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Société civile : l’ONG Sillons d’Espoir s’engage au profit des populations vulnérables

Le jeudi 02 juin 2016, à 10 heures, c’est un sympathique restaurant de la place, à Abidjan – Cocody qui a servi de cadre pour la tenue de l’assemblée générale constitutive de l’ONG Sillons d’Espoir. J’ai eu le privilège de prendre part à cette rencontre initiée par la présidente fondatrice  de ladite association dont le siège est basé en France, Mme Nicole T.Galo. Faisant leurs premiers pas au sein de la…


Discop Africa – Abidjan 2016 : L’Ina, une opportunité pour les acteurs de l’audiovisuel et des nouveaux médias africains

Lancé en 2008, DISCOP AFRICA s’est imposé comme le rendez-vous incontournable et le plus attendu d’Afrique pour les industries de la création et de la vente de contenus audiovisuels, où, pendant trois jours, se rassemblent, acheteurs, vendeurs, distributeurs et producteurs de films, de programmes TV, de droits d’adaptation et de chaînes packagées. Pour cette édition, c’est l’hôtel Sofitel Abidjan Ivoire qui a eu l’honneur de recevoir les participants du 30 mai au…


Les Magiques Petits Tambours découvrent l’Afrique de l’Ouest : Retour sur un séjour inoubliable

C’est dans une atmosphère conviviale que s’est achevée la troisième édition du Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants (FIPRE), le lundi 28 mars 2016. Cet événement jeune public qui donne depuis quelques années la joie aux touts petits, tout en leur permettant d’apprendre les uns auprès des autres a accueilli au cours de cette édition plus d’une dizaine d’artistes et compagnies culturelles de renommée internationale, issues de l’Europe et…



Spectacle jeune public : Ce que vous devez savoir sur le FIPRE 2016

Pour sa troisième édition, le Festival International de Pâques pour Rêves d’Enfants (FIPRE), prévu les 26, 27 et 28 mars 2016 à Heden Golf Hôtel d’Abidjan, entend confirmer sa vocation à faire de l’épanouissement social et intellectuel de la petite enfance, une priorité. Organisé conjointement par Bouldegum Côte d’Ivoire et la Fondation Children Of Africa, avec comme partenaire institutionnel le Ministère de la Culture et de la Francophonie, ce premier…


Procès Laurent Gbagbo et Blé Goudé : le monde vous regarde, Madame la Procureure

Dans deux jours s’ouvre un procès très attendu – ou plutôt deux procès en un – à la Haye, aux Pays-Bas : ceux de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et du leader de la galaxie patriotique, Charles Blé Goudé, que ses fans appellent affectueusement « Zadi Gbapê », le « Génie de Kpô », ou encore « le général de la rue ». Après plusieurs reports, tous les regards sont désormais tournés vers eux. Et chacun, de là où…



Présidentielle 2015 : La Peace_ci en campagne pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire

S’il y a des journées que je passe avec beaucoup d’enthousiasme, celle de ce mardi 20 octobre 2015 en fait partie. Elle a été particulièrement marquée par ma participation aux séances de rencontres initiées par la Plateforme des organisations de la société civile pour des élections apaisées en Côte d’Ivoire, crédibles et équitables (@Peace_ci). En effet, ces séances de discussion menées successivement au siège du Conseil national de la presse (CNP),…






Paix et Justice 2015 : Ma paix, Ta paix

En 2015, la Cour Internationale de Justice (CIJ) et les Nations Unies vont célébrer leur 70ème anniversaire. Aujourd’hui dans un monde de plus en plus indépendant, la gouvernance mondiale est devenue plus importante que jamais. Les conflits régionaux peuvent potentiellement affecter les économies et les sociétés de l’autre côté du globe. Si nous voulons créer un monde meilleur où il fait beau vivre, la justice et la paix sont primordiales…


Ma CAN 2015 depuis l’Egypte

Après la défaite en phase finale face à l’Egypte en 2006 et la Zambie en 2012, sans oublier les nombreuses débâcles enregistrées, on n’y croyait plus, presque pas du tout. Désormais, supporter notre propre équipe nationale était devenu un acte suicidaire, un supplice psychologique, un engagement à prendre avec beaucoup de lucidité et de réserve. Ils en ont tous payé les frais, des premiers dirigeants aux joueurs eux-mêmes, en passant…


C’est quoi le vélo à votre avis ?

