Albert KAMDEM

La naissance du poème.

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Tout commence par une plume tenue d’une main forte comme l’épée d’un soldat. Oui, tout commence par de forces nouvelles nées de la contemplation, la révolte, le beau, l’infini.
Forces qui animent la plume souple. Qui opposent une résistance farouche à la blancheur de la page, à l’inertie des mots, au poids du silence. Raies noires sur l’écorce de page, langage nouveau, message divin. A cet instant ultime, les couleurs du monde chavirent dans l’étrangeté, étirées, violentes comme dans un rêve. Et le poète dans tout ca ? Il est là, puissant mage intercédant auprès des muses à la faveur des mots. Et quand il les touche, il leur revêt, par ses pouvoirs, de parures féeriques. Leur ouvre ces voies lumineuses conduisant aux mondes poétiques, et là, le parfum des étoiles tombe sur eux.
Alors, naît le poème.

Albert KAMDEM


Pourquoi je voterai pour Joshua OSIH.

Le 7 octobre 2018 , le Cameroun aura littéralement rendez-vous avec l’Histoire.

La décision que le Peuple Camerounais aura à prendre sera une décision entre l’Immobilisme et le Progrès, entre la Paix et la Guerre, entre le confort trompeur d’un statu quo dans la Médiocrité et l’Audace d’un saut qualitatif vers le 21ème siècle des nouvelles technologies de l’Information et du Progrès Social.

En même temps une élection présidentielle, dit-on, est un rendez-vous entre un homme et un peuple. Ici ni l’un ni l’autre ne peuvent s’offrir le luxe de rater ce rendez-vous. Le Peuple camerounais, après s’être battu des décennies durant pour avoir le droit de choisir son Président a le devoir de bien scruter celui auquel il accordera sa confiance ce 7 octobre 2018. Face au Président sortant plusieurs candidats aspireront à son suffrage, et par le choix du candidat, le Peuple choisira également un profil psychologique, un programme et un parti politique qui est à la fois la machine électorale et la structure qui aidera le nouveau président à organiser et réussir la transition vers le nouveau Cameroun que nous appelons de nos vœux.

Parmi les candidats qui se présentent face au candidat sortant un homme et son parti se distinguent dès lors qu’on prend le temps de la réflexion avec un large regard qui englobe à la fois les enjeux, l’enracinement du parti de l’opposition républicaine qui le soutient et les profils des hommes en eux-mêmes. Cet homme qui se distingue c’est Joshua Osih.

Joshua Nambangi Osih est l’Homme qu’il faut en ces temps d’incertitude au Cameroun et dans les lignes qui suivent nous survoleront quelques raisons pour lesquelles il faut voter pour lui. Le lecteur est cordialement invité à visiter le site https://osih2018.com pour lire la biographie et le programme politique du candidat Osih, car ici nous nous limiterons volontairement à quelques traits de caractère qui qualifient l’homme pour le poste de président de la république du Cameroun.

Le caractère.  Un caractère solide forgé et illustré dans la vie du candidat pendant tout son parcours politique et professionnel devrait être le premier critère à étudier.

Après ses études Joshua Osih n’a pas cédé à l’appel du confort d’une vie toute tracée de fonctionnaire à condition bien sûr de rester politiquement neutre ou de soutenir le parti-état qui gère le Cameroun depuis plus de 50 ans. Au contraire, il a choisi de travailler dans le privé en combinant sa passion pour l’aviation et sa boulimie du travail, pour acquérir une solide expérience nationale et internationale, notamment avec un séjour en Suisse. Après quelques années, il revient dans son pays au début des années 2000, à une époque où le Cameroun était littéralement embourbé dans une crise économique dévastatrice et se débattait pour obtenir des bailleurs de fond, notamment le FMI et la Banque Mondiale, le point d’achèvement de l’initiative PPTE. Tout le monde se souvient de la dégringolade du pays d’un statut de pays à revenus intermédiaires à un pays pauvre très endetté (PPTE). Les investisseurs fuyaient le pays, beaucoup de nationaux qui en avaient le choix préféraient investir à l’étranger.

Joshua Osih choisit de revenir au Cameroun, son pays, celui pour lequel il s’est décidé une fois pour toute alors qu’il avait la possibilité de prendre la nationalité suisse, d’y vivre confortablement et de faire des affaires. C’est une preuve de confiance et de foi en l’avenir du Cameroun, en la capacité du peuple camerounais à relever tous les défis malgré la mauvaise gouvernance et l’environnement régional difficile. C’est aussi une autre preuve d’amour. C’est enfin le signe d’un caractère visionnaire capable de s’imposer un chemin choisi parmi plusieurs autres, même s’il parait plus difficile à un moment donné.

Joshua Osih choisira un autre parcourt peu évident pour celui qui veut se lancer dans les affaires dans ce Cameroun des années 90 et 2000 : il reviendra au SDF, un parti d’opposition connu pour ses contributions et sa fermeté dans la lutte pour le Changement. Pour rappel c’est le SDF qui a donné le coup de grâce au système du Parti Unique au Cameroun, avec entre autres la marche historique du 26 mai 1990 qui avait été réprimé dans le sang, laissant 6 morts, martyrs de la Démocratie sur le carreau. Vouloir faire des affaires au Cameroun tout en affirmant son statut de membre du SDF pour faire carrière politique dans l’opposition était du suicide pour beaucoup d’observateurs. Sa formation intellectuelle, son parfait bilinguisme, sa jeunesse et ses compétences managériales auraient ouvert un boulevard goudronné vers les plus hautes fonctions ministérielles ou de direction de société d’Etat à Osih s’il choisissait le RDPC ou la neutralité politique.

Mais Joshua Osih savait que sans un Changement politique majeur du système, le Cameroun était condamné à rester en arrière et à perdre une des choses qui fait sa spécificité : la Paix malgré sa diversité et sa douloureuse expérience de la lutte armée pour la libération.  De nouveau le signe d’un solide caractère qui a une vision pour son pays dont il connait parfaitement l’Histoire et qui n’hésite pas à affronter les vagues, même quand le navire passe d’une tempête à une autre.

Joshua Osih est une connaissance parfaite des nouvelles technologies de l’information qu’il utilise au quotidien pour collaborer avec ses camarades, ses collaborateurs, ses amis et sa famille. Cela parait banal mais au 21ème siècle un Président qui ne peut pas utiliser lui-même les outils modernes de communication par mail, par les réseaux sociaux et les smart phones ne peut pas établir un lien direct avec son peuple et ses réalités. Le peuple camerounais serait très avisé de ne pas négliger ce point.

« Je déteste le culte de la personnalité et les révérences excessives qui mettent de la distance entre les hommes. Vous m’appelez Joshua comme mes camarades et mes collaborateurs le font ou bien Honorable, puisque c’est le titre consacré de ma fonction actuelle de Député ». C’est la réaction de Joshua Osih lorsqu’il y a quelques mois à Bruxelles, il fut accueilli (à ses yeux) avec un excès de révérence par ses camarades de SDF Europe. Cette réaction reflète les témoignages de tous ceux qui ont connu l’homme Joshua Osih. Rapport simple et convivial avec ses semblables, sans distance inutile et sans fanfaronnade. Un autre trait de caractère d’un team-player qui sait organiser, motiver et diriger les hommes et les femmes autour de lui pour avancer ensemble.

Le Cameroun est un pays officiellement bilingue, avec le Français et l’Anglais comme langues officielles. Pour son malheur il a été dirigé pendant les 58 premières années de son indépendance par des hommes originaires de l’ex-Cameroun oriental qui n’étaient pas bilingues, ce qui est une hérésie en lui-même. Ainsi une partie de la population n’a jamais entendu son président lui parler directement dans la langue officielle qu’elle comprend. C’est l’une des sources majeures des frustrations, car ce que le président fait est naturellement copié par la grande majorité des ministres, des députés et des hauts fonctionnaires. Originaire de la région du Sud-Ouest, Joshua Osih est parfaitement bilingue et a évolué pendant toute sa vie dans un environnement multilingue, tant au sein de sa famille biologique, de sa famille politique que de son monde professionnel. Ainsi il est à l’aise en Français comme en Anglais partout où il est. Elu président de la république il sera le premier ressortissant du Cameroun ex-britannique à la tête de l’Etat, avec cependant un bagage pan-camerounais vécu à apporter puisqu’il a eu l’expérience unique d’avoir milité et être élu au Sud-Ouest et dans le Littoral. Il n’est donc pas étonnant que dans la crise politique qui secoue les régions dites anglophones, Joshua Osih et le SDF ont rejeté résolument la solution facile du sécessionnisme, tout en se battant résolument à l’Assemblée Nationale et partout pour une solution structurelle par le dialogue et des reformes politique bien réfléchies pour l’avenir.

