RectoVerso

Je suis lesbienne et je drague

Découvrir mon orientation sexuelle en 2005, c’était une libération. Je n’étais pas aussi anormale après tout mais surtout que je n’étais pas seule ! Il ne me restait donc plus qu’à choisir parmi les « notres » une avec qui vivre une histoire d’amour à la Nicki et Helen et me couler des jours tranquilles. A l’époque, j’ignorais que l’homosexualité était criminalisée dans mon pays comme dans 37 autres de mon continent.  Autant vous dire que la tâche ne fut pas aisée. Je suis lesbienne et je drague, que le billet commence.

Drague lesbienne
Drague lesbienne

J’ai commencé par les sites de rencontre, à l’époque où des pentiums zéro servaient de point d’accès à internet au prix de votre tirelire. Oui j’ai été sur abcoeur , Affection. J’ai connu Hi5, ouvert un compte surFacebook,  Badoo, Twoo,… Passé des sessions entières sur tchat.com, drague.net , chat.nostalgie, chat.skyrock. Les filles en quête de « sexpic » ont eu raison de mon optimisme. J’ai appris via google qu’il existait des sites de rencontre spécialement conçus pour les lesbiennes. J’ai appelée en France pour confirmer mon identité sur LpourL en 2007 sans que quelqu’un ne s’intéresse à moi. Grace à Femme rencontre femmeLesbienne ProximeetyL-Connection et pleins d’autres dont je ne me rappelle plus, j’ai compris que « zone géographique » ne rentrait pas la cible de ces applications.  🙂 Les rares qui l’ont ouvert pour mon pays, j’ai été victime d’arnaques et j’ai échappé de justesse à un lynchage avec un appât dont les formes généreuses et les sms aguicheurs avaient eu raison de ma méfiance habituelle.

bargay

Mais j’y ai aussi rencontré des personnes devenues des amies. Elles m’ont amené dans des bars et clubs « branchés », entendez les  clubs gays afin que j’y trouve la femme de ma vie. Je n’y ai croisé que sa sœur cadette. Je lui ai dit bonsoir, elle m’a fait un clin d’œil aussi discret que la luminosité ambiante. J’ai tentée une approche, le sifflement d’une bouteille au-dessus de mes cheveux qui a fini sa course sur le comptoir m’a fait comprendre le message : elle n’était pas libre. Comme la plupart dans ces lieux. La perspective d’un contorsionnisme devant aboutir à l’obtention de son numéro de téléphone ne m’enchantait guère. C’étaient trop d’efforts à fournir et une incertitude future. D’ailleurs, l’exiguïté et la moiteur du lieu ne me convenaient guère. Ajouté au fait que je trouvais cela auto-discriminatoire : où étais-ce écrit que mon lieu de distraction devait se restreindre à cet unique bar gay de la ville ? La loi condamne l’acte, pas le sentiment. En outre, je n’avais pas d’écriteau sur le visage non ?

Mes amies se sont secondées par la suite pour me refiler des numéros de téléphone de filles «  libres et bien ». Elles étaient effectivement libres mais pas bien à mon goût : trop de kilomètres au compteur sexuel lesbien. Y compris avec mes amies qui me les avaient présentées.

Et puis un jour, à l’occasion d’une mission professionnelle, j’ai rencontré Marisol. Une femme au foyer, la quarantaine sonnée dont la beauté et l’éclat faisaient paraitre 10 de moins. Je suis tombée sous le charme, au diable la différence d’âge et de classe sociale. J’ai rempli ma mission. Sur le chemin du retour, son visage alcalin et sourire angelique n’ont cessé de me hanter. J’ai composé son numéro avant d’entrer chez moi. Elle a reconnu ma voix, a souri, une chaleur singulière a envahi mon corps. Je lui ai demandé si je pouvais garder son numéro. « Bien sur » m’a-t’elle répondu. Le rêve était permis. On s’est revues deux jours plus tard. On a parlé travail d’abord. Elle m’a parlé d’elle ensuite, je l’ai écoutée, religieusement. Après le passage de mes superviseurs, je l’ai aidé à faire le ménage. J’ai profité d’un répit pour lancer l’épisode 9 de la saison 2 de The L Word, à partir de la 16e min et 20es . Lorsque je l’ai senti arriver, j’ai fait mine de chercher des écouteurs que je n’avais pas. Lorsqu’elle a voulu s’approcher de mon écran, j’ai fait mine de le fermer. Elle a insisté pour voir, je l’ai prévenu : tu risques me chasser de ton domicile. Elle m’a dit « Montre moi ». Je lui ai montré. Elle a demandé à en voir plus, je lui ai montré plus. Puis il s’est fait tard. J’ai voulu rentrer chez moi. Elle m’a demandé si je savais masser. Les quelques notions que je maitrisais, je les ai appliqué sur son dos nu jusqu’à la taille, lisse, doux, une invitation à peine voilée à laquelle je me suis refusée à répondre jusqu’à ce qu’elle se retourne, me remercie et me demande de l’embrasser. Le réalisme des Femmes? Un « Must see » sur terre. Pourquoi reporter à demain ce qu’on peut faire maintenant?

Lorsque dans le cadre de la rédaction de ce billet, j’ai demandé à d’autres amies où elles avaient rencontrées leurs partenaires, elles m’ont répondu partout : école, amis, soirées, concerts, boulangerie, randonnées, parcs publics,…Absolument partout. Partout où il est possible de tisser des liens ou de partager des émotions.

je suis donc parvenue à la conclusion qu’il n’existe pas de lieu de drague lesbienne par excellence. Ni de lieu de drague tout court. Gay, lesbienne, bisexuel ou hétéro, la drague c’est en tout temps, en tout lieu et en toute heure.

Mais, puisqu’il faut bien qu’il y ait un mais, la seule différence entre l’hétérosexuel et moi réside dans la précision du « Gaydar ». Mais ca, on en parle dans mon prochain billet.

Miaouuu.

Update : L’acte II de ce billet avec les VRAIES technques de drague existe à cette adresse.


10 Croyances africaines sur l’homosexualité

Le massacre de Charlie Hebdo a démontré à souhait quel est le prix à payer pour la liberté d’expression. Aux armes, opposez vos connaissances. Homophobes africains, à vous dont la haine est le produit de votre ignorance savante et votre suivisme aveugle, j’oppose mes réponses à vos « 10 Croyances africaines sur l’homosexualité » au nom desquelles bon nombre d’entre nous sont emprisonnés, torturés, raquettés, assassinés dans le berceau de l’humanité.


