Ruyange Jean-Fraterne

Quand l’église devient la bête noire du pouvoir de Kinshasa

Après le cardinal MOSENGWO, archevêque de Kinshasa, c’est le cardinal EKOFO, évêque de l’ECC (Église du Christ au Congo), le plus important regroupement d’Églises protestantes en RDC, qui a pris à parti les politiques congolais. Dans cet article collectif, nous vous présentons la lecture de 4 blogueurs de la #Blogoma, (Blogosphère gomatracienne), faite sur cette situation.

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Cathédrale de Kisangani
Photo: Wiki commons

 

Textes compilés par Jean-Fraterne Ruyange

Dans mon texte, je vous présente le synopsis du film retraçant la galère de la Majorité Présidentielle face à l’évêque protestant :

En « guerre déclarée » contre l’Église catholique, les politiques de la RDC se sont réfugiés chez les protestants pour honorer la mémoire des héros nationaux Laurent-Desiré Kabila et Patrice-Emery Lumumba. Par surprise, ici aussi l’orage a frappé. Les cieux se sont assombris pour la famille politique de Kabila, comme si la trajectoire d’un ouragan qui ne cherchait qu’à s’abattre sur elle était à ses trousses.

En trébuchant sur Mosengwo, la Kabilie est tombé sur un EKOFO faisant de son homélie en une excellente leçon de patriotisme. Avec des mots clairs et sans détours, telles des claques pour remettre les neurones de la classe politique en place, l’évêque protestant a donné un contenu magistral à l’adjectif « médiocre ».

Cette vérité sortie nue du puits était de nature à mettre à plat les batteries de la MP. Après la défaillance de l’opposition et des mouvement citoyens, la révolution tant attendue en RDC viendra-t-elle finalement de l’église ?

La révolution viendra t-elle de l’Église? s’interroge Innocent Buchu

L’attachement de l’Église au Peuple congolais est visiblement une réalité souhaitée. un besoin, une illumination, un trajectoire de la lumière vers un pays plus beau qu’avant. Les beaux et longs discours des politiciens sont obsolètes. Même sans microscope on sait reconnaître que le peuple n’a plus confiance en eux. C’est normal, lentement, péniblement le peuple a tout compris.

Ils ont signé l’accord et n’ont pas eu le temps ni le courage de l’expliquer au peuple. Les politiques ont faillis à leur mission, les mouvements citoyens sont aussi abattus. Ils dispersent leur énergie dans des luttes aux buts partagés pour finir en « bagatelles ». La situation politique de la RDC inquiète jusqu’à réveiller même les plus mous et le plus dociles. « Seul qui ne vit pas au Congo peut se taire »! L’Église vient ménager le village à fin d’être au milieu comme il se doit.

Toutes ces phrases qui tourmentent la quiétude du pouvoir étaient imprévisibles surtout venant de la part de l’ECC. C’est en tremblant que les membres de la MP présents dans la messe ont reçu la parole édifiante du Monseigneur EKOFO. C’est un combat, une lutte pour la lumière et la vérité. Un bon exemple de la non violence, il ne suffit pas de le dire mais de le vivre.

La constitution, l’accord, la Bible c’est pareil! On ne libère pas un peuple, le peuple se libère !

De sa part, Blaise Ndola n’appuie pas cette confusion qui vient s’imposer entre « foi » et « positionnement politique » :

Je voudrais plutôt appeler ici à dissocier la « foi » des couleurs politiques ou bien le positionnement politique au pays actuellement. Il est évident que le comité de coordination des Laïcs, une institution reconnue au sein de l’Archidiocèse de Kinshasa, était la première institution à caractère religieuse à se lancer ouvertement sur ce terrain au travers de l’opération « Trompette de Jéricho » lancée en collaboration avec certains mouvements citoyens. Toute l’église catholique, à travers ses différentes diocèses et paroisses, n’avait pas suivi ce mot d’ordre. Je me rappelle même des propos du Monseigneur Marcel UTEMBI, président de la CENCO et Archevêque de Kisangani, qui avait dit que les réalités se diffèrent pour chaque diocèse et que chez lui à Kisangani les cloches n’allait pas sonner.

Dire ici que le positionnement par rapport à la situation politique actuelle du pays était liée à l’appartenance à une quelconque foi ne serait pas logique. Tous les catholiques n’ont pas la même position quant à ce. Récemment, le Monseigneur Jean-François EKOFO, lors de la messe en mémoire des héros nationaux a aussi pris position en dénonçant même l’inexistence de l’État au Congo.