Le facteur déterminant qui fera d’un homme un bon ou un mauvais président est d’abord et avant tout son caractère.

Comme on l’a vu, Joshua Osih dispose indiscutablement d’un caractère solide, trempé et modéré allié à une la vision longuement murie d’un Cameroun inclusif, paisible, prospère, social et moderne.

Je voterai Joshua Osih.

Oumarou RUFAIi


Le pouvoir de l’amour

photo libre de droit. pixabay.com
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Récemment, j’ai vu un documentaire dans lequel une étude montrait que lorsqu’un homme tient la main de sa femme souffrante, leurs rythmes cardiaques et respiratoires se synchronisent, et la douleur de la femme diminue.

C’est le pouvoir de l’amour.

Pavel Goldstein, l’auteur de l’expérience, a commencé l’expérience avec 22 couples volontaires, entre 23 et 32 ans. Il leur a fixé des électrodes sur la tête pour mesurer l’activité des zones de douleur dans leur cerveau, et des capteurs pour suivre leur respiration et leur rythme cardiaque.

Et il a pu constater scientifiquement que, plus un homme aime sa femme, plus ils sont en union d’amour et de sentiments (empathie), plus l’effet anti-douleur est fort quand il lui prend la main ! Mais l’effet apaisant commence dès qu’ils s’assoient l’un à côté de l’autre…

Une étude qui rejoint l’expérience

Grâce à Pavel Goldstein, je sais désormais qu’il se passe quelque chose dans le cerveau quand deux amants sont l’un à côté de l’autre.

Mais franchement, on n’avait pas besoin de scanner ni d’IRM pour s’en douter.

Je me souviens de ce sentiment étrange que j’ai ressenti quand ma maîtresse a dit à Clara, la petite fille dont j’étais amoureux en CE1, de venir s’asseoir à côté de moi.

J’étais comme anesthésié de bonheur. Clara était là, à quelques centimètres. Chaque fois que je tournais la tête vers elle, c’était un ravissement. Je pouvais voir sa trousse, ses mains tachées d’encre, son écriture rondelette sur les feuilles !

Des décennies après, je me souviens très précisément de ses cheveux crépus et raides, coupés courts. De ses yeux marrons, de ses dents et de sa voix haut-perchée et un peu éraillée.

Je ne sais plus ce qu’elle disait, mais j’entends encore cette musique plus douce à mes oreilles qu’un chant céleste.

Plus rien n’existait. Je baignais dans la joie. La sonnerie de la récréation elle-même ne me parvenait qu’à travers un écran d’ouate qui amortissait tout.

Et oui, je pense que, si un jour Clara m’avait pris la main, on aurait pu m’appliquer un fer rouge sur la peau, je ne m’en serais pas aperçu.


Pourquoi je prétends être poète

Il me suffit de croiser le matin dès l’aube, une fleur dégoulinant de tout l’or des premières gouttes de rosée. Le lever magnifique du soleil. Pour que je tombe nez à nez face à mon impuissance, mon incapacité à trouver les mots justes pour décrire ces formes merveilleuses. Éclabousser la toile de la vie de ces couleurs irréelles.

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Alors, je me dresse là, devant les murailles imposantes du silence. Sous les caresses du vent. Je reste là. Muet, figé. Parce que la lumière et la beauté sans forme me pénètrent jusque dans mes profondeurs, me brassent et me transfigurent. Parce qu’il me faut des mots. Des grands mots monstrueusement élargis comme une main prête à porter le monde. Ceux dont je dispose ne sont pas inutiles ; ils sont justes comme de petits bols inaptes à contenir, à exprimer la grande Âme de la vie qui anime toute chose. Qui nous ouvre le cœur par de denses émotions, l’émerveillement.

Et quand mes pupilles se dilateraient pour contempler au delà de la beauté de la forme, les mystères du fond. Quand mes sens s’aiguiseraient au point où mes perceptions de la vie seraient incroyablement décuplées, je ne serais pas plus apte à mettre en mots les images et les ressentis. Je ne serais pas plus poète. Parce que les mots sont impuissants à exprimer la pureté des vibrations, des émotions, l’émerveillement de l’âme face aux mystères de la vie. Ils le savent. Ils sont à mi-chemin entre la terre et le ciel, le néant et la vie consciente d’elle-même.

Je pourrais ouvrir la bouche. Mais je parlerais sans rien dire. Parce que seul le silence peut contenir l’extase infinie qui s’exhale comme un doux parfum de tout ce qui vit. Seul le silence peut l’exprimer, le purifier. C’est la langue commune à tous les hommes, à tous les êtres; le Babel qui nous ouvrirait les portes du ciel et des dieux.

Les mots resteront à jamais impuissants devant la grande réalité de la vie. Et je le serais aussi tant que je m’armerais d’une plume. Impuissant à devenir un poète. Un vrai.

Daves.


Je n’oublierai jamais…

Je n’oublierai jamais cette nuit de mai encore vivante en moi. Ce croissant de lune à peine voilé par les nuages, ce doux vent qui me caressait la peau, et, Françoise devant moi. Elle n’était pas très jolie ; son visage manquait quelque chose qui l’aurait purifié comme un beau dessin aux traits négligemment esquissés et aux couleurs pâles. En réalité, je me sentais plus attiré par sa beauté intérieure, son intelligence, que par ce masque d’ébène aux traits grossiers qu’au plus profond de moi, je chérissais. Le secret de notre amitié résidait dans la profonde complicité qui s’était installée entre nous, cette étoile, volée au clair de lune, que j’avais cachée dans son cœur et que je contemplais chaque jour à travers ses beaux yeux.

Nous étions au sommet d’une colline. Le bruissement du vent taquinant le paysage donnait un tumulte confus, dans lequel, les feuilles mortes et les herbes fraîches faisaient entendre leurs voix. Françoise me regardait sans rien dire. Nous marchions main dans la main, insouciants, heureux. Nous brûlions de cette flamme incandescente des premiers amours, des premières passions, des premiers baisers. Je lui fis savoir que j’étais très gêné de marcher seul à travers les bois pour me rendre au lycée sans elle à mes cotés. Que son état de santé, plutôt triste, me donne de la peine. Elle commença une phrase qu’elle ne termine pas :

– Je…je suis…comment dire ?

– tu n’as rien à redouter, lui dis-je pour la rassurer, rien à craindre.

– je suis enceinte.

– …

Cette phrase résonna dans mon cœur comme une balle de fusil. Tel un éclair, la première solution qui traversa mon esprit, c’était l’avortement. En cette matière, les filles avaient autant de recettes que de jours dans l’année, autant d’armes pour ne pas succomber sous la foudre de la famille déshonorée. La majorité des adeptes de cette pratique en payait le prix de leur propre vie. Mais cela demeurait une issue de sortie quoique risquée.

Ma grande tentation, ce fut de procéder à la politique du blanchissage. En effet, lui proposer une solution pareille m’aurait aligné dans les rangs déjà très longs de ceux qui recouraient à cette pratique diabolique. L’heure était venue pour moi de prendre mes responsabilités. Même si j’avais trop bonne réputation pour devenir père de famille si tôt. Ma mère aurait laissé paraître sa surprise, et éclater sa colère en mille feux pour me consumer : David, qui t’a appris les choses de Satan ?