Je suis lesbienne et je fais l’amour

« Comment font-elles l’amour puisqu’elles n’ont pas pénis ? » Cette question revient souvent lorsqu’il m’arrive de partager mon point de vue avec mes pair(e)s sur l’acte sexuel lesbien. Et comme je leur dis souvent, la pénétration n’est pas l’apanage des hétérosexuels. D’ailleurs, il a été prouvé que la pénétration ne fait pas forcément jouir les femmes.

Les lesbiennes ne font pas l’amour de manière aussi grotesque et froide comme le montrent les sites érotiques.

Depuis que « La vie d’Adèle » a débarqué sur les écrans en 2013, tout le monde s’auto-proclamme expert de la sexualité des lesbienne. Et pourtant, là aussi, il se sont gourrés. Les positions et les pratiques dans l’acte sexuel lesbien ne s’enchainent pas ainsi. On ne saute pas d’une pratique à l’autre sans transition. Et certainement pas au cours du même acte. Ce serait affronter le Kilimandjaro sans une sacrée préparation.

Non. La femme est mystère. L’acte sexuel lesbien est une vraie chasse au trésor faite de patience et de décryptage des ondulations du bassin de la partenaire. S’il repose sur une diversité de pratiques, il est d’abord et avant tout l’expression TOTALE des sens, une écoute de l’autre mais aussi et surtout, fonction des sentiments éprouvés, du moment/lieu de la survenue du désir et du degré d’excitation. Puisque je ne peux vous le faire vivre, je vais néanmoins vous citer les pratiques courantes; car si les habitudes diffèrent d’un continent à l’autre, les pratiques démeurent les mêmes. Et les pratiques sexuelles des gouines, chaque hétéro l’a déjà expérimenté au moins une fois, juste en passant, comme d’habitude, sans en explorer la profondeur ni mesurer sa puissance.

  1. Les baisers et les caresses.

Tout commence toujours par là. Et des fois, c’est suffisant pour certaines. Je préfère les mélanger car il serait difficile d’embrasser son partenaire les mains dans les poches 😉 . Au creux du cou, sur le lobe de l’oreille, une légère canresse à l’intérieur (sans y respirer), sur ses seins, son nombril, … Et les notes divines le long de son corps avec tes doigts pendant qu’elle découvre que ton haleine n’a pas de relent de chacal et que ses cavités buccales ne sont pas prises d’assaut par une langue maladroitement insistante. Embrasser c’est un art maitrisé par la majorité des lesbiennes (je ne sais franchement pas comment) et même lorsque l’une n’est pas à niveau, la vitesse avec laquelle elle comble le fossé est juste hallucinante.

Acte sexuel lesbien
Baiser lesbien

Une fois, pendant un baiser, ma partenaire du moment s’est raidie, m’a griffée au sang et s’est mise à grelotter comme une belle de nuit en plein hiver. La première fois, j’ai laissé passer. La deuxième fois, j’ai initié le dialogue et elle m’a avoué que c’est ainsi qu’elle éprouvait du plaisir. C’est rare, mais ca existe.

2. Le frottis/ Les ciseaux

De tous les échanges que j’ai eu avec les lesbiennes de ma communauté, c’est L’acte sexuel lesbien préféré des africaines. Du moins, pour la majorité qui a horreur des pénétrations. L’amazone.

Acte sexuel lesbien
frottis-ciseaux pris chez AfterEllen

Dans l’Antiquité grecque, on appelait le lesbianisme le tribadisme, qui signifie frotter. Ce mot, employé surtout à la Belle époque est aujourd’hui complètement désuet. Cependant, dans certaines langues, en anglais ou en allemand, ce terme désigne désormais une pratique sexuelle lesbienne : le fait pour deux femmes de frotter leurs sexes l’un contre l’autre. Copié ici.

3. Le doigté et toutes ses positions

Anal ou vaginal, il adhère à toutes les positions du Kamasutra. Certaines plus compliquées que d’autres. Un, En début d’année dernière, j’ai essayé le doigté anal et pour la réaction (tremblement, orgasme continue,…) que cela a provoqué chez mes deux partenaires, c’est ma balle de chérif.

Acte sexuel lesbien
Une variante du doigté

Tiens, ca me rappelle que les Yossi de ma communauté se surnomment toutes DJ, en référence à leur maitrise de cette pratique.

4. La léchouille, la chatte,… = cunnilingus/annulingus et ses positions

Acte sexuel lesbien
variation cunnilingus image afterellen

Vaginale et de plus en plus anale, c’est la clé pour amener une femme au septième ciel. C’est avec sa pratique que je suis parvenue à la conclusion que l’acte sexuel, c’est d’abord et avant tout l’écoute de sa partenaire. Car tu peux tourner la langue comme la toupie sur son membre érectile, le mordre, …. mais tant que tu n’es pas attentif aux ondulations de ses cordes vocales,…. La plupart des Filles adorent la combinaison doigté/cunnis. Les Femmes préfèrent le cunni.

Le 69 est son porte étendard. Même si elle n’est pas fréquente dans ma communauté. Les Yossi préférant donner que recevoir.

5. Les sextoys

Personnellement, je n’en ai jamais fait usage et ce n’est pas près de changer. Je trouve que c’est vouloir reproduire les rapports hétéronormés et justifier la pensée idiote selon laquelle il n’existe pas de plaisir féminin sans phallus (fait de chair ou de plastique). Et puis, si j’ai besoin d’un pénis, autant mieux que ce soit un vrai. Et je dirai qu’en Afrique, l’Afrique Sub-saharienne en l’occurrence (l’Afrique du Nord m’étant étrangère), l’usage du godemichet relève plus du fantasme que de l’habitude. Au contraire de l’occident où il figure en tête de liste des biens déclarés des lesbiennes.

Acte sexuel lesbien
Variante du godemichet

Quelle que soit la pratique utilisée, tout l’art repose sur l’écoute de son partenaire. C’est le meilleur manuel à notre disposition pour faire de nous des masters of sex. Et puisque rien n’est figé, le champ des possibilités n’en est qu’immense. Je suis lesbienne et je fais c’est bien plus qu’escalader le Mont Blanc en terme d’énergie à fournir.

Mise à jour du 28 décembre 2014

En archivant ce billet, je me suis rendue compte que j’avais oublié de vous fournir cette visualisation sur les pratiques fréquentes conduisant la femme à l’orgasme, piqué dans un média en ligne dont je ne me rappelle malheureusement plus le nom. Sincères excuses.

Comment conduire une femme à l'orgasme

Partagez les votres en commentaire.

Miaouuu !


Le Coming-Out en Afrique, on en parle ?

