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le cousinage à plaisanterie et la force du serment en Afrique traditionnelle

Le cousinage à plaisanterie : Une réalité africaine
Pratique née sous le mandé médiéval, le cousinage à plaisanterie permet aux cousins de dire des vérités qui en autre temps auraient soit blessé soit suscité une réaction négative et celui qui reçoit la plaisanterie doit l’accepter et se plier aux exigences du sanakouya.
Ainsi, par ce biais, on peut attirer l’attention d’un chef sur sa façon de gérer, à une personne de renom on peut toucher ses défauts sans qu’elle ne se sente rabaissée ou offensée.
Au Fouta Djallon, par exemple en guise d’illustration, les Diallo sont les cousins à plaisanterie des Bah, les Barry ceux des Sow et de la même façon les Tounkara, Garankés sont les cousins des Diakankés quel que soit le nom qu’ils arborent. (Conté, Diaby, Diakaby etc.)
Dans ce billet, c’est justement, l’imbrication entre ces deux entités sociales qui nous intéresse.
Garankés et Diakankés : Une amitié multiséculaire
Ces deux entités sociales, sont amies depuis des lustres, impossible à camper cette amitié dans le temps mais au Fouta Djallon, le hasard s’est chargé du rapprochement.
A la fondation de la grande mosquée par Karamoko Alfa, chaque fois que le mur était bâti le jour, des forces venaient le détruire de nuit et le lendemain, il fallait tout recommencer.
Déterminé à finir son œuvre, Karamoko Alfa ne se découragea pas et fit appel à l’ancêtre des Garankés Balla Tounkara , ce dernier répondit mais posa comme condition que le maitre de Labé, le laisse associer son expertise à celle de l’aïeul des Dikankés, Souman Fodé Diackaby et à deux, ils exorcisèrent le lieu permettant au pieux Karamoko, de finir tranquillement son chantier.
En guise de récompense, aux deux consultants, il fut donné es terres que l’on peut localiser de nos jours à Paraya et Konkola où vit une forte concentration des descendants de ces deux patriarches.
Pourquoi le mariage est-il interdit entre Garankés et Diakankés
Deux femmes vivaient ensemble avec leur époux, le premier couple était Diakanké et le second Garanké, les deux femmes étaient toutes nourrices et un jour alors que les époux étaient au champ et que les deux femmes étaient aux tâches du ménage, un feu se déclara dans la case, où dormaient les deux nourrissons. Prises de panique les deux dames se précipitèrent dans le brasier, chacune ramassant l’enfant sur lequel elle était tombé en premier sans savoir si c’était le sien ou non.
Dans la débandade, chacune s’en alla de son côté, sans revenir sur ses pas et depuis lors comme nul n’a pu savoir qu’est qu’il en était, il a été décidé que ces familles ne se marieraient jamais pour éloigner tout ‘’inceste’’ car devant le doute, la prudence veut qu’il n’y ait aucune prise risque.
Aujourd’hui encore, les sages de ces familles, en gardiens du temple veille au grain pour ne pas qu’un des leurs ne brisent cet interdit multiséculaire.


Le turban chez les peuhls de Guinée : signe de pouvoir et de connaissance

Dans l’histoire du Fouta Djallon, le turban, appelé metelool, est présent à un certain niveau de stratification de la société. Le turban est à la fois un insigne de pouvoir et un symbole de connaissance.
Le Fouta Djallon: Aperçu historique
c’est l’une des 4 régions naturelles de la Guinée liberée de la colonisation française, encore appelé Moyenne Guinée, au 18ème siècle, cette partie montagneuse et point de départ de nombreux fleuves régionaux comme la Gambie, le Niger ou le Sénégal a vu se développer un état fédéral appelé royaume théocratique du Fouta Djallon et composé de 9 provinces. .
En un peu plus d’un siècle et demi d’existence, le Fouta Théocratique a fait montre d’une grande organisation et expérimentera des techniques démocratiques en cours dans les démocraties actuelles comme: L’alternance, le droit de grâce notamment.
De 1725 à 1896, le royaume qui s’est étendu vers Boké s’agrandira aussi vers la Guinée Bissau actuelle appelée Ngabou.

 
Le turban est une bande d’étoffe de trois à 4 coudées que l’on utilise pour ceindre la tête d’une certaine catégorie de personnes, notamment les chefs religieux, les chefs politiques et les maîtres de la parole. A chacune de ses trois catégories sociales, correspond un type de turban.

 
Le turban religieux ‘’metelool dinah ‘’

C’est un turban qui s’acquiert au mérite et est l’équivalent d’un diplôme qu’on obtient en achevant le cycle des études coraniques.
On dit alors que le préposé à atteint le « tafsir », c’est à dire la clôture du livre saint. L’aspirant Thierno devra lire de la sourate Nassroulaye à celle d’introduction la Fatiha ou de Qoreich à la Fatiha avant d’en faire la traduction et l’exégèse.
Une cérémonie est alors organisée pour permettre au requérant de s’illustrer devant un collège de personnes choisies pour superviser l’épreuve et devant le formateur.
A cette occasion un bovin est sacrifié et du pain blanc est distribué à l’assistance.Ce pain blanc est appelé en pular ‘’thiobbal alluwaal’’et était fait à bas de pate de riz dilué dans du miel.
A l’issue de l’épreuve, un turban est placé sur la tête du requérant par son maitre et dès lors son nom est précédé du titre de Thierno.
Ce couronnement n’a lieu que les vendredis et des candidats du même village peuvent être emmenés à franchir ensemble l’étape.


Le turban de la chefferie ‘’metlool laamu’’


C’est un insigne du pouvoir et l’équivalent de la couronne dans d’autres monarchies.
Son port est exclusivement réservé à ceux qui doivent exercer le pouvoir politique dans les provinces ou au sommet de l’Etat fédéral du Fouta théocratique d’avant.
Cette tradition est née sous la régence de l’Almamy Ibrahima Sory Maoudho, deuxième souverain de l’Etat du Fouta Théocratique qui s’était fait introniser à Fougoumba, capitale religieuse.(Almamy désignait celui qui exerçait le pouvoir politique et désigne celui qui dirige la prière dans une mosquée aujourd’hui, le terme est une déformation du mot arabe Al Imam)
Le rituel se répétait chaque fois qu’il y avait un nouveau chef ou qu’un dauphin succédait au roi.
Chaque chef était désigné alors sous l’appellation d’Alpha qui précédait désormais son nom comme dans le premier cas.


Le turban des maitres de la parole ’’Metelool Farba’’


Contrairement aux deux premiers qui sont blancs, le turban du Farba était rouge. Le Farba aussi était soumis à la même rigueur que les Thierno ou presque car il devait maîtriser le coran comme le premier et en plus connaitre l’histoire, les liens sociaux, avoir une dextérité orale sans faille.
Etre Farba nécessitait aussi, de postuler à la cour du chef qu’on voulait servir et de fournir un cadeau digne d’un roi pour être retenu.


Autre catégorie de turban ‘’metelool hadjou’’


Cette dernière catégorie peut être portée par n’importe quel homme ou femme qui fait le voyage pour les lieux saints en pèlerinage tel que voulu par l’islam. Il ne nécessite ni un rang social spécial, ni un savoir spécifique hormis celui d’accomplir convenablement les rites du pèlerinage. Et mieux, ce turban est commercialisé et serait acheté par le pèlerin.


Bon à savoir :
– Dans l’histoire du Fouta sur les 14 Almamys qui se sont succédés au trône, un seul n’a pas été couronné à Fougoumba. Il s’agit du rival et frère de Boka Biro (héros national pour avoir résister à la pénétration coloniale française) Alpha Mamadou Pathé Barry.
– Chaque chef du Fouta théocratique était un Thierno avant d’être Alpha, donc avait la maitrise des saintes paroles (le Coran).
– A la mort du titulaire d’un turban religieux, hormis le linceul, sa couronne (

credit photo: Foutaweb
le turban) qu’il portait est la seule chose qui pouvait être mise en terre avec lui.