En réalité, si la sexualité était un sujet tabou pour les parents, il ne l’était pas pour nous. Ma mère ne se sentait pas à l’aise quand il était question de parler de ces « choses diaboliques » avec moi. Par conséquent, j’en faisais souvent le sujet principal de mes commentaires en compagnie des mes amis. Pour nous, c’était un moyen d’affirmer notre masculinité et notre puissance. Je pouvais me vanter d’avoir fait ça avec plusieurs filles, accablant de paroles désagréables, ceux qui prétendaient être abstinents dans le but d’être en accord avec certains principes moraux ou religieux. Ou par timidité.

J’avais 14 ans et Françoise 13. Mon imagination me jouait des tours et me faisait croire au pire. Et que rien finalement ne s’arrangerait. En réalité mes craintes avaient quand même raison d’être car son père n’était qu’un ivrogne. Sa femme était un tambour duquel il tirait mille et une harmonies au gré de ses fantaisies. Pourtant il n’aurait jamais tenu deux minutes devant un homme vigoureux de son âge. Jamais.

Alors que nous descendions de cette colline magnifique, c’est sûr que Françoise y pensait. A cet alcoolique, ce monstre qu’elle avait pour père. A nos folies, notre inconscience. Toutes les images, les souvenirs de sa vie agitée brillaient tels d’innombrables étoiles dans le ciel noir de sa pensée. Elle grelottait de froid et de frayeur. Son cœur battait la chamade. Si seulement il était possible d’effacer le passé et de tout recommencer à nouveau…

Pour m’extirper de ce trouble qui m’envahissait, Françoise me rappela tous nos souvenirs enfouis dans chaque pierre de cette route que nous empruntions quelques mois auparavant pour nous rendre à l’école, nos errances à travers les bois et les roses que nous avions cueillies au bord du chemin… Tout rejaillissait dans ma mémoire comme des feux d’artifices. Tous ces petits bonheurs ajoutaient une dose de nostalgie à mon cœur en proie à un malaise indescriptible. J’avais l’impression que rien ne serait plus jamais comme avant.

Comme nous arrivions déjà à ce petit carrefour qui donnait sur nos habitations respectives, elle se rapprocha un peu plus de moi, s’appuya sur mon épaule comme si elle manquait de force pour avancer, puis, se mit à pleurer doucement. Et comme j’essuyais, de mon mouchoir, les larmes qui dégoulinaient de ses yeux, elle se serra fort contre moi avec cet élan dans lequel je sentais que son amour la portait. Tout à coup, j’eus l’impression que la nature revêtit, comme par magie, mille parures féeriques. Et que ses couleurs devinrent éclatantes, vives, comme dans un beau rêve. Dans une ultime étreinte, je vis à travers ses yeux, un soleil éclatant d’amour dont je n’oublierai jamais les milles scintillements.

Cette nuit là, je ne pus dormir de la nuit. Fallait-il en parler à ma mère ? Que fallait-il faire ? Questions sans réponses. Mais quant à toi, Françoise, tu ne te posais pas ces questions. Tu n’étais pas chez tes parents cette nuit là, n’est-ce pas ? Tu t’es rendu à la rivière alors que nous venions de nous quitter. Pour en finir. Pour ne pas affronter la réalité. Tu t’es procuré un rayon de vélo. Tu as écarté les jambes. Et tu l’as enfoncé dans tes entrailles.

Et le matin, on t’a retrouvé là. Morte. Partie. Et moi tout seul.

Tout seul avec mes remords dans un monde dépeuplé, et même si aujourd’hui j’essaie de me reconstruire, je ne t’oublie pas. Non, jamais. Et je demande chaque jour à Dieu de me pardonner. Et de m’aimer. Comme moi je t’ai aimé.

 


Oui, le cancer peut être guérit.

Comment soigner de façon pratique et économique le cancer et dautres maladies, sans mutilations ni remèdes, sans effets collatéraux et sans sortir de chez soi.

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Le secret a été bien gardé pendant des siècles. Aujourd’hui, même si des milliers de personnes dans le monde en profitent, la plupart des gens n’en ont pas entendu parler.

Il s’agit  du plus formidable moyen mis à notre disposition par la nature pour soigner et guérir – même les maux les plus terribles dont nous puissions souffrir. Déjà des civilisations anciennes, comme la Grèce antique ou la Chine, en avaient pressenti les effets. Elles l’utilisaient pour certaines applications curatives, comme remède contre l’ulcère d’estomac, ou les problèmes intestinaux. Mais il a fallu attendre des recherches toutes récentes et le zèle du père Romano Zago pour donner à ce remède « miracle » toute sa valeur.

C’est véritablement surprenant. En lisant les comptes rendus de cas médicaux, on a peine à y croire : pourtant, cas après cas, d’après l’auteur, les preuves se sont accumulées au fil des années. J’ai pu moi-même le vérifier. Voici quelques-unes des applications dont je peux témoigner personnellement :

  • Aigreur ou acidité d’estomac
  • Rhumatismes
  • Constipation
  • paludisme
  • Sinusite
  • Pied d’athlète
  • Rhumes
  • Acné
  • indigestions
  • cancer…

Le secret de la recette :

Tout d’abord, je tiens à préciser que l’idéal serait de posséder des plantes d’aloès arborescens ou d’aloès Vera chez soi pour des raisons que je vous donnerais tout à l’heure. Ces plantes devront être âgées d’au moins 4 ans pour un résultat optimal.  Les plantes de moins de 2 ans ne sont pas recommandées car pas assez riche en principe actif…

Je vous propose de demander à votre fournisseur d’aloès Vera l’une de ses plantes les plus matures et fraichement déterrée avec toutes ses racines pour une transplantation chez vous. Si vous vivez en France, voici l’adresse d’un fournisseur de feuilles fraiches d’aloès arborescens : L’ILE AUX PLANTES, Route de Cholet – chemin de la Halbaudière. BP : 43 –  49 120 CHEMILLE – France. Tel : 02 41 30 21 93.

Le matin donc AVANT le lever du soleil ou le soir APRÈS son coucher (ces tranches horaires doivent être obligatoirement respectées ; je vous dirais pourquoi.) cueillir 4 feuilles d’aloès Vera, les laver et enlever les épines. Passer au mixeur en ajoutant 1 kilo de miel et 30 à 40 ml – l’équivalent d’une petite tasse de café- d’eau-de-vie (le cognac ou le citron pourrait bien aller à la place). Prendre deux cuillerées deux fois par jour pendant dix jours, puis suspendre le traitement pendant une semaine et continuer au même rythme jusqu’à guérison.

Toutefois pour mettre toutes les chances de votre coté, vous devez OBLIGATOIREMENT respecter à la lettre les sept recommandations ci-dessous :

  • Cueillir les feuilles quand il fait noir.
  • Après cinq jours de pluie.
  • Préparer la recette dans l’obscurité.
  • Exécuter les préparatifs aussitôt après la récolte.
  • Prendre le mélange dans l’obscurité.
  • Conserver le mélange au réfrigérateur dans une bouteille sombre de préférence de couleur verte ou marron clair.
  • Ne pas prendre à jeun mais de préférence avant ou entre les repas.

Attention : la raison pour laquelle on doit éviter la lumière solaire ou artificielle réside dans le faite que l’aloès contient une substance qui réagit au cancer et qui, au contact de la lumière solaire ou artificielle, perd automatiquement ses effets.

Vous n’êtes en aucun cas obligés de suspendre ou de renoncer aux traitements proposés par le médecin quant au cancer d’autant plus que cette recette naturelle atténue de manière très significative les effets secondaires ( chute de cheveux, amaigrissement…) de la radiothérapie/chimiothérapie en protégeant les cellules saines…

De plus, n’arrêtez JAMAIS le traitement sans la confirmation de guérison complète par votre médecin et cela, même si vous vous sentez en très en forme. Sinon les rechutes seront incroyablement agressives… et fatales !

Le père Zago Romano, auteur de l’ouvrage intitulé Du cancer on peut guérir atteste qu’en plus d’être très efficace contre le cancer, elle possède les applications curatives suivantes :

  • Fistule dans la gencive
  • Tonique capillaire, anti pelliculaire
  • Brûlures aux rayons X
  • Anti tétanique
  • Eczémas
  • Hémorroïdes
  • Anémie… la liste est longue, très longue !