Une amie me disait récemment, « je pense que tu devrais à tout le monde que tu es gay ». Ma réponse ? « C’est pas parce que j’ai fait mon Coming-Out auprès de toi, mon amie, que je dois le dire au monde entier. »

Coming-out by
Coming-out by Udel

Certes, durant l’année écoulée, plusieurs célébrités se sont illustrées par leur sortie du placard. Ca sert à la cause. Merci à elles. Mais tout le monde n’a pas besoin de le faire. Quoi ? Vous pensiez quand même pas que tout le monde devait venir au devant des médias non ? Si ? Laissez moi donc vous expliquer.

Arrêt historique : Le coming-out a été imaginé, comme un moyen d’émancipation, en 1869 par l’Allemand Karl Heinrich Ulrichs. Réalisant que l’invisibilité était un obstacle majeur pour changer l’opinion publique, il recommanda aux homosexuels de faire leur coming-out. Personnellemet, je dirais que c’est le fait de revéler publiquement ce qui jusque là relevait de la sphère privée.

Stop différentiation : L’outing est un « coming out » mais, à la différence de l’acte volontaire et personnel qu’est le coming out, l’outing désigne l’acte de révéler qu’une personne est homosexuelle sans son accord. Vous avez suivi l’affaire Philippot en France toute cette semaine non ? C’est l’exemple parfait de l’outing. Et croyez moi, il vaut mieux qu’il arrive quand vous avez déjà au moins passé l’étape UNE du Coming Out. Et là vous pourrez dire « bof », Sinon, bienvenue les plaintes pour diffamation.

Bon, je m’égare. Enfin, pas trop. Juste que cette plainte me sort de partout.

Pour en revenir au coming-out, c’est d’ABORD et SURTOUT, un processus d’acception de sa différence suivi de l’acte volontaire et personnel de le déclarer à Vénus si l’on veut. On ne se lève pas un matin pour déclarer « hé vous savez quoi ? Je suis homosexuel ». Non ! Chacune des stars que vous voyez le faire est passé au moins par l’une de ces étapes.

1.      Le coming-out en Afrique à soi.

C’est LA partie capitale du coming-out. Celle qui te permet de te reconnaitre et t’accepter comme « homosexuel », «maudit », « sorcier », « vendu », « moins que rien ». Soit tu la passe et tu en assumes les conséquences, soit tu restes dans ton placard et te morfond avec tes frustrations.

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D’aussi loin que je me souvienne, il m’a fallu pas moins de 6 ans de doute, de remise en questions, d’interrogations, de tentative de suicide pour accepter mon homosexualité. Si en 2005, j’ai pu mettre un nom sur mon orientation sexuelle, ce n’est qu’en 2011 que j’ai finalement laissée tomber les masques.  Ce grace à Marcel, un gay à qui je serai éternellement reconnaissante. Il m’a tiré par la main, montré le chemin qui conduit à l’acceptation de soi. Il m’a enseigné l’amour et le dépassement de soi, la quête perpétuelle de l’excellence. « De telle enseigne que tes détracteurs, à défaut de t’aimer, seront obligés de te respecter. Car quoi que tu fasses, les gens parleront toujours en mal de toi. L’essentiel c’est que tu sois en paix avec toi-même. »  Je ne dirai pas qu’aujourd’hui je me suis totalement acceptée (les murs de mon placard sont solides). Non. Disons que je me sens nettement mieux.

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Coming-out byTS1

Ce n’est malheureusement pas encore le cas pour des milliers de LGBT africains. Si oui, le coming-Out en Afrique se fait dans le cercle associatif car une fois à l’extérieur, chacun revêt son masque (hétéro tombeur, homme marié, famme mariée, …). Trop de préjugés, trop de corollaires. La simulation, malgré ses conséquences, est un sur abri.

2.      Le Coming out en Afrique à la famille

Il n’a jamais lieu. Pour moi et autour de moi en tout cas. C’est toujours l’oncle, la tante, le voisin du cousin, l’amie de la mère qui vous a aperçu dans un coin sombre avec une fille louche, dans un snack réputé gay ou avec une bande d’amis aux moeurs douteuses; Un flagrant délit de relation sexuelle rendu possible par une porte mal ou pas du tout fermée; Une ex qui a mal digéré votre séparation et vous le fait savoir par le biais d’une confidence au plus sévère et homophobe des membres de votre famille; Des fois aussi, il nous arrive de mal choisir notre confident familial.

Ces outing conduisent dans la majeure partie des cas à un conseil de famille, extraordinaire. Votre tante avec laquelle vous ragottiez la veille se transforme en requin, toutes dents dehors, en quête de vérité qu’ils soupçonnait et dont ils attendaient confirmation. Que vous acceptiez (ce qui n’est jamais arrivé) ou refutiez (toujours), vos proches ne vous regarderont plus JAMAIS de la même manière. Si oui, après de loooongues années de mise en quarantaine.

L’issue du conseil de famille est fonction du poids du porte-feuille monétaire,  des convictions religieuses et des « relations » de votre fratrie. Une chose est sure, vous y retrouverez le reniement, la mise en quarantaine (maison, école, argent de poche,…), l’éloignement (ce qui arrive souvent aux enfants de « riches »), des séances d’exorcisme, des consultations psychologiques et la dénonciation à la police. Les miens m’ont renié. Ma camarade de combat a subi des séances d’exorcisme pendant un an.

Faut pas tout diaboliser. Des fois quand même, on trouve des parents hyper ouverts. Comme celui-là qui offrait un siège aux courtisanes de sa fille. Mais ceux là, ils constituent 0.00001% de la population africaine.

Cette étape a une incidence CAPITALE sur le futur immédiat de tout LGBT.

3.      Le coming-out en Afrique au cercle amical et professionnel

Il est utile à la cause. C’est celui qui donne des modèles positifs aux frileux et aux haineux. Cependant, c’est l’étape à passer quand on a pris l’assurance sur son avenir. Vous savez, quand vous êtes certains que quoi qu’il arrive, votre avenir professionnel n’en pâtira point (revenus, promotions, carrière,…).

Au bearceau de l’humanité, c’est encore et toujours, pour la plupart des cas, le fait d’un outing. Le scénario est le même que celui de la famille. Mais ici, les issues possibles sont … différentes.

Option 1 : le traitement singulier. Personne n’aborde le sujet avec vous. Vous constatez juste un changement subtil dans les habitudes de vos collègues. Une sorte de mise en quarantaine, comme si vous étiez subitement devenu contagieux. Pourtant rien n’a changé en vous. C’est juste eux. Soit vous abandonnez (démission), soit alors vous êtes licenciés (option2). Il est difficile d’évoluer dans un environnement professionnel malsain.

