’évocation de la CPI . Ils ont passé en revue les charges retenues contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, les compétences de la CPI et l’impact de ce procès sur la cohésion nationale.

Nuage de mots clés

A l’évocation de la CPI, quel mot vous vient instantanément à l’esprit ? A cette question, plusieurs réponses ont été données, donnant lieu à un nuage de mots clés en rapport avec l’institution.

Statut de Rome, Justice pénale internationale, Libérez,  Laurent Gbagbo, Blé Goudé, Crise post-électorale, Côte d’Ivoire, 3 Mars 2011, Crédibilité, Ocampo, Fatou Bensouda, ADO, Crises graves, La Haye, Néocolonialisme, Injustice, Ne juge que les africains, Procès, Tribunal pénal, Peines très lourdes, Cuno Tarfusser, Corruption de témoins, Retrait des africains de la CPI, Enquête, Crime de guerre, Crime contre l’humanité, etc.

Chacun de ces mots ou groupe de mots a été classé en deux catégories : définition et idées reçues. Définition parce que les mots en question relèvent de la structuration ou le fonctionnement de la CPI et  Idées reçues pour ce qui émane de la subjectivité.

Compétence et charges

Dans le discours préliminaire du Statut de Rome, on peut lire ce qui suit :

Le 17 juillet 1998, 120 États ont adopté à Rome le statut – le Statut de Rome de la Cour pénale international – instituant la Cour pénale internationale (CPI). Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des États ont décidé d’accepter la compétence d’une cour pénale internationale permanente, chargée de poursuivre les crimes les plus graves commis sur leur territoire ou par leurs ressortissants, à compter de l’entrée en vigueur du Statut de Rome, le 1er juillet 2002.

La Cour pénale internationale ne remplace pas les tribunaux nationaux. Le Statut de Rome rappelle que chaque État a le devoir d’exercer sa compétence pénale vis-à-vis des responsables de crimes internationaux. La Cour ne peut intervenir que dans le cas où un État est dans l’incapacité ou n’a pas la volonté de mener véritablement à bien des enquêtes et de traduire en justice les auteurs de crimes.

A savoir le crime de génocide, les crimes contre l’humanité, les crimes de guerre et le crime d’agression.

A lire : La CPI : ses dossiers, ses pouvoirs, ses limites

De ces quatre crimes qui relèvent de la compétence de la CPI, les crimes contre l’humanité sont ceux retenus contre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Plus précisément quatre chefs de crimes contre l’humanité que sont le meurtre, le viol, les autres actes inhumains ou – à titre subsidiaire – la tentative de meurtre, et la persécution perpétrés dans le contexte des violences post électorales en Côte d’Ivoire. Ces charges, elles-mêmes adressées à quatre évènements majeurs de la crise post-électorale.

A lire : Procès Gbagbo: ces évènements de la crise retenus par la CPI

La marche du 16 décembre 2010 sur la Télévision ivoirienne, la marche des femmes à Abobo, le bombardement du marché Siaka Koné et l’attaque du siège du Rassemblement des Républicains (RDR) de Yopougon-Wassakara sont les principaux événements débattus dans ce procès.

Impact de procès Laurent Gbagbo – Charles Blé Goudé

A propos de l’impact du procès Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sur la vie en Côte d’Ivoire qui a fait l’objet d’analyse entre les participants, tous ont été unanimes.

Sans aucune ambiguïté, les journalistes, blogueurs et vidéastes de médias sont arrivés à la conclusion que le procès Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé a bel et bien une répercussion sur la cohésion sociale en Côte d’Ivoire. Positif ou négatif, c’est selon la chapelle politique. Mais la friction sociale déjà perceptible dans les discours et conversations des ivoiriens, transparait clairement dans la presse ivoirienne.