Ne dites pas non, dites peut- être…

Si vous êtes sceptique, sachez que l’étais moi-même au début. Jusqu’à ce que je décide de prendre un flacon de cette préparation. Et que j’en donne à ceux qui en avaient besoin juste pour m’en convaincre de sa puissance. Alors j’ai eu des expériences extraordinaires si bien qu’aujourd’hui je considère cette recette comme une potion magique. Je pèse mes mots.

Si vous êtes intéressés par l’ouvrage fascinant du Père Romano Zago
« Du cancer on peut guérir » voici, pour ceux qui habitent en France, une liste de points de vente ou vous pourrez vous procurer cet ouvrage:
  • Etoile Notre Dame (53104)
  • Editions Resiac (53150)
  • Edition Saint Jean (Mr GUERING) (19220)
  • Vivre Naturel (22450)
  • Abbaye De Tamie (73200)
  • L’île aux plantes (31704)
  • Librairie Siloe Bellefontaine (49122)

A votre santé  !

David KAMDEM.

 

 

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Parce que je rêve d’être moi-même

 

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Je fais toutes les nuits le même rêve. Je suis un oiseau blanc, tout blanc, tout auréolé des couleurs de l’espérance. Je plane, les ailes grandes ouvertes tel un aigle et me laisse emporter par les courants vers de nouvelles contrées. Et  à mon réveil, la fraicheur matinale m’apporte le parfum embaumé des villes lointaines et le bruit sourd des débarcadères.

Je veux partir.

Cela fait des mois, que je lutte contre ce sentiment.  Ces idées noires qui me saturent l’esprit. Partir au loin, jusqu’au bout de l’horizon, au bout du monde. Partir. Pour me retrouver, revivre. Pour maman qui est tombé dans profonde dépression depuis une dizaine d’année, usée par les multiples procédures, fatiguée de mendier son salaire. Je lui prends tous les jours dans mes bras et lui dit qu’elle doit être forte, qu’elle peut rebondir, faire autre chose. Oui, oui, David, me dit-elle,  je ne suis pas forte. Peut-être que les autres le sont. Le bon Dieu m’a crée toute petite, faible. Je ne peux pas… Et elle pleure. Je pleure aussi. Tout le monde pense qu’elle est possédée par un esprit malin, qu’elle est devenue inconsciente, paresseuse. Mais je sais qu’elle est malade. Très malade. Je dois lui supplier pour qu’elle s’alimente normalement, qu’elle prenne ses médicaments. Des antidépresseurs.

Je veux partir.

Pour ma petite sœur qui me regarde depuis sa huitième année comme un grand-frère, un père. Qui attend de moi que je lui tienne la main au quotidien. Tout comme Dieu le fait pour moi. Je prends souvent sa tête dans mes deux mains, la serre contre moi et lui dit : « Tu ne seras pas comme Séverine, notre ainée. Elle est devenue une prostituée et s’en fout de tout le monde… toi tu es différente, tu dois être différente, oui, tu le seras. » Elle rit. Parce qu’elle ne voit pas mes larmes qui coulent à l’intérieur. Parce qu’elle ne sait pas.

Je vois à travers ses yeux ces sourires qui lui viennent du fond du cœur comme une source jaillissante. Et prie en secret que cet émerveillement lui reste toute la vie. Car en vérité, je ne sais plus sourire, de ce sourire qui dévoile l’emportement du cœur. Peut-être qu’après tout je suis comme maman… La dernière fois que je me suis rendu à l’hôpital, les médecins m’ont dit qu’il fallait absolument que je me détende. Trop de stress. Vous êtes pourtant très jeune, qu’est-ce qui vous tracasse ? Un chagrin d’amour ? Qu’est-ce qui vous tracasse ?

Aujourd’hui, ça fait plus d’un an que je pratique quotidiennement le yoga.  Que je chéris ces heures quotidiennes consacrées à la méditation, assis sur le tapis, le dos bien droit. Ainsi, je découvre chaque jour, au cœur de mon imagination, cette île où je peux me recueillir, fredonner de belles mélodies, celles du silence. Même si après il faut revenir, descendre les pieds sur terre, et accepter. D’avoir été un adolescent adulte sans avoir été aussi fort que je l’aurais pu être. D’être dans une situation qui ne me convient pas. Accepter et sourire à la vie.

Parce que plus profonde est la blessure laissée par le chagrin, d’autant elle pourra contenir de joie.

Parce qu’il y a une étoile derrière chaque douleur, un secret, une surprise, un rêve éveillé.

Parce que je fais toute les nuits le même rêve, celui d’être la personne véritable qui se cache derrière mes peurs, ma fragilité, mon impuissance.

Parce que je rêve d’être moi-même.


Ce que Biya aurait « reproché » à Hissene HABRE…

photo libre de droit. commons.wikimedia.org
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Voici d’ailleurs ce qu’au regard de sa vie politique, S.E. Paul BIYA lui dirait à l’occasion d’une brève rencontre :
« Compère HISSENE, j’imagine que vous n’aviez pas prévu de passer la fin de votre vie en prison. Je pense que vous n’auriez pas dû être là ou vous êtes si vous n’aviez pas fait cette erreur :
Vous avez sous-estimé le pouvoir de la constitution !

« Je ne vous ai jamais compris dans vos élans sanguinaires. Que recherchiez-vous en procédant de cette façon ? L’adhésion des masses ? La crainte ? L’amour ? Vous pouviez obtenir tout cela grâce à la constitution ! Le roc sur lequel vous auriez dû bâtir votre pouvoir c’est la constitution ! Vous n’avez aucune idée de la sécurité que cela peut procurer au quotidien. Vous auriez pu instaurer la démocratie, obtenir des milliers de mandats au gré de vos fantaisies, gagner des élections sans battre campagne quand bien même les pronostics des sondages seraient contre vous.

Je tiens à préciser que je suis un parfait exemple de longévité au pouvoir. J’ai plus d’un tiers de siècle de règne. Je sais de quoi je parle. Actuellement ma constitution me protège des épreuves que vous traversez actuellement. Voici ce qu’elle a prévu à ce sujet : « Les actes accomplis par le président de la République, sont couverts par l’immunité et ne sauraient engager sa responsabilité à l’issue de son mandat. » Je sais faire preuve d’une intelligence tactique extraordinaire. vous vous rendez compte ? Permettez-moi de vous le dire un peu crûment : vous êtes dans ce sale pétrin à cause d’une « erreur technique » !

Pour résumer mon entretien, sachez que la constitution est TOUT et qu’elle peut tout vous donner même si le peuple ne vous accorde rien. Tout dépendra justement à savoir demander exactement tout ce que vous voulez. Car autant vous le dire tout de suite, elle est comme beaucoup de femmes que j’ai connues. Si vous êtes froids ou timide face à elle, elle s’en ira à la conquête d’un homme plus fort. Et vous auriez pu être cet homme fort, puissant, comme moi. »

Aucun journaliste n’oserait posera Monsieur BIYA la question de savoir a quand une constitution solide et unanimement respectée au Cameroun. Personne. Sous peine de recevoir une réponse comme celle-ci : « euh… nous prévoyons l’émergence du Cameroun en 2035 et certainement celle de notre constitution aussi… »

Bien entendu, plus tard veut dire jamais !


A vrai dire, Biya n’a rien contre la corruption !

 

credit photo : challenge.ma
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Au Cameroun, la morale, de même que la recherche des valeurs, ne sont plus les choses du monde les mieux partagées pour reprendre la célèbre formule de René Descartes. Méditons sur un cliché.

