Widlore Mérancourt

Taisez cette opinion que je ne saurais entendre

L’assistance, comme un acteur stoppé net en pleine action, transformé en statue, s’est figée. Une bonne dizaine d’yeux vifs, lançant des éclairs muets, le fixe avec gêne et stupéfaction. Une brume obscurcit son esprit. Le monde s’est arrêté. Rien ne bouge. Seul bruit perceptible. Le ronron du climatiseur déversant sur la salle un froid de pôle Nord. Il sent une sueur froide lui parcourir l’échine. Sans savoir pourquoi, sur l’écran plasma diffusant en boucle, le titre du spectacle de la soirée, il semble lire, ce qui est hautement improbable, ces mots de Kery James. « Les mots ont un poids. L’intelligence sert de balance. Pèse-les, analyse les causes et anticipe leurs conséquences ! »

Il est 4 heures quand il fait son apparition dans cette salle de la télévision. Sept heures plus tôt, il avait été invité à prendre part à cet exercice, qui au fond le révulse au plus haut point. À force de pression et de tractations, il a fini par céder. L’homme est fait, pour épouser le contour des circonstances s’est-il dit. L’enjeu est de changer en restant le même. La salle, agressée impudemment par une lumière vive, n’était pas immense. Six heures et demie, les filles faisaient leur apparition. Elles venaient de la capitale, Port-au-Prince. Pimpantes, souriantes, tirées à quatre épingles, elles étaient onze en tout à attendre de lui et de ses deux collègues qu’ils choisissent trois d’entre elles pour devenir miss Caramel-USB de l’année.

Trois chaises étaient alignées derrière une petite table. En face, les 11 jeunes filles, leur visage figé dans un sourire non provoqué, éternel. Au milieu, l’assistance. Composée de responsables et d’invités d’honneur. Que des dignitaires. D’un coup, le haut-parleur crache dans un français parisien, drôlement bien articulé, les mots de bienvenue. Les hostilités étaient lancées. Les propos de circonstance étaient brefs. Le directeur de la télévision égrenait sa satisfaction. Ensuite venait le directeur de l’institution hébergeant les filles, lui, faisait place aux membres du jury. Il était le dernier à prendre la parole.

Tel un prophète, il s’est senti investi d’une mission. La plus ultime qui soit. Être cohérent avec lui-même. Par respect de ses idéaux. Par substitution de sa personne à la cause qu’il défend depuis son plus jeune âge : le féminisme. Ça lui a fait un drôle d’effet d’entendre sa voix dans les haut-parleurs. Elle était blanche, profonde, lointaine et limpide. Comme celle des griots africains. Son introduction était simple : « Je m’appelle Mérancourt Widlore et je suis très content d’être là. Cependant, je dois vous avouer quelque chose. »

Ainsi commençait son discours où tour à tour vont passer le devoir d’acceptation de soi, la superficialité de la plupart des femmes haïtiennes modernes, le culte de la femme-objet que promeuvent les concours de beauté, la vraie valeur de la personne humaine, etc. Discours long de 10 minutes qu’il terminera ainsi : « La ringardisation par la marche du temps des idées réactionnaires et ineptes sous-entendant la supériorité de l’homme sur la femme oblige ce dernier à recourir à d’autres procédés pour distiller ses aberrations. Après maintes réflexions, il s’est dit : créons un concours de miss. Vous êtes femmes ? Soyez belles. On vous en donnera la définition. Et après, fermez-la !



Lutte contre le racisme : une interview exclusive de Lilian Thuram

DSC05529 - Copy-001Voici la transcription intégrale de l’interview que j’ai réalisée avec Lilian Thuram vendredi 9 mai 2014 à Télé Caramel (sud d’Haïti) dans le cadre de la promotion de son livre : « Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama ».

 Mérancourt Widlore : Depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, beaucoup de stars ont visité Haïti. Qu’est-ce qui fait la singularité de votre visite?

Lilian Thuram : Je suis venu en Haïti présenter un livre qui s’appelle « Mes étoiles noires ». Ce livre traduit en plusieurs langues est sorti en France en 2010. Il n’y a pas très longtemps, des éditeurs indépendants se sont réunis pour essayer de faire une édition la moins chère possible. J’ai donc été présenter ce livre récemment au Bénin, en Guinée et aujourd’hui, je suis ravi de revenir pour la troisième fois en Haïti.

MW : Vous êtes arrivé en Haïti récemment, donnez-nous vos impressions du pays…

LT : Lorsqu’on regarde Haïti après le tremblement de terre, on voit que quelques années après, il y a de l’amélioration. Comme je suis assez intransigeant, je dirais qu’il reste malheureusement encore beaucoup de choses à faire. J’espère que les Haïtiens feront en sorte de pousser leur gouvernement à faire beaucoup plus.

MW : Lilian Thuram, vous êtes passé de footballeur professionnel à un intellectuel engagé. Ce n’est pas un changement courant. Est-ce que pour vous, cette mutation est allée de soi ? 

LT : D’abord, je ne me considère pas comme un intellectuel engagé. Je me considère comme une personne qui profite de sa notoriété pour questionner la société où je vis, en France, mais aussi partout dans le monde. Et aussi, avoir une réflexion la plus intelligente possible sur le racisme. Il s’agit d’expliquer que le racisme n’est pas quelque chose de naturel, mais plutôt culturel : « On ne nait pas raciste, on le devient ». Nous devons mettre fin à cette hiérarchie selon la couleur de la peau.