L’option 3 : victime de chantage sexuel de la part de votre supérieur hiéarchique. Vous savez, la refoulée qui n’arrivait pas à se trouver de plan Q s’abreuve avec l’avantage de la livraison illimitée et atemporelle et la garantie de l’anonymat. Personnellement je vous l’avoue, j’aimerais bien l’expérimenter. Cependant, pour avoir vu un de mes proches en être victime, ce n’est pas une partie de plaisir.

En tout cas, quelque soit la suite que l’on donne à l’étape 1, elle est toujours suivie de conséquences dont l’ampleur démeure inconnue. Et pour les affronter, il faut du courage. Je n’en ai pas encore assez malheureusement pour me dévoiler à vous.

Je vous laisse donc en compagnie de cette vidéo du jeune Connor Franta que j’ai trouvé … Emouvante.

Bon week-end.

Miaouuu…


Naît-t’on ou devient-t’on homosexuel?

Naît-on ou devient-on homosexuel ? Mon billet ne se veut pas être défenseur de mon orientation sexuelle. Il est juste le récit d’une femme en quête de réponses.

Lesbian Love
Art work by Zanele Muholi

J’ai grandi dans un environnement très strict. Et quand je dis strict, j’entends par là que ma vie se résumait à mes cahiers (à l’école comme à la maison) et aux tâches ménagères. Je volais mes rares minutes (souvent des heures) de jeu aux absences fréquentes de mon géniteur du fait de sa profession. Et pourtant, malgré la surveillance accrue, j’ai eu mes premières relations sexuelles à 10 ans. Le « mes » se réfèrent ici à un garçon et une fille (jeunesse oblige). Précoce me direz-vous. J’agrée. Mais comme on dit chez nous, « même dans l’eau, banane murira ».

Maurice, le bel éphèbe était le premier à avoir accès à ma forêt noire. Il avait le talent et le faciès de ceux qui réussiront dans leur vie. Il était mon aîné de 5 ans et tenait mon père en modèle. Ces grandes vacances-là (on ne connait pas l’été en Afrique sub-saharienne) étaient particulières, car j’allais en « ville » poursuivre mes études au collège. C’était un soir après une de nos multiples soirées près du feu. Papa était absent. Mama était allée raccompagner une de ses amies. Sur le lit fait de bambous de Chine, je ne ressentis aucune douleur – pourtant mon hymen avait été déchiré – aucune émotion particulière non plus. Je me suis juste demandé « c’est TOUT çà? ». L’histoire a pris fin là. Nous sommes restés amis. Aussi longtemps qu’on peut l’être à cet âge.

Chez ma tante chez qui je devais passer ma première année de collège, je partageais la chambre avec Geneviève, une cousine éloignée de 4 ans mon aînée dont je n’ai plus jamais eu de nouvelles. Le genre qu’on chasse des « villages » pour venir « chercher la vie » en ville. Quelques semaines après mon arrivée, les aînés nous apprirent qu’on n’avait pas le droit d’être devant l’écran surtout pas le dimanche soir. Encore moins pour regarder Melrose Place. Nous avons créés notre Melrose Place à nous. Avec la chambre pour décor, la nuit pour repère et notre lit pour support. La série a duré un an. J’aimais particulièrement les spirales virtuelles dessinées par son bassin.

Durant mon adolescence, j’avais TOUTES les belles filles pour amies. J’aurais aimé aller plus loin. Des fois j’ai même été à « demi-pas » du baiser sans savoir comment m’y prendre. J’étais (je le suis toujours) timide. Alors je les ai gardées près de moi, comme amies.

A mes 18ans, j’ai fait la rencontre d’Eric, un élève doué au poste d’avant-centre sur un terrain de football. C’était le premier garçon qui prenait soin de lui à croiser mon chemin. Dieu l’avait doté de beaux arguments physiques et intellectuels pour combler une femme. En journée, nous discutions, jouions avec les voisins, allions au stade de football. La nuit, j’aimais me dérober à la vigilance de mes parents, me faufiler dans sa chambre et le contempler, à la lueur des bougies, se donner du plaisir et essayer de retenir des grognements. C’est ainsi que je prenais VRAIMENT du plaisir avec lui. Nous avons eu quelques corps-à-corps. Mais pas satisfaisants pour survivre à plus de 6 mois de relation.

Sylvia,… je serai allée plus loin que l’éternité si elle avait pu supporter la pression de ses parents. Avec elle, j’ai laissé tomber le haut, le bas, les masques,… le moi.  Je l’ai rencontré à la soirée d’anniversaire de sa soeur. Elle était jolie, sentait bon et dansait bien. Ce soir là, sur la piste de danse, nous avons échangé notre premier baiser, sur un fond de Koffi Olomidé. Il était doux, profond, parfumé et ne me piquait pas. J’ai accrochée comme l’araignée. 1 mois après notre rencontre, nous amménagions ensemble. Les mots nous servaient à communiquer avec les autres. Le regard nous suffisait. A ses côtés, je me sentais vivre, INVINCIBLE. J’aimais son regard posé sur moi. Ses doigts sur mon corps hérissaient les poils de mon épiderme. Le son de sa voix accélérait les battements de mon coeur. Son odeur composait un elixir. Nous avons fait l’amour sous le soleil, la pluie, à midi, à minuit. Dans l’intimité et dans des lieux publics. Rien d’autre n’avait d’importance à mes yeux que sa présence, son sourire, ses mots – On arrête le rêve – .

De nos jours, je me sens à l’aise avec des garçons. J’aime admirer leurs corps, les avoir près de moi, discuter avec eux, sortir ensemble. les embrasser même des fois. Tant que ca ne sort pas du cadre de l’amitié car les sensationsque j’éprouve en compagnie des femmes sont comparables à un brasier insensible à un fleuve gêlé. Je fantasme sur les lèvres d’Angelina Jolie. J’aime le président Grant. Mais j’aime encore plus m’imaginer à sa place pendant 30s afin de juger de l’ampleur des frissons que me procurent la vue des baisers d’Olivia Pope.

Si vous êtes parvenus à ce niveau, j’aimerais bien que vous m’aidiez à comprendre si je suis devenue lesbienne ou si je suis née ainsi.

Car le seul et unique choix que je reconnais avoir opéré jusqu’ici, c’est le refus de faire du mal à autrui en lui donnant l’illusion d’une possible relation au nom de la croyance hypocrite aux saintes valeurs africaines.

Miaouuu!


Lexique lesbien africain

Vous avez l’intention de faire un tour dans la communauté lesbienne africaine prochainement, d’entamer une relation avec l’une d’elles ou simplement de vous cultiver, voici 3 mots du lexique lesbien africain que vous devez absolument connaître.