En septembre 2012, lorsque je mettais sur mon profil Facebook une photo où l’on pouvait me voir à vélo, en plein cœur d’une forêt située au centre ouest de la Côte d’Ivoire, je savais déjà l’effet de surprise qu’une telle image pouvait créer sur ce réseau social. Cette photo avait été d’ailleurs l’une des photos les plus « likées » de ma page, avec plus de 100 mentions « J’aime ».


Voyage au cœur du droit international (Dernière partie)

Vous aurez aujourd’hui, à travers ces lignes, de plus amples informations sur le projet «Paix et Justice», cette excellente initiative du Ministère néerlandais des Affaires étrangères. Mais avant, permettez que je partage avec vous les étapes intéressantes et fort enrichissantes de mon séjour néerlandais.

La journée du mercredi 19 novembre a été un peu plus calme, mais riche en découvertes et en informations sur le monde médiatique néerlandais. Ce jour-là, après un sommeil approximatif, j’ai retrouvé les autres participants dans le bus qui devait nous transporter pour la visite.

Des médias à la pointe de la liberté d’expression

Destination Hilversum, une commune néerlandaise, dans la province de la Hollande-Septentrionale. Reposant dans un silence tombal, cette petite ville bourgeoise a cependant une particularité: elle accueille la plupart des entreprises de radio et de télévision néerlandaises, dont la Radio Netherlands Worldwide qui prenait également part à l’initiative du gouvernement néerlandais en faveur de la paix et de la justice. En effet, il faut y avoir été pour mesurer l’ampleur de la considération que ce royaume accorde à ce « quatrième pouvoir » que sont les médias et qui malheureusement peine parfois à s’exprimer au sein de nos Etats en Afrique. Une idée qui m’a traversé l’esprit ce jour-là était que chaque dirigeant issu de ces Etats, qui piétinent parfois ou un peu trop souvent (c’est selon) la liberté d’expression, devrait programmer dans son agenda au moins une visite dans cette « ville des médias néerlandais » pour à la fois comprendre et prendre des orientations plus saines.

La délégation des Journalistes à l'entrée du siège de la RNW, crédit photo : M. Zoro
La délégation des Journalistes à l’entrée du siège de la RNW, crédit photo : M. Zoro

Une visite dans les différents départements de la RNW m’a permis d’avoir davantage de respect pour l’esprit d’originalité et de productivité du journaliste néerlandais. Là-bas, il existe une émission spéciale, la seule émission aux Pays-Bas à collaborer avec la police néerlandaise en vue de mettre fin à la « carrière » des criminels et bandits de grands chemins.  La stratégie de Osporing Verzocht repose sur les appels anonymes de ses auditeurs, qui permettent à la police de bénéficier d’indices nécessaires à leur mission.  Au moment de notre visite, j’ai pu noter que 17 personnes ont été mises aux arrêts grâce à cette collaboration singulière et 11 criminels sont toujours en cavale. La suite de cette journée a été marquée par une séance d’échanges, dans l’une des salles de formation. Elle a eu pour objet les idées reçues sur la Cour pénale internationale (CPI). Puis nous nous sommes penchés sur les activités de Ivoire justice, une plateforme qui traite essentiellement des affaires judiciaires de la Cour pénale internationale en rapport avec la Côte d’Ivoire. J’étais, comme tous les autres membres de la délégation, satisfait d’avoir beaucoup appris sur le métier de journaliste et l’importance de son indépendance.

La fin du séjour était de plus en plus proche.  Les jours se succédaient tellement vite dans ce pays qui bouge à 200 km/heure. Je m’étais déjà approprié la vision de ce noble projet, celle de concilier l’ancrage des valeurs de paix et de justice au sein de nos sociétés avec l’indépendance journalistique.