Top 10 des axes routiers les plus dangereux de la ville de Labé

De loin le plus grand parc moto du pays, Labé est aussi un lieu où les accidents sont légions.
Dans cette peinture peu élogieuse de la cité de Karamoko Alfa, 10 endroits sont réputés être les plus dangereux. Un petit sondage réalisé sur des usagers de la route, en majorité des conducteurs de taxis motos, a permis d’aboutir à ce billet.
De l’avis général, la palme revient à, dans l’ordre :
1- Le Virage ‘’S’’ :
Situé dans le quartier Safatou sur la nationale 1, à 6 km du centre ville, il porte ce nom parce qu’il est en fait une succession de virages.
Pendant de longues années, l’endroit a été le théâtre de chutes mortelles. La présence d’un club de nuit, installé dans le parages et en bordure de route au début des années 2000, a longteps expliqué la fréquence des accidents.
2- Le carrefour Radar :
Situé sur la même nationale, trois km plus loin que le virage ‘’S’’, ce lieu est ainsi nommé parce qu’il permet d’aller vers l’ancienne installation du radar. Associée au flux de la nationale, sa proximité avec plusieurs complexes hôteliers et clubs de nuit en font un endroit dangereux. Il ne se passe presque pas de jours sans qu’un accident n’ait lieu à cet endroit.
3- Le carrefour Bilal
Grande intersection reliant le centre ville au vieux quartier Daka et le quartier Mosquée à la banlieue Est. La route prend naissance au niveau du portail Est de la mosquée de Karamoko Alfa et se poursuit sur une pente abrupte d’environ 3%. L’endroit idéal pour permettre à des conducteurs peu prudents de s’encastrer.
4- Le rond point du Tinkisso
Sans doute le coin le plus animé de la ville de Labé. Vivant d’une aube à la suivante, le sens giratoire au niveau de ce grand carrefour est particulièrement problématique. Et c’est sans compter la présence insolite de bœufs en tout temps sur les lieux.
5- La sassée :
Qui n’a jamais entendu parler du mythe de la dame-génie de la sassée ? Cette femme, disait-on, occasionnait les accidents au gré de ses humeurs fluctuantes. Le lieu était aussi connu pour être un endroit qu’aucun chef ne doit traverser au risque de se voir évincer. Vrai ou faux, quelques mois avant sa tragique descente aux enfers, Dadis Camara – qui s’était emparée du pouvoir en 2008 pour devenir président de la junte – avait bravé l’interdit. Le résultat se passe de commentaires.
6- Carrefour Thyndel :
Situé sur la corniche de Konkola en direction du stade régional, ce carrefour est rendu dangereux par la proximité du marché et du stade, sans oublier que l’une des plus grandes écoles de la vile, le lycée Wouro est domicilié dans les parages. Il y a trois ans un des accidents les plus traumatisants de ces dernières années s’y est tenu : un camion de sable a écrasé un vieil homme.
7- Le pont Alhamdou :
Situé à la lisière des quartiers Daka et Mairie et coupé par l’axe Hoggo Mbouro et carrefour Bilal, la pente dangereuse de 4% est un vrai guêpier que le manque de courtoisie dans la circulation transforme en carrefour de la mort.
8- Carrefour Enco 5 :
Ce carrefour est situé entre les quartiers Tata I et Tata II et se situe sur la route du camp militaire, le carrefour ainsi appelé à cause de sa proximité de l’ancienne base de cette entreprise qui évolue dans les travaux publics. La route est une transnationale qui mène vers le Sénégal et ces derniers temps surtout, les accidents y sont innombrables.
9- Le carrefour Hoggo Mbouro :
Situé en plein centre ville, il marque une limite entre Kouroula, Mairie et Daka, trois des plus vieux quartiers de la ville. Une pente abrupte située au niveau du complexe Hoggo Mbouro empêche les usagers venant de Tata ou Daka de voir leur vis-à-vis à temps et cette absence de visibilité temporaire s’avère souvent fatale.
10- Le rond point de l’hôpital régional :
Plus vieille intersection de la ville et la plus usitée de nos jours encore, ce rond-point est au cœur du centre urbain et se situe à la façade d’entrée de l’hôpital régional. Sa situation un peu inclinée constitue un danger permanent, à toute heure de la journée.

Toutefois, hormis ces endroits, si vous restez ‘’fair play’’ dans votre conduite, vous avez le temps de vous délecter du charme hospitalier de la cité de Karamoko Alfa.
De passage à Labé, prenez soin de vous et tuez la vitesse pour épargner des vies humaines.


Le Fouta Djallon, ce vaste cimetière de mangues

Le Fouta Djallon, ce vaste cimetière à ciel ouvert de mangues.
La Guinée est un pays que la nature a nantie d’une forte et belle chevelure de verdure, en plus de l’avoir bénie des arbres fruitiers des plus savoureux qui se retrouvent aux 4 coins du pays. Riche de ses régions naturelles, avec chacune son type de sol et son climat, cette pluralité donne une saveur particulière aux fruits qui y sont produits. Parmi eux, les mangues occupent une place de choix. Malheureusement, chaque année, c’est environ 70% de leur production qui est perdue, sans aucun espoir d’exploitation rationnelle. Car jusque-là, ni l’Etat, ni les gros commerçants n’ont osé prendre l’initiative de mettre fin à ce gaspillage de mangues.

La mangue : Une alliée de taille pour les étudiants lors des mois ‘’rouges’’

Le mois de mars est surnommé ‘’mois rouge’’ par les étudiants. Quelquefois, ce fameux mois de la lunaison estudiantine se prolonge, notamment quand le pécule tarde à tomber et que les étudiants affichent un solde nettement débiteur.Dans ces cas-là, si la saison des mangues se dessine, elle est vécue comme une véritable manne céleste.
Vous voulez connaître les petits noms qu’on donne à la mangue sur les campus guinéens ? Et bien ‘’à bas les tuteurs aigris’’, ‘’Dieu merci’’ ou la ‘’viande verte’’, en référence à la fibre qui reste coincée entre les dents et qu’on ne peut dénicher qu’avec un cure dent.

Une palette culinaire des plus larges :

Les mangues peuvent se consommer crues, bouillies simplement à l’eau ou cuites avec de l’huile rouge et saupoudrées de poudre de poisson. On peut en extraire du jus ou en utiliser pour une salade de fruits. Quelle que soit la présentation, c’est toujours un délice de savourer une mangue mûre.

 

Les mangues, une richesse inexploitée en Guinée :

La Guinée perd chaque année plus de 50% de ses mangues, environ, et ce taux peut monter à 70% au Fouta Djallon, si on s’intéresse à la quantité de fruit qui pourrit faute d’une gestion efficiente. D’autre part, les guinéens s’éternisent dans l’utilisation de techniques traditionnelles de gestion, et refusent de s’ouvrir à l’air du temps. Des techniques plus rationnelles comme le séchage (chips de mangues) ou la fabrication de la confiture pourraient pourtant aider à rationaliser les stocks.

Une exportation sauvage et anarchique :

Depuis qu’ils ont découvert l’intérêt de certains pays frontaliers, comme le Sénégal, pour la mangue guinéenne, les commerçant se sont lancés dans une sorte d’OPA des mangues encore en floraison dans les villages. Ils versent entre 50 et 500 000 francs aux propriétaires, avant de revenir cueillir les fruits pour les envoyer dans les pays de la zone CFA, empêchant quelquefois les propriétaires de goûter à un seul fruit de leurs plantes.
A destination, ces mangues sont vendues à prix d’or ou transformées en jus et manufacturées. Dans ces cas-là, elles peuvent même être ramenées dans notre pays par le biais d’une importation dont les naïfs opérateurs économiques sont les promoteurs.

Des opérateurs économiques en panne d’inspiration :

Les opérateurs économiques guinéens manquent de vision ou du moins d’initiatives, les plus riches d’entre eux se cantonnent à monter une unité de production d’eau minérale alors qu’avec une telle faveur de la nature , ils auraient pu viser plus grand et hisser leur concurrence à un niveau plus honorable.

S’inspirer de modèles à succès expérimentés ailleurs :

A l’occasion de mes études au Bénin, j’ai eu l’opportunité de visiter les propriétés de l’entreprise Songhay, une entreprise Béninoise. Son propriétaire, un pasteur, a totalement misé sur l’agroindustriel, produisant et transformant toute sa production sur place. Sirop de gingembre, sirop d’oseille de Guinée ou encore sirop d’ail pour de multiples traitements, le résultat est probant.

La Guinée est forte de produits agricoles de haute qualité, enviés partout dans le monde et pourrait en tirer profit comme tout pays normal. Je ne jette pas la pierre, ni ne crie haro sur le baudet, je veux juste dire que cet emploi que les jeunes réclament et ne trouvent jamais, cet espoir déçu qui les jette dans les bras de la Méditerranée, le retour organisé et raisonné à la terre peut nous l’offrir.

En conclusion je m’en vais citer un anonyme qui, si j’ai l’honneur d’être lu par lui un jour, saura se reconnaître et faire ma fierté :
« Tout savoir qui n’est pas convertible en potentialités de développement est une culture générale. »