Il est de notoriété publique en effet, que les quotidiens de presse ivoiriens sont à quelques exceptions près, tous affiliés aux partis politiques. Un journalisme militant qui biaise la plupart du temps les analyses des faits. La subjectivité prend le pas sur l’objectivité dans l’interprétation du journaliste. L’opinion est sciemment orientée ! Une donne qui alimente les dissensions et accentue davantage les clivages au sein des populations.

D’où l’appel des organisateurs et des experts au retour des journalistes aux fondamentaux du métier de journalisme dans le traitement de l’information. Singulièrement le procès Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.

A lire : L’information et les opinions

 


U-Report, un outil d’aide à la gouvernance, à travers les jeunes

Ce mercredi a eu lieu à Abidjan, le lancement officiel du mouvement U-Report chapeauté par le ministère de la Promotion de la Jeunesse, de l’Emploi des Jeunes et du Service Civique en partenariat avec l’Unicef. Retour les enjeux de ce mouvement à fort caractère juvénile et des temps forts de cet évènement qui s’est déroulé en deux parties.

C’est une jeunesse en liesse, dont les quelque 2 heures de longue attente n’ont pas émoussé l’ardeur et la fougue, qui a accueilli le ministre Sidi Tiémoko Touré. Leur ministre ! Accompagné du Docteur Aboubacar Campo, représentant pays de l’Unicef ; de Madame Cissé, représentante de la Première Dame, Madame Dominique Ouattara ainsi que des représentantes de l’Assemblée nationale et du Conseil économique et social, Monsieur a pris volontiers un bain de foule, assorti de selfies. Après quoi, place été faite à Caroline Da Sylva, animatrice télé, qui a conduit de main de maître, la cérémonie.

U-Report, une plateforme interactive

Le mouvement U-Report se veut une plateforme sociale interactive avec pour objectif, de  renforcer  la participation au débat public de la population en général et des jeunes en particulier,  en vue de trouver des solutions aux problèmes auxquels ceux-ci  font face dans leurs communautés respectives. Ce, pour leur permettre d’être des acteurs du changement positif afin d’influencer les pouvoirs décisionnels.

Autrement dit, il s’agit d’une initiative pour mieux orienter les actions du gouvernement sur les programmes développés en faveur de la jeunesse et des populations. Par ailleurs, la plateforme vise à accroitre le niveau de participation et de résilience des adolescents et des jeunes à travers un outil de monitoring citoyen afin d’optimiser les résultats des projets de santé jeunes et projets de développement pro-jeunes.

Mise en œuvre par l’Unicef, elle permet aux jeunes de s’exprimer sur les enjeux qui les tiennent à cœur à travers de courts sondages d’opinion  via SMS, Facebook et Twitter.

« Avec ses sondages, chaque deux semaines, U-Report est l’un des rares mouvements à prendre en compte l’opinion de tous, avec des résultats en temps réel. U-Report fait remonter l’avis des uns et des autres vers les décideurs en vue d’une prise d’action. », a éclairci Aïcha Traoré, stratège engagement des jeunes à Unicef Côte d’Ivoire, au cours de son discours de présentation.

Point de presse – -Cérémonie de lancement du mouvement U-Report

Quant au ministre Sidi Tiémoko Touré, il s’est dit, tant dans son allocution d’ouverture que lors du point de presse, extrêmement fier de « cet outil révolutionnaire qui utilise les plateformes technologiques pour permettre aux jeunes de s’exprimer. » Pour le ministre il était opportun de « trouver les leviers pour donner la parole aux jeunes pour que leur voix puisse être prise en compte dans toutes les politiques et programmes développés pas l’État de Côte d’Ivoire ».

« Cette communauté n’est pas que virtuelle. Elle est très active sur le terrain et appelle au changement positif des comportements dans les différentes communautés dans les différentes régions de Côte d’Ivoire », a précisé Monsieur le ministre, avant de passer la parole au Docteur Aboubacar Campo.

Pour le représentant pays de l’Unicef, U-Report témoigne de l’ouverture de gouvernement ivoirien. « La bonne chose avec cette plateforme » selon lui, c’est la précision de l’outil. « On sait exactement d’où les réponses viennent. Ce qui permet au gouvernement de prendre des décisions en fonction des opinions de ces populations ».

