TheLegend

Fédération du Mali: Ensemble, nous avons le pouvoir !

Dans toute l’Afrique de l’ouest tout le monde sait dire « ensemble nous avons le pouvoir »

Pendant la colonisation les Baoulés, Wolofs, Peuls, Mossi, Sousou, Dogons, Malinkés, Ebriés des territoires ivoirien, soudanais, guinéen ou voltaïque, comprennent que l’unité est la seule manière pour eux de vaincre l’oppression coloniale. De Dakar à Abidjan en passant par Cotonou ou Conakry l’intensité et la férocité de la colonisation est la même, les Africains souffrent ensemble mais luttent et résistent ensemble. Les humiliations et la soumission servent alors de ciment à l’unité de ces peuples.

Au Mali nous disons : Mansaya Ya An Bé Ta Lé di (Malinké)

Dès 1895, après avoir soumis par la force une grande partie de l’Afrique de l’ouest, l’État français met en place une fédération, l’Afrique occidentale française (AOF), pour administrer les territoires sous sa domination. Cette fédération composée de six puis de sept territoires sera administrée par un gouverneur général et aura pour capitale Dakar.

En 1956, sous l’impulsion de la loi cadre, l’AOF est démantelée. Les sept territoires sont désormais séparés, isolés et administrés séparément par des institutions locales.

En 1958, le référendum sur la communauté franco-africaine entérine cette division par l’institution de républiques autonomes. Ces deux événements valident le processus de balkanisation de l’ex AOF.

Ainsi, après avoir lutté ensemble contre l’oppression coloniale, c’est en ordre dispersé que les peuples de l’ex AOF s’apprêtent à accéder à leur indépendance.

En Cote d’Ivoire nous disons : Minh wo hégba hé sanou (Baoulé)

En 1957, la Gold Coast, ex-colonie britannique, arrache son indépendance et devient le Ghana sous la direction de son leader Kwamé N’kruma, partisan du panafricanisme et de l’unité africaine.

En 1958, la Guinée, conduite par son charismatique leader Sékou Touré, obtient l’indépendance en refusant avec fierté de participer à la communauté franco-africaine.

Au Sénégal nous disons : Mbolo moy dolé (Wolof)

De leurs côtés les autres colonies françaises intègrent la communauté franco-africaine mais comme le rappelle Leopold Sedar Senghor : « la Communauté n’est pour nous qu’un passage et un moyen, notamment celui de nous préparer à l’indépendance à la manière des territoires sous dépendance britannique. »

Un vent de liberté souffle sur le continent africain et de Dakar à Niamey, l’indépendance n’est alors plus qu’une question de temps.

En Guinée nous disons: Won Ma Langui Mainguèya Na Won Yi Ra (sousou)

C’est dans cette atmosphère de liberté que le Sénégal, le Soudan, le Dahomey et la Haute-Volta choisissent le chemin de l’unité.

« Notre réunion, dans cette salle des délibérations du Grand Conseil, est un acte de foi dans le destin d’une Afrique forte de l’union de tous ses membres sans discrimination d’aucune sorte. ». C‘est par cette phrase du doyen Lamine Guèye que s’ouvre l’assemblée constituante qui officialise la création d’une fédération regroupant ces 4 territoires. Elle prendra le nom de fédération du Mali en référence au grand empire fondé par Soundjata Keita. Le 14 janvier 1959, la constitution présentée par le sénégalais Doudou Thiam est approuvée par acclamation par les délégués de tous les territoires. Le rêve unioniste porté par Modibo Keita et Léopold Sédar Senghor voit le jour. C’est donc ensemble que ces 4 nations souhaitent acquérir leur indépendance. Nous sommes en 1959 et l’indépendance pointe à l’horizon.

Au Bénin nous disons : Mi do kpo mi na dou gan (fon)

Mais la fédération va être torpillée par le chef du RDA Félix Houphouet-Boigny, artisan de la loi cadre et partisan d’une évolution séparée des anciennes colonies. Il voit d’un mauvais œil la formation de cette fédération qui pourra lui faire de l’ombre et lui faire perdre son influence dans la sous-région.