Dans son camp, appelé le camp des protestants, il est aussi loin de faire l’unanimité. Certains pasteurs des églises dits « de réveil » continuent d’apporter leur soutien indéfectible aux actuels autorités du pays. Il ne serait pas donc question de « foi » mais plutôt une question de perception personnelle de la situation. Sans oublier que les dits responsables des églises qui prennent position, influencent plus d’un de leurs fidèles.

Chez les catholiques comme chez les protestants, les propos des leaders religieux ne sont pas encore unanimes. Aussi, les deux grands regroupements religieux majoritaires au pays ne sont pas les seuls. D’autres regroupements religieux jusqu’à preuve du contraire soutiendraient encore le régime en place.

Dans son texte, Bienfait Akilimali, quant à lui, trouve la voie de sortie dans ce virage de l’activisme du civil à l’activisme religieux :

De l’huile sur le feu. Entre majorité et opposition, l’église a fait son choix. Après que les anti-Kabila dans toutes leurs couleurs (RASSOP; mouvements citoyens, société civile) aient essayé, en vain, toutes les démarches pour mener à l’alternance démocratique, c’est bien le tour des confessions religieuses. De l’activisme « civil » à l’activisme « religieux »; ne serait-ce pas une voie vers la solution ?

Les hommes de Dieu (évêques et pasteurs) vexés par « la mauvaise foi » du pouvoir manifestent leur dégoût. Désormais ils ne loupent pas l’occasion d’exprimer leur engagement aux coté du peuple chaque fois que les yeux et les oreilles se tendent vers eux. C’est, sans nul doute leur nouvelle stratégie. Ils estiment qu’il est temps que le pouvoir soit rendu au souverain premier, le peuple, pour qu’il se choisisse d’autres représentants pour le bien de tous.


2018, année de la médiocrité congolaise : Mais qui sont les médiocres en RDC ?

Depuis le début de cette année, les mots «médiocre et médiocrité » se partagent le paysage socio-médiatique de la RDC. Le baromètre électoral n’augure pas la décrispation du climat politique, un an après la médiation de l’épiscopat. L’an 2018 s’avère donc être une année cruciale ou « médiocre » pour la RDC.

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Qui sont les médiocres en RDC?

 

Par Jean-Fraterne Ruyange

Tout commence ce 02 janvier 2018 quand, en condamnant la répression violente des marches catholiques, initiées pour réclamer le départ du président Joseph Kabila, le Cardinal Laurent Mosengwo, archevêque de Kinshasa, a déclarer : « Il est temps que les médiocres dégagent et que règnent la paix et la justice en RDC. »

Des propos qui dérangent

Lorsque j’ai lu les réactions des certains compatriotes sur les précités propos du Cardinal, j’ai eu du mal à comprendre qui seraient vraiment des « médiocres » au pays.

Tenez ! Voici la carte postale du Congo de 2017 : Un pays de 2 345 409 km2 et une population estimée à 85,5 millions d’habitants en 2017.

Un potentiel agricole de 75 millions des hectares de terres arables, mais qui ne sont cultivés qu’à 10 % ; 87 millions des hectares des terres pâturables occupées seulement à 8,5 % ; un potentiel halieutique annuel de 700 mille tonnes de poissons exploités seulement à 34 %.

Classé à la 178ème place sur 188 pays, la République Démocratique du Congo affiche l’un de plus faibles Indice de Développement Humain (IDH) au monde, un taux de pauvreté qui affecte 71,34 % de la population (moins d’1 USD/personne/jour), une malnutrition chronique qui affecte 43 % des enfants de moins de 5 ans et une insuffisance pondérale qui frappe 24 % de la population infantile.

Avec un taux d’accès aux soins de santé de 45 %, l’espérance de vie n’est que de 59 ans pour une moyenne mondiale de 69 ans. A l’exception de ses provinces frontalières des pays limitrophes qui profitent du commerce transfrontière, la majeure partie du pays est enclavée alors que ce sous-continent est doté d’un réseau de voies de communication, en état d’abandon hélas!

Ce réseau est constitué de 16 238 km de biefs navigables (maritimes, fluviaux et lacustres) et équipés de 50 ports, 5033 km de voies ferrées et 152400 km de routes. Sur le plan de l’énergie électrique, le Congo détient un potentiel hydroélectrique de 100 mille MW exploité seulement à 2,6 % et il affiche un taux d’accès à l’électricité de 9 % pour les populations contre 83 % dans le monde.