Ainsi, la journée du jeudi se voulait plutôt académique. C’est le Dr  Olivier Ribbelink de l’Institut T.M.C. Asser   qui a accueilli la délégation pour une rencontre autour du thème « Comment les tribunaux de La Haye et les organisations pour la justice internationale sont reliés les uns aux autres, comment communiquent-ils ? » Ce fût une table ronde très enrichissante.

Au cours de cette journée au pas de course, l’un des points forts a été le déjeuner au Ministère de la sécurité et de la justice. Dans ce bâtiment de haute importance pour le gouvernement néerlandais, dont les moyens d’accès nous rappelaient que nous n’étions nulle part ailleurs qu’au Ministère de la sécurité et de la justice des Pays-Bas, nous avons, au cours du repas, été entretenu par nos hôtes sur l’organisation des activités du Ministère dans le domaine du droit international. J’ai eu connaissance de l’existence d’un important traité dont font partie le Royaume des Pays-Bas, la République argentine, le Royaume de Belgique, la République du Sénégal et la République de Slovénie. Il s’agit d’un traité multilatéral en matière d’entraide judiciaire et d’extradition pour la poursuite nationale des crimes internationaux les plus graves. Mais curieusement, parmi les Etats parties à cet instrument juridique, je ne comprends pas pourquoi il n’y a que le Sénégal comme Etat africain (Ou bien les autres ne sont pas au courant de ce texte ?). Bon, apparemment chacun a ses priorités. Cap sur la Maison de l’Humanité, là où nous attendaient impatiemment des étudiants de l’Ecole supérieure de La Haye (HHS) pour un dialogue sur la «Paix et la Justice». Mais avant, j’aimerais bien parler de l’équipe du projet «Paix et Justice», qui a coordonné toutes ces activités jusque-là.

« Influentials programme »

Mme Ingrid De Beer, Chef du Projet Paix  et Justice
Mme Ingrid De Beer, chef du projet Paix et Justice, crédit photo : Ramaz Melashvilli

Il s’agit de l’équipe de gestion du projet «Paix et Justice» dont la mise en œuvre s’articulera en quatre parties:

1°) L’organisation aux Pays-Bas de visites de personnes influentes et intéressées par les questions de paix, de justice et de résolution des conflits. Ces visites portent essentiellement sur les tribunaux et institutions basées à La Haye et pourraient également être offertes à des résidents néerlandais.

2°) Les visites en dehors des Pays-Bas, dont les principaux acteurs seront les présidents des tribunaux basés à La Haye, les personnalités du monde universitaire, les ONG, le maire de La Haye, pour ne citer que ceux-là.

3°) L’organisation de sessions d’éducation à la paix, à la justice et à la résolution des conflits pour les diplomates, les stagiaires et le personnel des organisations internationales.

4°) Les sessions de discussions sur la paix et la justice, en l’occurrence le « Hague Talks » qui comprendra également un aspect lié à l’éducation aux valeurs de paix et de justice à partir de 2015 – et qui vise à faire de La Haye une cité internationale de la paix et de la justice. Dirigé par Mme Ingrid De Beer, la stratégie de « Influentials programme » repose principalement sur un appel à contribution des personnes influentes dans leurs domaines respectifs afin de permettre à ces dernières de prendre part à des programmes de sensibilisation aux valeurs de paix et de justice dans le monde. A ce jour, ce projet compte 160 organisations internationales basées à La Haye ainsi que des institutions académiques œuvrant pour un monde pacifique, juste et plus sécurisé. Pour 2015, les activités retenues seront entre autres la célébration de la Résolution 1325 des Nations Unies sur les femmes et la paix, le 70e  anniversaire de la Cour internationale de justice et de l’ONU, le week-end de la paix (au Palais de la Paix, bien entendu) et des événements prévus en Egypte, en Côte d’Ivoire, aux Etats-Unis, en Chine et en Inde. Il aura notamment la création de réseaux sociaux francophones dans le souci de donner une approche plus globale au « Hague Talks », une composante importante de ce projet. Qu’en est-il exactement ?