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image by universl

1- Le Yossi, Koudjé (lire cou – Djé)=  les butch : l’homme lesbien

Elles sont facilement reconnaissables pour quiconque à leur physique (fortement masculinisé), leur accoutrement (pantalon ou culottes – chemise ou tee-shirt – basket ou bottes (jamais de jupes ni de robes (sauf cas exceptionnel)). Sa vie sociale est souvent réduite à la fréquentation des débits de boisson et des stades de football. Si vous demandez à 10 personnes (homophobes ou intellectuels) de vous décrire une lesbienne type africaine, 9 cas sur 10 sa représentation sera celle-là. Ce sont en effet les enseignes lumineuses lesbiennes. Elles sont aux lesbiennes ce que les passifs sont aux gays. Autant vous dire, si vous devez sortir avec elle, vous devrez ouvertement assumer le fait que vous soyez « à gauche ».

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Palesa Monakale by Stevenson

Les Yossi tiennent les rennes du couple plus sexuellement (:p) que financièrement. Enfin, dans la plupart des cas. Il est en effet difficile de trouver un Koudjé financièrement et « pérrennement »  indépendant. Son enseigne lumineuse étant infiniment verte, elle est la plupart du temps rejettée par la famille. Il lui est difficile de prétendre à une éducation et de trouver un emploi décent ou valorisant.

Contrairement aux idées véhiculées par les occidentaux, vous verrez difficilement pour ne pas dire JAMAIS (j’insiste sur la majuscule et le mot), deux Koudjé en couple en Afrique. Elles seront plus amies que partenaires sexuelles. A la question du Pourquoi? Elles vous répondront  « je ne suis pas pédé ». Fin de la discussion.

Les Koudjés ne sont jamais (de manière officielle) sorties avec un homme pourtant paradoxalement, c’est parmi elles qu’on recense le plus de mères d’enfants et de personnes infectées par les IST et le VIH. Les raisons? Je les exposerai dans un futur billet.

 

2-Les Poissons Braisés, radio-cassette,  recto-verso (hé hé hééé) : la métrosexuelle

Je les classe en deuxième position car dans le lexique lesbien africain, c’est ce que j’appelle personnellement le ‘Yossi moderne’.

Le recto-verso  c’est la métrosexuelle gouine. Celle qui a compris qu’il vaut mieux se fondre dans la masse que d’avoir une étiquette ingrate qui nous colle à la peau.

La recto verso est diplômée, cultivée et exerce la plus part du temps un emploi décent. Donc financièrement indépendante. Elle a une vie sociale, fréquente des lieux chics et compte autant d’amis de sexe masculin que féminin. Mais rassurez-vous, sa préférence est clairement définie. Des rumeurs circule sur son homosexualité mais en l’absence de preuves, difficile de la déclarer coupable et quand bien même, vous avez toujours envie de croquer tant la pomme semble appétissante.

Bette Porter veste
Bette Porter copyrights vervetparkmedia

A l’extérieur, elle est aussi à l’aise dans des talons hauts que des baskets. Elle fait tourner la tête aux hommes et affole les battements cardiaques des femmes.  Difficile de cerner son orientation tant elle est habile dans son jeu. Vous la verrez publiquement avec des partenaires masculins. Aucun en privé.

jennifer-beals
Bette Porter cc becksmithhollywood

Dans le couple, elle peut être butch ou copine, soumise ou dominante. Tout est fonction de la nature des liens qui l’unissent à sa partenaire et du moment.

Puisque sa couverture est si bien gardée, elle sera presque toujours en couple avec une recto-verso ou une copine. Vous n’y verrez que du feu!

Bette and Tina
Swag einh? Cc gayfriendlybiz

 

3- Les lélés, mvoyes, féminines, troussous, bobbie, les Ebony (lesbiennes noires de la diapora) : la femme.

Elles sont belles, féminines, coquettes, femmes autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Plus silencieuses qu’elles dans la communauté LGBTIQ , tu meurs.

Femme noire
Femme noire by modatoiglamour

Tout bon Yossi possède UNE seule. L’élue de son porte-monnaie coeur  Celle à qui elle doit l’entretien de sa maison qui éclipse toutes les autres.

Elles aiment l’argent de l’homme (le vrai Homme) et préfère le sexe avec la femme. La plupart donc sont mariées ou en couple avec un Homme. Obligeant le Yossi à se taper de longues heures d’attentes solitaires qu’il finit par combler avec une autre.

Elle est la reine des acrobaties et des mensonges. Surtout auprès de son partenaire masculin auprès duquel il faut justifier la nouvelle amitié « étrange », les coups de fils et sms tardifs, l’absence de désir, les ballades nocturnes et solitaires, la nouvelle réunion qu’on ne reçoit jamais,…. Bref, tout une double vie pour laquelle j’ai abandonné tout espoir de compréhension.

Elle préfère le Yossi à la métrosexuelle. Raison? « Elle n’est pas lesbienne ». Allez comprendre.

Avec la copine, vous avez l’assurance d’une maison toujours entretenue et parfumée, d’un frigo toujours rempli, d’un lit bien dressé des parties de jambes en l’air de folie,… mais à quel prix?

Vous avez d’autres synonymes à rajouter au lexique lesbien africain ? Partagez vos connaissances en commentaires 😉

Miaouuuu

PS: Toute ressemblance avec des partenaires existantes ou ayant existé n’est que fortuite et involontaire.

Par ailleurs, l’auteure décline sa responsabilité des regards (nouveaux) que vous serez amenés à porter à vos partenaires après lecture de ce billet.

 

 

 

 


Etre gay en Afrique

A chaque fois qu’il m’est arrivé d’aborder mon homosexualité avec des étrangers (expatriés ou citoyens ne résidant pas en Afrique), cette question est toujours revenue : comment est-ce d’être gay en Afrique ? Une fois pour toutes, je vais donner mon point de vue qui servira de point de départ à toute discussion sur le sujet.

Un demandeur d'asile
Un demandeur d’asile ougandais cc Europe 1

  1. Etre gay en Afrique, c’est n’avoir aucune éducation

Par parce qu’on le désire. Juste parce que le parent estime qu’il n’a aucune obligation à s’acquitter du droit à l’éducation d’un « perdu ». Car oui, être gay en Afrique, c’est être « vendu », un sous-homme en quelle que sorte. Raison pour laquelle vous trouverez de nombreux gays peu ou pas assez éduqués. Et pourtant Dieu seul sait combien les gays sont talentueux et créatifs.