Adressage des questions

La population ivoirienne est marquée par une forte proportion de jeunes avec 77,7% d’individus de moins de 35 ans d’âge sur une population de 23 millions, selon le dernier Recensement général des populations et de l’habitat (RGPH 2014).

Prendre en compte cette forte population de jeunes, considérée comme force de changement et un potentiel de développement pour l’avenir du pays fait, suppose un adressage précis des questions aux thématiques qui constituent la substance de leurs préoccupations. Efficacité oblige, dirait l’autre !

Ainsi au cours de la phase pilote du mouvement U-Report Côte d’Ivoire, les grandes problématiques qui constituent pour les jeunes des défis majeurs ont été soulevées à travers questions. Emploi, santé sexuelle reproductive, éducation, leadership, résilience des adolescents et des jeunes et biens d’autres thèmes tel que le changement climatique ont fait l’objet de sondage de l’opinion de jeunes. Les réponses disponibles sur le site web de la communauté.

Une vue du public lors de la cérémonie de lancement du mouvement U-Report ce mercredi

 

U-Report Côte d’Ivoire à l’heure actuelle, c’est plus de 172 000 U-Reporters de toutes les régions du pays, avec Abidjan, Yamoussoukro, Man et Bassam comme les plus actives. Le mouvement U-Report Côte d’Ivoire est classée 1er  parmi la grande communauté U-REPORT des 45 pays d’Afrique francophone et occupe le 4e rang dans le monde, en termes d’effectif. Le cap est mis sur 800 000 d’ici la fin de l’année 2018.

Un mini-concert en images

La deuxième partie de la cérémonie de lancement d’U-Report Côte d’ Ivoire peut être qualifiée de mini concert. En dehors de Rocky Gold qui a s’est produite en intermède, plusieurs autres artistes chanteurs ivoiriens, dont Nash, ‘‘La go cracra du djassa’’ ; Serge Beynaud, ‘‘Le mannequin du coupé-décalé’’  et le groupe zouglou Révolution se sont succédé sur le podium pour faire danser la salle archicomble de jeunes en délire. Bref, une image vaut mieux que mille mots !

Rocky Gold – Cérémonie de lancement du mouvement U-Report

 

Groupe zouglou Révolution – Cérémonie de lancement du mouvement U-Report

 

Serge Beynaud – Cérémonie de lancement du mouvement U-Report

 

Nash – Cérémonie de lancement du mouvement U-Report

 

 


‘‘Ansut blog camp’’, la caravane de la culture numérique

La caravane ‘‘Ansut Blog Camp’’ sillonne actuellement la Côte d’Ivoire. Une initiative de l’Agence Nationale du Service Universel des Télécommunications (ANSUT) – (TIC*), en bonne intelligence avec l’Union nationale des Blogueurs de Côte d’Ivoire (l’Unbci) pour l’usage optimal et efficient d’Internet par les populations ivoiriennes.

Placée sous l’égide du Ministère de la communication, de l’économie numérique et de la poste, le thème choisi pour la première édition de la caravane de formation ‘‘Ansut Blog Camp’’ est « Les TIC pour l’autonomisation de nos communautés ».

Objectif affiché par l’Ansut, former et éduquer les populations à l’utilisation quotidienne d’Internet pour, à terme, découvrir et profiter des avantages et opportunités qu’offre le numérique. Ainsi, l’initiation aux outils de base des TIC, notamment l’ordinateur, l’apprentissage des métiers du web tels que le blogging, le digital management, le web-entrepreneuriat, le métier d’analyste-programmeur et l’usage des E-services, constituent les modules d’enseignement de ces 19 jours de formation.

Ce sont au total 1000 personnes (jeunes, élèves, étudiants, fonctionnaires, commerçants, agriculteurs), qui, par le truchement des experts de l’Unbci, seront désormais capables de produire des contenus locaux, à issue cette école du blog et d’introduction aux TIC.