Sous la pression d’Houphouet, la Haute volta et le Dahomey vont se retirer de la fédération et construire une organisation de coopération régionale en opposition à la fédération du Mali.

Ces défections ébranlent la fédération mais ne la détruisent pas. Le Sénégal et le Mali sous la houlette du leader panafricain Modibo Keita continuent l’aventure.

Au Togo nous disons : né mi lé dou, nousein la non mia si (Mina)

Le 4 avril 1959, l’assemblée de la fédération se réunit ; Modibo Keita, opold Sedar Senghor eMamadou Dia sont alors désignés respectivement président, président de l’assemblée et viceprésident. Après la mise en place des instances politiques, la prochainétape est celle de l’acquisition de l’indépendance.

Le 20 juin 1960, le président de l’assemblée Léopold Sédar Senghor proclame l’indépendance de la fédération.

Au Burkina faso nous disons : Tond san bé nii taba nama ya tond so (Moré)

Mais les conflits internes, les antagonistes et les rivalités au sommet de l’État viennent à bout de la fédération. A la suite d’un conflit institutionnel, le Sénégal, par la voix de son chef Senghor, se retire de la fédération et proclame l’indépendance du Sénégal. Le Soudan proclame à son tour son indépendance et devient le Mali. Après seulement 4 mois d’existence en tant qu’Etat indépendant, lfédération du Mali disparaît.

Au Niger nous disons: Tcharbandé no ir gaté gabi (Zarma)

La disparition de la fédération du Mali emporte avec elle les rêves d’unité portés par les leaders africains. Malgré d’autres initiatives insufflées par Kwamé N’krumah ou encore Sékou Touré, les Africains ne parviendront pas à s’unir. Ainsi, aux lendemains des indépendances, on voit apparaître sur le continent africain des Etats aussi faibles les uns que les autres et n’ayant aucun poids sur la scène mondiale.

Aussi longtemps que notre peuple s’expose au danger d’être faible en étant désuni, il est à prévoir que nous restions sous la domination d’autres peuples qui ont su devenir forts en s’unissant.

Unis nous sommes forts et dans toute l’Afrique les peuples lancent un appel : Ensemble nous avons le pouvoir.

Je suis Panafricain.

Nous sommes Panafricains.

Que l’Afrique retienne le nom de ses Héros.

 

NJA

Tiken Jah nous parle d’unité


Malheur à celui qui bâillonne son peuple

« Nous sommes le 3 janvier 1966, six ans après l’accession à l’indépendance de la Haute-Volta, pays dirigé par Maurice Yaméogo, successeur du lion du RDA Daniel Ouezzin Coulibaly, parti trop tôt. En ce premier lundi de l’année 1966, le président est retranché dans son palais, à l’extérieur le peuple gronde, le peuple prend le pouvoir… »

En 1965 Maurice Yameogo est réélu à la tête de la Haute-Volta avec 99.98 % des voix. Au sein du pouvoir, on célèbre cette victoire avec faste. Loin des murmures d’un peuple qui commence à perdre patience face à un pouvoir arrogant qui, du haut de son piédestal, le méprise et oublie trop souvent de qui il tient sa légitimité. Les jours qui suivront l’euphorie de la victoire seront  fatals au président Maurice Yaméogo.

En effet, cinq ans après l’octroie de l’indépendance, la Haute-Volta est dans une situation économique dramatique, les finances publiques sont au plus mal et les comptes de l’Etat accusent un déficit de 100 millions de francs, pour un budget d’à peine 10 milliards. Face à cette situation, le pouvoir, déjà très critiqué au sein de la population, décide de faire voter un budget d’austérité qui prévoit une réduction de 20% du salaire des fonctionnaires voltaïques. Cette mesure va sonner le glas du pouvoir de Maurice Yaméogo.

Les syndicats s’opposent à cette mesure et se mobilisent sous l’impulsion de l’un de leurs leaders, Joseph Ouedraogo, alors dirigeant de la confédération africaine des travailleurs chrétiens.

