Ousmane Gueye

Lettre à Mame abdou aziz sy dabakh

Grand-père,

Me serait-il permis d’espérer que cette interpellation ne vienne point importuner ton sommeil. Il est à n’en point douter que les convulsions qui secouent ton pays à l’heure actuelle sont loin de t’honorer. Toi qui fis de ta vie un combat acharné contre l’injustice, nous voici au summum de l’injustice.

Toi qui sillonnais le pays pour prêcher la bonne parole, voici que celle-ci se dérobe si invraisemblablement à nos autorités.

Toi qui assenais la vérité sans calculs politiques, voici que quelques infimes petits bouts d’hommes, sont prompts à la falsifier au nom d’avantages bassement périssables. Ils sont prêts à tout escamoter. Même si l’évidence s’imposait à leur regard, ils vont la nier en l’attribuant à une hallucination : tout ce qui existe est ce qui les arrange.

Au moment où je défie la nuit en t’écrivant ces lignes, car il est 3h25 minutes sur l’écran de mon ordinateur, j’entends encore la gorge nouée de l’imam Ibrahima Ndoye dont le talibé a été descendu. Le grand homme dont la voix se débat, articule mal son discours pour dire toute sa détresse.

Les parents du pauvre garçon pouvaient-ils pressentir que leur petit ne leur reviendrait plus jamais ? Pouvaient-ils penser qu’une balle ignoble aurait raison de la vivacité de leur rejeton ?

Ces questions sont aussi valables pour ceux de Mamadou Diop, de Mamadou Ndiaye et de toutes les autres victimes de ce troisième mandat tant convoité.

Mame,

Jamais régime n’a été aussi éloigné des populations avec qui il cohabite pourtant. Un nombre effroyable d’actes – des plus incroyables aux plus suspicieux – a été posé dans ce pays avec autant de constance. De dignes fils de la Nation ont trouvé la mort dans des circonstances inouïes et nous n’avons même pas eu le mérite d’en être amplement informés. Nous n’avons pas eu droit à une justice juste et vraie, encore moins à une enquête objective et transparente.

Et quand il s’agit de gens du pouvoir, la machine compassionnelle et la machine judiciaire se mettent aussitôt en branle. Je me souviens encore de cette scène quand une fumée se dégageait de l’immeuble qui abrite l’ANOCI . Le  Président de la République accourut sur les lieux dare-dare au secours de son fils de super ministre. Ce jour-là, une bonne partie du gouvernement fut mobilisée: le premier ministre, des membres de son gouvernement en plus des sapeurs pompiers sénégalais et  des forces françaises du Cap Vert.

Maintenant que des jeunes coupables de leur innocence tombent sur le champ des manifestions – consacrées par la Constitution -, ce même homme, très attendu, sortit de son mutisme pour qualifier toutes ces convulsions de « brise ». Pas même une parole courtoise et compassionnelle pour le coeur meurtri des parents des victimes. Pas même un engagement solennel pour dire aux populations sénégalaises que les policiers indexés répondront de ces accusations. Ousmane Ngom, le ministre de l’Intérieur agit comme s’il était lui-même sa propre police !

Mame,

Ces derniers jours fourmillent d’exemples patents pour constater deux Sénégal. D’un côté, des populations croulant sous le poids du coût de la vie, une injustice devenue légendaire à leurs yeux et de l’autre un groupe de privilégiés au dessus de la loi.

Grand-père,

Je ne suis pas assez candide : je sais que quelques bouts d’hommes seront tentés de m’infantiliser. Ils me ridiculiseront : « L’homme à qui tu t’adresses ne peut en aucun cas changer ton destin, décents sur le terrain ».