Le point de départ est la commune de Yopougon (Abidjan), mais ensuite, les villes de Ferkessédougou, Béoumi, Daoukro, Daloa et San-Pédro sont les escales prévues pour semer davantage la graine de la culture numérique au sein des populations.

Ce secteur qui pèse aujourd’hui 7%  du produit intérieur brut (PIB) ivoirien et rapporte environ 530 millions d’euros à l’État ivoirien, soit 13% des recettes fiscales et parafiscales, est l’une des priorités du gouvernement actuel.

Les infrastructures numériques, un préalable !

« On peut changer notre pays si on s’approprie véritablement les TIC » a déclaré le Directeur général de l’Ansut, Euloge Soro-Kipéya à la cérémonie de lancement l’‘‘Ansut Blog Camp’’.

Cette foi en l’avenir par les TIC et la culture numérique ne saurait se concrétiser sans les infrastructures qui peuvent favoriser son éclosion et sa croissance. A dessein, l’Agence gouvernementale a ouverts plusieurs chantiers pour réduire la fracture numérique flagrante entre les zones urbaines et rurales en Côte d’Ivoire.

Ainsi a-t-on vu la réalisation du Réseau national haut débit (RNHD), constitué d’un réseau de transmission de 7000 km à base de fibres optiques (appelé Backbone national), qui comprend également l’installation d’un commutateur et d’équipements Code Division Multiple Access (CDMA). A terme du projet RNHD, c’est le maillage complet du territoire national ivoirien de fibres optiques qui est visé. Plusieurs milliers de fibres optiques permettront en théorie aux entreprises privées, administrations publiques et populations de bénéficier de l’Internet haut débit, du service voix (téléphone fixe / mobile), de la visioconférence, de la télécopie et de la diffusion de la TV numérique (uniquement avec la fibre optique).

Directeur général de l’Ansut, Euloge Soro-Kipéya à la cérémonie de lancement l’‘‘Ansut Blog Camp’’
Le Directeur général de l’Ansut, Euloge Soro-Kipéya (Droite) et un collaborateur à la cérémonie de lancement l’‘‘Ansut Blog Camp’’

Par ailleurs, les cybercentres qui accueilleront les formations lors de cette caravane ‘‘Ansut Blog Camp’’ sont, pour certains, les œuvres de l’Ansut.

En effet, un projet existe:  il s’agit de créer 5000 « cybercentres communautaires »  multiservices publics dans le but de désenclaver les zones rurales de la Côte d’Ivoire (villages de plus de 500 habitants), ce projet est en cours de réalisation. La phase pilote du programme « cybercentres communautaires » compte 12 points actifs dans les bureaux de la Poste de Côte d’Ivoire. Les villes concernées sont Abengourou, Agboville, Akoupé, Bodokro (mairie), Daoukro, Daloa, Ferkessédougou, Gagnoa, Kouassi Datékro, Kouto, Man et San-Pédro.

Des centres de proximité multiservices et des pôles de développement numérique vont aussi permettre d’implémenter plusieurs projets de formation de l’envergure de l’‘‘Ansut Blog Camp’’.

Un partenaire crédible

Le choix de l’Unbci pour la diffusion du savoir au cours de la caravane ‘‘Ansut Blog Camp’’ n’est pas fortuit. Créée en 2015, avec pour mission la vulgarisation des TIC à travers démocratisation du blogging en Côte d’Ivoire, l’Union nationale des blogueurs de Côte d’Ivoire multiplie les activités depuis lors.

Célébration de la journée internationale de la femme, organisation d’hackathons sur la paix en Côte d’Ivoire, conférence publique sur le rôle des nouveaux médias dans la lutte contre le terrorisme, débat public avec la société civile ivoirienne et le ministère de la communication et de l’économie numérique sur la nouvelle loi portant régime juridique de la presse ivoirienne, sont des programmes qui tous permettent à la jeune association de blogueurs de se hisser au rang des organisations les plus actives en Côte d’Ivoire. Mais ce n’est pas tout !