Le « Hague Talks »

En effet, le succès de cette idée géniale constitue l’une des plus grandes attentes du projet «Paix et Justice» : Le « Hague Talks »  ou les « Débats de La Haye ». C’est une plate-forme de réflexion, numérique et physique, élargie et approfondie autour des questions de paix et de justice. Le but de cette trouvaille est de promouvoir, par des moyens interactifs, la participation d’ONG, d’institutions internationales basées à La Haye, de journalistes, de blogueurs, d’étudiants et d’autres parties prenantes, les idéaux de paix et de justice. Il a comme vocation d’être un lieu de rencontres pour les jeunes et décideurs politiques de tous bords ayant un esprit créatif et novateur.

Session de "Hague Talks" à la Maison de l'Humanité en compagnie des étudiants de l’Ecole supérieure de la Haye (HHS), crédit photo : Ramaz Melashvilli
Session de « Hague Talks » à la Maison de l’Humanité en compagnie des étudiants de l’Ecole supérieure de la Haye (HHS), crédit photo : Ramaz Melashvilli

Ouvert à un large public, tant à la Haye qu’ailleurs, ces échanges seront l’occasion pour les uns et les autres d’apporter de manière remarquable une contribution à une véritable démocratisation dans les Etats respectifs – surtout les plus fragiles – et ce, à travers une meilleure compréhension de l’impact  des processus menant à la paix et à la justice. La  réputation de La Haye en tant que centre d’excellence mondiale pour la paix et la justice s’en trouvera ainsi consolidée.

En ce qui concerne la rencontre pour laquelle nous étions ce jour-là à la Maison de l’Humanité, elle était axée sur un partage d’expériences des membres de la délégation. L’exercice consistait à montrer, suivant les origines respectives des intervenants, comment les valeurs locales, les opinions mondiales, les systèmes de médias et les attentes du public peuvent conduire à des approches différentes de la paix et de la justice – et le cas échéant, comment surmonter les éventuels défis. C’était le lieu pour les étudiants que nous avons rencontré de montrer leur intérêt pour les activités de blogueurs ainsi que leur volonté à s’engager sur cette voie de la liberté d’expression à travers les réseaux sociaux. Je me souviens encore que, juste à la fin de la discussion, j’ai été accosté à la fois par deux jeunes étudiantes néerlandaises visiblement préoccupées et qui avaient soif de tout savoir sur la vie de blogueurs. Ce sens de curiosité a particulièrement retenu mon attention.

Une vue des intervenants sur le Projet Paix et Justice lors du "Hague Talks", crédit photo : Ramaz Melashvilli
Une vue des intervenants sur le Projet Paix et Justice lors du « Hague Talks », crédit photo : Ramaz Melashvilli

Je répondais aux différentes questions qu’elles me posaient tout en pensant à l’heure qui s’écoulait. Le temps imparti pour cette activité était déjà à son terme, il est passé si vite ! C’est l’heure, il fallait partir pour l’hôtel. Malheureusement, mes deux interlocutrices sont restées sur leur fin, car elles n’ont pas obtenu de réponses à toutes leurs questions. L’initiative « Hague Talks » est vraiment originale.  Je suis impatient de voir se développer la communauté francophone du « Hague Talks » qui, je crois, ne tardera pas à naître. En fait, plus qu’un projet, je dirais que le « Halgue Talks » est à même de faire des membres de sa communauté des acteurs de changement pour l’avènement d’un véritable monde de paix et de justice. J’avoue que je suis rentré de ce voyage encore plus engagé dans la promotion de ces idéaux à travers le monde, notamment au sein des Etats fragiles ou fragilisés.

M.Z.