Mame,

Cet homme, cause de toute cette agitation n’a-t-il pas dit lui-même très jovialement : « J’ai bloqué le mandat à deux » avant d’ajouter plus loin que « je vous le dis sérieusement, je ne me présenterai pas »(voir vidéo). Il s’est même permis de donner un profil à son successeur : Le profil, c’est que ce soit quelqu’un comme moi, qui travaille beaucoup, intelligent, qui travaille, qui écoute les populations, qui aide les populations, qui a de bonnes relations internationales, qui représente l’Afrique (…) » en excluant Idrissa Seck. Le danger avec ce jeu c’est que l’actuel locataire du Palais puisse croire et continuer de croire qu’il peut s’autoriser à nous trouver un successeur. Mais, tout le problème tient à ceci : Abdoulaye Wade s’est toujours pris comme supérieur à nous. Sûrement, il doit se dire intérieurement que son intelligence nous dépasse, que nous ne le méritons pas en tant que Chef d’Etat.

Mame,

Ceux qui continuent de croire à l’arme du Ndiguel (consigne de vote) doivent enfin déchanter. L’agitation de ces derniers jours nous a prouvé (une fois de plus !) que ces jeunes qui manifestent ne sont ni manipulés par des partis politiques, ni téléguidés par un ndiguel : ils sont mus par la détermination de protéger leur Constitution.

Grand-père,

Le plus cruel dans ce diagnostic de la situation du Sénégal actuel, c’est que le Président de la République n’arrive toujours pas à comprendre la résolution des Sénégalais à le faire partir.

Mais, tu ne mériterais pas d’être associé à toutes ces turpitudes. Dieu seul sait pourquoi il t’a prit sitôt. Je m’arrête là sur ces lignes Mame.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

flattr this!

Lire la suite…


Le vieux Président et la provocation

Mon constat, c’est que notre Président de la République prend rarement la parole en temps utile. Jamais, je ne l’ai entendu présenter officiellement ses condoléances aux familles endeuillées dans les violences politiques de ces derniers jours. Je n’ai pas entendu le Président, non plus, regretter la mort de Mamadou DIOP tué lâchement lors de la manifestation du M23. Le même jour, sur la RFM, l’information a été rapportée que des individus ont tiré à plusieurs reprises sur une ambulance (ce n’est pas un jeu de mot !).

Quelques heures après cela, voilà le Chef de l’Etat qui réagit à ces violences y compris ces morts. Il qualifia toutes ces convulsions politiques de « brise ».

Je ne crois pas que lui et son directoire de campagne aient bien mesuré la portée de sa déclaration d’hier à Thiès quand il a dit que c’est bien lui, Chef de l’Etat, Président de la République du Sénégal qui a donné l’ordre à la justice d’arrêter les poursuites contre Idrissa SECK. J’ai fait deux observations à ce propos que d’aucuns, par imprudence pourraient trouver comme trop banal (c’est vrai, au demeurant qu’à force de se répéter, en temps utile comme futile, que la parole présidentielle se ravale en discours anodin et plat !).

Lire la suite…



Mes Sales temps dakarois

C’est très peu de dire que Dakar manque vraiment de grâce ces derniers temps. En dépit de la promesse du Président Wade de rétablir l’électricité en Septembre, la ville continue toujours de vivre dans le noir, même en plein jour.

La non-tenue de la promesse présidentielle vient une fois de plus prouver que son rapport à la parole publique est des moins ponctuel. Ce n’est pas un commentaire. Loin s’en faut. Il nous a bien montré, lors de son discours du 14 Juillet dernier en effet qu’on peut promettre une chose et en suivre son contraire par la suite.

Lire la suite…


Autour du mariage chez les Peuls du Gandiol

C’est avec une grâce étonnante que le très jeune griot peul a accepté notre requête puisque nous lui avions demandé de nous entretenir du sens du mariage chez les Peuls. Tout en le remerciement chaleureusement pour sa générosité, nous vous proposons cet entretien :

Que signifie le rôle du « baabo », littéralement le père dans la tradition du mariage chez les Peuls ?

–          Ousmane, je te remercie pour avoir posé cette question car elle revêt une immense importance.