Une série de formations a également émaillé le parcours de l’Unbci, sur le chemin de la construction de sa notoriété et de sa crédibilité. Formation des populations à l’utilisation professionnelle des réseaux sociaux, formation des blogueurs sur l’engagement du blogueur dans la lutte contre l’apatridie, formation à l’accès et au traitement de l’information publique, formation de blogueurs sur la vidéo-blogging et plus récemment, formation de 300 jeunes étudiants sur l’entreprenariat digital dans quatre villes (Korhogo, Daloa, Man et San-Pedro) en partenariat avec MOOV Côte d’Ivoire.

Et maintenant, avec la conduite de la caravane ‘‘Ansut Blog Camp’’, initiée par l’Agence gouvernementale Ansut, c’est une expertise qui lui encore est reconnue.

Elle qui déjà en 2016, s’est vu décerner le Prix Francis Peres 2016 pour la liberté d’expression et a été reconnue comme membre des organisations de la société civile accréditée par la CEDEAO. L’aventure ne fait que commencer !

 

*TIC : Technologies de l’information et de la télécommunication


Bouaké, la cocotte-minute !

400 kilomètres environs au nord d’Abidjan, au centre de la Côte d’Ivoire sur la Nationale 3, une ville : Bouaké ! Hier cité paisible de la région du Gbêkê où il faisait bon vivre, Bouaké vit aujourd’hui au rythme inquiétant de la violence, de la gâchette facile. Une armée qui ne sait plus se taire, des tirs récurrents de militaires, la tension permanente !

Ouverte par la rébellion armée, la boîte de pandore a laissé échapper les démons de la violence qui élisent désormais domicile à Bouaké. Jour après jour, ils se manifestent. Des ex-rebelles – militaires en fonction ou démobilisés –  qui se mutinent, des lycéens en colère qui saccagent des véhicules et s’en prennent à leurs professeurs, des populations mécontentes qui cassent et pillent les établissements bancaires et les instituteurs grévistes qui s’empoignent. Bref, à Bouaké chacun y va de son ‘‘arme’’, au gré de ses intérêts.

Des heures de braises par saccade

Depuis janvier 2017, la ville de Bouaké n’en finit pas avec les heures chaudes. Les « 8400 », on s’en souvient. Un nombre, un effectif.  Des ex-rebelles reversés dans l’armée régulière revendiquent, RPG au poing, leur dû au Président Alassane Ouattara. Une dette que l’État de Côte d’Ivoire aurait contractée au plus fort de la rébellion armée. 12 millions de FCFA, le montant. Tractations, négociations, ils ont été payés. Cette fois au guichet et non sur le terrain comme à l’accoutumée. D’autres corps ont suivi le mouvement, avec des velléités de querelles interarmées très vite circonscrites. Les démobilisés ne se sont pas faits prier. Mais ils restent toujours en attente. Une main de fer dans un gang de velours. Forces spéciales, traitement spécial ! On n’en saura pas plus. N’empêche qu’à chaque grabuge, les populations civiles ivoiriennes en pâtissent. Même pour des incongruités les plus impensables.

Et oui, si l’on a coutume de dire que l’argent est le nerf de la guerre, la femme n’en est pas moins une cause au sein de l’armée ivoirienne. C’est ce que l’on entend et lit ça et là. Au delà des biens jolis mots officiels de contentieux entre frères d’armes.

Pour une histoire de femme, l’infidélité d’une conjointe en effet, Bouaké est de nouveau le souffre-douleur des hommes en armes depuis une semaine. Crépitement d’armes automatiques et tirs nourris, à l’actif du 3ème  Bataillon d’infanterie militaire de Bouaké et des éléments du Centre de Coordination des Décisions Opérationnelles (CCDO). Une situation qui perturbe la quiétude de plus 542.000 âmes vivant dans cette ville. La deuxième du pays, après Abidjan. Apeurées, terrées et freinées dans leurs activités quotidiennes pour une guéguerre au drôle de motif : un militaire cocu. Bravo, soldats dévoués à la cause nationale !