  1. Etre gay en Afrique, c’est manquer de soins de santé ou ne pas en bénéficier du tout.

Un médecin peut décider de ne point vous prodiguer de soins si un seul instant il se doute de votre orientation sexuelle. De nombreux militants en ont perdu la vie. Sans susciter le moindre émoi de leurs proches. « Bon débarras » disent-ils en leur cœur. « La honte n’est plus ». De nos jours, de nombreux centres communautaires ont vu le jour par la volonté de certains leaders afin de diminuer les décès des membres de la communauté. Bien évidemment, ces derniers exercent sous couverture afin de s’éviter toute fermeture abusive. L’homosexualité étant interdite.

Outing des personnalités au Cameroun cc Google
Outing des personnalités au Cameroun cc Google
  1. Etre gay en Afrique, c’est passer maître dans l’art du camouflage avec la frustration pour ami.

Ta copine est souvent ta meilleure amie ou ta camarade de classe pour ta famille, une parente proche ou éloignée selon le lien social que tu as avec tes amis. Ma copine m’a fait passer pour sa nièce pendant un an sans que je puisse y changer quoi que ce soit. Je l’ai regardé se faire draguer, peloter sans ne pouvoir rien faire d’autre que sourire. Car au moindre écart, j’étais à la merci du point 4. Une de mes amies a présenté sa copine à son mari comme étant une de ses relations de travail. Travail qu’elle n’avait plus depuis un an au moins. Les explications, il n’avait qu’à les trouver de lui même. Et c’est ainsi. Tous les jours. Tu mens à tout le monde. Et si tu n’y prends garde, tu finis par te mentir à toi-même à force de jouer des personnages.

Outing des personnalités en Ouganda
Outing des personnalités en Ouganda
  1. Etre gay en Afrique, c’est risquer sa vie TOUS les jours.
Homophobie en Afrique
Homosexualité et homophobie en Afrique via fmsh

Chantage, escroquerie, viols, arrestations, tortures, meurtres, séances d’exorcisme tout y passe. Chaque jour tu vis en te priant pour que ton outing n’arrive jamais. Surtout pas par voie de presse. Indépendamment du pays, la réalité est la même. Même pour l’Afrique du Sud dont l’administration est pourtant favorable aux droits des gays. David Kato en Ouganda, Eric Lembembe a Cameroun, …Et de nombreux cas ne parviennent jamais aux oreilles des médias. Tu élèves la voix, la prison t’accueille facilement. Ou le cimetière tiens. Et pas besoin de preuves. La parole du plaignant l’emporte presque toujours. Elle se fonde sur ton accoutrement, tes fréquentations, tes habitudes alimentaires  voire tes liens sociaux. Ce qui nous conduit au point 5

La consommation de Baileys a conduit 2hommes en prison au Cameroun
La consommation de Baileys a conduit 2 hommes en prison au Cameroun

 

  1. Etre gay en Afrique, c’est surtout et avant tout, rester dans son placard et le fermer à double tours.

Si dans l’échelle sociale tu te situe en dessous de l’animal, à quoi cela te serti-il de montrer ton nez dehors ? Restes-y et vis tes frustrations en paix. Et c’est ce que nous faisons. Chaque jour. En admirant le monde de notre serrure, nous demandant à quand notre tour, les moindres velléités étant réduites au silence. Des David Geto, Eric Lembembé, Eudy Simelane, Noxolo Nogwaza il y en aura encore et toujours. Car tant que les gouvernements africains n’auront pas pris position, les enfants des autres continueront de subir au nom de la sacro sainte culture africaine.

Allez, pour la route, je vous laisse en compagnie de « l’Homosexualité vue d’Afrique » avec le camerounais Thierry Ntamack.

Miaou!


Comment j’ai su que j’étais lesbienne – Recto Verso

Hier, j’ai revu avec beaucoup d’émotions quelques scènes éparpillées cà et là sur Youtube de « Bad Girls, les condamnées ». Emotion parce que c’est la série à cause de laquelle j’ai pu coller un nom à mon orientation sexuelle : lesbienne en l’occurrence.

Art work of Zanele Muholi
Art work of Zanele Muholi

Je suis née dans un village. J’ai grandi à l’époque où il n’y avait qu’une seule télévision pour un quartier. Le propriétaire dictait la loi de son écran cathodique et pourtant, ma première relation sexuelle avec une femme, je l’ai expérimenté à 10 ans ( 😮 )!  Je sais. C’est un peu tôt. Il faut un début à tout non ? La partie de jambes en l’air a duré 1 an. C’était ma cousine. Très éloignée dont je n’ai plus de nouvelle depuis. En fait l’initiation homosexuelle, pour le peu que je sais en Afrique, commence toujours par les proches.

Vous me direz on ne peut pas parler d’homosexualité à cet âge. Je suis parfaitement d’accord. Raison pour laquelle, en pleine incompréhension et sans référent, ma vie sexuelle et amoureuse a connu une longue période trouble. Je n’éprouvais qu’une attirance physique pour les hommes. Elle s’arrêtait à leurs corps d’éphèbes. A la limite, ils pouvaient se masturber devant moi. Certainement pas goûter au fruit défendu. J’avais comme une sainte horreur.

Helen and Nikki, Bad Girls
Helen and Nikki, Bad Girls

En 2005, ma vie se trouvera définitivement bouleversée. Je suis en terminale, dernière année de lycée. A cause des conditions familiales précaires, je fais partie des derniers inscrits. Je m’assieds donc où je peux dans ce collège privé. Ma voisine de banc est une fille quelconque. Des kg en plus, toujours penchée sur son cahier à compter les 5f générés par le commerce illégalement introduit en salle de classe.

Celle derrière mon crâne est une belle gazelle. Le genre de féline qui silencieusement et irrémédiablement t’entraine vers ta chute. Et j’étais tombée, les 4 fers en l’air, sans aucun rempart. Elle aussi, heureusement.

2jours après mon arrivée, nous rentrions et arrivions ensemble. Au bout d’un mois, elle commençait une phrase et je l’achevais. Elle cuisinait mes mets préférés dans la maison de sa tante. Lorsque je ne pouvais me dérober à la vigilance de la mienne, elle me le ramenait le lendemain à l’école. Elle me faisait des crises si j’arrivais sans elle, si je passais ma pause avec une autre élève. Si j’avais de mauvaises notes tiens! Je dormais sur ses cuisses durant la pause. Elle me caressait et recoiffait les cheveux. L’école nous appelait siamoises. Au fond de nos yeux brillait une flamme sur laquelle je n’arrivais pas à mettre un nom. Instinctivement, je savais qu’il y avait un plus, qu’il devait y avoir un plus, un je ne sais quoi qui « parférerait » cette alchimie. Sans pour autant savoir QUOI.