Le bonheur se trouve au bout de la patience

Les cauris avaient livré leur verdict et les sages avaient consulté les astres, tout semblait normal et les deux tourtereaux pouvaient convoler.
A la fin de ses études, un piston avait permis à Habib de se mettre au service de Elhadj  »Guelloun », cossu commerçant connu de tout le monde à des milliers de kilomètres à la ronde.
Tafsa, elle était belle comme une de ces orchidées sauvages, elle alimentait déjà les débats chez les hommes dans toute la ville.
Le mariage se fit en alliant tradition et modernité selon la mode du moment. Et pour le début le foyer fut un havre que pas l’ombre d’un malentendu ne vit troubler.
Puis, l’année passa sans que Tafsa n’ait pris de rondeurs, les tracas virent jour et vinrent jeter la discorde sur le couple.
La mère d’Habib se chargea d’ouvrir les hostilité. La vieille connue pour sa hargne, son embêtement et sa volonté de tout contrôler commença par échouer au domicile du couple à intervalle régulier, puis ne se gêna pas de s’enquérir du calendrier menstruel de sa bru. Puis, avec une feinte hypocrisie, elle fit mine de conseiller la jeune dame tout en menaçant d’un séjour infernal, la femme qui refuserait de porter la semence de son mari.
Voyant que toutes ces démarches ne portaient pas fruit, la vieille Ramata engagea la vitesse supérieure, celle où il faut vider la bru et la remplacer par une nouvelle et pour cela i allait jour sur les nerfs de Tafsa.
Tafsa était préoccupée, elle en perdait même l’appétit et le goût de vivre.
Son corps ne cessait de maigrir et les cernes ornaient désormais ses yeux de biche.
Ce qu’elle n’arrivait pas à comprendre, c’est la volte face d’Habib, l’homme à qui elle avait donné sa fleur et son charme. Habib avait succombé à la volonté de sa mère et était partant pour convoler une nouvelle fois.
Le second mariage se préparait en sourdine et Tafsa comprit. On ne peut point cacher ces choses au flair féminin. La nouvelle femme de Habib était de quelques années l’ainée de Tafsa et était à son deuxième mariage, belle, elle avait connu l’enfer des violences conjugales et d divorce avant de se reprendre en main . Le petit bout de chou né de a première union avait juste 4 printemps
La belle mère pour achever Tafsa ne cessait de vanter les qualités de sa conquête, car c’était bien la sienne, elle l’avait choisie, conduit les démarches nuptiales. Donc c’était son choix, sa conquête et pourquoi pas son combat?
Malgré toute cette énergie, c’est aussi Ramata qui avait eu les  »gentils » mots que chez les peuls on tient à une personne dans la difficulté :
<< Ko mougnaal dey>>. Tafsa n’était pas dupe. Elle ne craignait pas de partager son mari, même si c’était loin d’être plaisant.
Pourtant, dans la famille d’ Habib on n’entendait pas lui faire de quartier, il fallait qu’elle s’efface, qu’elle parte. Elle qui avait à leurs yeux ‘’envouté’’ Habib pour qu’il n’ait de regard qu pour elle.
Alors, Habib entouré de sa famille avait signifié la volonté de la voir quitter la maison, elle n’avait ni crié, ni insulté juste demandé à son homme de lui accorder une faveur, celle de la ramener dans les règles de l’art.
Habib fit un paquet de colas et réuni une délégation et fit ramener Tafsa.
Pour tout parent, cet instant est dur, voire même insoutenable mais les propos du griot avaient apaisé le père de Tafsa, désormais convaincu que sa fille n’était en rien fautive.
Alors, il décida de mettre Tafsa en  »Edda », cette retraite purificatrice qui permet à une femme mariée de s’affranchir des liens de son précédent mariage.
7 mois plus tard, un jeune homme à qui l’aventure suisse avait réussi lui mit, la bague au doigt. Il avait de l’argent et cherchait une compagne, c’était chose faite. Il aima la jeune dame à la limite du possible. Au mariage, il lui accorda les faveurs d’une vierge et lui offrit un commerce et une luxueuse voiture neuve en guise de cadeau de noces. Et comme une réparation que Dieu lui accordait, 6 mois après, Tafsa avait pris des rondeurs, un bébé s’était réfugié dans ses entrailles. Elle avait chanceler de joie à l’annonce du gynéco et Ousmane son nouveau mari ne manquait pas de la mettre en confiance à propos de cet enfant qu’elle désirait tant.
<> disait il et cette fois, il était vraiment là car Dieu est du camp des justes, celui des patients.
Pendant ce temps, Habib souffrait le martyr et l’enfer que sa mère promettait alors à la douce Tafsa. Il avait épousé la bouteille et buvait désormais comme un polonais, son travail lui avait échappé et il n’était plus que l’ombre de lui même.
Sa femme, la nouvelle n’ayant pas supporté la déchéance de son homme était partie avec un nigérian, bien entendu après avoir siroté le nectar, elle laissait Habib dans le pire en lutte avec ses démons…
Cet après midi, la rue la plus fréquentée de la ville était noire de monde, la vieille Ramata attendait un taxi, il fallait jouer des coudes pour se frayer une place, son âge ne lui permettait pas de se livrer à ce jeu, alors elle attendait. Une grosse cylindrée s’arrêta à son niveau, elle était belle et la personne qui la conduisait encore plus, elle fit la flexion et salua:
<<néné on jaarama>>, la vieille paniqua, non ça ne pouvait pas être, Tafsa mais la voix, la vieille Ramata se crut la victime d’un djinn, si la voix était familière, la personne en face l’était moins ou pas du tout. Elle sentit ses jambes perdre appui et souriante, la jeune dame lui serra la main et l’entraina vers le bolide, elle l’ouvrit et aida la vieille à monter. Tafsa conduisit son ancienne belle mère qui ne se risqua pas à la conversations contentant par moment de satisfaire son incrédulité en jetant des regards circulaires.
La vieille Ramata, malgré tout les efforts maugréa : « Adouna no hewii bimbidje nani »,oui la vie était plein de surprises, elle se ravisa et sourit machinalement. Le reste du voyage se fit en silence…


Et si c’est mon mari qui n’avait pas la bonne semence ?

Aicha s’était mariée en grandes pompes. Elle était alors, la fleur qui perturbait le sommeil des jeunes célibataires de Labé. Sa couleur café au lait que rendait spéciale une longue chevelure et ses dents nacrées faisaient d’elle une légende.
Son mari Ali revenait de 10 ans d’aventure aux USA et il y avait fait fortune. Il différait d‘ailleurs de tous les ‘’diaspos’’ qui rentraient au pays car nul jamais ne l’avait vu flirter avec la moindre fille.
Ce pseudo modestie donnait une aura de mystère à Ali. En tout cas pour tous, c’était l’homme idéal.
« L’Amérique ne l’a pas changé » disait-on dans les commérages .
Deux ans s’étaient écoulés depuis le mariage de Ali et Aicha. Leur union était enviée et enviable sauf que l’essentiel tardait à venir, un enfant. Sur ce point la mère de Ali commençait à se faire menaçante et ses sœurs lançaient les plus vilaines des insanités sur elles.
« Si tu n’arrives pas à pondre, c’est de ta faute, tes ovaires sont arides à force d’avorter… ». Sans gêne aucune, les sœurs persiflaient. Au mariage de Aicha, elles savent que le couvre lit était taché du sang virginal. Simplement, la plus petite des sœurs n’a jamais pardonné à Aicha de lui avoir fait de l’ombre de longues années durant. Tous les hommes étaient aux pieds de Aicha, alors, condamnant toutes les autres filles au menu fretin.
Aicha souffrait en silence. Elle ne manquait de rien certes, mais les insinuations de la famille de son mari avait la douleur d’une dague dans son cœur.
Aicha, d’habitude si pieuse était si désespérée qu’il lui arrivait parfois de consulter des marabouts et autres diseurs de bonnes aventures. Malgré la prison dorée qu’était sa maison, elle fondait comme beurre au soleil.
La rencontre de l’espoir
C’est dans ce climat délétère que Aicha fit une rencontre, celle de Dialy Dia, jeune dame au physique imposant et au visage rassuré. Elle était avocate et les droits féminins étaient son cheval de bataille. Thierno, l’ami et cousin de Aicha présenta les deux femmes et elles s’isolèrent. C’était dans une soirée de gala. Aicha narra son malheur et Djaly promit de l’aider « mais j’ai besoin de savoir que tu ne vas céder à aucune pression avant de m’engager » , la femme opina et comme une flèche la panthère des prétoires s’en alla.
La bataille judiciaire :
Deux jours après cette rencontre déterminante, Djaly exigea une plainte de sa cliente et la déposa au tribunal. Une première audience fut tenue et la brave femme en profita pour réclamer que le couple se soumette à un examen de fertilité. Ali était abasourdi, sa famille encore plus. Le secret jusque là bien gardé était menacé. Le juge autorisa.
L’heure de la vérité
Depuis cette audience introductive, la pression avait changé de camp. Comme par magie, les sœurs se faisaient plus câlines, la mère de Ali elle même voulait établir une sorte de complicité entre elle et Aicha, mais elle n’était pas dupe.
Comme elle l’avait promis à Djaly, Aicha tint bon.
Quand Dieu veut aider une de ses créatures, il transforme pour elle les obstacles en avantages. C’est ce que s’apprêtait à vivre Aicha. L’expert choisi pour faire le test était le prétendant de Djaly et son cousin, lui savait sur quel dossier sa dulcinée travaillait. A l’implication de la dame ,il savait qu’elle y tenait , voilà pourquoi, il refusa les millions proposés par la famille de Ali qui tenait à noyer le poisson.
La victoire de la justice sur la violence morale
Les résultats une fois prêts, le juge convoqua une autre audience. Les parties vinrent répondre à l’appel . Ali était sur ses nerfs, il savait qu’il était incapable de procréer et cette triste réalité allait sans doute refaire surface dans un instant. Sa famille, sur ce coup était restée au domicile sans doute pour ne pas assister au verdict . Elle en avait fait baver Aicha mais Djaly avait ravivé son espoir.
Le juge tira tout le monde du silence en déclarant :
« nous avons reçu les résultats et les examens révèle que dame Aicha est apte à la procréation, ce qui n’et pas le cas du mari … »
Le reste des mots se perdit dans l’écho et Aicha sanglota puis s’effondra dans les bras de Djaly.
Le regard baissé, Ali était tendu comme un arc et son avocat avait aussi perdu son latin. Le juge continua :
« Madame ! vous pouvez obtenir le divorce si vous le souhaitez ou rester près de Mr Ali ,il n’en tient qu’à vous et votre mari est condamné à vous verser la somme de 100 millions pour préjudice moral. »
Djaly remercia la cour et tira sa cliente par la main, Ali se laissa choir . L’audience était finie et la victoire était totale…