Par le passé, il existait la relation de parenté entre des frères et des sœurs  dont les parents partagent le même père ou la même mère. Cela existe encore aujourd’hui. Quand je veux donner la main de ma fille à quelqu’un, je désigne un de ces frères-là comme étant le père d’emprunt de ma fille, histoire d’honorer et de renforcer  la relation  de parenté. Ce frère qu’on désigne comme le papa de ma fille donnera la main de celle-ci en lieu et place du vrai papa que je suis.

Lire la suite…


De retour sur la Toile

Très chers amis lecteurs,

Il me serait très injuste de vous en vouloir pour m’en avoir voulu. Pendant plus de deux mois, il vous a été légitime de me porter « disparu ». J’ai été en effet englué dans le bourbier du quotidien villageois. Je n’ai pu m’en extirper qu’au moment où je mets en ligne cet article que je me suis empressé de publier.

Lire la suite…


Vous-vous rendez compte Président ?

Dieu seul pourra nous dire comment finira t- on avec ce Président occupé à ses propres  soins qu’à satisfaire la demande sociale. Nous sommes tous des déçus de son installation à  la tête de ce pays. Je me rappelle encore l’effusion  avec laquelle la jeunesse l’avait  plébiscité pour qu’il vienne soulager nos malheurs et nous faire regretter le socialisme de  Senghor et de Diouf. Ce soir-là, l’oreille collée à leurs transistors, des milliers de fils dignes  de ce pays avaient fêté, le cœur battant d’euphorie, l’avènement du « dernier homme ».
Hélas, presque douze ans après, force est de savoir que nous sommes toujours  nostalgiques de la présidence de la girafe de l’OIF. Au moins, sous le magistère de cette  dernière, nous étions sûrs que la justice gardait toujours ses lettres de ses lettres de  noblesse dans ce pays.

Lire la suite…


Gloire aux travailleuses du sel

Elles sont toutes braves et  résolues dans leur travail.  Quand vous empruntez le  chemin menant vers  Mboumbaye, il faut ne pas  être franchement chanceux  pour ne pas les croiser.  Vous n’avez pas besoin de  lunettes pour les voir. Vous  pouvez les apercevoir, en  les distinguant de loin, les  bassines sur la tête. Quand  vous vous rapprochez, votre vue devient plus nette.
Ces dames de fer sont les travailleuses du sel à Gandiol. Chaque année, en cette période précise, elles partent sur les lieux pour la culture-sinon la récolte- du sel. Hélas, comme beaucoup d’observateurs l’ont remarqué, ce précieux « or blanc » est mal vendu, sinon pas vendu au prix qui devrait être le sien. Vous figurez-vous : une bassine ou un sac de sel à 500 Frs ?
Lire la suite…


C’était la « nuit du Gandiol à Sanar »

Une forte foule de  Gandiolais, tous à Saint-  Louis, réunis dans une  même salle le temps d’un  vendredi, ça n’arrive que  rarement ! C’est parce que  ça n’arrive  qu’occasionnellement qu’ils  avaient taché de respecter  le rendez-vous annuel :  célébrer la « nuit du  Gandiol à Sanar ». Une  longue nuit, que personne n’a pu circonscrire dans les limites du vendredi puisqu’elle a débordé jusque même dans la matinée du Samedi. La salle annexe du Resto 2 a pu accueillir tout ce beau monde venu de Dakar, de Saint-Louis et de Gandiol naturellement, entre autres provenances.La « nuit du Gandiol à Sanar» entre dans l’agenda de cette communauté rurale  à quelques kilomètres de la ville de Saint-Louis du Sénégal.

Lire la suite…


Ousmane Masseck Ndiaye et la jeunesse gandiolaise : un mariage qui promet

Conformément à ses engagements, le Président du Conseil Economique et Social a reçu la forte délégation des Gandiolais au siège même du CES. Il leur avait promis qu’il allait les recevoir, et voilà qu’il a honoré ses promesses.
Ce fut un déplacement méticuleusement coordonné avec les soins du très brave Abdoulaye Diop. Tout est parti d’une ambition de réélire le PDS en 2012.
C’est dans cette ambiance qu’ils ont tenu plusieurs réunions et un meeting (dont nous avions déjà parlé sur ce blog).
A Dakar, la très forte délégation dirigée par Abdoulaye Diop a fait « face » au Président du CES. Les Gandiolais lui ont parlé ouvertement de leurs préoccupations les plus pressantes. C’est par exemple le cas de la route Saint-Louis-Gandiol qu’ils souhaiteraient voir bitumée d’ici sous peu.