MW : Les manifestations du racisme sont différentes suivant qu’on se trouve en Haïti ou en France. Ici, le racisme est beaucoup plus ordinaire. C’est par exemple, une mère de famille qui va préférer de ses deux filles, celle qui a la peau la plus claire. Le racisme en Haïti a aussi un postulat économique. Une minorité, plutôt blanche, détient la majeure partie de la richesse du pays. Ne devrait-il pas y avoir selon vous un changement de méthode de combat ?

LT : Avant tout, le racisme est une hiérarchie selon la couleur de peau. Si des parents peuvent préférer leur enfant qui serait plus clair, c’est exactement le racisme que subissent certaines personnes en France. Les gens sont discriminés à partir du moment où ils ont une couleur de peau plus froncée. Donc, c’est un peu la même idéologie et c’est la même façon de combattre le racisme. Déjà en parler, c’est prendre conscience, ne pas avoir honte de ce sujet.

Je suis heureux que vous abordiez ce sujet de racisme au sein de la même famille, mais, est-ce que ce débat est public en Haïti ? Est-ce que les gens dénoncent ouvertement ce racisme ? Ce qu’il faut faire, c’est dénoncer ce racisme, prendre conscience de cela. Ce qu’on peut faire après c’est mettre en place des outils pédagogiques pour éduquer nos enfants pour qu’ils ne reproduisent pas ces hiérarchies. Si on ne met pas des choses en place, de génération en génération, on va avoir tendance à reproduire ce schéma. C’est- à- dire, avoir une mauvaise estime de soi-même. Cette mère de famille qui préfère l’enfant plus clair, ça veut dire que quelque part qu’ils ne s’aiment pas, qu’elle a des préjugés négatifs sur ses voisins, sur tout le peuple haïtien. C’est donc cela qu’il faut dénoncer, discuter et faire en sorte qu’il n’y ait plus d’enfants comme ceux que j’ai rencontrés il y a quelques jours à Port-au-Prince qui se disent : « Je ne m’aime pas, je ne suis pas beau parce que je suis noir ».

MW : Parlez-nous un peu de votre fondation, « Éduquer contre le racisme ». Envisagez-vous d’implanter dans un futur proche quelques activités en Haïti.

LT : Pour moi ce qui est vraiment intéressant avec « Éducation contre le racisme » c’est essayer d’expliquer comment le racisme s’est mis en place dans nos sociétés. En règle générale, lorsque vous comprenez le mécanisme du racisme, vous pouvez le dépasser. Ce qui m’intéresserait, c’est que les personnes susceptibles d’être touchées par le racisme se vaccinent contre ça.

Par exemple, lorsque moi même je jouais au foot en Italie, certains supporters faisaient le bruit du singe. Je n’étais pas déstabilisé par ça parce que je comprenais qu’effectivement pendant des siècles, on a expliqué qu’il y aurait une prétendue race blanche supérieure et que les personnes de couleur noire étaient le chaînon manquant entre le singe et l’homme blanc. Comme je comprenais cette histoire, je savais que les personnes qui étaient en difficulté étaient celles qui faisaient le bruit du singe et pas moi. Et ça, c’est parce que j’avais une très bonne estime de moi et une très bonne connaissance de l’histoire. C’est pour cela que je dis, éduquons nos enfants à savoir qu’eux n’ont pas de problème, que peu importe la couleur d’une personne, s’il a une bonne estime de lui-même, il peut atteindre les étoiles. Voilà pourquoi dans mon livre, je présente des hommes et des femmes qui ont fait des choses extraordinaires tout au long de l’histoire. Il importe de montrer ces personnages parce qu’ on ne se rend peut-être pas compte, mais on a tendance a dire que l’histoire des populations noires commencerait par l’esclavage. C’est ce point négatif qu’il faut changer.

MW : Ce livre, « Mes étoiles noires » est en effet la raison de votre présence en Haïti. Pourquoi ce titre ? 

LT : Mes Étoiles noires c’est parce je dis souvent, lorsque j’étais a l’école, j’ai eu des étoiles comme Lamartine, Baudelaire, des écrivains comme Montesquieu. Des étoiles, j’en ai eu dans tous les domaines, mais je n’ai pas eu d’étoiles noires. Je pense que nous avons besoin de référents qui nous guident et qui nous ressemblent. J’ai appelé ce livre, mes étoiles, parce qu’au-dessus de vous, en règle générale ce qu’il y a de plus haut, ce sont les étoiles, et ce sont elles qui vous guident dans la nuit. J’ai trouvé que symboliquement c’était bien de dire, je vous présente les personnes qui expliquent ce que je suis devenu, qui m’ont aidé à avoir une bonne estime de moi même et qui m’ont aussi aidé à affronter la vie avec une plus grande facilite. Elles m’avaient dit qu’on pouvait réussir, peu importe le domaine, peu importe la couleur de la peau.