Quand la jalousie et la naïveté vous coûtent l’être aimé

En Afrique noire, la science occulte peine à sortir des mœurs tant les gens l’ont, chevillée au corps. Les forces mystiques sont utilisées pour annihiler une attaque, pour se défendre ou même parfois s’attirer une faveur ou un bienfait.
L’ancrage de l’islam en bien de parties du continent n’aura pas pu empêcher certaines survivances animistes traditionnelles.
Seulement , beaucoup d’africains accordent tellement de foi aux consultations occultes et leurs bienfaits qu’ils se retrouvent dans un schéma vicieux ou commettent parfois l’irréparable. Plus par naïveté que par méchanceté. C’est le cas de Mariam dont je m’en vais vous conter l’histoire.
Au Fouta Djallon un proverbe enseigne : « que celui qui ne croit pas en sa chance est tenté de voler » . Cette sagesse, juste pour signifier que l’ambition démesurée peut briser un élan prometteur.
Mariam, la vingtaine était mariée et mère d’un bout de chou lumineux, elle était belle. Son mari Ousmane, était de cette espèce qui faisait chavirer le cœur de toutes les femmes. Bel homme, attentionné, amoureux et père prêt à tout pour ses enfants. Son foyer était un havre de paix que les autres enviaient.
Comme on dit souvent l’Homme est insatiable. Poussée par ses copines dont une moitié cherchait encore ‘’ l’oiseau rare’’ et l’autre moitié était divorcée. Mariam se fit conseiller par elles, d’aller envouter Ousmane. Elle ne voulait pas mais à l‘évocation d’une éventuelle ‘’rivale’’par l’une des megères d’amie elle céda sans autre forme de réflexion et promit d’aller en consultation. Il n’était pas question qu’elle partage son mari…
Le jour j Mariam se fit accompagner par Billy, une de ses amies habituées à ce genre de démarches. Le voyant choisi était ‘’zéro faute’’.
‘’zero faute’’ était un de ses hommes qui avaient le don naturel de jouer avec le sens des autres. Il habitait un masure sombre ornée de cornes et de peaux de bêtes . Dans un coin nichaient des bouteilles d’alcool et de liquide de freins recyclées en emballage pour talisman ‘’made in zéro faute’’.
Les visiteuses saluèrent en chœur mais poliment et un ahanement leur fit comprendre que le devin était bel et bien là, alors elles entrèrent. Le parfum hors de prix de Mariam flotta indiquant au maitre de céans le rang social de sa ‘’patiente’’. Mariam était belle et ses formes généreuses ne laissait aucun homme indifférent, serait-il ‘’zéro faute’’ en personne. Au delà des artifices et du piédestal sur lequel il surfait ‘’zéro faute’’ était un homme.
Ses yeux avaient élu domicile sur les rondeurs de sa cliente. Il était là aux antipodes des fois où le client n’avait pas l’opportunité de voir son visage. Se ressaisissant d’un coup, il demanda à Billy de l’excuser, elle obtempéra.
‘’Zero faute’’ entreprit de dessiner des arabesques sur le sol, le front plissé. Mariam, le cœur sur les lèvres le suivait des yeux. Puis le devin partit d’un rire sonore, effrayant. Il voulait impressionner. Il était impressionnant. Alors ‘’zero faute’’ farfouilla dans sa réserve et en sortit un produit qu’il remis à sa cliente. Il lui indiqua la posologie. Ce sera trois gouttes seulement avait-il dit et machinalement. Mariam répétait pour se convaincre des propos du devin. Elle ouvrit son sac sortit une poignée de ‘’tais-toi’’, ces billets de 10000 francs rouges, l’homme déclina l’offre…
Le jour d’après, Mariam fit la cuisine déchargeant sa bonne qu’elle laissa au repos .Ses enfants étaient à l’école. Heureuse et satisfaite elle chantait les airs de son enfance.
Après la cuisson, elle glissa la dose prescrite dans le plat de son homme, loin de se douter que loin de ‘envouter, elle lui administrait du poison. Le produit de ‘’Zéro faute’’ était du cyanure.
Ousmane revint, l’estomac au talon il se fit servir, invita sa femme elle déclina au motif qu’elle avait mangé. Il entama son repas et n’eut pas le temps de finir que déjà pris de convulsions ,il fut projeté au sol. Son pouls était saccadé puis fini par s’arrêter nettement sous l’œil de sa femme ahurie.
Par jalousie et stupidité elle venait de tuer son époux, le père de ses enfants…


Vivre ou mourir avec l’Europe dans un coin de la tête

Depuis des jours déjà Lamine songeait à partir. Vivre ou mourir certes, mais l’Europe lui vivait dans un coin de la tête. Il fallait qu’il brave la mer.
Lamine avait nuitamment préparé son baluchon. Il n’attendait plus que l’aube pour se faufiler.
Sortir à cette heure du jour n’était pas fortuit, c’était les recommandations du devin Kekouta.
Ayant pris ses cours auprès de son défunt père, Kekouta était devenu le gardien du temple.
Les colas du sacrifice, Lamine les avait partagées selon les instructions du devin. Il ne restait plus qu’à casser les œufs à l’intersection de deux voies, sans se retourner.
Au premier chant du coq, il avait pris la route sans réveiller ses frères encore moins sa mère. La séparation était inéluctable mais chagrinante.
C’est par le premier taxi brousse que Lamine sortit de son cocon, cet espace qui l’avait vu naître et dont il divorçait à présent.
Il visait le Maroc mais avant il faudrait traverser le Mali, atteindre la frontière Algérienne et franchir le pas jusqu’au royaume chérifien.
Lamine était anxieux, il retournait sans cesse le nom de tous ses camarades qui avaient déjà tenté le voyage. Que ces derniers l’aient réussi ou ont fini la traversée dans le ventre de quelque poisson, il n’en savait rien.
Il en avait pour deux semaines avec les multiples haltes.
Deux semaines, pour caresser des yeux ‘’l’eldorado’,  c’était jouable…
Lamine était au Maroc maintenant et pour l’heure un de ses amis d’enfance venu pour ses études lui prêtait logis.
Et pendant que son ami allait à la fac, il déambulait en quête des réseaux de voyage clandestins.
On était mercredi, et ce jour la chance lui fit signe. Il tomba nez à nez avec un des passeurs.
L’homme était un gros arabe barbu à la toilette très détendue. Un blouson de cuir noir sur un jean bleu.
Dan un français au fort accent arabe, l’inconnu l’apostropha : « tu veux partir en Espagne, c’est ton jour de chance, mon bateau a deux places de libre mais c’est 1500. »
Ici les transactions étaient en euros. Lamine pouvait payer la traversée et conserver un peu de monnaie.
Il expliqua qu’il devait aller chercher l’argent avant d’embarquer. L’inconnu acquiesça de la tête. Lamine fila en flèche, l’Europe en image dans la tête.
A son retour, l’homme n’était plus là, le radeau non plus. Il chercha du regard : rien. Alors des larmes perlèrent son visage.
Tout ce trajet pour rien ! Habituellement, il tient le coup dans ce genre de circonstances, mais pour une fois, son intime espoir était mis à rude épreuve.
Combien de temps depuis qu’ils sont partis ? Lamine ne le savait. Il avait fait un sprint en vain.
Il s’effondra sur un rocher. Le prix de la traversée dans les poches de sa culotte sécurisé par un jean bleu de seconde main. Son regard, au loin perdu dans l’immensité de la Méditerranée.
Depuis combien de temps était-il là ? Lui même ne le savait plus. En sortant de sa rêverie, il eut juste le temps de voir la croix rouge s’affairer et descendre des corps, des corps qu’il avait probablement vus sans savoir que c’était un premier et un dernier contact. Des corps parmi lesquels le sien aurait pu figurer, s’il n’avait pas été retardé. Et le doigt sur la bouche, Lamine prononça la profession de foi et répéta machinalement « Allahou Akbar ».
Dieu venait juste de l’épargner d’une mort certaine. Lamine en était conscient.
Maintenant qu’allait-il faire ? Partir ou rester ? L’émotion de ces dernières heures lui embrumait l’esprit…


Les ‘’gnamakalas’’ du Fouta Djallon vrais dépositaires de l’art de parler

Aux alentours du 16 ème siècle, les peuhls nomades en quête de vastes prairies ont posé leurs baluchons sur le Fouta Djallon. Cette arrivée marquera profondément la naissance et la pratique de l’art de parler.
Contrairement à une idée reçue, les ’’Nyamakalas’’ du Fouta Djallon ne sont pas de nos jours les ultimes représentants des formes expressives anciennes . Cette tâche sied mieux aux awluubhes.
Et depuis, l’histoire des awluubhes et autres nyamakalas est tributaire aux cours royales. Les premiers sont considérés comme historiens, chroniqueurs au service des monarques . Les seconds n’étaient que des semeurs de joie.
Le raffinement du Gaoulo contraste avec l’excentricité des nyamakalas. Aussi, autant le Gaoulo avait l’obligation de préparer sa descendance à reprendre le flambeau , autant le fils du nyamakala avait le choix d’hériter du métier paternel ou non.
L’origine des Awluubhes est souvent assimilée au passage de Elhadj Omar Tall au Fouta sous le règne de l’Almamy Oumar Barry au XIX siècle.
Réunir tous les instruments du folklore : un pari osé
Réunir les instruments de toutes les aires culturelles de la Guinée a germé à la fin des années 50. En exemple, les sistres, la flute pastorale, la calebasse ou le violoncelle qui sont des instruments du folklore peuhl ont été associés à la Kora, instrument à corde d’origine mandingue ou au balafon .
Une stratification entre les maitres de la parole traditionnels
Aussi dans la pratique musicale, une certaine stratification sociale se démarquait. Aux captifs revenaient les percussions et les instruments à vent et aux hommes libres les instruments à corde.
Percussions et instruments à vent se jouaient debout et incitait à l’effort tandis que ceux à corde ne nécessitait aucun emballement du corps.
Dans les mentalités primitives ,ces deux niveau disjoints renvoyaient surtout à ce qui était conforme à la dignité de chacun . D’un côté le bruit et le rythme et de l’autre le raffinement et la retenue.
Survivance des pratiques musicales et festives des périodes ante islamiques
Sous la théocratie au Fouta, les efforts de destruction des tambours païens ‘’dunduudji’’ ont occasionné l’intérêt des Djallonkés pour le tamtam ‘’djembé ’’ souvenir des orgies lors adoratives . Loin des vainqueurs, la nuit, ils maintinrent la tradition du jeu avec des instruments sauvegardés ou reconstitués.
Simultanément l’arrivée de captifs saisis lors de razzias dans les campements Kouranko , Toma, Kissi et Malinké, enrichit d’instruments nouveaux, une musique devenue impossible à étouffer.
Lors de la période coloniale, les ‘’Nyamakalas’’ sont carrément sorti du cadre des veillées traditionnelles pour devenir des troubadours au service tour à tour de l’administration. D’abord les chefs de canton et enfin du parti Etat à l’indépendance.
L’âge d’or des Nyamakalas du Fouta Djallon
L’âge d’or des ‘’Nyamakalas’’ en Guinée reste confondu au nom de Yacine Diallo, premier député guinéen à l’Assemblée constituante, mais c’est Ahmed Sékou Touré qui réunira dans un ensemble les virtuoses d’instruments qui se jouent aussi bien debout qu’assis .
Ce dessein politique appliqué à la culture marquera à jamais une rupture avec ‘’l’aristocratie traditionnelle’’ et conduira le profane vers la sublimation artistique.