Le 28 décembre 1965, suite aux travaux de l’assemblée sur le budget d’austérité, les syndicats demandent à rencontrer le président ; celui-ci refuse et confie cette tache à son ministre de l’intérieur. La rencontre qui s’en suit est houleuse et se mue en dialogue de sourds, les positions restent figées. Au sortir de cette réunion face à l’entêtement du gouvernement les syndicats décident de porter leurs revendications dans la rue à la faveur d’une grande manifestation, programmée pour le 3 janvier 1966.

Alors en voyage chez son voisin ivoirien, le président Maurice Yaméogo décide de rentrer deux jours avant la marche. Il interdit la marche du 3 janvier, déclare l’état d’urgence, toutes les manifestations et grèves sont déclarées illégales, et la menace du licenciement plane sur tous les fonctionnaires qui souhaiteraient manifester. L’armée est mobilisée : le président est prêt à entamer un rapport de force avec les syndicats. La date du 3 janvier approche, syndicats et gouvernement restent sur leurs positions, le début de l’année 1966 s’annonce tendu dans un pays où l’exaspération se fait  grandissante.

 Cette Haute-Volta qui décide de se révolter ce lundi 3 janvier est un pays bâillonné, où le jeu politique se résume à un seul parti, l’UDV-RDA, dirigé par le président. Un pays où les leaders qui osent s’opposer au régime sont embastillés, un pays où les mouvements d’opposition sont contraints d’exister dans la clandestinité, un pays où tous les pouvoirs sont accaparés par un seul homme, un pays où le voltaïque peine à trouver de quoi subsister, un pays où le murmure de la révolte se fait de plus en plus insistant et assourdissant.

En ce premier lundi de l’année 1966, les syndicats bravent l’interdit et sont dans la rue pour porter leurs revendications. Ils sont soutenus par la population, emmenée par les leaders de l’opposition clandestine dont le MNV du professeur Joseph Ki-Zerbo et sa femme. Ils sont plus de 100 milles Ouagalais à protester ce jour là dans les rues d’une ville en ébullition. De Gounguin à Tampouy en passant par Tanguin et Dagnouin le peuple se lève et fait face à son destin.

Cette manifestation contre le budget d’austérité se transforme rapidement en révolte populaire. Les manifestants réclament désormais du pain, de la démocratie mais surtout la démission du président. Le peuple s’amasse devant le palais présidentiel et attend que le régime autocratique de Maurice Yaméogo tombe. Celui-ci, retranché dans son palais avec ses ministres, sent le vent tourner. Il a dans ses mains tous les attributs du pouvoir mais se retrouve démuni et affaibli face à un peuple obstiné et  déterminé.

Au sein du palais les tractations sur le sort du président débutent. Le lieutenant Sangoulé Lamizana, alors chef d’état major, est présent lors de ces tractations. L’Eglise Catholique alors très influente en Haute-Volta refuse de porter secours au président. Le président se retrouve esseulé, l’armée de son coté se rend à l’évidence : elle ne peut rien face à la détermination du peuple.  Dans un dernier sursaut pour sauver son pouvoir, Maurice Yaméogo souhaite revenir sur sa décision de réduire les salaires mais il est déjà trop tard. Dans la foule amassée dans les rues de Ouagadougou le slogan « l’armée au pouvoir ! » revient de plus en plus. Maurice Yaméogo comprend alors qu’il vient de perdre son pouvoir. Dans la soirée, il annonce sa démission au cours d’une allocution radio diffusée  et annonce que le nouveau dirigeant de la Haute Volta est désormais le lieutenant Sangoulé Lamizana, alors chef d’état major de l’armée nationale.

 Ce 6 janvier le peuple de haute-Volta vient de faire tomber en un jour un pourvoir qui se croyait invulnérable. En un jour le peuple de Haute-Volta a donné un signal fort à l’Afrique. Maurice Yaméogo ne sera pas le seul à subir les foudres d’un peuple qui très tôt avait compris que seule la lutte libère.

Aujourd’hui plus que jamais nous devons nous souvenir et ne plus jamais oublier que tout au long de son histoire les habitants du pays des hommes intègres ont toujours su se lever pour leur liberté et leur dignité.

Je suis un homme intègre.

Nous sommes des hommes intègres.

Que l’Afrique retienne le nom de ses héros.