MW : J’ai lu avant cet interview votre biographie sur Wikipédia, deux livres que vous avez publiés ont retenu mon attention. Mes étoiles noires, paru aux Éditions Philippe Rey en‎ 2010 et Manifeste pour l’égalité, aux éditions Autrement en mars 2012. Pourquoi promouvoir Mes Étoiles noires et pas Manifeste pour l’égalité ?

LT : (Rire). Écoutez, c’est tout simplement parce que Mes étoiles noires sort aujourd’hui en Haïti et dans d’autres pays africains et c’est pourquoi je suis là. Si demain, on arrive à faire sortir le « Manifeste pour l’égalité » en Haïti, je reviendrai avec grand plaisir. Lorsque je parle d’éducation contre le racisme, c’est important aussi de parler de la plus vieille hiérarchie qui existe dans nos sociétés, la hiérarchie entre les hommes et les femmes. Depuis des siècles, on a expliqué que les hommes étaient supérieurs aux femmes et les hommes ont fini par croire que c’était vrai. Là aussi, il faut éduquer les enfants à une plus grande égalité. Lorsque je parle d’égalité, je parle aussi de la vision que la société peut porter sur les personnes d’une autre sexualité. Je crois que là aussi, il faut arrêter de juger les gens sur leurs sexualités comme il faut arrêter de les juger sur leurs couleurs de peau ou sur leurs genres. Je pense qu’il faut expliquer aux enfants que l’égalité est quelque chose qui se construit ensemble.

MW : Une question maintenant sur la France, ou le débat sur le racisme est assez présent. Il y a eu l’année dernière une polémique sur la question du racisme antiblanc. À votre avis, ça existe ?  On ne parle pas du racisme, mais plutôt des racismes ?

 LT : Effectivement, on peut parler des racismes au pluriel, mais après, il faut qu’on puisse se mettre d’accord sur ce que c’est le racisme. Le racisme avant tout est une idéologie mise en place pour discriminer les personnes selon la couleur de leur peau. Et, je dois avouer que lorsque vous regardez l’histoire du racisme, l’esclavage, la colonisation, la ségrégation, l’apartheid, si vous êtes honnête avec vous même, vous verrez que les personnes qui sont discriminées sont celles de couleur non blanche. Après, qu’il y ait des personnes de couleur noire qui aient des ressentiments négatifs à l’égard des personnes de couleur blanche, ça c’est autre chose. Ça ne peut pas s’appeler du racisme parce que c’est pas une idéologie partagée par tout un pays, par toute une société pour discriminer les personnes de couleur blanche.

Je pense que dans l’inconscient collectif, les personnes de couleur blanche ont une image plus positive que les personnes de couleur noire. Voilà donc pourquoi, au sein d’une même famille, une mère va préférer quelqu’un de plus clair. Il faut vraiment qu’on soit d’accord sur ce que c’est le racisme et je crois que là encore, lorsqu’on connait l’histoire du racisme, on peut très facilement répondre aux personnes qui voudraient changer les choses en disant que ce serait peut-être les Blancs qui subiraient le racisme. Non, non. C’est comme les hommes qui diraient, nous sommes agressés par les femmes. Non, non. Dans la société dans laquelle nous vivons, c’est encore les hiérarchies où on place les personnes de couleur blanche en haut et les hommes en haut vis-à-vis des femmes.

MW : J’ai lu sur votre site cette citation d’Albert Enstein « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. » à laquelle vous ajoutez cette petite question qui m’a beaucoup touché « Et vous, de quel côté êtes‐vous ? » De quel côté est Lilian Thuram et pourquoi ?

LT : (Rire). Si aujourd’hui je suis face à vous, si aujourd’hui j’ai créé une fondation qui s’appelle « Éducation contre le racisme », que je fais des livres au sujet de l’égalité, c’est que je suis du côté de ceux qui veulent que les choses changent. Dans notre société, il y a beaucoup de personnes qui voudraient le changement, mais qui ne font rien. Ils sont dans une certaine victimisation, dans cette volonté d’attendre que les choses tombent du ciel. Je crois que chacun de nous devons avoir le courage de nous questionner sur nos propres préjugés et essayer de les dépasser, faire des choses pour éduquer nos enfants. Lorsque vous êtes parents, il y a des discours à tenir aux enfants. Les dire simplement que peut être en grandissant vous allez rencontrer des gens qui vont mettre en doute vos capacités intellectuelles par rapport a votre couleur de peau. Sachez que vous n’avez aucun problème. Sachez que c’est l’autre qui a un problème. Rien que cette petite phrase, vous savez, elle est très importante.

Peut-être que la mère en question doit tenir aux enfants un discours du genre :  » Peu importe votre couleur de peau, sachez que vous êtes des princesses et des princes. Et, personne ne doit vous dire le contraire. En faisant chacun cette démarche, je pense que ce sera beaucoup plus facile de déconstruire le racisme. Le racisme existe encore tant que le raciste a un pouvoir sur celui qui peut être blessé par le racisme. C’est pourquoi il faut éduquer nos enfants. Le jour où ils rencontreront un raciste, ils se sentiront supérieurs, au-dessus de tout ça, et vont tracer leur route, pour essayer de tirer le meilleur d’eux-mêmes.

MW : La lutte contre le racisme passe par l’éducation. Par la lutte citoyenne. Mais aussi, par une bonne politique. De par votre expérience, quelles seraient vos recommandations à notre gouvernement ? 