Le lévirat : Une tradition qui jette des familles entières dans les griffes de la mort

L’astre sélène avait décidé de se montrer dans toute sa splendeur. La nature exhalait son parfum de verdure et le silence n’était déchiré que par le concert des grillons.
Chez les Diallo, l’ambiance était à la joie .On y célébrait le mariage d’un des cadets de Gassim disparu il y a 5 mois avec sa veuve.
Tout le monde considérait Bella comme un exemple de droiture à conserver dans la famille.
Tous ces 7 frères étaient candidats mais Bouba a eu les faveurs.
Etait ce un mariage de cœur ? de raison ?avait-elle le choix ?alors que la tradition qui l’a bercée la faisait figurer dans l’héritage ?
…le couple vivait ensemble depuis trois mois t la virilité de Bouba s’était exprimé.
Depuis qu’il avait su l’état de sa femme, Bouba avait raréfié ses sorties. A femme avait été en consultation la veille et depuis ne montrait pas le nez.
Les rides qui barraient le visage de Bella n’échappèrent pas Bouba qui lui demanda pourquoi ?
« rien de grave, la femme qui me suit souhaite que je m’y rende avec mon mari »
Alors le malaise migra vers chez Bouba.
Le lendemain le couple prit la route et rapidement la moto du mari dévora les kilomètres.
Par chance, la queue n’était pas longue et le couple s’installa.
Puis, Belle s’entendit héler, la voix était celle de ‘’sa’’ sage femme, elle entra suivi de son mari.
Subtilement l’agent de santé leur souhaita la bienvenue et plaisanta sur l’état de la route pour briser la glace.
Bouba joua le jeu , bien que peu rassuré. Elle demanda au mari de se prêter à un petit examen sanguin de routine, il acquiesça de la tête. Il souleva les manches de son boubou et siphonna quelques millilitres de sang. Revenez demain pour les résultats fit une nouvelle fois la bonne dame.
Le chemin du retour fut silencieux et Bouba comprenait mieux le silence de Bella des jours d’avant.
Sans le dire Bouba était appréhensif au vu de cet examen,il en perdait l’appétit.
Le lendemain Bouba qui n’avait dormi que peu exempta sa femme du voyage .Il avait décidé d’aller seul au rendez vous. II priait en silence.
A son arrivée, comme la veille ,il y avait peu de monde et on le reçut avec la même gentillesse.
Un bref regard circulaire permit à l’homme d’identifier une enveloppe blanche scellée à portée de main de l’agent de santé.
Comme la veille, elle fit un speech avant de pousser l’enveloppe scellée vers Bouba.
« quelque soit le résultat revenez nous voir »
C’était là l’instant de vérité. Ce moment ou de la vie à la mort il n’y a qu’un mince pas. Cet instant où, le temps d’un clignement d’yeux ta vie entière reviens à la surface.
Bouba décida d’emporter l’enveloppe mais son interlocutrice aurait pu parier qu’il l’ouvrirait avant la maison.
Il prit congé, glissa l’enveloppe scellée dans la poche ventrale de son boubou et sortit.
Sur le chemin du retour, dubitatif et inquiet il fit halte sous un manguier, décacheta fiévreusement l’enveloppe en retira un papier blanc avec des entrées qu’il ne lut pas, posant son regard furtif sur l’inscription en rouge au feutre « positif ».
Ce mot venait de le condamner à mort. Le papier lui glissa des doigts, ses pieds lâchèrent, des larmes perlèrent son visage.
Il en voulut alors à son défunt frère qui venait de le condamner ,sa famille et la tradition eurent leur dose de malédiction ,il s’en prit à lui même et regretta de ne pas avoir céder Bella à l’un de ses 6 autres frères.
Il maudit le lévirat qui sur le coup le poussait à une mort certaine, le sororat et tous ces coutumes qui pouvaient exposer à une mort certaine…


Des secrets sur les bovidés connus seulement des vrais pasteurs peuhls

A travers son œuvre intitulée « la femme, la vache , la foi » Alfa Ibrahim Sow a magnifié la fusion du peuhl / vache.
Pour le peuhl, la vache est l’Alpha et l’Oméga, le prestige et la raison de vivre. Si vous pensiez tout connaitre de la vache la suite vous surprendra.
Les anciens peuhls étaient animistes et adoraient les éléments de la nature. Trois éléments en particulier avaient leur préférence. Il s’agit du soleil, de la vache et du feu en pular ‘’naangue’’ ‘’naggue’’ et ‘’hiite ‘’.
Quand une vache vêle hors de la concession de son maitre, le veau est difficile à retrouver. Chez les peuhls, on pense qu’elle l’a confié aux esprits. Il faut alors observer l’animal dans ses déplacements pour récupérer le petit.
Chez les peuhls, la vache est comme un membre de la famille et comme tel, il lui est souvent attribué un nom affectueux. Ce nom peut dépendre de la couleur de sa robe ou de l’espoir qu’on place en elle. Des noms ‘’laheguen ‘’ la noire ou ‘’dioma wouro’’ le maitre du cheptel peuplent les troupeaux.
La chair des bœufs n’étaient consommée qu’une fois savamment séchée. Une telle mesure visait à faire oublier la perte de l’animal chéri.
A la prime enfance des bœufs, les bergers leurs murmuraient des incantations à l’oreille. Ces mots les empêchaient de suivre les voleurs de bétail. Parfois même après avoir vendu un bœuf ,le berger devait rompre la protection pour que l’animal suive l’acheteur.
Un bœuf dont la robe est tachetée n’était pas immolée par n’importe quel homme. Il fallait avoir un certain niveau de connaissances pour le mériter.
Dans leur divagation, si les bœufs tombent sur un espace servant habituellement à une immolation bovine, ils reniflent le sol et meuglent.Ce meuglement est plaintif et est different des habituels cris qu’ils poussent


Hier encore j’étais une fille

Lui, on l’appelait E… et il venait d’un cocon familial très ancré dans la hiérarchie sociale. La vingtaine et en deuxième année de fac. Brillant, sans vices, il collectionnait et brisait les cœurs.
Elle, avait 4 ans de moins et venait d’entrer au lycée. Jeune fille bien éduquée, jusque là sans problème et sans le moindre copain. Chose plutôt rare à son âge.
Les deux s’étaient rencontrés au hasard d’un bal nocturne. E…avait pris les devant et avait dragué J…, poliment mais fermement elle l’avait éconduit.
E… était drôle, cultivé, charmeur et faisait chavirer le cœur de toutes les filles, y compris dans l’entourage de la fille. Ce dernier détail avait pesé dans la balance, le vent avait tourné et les deux tourtereaux s’étaient mis ensemble.
De J…tout le monde avait jusque là l’image d’une fille modèle. Comme l’amour sait faire des miracles ,un jour elle décida de l’inviter en famille.
Ce soir presque tout le monde avait un rencart. J… voulait marquer son territoire alors elle sortit le grand jeu. Une tranche de bœuf savamment cuisinée accompagnée de frites et un jus au gingembre était au menu. Une soirée en tête à tête avec celui qui venait de dompter son cœur .Vu tout le mal qu’elle se donnait, elle était amoureuse. Ça crevait les yeux.
C’était les vacances et E… et J… mirent du cœur dans leur relation au point de la rendre fusionnelle, nécessaire . Elle était aveuglée par ses sentiments, tandis que pour lui, il y avait le contraste. Aimant un jour, détestant l’autre jour, frivole un jour et fidèle le jour d’après.
Cette inconstance rongeait J mais elle s’en accommodait par amour. Dans ses bras, elle oubliait tout.
Un jour une dispute éclata entre les amoureux et ils boudèrent pendant une semaine. Est ce sur demande de J… ou non, Med se proposa de jouer les médiateurs. Med était le cousin de E… et le voisin de J…
Pour la seule fois de l’histoire J… était ‘’coupable’’. Son crime, avoir donné son numéro à un autre jeune homme. Simple orgueil de mâle et J… en avait bavé.
Med avait averti de son passage. Il frappa à la porte ,et E… répondit l’invitant à entrer, derrière il y avait J, maladroite et hésitante . ça, son cousin ne lui en avait pas parlé.
Ils prirent place et Med regretta le coup de froid au sein du couple avant de demander pardon au nom de J… Fini promit E… qui pour convaincre le médiateur, enlaça longuement la jeune fille .Rien à dire elle était sexy. Med n’avait plus rien à faire là, ses bons auspices avaient abouti. Il s’en alla.
Cette nuit, il y eut peu de mots, un lecteur crachait des salves de slow. Les amoureux ne se firent pas prier pour jouer aux jeux interdits et bientôt de se découvrir dans leur tenue d’Eve. Ils étaient en osmose. Seconde après seconde, ils touchèrent le 7ème ciel, ensemble.
L’instant était si magique qu’elle sentit à peine l’irréparable se produire. J… en fut triste, sanglota se reprit avant de lâcher : « j’espère que je n’aurai jamais à regretter cet acte ».
La nuit se poursuivit toujours en silence. A l’aube, c’est elle qui le réveilla pour qu’il la raccompagne. A pied c’était l’histoire de 10 minutes. Elle renfila ses habits, il fit de même, bras dessus dessous, ils prirent le chemin empruntant le bus 11. Le trajet aussi se fit en silence.
Derrière la concession familiale de la jeune fille , ils s’étreignirent une nouvelle fois avec fougue. Elle se dégagea subtilement, il le fallait, l’appel du muezzin déchirait l’aube.
Au moment pile d’ouvrir le portail de son domicile, elle fixa le jeune homme droit dans les yeux et lui dit : « ce soir en venant chez toi j’étais une fille, en y revenant je suis une femme… »
A ces mots, elle disparut dans la nuit laissant son amant médusé. Les mots fille et femme s’entrechoquaient dans la tête du garçon et leur poids était insupportable. La terre s’effondra sous ses pas…