Voyage au cœur du droit international (deuxième partie)

C’est déjà mardi. Sur la montre que j’avais au chevet du lit, il était enfin 7 heures, alors que j’étais encore dans mon lit, le regard plongé dans le décor du plafond de ma chambre. Malgré tout le confort qui caractérisait cet endroit, j’avoue que je n’ai pas fermé l’œil de toute la nuit. Il fallait rester éveillé, veiller sur l’horloge dont l’aiguille tournait au rythme du temps qui avançait avec peine. Pas question de dormir et prendre le risque de manquer cette occasion, compte tenu de la fatigue qui m’habitait ce soir-là. Depuis dimanche, dès l’arrivée de la délégation dont je faisais partie, les consignes données par les organisateurs du projet «Paix et Justice» étaient claires : « Ici en Hollande, nous tenons beaucoup à la ponctualité. Faites un effort pour ne pas être en retard… ». J’ai tout de suite compris que l’historique notion de l’« heure africaine » avait dépassé les frontières de mon beau et riche continent. Mais intérieurement, je me suis dit : « En tout cas, moi je ne suis pas concerné, je suis tout de même un adepte de la conscience horaire ! ».

Revigoré par cette idée, je me lève du lit en vue de me préparer pour la journée, animé par la joie d’être à quelques minutes de la réalisation d’un rêve caressé depuis plusieurs années : celui de pouvoir visiter le siège de la Cour pénale internationale (CPI), cette juridiction tant décriée sous nos tropiques – j’en reparlerai sous peu – et de rencontrer ses principaux acteurs. En effet, longtemps avant la soutenance, en 2012, de mon Master en droit communautaire et intégration économique, avec pour thème l’Internationalisation de la justice pénale, je nourrissais un intérêt particulier pour cette curieuse cour qui, non seulement a comme mission de sanctionner pénalement les chefs d’Etat responsables des crimes les plus odieux, mais en même temps, se préoccupe de la réparation des dommages endurés par les victimes.

Le Blogueur Daouda Coulibaly à l'entrée du siège de la CPI, crédit photo : M. Zoro
Le Blogueur Daouda Coulibaly à l’entrée du siège de la CPI, crédit photo : M. Zoro

Dès 8 heures précises, je rejoins les autres participants dans le car qui doit nous transporter à la CPI. Certains informent leurs proches de l’évènement (« Aujourd’hui on s’en va rencontrer Fatou !», en parlant de la Procureure en exercice) tandis que d’autres préparent déjà les questions qui fourmillent dans leur esprit. Il y en a tellement, des griefs contre cette juridiction née de la volonté des Etats, pour qui les crimes graves touchant l’ensemble de la communauté internationale ne sauraient rester impunis. Après quelques minutes de route, nous sommes enfin au siège de la Cour pénale internationale, situé en plein cœur de La Haye. Erigé derrière une grille de protection en fer forgé, cet immeuble, qui sert de bureau à la Procureure gambienne Fatou Bensouda en attendant son déménagement, prévu en décembre 2015 à son nouveau siège présentement en construction. L’immeuble était antérieurement occupé par l’opérateur de télécommunications néerlandais KPN. Pour celui qui est vigilant en tout cas, il verra des caméras soigneusement disposés à plusieurs endroits, à tel point que moi-même je me sentais obligé par moments de contrôler mes moindres gestes (pour ne pas paraître bizarre sur leur écran de surveillance là-bas), bien qu’étant irréprochable. De source digne de foi, ses frais de location au profit de la CPI coûtent au gouvernement néerlandais 6 millions d’euros par an, soit 4 milliards de francs CFA environ. Cela démontre une fois de plus l’importance que ce peuple accorde à la promotion du droit, de la paix et de la justice. Une fois les conditions sécuritaires d’accès remplies, nous sommes chaleureusement accueillis à la réception avant de prendre place dans une salle aménagée pour la rencontre avec les représentants de la Cour.