Nikki and Helen kiss
Nikki and Helen kiss

Et puis un jour janvier 2005, de retour des classes, mon cerveau accéda au graal via le canal 15 de notre télévision, siège de la chaine RTL9, diffuseur devant l’Eternel 5 ans successivement de la série « Bad Girls, les Condamnées ». En résumé, la série racontait les aventures incroyables des détenues de l’aile G de la prison de Larkhall en Angleterre. Il y avait les condamnées et il y avait Nikki Wade, la belle brune aux cheveux courts qui tombera amoureuse de la gouverneure de l’aile G, Helen Stewart. Une femme hétérosexuelle sur le point de se marier qui laissera tout tomber pour vivre avec une Nikki.

Sapristi ! Madre de Dios ! P***** de m****. J’enchainai plus de jurons ce jour-là que je n’en ai jamais sorti de ma vie. Ce « genre » de relations existait donc. Je n’étais donc pas anormale. Ce fut comme une bouffée d’air. Comme la fin d’une quête. Enfin, pour la constitution du puzzle de ma vie sentimentale parce que la suite,… c’est la série de billets qui suivront celui-ci.

Pour les curieuses (et curieux), voici un extrait de la série. C’est l’épisode qui a complètement changé ma vision des choses.

PS : Il ne s’est jamais rien passé avec ma camarade de classe. Même pas un baiser. On s’est revues quelques années plus tard et jusqu’à présent, nos sentiments n’ont jamais changé. Elle sait que j’aime les femmes et je respecte son amour pour son mari et son foyer.

 


Cher lecteur – Recto Verso

Cher lecteur, un mois après le lancement de mon blog et 2 articles plus tard, je décide de passer aux choses vraies et sérieuses. Non que celles dont on a parlé ne l’étaient pas. Je décide juste parler de ce que je suis et ce qui me concerne. Ma condition de femme, noire et homosexuelle.

J’ai fait le tour de la toile et difficile de trouver un blog tenu par une femme noire. Ce sont toutes des blanches. Sans aucune pensée « difficile » juste qu’on a l’impression que lhomosexualité féminine n’existe pas en Afrique noire. Et pourtant.

Lesbian Love
Copyrights Zanele Muholi

Je parlerai des lois, des conditions de vie, de nos rencontres, nos amours, nos déceptions, nos peurs, nos aspirations et tout ce qui a trait à l’homosexualité dans mon continent, l’Afrique.

Loin de moi l’idée d’experte. Je vais juste laisser parler mon âme car j’ai lu un jour : « écrire c’est coucher sur le papier ses plus grandes craintes ».

A bientôt, pour les aventures impossibles de la Goudou.


Ce vocabulaire LGBTI que vous devez connaître. – Recto Verso

Que vous soyez gay, gay-friendly, homophobe ou neutre, il est des expressions que vous devez connaitre. Au moins pour avoir l’air intelligent s’il vous arrivait d’en parler mais surtout pour qu’on soit sur la même longue d’onde à chaque fois que vous ferez un tour dans ce blog. Elles font partie du vocabulaire LGBTI.

Logo LGBTI                                                                                                (c) le site

Orientation sexuelle (à retenir!!!). Se réfère à l’intérêt ou l’attirance sexuelle ET émotionnelle d’un individu portée soit sur les personnes opposées (bisexuel), de même sexe (homosexuelle) ou des 2 sexes (bisexuel). Elle a une notion d’auto-identification et non d’indexation. 

L comme Lesbienne. Ses synonymes gouine, goudou, brouteuse, butch. C’est une femme qui éprouve une attirance émotionnelle ET sexuelle pour une autre femme. Elle s’affirme et s’identifie comme tel.

Art work of Zanele Muholi                                                                                      (c) Zanele-Muholi

G comme Gay. Synonyme : pédé, tapette. C’est un homme qui ont a attirance sexuelle ET émotionnelle pour un autre homme. C’est un terme qui renferme également une notion d’auto-identification. On s’en sert la plupart du temps pour désigner TOUTE la communauté LGBT.

Braden Summers                                                                                      (c) Braden Summers

B comme Bisexuel. Synonyme : recto-verso (tiens) . Il désigne toute personne sexuellement et émotionnellement attirée par les individus des deux sexes. Celui-ci est TRES difficile à distinguer car à l’aise sur tous les tableaux.

Bisexual image                                                                                                (c) Ministère de l’intérieur italien

T comme Transsexuel ou transgenre. Le transsexuel désigne toute personne qui vit un conflit entre son sexe biologique et son identité de genre.

Transgenre, terme générique pour désigner les personnes dont l’identité de genre ou son expression est différente du sexe qu’ils ont acquis à la naissance. Les trans peuvent se définir du féminin au masculin ou inversement Elles peuvent choisir de modifier (ou non) leur corps à travers les hormones et la chirurgie.

NB : Transgenre et transsexuels ne sont pas une orientation sexuelle. Les trans peuvent être hétéro, homo ou bi.

I comme Intersexuel : Synonyme : « hermaphrodite ». C’est un individu né avec les caractéristiques anatomiques (parties génitales, organes reproducteurs) qui ne cadrent pas avec la définition typique du masculin ou du féminin.

Il est souvent difficile de choisir le sexe à garder à la naissance. L’individu pouvant en grandissant développer des caractères sexuels secondaires différent du sexe gardé. Il est donc conseillé au parent de laisser l’enfant grandir et en fonction de l’évolution, faire le choix de l’un ou l’autre sexe ;

Q comme Queer : regroupe les individus qui rejettent les normes et orientations sexuelles préalablement établies ; hétérosexuelles ou homosexuelles.

A côté, nous avons des expressions collatérales qu’il convient de retenir.

WSW pour Women have sex with woman. Une femme qui a des relations sexuelles avec une femme sans pour autant s’identifier comme gouine ou ressentir une attirance pour les femmes.

MSM pour Men have sex with men. C’est un homme qui a des relations sexuelles avec des hommes sans s’identifier comme gay ou ressentir une attirance pour les hommes.

Travesti : Personne qui choisit raisonnablement d’arborer des vêtements conventionnellement associés au sexe opposé. Elles peuvent (ou pas) adopter une autre identité de genre et une orientation sexuelle différente.

A bientôt pour une nouvelle immersion.

Miaou…


Je suis gay et non MSM! – Recto Verso

Les noirs africains ont trouvé en l’homosexualité le bouc émissaire pour traduire tous les maux sociaux qui accablent leurs sociétés respectives. Elle entraînerait le sous-développement et serait la cause de leur retard. Les sodomisés attitrés et les sodomiseurs sont tous incompétents, ceux qui ont un peu de matière grise se refusant de se livrer à de telles pratiques.