Le Bénin, mon autre patrie

Je crois que j’ai aimé le Bénin à l’instant même où j’ai foulé le sol de Cotonou. C’était une nuit de septembre 2009, peu avant minuit.
Jusque là, ce pays, je ne le connaissais que sur une mappemonde par les leçons d’histoire.
Béhanzin, Glélé, Aboli Agbo, que de noms ressassés des milliers de fois avant d’avoir l’occasion de m’imprégner de leur culture.
J’ai rencontré des gens formidables, accueillants et disciplinés. Aujourd’hui encore, c’est l’image que je garde du Béninois lambda.
Mes pas m’avaient conduit à l’école du patrimoine africain. Nous étions une poignée, un peu en dessous de la vingtaine, venus des quatre coins du berceau de l’humanité. Nos cultures étaient différentes, comme nos langues et très souvent nos cultes aussi. Seul dénominateur commun à notre arrivée, l’amour du patrimoine.
Dans mon imaginaire, Béhanzin avait une pipe .Je ne me souviens plus comment j’ai épousé cette idée, mais j’avoue qu’au contact du sieur Alexis Adandé, l’idée m’a quitté.
Ma passion pour l’histoire des civilisations et le gout de l’aventure agissaient comme une thérapie sur mon âme rebelle.
J’ai vécu à Porto Novo, ville musée, avec sa cathédrale vestige d’un passé négrier. Pendant de longs mois, mon quotidien, c’était le palais du roi Toffa. Sa statue géante, à quelques mètres de là, abrite un restaurant très convivial. C’est là qu’il y a six ans j’ai dû dire au revoir à mes condisciples. Le musée Da Silva, je l’ai vécu comme une frustration mal contenue, je ne me l’explique pas encore aujourd’hui. Est-ce lié au rôle de ces familles dans le trafic négrier ? Peut-être.
Pour rien au monde je n’aurai oublié le musée Adandé. Toutes ces heures qu’on y a passé, cette chaleur, oups ! Frank, comment va le Jardin des Plantes et de la Nature ? Cette ancienne forêt sacrée, qui fut un dépotoir avant d’être ce papillon que tu chéris. Abayi, merci.

Crédit photo:Ousmane Tounkara

Quelqu’un m’avait dit que le Bénin serait ma seconde patrie. Sept ans, après je ne peux que confirmer. Toutes ces émotions avec ma sœur Sonia, mon pote Fall, ces histoires partagées avec Modibo, Simo et Yves Arnaud, cette douceur de Jeanine, la joie de vivre de Francine, Rosaria, pour qui j’étais un ‘’tyran’’. Peut-être que j’en étais un.
Je n’oublierai jamais cette émotion sur la plage de Ouidah, ancien port négrier. Oui, j’ai vu de mes yeux la porte du non retour. Et dire que j’y ai joué au foot, m’y suis baigné. Ce n’est plus la porte du non retour, mais celle de l’Espoir…
Il faut dire qu’il y a eu du plaisir, en ce voyage d’études : les portes mystérieuses de Kétou, les sites d‘Agogointo, véritable forteresse souterraine, les palais royaux d’Abomey, le parc W de la Pendjari et sa diversité d’espèces, les chutes de Tanogou… tant de clichés qui défilent, inexorables, dans ma mémoire.
Je ne saurai parler du Bénin sans parler de sa cuisine.
Je n’étais pas un fin gourmet comme Sandrin, mais j’avais un coup de cœur pour l’igname pilée et l’Atassi , plat de riz fortement épicé accompagné de poisson ou d’un œuf dur. J’en ai l’eau à la bouche.
Ces vendeuses d’oranges et d’ananas avec le sourire et leur dextérité à peler une orange avec une lame de rasoir. C’était charmant, le geste, la précision surtout.
Le charme du Bénin se résume aussi dans les ‘’zemidjan’’, ces taxis motos à l’ouïe fine. ‘’Kekeno’’ faisait – on pour les appeler et deux ou trois faisaient la course pour venir nous prendre.
Une chose m’a aussi marqué chez les béninois, c’est la politesse, ils appellent tout le monde Tonton ou Tantine.
Ces femmes matinales, armées de branches de palmier balayant les rues, une bénédiction. Un geste qui me faisait détester Conakry, capitale poubelle. Le contraste était abyssal.
La plus grande séduction que j’ai eue, c’est l’attachement des béninois à leur culture, la force des croyances.
Le passage nocturne des veilleurs de nuit, les ’’zangbeto’’, tous les samedis, le ‘’egungun‘’ ou revenant que j’ai rencontré un jour et qui m’a pétrifié alors que tout le monde fuyait.
En parlant de ‘’Zangbeto’’ les amis, je pense à Noel Agossou et sa fameuse tirade lors d’un de nos exos au musée d’Adjarra : « où est Zangbeto ? »
Le Bénin, c’est aussi tous ses amis, Imourou, Armel, Armelle, Sonia, Chitou, celui que j’appelle le roi ‘’Toffa’’, Abibêko ! Et tous les autres morts ou vivants. Firmin et Edouard, reposez en paix.
Sonia, merci pour ces jours où tu prenais le groupe en charge.
Toutes ces personnalités que j’ai eues la chance de croiser m’ont transmises leur savoir et leur modestie. Gaël de Guichen, Dieu saura vous rétribuer.
A ma façon aussi, je vendais l’image de mon pays en concoctant du ‘’bissap’’. C’était ce jus obtenu à l’infusion de l’oseille de Guinée, sucré et parfumé.
Que de temps j’ai passé à scruter la nature, depuis ma chambre perchée au troisième. J’occupais la chambre 14, coincée entre celles de Emile et de Gérard.
Le premier était Béninois de Klouekamé, je n’écorche pas, j’espère et le second Tchadien.
En ces moments, j’ai gardé un lien ombilical avec mon pays à travers le phone, mais aussi ce yaourt ‘’Foula’’. J’en ai bu des litres, incapable de résister au sourire ravageur de la jeune fille peuhle représentée sur le pot.
En 2014, quand je suis revenu au Bénin, Sonia et son mari m’en ont apporté. Sacrée Sonia. Quand viendras-tu dans mon pays ? Non ! Ton pays, il y a des choses à partager ici aussi …