Lire la suite…


Mon enfance au Gandiol

Le Gandiol en un clic

Que d’émotion et de tristesse au gré de la visite que je viens d’effectuer en sillonnant les rues tristes et mélancoliques de mon enfance gandiolaise. Je suis presque abattu : la nostalgie des lieux et autres sentiers que nous empruntions avec les amis pour aller à l’École Coranique m’a interpellé plus d’une fois. Je me sens comme cloué au sol par tant d’évocations de notre passé si passionnément vécu, mais jamais vaincu.
Je revois encore notre maison familiale à Ouro-Guédj où j’avais vu mon père pour la dernière fois. Ce jour-là, les voisins étaient venus à son chevet. Malade, très malade, papa était assisté par ses amis et connaissances.

Lire la suite…


L’oignon gandiolais va mal

Des commerçants gandiolais que nous sommes allés voir au marché Dalifort, sis à quelques mètres du croisement Cambérène à Dakar, n’y vont pas par quatre chemins pour nous faire part de leur plus profonde préoccupation. L’oignon en provenance du Gandiol s’écoule très mal sur le marché sénégalais. Il doit compter avec un sérieux concurrent : l’oignon populairement appelé « arrivage » qui vient de l’extérieur.
Vous pouvez voir l’interview en vidéo en cliquant ici.
Interview de Adama SOW à Le Gandiol en un clic

Lire la suite…


Chronique d’une tempête démographique

A la descente du bus, après quelques pas, l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar… Un grand chantier, ouvert depuis quelques mois m’accueille devant la grande porte. Je réussis à le contourner-sinon à le franchir- pour me retrouver dans l’enceinte de l’établissement universitaire.
Ici, ce n’est pas Sanar, siège de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. C’est en effet en vain que je m’attendrais à voir nos vaches et chèvres, notre beau paysage dont le feuillage touffu des arbres vient couronner le tout. Point de talibés-mendiants aussi. Lire la suite…


A l’Université de Saint-Louis/ Sénégal, la grève se poursuit !

Sur le campus de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, les étudiants ne décolèrent toujours pas. Depuis déjà plusieurs mois, ils ne comprennent pas l’entêtement des autorités de l’Université à vouloir ériger les Masters Pro( un des maillons de la chaine du système LMD) qui ne saurait être détaché du tout si on veut vraiment parler de LMD( Licence, Master, doctorat). Pour le moment, c’est surtout ce qui est en jeu dans la plate forme revendicative des étudiants même si un autre point d’une grande importance est à signaler. C’est bien sur celui du nombre de bourses à offrir aux nouveaux bacheliers. Cette année, l’UGB a considérablement augmenté ses effectifs et se pose alors le problème de savoir si à tous ces jeunes étudiants, pourra être accordée la bourse. Le taux qui a été attribué à ces anciens élève de terminale est loin d’atteindre le cent pour cent pour une université dont la tradition est que tout le monde soit boursier. La génération de cette année ne veut pas faire exception d’autant plus que, selon les étudiants, la position géographique de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis amène forcément à aider ces jeunes pour qu’ils aient des moyens de s’en sortir puisuqe vivant presque distants de chez eux.

Malgré l’enchainement des mots d’ordre, rien n’y fit. Ce jeudi, les étudiants de l’UGB ont fait une descente sur la Nationale où un seeting de près de 30 minutes leur a permis de faire encore une fois face à la presse sénégalaise pour la sensibiliser par rapport à l’enjeu et au risque d’une année blanche.

Selon nos informations, un bon nombre de ceux là qui voulaient faire els Masters Pro se rabattent maintenant sr l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour y poursuivre leurs études professionnelles.