« On nourrit les tirs pour affamer la population. Et pourquoi ?  Une histoire de femme ! », boutade d’un anonyme pour exprimer son ras-le-bol suite à ce énième mouvement d’humeur de la soldatesque de Bouaké. Hallucinant !

Un héritage infect à surveiller

Ces mutineries qui ont émaillé toute l’année 2017 et ces mouvements d’humeurs écœurants, rendent la ville de Bouaké comparable à ‘‘un champ de mine’’, une bombe à retardement, qu’il faut prendre avec d’énormes précautions. Cet héritage puant et inquiétant de plusieurs années de crises militaro-politiques risque d’exploser et d’entraîner avec elle toute la Côte d’Ivoire.

Des jeunes formatés à la violence, des ex-combattants aguerris en attente d’une situation sociale stable, des armes qui circulent sans contrôle véritable, tous les ingrédients sont réunis pour un feu d’artifice. Des éléments incontrôlés dans une poudrière à ciel ouvert, ça craint, ça « Soul ». Dit autrement, Bouaké est une zone rouge qui nécessite un plan d’urgence de normalisation. Une démilitarisation à la limite pour faire descendre la tension qui se veut aujourd’hui permanente (la ville de Katiola, à 55 km au nord de Bouaké, fera une bonne base militaire dans dix ans). Reformer l’armée ivoirienne est également plus que nécessaire. Il faut y aller maintenant, et à fond. N’attendons pas l’imparable. Sans quoi, la Côte d’Ivoire entière l’apprendra à ses dépens.

Comme aime à le dire Adamo, gérant de cybercafé, toute fois qu’une situation de désordre survient dans la ville, « Bouaké là où tout à commencé, là où tout va se terminer » si l’on n’y prend garde. Alors agissons maintenant, car une telle furie entre frères d’armes pour des questions de fesses augure d’un profond malaise. Oui, un profond malaise au sein de l’armée ivoirienne !

 

Le Maire de Bouaké, DJIBO Youssouf Nicolas,
Le Maire de Bouaké, DJIBO Youssouf Nicolas (chemise blanche) au siège du CCDO / Sercom


Sangaré Yacouba, lauréat du Prix ‘‘Challenge social Lonaci’’ 2017

Sangaré Yacouba a été désigné lauréat du Prix ‘‘Challenge social Lonaci’’, édition 2017, au cours d’une cérémonie de récompense ce jeudi au siège de la Lonaci, Loterie nationale de Côte d’Ivoire.

Le choix du jury s’est porté sur le journaliste et critique de cinéma ivoirien, Sangaré Yacouba, par ailleurs rédacteur en chef adjoint et chef service culture du quotidien ivoirien Le Patriote (Abidjan), après plusieurs mois de délibération.

Son interview intitulée « On peut guérir du cancer » avec le Professeur Didi-Kouko Coulibaly Judith, cancérologue au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville, a rencontré l’assentiment des membres du jury, suivant les critères du Prix ‘‘Challenge social Lonaci’’.

Télécharger ici les critères du ‘’CHALLENGE SOCIAL LONACI’’ 

Doté d’un trophée en bronze d’une valeur de 100 000 FCFA et d’une enveloppe de 500 000 FCFA, le ‘‘Challenge social Lonaci’’ récompense, sur une période bien définie au cours de l’année, les meilleurs grands genres (Interview,  Reportage, enquête express) sur des thématiques sociales et culturelles.

Sangaré Yacouba, heureux de reporter le premier prix du concours, a remercié et félicité le Directeur Général de la Lonaci, Dramane Coulibaly, pour l’initiative du ‘‘Challenge social’’ ; une motivation supplémentaire pour le journaliste dans sa mission d’information.