Les vieux sont les rois de l’ombre

Les vacances venaient juste de s’ouvrir et le village était inondé de marmots. Les uns joufflus, les autres maigrelets, tous venus passer du temps en famille. Les vacances étaient l’occasion de grandes retrouvailles, de découverte et de partage.
La famille était grande et le patriarche Soro Bora était intransigeant sur son unité .Il l’était davantage sur la survie des traditions. Depuis deux jours , la fièvre sociale était à son comble. Quelque chose se tramait mais quoi ?
Déjà, la veille un taureau avait échoué dans l’enclos de l’aïeul .
Pour les enfants, c’était là un palpable signe avant coureur de la bombance à venir .Ils en salivaient déjà se promettant de quémander les tripes du bovidé .Mais, s’ils savaient ce qui se tramait ?Peut être qu’ils ne seraient pas là à rêver de tripes.
Le conseil des anciens avait décidé.
Cette année ,ils seraient 20 garçons dont l’âge varie entre 8 et 10 ans qui traverseront l’épreuve du couteau. Une classe d’âge.
En d’autres temps , une classe d’âge se devait solidarité à la vie ,à la mort .C’était alors l’un des enseignements de cette étape initiatique, mais plus maintenant .
Sur le visage des femmes ,notamment les mères présentes pendant c e rituel, joie et inquiétude se jouaient des coudes.
Dans un coin de la case de Soro Bora les ‘’bilas’’, tenues d’initiation s’entassaient dans une calebasse .La présence toutefois de ces bilas éveillait une certaine méfiance chez petits ‘’soliwoi’’ . En pular, ce terme est péjoratif et équivaudrait à petits ‘’ impurs’’.
Les enfants ne le disaient pas mais leur regard puait la méfiance. Pour éviter la fugue des candidats à l’initiation , ils étaient réunis dans une grande case bâtie pour la circonstance.
Pendant les deux mois que durait l’épreuve, chaque ‘’initié’’ devait recevoir une natte pour tout lit. L’initiation était l’occasion d’enseigner le partage la communion et l’endurance aux futurs hommes.
Les ainés assignés à la surveillance étaient désormais le seul trait d’union entre eux et le monde extérieur .
‘’Bari Djely ‘’ quant il viendra à l’aube se fera annoncer par un appel à la prière ou un coup de fusil comme il est de coutume.
… Puis vint l’aube, combat du jour et de la nuit.
Combat surtout de jeunes qui s’apprêtent à prendre le sentier des hommes. Etape essentielle .
Tout semblait à point pour entamer le rituel à cette heure du jour, tout ou presque car ‘’Bari Djely’’ avait commis une erreur, plus qu’une erreur une offense .
Il n’avait pas informé les autres ‘’docteurs ‘’ de la société de son programme.
L’homme prit la direction du ‘’huurgo’’ sorte d’isoloir aménagé pour les bains et ceint d’une haie morte.
Canif en main, il portait un boubou avachi surmonté d’une vareuse de l’époque de la grande guerre.Il ne salua pas, ce qui fit monter le niveau de la frayeur . Le temps de quelques incantations inintelligibles, il s’avança vers le premier môme .Les cœurs battaient à tout rompre.
Pour empêcher les garçons de pleurer une colas leur avait été placée dans la bouche .
Le géant entama la circoncision sans réussir , trois tentatives après rien n’avait changé, le couteau refusait de mordre la chair des garçons. Alors, il se redressa, les yeux écarquillés.
Nul ne savait encore ce qui se passait, nul hormis les candidats à la purification et le purificateur. Son canif avait une histoire ,Plus de 30 générations de garçons lui étaient passées sous la main, jamais rien de tel n’était survenu.
Le silence était lourd, on sentait la panique dans les gestes du géant ,trempé de sueur, l’homme ne tenait plus en place, il se frappait la tête de ses larges paumes comme pour s’auto punir de sa méprise.
Cette déconvenue était un message que lui envoyait les ainés, il était clair comme eau de roche que les ancêtres étaient mécontents .Bari quitta l’isoloir et courut plus qu’il ne marchait, les mains tremblantes.
A son retour, il tenait un majestueux coq rouge et un paquet de colas. C’est au pas de course qu’il prit le chemin du vestibule du patriarche. Ce dernier d’un calme olympien était entouré des notables les plus influents.
Hésitant, Bari salua et à un geste de Soro déposa l’animal et les noix de colas sans lever les yeux. Puis, il s’affala ,les bras joints en croix dans le dos implorant le pardon des sages pour sa méprise. Pour une telle méprise ,c’était la plus simple des sanctions, un coq et des colas, ça aurait pu être un mouton, une chèvre ou même un taureau selon la gravité de l’offense .
Mais le fait de s’être affalé au pied des sages, les mains dans le dos avait pesé en sa faveur et pour cette preuve de ‘’discipline’’,les concernés étaient touchés et ne pouvaient plus que pardonner.
Le temps s’égrenait inexorablement, et les rayons du soleil dardaient déjà le petit village de Tombon .
Comme des moutons de sacrifice, les 20 garçons attendaient , les femmes aussi s’étaient tues .
D’un geste , Soro lui demanda de se relever, ce que Bari fit, il lui indiqua un siège ,il y prit place et le groupe de sages s’entretint en silence .
Le temps suspendit son vol, un furtif coup d’œil échangé, un clignement d’yeux et la petite assemblée s’en remit à la sagesse de Soro.
Alors, toujours en silence, le quinquagénaire pour la première fois ouvrit la bouche . « pars fit-il », de ce geste qui peut paraitre anodin pour un tiers ,ne l’était pas pour autant .De cette phrase si simple dépendait l’équilibre social du village et l’avenir d’un homme.
L’affaire s’était réglée entre initiés, comme le voulait la tradition, et le coupable avait compris, admis son erreur et présenté ses excuses aux ainés, il avait payé le prix du pardon alors la cérémonie pouvait commencer…


devant la rivalité ,la jalousie plie le coeur

A cette époque , les femmes venaient de découvrir les ‘’sere’’.
Ces tontines doublées d’une obligation d’entraide mutuelle dans le bonheur comme dans le malheur.
Les Sere proliféraient et les grandes dames avaient toute ou presque épousé la mode.
Chaque sere avait son nom et surtout son uniforme et lorsque des rivales se rencontraient dans un évènement ,les artistes et griots présents bénissaient l’instant.
Et voila que Ladji ,un gros Diakanké qui a fait fortune dans le commerce avait deux femmes.
Les deux femmes rivalisaient en beauté, en prestance et chacune était à la tête de son sere . Et comme si partager le même homme ne suffisait plus, il fallait s’affronter dehors.
Un jour, alors que la première épouse Assi était marraine d’une cérémonie de mariage ,un fait
Mais avant de vous dire qu’est ce qu’il s’est passé, je m’en vais rappeler que Ladji était cossu et généreux . A la fin de chaque mois il remettait à chacune de ces épouses une enveloppe de 1000 dollars pour les besoins du ménage.
Donc , le jour du mariage , alors que Assy était marraine ,sa coépouse Kady invitée également se mit sur son 31 et honora l’invitation .A cet instant ni l’une ,ni l’autre ne savait ce qui les attendaient.
Mais les femmes ,quant il est question de rivalité, elles sont dans leur élément et sont prêtes à faire des folies ……..
Le jour j ,rien n’avait été laissé au hasard et les Djely se donnaient à cœur joie.
Dans l’ambiance, les noms se succédaient sur les lèvres des animateurs. Il pleuvait des billets .
L’espace avait été chauffé à blanc et musique et rythme y étaient souverains.
Obséquieux, un animateur appela la marraine.
« mesdames et messieurs, merci de recevoir la grande marraine de ce mariage par vos applaudissements.
En plus d’etre la femme de Ladji dont les largesses inondent le quartier ,elle brille aussi dans le sere ‘’waray nawlaan’’. »
En signes avant coureurs du spectacle imminent ,deux femmes dans l’uniforme du sere de Assy se levèrent pour réclamer plus d’espace.
Les gens obtempérèrent flairant que ça pouvait être le moment crucial de l’évènement.
Le temps, lui-même suspendit son vol.
Et sur un air de Sayon Camara ,pleine de grâce ,Assy fit son entrée au cœur de courtisanes prodigues.
L’une d’elles avait-elle vu la rivale, Kady ?Nul ne le sait .
Mais ce qui est sûr , elles firent forte impression.
Les choses auraient pu s’arrêter là . Auréolée de son triomphe Assy avait le sourire .
Son nom était sur toutes les lèvres. L’animateur surexcité et inspiré appela aussi la seconde épouse de Ladji , Kady .Il y avait de la tension dans l’air.
Elle se leva, elle n’avait certes pas son sere sur place, pour riposter mais avait du cœur et de l’argent . Les 1000 dollars de Ladji entre autre.
Par esprit de neutralité , le dj ramena l’air sur lequel Assy avait dansé.
Seule , Kady prit son élan et commença à esquisser des pas de danse, en direction de la cabine technique. Plus elle avançait, plus des femmes acquises à sa cause venaient grossir le rang. Et comme tout à l’heure l’argent tombait.
Kady n’y alla pas de main morte non plus , d’abord les billets de 5000,puis ceux de 10000 tombèrent et dans la frénésie des louanges ,la bonne dame consciente qu’elle a fait forte impression décida d’abattre son joker.
Le joker dans ce cas avait la forme de 10 coupures de 100 dollars .
10 billets qui firent s’affaisser les dames de compagnie de Assy.10 billets qui arrachèrent l’admiration de l’assistance et l’incrédulité des animateurs. Et oui, la fête était finie ,pas un n’aurait renchérit après cette démonstration de force.
Arborant le sourire du vainqueur Kady reprit sa voiture et rentra. Le sourire aux lèvres mais sans l’argent de la popote.
En trois minutes, le temps d’une chanson elle avait claqué sa dépense mensuelle. Qu’allait- elle dire à Ladji ?……….


Le mont Kolima : Une porte ouverte sur le Fouta Djallon

situation géographique

Située à 6 km à l’Est du centre urbain de Labé, Kolima est l’une des deux montagnes qui couvent Labé.
deux  options s’offrent  au visiteur,la  route  Labé  -Tougué et  le  raccourci  de Fankala sur  la  route  de  Kaalan.

Ce raccourci présente  une pente abrupte de 12%, poussiéreuse en saison sèche et boueuse en hivernage.

Aperçu historique

crédit photo: Sally Bilal Sow

Kolima donc ,selon le récit enseigné et jalousement conservé par les 15 familles originelles qui ont grossi pour peupler la zone a été fondé par l’Aïeul commun Dian mo Tambarin originaire de Timbo. ( ancienne capitale du Fouta théocratique dans l’actuelle région de Mamou).
Dian mo Tambarin aurait migré sur  ces  lieux avec les siens à l’époque des guerres d’islamisation.
Les peuls portaient encore  des tresses.

Obnubilée par sa fortune ,son épouse échafauda un plan machiavélique pour se débarrasser de lui .
C ’est ainsi qu’elle prit discrètement contact avec des mercenaires pour l’aider à réaliser  sa  besogne..
Un jour ,feignant  changer les tresses de son  homme alors  que  le   couple  roucoulait  sur  un  arbre ,elle profita de cette intimité pour nouer les cheveux de l’homme aux branches de l’arbre, le laissant à la merci de ses hommes de mains.
Mais avant de mourir Dian mo Tambarin eut le temps de prononcer une prémonition :
« ce matin je m’en vais rejoindre mes aïeux mais saches que tu  mourras ce soir toi aussi »
Cette prémonition  se réalisera quelques heures seulement après sa mort.

La femme pressée de s’enfuir avec le  butin   fut  cueillie  par des hordes barbares qui lui ôtèrent la vie .
Pour les amoureux de la nature , la Kolima est  aussi  un  eldorado   où l’on peut trouver une forte  concentration d’animaux.

une  faune diversifiée

Gorilles,  singes rouges et noirs, boas et aussi des chimpanzés qui titillent les femmes du village à l’heure de la corvée d’eau  à  la  source située en hauteur.
Aujourd’hui deux clubs sportifs de la ville portent fièrement le nom de la montagne .