L’heure de sortir les griefs

Des Représentants de la Cour lors de la rencontre, crédit photo : M. Zoro
Des Représentants de la Cour lors de la rencontre, crédit photo : M. Zoro

C’était le moment tant attendu, celui d’aborder tous les sujets possibles en lien avec l’office de la CPI, des questions brûlantes, qui fâchent parfois, des plus sensibles aux moins importantes. En effet, comme je l’ai mentionné il y a quelques années dans l’une de mes publications, la plupart des Etats africains considèrent la CPI comme le cheval de Troie de l’impérialisme, un club d’amis néocolonialistes, une justice qui embraye à deux vitesses. Ils estiment également qu’il s’agit d’un instrument au service des Etats puissants tels que la France et les Etats-Unis, qui l’utilisent pour réduire au silence les chefs d’Etats africains gênants.

S’il est vrai que certains journalistes et blogueurs étaient présents dans le souci de mieux comprendre le fonctionnement de la CPI, d’autres, par contre, étaient porteurs de ces nombreuses idées reçues sur cette justice pénale. Mais, il y a une chose je n’ai jamais compris et que je cherche toujours à comprendre: parmi les 122 Etats Parties au Statut de Rome, qui régit la CPI, 34 sont des Etats d’Afrique, 18 de l’Asie et du Pacifique, 18 de l’Europe Orientale, 27 issus des Etats d’Amérique Latine et des Caraïbes, et enfin 25 sont du groupe des Etats d’Europe occidentale et autres Etats. Le constat est clair : notre continent est celui qui a manifesté à ce jour le plus d’intérêt pour l’existence de cette juridiction. C’est-à-dire que, s’il y a un classement à faire, l’Afrique est première au rang des Etats qui animent la CPI et je ne crois pas qu’on l’y ait obligée.

Une entrée du centre de détention de la CPI à Sheveningen, crédit photo : M. Zoro
Une entrée du centre de détention de la CPI à Sheveningen, crédit photo : M. Zoro

De plus, les interventions de la CPI dans certaines affaires en Afrique sont bien souvent voulues par les autorités étatiques. Les cas de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la République démocratique du Congo, de l’Ouganda et de la République centrafricaine sont édifiants. D’ailleurs, l’un de nos hôtes, M. Abdoul Aziz, de la Section d’Appui aux Conseils auprès de la CPI, n’est pas allé du dos de la cuillère pour répondre aux détracteurs de cette juridiction internationale. Il a souligné un point : « sommes-nous fiers de toutes nos institutions judiciaires africaines ? Donnent-elles réponses aux victimes ? ». A ce moment-là, je me suis rendu compte à travers certains murmures et balbutiements que les avis des uns et des autres au sujet de la CPI commençaient à se modérer. A la fin de la rencontre, l’un des participants lance à l’endroit de ses confrères journalistes : « En tout cas j’ai beaucoup appris sur la CPI. Tout ça là je ne savais pas ! Mais pourquoi la CPI aussi ne communique pas sur ces questions ? », s’offusque-t-il. Je crois que sur le plan de la communication, la CPI doit davantage redoubler d’efforts afin de se faire accepter définitivement par ceux qui sont encore sceptiques. Certaines personnes pensent à tort que le siège de la cour est un lieu de détention. C’est le cas de quelques ami(e)s qui, à travers des messages, me disaient «Si tu es à la CPI, salue Gbagbo hein ! Pardon n’oublie pas de saluer Jean Pierre Bemba pour moi». Pour survivre, la CPI a vraiment intérêt à se faire connaître.

Ce jour-là, j’ai regagné ma chambre avec empressement, afin d’observer un bon moment de repos avant d’entamer l’étape suivante.

M.Z.


Voyage au cœur du droit international (Première partie)

Entre le rêve et la réalité, il y a vraiment un pas. Oui, et un tout petit pas. Il suffit juste d’y croire, tout en menant des actions – aussi petites soient-elles – dans le sens de sa réalisation. Il y a de cela quelques années, alors que j’étais encore étudiant en droit, les noms de certaines cours et tribunaux internationaux revenaient régulièrement dans la plupart des programmes relatifs au droit international. A cette époque, il n’était pas tout à fait évident pour moi d’imaginer qu’un jour, quelque part sur le bord du Nil, en Egypte, loin de mes cours de droit international public, j’aurais eu l’opportunité de côtoyer ces institutions, ainsi que leurs acteurs. Pourtant, cela a été possible grâce au programme « Influentials » : une initiative conjointe du Ministère néerlandais des Affaires étrangères et de la ville de la Haye.