LT : La première des recommandations est de donner une éducation de très haut niveau à tous les enfants. Lorsque vous êtes éduqué, vous êtes beaucoup plus fort pour affronter la complexité de la vie. Losrque vous êtes instruit vous avez tendance à comprendre que l’estime de soi se met en place progressivement. Si cette éducation est de très bonne qualité, ça change tout. Si par contre, vous n’êtes pas préparé,  vous ne pourrez pas comprendre la complexité de la vie, et vous allez subir votre vie. Une bonne éducation permet plutôt de mettre en place sa vie et de vous dire, je serai ce que je veux devenir. Donc, je crois que la première des choses à dire à des gouvernants que ce soit en Haïti ou en France, aux États-Unis, c’est « Donnez une éducation de très haut niveau à tous les enfants du pays.


Pendant le passage de Lilian Thuram aux Cayes Haïti, je l’ai rencontré !

Il est de bon ton de rappeler en Haïti une promesse qui tarde à venir par une petite phrase complice : « pwomès se dèt ».1

Je vous fais donc grâce d’être obligé à y recourir d’autant plus qu’il m’est agréable de partager ici avec vous les quelques bribes de vie riche en couleur ou pastel de mon existence non privée d’aventure, de rebondissement et aussi, parfois, de réflexion.

Comme annoncé précédemment, Lilian Thuram a été aux Cayes,

(Sud d’Haïti) ce vendredi 9 mai pour la promotion de son livre : « Mes étoiles noires de Lucy à Barack Obama ». Un livre admirablement bien écrit et dont le public s’est emparé il me semble jusqu’au dernier exemplaire.

De sa conférence de presse donnée en fin de matinée à sa rencontre avec des écoliers et étudiants puis  une autre conférence-discussion suivie de la vente signature tant attendue à une Alliance française débordante de monde, un moment pour longtemps restera dans ma mémoire.

Le jour où j’ai rencontré Lilian Thuram

Un des nombreux avantages que me donne mon travail de rédacteur en chef de la salle des nouvelles de la Télé Caramel, est de recevoir à la rédaction des gens importants qui au passage me feraient cher payer, en temps d’attente, dans d’autre circonstance, un autographe dans une de leurs interminables lignes.

Ainsi, j’ai reçu, pour la promotion, le jour d’avant la visite de Thuram l’écrivain Verly Dabel et le professeur Jean Amos Dugé qui nous ont promis une interview. Promesse qu’ils ont par ailleurs , non sans mal,  tenu malgré le calendrier resserré du groupe.

C’est ainsi que j’ai quand même été surpris de voir le champion du monde de football 1998 débarquer, simple, en toute humilité dans nos studios pour l’interview. Mon seul regret c’est de n’avoir pas pu le retenir plus de 15 minutes, car, il prenait sur le temps de sa grande conférence.

Je vous ferai par ailleurs dans le prochain post la transcription de cette entrevue.

Mais bien avant, rappelons nous ces mots d’Albert Einstein suivi de la question essentielle de Lilian Thuram : « Le monde est dangereux à vivre. Non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire. ». Albert E.

« Et vous, de quel côté êtes‐vous ? » Lilian T.

1-Chose promise, chose due

 

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Avant la venue de Lilian Thuram aux Cayes, Haiti

L’ancien champion du monde de football et intellectuel Lilian Thuram est en tournée en Haïti du 4 au 10 mai 2014 dans le cadre de la promotion de son livre : « Mes étoiles noires de Lucy à Barack Obama ». Cette tournée le mènera dans le sud d’Haïti ce vendredi 9 mai où il donnera une conférence de presse à l’Alliance Francaise de la ville des Cayes.

 

Le racisme en Haïti fait partie de ces anomalies si présentes qu’on a par moment l’impression qu’elles sont ce qu’il y’a de plus normal. Ordinaires, les préjugés fondés sur la couleur de l’épiderme sont légion. Si bien qu’ils ne choquent plus personne.

Ici, c’est un entrepreneur trop imbu de lui même qui interdit d’entrer son club les individus au teint basané, là bas, c’est un recruteur qui pour un vulgaire poste de secrétaire se permet de faire du profilage sous prétexte que la clientèle est plus encline à se laisser entuber par une « grimèl 1″, plus loin, c’est une mère qui traite sa fille de »ti fanm nwè 2 » rabaissant la condition même de noire au niveau de l’insulte.

Tout ceci est d’autant plus révoltant que la lutte contre le racisme est reléguée au rang de luxe insignifiant devant les turpitudes plus présentes et pressantes auxquelles font face les citoyens. Si les organisations de défense des droits de l’homme poussent comme des champignons par temps humide à chaque coin de rue, le thème de lutte contre le racisme est rarement ou pas du tout figuré parmi leurs priorités.

Ainsi, le passage d’une égérie mondialement connue dans la lutte contre le racisme comme Lilian Thuram ne peut être qu’un événement des plus heureux. Encore plus s’il le fait dans le cadre de la promotion de son dernier ouvrage : « Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama », pointant du doigt une injustice revendiquée, voulue et parfois non assumée qui fait que dans la pédagogie contemporaine, le plus souvent, le nègre entre dans l’histoire par l’esclavage.