Kolima est aussi le nom de l’ancien palais de la culture aujourd’hui en ruines.

la première  exploration  des  lieux remonte à la  la  période  coloniale et  est  l’œuvre  de  scouts .

Le  sommet  de  la  Kolima serait aussi   un  beau  trait  d’union  visuelle  d’avec  le reste  du  Fouta.


Divorcée à l’âge du mariage

Halima allait sur son 16 ème hivernage, la peau claire et lisse , elle était belle et avait le sourire nacré. Élancée elle paraissait avoir plus que son âge.
Elle était encore au collège mais les prétendants se bousculaient au domicile familial, chacun nourrissant le rêve d’arracher cette beauté à l’affection de ses parents pour en faire son épouse.
Mais déjà, sa mère qui était sa complice avait astucieusement éconduit tous les prétendants qui ne répondaient pas au profil qu’elle avait perfidement définie pour sa  »beauté’’ de fille .
Tous avaient abdiqué devant l’exigence de la mère de Halima, tous sauf un, Bouba , jeune homme au corps d’athlète fraîchement rentré d’Europe notamment de la France où il a passé une décennie .
Tout en Bouba dégageait confiance, il était jeune, beau et riche et était l’objet de toutes les convoitises et pourtant contre la volonté de sa famille qui voulait l’emprisonner dans une liaison endogamique ,le jeune homme était amoureux raide de Halima.
Les préparatifs du mariage ne furent pas longs car le jeune homme était plein aux as, mais toutefois il n’avait aucune envie d’épouser la belle Halima et de l’abandonner seule dans une concession à la merci des coureurs de jupon et autres loups destructeurs de foyers.
Ainsi demanda- t- il la faveur de faire un mariage sobre pour lui permettre de faire face aux formalités d’obtention des documents de voyage pour sa bien aimée.
A cette requête, la réaction de Binta , mère de Halima fut sans appel:
<< peut être qu’elle n’aura pas la chance de voyager maintenant mais son mariage devra être mémorable, elle ne s’en ira pas en catimini dans le secret comme s’il s’agit d’un troisième mariage en tout cas pas tant que je serai en vie. >>
Les paroles étaient claires et le beau Bouba était fouetté dans son orgueil de mâle, dans sa famille on se faisait respecter depuis des siècles ,il n’écornera pas cette réputation ,lui Bouba, non !
Il prit la décision de se prêter au jeu de la belle mère mais tout en sachant qu’après le mariage la belle Halima allait restée dans sa ville natale ,au risque de se retrouver dans une liaison virtuelle que seule entretiendront les réseaux sociaux .
Alors pour une fête c’en fut une ,un boeuf fut immolé, de la nourriture à foison partout, des billets de banque inondèrent griots et courtisans ,sans compter le déplacement de l’artiste le plus en vogue du moment dont le cachet fut particulier car c’est un engagement qu’il a prétendu avoir rompu pour prioriser les noces de Halima et Bouba ………
Dans sa petite tête ,Halima commençait à se poser des questions 2 ans que son mari était parti ,il ne semblait pas vouloir revenir encore moins se battre pour l’emmener près de lui ,elle savait certes pourquoi mais n’osait pas en piper mot.

Puis un jour , Bouba revint et encore une fois sur les pressions de sa mère Halima voulût convaincre son mari qui se montra peu réceptif à sa demande alors obéissant aux injonctions et plans de sa mère Halima fit ses valises et revînt au domicile familial croyant avoir marqué un coup.
Plus décisif, Bouba ne s’en morfondit pas et profita même de ce coup de blues pour convoler en secondes noces dans une sobriété qui contraste absolument avec les fastes de la première union.
Après le mariage, joignant sa promesse à l’acte Bouba fit faire les documents de sa femme et repris le chemin de l’Europe flanqué de sa toute nouvelle épouse.
Alors pour la belle Halima arriva la désillusion, l’instant du regret, ce moment où le doute est maitre de l’ âme en peine dont les larmes sont le réconfort.
Halima s’était aigrie et ne sortait presque plus, son visage était cernée de rides, la voici désormais divorcée par manque de lucidité et d’obéissance aveugle à sa mère, elle paraissait même avoir vieilli de 10 ans.
Plus d’école, plus de foyer, divorcée à l’âge d’être marié désormais la belle n’était plus cette beauté qui hantait le sommeil des jeunes du quartier, elle était devenue une ombre, l’ombre d’elle-même ,un fantôme qui n’avait que ses yeux pour pleurer un mariage où elle aurait pu tout gagner……


lettre à mon grand père

Je t’écris cette lettre pour m’enquérir de ton état d’outre tombe et pour savoir si tu es en pôle position là bas, toi qui as passé ta vie entre prières et méditations , tout ce que ma génération a du mal à faire actuellement.
Les cinq prières sont presque perçues comme une corvée difficile à relever pour beaucoup.
Ces valeurs cardinales que tu as reçues et léguées se sont effritées laissant place à une éducation pervertie par la quête du lucre.
Je ne dirai pas que tu as eu raison d’avoir rejoins tes ancêtres si tôt mais tu as de la chance d’avoir échappé à toutes ces perversions que nous vivons en ce moment surtout que le Fouta actuel n’a rien de commun avec celui de ton enfance.
Les planchettes sont sur le point de disparaitre sous le diktat des tablettes Apple ou Samsung , tu dois te demander c’est quel nom d’oiseau ça et bien saches que ce sont les miracles de notre temps.
Les filles portent maintenant des pantalons qui ont le don de mettre en valeur leur croupe et toutes se ressemblent et ressemblent à des fées endimanchées. Les garçons eux boivent comme des polonais et ne rêvent que de rejoindre l’Occident au péril de leur vie.
Quand tu étais petit la venue d’un véhicule était un évènement chez toi et tes amis ,tu me l’a conté mille fois , aujourd’hui c’est des engins de toutes les formes et dimensions qui peuplent la terre, avions, trains et voitures qui ont la taille d’animaux sortis droit du jurassique et capables de dévorer des litres entiers de carburant d’un trait mais qui ont la même voracité pour les espaces .
Grand père je sais que tu as connu des terres et des hommes, tu as connu des choses mais le téléphone que tu as connu avec une manivelle ou avec un clavier roulant , de bonnes âmes l’ont fait portable, de la taille d’une boite d’allumettes et tout le monde en possède un de nos jours . Surtout, ce que tu ne sais pas, le téléphone d’aujourd’hui est muni d’un appareil photo, d ‘un enregistreur et de bien d’autres fonctions, ce n’est plus l’époque ou aller chez le photographe était une vraie cérémonie qui nécessitait que chaque membre de la famille se mette sur son 31.
Grand père , ici le droit d’ainesse n’est plus qu’un lointain souvenir et mieux un père ne peut plus corriger ses enfants car ces derniers peuvent lui coller un procès au nom des droits de l’homme. Je t’imagine entrain de faire la moue.
Pour les mariages, le paquet de colas et la parole donnée ne sont plus gages d’une relation, il faut une villa, une voiture et un compte garni. D’ailleurs les mariages sont devenus éphémères que le divorce a pris des allures de norme. Un mariage ,de nos jours c’est l’occasion d’une folle saignée d’argent.
Comme chez les blancs, grand père le concubinage a pris du terrain et domine en durée les noces pures.
Le sexe n’est plus tabou grand père , à 14 ans les enfants ont presque tous toucher au fruit défendu, et certaines jeunes filles ont fait de la chose là leur fond de commerce, on peut se taper ‘’un porno’’ en un clic sur le net ah !!!!!!!!! je parle du net comme si tu savais ce que c’est ?tu as fait la grande guerre tu en as vu des choses je ne te vole pas ton mérite mais avoue que ça c’est de la colle pour toi !!!!
Et bien ce net c’est cette chose qui me permet de rester en contact avec mes amis des 4 coins du monde et qui me donne l’impression d’être avec eux, avec je m’informe, je communique et je me divertis une vraie révolution virtuelle.
Grand père en lisant cette partie je sais que tu tomberas des nues et que tu n’en croiras pas tes yeux, mais c’est vrai, sur terre les hommes ont perdu leurs repères au point de consacrer le mariage entre personnes de sexes opposés comme au temps de Sodome et Gomorrhe et le malheur est que cette tendance s’importe même chez nous aujourd’hui.
Grand père ,maintenant la foi est menacée parce que des personnes qui ont foulé les lieux saints osent encore forniquer avec des jeunes filles à peine nubiles, la plupart des leaders religieux ont opté pour la vie terrestre et vénèrent l’argent ,tous ou presque touchent des millions et conduisent d’énormes engins qui feraient rêver Al Capone.
Grand père j’ai plein de choses à te dire mais pour écrire je suis bloqué, ne t’inquiète point je vais à nouveau ressasser mes souvenirs pour t’écrire à nouveau.
Je ne sais pas s’il t’arrive d’apercevoir mon père parfois, en tout cas si tu le vois passe lui mon bonjour et dis lui qu’il nous a toujours manqué à mes frères et moi et dis lui qu’il aurait été fier de voir les hommes que nous sommes devenus. Dis lui que je me suis marié et le premier fruit de mon union porte son nom .
Passe aussi le salam à toutes tes connaissances, dis leur que nous vous rejoindrons bientôt fauché de façon naturelle par une maladie, un accident ou par une balle des sbires de Alpha Condé qui sèment la mort à chaque manifestation.
Je m‘arrête là ,tout en espérant que tu garderas jalousement ma missive , encore mieux que ces feuilles ces feuilles de mangue que je te donnais quand j’étais petit et qui te faisaient présager une imminente arrivée d’argent.