En effet, il s’agissait pour les premiers responsables de la diplomatie néerlandaise d’œuvrer pour la promotion des cours et tribunaux ayant leur siège à la Haye, capitale du droit international et carrefour mondial pour les actions en faveur de la paix, de la justice et de la sécurité internationales. Ainsi, animé par la volonté de donner une forme à son idée, l’organisation du projet « Paix et Justice » – puisque c’est de cela qu’il s’agit – a connu un franc succès grâce à la collaboration de l’Agence NL et de la Radio Netherlands Worldwide (RNW). Cela a permis au gouvernement néerlandais de réunir aux Pays-Bas, du 16 au 22 novembre 2014, des journalistes et blogueurs africains francophones s’intéressant tout particulièrement aux questions de la paix, de la justice et de la résolution de conflits. Je faisais donc partie de cette délégation privilégiée, invitée dans ce pays qui abrite l’un des plus grands ports du monde, celui de Rotterdam.

Le Palais de la Paix de la Haye. Crédit photo : M. Zoro
Le Palais de la Paix de la Haye. Crédit photo : M. Zoro

Pour l’instant, je vous ferai l’économie des difficultés qui ont émaillé mon chemin vers La Haye. Cependant, j’ai toujours nourri l’idée selon laquelle plus l’intérêt que l’on accorde à une cause est grand et noble, mieux il faudrait s’armer de détermination en vue de surmonter d’éventuels obstacles. Eu égard aux maux qui minent nos sociétés respectives, que ne ferait-t-on pas pour la promotion de la paix et de la justice ? Pour moi, manquer à cette opportunité d’apporter ma contribution à l’édification de ce monde pacifique et juste s’apparenterait à un crime de lèse-majesté, un désaveu des principes qui me sont chers. En un mot: un refus d’œuvrer à l’avènement de ce monde nouveau, ce monde où le droit international serait davantage au service de tous les Etats, sans faire la part belle aux plus puissants; un monde où toutes les institutions judiciaires veilleraient à l’application stricte du droit pour le bonheur des Etats et des populations mondiales.

L’enjeu était donc important, voire tentant : aller à la découverte de ces incontournables juridictions internationales, basées à La Haye, afin de lever un coin de voile sur leur fonctionnement. Ainsi, la première journée de cette activité nous a conduits au Palais de la Paix de la Haye, cette institution vivante du droit international ouverte en 1913 afin d’assurer la paix mondiale dans un contexte de conflit. Création de l’architecte français Louis Cordonnier, ce « Palais de rêve pour la paix mondiale » abrite plusieurs organisations dont la Cour internationale de Justice, organe judiciaire principal des Nations Unies, la Cour permanente d’Arbitrage, la plus ancienne organisation intergouvernementale dans le domaine de l’Arbitrage international, et l’Académie de droit international de La Haye. Cela fait de ce gigantesque bâtiment le siège du droit international le plus remarquable de la société globalisée. Pour y avoir été, je peux dire que cet édifice imposant n’est rien d’autre que l’expression de la grande vision et conviction qu’avaient ses bâtisseurs de la possibilité d’un monde meilleur. Le décor de l’enceinte en dit long sur le sérieux que mettaient les acteurs de ce Palais à promouvoir les idéaux de paix et de justice. Une fois l’entrée principale franchie, l’on peut lire au sol un écriteau en latin indiquant à l’endroit des visiteurs « Que la lumière de la justice nous illumine tous ». C’est donc habité par l’espoir qu’apportera cette lumière exceptionnelle que j’ai dû regagner mon hôtel, tout en pensant à la prochaine étape, qui doit nous conduire au siège de la Cour Pénale Internationale.

M.Z.