À la faveur d’une récente circulaire relative au renouvellement des bureaux des organes de base du RDPC, parti au pouvoir, on a assisté à une gesticulation de mauvais goût. Les différents candidats ont servi au peuple camerounais une démocratie tropicalisée, une démocratie de l’apparence. Ils ont acheté plusieurs cartes de membres pour les placer auprès du « bétail » électoral.  Le cou des textes a été sérieusement tordu, guillotiné. Et parce qu’ils ont opté pour ces voies obscures, le dialogue souhaité et attendu pendant les joutes de ce genre a volé en éclats. Contestations, nuits de longs couteaux étaient au menu. Très vite, on est passé d’une politique de pédagogie et de développement, à une politique totem, mensongère. Les candidats ont ainsi versé dans ce que Alain Duhamel appelle la politique imaginaire, autrement dit, un semblant de politique qui ferme les horizons de l’avenir parce qu’elle normalise l’écart pendant qu’elle écarte la norme.

Au delà des textes, les candidats n’ont pas compris que la politique n’est pas une mystique sans éthique. Qu’elle est un art, une affaire de valeur et d’éducation. Je crois sincèrement que je ne suis pas le seul camerounais à penser que pour qu’un système aussi malhonnête puisse fonctionner merveilleusement, sans aucune sanction, aucun grain de sable pour enrayer son puissant mécanisme, il a besoin d’être encadré. Solidement encadré. Par la grande passivité du chef de l’état.

Ce pays est-il vraiment gouverné ?

Malgré les sanctions du conseil de discipline budgétaire et financière, – que plusieurs observateurs qualifient  à tort ou à raison comme étant instrumentalisées – la corruption a continué sa folle avancée. Cette immoralité rampante trouve son fondement devenu le code génétique de tous et de chacun. Au nom de l’idéologie de l’argent et du pouvoir, notre société est tombée dans une zombification très avancée.

Pourtant, en guise d’avertissement, de sonnette d’alarme, le philosophe camerounais Ebenezer NJOH MOUELLE signalait déjà que « si on supprime dans l’existence des hommes, toute préoccupation de la valeur, c’est la chute verticale dans l’animalité, le triomphe des instincts grossiers ». En sommes-nous si éloignés ?

Au regard de la déferlante de l’immoralité, il urge aujourd’hui de mener une profonde réflexion pour la production d’un référentiel éthique pour réarmer mentalement les camerounais en faisant une rupture avec le logiciel mental en vigueur.

Sinon…


Journée mondiale du livre : de la célébration au requiem ?

Le façonnement industriel des esprits est proprement l’industrie du XXe siècle

Hans MAGNUS ENZENSBERGER.

Image libre de droit. france bleu.fr
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Le 13 Avril dernier était le jour de la célébration du livre avec comme thème retenu par les organisateurs : « L’accès au livre pour tous ». Cet événement s’est tenu dans un contexte particulier au Cameroun. Un contexte dans lequel la stagnation, voire la régression de la production romanesque frappe les observateurs. Beaucoup de consommateurs du livre ont tourné le dos à la lecture. Résultat, on a assisté plus au requiem du livre qu’à sa célébration.

Pourtant, le livre a toujours été et demeure le socle du développement. En tant qu’instrument/outil,  il représente l’âme d’un peuple et davantage son devoir d’être. Il y a par conséquent une loi d’airain entre l’écrivain, son environnement et son peuple. Le travail de celui-ci  dès lors est non seulement d’écrire, mais aussi de fabriquer une continuité de l’écriture, contribuant ainsi à tisser modestement l’héritage des peuples.

L’écrivain est par essence un dissident au sens où l’entendait MONGO BETI : « Quelqu’un qui, volontairement, en toute connaissance de cause, et à un moment donné, se met à l’écart parce qu’il est pris d’un doute sur les valeurs qui fondent le groupe ou sur l’orientation globale du devenir du groupe ».

Les années glorieuses du livre

Ce rôle de boussole, d’éveilleur des consciences a été excellemment joué par ceux que nous considérons comme les figures de proue de la littérature africaine. Au rang de ceux-ci, nous pouvons citer Ferdinand OYONO, Engelbert MVENG, MONGO BETI, WOLE SOYINKA, HAMPATE BA, U’ TAMSI et les autres. Leur mérite est d’avoir su conceptualiser, verbaliser, écrire le vécu historique de l’Afrique. Ils se sont donnés pour mission d’ouvrir portes et fenêtres, ôter de leurs pieds les chaussures de l’inimitié et des idées fixes, tirer les rideaux de sens, souffler sur la poussière des non dits et permettre ainsi au soleil de l’analyse  et de l’interprétation d’occuper chaque coin de la maison, de l’Afrique. Ces icônes de la littérature avaient pour  métier l’écriture et pour compagnon permanent  le livre. Le livre était tout ; la lecture une véritable passion. C’était une belle option si on se réfère à cette attitude de LA BRUYERE « c’est un métier que de faire un livre, comme de faire une pendule : il faut plus que de l’esprit pour être auteur ». A cause de leur vocation, nos génies ont eu la volonté de porter la littérature, et donc les idées, à leur plus haute expression alors même que les lois liberticides étaient une véritable épée de Damoclès suspendue sur leurs vies. Les best-sellers produits gardent aujourd’hui une fraîcheur troublante tant le contenu semble n’avoir pas pris de ride. Voilà qui nous autorise à penser qu’ils ont été les vrais héros de l’aventure humaine en générale et africaine en particulier.

La descente aux enfers

Aujourd’hui malheureusement, peu de best-sellers existent. Dans le passé, les africains écrivaient peut être pour leurs peuples colonisés et demeurés analphabètes, mais ils écrivaient surtout en signe de dissidence avec le colon au sujet du colonialisme. Aujourd’hui, l’écrivain africain veut écrire pour son public et non pour satisfaire des lecteurs lointains. Attitude qui n’intéresse pas les éditeurs.

Nous avons par conséquent des écrivains envoûteurs, marionnettistes au service d’une littérature ensorcelée ; les meilleurs étant en exil, soit par contrainte, soit par choix.

De nos jours pourtant, et un peu plus qu’hier, nous sommes dans une époque de trouble de la raison dû à l’inversion des valeurs fondamentalement propre à l’Afrique. Face à ce phénomène, On assiste à l’émergence d’une nouvelle génération d’écrivains nous servant une littérature de simple constat ou orientée vers des préoccupations biographiques. Une telle littérature, parce qu’elle n’est pas pédagogique, ne peut pas être un vecteur de développement.

En outre, comme élément fondamental du requiem du livre aujourd’hui, on peut également citer le défaut criard de la culture de la lecture. Le constat est terrifiant. Les camerounais ne lisent plus. Au nom  du matérialisme à outrance, de l’idéologie du matériel, le livre, la lecture et par conséquent les valeurs sont relégués aux calendes grecques.

Chez le travailleur, l’élève, l’étudiant, le diplôme est tout, un terminus. Une fois ce sésame obtenu, tout est accompli. Plus aucun livre n’est ouvert après la sortie de l’université. Les parents ne l’offrent plus à leur progéniture en signe de gratification d’un succès à une entreprise mais plutôt un téléphone dernier cri. Les élèves dans les salles de classe ne consomment plus le livre. Parce-ce que pas suffisamment accessible à tous, soit par le coût ou la disponibilité. Ils se contentent uniquement de consommer les notes de l’enseignant. Le divorce d’avec les auteurs est consommé et le requiem du livre entonné.

Les médias ne sont pas en reste dans cette « mort » du livre et de la lecture. En dehors de l’émission « Romances » de la télévision nationale camerounaise dont la ligne éditoriale est de faire consommer le livre, plus rien. Silence radio et télévision.

Plaidoyer pour la promotion de la culture de la lecture

A l’heure de la mondialisation, où l’émergence est devenue la chose la mieux partagée, on ne saurait être complice de la mort programmée du livre et de la lecture.

Que faut-il faire dans cette optique pour redorer le blason du livre ? Que faut-il faire pour que la lecture devienne le « code génétique » de tous ? Questions essentielles.

D’abord, la renaissance des années glorieuses du livre devra commencer par nos intellectuels. L’intellectuel africain qu’il le veuille ou non, qu’il le sache ou non, reste encore même à son corps défendant, la torche qui guide dans la nuit d’une modernité redoutable.

De plus, il faudrait mettre en place des revues spécialisées correctement diffusées, provoquer des rencontres, séminaires, et colloques sur le livre et la lecture. Il s’agit en fait de renouer avec la culture du « café – littérature » pour provoquer des véritables discussions et débats.