Il faut rappeler que depuis des dernières années, l’Université Gaston berger de Saint-Louis s’est rendue tristement célèbre à force de grèves, manifestations, conférences de presse autour de ces enjeux …

A Saint-Louis,  les étudiants, du moins quelques uns d’entre eux n’excluent plus l’année blanche comme éventualité ou tout au moins, l’invalidation du premier semestre ou encore l’élimination de la seconde chance qu’n donne aux étudiants quand ils ne réussissent pas les premiers examens.


A l’Université de Saint-Louis, la grève se poursuit !

Sur le campus de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, les étudiants ne décolèrent toujours pas. Depuis déjà plusieurs mois, ils ne comprennent pas l’entêtement des autorités de l’Université à vouloir ériger les Masters Pro( un des maillons de la chaine du système LMD) qui ne saurait être détaché du tout si on veut vraiment parler de LMD( Licence, Master, doctorat). Pour le moment, c’est surtout ce qui est en jeu dans la plate forme revendicative des étudiants même si un autre point d’une grande importance est à signaler. C’est bien sur celui du nombre de bourses à offrir aux nouveaux bacheliers. Cette année, l’UGB a considérablement augmenté ses effectifs et se pose alors le problème de savoir si à tous ces jeunes étudiants, pourra être accordée la bourse. Le taux qui a été attribué à ces anciens élève de terminale est loin d’atteindre le cent pour cent pour une université dont la tradition est que tout le monde soit boursier. La génération de cette année ne veut pas faire exception d’autant plus que, selon les étudiants, la position géographique de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis amène forcément à aider ces jeunes pour qu’ils aient des moyens de s’en sortir puisuqe vivant presque distants de chez eux.

Malgré l’enchainement des mots d’ordre, rien n’y fit. Ce jeudi, les étudiants de l’UGB ont fait une descente sur la Nationale où un seeting de près de 30 minutes leur a permis de faire encore une fois face à la presse sénégalaise pour la sensibiliser par rapport à l’enjeu et au risque d’une année blanche.

Selon nos informations, un bon nombre de ceux là qui voulaient faire els Masters Pro se rabattent maintenant sr l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar pour y poursuivre leurs études professionnelles.

Il faut rappeler que depuis des dernières années, l’Université Gaston berger de Saint-Louis s’est rendue tristement célèbre à force de grèves, manifestations, conférences de presse autour de ces enjeux …

A Saint-Louis,  les étudiants, du moins quelques uns d’entre eux n’excluent plus l’année blanche comme éventualité ou tout au moins, l’invalidation du premier semestre ou encore l’élimination de la seconde chance qu’n donne aux étudiants quand ils ne réussissent pas les premiers examens.


Sénégal: Difficile quotidien des villageois du Nord

Le coût de la vie est très élevé. Au Sénégal, c’est une vérité de Lapalissade. Le panier de la ménagère- comme une de ces expressions barbares- l’exprime avec éloquence et justesse. En ville, par exemple, dans les rues de Saint-Louis du Sénégal, cela peut se faire sentir, mais avec la moindre cruauté. Le degré de méchanceté du destin des populations sénégalaises va crescendo à mesure que l’on s’enfonce dans les profondeurs des villages au Nord du Sénégal. La chasse à la dépense quotidienne se lance dès le crépuscule. En effet, c’est quand les ombres de la nuit commencent à supplanter les lumières du jour, que les ménages songent déjà à la chasse qu’il faut lancer à la substance du lendemain.

Hélas, on ne peut ne pas compatir à la douleur qu’éprouvent ces gens pour trouver à mettre dans la marmite qui attendent une grosse progéniture. Admettez que vous êtes père de famille. Vous avez pas mal d’enfants. Vous vous réveillez sans le moindre sou. Votre épouse marche, doucettement, dandinant du corps pour vous rappeler que le sac de riz est vide, qu’il n’ya pas d’huile encore moins de petites provisions. Elle vous assène ces cruelles évidences en accompagnant son mélancolique ton d’un regard plein de pitié et de désespoirs.