Le chômage de masse affecte 84 % de la population active et le PIB en 2016 s’élevait à 800 USD par habitant, pour une moyenne mondiale de 16 400 USD par habitant, en étant classé ainsi 52ème sur 55 en Afrique.

Dis-moi qui te dirige, je te dirai quel peuple tu es

Chers compatriotes, avec tous ces potentiels, toutes les pierres sont-elles à jeter aux seuls « médiocres » ? Il n’y a pas de quoi pavoiser. Les propos du Cardinal, loin de nous offusquer, devraient plutôt nous inciter à méditer sur notre incapacité à transformer ce pays qui a tout pour être un paradis sur terre, un eldorado pour toutes les nations.

Culpabiliser le pouvoir en place ne rend pas le peuple innocent. Si « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois », qui seraient citoyens au royaume où les médiocres sont rois ? »

On s’en réjouit et on en parle partout, cependant, en tutoyant l’autre, car chacun se reconnaît compétant. La médiocrité étant primordialement le choix du moindre mal, le pays ne se remplit pas des médiocres par un effet de génération spontanée. La seule chose véritable est que les médiocres en engendre d’autres, le comble étant qu’ils ne reconnaissent pas pourtant leur progéniture.

La médiocrité congolaise a placé à la tête du pays un médiocre et les médiocres lui servent de « garçons de course » (expression utilisée souvent par le blogueur congolais Frank Kaky pour désigner ces personnes atteinte du syndrome du Larbin) et ils en sont tous fier.

Les uns comme les autres jouent au son d’une guitare mal accordée, alors que l’impératif de responsabilité est d’avoir une intelligensia congolaise proactive, dotée des ambitions aussi grandes que les défis à relever.

Alors, dites-moi,  qui sont vraiment les médiocres en RDC ? Ceux qui traitent les autres de médiocres, ceux qui sont traités de médiocres ou ceux qui se réjouissent de leur quotidien médiocre ?

En nous réjouir de cette attribut injure faite par son éminence le Cardinal à nos dirigeants, rappelons-nous qu’elle concerne tous les Congolais, lui y compris, malheureusement.


Les retombées des fêtes de fin d’année: ils naîtront en Septembre

« La fin d’une année, c’est le début d’une autre ». Je ne sais pas si ce proverbe a déjà existé ou si je viens de l’inventer. Mais, pourquoi l’évoquer seulement aujourd’hui ? Pourquoi seulement maintenant ? Parce que, évidemment, c’est la fin de l’an 2017, ou, disons mieux, le début de l’an 2018.

Absent de mon blog pendant un mois environ, je reviens, dans la peau de Marc, un jeune de 17 ans qui n’apprécie pas du tout les fêtes de fin d’année. Alors, serez vos prunelles (ou vos tympans) car nous allons décoller…

Mon nom est Marc, j’ai soufflé sur ma dix-septième bougie l’an passé. Je suis donc né en 2000, plus précisément au neuvième mois. Et je suppose que vous êtes tous au courant de cette anecdote sur les enfants nés en Septembre. En ce qui me concerne, cette anecdote n’est pas qu’une légende. C’est l’essence même de mon existence.

Toujours gai et petit rigolo, en famille tout comme dans mon entourage, je fais l’unanimité en tant que le mec le plus amusant. Tout le monde rit à mes paroles, faits et gestes. Si la comédie était payante chez nous, je ne serai pas seulement riche mais aussi célèbre. Il faut avouer que mon humour se repend en un tour de main.

Cependant, ce sont les murmures de ma grand-mère qui me font perdre la carte. Sans se mordre la langue, elle me rappelle chaque fois que ma jovialité tient de ma conception. Pour elle, je ne peux refléter autre chose que folie et enthousiasme car j’ai été conçu dans une accointance hypocoristiquement folle.

Chaque fois que je cherchais à faire le coq par mon humour, elle me regardait d’un œil vif comme pour couper court à ce qu’elle ne cesse d’appeler mes balivernes.

Ce n’est pas qu’elle ne m’aimait pas, loin de là. Elle m’a élevé comme son propre fils, sous son toit. D’ailleurs, dans mon enfance, c’est bien elle que j’appelais ‘‘maman’’. Je croyais que c’était elle ma mère jusqu’à mes six ans quand s’est mariée celle que je croyais être ma grande sœur. Oui, c’est après son mariage qu’elle s’est enfin décidé de me dire que c’était elle ma mère.