Les parents sont un maillon essentiel pour éviter au livre un « futur sans avenir ». Ils doivent plus que par le passé comprendre qu’au-delà du diplôme, l’école doit participer à la formation de la personnalité de l’enfant, de l’homme. Il est donc nécessaire et urgent que les parents stimulent chez les enfants le goût de la lecture à travers des stratégies appropriées.

Parce que la littérature d’un peuple est tributaire de son histoire, les pouvoirs publics doivent inciter, encadrer, rassembler, les éclats épars de notre conscience, de les solidifier en vue d’un édifice culturel qui réponde à la vocation  de l’Afrique. Sinon, le livre continuera à être l’événement d’un seul jour, le 23 avril de chaque année. Ce qu’il ne faut pas entrevoir parce que le livre est une bouteille jetée à la mer. Il donne à penser et à se situer par les interrogations qu’il suscite en nous.


Meilleurs voeux 2016

 

photo libre de droit: pixabay.com
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Une année de plus. 12 mois envolés en fumée. 12 mois marqués au fer rouge dans la mémoire. Quitter une année pour une autre est toujours un moment difficile. A ce moment crucial, on manifeste une certaine exaltation mêlé d’un sentiment douloureux, délicieusement douloureux. Tel un reptile, on fait peau neuve, ou plutôt, la vie nous donne l’occasion de faire peau neuve, de se réjouir, de soigner les parties de nous qui souffrent, de comprendre l’origine de nos souffrances, d’espérer.

Quant à l’année 2015, elle a été ponctuée d’ondes sismiques d’une violence extraordinaire. Elle nous a fait passer de l’extase à la tristesse en une seule seconde. Nos cœurs ont saignés pour nos proches disparus, arrachés à la vie de la façon la plus inacceptable : les victimes des attentats de Paris, de Boko Haram, de la guerre en Syrie et ses malheureux déportés. Nous avons glissé lentement vers une peur insensée dans un monde devenu trop fragile, dangereux, incertain. Nous avons prié, silence des cœurs unis devant les coups du sort, la fatalité. Nous avons compris nos folies, notre fragilité, notre vulnérabilité, notre humanité. Nous avons rêvé.  D’un âge d’or, un monde meilleur où les hommes au delà de leur différence seront des frères. Où les militaires seront des artisans de la paix, les poètes du bonheur. Et nous avons pleuré.

La peur, le feu, le sang. Voila ce qui restera dans les mémoires pour cette année 2015. Une année noire qui, je l’espère, sera balayé par les vents revitalisants de l’année nouvelle.

Pour vous qui me lisez, je prie que cette année nouvelle puisse multiplier vos expériences positives, vous protéger de la fatalité, vous laisser d’inoubliables souvenirs, sécher vos larmes, effacer vos regrets. Qu’elle soit un pont entre vous et un avenir riche en surprises extraordinaires. Qu’elle soit fabuleuse !

Meilleurs vœux 2016.


Pour toi mon amour…

Pour toi.
Pour toi je veux écrire, mais je manque de mots. Les mots pour traduire les évidences, marquer la frontière entre mes peurs et espérances. Je rêve de berges fleuries aux abords d’un étang grouillant de flamants roses, je rêve de toi. De ton sourire, ton visage, ces subtilités qui font de toi une personne précieuse à mes yeux. Et toi que je vois au loin telle une gazelle ivre d’air, de liberté, de verdure et d’espace, si tu n’étais qu’une panthère déguisée ?
Je me souviens de ce soleil éclaté comme un fruit trop mûr, ce soleil qui fut le témoin de notre rencontre, de la naissance soudaine de mon amour. Ce soleil omniprésent qui aujourd’hui encore m’éclaire et me suit. Je me souviens de cette fierté, cette autorité, cette hauteur qui transparaissait dans l’expression de tout ton être. Au-dessus de tes talons hauts, tu me parus comme une tour infranchissable.
Te rencontrer m’a renvoyé à ma peur profonde d’aimer. De quitter la terre et de voler tel un aigle sur la cime des montagnes. Alors, je me suis trouvé un alibi, une échappatoire, un attachement soudain pour la monotonie. La vie de libertin. Cette vie dans laquelle les passions nous submergent et nous emportent vers le ciel en nous gardant les pieds sur terre. Cette vie sans amour véritable où nous pouvons rire, mais pas de tout notre cœur et pleurer, mais pas de toutes nos larmes. Alors, j’ai lutté. Je me suis armé d’un bouclier trop petit pour mon cœur, et d’une épée trop fragile pour me défendre. Peine perdue. Aujourd’hui, je suis ballotté par les grands courants de l’amour.
Pour toi,
Je veux être heureux, me lever avec l’espoir d’une journée où il m’est donné d’aimer : la terre, la mer, les hommes, les montagnes. Laisser ce trop-plein d’amour s’épancher jusqu’au bout du monde. Le mettre dans chaque mot, chaque geste, chaque pas ; le laisser transformer ma vie et me rendre meilleur.
Pour toi mon amour,
J’ai longtemps cessé de lutter contre les grandes forces de l’amour. À ce moment où j’écris ces quelques lignes, j’ai l’impression de déclarer ma flamme à la Terre tellement autour de moi tout paraît étrange, féerique, irréellement coloré. Si aujourd’hui je t’ai perdu de vue et qu’au bout du monde tu ne sais pas toutes ces choses, au moins, le monde le sait déjà. Et ma vie est belle comme ça.
Je t’aime.


Lettre d’un immigré clandestin

Cher ami,
Je suis un blanc, noir, jaune ou rouge. De mes rêves tombés dans la boue comme des hirondelles blessées, il ne me reste qu’une poignée d’espérance. Pour certains, je ne suis qu’un immigré clandestin, un hors-la-loi. Tu fais partie de ces gens-là, n’est-ce pas ? Mais je ne suis qu’un homme. Je viens de l’autre bout du monde et je pars vers l’inconnu. Ce voyage lointain, je l’avais espéré depuis longtemps. Mais dès que le soleil s’est éteint et que l’étau de la nuit et du désespoir s’est resserré autour de moi, il s’est imposé comme une évidence. Une urgence. J’ai pris mon sac de provisions – des paquets de biscuits et un bol d’espérance. J’ai posé ma boussole sur ma carte géographique : la route du nord et de la sécurité sauta à mes yeux. J’ai écrasé une larme, car je m’apprêtais à faire une bêtise. Et je suis parti.

J’ai laissé derrière moi un passé tumultueux, une vie devenue insupportable. Gémir, pleurer, prier, ce n’est pas lâche. Surtout quand on peut forcer le destin et que d’imprévisibles bouleversements peuvent être à l’ordre du jour. Je t’écris cette lettre depuis cette motte de terre que tu appelles « étranger ». Quand tu me liras, je serais peut-être déjà à ta porte, près de ton cœur. Je t’envoie cette nuit d’enfer aux profondeurs de mes peurs domptées, refoulées. Je suis prêt à braver l’orgueil des montagnes et les tumultes des flots.

Mille kilomètres nous séparent. Pourtant, de la nuit, je n’entends que la pulsation rythmique de nos deux cœurs, douce musique de la vie.

J’avais imaginé des bras familiers pour m’accueillir. Un cœur pour m’aimer. Un lieu où reposer ma tête de douleur, fut-ce à la belle étoile. Mais aujourd’hui, j’essuie le faisceau dédaigneux de ton regard. Je t’inspire autant de compassion que de peur. Je te comprends.

Et parce que je te comprends, je t’aime. Tu ne sais pas mon cœur face à mes rêves brisés, fruit encore vert arraché par les rafales. La graine de l’espérance dans la terre asséchée. Tu ne sais pas tant de choses, tu ne me connais pas. De l’immigré clandestin que je suis, tu ne vois pas le chercheur de lumière, l’homme qui te ressemble.

Amicalement,

L’homme qui te ressemble.