Hélas, pendant que des richesses se comptent par dizaines, centaines et milles dans l’autre direction du monde, ces modestes gens croulent tous les jours sous le poids difficile des dettes. Ils finissent parfois par fuir leurs créanciers du fait d’un endettement excessif. Souvent, ils ont la malchance de multiplier leurs créanciers et du coup, ne savent plus vers quel coté tourner un regard sondeur pour sortir de cette ornière.

Je ne peux vivre heureux au beau milieu de ces gens condamnés par l’infécondité des terres arables, l’inflation des prix galopants des denrées de première nécessité, et j’en oublie encore… Je lisais un journaliste -écrivain uruguayen dans le monde diplomatique. Son propos avait focalisé mon attention tant et si bien que je le garde toujours en mémoire. En voici l’argument : si toutes les masses de dollars qu’on versait dans l’achat d’armes qui détruisent notre planète, étaient utilisés dans l’alimentation, en une semaine, on pourraient nourrir tous les gens de la terre.

Reviennent un article que j’avais écrit sur ce blog en parlant de la folie humaine. Je comprends que des milliers de gens soient devenus des « Meursaults » camusiens. Comment en pas ruer dans les brancards dans un monde où le libéralisme et le capitalisme entretiennent une île minoritaire de richissimes au milieu d’un océan de pauvres gens. Pourquoi ces damnés de la terre sont-ils forcés à purger cette cruauté dans le silence ? Réagissant pendant qu’il est temps. Car, on le dit : mieux vaut tard que jamais.


Facebook sur le campus de l’UGB de Saint-Louis/ Sénégal

S’il ya un réseau social qui n’a cessé tout au long de ces derniers mois à se faire parler de lui, c’est bien Facebook. Je ne m’inscris pas dans cette perspective manichéiste consistant à voir en ce réseau que du bien ou du mal exclusivement. Mon propos n’est pas de juger quoi que ce soit, mais juste de chercher à vous rendre compte du constat que j’ai fait ici au Sénégal, particulièrement sur le campus social et pédagogique de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. J’ai envie de dire, avec une petite dose de caricature, que, partout où je tourne la tête, je tombe sur la page d’accueil du site. C’est devenu presque un impératif pour les étudiants de consulter fréquemment sa page facebook, de commenter les dernières actualités, de donner leurs opinions sur les derniers albums de leurs camarades, amis et parents. Quand ils se retrouvent en classe, certains se permettent même d’exiger de la part des autres des explications : « Je t’ai vu sur facebook toi.Je t’ai ajouté….Je t’ai commenté …» attendant évidemment que l’autre réponde !

Je suis tenté de dire, que sous le magistère facebook, les relations et rapports se désacralisent de fil en aiguille. Auparavant en effet, quand il fallait rencontrer quelqu’un, on passait par toute une sorte de protocole qui pouvait prendre énormément de temps. Parfois, on faisait recours à l’influence d’un proche pour « court-circuiter » et accéder à sa source. Maintenant, on me dit que je peux écrire, parler à mon prof, mon Recteur en l’espace de quelques secondes : il suffit juste que je fasse un clic.

Avec facebook, l’accent est beaucoup mis sur l’instantanéité, c’est-à dire, la vitesse de la livraison de l’information et celle qui y est apportée pour sa compréhension. Ce qui est étrange au Sénégal, c’est que je retrouve des personnes qui n’ont pas forcément fait l’école ou tout au moins, ne l’ont pas fréquentée pour une longue durée, et qui pourtant surfent bien sur le premier réseau social mondial. J’ai retrouvé par exemple ma couine, une femme que je n’avais pas vu depuis plus de 15 ans. Elle est devenue couturière à Dakar. Elle a, à l’instar de tout le monde quasiment, sa page facebook où elle affiche sur son profil son métier.