NJA


« Unkown soldier »

C’est le 13 avril 1978 que meurt Funmilayo Ransome Kuti, activiste féministe et militante nationaliste historique du Nigéria « mother of Africa », professeur et docteur honorifique, « Lioness of Lisabi ». Mère de Fela Kuti.

C’est le 13 avril 1978 au matin, que Funmilayo Kuti mourut, à 78 ans, après avoir été jetée du haut de la fenêtre du deuxième étage de sa propre maison.

Il fallait bien pour venir à bout d’une si grande Dame qu’on y mette la forme… La junte militaire qui pénétra Kalakuta, dans le seul but de massacrer et communément appelée « Armée Nigériane », su bien comment s’y prendre…

Alors la boucle était bouclée, le témoin définitivement passé. En s’éteignant ce 13 avril 1978,  Funmilayo fit de son fils  Fela, l’orphelin le plus dangereux du Nigeria ! De mère en fils, l’héritage de la lutte était transmis !

De ce petit cancre paresseux, adepte de musiques frivoles, avait émergé, au fil des voyages et des rencontres, un défenseur acharné des valeurs africaines, pourfendeur des aliénations coloniales et des assoiffées de pétrole Nigérian.

Il fallut l’exil aux Amériques, les cris des panthères noires, des jazzmen fous et la précarité des immigrés panafricains, pour transformer le conformiste Fela Ransome, petit produit de l’aristocratie yoruba, en Fela Anikulapo Kuti, créateur possédé de l’Afro Beat : un rythme diabolique gonflé de souffre craché au visage du président-traître, larbin des puissances coloniales et oppresseur Obasanjo !

Et voyez l’homme nouveau s’élever contre le pouvoir et l’armée nigériane toute entière, jeter aux ordures son costume trois pièces, épouser ses 90 danseuses en une grande cérémonie polygame et s’autoproclamer Président de la République de Kalakuta, État dans l’État, au cœur de la fourmilière Lagos !

Mais tout se paye. Bientôt se succédèrent les intimidations, les brimades, l’emprisonnement, la torture, le meurtre… Et quand Fela alla porter plainte à la justice Nigériane contre le Soldat qui avait balancé sa mère par la fenêtre du deuxième étage, qu’est-ce qu’on lui répondit ?

« Malheureusement nous ne pouvons donner suite à votre plainte, l’homme qui a fait ça n’est pas connu de l’armée Nigériane…C’est un Soldat inconnu !»

Cela fait maintenant 19 ans que Fela nous as quitté, mais sa musique, l’Afro Beat n’a rien perdu de sa virulence et, malheureusement de son actualité ! La lutte continue !

Music is the Weapon

 

Je suis Fela Anikulapo Kuti

Nous sommes Fela Anikulapo Kuti

Que l’Afrique retienne le nom de ses Héros

Yovovi


Plaidoyer pour le retour

La jeunesse africaine formée dans les meilleures universités occidentales a l’obligation de rentrer en Afrique pour participer à l’émancipation économique et sociale du continent. Cette sentence, au-delà de son caractère impératif, est avant tout un conseil, voire une opportunité.

 Une nécessité

Aujourd’hui comme le dit l’ancien ministre sénégalais Cheikh Tidiane Gadio « Tout le monde a compris que l’avenir est en Afrique sauf les africains ». La jeunesse africaine se questionne encore sur la capacité du continent à lui offrir un avenir radieux. La jeunesse africaine ne cesse de tergiverser et d’attendre un hypothétique « bon moment » pour rentrer. Mais, rendons nous à l’évidence : les conditions optimales du retour ne seront jamais réunies.

Qu’attendons-nous pour rentrer ? Que la corruption soit complètement éradiquée ? Que le climat des affaires se soit stabilisé ? Que la justice devienne irréprochable ? Que toutes les armes de guerres aient disparu ? Ou attendons-nous que les infrastructures soient au standard européen ? Mais sur qui comptons-nous pour réaliser toutes ces choses ? Qui viendra construire nos musées ? Qui viendra mener une réforme du système judiciaire ? Qui mettra sur pied un système éducatif de qualité ? Qui luttera contre le chômage qui ravage nos populations ? Devrions-nous encore attendre des résolutions de l’ONU pour pacifier notre continent ?