De piqure de rappel à la prise de conscience nécessaire, que ce passage soit l’occasion pour mes compatriotes de crier haro sur les préjugés. Le racisme est une ineptie qu’il faut combattre sans répit par l’éducation dans les bas fonds de la conscience malade du dernier citoyen. Qu’il soit au Nord ou dans le Sud.

1-Femme au teint clair
2-Femme noire

N.B: Un heureux hasard fait que j’étudie les sciences juridiques aux Cayes ou j’exerce aussi le métier de journaliste. J’aurai donc, avec un peu de chance, la chance d’interviewer Lilian Thuram. J’écrirai de toute façon 3 articles sur son passage : Avant (celui-ci), pendant et après la venue de Lilian Thuram aux Cayes.


Mgr Chibly Langlois, premier cardinal haitien

LangloisOn pleurait nos morts quand la nouvelle est tombée. 12 janvier. Cette date à jamais devrait rester un moment de recueillement. Mais pas que ça. Il nous faut aussi tirer les obligatoires leçons de nos erreurs passées. Pourquoi en moins d’une minute, 300000 vies comme par un sortilège se sont envolées, disparues dans un nuage incohérent de cendre, de poussière et de sang? C’est là qu’il nous faut commencer la réflexion. Trêve de tergiversation et de formules soporifiques. De pèlerinages médiatiques présomptueux contrastant avec le marasme ambiant et le quotidien indigent de la population. Depuis quand le discours politique pouvait-il changer le réel ? Le réel haïtien ? Qui le comprendra de toute façon ? Les belles paroles catalysées par de longues années d’études dans les plus grandes universités n’ont pas la vertu simple, mais pourtant nécessaire, de remplir les ventres affamés d’une population aux abois. Désabusée. Quatre ans après le séisme, on est encore au point de départ. On a enlevé çà et là quelques débris, planté nonchalamment quelques édifices. Épars. Sans but. On ne peut plus continuer comme ça. À outrageusement utiliser ce côté angélique du peuple qui explique, encore, les phénomènes naturels par le mystique. Gouverner doit pouvoir dire plus que retarder son passage de quelques jours dans le merveilleux monde des primes, hôtels, restaurants et voyages sur le dos du contribuable. Sur la misère. Silence.

12 janvier 2014 devient doublement historique. Deux faces d’une même médaille. Une poussiéreuse et ensanglantée, l’autre mémorable, reluisante d’espoir. Espoir, c’est justement ce que nous donne le pape François en nommant pour la première fois depuis toujours un cardinal haïtien. Chibly Langlois. Justice est faite d’un côté, attendons pour l’autre. Espérons que ce ne sera pas… éternellement.


Je ne suis pas intellectuel, je suis citoyen

Un ami pour qui j’ai beaucoup d’estime a récemment porté à mon attention mon désengagement sur les questions politiques sur ce blog. Ce qui m’a amené dans mes réflexions à interroger ce qui constitue au fait, l’irréductible de mes préoccupations politiques.

Etre intellectuel aujourd’hui est plus perçu comme une prétention vaine à s’élever au-dessus de la masse qu’à être celui qui dans la caverne incite à aller vers la lumière. Ceux qui se définissent comme tels sont rares à ne pas nourrir, souvent inconsciemment, cette posture qui dans la pratique les éloigne du but utilitaire qu’ils devraient insuffler à leurs démarches.

Je ne suis pas intellectuel, je suis citoyen

Le citoyen à l’obligation de s’intéresser aux affaires de la cite. La pérennisation du tissu social, ne devrait pas être laissée entre les mains de certains illuminés qui comme l’a montré Montesquieu, même avec les meilleures intentions, sont tentés d’abuser de leur ascendance. Ascendance d’opinion ou plus réelle : politique.

Le combat continue

La participation du citoyen à tous les niveaux du dialogue national est impérative à l’établissement d’une démocratie durable. En me prononçant sur les préoccupations mondiales et haïtiennes, je fais un acte responsable… pour parodier Aristote, je ne suis ni jérémien, ni haïtien mais citoyen du monde. Si des obligations réelles m’éloignent par moments de mon clavier militant, soyez sans crainte car ma soif de changement n’est pas pour autant en berne.



France : quand la gauche expulse des écoliers

LIBERTEL’actualité nous venant de la France depuis le début du mandat de François Hollande est des plus désespérantes. Le constat est amer. Si bien que les grandes idéologies censées dicter les actes du Parti socialiste (PS) semblent muselées par une clique d’irresponsables qui pour quelques points dans les sondages ou, au mieux, passer sous silence les vrais problèmes du pays, ne lésinent pas sur les moyens quitte à rependre ignominieusement les vieilles méthodes du Front national.

La France, terre de la liberté, par la Révolution française a hissé haut le flambeau de valeurs débordant le cadre de l’Hexagone pour guider le Nouveau Monde libre. Comment ne pas s’indigner que le thème principal dans le calendrier du gouvernement en place soit de hisser l’immigration comme LE cancer qui gangrène la France ? Les Roms qui ne sont que 17 000 dans un pays de 65 millions d’habitants, l’instrumentalisation de quelques illuminés radicaux islamistes brandis en archétype d’une majorité de modérés et maintenant, on appréhende, sans la moindre humanité des enfants sur les bancs de l’école. Leonada et Khatchik ne sont que les spécimens d’un mal qui ronge la France, décuplée par la campagne de dédiabolisation du FN (Front national), sous la complicité active et malavisée des médias.