Néanmoins, ce serait injuste de croire qu’il n’ya que « ludicité » sur ce réseau. En effet, on se partage également des documents. C’est le cas du Club de Sociologie de l’UGB. Si j’en crois mon informateur, il a décidé de créer un facebook pour se partager également des cours, des articles… Vous pouvez également en témoigner. Cet article que vous êtes entrain de lire n’a, en effet, rien de ludique-j’espère- et pourtant je l’ai posté sur facebook.

Avec ces constats, je suis sûr que ce premier réseau social est entrain de faire les plus belles pages de sa vie. En atteste le classement célébrités de l’année 2010 où le très jeune cofondateur de ce site, Mark Zuckerberg, 25 ans, parti de rien, est arrivé « 212e avec 4 milliards de dollars. Avec tous ses records d’abonnés et de visiteurs par jours, on a du mal à accepter que facebook n’était pourtant au départ, qu’un portail ouvert pour exercices à la maison !



Sénégal : vous avez dit pays d’hospitalié ?

Le Sénégal est un pays de téranga, c’est-à-dire d’hospitalité. De partout on le chante, et s’en enchante à l’envi. On veut en faire une marque de fabrique associée à l’image de l’entreprise « Sénégal ». D’autres pays comme le Burkina Faso affirment aussi n’être pas moins hospitaliers, mais les Sénégalais- du moins une bonne partie d’entre eux- n’entendent pas partager cette qualité.  Ils veulent croire qu’ils sont les seuls sur cette terre à qui la nature a doté d’une obligeance. C’est difficile de démentir l’existence de cette tradition, mais nombre de faits m’amènent à émettre des réserves pour le moins prudentes.Elles sont nombreuses, ces scènes quotidiennes où cette « hospitalité sénégalaise » est mise à rude épreuve. Des gens sont atteints des plus virulentes maladies, on les fuit comme une peste. Quand ils décèdent, on accourt vers eux en disant que « s’ils ne manquaient que d’argent, tel ou tel n’allait pas mourir ». C’est alors qu’ils mettent la main dans la poche et en sortent nombre de billets de banque pour payer les funérailles où c’est l’occasion de se donner en spectacle, de se faire un nom et une renommée. Un très célèbre homme a rendu l’âme au Sénégal dans une pitoyable occurrence. Laissé à lui-même, oublié par ceux qui devaient lui venir en aide, abandonné par ses proches, le pauvre se débattait dans la plus cruelle des solitudes. Seul pour pleurer son triste sort, condamné à le subir loin de toutes sollicitudes, il est alors bien fondé de s’interroger sur le sens de ses relations avec les autres.

Hélas, il n’aura pas le temps de satisfaire à cela. Il mourra dans une totale indifférence que ses proches  ont manifestée à son endroit. Lors de la prière mortuaire, des « monsieur » aux « gros bonnets » ont eu le culot d’affirmer au vu et au su de tout le monde que s’il n’était question que d’argent, ce malade n’allait pas les quitter. Un ami me mit dans cette confidence : « Lorsque ma mère était malade, un de ses proches n’a rien fait pour elle. Après le décès de sa maman, le proche a accouru pour dire qu’il est près à payer le prix du veau servant à assurer les funérailles.

Notre société serait-elle devenue sadique et indifférente à tout ? Et si nous développions en nous des « monstres sociaux » prompts à signer notre arrêt de mort ? Et si la société sénégalaise du XIXème siècle était-elle vouée à l’éclatement ?

Un auteur a parlé de la « fin de la société ». Dominée par l’individualisme, libérée de tout déterminisme, qu’adviendra t-il donc de cette grande masse dite « société » que nous formons et qui est entrain de nous échapper de plus en plus ?

N’est ce pas que c’est cette configuration subjective et objective de la société qui en crée les monstres, les blasés, les criminels, les frustrés, les terroristes, les sadiques à la lumière d’un personnage dans « Prison Break » qu’aucune émotion ne peut venir décourager le moindre méfait ? Demain, que personne ne s’étonne du produit des rapports sociaux. Nous en sommes responsables individuellement et collectivement.