Prenons exemple sur la génération de nos pères, ceux qui se sont battus dans les années 50 pour renverser l’ordre établi. Qu’aurait été le combat contre l’oppression coloniale si des illustres aînés comme Amilcar Cabral, Kwamé N’krumah, Jomo Kenyatta et j’en passe, n’avaient pas décidé de retourner dans leur pays pour se battre contre l’emprise coloniale ? Comme nous, ils auraient pu se contenter du confort d’une vie en occident sans se soucier de leurs peuples. Mais à un moment de leur vie, ils ont fait un choix, ils ont pris un risque, ils ont décidé de mener un combat certes rude et harassant, mais ô combien excitant.  Nous sommes les enfants de cette prise de risque.

Des difficultés

Le défi du développement de l’Afrique est passionnant, mais personne ne nie sa difficulté. Personne ne nie les embûches que nous rencontrerons : l’insécurité, les tensions ethniques, la menace terroriste, l’avancée du désert,  la corruption érigée en norme, les rebellions justifiées et arrogantes, le paludisme, les rebelles désormais apôtres de la paix, la justice aux ordres et corrompue, le manque d’infrastructure de base, les pseudo-leaders en manque de vision, les crises humanitaires, la vision archaïque du rôle de la femme, la mortalité infantile, le SIDA.

Voici, pour faire court, ce à quoi nous serons confrontés lors de notre retour. OUI ! Le challenge est rude ! Mais embrasser ce challenge, relever ce défi c’est offrir à nos enfants un avenir radieux et l’opportunité de grandir sur une terre pacifiée où tous leurs rêves seront réalisables, loin des turpitudes de notre temps. Ne leur laissons pas notre combat en héritage.

Le but ici n’est pas d’appeler à rentrer pour la forme, mais de rentrer avec une vision, avec un projet. Le retour est de rigueur, mais il doit être construit, pensé et s’inscrire dans une dynamique. La vision qui doit nous guider sur le chemin du retour est celle que partageait le commandant Ernesto Che Guevara : élargir le champ des possibles. Notre objectif ultime doit être celui de rendre sa dignité à notre peuple en lui donnant les moyens de vivre une vie décente.

Un Espoir

Rentrer, investir, entreprendre, réussir et créer de la richesse en Afrique, ils sont nombreux à avoir suivi cet itinéraire et à nous montrer la voie. Les initiatives ne se comptent plus, la plateforme KODJI portée par de jeunes ivoiriens, la tablette éducative QUELASY, le site de vente en ligne JUMIA, la Chaine de café NEO, le Smartphone africain ELIKIA. Les exemples de réussite eux aussi ne se comptent plus, Aliko Dankoté, Yerim Sow, Koné Dossongui, Marie-Solange Sahoun, Charles Emmanuel Yacé. La liste  est encore longue et s’étend sur tout le contient. Le potentiel est là et ne demande qu’à être exploité. Les multinationales étrangères l’ont bien compris. On peut s’en rendre compte avec l’implantation du groupe Carrefour en Côte d’Ivoire, la création d’une chaine 100% africaine par le groupe Canal +, la création de radio commerciale par le groupe Lagardère sur le continent, l’entrée au capital d’ECOBANK de Qatar national Bank, l’implantation du cabinet d’avocat ORRICK en Côte d’Ivoire.

Partout l’Afrique bouillonne, l’Afrique est en mouvement. Ne nous limitons donc pas à un simple contrat de travail, à un  poste, un bureau au 29ième étage, à un salaire qu’ils disent confortable, à un prêt immobilier, à un prêt à la consommation, ne nous contentons pas des illusions de la vie en occident. Comme le disait Le camarade capitaine Thomas Sankara : « Osons inventer l’avenir ».