L’immigration n’est pas le problème de la France et ils le savent

Le cynisme, l’orgueil et l’asservissement des intérêts de la concurrence libre et non faussée jettent de la poudre aux yeux du gouvernement qui n’y voit pas d’autre d’alternative politique. Si bien que la gauche s’en trouve divisée entre une gauche sur le papier, mais dont les décisions sont de droite, et une gauche qui dans ce tohu-bohu infernal essaie maladroitement de prévenir la catastrophe.

Cette tromperie effrontée et le reniement des valeurs dépasseront malheureusement le cadre d’un gouvernement pour s’étendre sur la confiance que le peuple français à l’avenir placera dans ceux qui vont le diriger. Je vois déjà le signe du début d’une lente, mais sûre descente aux enfers avec la victoire du candidat FN aux cantonales à Brignoles. A quand le réveil ?

 


Jean-Jacques Dessalines : comment conjurer la malédiction d’Haïti

DessalinesEn ce 17 octobre, jour de l’assassinat du père de la Patrie, Jean-Jacques Dessalines, j’économiserais une harangue dont j’ai la certitude que volontiers vous vous passerez. Il m’est par ailleurs opportun de vous rappeler qu’en ce jour, l’un des plus grands hommes qu’a connus Haïti, et même l’humanité, bien que ne correspondant pas aux désiderata occidentaux, a trouvé la mort pour ses idéaux de justice, d’inclusion de tous dans la défense de l’intérêt de la jeune nation haitienne de l’époque.

« Les Noirs, fraîchement libres, ayant combattu pour l’indépendance, dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien ? » Ces paroles centenaires adressées aux accapareurs originaires curieusement étincellent aujourd’hui encore dans la poignante et triste réalité du pays. Dessalines voulait une réforme agraire pour asseoir sa vision dans l’intérêt du plus grand nombre, ce qui a remonté contre lui ceux en qui il vouait une confiance absolue.

Dessalines, damné de l’Occident

Pour avoir ordonné entre autres le massacre des colons restants dans le pays après la guerre, il s’est vu reléguer une place de seconde zone par rapport à Toussaint Louverture. Ceci est une ineptie et vient d’une profonde méconnaissance de la réalité de l’époque. Ces Blancs qui ne voulaient pas partir, car ils auraient pu le faire après le cessez-le-feu, représentaient un danger pour la jeune nation. Aussi difficile soit-il, Dessalines a fait son devoir en cohésion avec l’intérêt du pays. On oublie souvent d’ailleurs qu’il a épargné les médecins, prêtres, etc.

Haïti est maudit

Pour favoriser nos perversités de classe et égoïste sur le bien commun, nous avons assassiné le père de la nation. Son spectre nous poursuivra jusqu’à ce que par patriotisme et pétris de justice, nous réappropriions l’idéal dessalinien.

Il est temps qu’une poignée de gens cessent d’accaparer 90 % de la richesse du pays. Il est temps de faire passer l’intérêt du peuple souverain avant les velléités cléricales et mesquines. Sans quoi le fantôme de Dessalines toujours hantera nos nuits glacées.

PS : Récusant fermement le mythe du péché originel, mon emploi de malédiction ici est à prendre au second degré.


Pourquoi le retrait du Kenya de la CPI serait préjudiciable à tout le continent

Uhuru KenyattaJe me fais le devoir d’être toujours en première ligne quand il s’agit de défendre la souveraineté des États du monde face à l’ingérence insolente des grandes puissances ou encore de prétendues organisations internationales qui souvent sont à leur solde.

Il m’est par ailleurs impossible de partager cette vision manichéenne qui consiste à voir l’ange ou le diable partout, car la réalité est d’ordinaire plus complexe que ce qu’elle nous laisse entrevoir. Ainsi, je me réjouis de la création d’associations transnationales allant dans le sens de la protection de la planète, du genre humain et de sa dignité.

La Cour pénale internationale initiée par le Statut de Rome fait partie de ces remparts contre la cruauté infâme et le piétinement massif des droits de l’homme. Comme toute organisation de sa catégorie, elle a ses faiblesses et ses moments d’égarements. Nous sommes en droit de fustiger le fait qu’elle soit par exemple moins prompte à condamner les criminels occidentaux comme George W. Bush que les dirigeants africains. Son équité aussi est à questionner sur maints dossiers, mais est-ce une raison de conclure sans différer son incompétence à juger Uhuru Kenyatta et William Ruto, respectivement président et vice-président du Kenya, impliqués dans l’épineux dossier des violences postélectorales de 2008 ayant fait d’innombrables victimes ?

Non

L’argument principal des tenants de cette thèse serait que les juridictions nationales du Kenya soient compétentes pour entendre les personnes dont la CPI veut juger. Pourquoi alors, rien n’a été amorcé depuis 2008 pour fixer les responsabilités et éventuellement condamner les coupables ?