Vu sous cet angle, l’homosexualité mériterait en effet d’être bannie. Et je m’alignerai s’il n’y régnait pas cette confusion connaissable non connaissante marquée par le fait que l’africain ne retient de l’homosexualité qu’une image stéréotypée. Image brassée par l’ignorance et le rejet de tout ce que l’on ne comprend pas, tout ce dont on n’a pas envie d’entendre, tout ce dont on n’a pas la capacité intelligible de saisir, parce qu’on a peur de découvrir au final que l’on est aussi comme ça, homosexuel et que l’ordre sacrophallique des choses soit renversé.

Par sexualités de manière générale, il faut entendre les orientations sexuelles que l’on peut observer chez les individus. L’orientation sexuelle sera définie en fonction de l’attrait érotique que l’individu ressent envers des personnes. Homosexuelle, elle désignera l’attrait dirigé vers les personnes du même sexe. Elle sera hétérosexuelle quand cet attrait est orienté vers les personnes de l’autre sexe et bisexuelle lorsque l’attrait est tourné vers les personnes des deux sexes.

L’homosexualité va donc désigner l’orientation sexuelle chez un individu ayant une attirance explicite ou non pour les personnes de son sexe, et qui après une série d’étapes psychosociologiques, est parvenu à la reconnaissance, à l’acceptation et à l’intégration progressive d’une identité dite homosexuelle. Cette orientation va aboutir par la suite à une relation sexuelle avec l’objet désiré si l’occasion, les conditions et le cadre s’y prêtent.

Pour qu’un individu soit qualifié d’homosexuel ou défini comme tel, il faut qu’il soit conscient de son orientation sexuelle, qu’il reconnaisse et qu’il intègre son identité homosexuelle ce, quelle qu’en soit la durée, et enfin –mais pas nécessairement- il peut avoir des relations sexuelles avec des individus de son sexe après consentement mutuel. L’homosexualité est d’abord un état, marqué par une certaine identité, qui peut entraîner par la suite une pratique sexuelle, mais pas de manière systématique.

Autrement on parle de pseudo- homosexualité ou d’homosexualité situationnelle donc de MSM (Men which have sex with men ou HSH (Hommes qui ont des relations sexuelles avec des Hommes)) contre rémunération ou par déni de son orientation sexuelle réelle. C’est cette « homosexualité » que le noir africain voue aux gémonies car c’est l’image qui lui a été donné par sa presse ignoramment savante. C’est en son nom que bon nombre de nos frères sont lapidés.

S’il y a des donc individus qui ont choisi d’‘outiliser’ leur orientation sexuelle non exclusivement homosexuelle (« promotions canapé ») pour subordonner d’autres, il ne faudrait en aucun cas et d’aucune manière les assimiler aux émotions partagées entre deux individus dont la seule différence réside dans le sexe de l’être aimé. Car un couple gay (LBGTI), pour ceux que j’ai connu de part l’Afrique, c’est deux êtres partageant leur quotidien fait de hauts et de bas comme toute relation de couple.

C’est pour eux, les « VRAIS » gays dont chacun d’entre nous a au moins un pour ami (connu ou ignoré) qu’il faut stopper la bêtise nommée « Homophobie ».

Miaou…

PS : Billet réalisé avec l’appui de la communication du sociologue Charles Guéboguo in, il était une fois… l’Homosexualité contée aux journalistes camerounais, 24 février 2006.

 


Tout ce qui est queer n’est pas gay – Recto Verso

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Il y a quelques jours, je recevais une demande d’amis sur un de mes nombreux profils sur les réseaux sociaux. Toujours séparer ses deux vies. On ne sait jamais.

Les premiers échanges furent polis. Les suivants sont à l’origine de ce billet.

–       Tu vis où ?

–       En Afrique (je tairai le pays).

–       Je salue ton courage.

–       Pourquoi ?

–       Parce qu’oser s’habiller ainsi, avec tout ce qui se passe là-bas, il faut vraiment être culotté.

–       Tu es gay ?

–       Non.

–       Pourquoi tu penses que moi je le suis ?

–       Heu… rien. En fait, juste que ton accoutrement.

–       Et c’est tout ?

–       Oui.

Premier éclat de rire, second et puis une longue série. A gorge déployée. Les collègues se sont inquiétés. Mais ils doivent avoir pris l’habitude tant les éclats de rire fusent une fois assis devant l’écran de mon ordinateur.

Je n’en revenais pas. Ce n’est toujours pas le cas. Ce qui m’a amené à constater la psychose qui règne dans l’esprit de tout Noir. Africain. Pour peu que tu sortes de l’ordinaire, pour peu que tu sois « innéement » différent des autres, on te colle une étiquette. Tu ne peux pas aimer pantalon. Tu as quelque chose à cacher. Tu ne peux pas avoir des ongles courts, tu aimes les femmes. Tu ne peux pas boire Baileys, tu es gay.

Hé bien sachons que Queer est une expression anglaise signifiant étrange, peu commun. Un Queer peut se reconnaître à son accoutrement ou à son état d’esprit. Des individus (comme moi) l’utilisent souvent pour se définir lorsqu’ils ne se reconnaissent pas dans le modèle sexuel érigé par la société.

Il y a une expression qui aide largement à le comprendre : l’Expression de genre.

C’est un terme qui « se réfère aux expressions à travers l’habillement ou le sentiment intérieur d’auto-identification et de conscience de soi qui manifeste le sens fondamental de la personne en tant que masculin ou féminin et homme ou femme ».

Tout ce français pompeux pour dire qu’un homme pour se vêtir et se comporter comme une femme sans forcément être gay. Tout comme une femme peut aimer se vêtir en homme ou avoir leur caractère et préférer la courge aux haricots. J’en connais plusieurs autour de moi. Chacun d’entre nous en connait. Aux Etats-Unis on parle de cross-dressing. En français, on pourrait parer de travesti.

Parce que le gay lui, a une attirance physique, sexuelle ET EMOTIONNELLE pour une personne de son sexe. Gay englobant ici toute la communauté LGBTI. Vous conviendrez avec moi que l’attirance relève de l’abstrait et non du concret. Et être gay, ou se reconnaître comme tel a une dimension d’auto-identification. Difficile donc d’indexer quiconque sous le prétexte fallacieux qu’il est efféminé/masculinisé tant qu’il ne s’identifie pas personnellement comme tel.

Donc lorsque vous verrez un « Queer », cherchez d’autres détails (fournis pas l’individu) avant de conclure que c’est un (e) gay.

Miaou…