Paul Biya, 33 ans d’immobilisme

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Depuis un mois, les Camerounais glissent lentement vers une peur insensée, et pour cause, la secte islamiste Boko Haram. Les récents attentats perpétrés par ladite secte dans la région de l’extrême nord du Cameroun mettent en lumière cette cruelle vérité : la paix, credo si cher à notre devise nationale est menacée. Très actif ces derniers temps, le locataire d’Etoundi a pris des décisions urgentes notamment dans le domaine de la sécurité, la restructuration des forces armées et de la police nationale. Cela a t-il toujours été le cas ? Coup d’œil sur trois décennies d’immobilisme.

  • Un gouvernement en pilotage automatique.

Les plans quinquennaux si chers à Ahmadou Ahidjo ont été relégués aux oubliettes et remplacés par une gestion quotidienne sans aucune perspective d’avenir. Aucune prévision axée sur le développement. Biya et son administration ne se sentent pas obligés de rendre compte aux Camerounais de la gestion qui est faite de leur pays. Ils décident de tout, de la misère des populations à leur fortune. Doté d’un salaire de 200 euros selon le magazine jeune Afrique, le natif de Mvomeka’a culmine à une fortune d’environ 200 millions d’euros selon richestlifestyle. Une fortune d’un million de fois plus élevée que son prétendu salaire ! C’est quoi cette mascarade ?
Le Cameroun, pays dont la population est 16 fois inférieure à celle des Etats-Unis compte 3 fois plus de ministères, soit 46. Des fonctionnaires qui après avoir détourné les deniers publics sont pour la plupart immédiatement affectés à un autre poste comme pour être récompensés. Le cas le plus flagrant est celui de Gervais Mendo Ze qui après avoir accaparé plus de 2,616 milliards à la CRTV s’est vu promu au ministère de la Communication.

  • Une jeunesse en perdition.

Désœuvrée et en manque de repères, 80 % de la jeunesse est livrée à elle-même. Les concours administratifs aux frais de participation élevés et aux places chèrement ‘’vendues’’ (ce n’est pas un sujet tabou et il faudrait trouver le bon « réseau » pour ne pas se faire arnaquer…) sont inaccessibles pour le Camerounais moyen. Ajouté à cela la secrète et hasardeuse politique de sélection régionale qui permettrait selon le gouvernement, la restriction des personnes admissibles par ethnie dans un pays où on en compte plus de 200 !
Tout un mécanisme diabolique est mis sur pied pour exploiter au strict minimum le grand potentiel d’une jeunesse qui ne demande qu’à s’exprimer. Un exemple : il y a deux mois, le jury du très respectueux Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) procédait à la délibération à l’issue d’un concours d’entrée national. 24 heures après la publication des résultats, une nouvelle liste constituée des fils de hauts fonctionnaires bien connus, une liste venue tout droit du ministère de l’Enseignement supérieur affichait fièrement leurs noms au détriment des candidats méritants. En réponse à ce scandale, le ministre de l’Enseignement supérieur affirmera tout simplement qu’il assume cet acte odieux et sans conséquence puisqu’il est toujours à son poste et qu’il ne risque rien.
Aujourd’hui, la jeunesse essaie de s’inventer tant bien que mal un avenir avec la création de nouveaux métiers tels que le call box, le transport (motos-taxis, pousse-pousse…) Aucun plan n’est mis en place à court ou à long terme pour préparer une réelle insertion sociale. Une jeunesse que Biya ne veut pas rencontrer et à qui il s’adresse une fois l’an lors de la fête de la jeunesse. Cet homme est inaccessible et indisponible. Il n’accorde aucune interview, ne s’adresse au peuple qu’en de rares circonstances et n’a du Cameroun que le souvenir des rares visites dans les chefs-lieux des 10 régions.

  • La promotion de la médiocrité dans le système éducatif

Classées sans suite, les recommandations des « états généraux de l’éducation » sur la révision et la refonte des programmes, remis au gouvernement depuis 1995 suggéraient la professionnalisation de l’éducation qu’exige le contexte économique actuel.
Vingt ans après, rien n’a encore été fait. C’est donc tout à fait logique qu’aucune université du Cameroun ne figure parmi les 500 meilleures du monde ni les 100 d’Afrique. Fallait-il s’attendre à autre chose quand ces universités manquent de tout… Des bibliothèques dont les derniers approvisionnements datent des années 70, pas de connexion internet, de toilettes, de prime de recherche depuis la réduction drastique des salaires des enseignants dans les années 90, de laboratoires suffisamment équipés pour permettre de faire des expériences et des recherches. La conséquence : des enseignants compétents, mais déconnectés, prodiguant des cours non actualisés, dans un monde où tout évolue à la vitesse de la lumière.

  • Pas d’eau et pas d’électricité

33 ans. C’est le nombre d’années qui nous sépare de cette période bénie durant laquelle l’eau coulait comme le lait et le miel dans les différents quartiers des grandes villes. En effet, un réseau de bornes-fontaines publiques alimentait les populations en eau potable, réduisant ainsi le risque de contamination par les eaux souillées. Depuis l’arrivée de Biya, l’expansion de ce réseau est définitivement arrêtée mettant ainsi en péril la santé de millions de personnes. On comprend aisément l’origine des récurrentes épidémies de choléra qui sévissent dans la ville de Douala, capitale économique du Cameroun avec plus de 80 000 en 2011 dont 2 500 décès.
Et l’électricité ? Je n’en parlerai pas. Je ne peux rien voir du tout. Il fait noir. Toute une vie ne suffirait pas pour parler d’une politique aussi peu inventive.
Je m’arrête là.

 


« On vous tuera tous ! »

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Dimanche 5 juillet 2015, marché PK 12. Les habitants des quartiers environnants ont découvert de bonne heure le corps calciné d’un adulte. A le voir recroquevillé sur les restes de pneus brûlés, on devine aisément qu’il a eu une mort atroce, inhumaine. Tout autour, les gens se bousculent et se piétinent pour se frayer un passage vers la dépouille. « On vous tuera tous !, lance un homme en colère. Tu iras en enfer petit bandit ! Vous nous faites beaucoup de mal dans ce quartier. »

Un homme âgé, s’étant approché du cadavre, s’adresse à la foule : « J’étais là hier lors de son exécution ! Il a été arrêté après un vol qui a mal tourné. Papa Docta –pharmacien autoproclamé du coin – avouait avoir été agressé et blessé au couteau par ce malfrat. Ce pickpocket regrettait, implorait et pleurait. Larmes de crocodile. Tout à coup, la foule cria : « au feu ! Au feu ! » Malchance pour lui, nous nous trouvions exactement à côté de ce dépôt de pneus usés. Quelques gouttes d’essence plus tard, le feu s’enflammait en dégageant une grande chaleur si bien que la foule se recula pour mieux voir le spectacle. Pieds et mains liés il s’agitait et hurlait sur l’épaisse couche de pneu en feu. On dirait un damné dans les flammes de l’enfer. C’était horrible, mais c’était beau, parce que ça servira de leçon aux enfants de ce quartier. »

Sur ces mots, la police arrive. Après quelques interrogations, la dépouille est emportée. Il est très dangereux d’avoir des pulsions cleptomanes dans nos contrées, en pareil cas, c’est la foule qui décide de votre sort. Combien de fois ma mère m’a dit qu’un homme devrait travailler dur pour réussir, car tout voleur est destiné à mourir sur la place publique… Combien de fois ?

En outre, au cœur de ce phénomène, la police camerounaise souffre d’un préjugé défavorable et bien ancré dans les esprits. Considérée comme hautement corrompue, elle est accusée de libérer tous les malfrats mis en examen contre de fortes sommes d’argent, ce qui maintient les populations dans une permanente insécurité. D’une telle scène d’horreur, ne restera désormais qu’un silence pesant autour de cette affaire mystérieuse. Il aurait pu être innocent ou accusé injustement. Il avait le droit d’être jugé, traité comme un homme. Mais il n’est plus là.

Daves.



Je suis Camerounais, je voyage en première classe !

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Nos transports le prouvent : le Cameroun nous a habitué à la galère… et aux espoirs.