Il est vrai que la CPI ne fait pas unanimité et que beaucoup reste à corriger pour dynamiser l’efficacité de l’institution, mais il n’est pas moins vrai qu’elle demeure un rempart dans les pays membres contre les velléités criminelles et génocidaires de certains possédés. Le retrait du Kenya serait une régression regrettable et un mauvais précédent pour tout le continent. Le fait que les prévenus aujourd’hui occupent des postes à haute responsabilité pose bien un problème de priorité entre le choix de la stabilité et la répression nécessaire du crime. Répudier la CPI n’est pas la solution, car cela n’arrêtera pas la poursuite contre les inculpés.


Conatel/R.Tele Caramel : la raison du plus fort est toujours la meilleure

Caramel logoN’est pas prudent celui qui se met dans le viseur des puissants de ce monde!

En matière de calvaire administratif, la Télé caramel a déjà eu son baptême de feu. Sommé le 8 novembre 2012 par l’autorité de régulation du secteur des télécommunications en Haïti, le Conatel, de quitter la chaîne (4) qui légalement leur était attribuée pour trop de proximité avec la chaîne nationale 8, ça n’a pas empêché à ces mêmes moralisateurs sans moralité d’attribuer ladite chaîne à une Télé du même département située à Camp-Perrin. Un changement qui a creusé un fossé de 20.000 $ US dans le budget déjà resserré de l’institution.

Les dirigeants de ce média indépendant dans le Sud ne sont pas au bout de leurs peines, car, ce samedi 5 octobre 2013, ils ont reçu une seconde sommation du Conatel pour cette fois-ci cesser, dès la réception de la correspondance, toute activité sur le 106.5. Ils auraient causé des interférences avec le tour de contrôle de l’aéroport international Norman Manley à la Jamaïque.

Si de l’avis de nombreux techniciens, une antenne à structure topographique en forme de cuvette de 130 watts émettant dans la ville des Cayes ne pouvait en aucun cas produire des interférences jusqu’à la Jamaïque, le Conatel persiste et signe en envoyant une copie de la correspondance aux autorités judiciaires et policières. Le ridicule ne tue pas.

Pourquoi un tel acharnement ? Y a-t-il un prix sur la tête du groupe Caramel ?

Mystère.

Une citation apocryphe de Voltaire sous-entend qu’on devrait se battre pour que nos adversaires puissent exposer leurs idées. Il ne peut avoir de démocratie et encore moins d’États de droit, sans une presse objective, impartiale, jouant effectivement son rôle de contre-pouvoir et de rempart à l’arbitraire ambiante.

En tout cas, si l’espoir d’un meilleur traitement de la presse sous ce gouvernement paraît utopique, contentons-nous de l’indignation de plusieurs directeurs de média, des organisations de défense de la liberté d’expression et des parlementaires sur ce dossier, car, tant que nos mots s’élèvent, on est jamais vraiment désarmé (Kery James).


Digicel stars : quand le capital prime sur la liberte d’expression

digicel starsLa logique capitaliste veut que la seule morale soit le profit. Les initiatives des entreprises sont souvent honteusement calculées en fonction du dividende qu’elles vont en tirer en aval. Le profit n’est pas exclusivement financier. Celui-ci peut prendre des formes beaucoup plus subtiles comme la réputation par exemple. Sachant que certains clients sont plus prompts à s’engager avec une entreprise réputée morale qu’avec une autre aussi perverse, mais moins pressée à s’ACHETER une conduite.

Ainsi, certaines grandes entreprises engrangeant des millions de dollars en Haïti se voient contraintes d’enjoliver leurs images en investissant une infime partie de leurs bénéfices dans des activités humanitaires et/ou sociales. Alors que d’autres, plus malin, feignent l’humanitaire ou le social pour entreprendre de véritables activités parallèles qui vont à leurs tours les permettre d’amasser considérablement d’argent par rapport à leurs activités principales. La compagnie de téléphonie mobile DIGICEL combine les deux techniques.

Parmi leurs nombreuses activités, consistant à construire des écoles, sponsoriser le football ou les groupes musicaux avec la Fondation éponyme, ils ont entrepris avec Digicel Stars, un concours de vote/talent plébiscité partout à travers le pays pour mettre, disent-ils, en valeur le talent des Haïtiens. Chaque année, de jeunes Haïtiens, ennes, sont invités à y participer en faisant valoir moins leurs aptitudes à chanter que leurs capacités à réunir le plus de votes possible pour passer les semaines et éventuellement gagner le concours. La Digicel s’associe à plusieurs autres groupes à titre de sponsors comme le fabricant de smartphones BlackBerry pour réaliser l’évènement. Je suis convaincu que les millions que rapportent les votes suffiraient à faire tourner le concours.

Mon propos ici n’est pas de critiquer l’initiative, qui de mon point de vue même en rapportant beaucoup d’argent tout en assurant un maximum de visibilité a la compagnie, n’est pas moins louable. Ce qui me choque et que je trouve particulièrement scandaleux, c’est que les chaînes de télévision nationales et locales soient contraintes par la compagnie de diffuser le programme gratuitement dès que la Digicel a préalablement un contrat de spot publicitaire avec elle. Ce faisant, ce sont les chaînes qui payent en sacrifiant des heures de leurs programmations pour diffuser le concours sans qu’elles n’aient rien à tirer en retour.