« Il est possible que nous ne vivions pas tous la réalité d’un empire africain – si fort, si puissant qu’il imposerait le respect à l’humanité, mais nous pouvons cependant durant notre vie travailler et œuvrer à faire de ce projet une réalité pour une autre génération » Marcus Mosiah Garvey

NJA


Seule la lutte libère

Nous sommes le 31 Octobre 2014 au pays des hommes intègres. Ce jour-là, le peuple se lève. Depuis longtemps la colère grondait, le peuple se lamentait et les signes avant-coureurs d’une révolte étaient visibles. Les vicissitudes de la vie ne parvenaient pas à éteindre la sourde révolte qui se préparait. Les soubresauts de l’affaire Norbert Zongo, les émeutes de la faim, les mutineries étaient les prémices d’une probable révolution. Porté par une société civile active et organisée au sein du collectif «Balai citoyen», le peuple burkinabé se préparait à entrer dans l’histoire par la grande porte. Loin de l’inaction des fameux réseaux sociaux et de leur simulacre de révolution, c’est dans la rue que ce peuple va aller chercher et arracher le départ du maitre de Kossiam. Ce Pouvoir qu’on croyait immuable, inébranlable a lui aussi chuté.

 L’inefficacité de la révolte 2.0

De l’autre côté de la frontière, sur la terre d’Eburnie, le peuple lui aussi gronde, mais reste faible, inactif et subit l’émergence à marche forcée. De loin, il regarde les exilés politiques mourir ; de loin il compte le nombre de jours de prison de nombreux anonymes. Son quotidien lui ne s’améliore pas, les kilomètres de bitume n’auront rien changé, l’émergence reste un luxe qui ne se partage pas. Face à cette situation, le peuple d’Eburnie pense avoir trouvé la voie : pour l’Ivoirien la révolution sera numérique. Les pétitions se suivent, les hashtag se succèdent, les statuts de contestation se multiplient, les vidéos s’enchaînent, en vain.

Le pouvoir lui ne craint pas un peuple qui ne sait plus se battre pour ses droits, les mesures gouvernementales plus injustes les unes que les autres s’égrainent dans le silence désarmant d’un peuple qui semble avoir perdu son courage. Internet est devenu le mur de ses lamentations, mais aussi le symbole de sa faiblesse.

 Une contestation en manque de leadership

 La démission des élites ne se discute plus. Trop peureuses, trop frileuses, elles ont choisi leur camp. Elles refusent tout positionnement critique, tout effort de réflexion lui semble désormais dangereux. Elles refusent de prendre la place qui leur est dévolue et de mener le combat qui est le leur. Les réseaux sociaux sont pour elles le moyen de montrer qu’elles profitent de l’émergence, qui pour elle est bien réelle, n’en déplaise à toutes ces familles qui n’arrivent toujours pas à vivre convenablement.

 Le terrain de la contestation ayant été laissé vacant par les élites, celles-ci sont remplacées sur internet par des porte-paroles qui, de par la faiblesse de leur argumentaire, ne font qu’entériner le nivellement par le bas de notre société. On est loin de cette Côte d’Ivoire des années 70 où la contestation était portée par Zadi Zaourou ou encore par le professeur Memel-Fotê.

 S’organiser pour résister

À l’instar du Balai Citoyen au Burkina, la société civile ivoirienne doit s’organiser et faire émerger un réel contre-pouvoir pour empêcher que des décisions injustes soient prises en son nom, mais sans elle. La société civile doit comprendre que face à la démission de ses représentants, elle doit prendre ses responsabilités en s’impliquant concrètement sur le terrain et en employant tous les moyens pour faire entendre sa voix. Revendiquer, s’informer, manifester, boycotter, s’organiser, marcher, proposer, débattre.

Les réseaux sociaux doivent être utilisés de manière efficace, ils doivent servir de caisse de résonance aux revendications, ils doivent aider à mutualiser les forces et ne doivent en aucun cas remplacer la contestation frontale. Un hashtag aussi viral soit-il ne fera jamais fléchir un gouvernement.

Face à un pouvoir qui frôle parfois l’autoritarisme, le risque est grand et les sacrifices à faire importants ; mais refuser de se confronter à ce pouvoir, refuser de se lever c’est accepter de subir demain les conséquences de notre léthargie.

« L’esclave qui n’assume pas sa révolte ne mérite pas qu’on s’apitoie sur son sort, seule la lutte libère »

NJA