De la gare routière de Yassa, je n’ai qu’une idée : partir. Je me faufile au milieu des voitures maladroitement garées, question de trouver celles qui sont prêtes à se mettre en route quand un motoboy retient mon bras : « Edéa ? Oui, une place disponible. » Je suis devant un taxi de cinq places. A travers la vitre sale, je peux voir trois personnes respectivement assises à la cabine et derrière. Je connais la règle : quatre personnes devant, quatre derrière. Mais ça doit vraiment être insupportable avec les fortes chaleurs…

J’entre.

Comme je pouvais m’y attendre, la vie n’est pas du tout rose dans ce taxi ; l’air chaud a une haute teneur en « gaz rares ». Je suis un peu nerveux. Mais, malgré l’ambiance morose, je ne doute pas que je serais à destination dans une heure. Je suis un éternel partisan de l’optimisme. Vous doutez ? Franchement, si huit personnes peuvent voyager sans souci dans un taxi de cinq places, c’est que tout est possible, non ?

Le motoboy frappe bruyamment la portière, question de s’assurer qu’elle est bien fermée. Les taches sont bien réparties : le chauffeur s’occupe du volant et des pédales tandis que le motoboy exécute de ses deux mains, la délicate manœuvre du levier de vitesse mal huilé jouxtant fatalement ses testicules. Ça doit parfois faire mal…

Vroom ! Nous voilà en route. J’essaie vainement de changer de position, mais ne n’énerve pas. On n’a pas toujours ce qu’on veut dans la vie, me dis-je avec philosophie. Je ferme les yeux et récite en silence le Notre Père afin que vigilance soit donnée à nos deux pilotes pour qu’ils puissent nous conduire à bon port sans incident. L’état des routes fait souvent plus de victimes que la maladresses des conducteurs chez nous autres… Après à peine cinq kilomètres de route, nous sommes alertés par trois policiers pour un contrôle routier de routine. L’un d’eux s’approche, et, sans dire mot, tend sa main à travers la vitre comme un mendiant, ceci sans nous jeter un coup d’œil. Le chauffeur lui remet un billet froissé de 1.000 frsCFA. Il vient de payer son autorisation pour transporter des êtres humains comme des marchandises. Tout a un prix ici. La mort elle-même en a  un.  Le chauffeur redémarre le moteur et le cercueil roulant fonce à vive allure vers Edéa… C’est ça le quotidien au Cameroun où la vie et la mort, les rêves et les illusions, se côtoient fatalement sous le regard indifférent d’un système mécaniquement inapte à faire face à la moindre difficulté.  La conséquence ? Un immobilisme de qualité, une stagnation dangereuse débouchant insidieusement, mais surement, sur une pente glissante, un chaos total ! Que feront-ils à ce moment-là ? Ils vous donneront une autre fausse promesse, l’énième.

L’émergence ne sera pas le prochain mensonge !

Non !

Les Camerounais sont habitués aux vertiges des désillusions. La soudaine chute libre des hautes altitudes de l’espérance ne leur fait plus peur, aguerris qu’ils sont par des siècles de galère. Les Camerounais ne rêvent plus, on veut leur prêter des rêves ; ils ne croient plus, on veut leur donner une foi : l’émergence ! C’est un puissant dogme politique : « L’affaire là ? Croyez seulement ! »

Notre émergence, la vraie, passera, je le crois sincèrement, par une remise en question et un changement radical des mentalités sans oublier le travail. Le Camerounais devra vaincre ses vieux démons, lui-même étant son propre ennemi, l’obstacle qui le sépare de l’objectif rêvé. L’émergence individuelle étant la promesse d’une émergence collective, qu’est-ce qui est fait pour encourager et soutenir l’effort individuel et par ricochet l’effort camerounais ? Pas grand chose. On nous dit juste qu’on construira des routes et des gratte-ciels, et boum ! Nous serons émergents. Je crois que s’il en était vraiment ainsi, il y aurait des quartiers émergents dans notre république…


«Tu es un homme maintenant !»

photo libre de droit. pixaxay.com
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Aux matins de la vie, l’enfant s’ouvre, telle une rose aux pétales délicats, à la lumière. Comme un trésor dont la valeur dépasse de loin les biens de ce monde, il est précieusement gardé dans le cœur de ses parents. Les premiers instants sont longs, les premières minutes éternelles, qui voudrait que cela s’arrête ?

L’enfance coule ainsi dans une atmosphère joyeuse où les parents sont comme deux remparts qui le protègent des aléas de la vie. L’enfant voit en son père toute la force et la protection qu’incarne la vie et il s’émerveille de la grâce et de l’amour que représente sa mère. Et là, il croit que le monde se limite à ces deux êtres que chérit son cœur, qu’au delà des bras protecteurs de son père et du sein chaleureux de sa mère, il y a le vide, le néant. Jusqu’à ce que…

…Vienne l’âge de l’adolescence. Ses parents sont toujours là, mais son champ de vision s’élargit. Un monde nouveau s’ouvre à lui. Il s’émerveille, ses yeux brillent d’émotion. L’affection de ses parents ne lui suffit plus : il a besoin de l’attention du soleil, de la lune et des étoiles. L’énergie monte en lui. Il est comme un jeune cocotier dont les larges feuilles s’enivrent de la fraîcheur du vent. Mais doucement, insensiblement, le décor change : il est transplanté dans des contrées merveilleuses où des vagues houleuses du bout du monde viennent mourir à ses pieds. Ses parents sont-ils toujours là ? Oui. S’en rend-il compte ? Non. Il a la tête dans les étoiles ; la voie lactée lui est à portée de main.

Soudain, de gros nuages noirs s’amoncellent à l’horizon ; un vent violent dévaste la contrée. Le soleil s’éteint, la lune et les étoiles tremblent d’effroi. Et là, il découvre l’orage pour la première fois. Ses parents l’assistent, impuissants, devant son âme effondrée. Ils ont connu ça. C’est le moule par lequel la vie le fait passer pour le rendre homme. Il comprend que l’amour est le mince fil qui nous relie à la vie et que ce fil est fragile.

Je trouve que les enfants ont beaucoup de chance. Ils peuvent apprécier la vie avec insouciance ; si vous leur donnez une feuille et un crayon, ils dessinent le visage du bonheur. Cette habitude, cette faculté d’émerveillement, je l’ai perdue depuis que j’ai atteint l’âge adulte : 16 ans. A cet âge, j’ai presque eu une illumination ; j’ai découvert que j’étais un homme, oui, un Camerounais, avec tout ce que cela comporte comme désenchantement. D’une évidence subtile au départ, elle me paraîtra plus tard comme une violence incandescente des feux de la réalité.

Je suis le fils unique d’un couple monogame. Depuis 9 ans, ma mère mendie son salaire à la fonction publique. Un jour, alors qu’elle dépose ses dossiers dans le bureau d’un fonctionnaire, celui-ci l’assure qu’elle pourra toucher son rappel de salaire à condition qu’il perçoive une commission de 50 % pour la procédure, ce qu’elle refuse horrifiée. Quand elle m’en a fait part, je ne l’ai pas jugée. Je me suis juste regardé dans la glace, droit dans les yeux et me suis dit : «Tu es un homme maintenant !» Et je suis sorti.

J’ai emprunté une voie qui donnait sur un chantier que je connaissais bien. De jeunes gens transportaient des briques pour 3 euros la journée. Je me joignis à eux. La paie étant hebdomadaire, le contremaître nous révéla qu’il disposait de fort peu de moyens et qu’il ne pouvait pas nous payer. Après n rendez-vous, il n’avait toujours pas d’argent et finalement, il n’en a jamais eu. C’est une tactique de grands malhonnêtes qui marche bien. J’ai ouvert un petit carnet dans lequel j’inscrivais d’habitude les proverbes qui me touchaient et j’inscris celui-ci, une larme à l’ œil : «La main qui travaille n’est pas toujours celle qui mangera».

C’est à la mémoire de cet enfant d’hier et de cet adulte encore peu expérimenté que je rédige ce billet, après de longs mois d’indisponibilité dus a la maladie.

Heureux de continuer l’aventure avec vous…