C’est d’autant plus révoltant quand on sait que les chaînes voulant garder une certaine indépendance et être objectives dans leur démarche qui est de servir la population sans les intoxiquer avec les propagandes pros ou contre le gouvernement existent presqu’exclusivement grâce aux spots commerciaux. En choisissant, comme certaines chaînes dans le sud du pays (Tele Caramel par exemple), de ne pas diffuser le programme gratuitement, ils s’exposent corollairement à ne pas voir leurs contrats renouvelés avec la compagnie. Chantage, non?

Que resterait-il d’heure de programmation dans nos télés indépendantes si chaque entité commerciale ayant un contrat de publicité avec elles décidait parallèlement de les contraindre à diffuser gratuitement leurs programmes respectifs ?


Poésie : la fièvre s’empare de la ville des Cayes

Le Collectif des slameurs du Sud sur sceneQuand la passion de l’écriture rencontre la détermination et l’amour de la scène, ça donne le “Collectif des slameurs du Sud”. Ils sont actifs depuis moins de 5 mois, mais ont, à eux seuls, redonné à la poésie ses lettres de noblesse dans la ville mythique et vivante qu’est “Les Cayes”.

L’idée leur est venue après un atelier de Slam organisé par l’Alliance française le 17 mai 2013 animé par Eliezer Clerisme dans le but d’initier les jeunes à ce qu’il appelle la “démocratisation de la poésie”. Entendez par là la possibilité donnée à chacun d’écrire sur son vécu, sur ce qui l’entoure avec imagination, harmonie et une simplicité qui enlève à l’auditeur (puisqu’on est slameur que sur scène) toute “gymnastique intellectuelle complexe” pour toucher du doigt les mots.

S’ils ont eu la chance de faire bonne figure à la FOKAL à Port au Prince, ça ne les empêche pas moins de remplir à deux reprises la salle polyvalente de l’AFC. Expérience qu’ils comptent par ailleurs renouveler avant la rentrée des classes avec un spectacle original mélangeant Slam et théâtre. Un cocktail savoureux qui ne manquera pas de plaire a leurs ‘fans-base’ en expansion vertigineuse.

Sommes-nous à l’aube d’une frénésie poétique qui s’emparera de tout le pays? Smarty, Celestin, Baggy, Frito et #wid ont montré la voie, croisons les doigts et espérons.


Quelle politique face à la souffrance et l’indignité ?

TKevin Carter Prix pulitzeroute politique non fondée sur l’humain, le respect de la dignité et l’espoir, que dis-je, le combat pour une vie meilleure de chaque citoyen est tout, sauf une politique juste. J’ai récemment lu dans le numéro 1192 de “Courrier international” le tollé qu’a fait la “loi sur la sécurité alimentaire” se proposant de garantir à plus de 800 millions d’Indiens l’accès aux denrées de base à prix subventionné.

Une grande partie de l’élite avide les yeux moins rivés sur la souffrance et la détresse d’une grande partie de la population que sur ses bilans comptables a crié haro sur ladite loi prétextant entre autres un risque d’aggravation du déficit budgétaire.

C’est ce qui arrive quand la politique est l’apanage de technocrates, d’économistes impitoyables et de privilégiés inhumains qui perdent de vue le vrai but de l’institution étatique qui est de favoriser la justice sociale et la (re) distribution des richesses. On peut dépenser pour la défense, les escalades belliqueuses au mépris de la souveraineté des États du monde, les pérégrinations et séjours en famille dans les hôtels de luxe sur le dos du contribuable (plus près de nous), mais c’est risqué de faire plonger les chiffres par le bas quand il s’agit d’améliorer la vie de millions de gens croupissant dans l’indigence.

Qu’on ne voit pas dans ce texte un acquiescement aux programmes suintant le populisme et l’assistanat que vend l’actuel gouvernement (Ti manman chéri, Ti papi chéri et compagnie). Je l’ai toujours soutenu et je tacherai d’être cohérent là dessus : “Ce n’est pas à coup de 1500 gourdes par mois à moins de 40 000 mères dans un pays de plus de 10 millions d’habitants que vous améliorerez la vie de nos familles. De tels projets, s’ils soulagent certains, frustreront la majorité tout en laissant irrésolu le vrai problème qui est la “pauvreté extrême”. Problème fort complexe qu’il faut aborder avec des solutions sérieuses à court/long terme.

En ce qui a trait au fameux Kore Etidyan, dont par éthique je dois préciser en être bénéficiaire, je crois que chacun sait le passé bruyant et subversif de nos étudiants expliquant la bienveillance anticipatrice et annihilante de nos dirigeants.

Nos leaders ne peuvent plus continuer à vivre dans une tour d’ivoire, dans leurs discours étriqués et formules soporifiques au mépris de la souffrance et l’indignité réelle dans lesquelles végète la population. Comme le disait Harish Khare : « Le projet étatique est un pacte social fondé sur la promesse de l’égalité pour tous ».

 


A dream coming true!

Bienvenue sur mon blog. J’ai silencieusement et patiemment attendu ce moment. J’espère ici partager avec vous mes réflexions sur le monde et particulièrement Haïti. Mes anciens articles sont disponibles et sur le site de la Télé Caramel, et sur mon ancien blog .

A très bientôt!!!

#wid