Le Directeur Général s’est dit satisfait de la qualité des articles en compétition. Il s’est réjoui de « l’engouement et la force de l’engagement citoyen des journalistes dans l’amélioration du bien-être social ». Dramane Coulibaly a encouragé et invité les journalistes lauréats et présents, à poursuivre « le sacrifice de la démarche de recherche et de rédaction pour aider la Lonaci » et les autres organisations à orienter les œuvres sociales.

Lire aussi : La 2ème édition du concours « Challenge Social LONACI » lancée

Séance tenante, le Directeur Général a offert individuellement la somme de 150 000 FCFA à Tiémélé Ama Danielle de l’Agence ivoirienne de presse (AIP) et à Ahoua K. de Nord-Sud quotidien, respectivement 2e et 3e du ‘‘Challenge social Lonaci’’ 2017.

Leurs articles « La détresse de la pouponnière Thérèse Houphouët Boigny » et « Agnibélékro – Abengourou, dans la galère des demandeurs de sang » ont également retenu l’attention du jury, présidé par Dosso Boubakary du Conseil national de la presse (CNP).

Il est bon de signifier que le gagnant du premier prix ‘‘Challenge social Lonaci’’ 2017, est un citoyen très actif, engagé dans le social depuis un certain temps. Vice – président de la Fédération africaine de la critique cinématographique (FACC) et  Président de Ciné Connexion, association des critiques de cinéma Ivoiriens, affiliée à la Fédération Africaine de la Critique Cinématographique (FACC, Dakar), Sangaré Yacouba a mené en novembre dernier en Côte d’Ivoire, une campagne contre l’immigration irrégulière.

Lire aussi :  Méditerranée, 6 millions de FCFA pour un aller simple et funeste vers l’Euro (pe)


Vivrier, une mesure de pesage impopulaire risque de paralyser le secteur et créer l’inflation !

La mesure ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ du Ministère ivoirien des Infrastructures Économiques est très mal accueillie par les acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire qui prévoient des actions. Quitte à paralyser le secteur déjà en difficulté ou créer l’inflation sur le marché.

Entrée en vigueur ce vendredi 8 décembre 2017 selon les concernés sus cités, la mesure  ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ émane du règlement n°14 de L’UEMOA relatif au contrôle du gabarit, du poids et de la charge à l’essieu dans les États membres de l’UEMOA et le Ghana qui a démarré officiellement depuis le 20 novembre 2014 en Côte d’ivoire.

Cette mesure  ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ consiste au délestage systématique des véhicules aux postes de pesage, au-delà des seuils établis par l’UEMOA ou à appliquer à tout véhicule contrôlé en surcharge de poids extrême, les taux d’amendes de 20 000 FCFA pour le trafic national et 60 000 FCFA pour le trafic international, sur la totalité de la surcharge constatée. En témoigne l’image du Fonds d’entretien routier (FER) ci-dessous.

Eradication de surcharge extrême
Illustration de la mesure « Éradication de surcharge extrême » / FER

 

Autrement dit, un véhicule dont le poids total autorisé en charge (PTAC)  est de 18 tonnes, peut avoir un excédent de 3,6 tonnes avec l’application de la tolérance de 20% sur son poids PTCA. Ce qui le conduit à  21,6 tonnes de poids total roulant autorisé (PTRA). Passé cette charge, le véhicule tombe dans la zone rouge qui est qualifiée de surcharge et limitée à 25 tonnes. Au-delà des 25 tonnes, on parle de surcharge extrême. En ce moment précis, la mesure ‘‘Éradication de surcharge extrême’’ s’applique au véhicule incriminé. Soit  20 000 FCFA par tonnage en surcharge, là où Meïté le commerçant de banane plantain payait 4000 FCFA. Surprise………..désagréable !

 

Entre habitude et inquiétude, des exigences

 « De 4 000 à 20 000 ! Non on ne peut pas accepter cela ».  C’est le cri de colère des acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire qui jugent cette décision injuste et préjudiciable à leur secteur d’activité.

« Nous avons pour habitude de payer 4 000 FCFA pour les excédents de poids, par tonnage. Et sans nous informer à l’avance, on nous demande de payer 5 fois ce montant aujourd’hui. Cela n’est pas tenable ! », martèle Francis Botti, propriétaire d’un marché privé de vivriers dans la commune de Yopougon quartier Siporex, par ailleurs Secrétaire général adjoint de la CNAVICI (Confédération nationale des acteurs du vivrier de Côte d’Ivoire).

Pour justifier les poids en surcharge des véhicules transportant le vivrier, il fait savoir que cette attitude répond à des soucis de rentabilité. Selon  lui et l’ensemble de ses collaborateurs, c’est seulement au prix des excédents de poids, qu’ils arrivent à faire des bénéfices pour pérenniser leur commerce.

« Le vivrier ce n’est pas le cacao ou l’anacarde. Non seulement on ne peut pas peser le placali (pâte fraîche de manioc) comme on pèse le cacao dans les champs. Donc c’est difficile de connaître le poids des véhicules depuis les villes de l’intérieur. En plus il faut faire vite, sinon la marchandise pourrie et tu perds », explique Francis Botti, avant de faire connaître leur seul exigence. « Il faut supprimer cette mesure au niveau du vivrier. C’est ce que nous voulons », dit-il, péremptoire !

« Voyez-vous, la location de la remorque de marchandises, de Zouénoula (centre-ouest de la Côte d’Ivoire) à Abidjan, se situe entre 450 et 500 000 FCFA. Sans compter les frais de la marchandise elle-même, les frais d’embarcation et ceux du déchargement. Alors si, pour  le surcharge qui nous permet de faire  un peu de bénéfice et de nous occuper de nos familles, on doit payer 200, 300 000 FCFA au pont bascule, autant arrêter l’activité pour ne pas mourir de dette », se désole Méïté. Et à Francis Botti de prévenir.

« Si cette mesure perdure, nous allons passer le mot. Aucun véhicule ne rentre sur Abidjan. Pour ceux qui ont déjà payer 300 000 FCFA au pesage, ils vont multiplier les prix des marchandises par cinq sur le marché. Rien ne va coûter en deçà de 500 FCFA. La tomate que tu payes habituellement à 100 FCFA, tu vas l’acheter à 500 FCFA. En deux semaines, on verra ! », fait savoir le jeune homme d’une quarantaine d’années, comme étant quelques-unes des résolutions prises lors d’une réunion des acteurs du vivrier ce mardi.

Reçu de caisse à la station de pesage de Yamoussoukro à la date du 11 /12/17

Jointe au téléphone, Madame Baya épouse VANIÉ, présidente de la CNAVICI s’est dite surprise par l’application brusque de cette décision. Tout en confirmant une réunion en comité restreint, elle a annoncé une rencontre au Ministère du commerce de l’artisanat et de la promotion des PME de Côte d’Ivoire ce jeudi. A l’issue de cette rencontre de négociation, des décisions seront prises.

Rappelons que selon du Ministère ivoirien des Infrastructures Économiques, les surcharges détruisent à plus de 50% nos routes. Et ce sont 80% des véhicules de marchandises qui sont concernés. Réduisant ainsi la durée prévue des routes qui est de quinze années à trois, voire deux ans. Un argument réitéré par le Service de communication dudit Ministère à Libre Tribune pour expliquer la mise en application actuelle d’une décision qui date de 2015.

Lire aussi : Éradication de surcharge extrême

In fine, entre la nécessité de préserver les infrastructures routières et l’urgence d’alimenter les populations, le choix de chacun est fait selon son libre arbitre. Le débat est ouvert. Mais si l’on parle d’extrême surcharge en ce jour, c’est bien parce que la notion de surcharge a été à la base autorisée. Dommage !