Cela ne m’avait pas du tout affecté et cela n’avait rien changé de l’ambiance de complicité qui régnait entre moi et mon ex-mère, non plus de son « affection maternelle ». Auprès d’elle, je me sentais comblé, je ne manquais de rien. Elle faisait des pieds et des mains pour me rendre heureux.

Cependant, il y a quelque chose qui me manquait toujours. Je ne sais pas trop quoi mais, il faut avouer que, à des moments, j’aurais aimé que ça soit mon père qui m’accompagne à l’école comme les autres gosses de mon âge. J’avais besoin de jouer avec lui, qu’il m’apprenne à rouler sur vélo et toutes ces petites autres choses que font les enfants avec leurs pères. Par dessus tout cela, j’avais juste besoin de sa présence, j’avais simplement besoin de ressentir ce que ça fait d’appeler quelqu’un papa.

Mais, pourquoi je pense que ce lâche me manque ? pourquoi je pense qu’avec lui les choses auraient pu être différentes ? Je l’en voulais énormément jusqu’à ce que je me souvienne qu’il ne me connaît même pas et qu’il avait fuit juste en apprenant que j’allais naître.

Après une nuit intense de folie et de perversion passé avec ma mère au réveillon de Noël 1999, je ne sais pas à quoi s’attendait ce poltron que je ne voudrais même plus rencontrer. Alors que grand-mère pensait que ma mère veillait à la paroisse, c’était ma conception obscènement blasphématrice qui se réalisait.

Voilà pourquoi je perds ma bonne humeur chaque fois qu’approchent les fêtes de fin d’année. Je vois l’entêtement et l’agitation du monde autours face à ces fêtes, je vois tous ces jeunes prêts à tout donner, à tout sacrifier pour faire bonne impression lors de ces fêtes.

Je sens mon cœur en peine, je sens l’amertume qui se repend dans mon âme quand je regarde tout cela et je me dis que cela n’a jamais changé et qu’il y aura tant d’autres enfants qui naîtront en Septembre d’un père fuyard, irresponsable, qu’ils ne connaîtront peut-être jamais, comme ce fut le cas pour moi.


Le trésor plus enfoui que l’or et le diamant dans la terre de Walikale en RDC

Je devais normalement avoir honte de mettre aux yeux du monde pareille affliction qui nuirait à la réputation de mon pays. En écrivant ce billet, mon objectif n’est pas de dénoncer quoi que ce soit mais plutôt de déclencher une alarme, un SOS, pour la population de Walikale. Vivant au-dessus d’importants gisements des pierres précieuses, elle est, cependant, privé de ce trésor qui rend la vie vivable, viable, somptueuse et aisé : l’accès aux soins de santé.

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Salle d’opération de l’hôpital Oninga à Walikale

Par Jean-Fraterne Ruyange

Un sage a dit un jour, « A Walikale, les gens naissent pour vivre dans la misère la plus déplorable et meurent pour être enterré dans le luxe le plus fastueux, dans des sépultures taillées dans les gisements d’or et de diamant. »

Ne me demandez pas qui est ce sage qui aurait dit cela ni quand il l’a fait. C’est moi qui viens de le faire en écrivant ce billet. En effet, c’est ce que n’importe qui peut dire en observant le calvaire que vit la population de cette partie de la République Démocratique du Congo.

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Un malade sur un lit d’hôpital à Walikale

Muni de tout ce qu’il faut pour élever le niveau de vie de ses habitats, Walikale est aujourd’hui épinglé parmi les territoires les plus reculé, en termes de développement et de modernité en RDC.

A lire aussi : La légende des mines de Walikale en RDC

L’accès aux soins de santé, une affaire des riches

Le problème d’accès à la santé est d’actualité partout en RDC. Même dans les grandes villes, l’accès à la plupart des hôpitaux est une affaire des nantis. Les soins de santé y sont attribués en fonction de l’aptitude rémunératrice du porte-monnaie de tout un chacun. Ainsi donc, la médecine congolaise abandonne les démunis à leur triste sort. « Payer ou mourir », est le slogan adapté au système médical de la RDC.

A Walikale, cette situation est encore plus alarmante. Inutile d’y installer des infrastructures médicales conformes aux normes car la population n’est pas à même de payer la facture le coût des traitements reçus, comme si la santé avait de prix.

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Un nouveau-né et un malade de choléra sur un même lit d’hospitalisation

En dépit de trésors incommensurables que regorge son sol et son sous-sol, la médecine de qualité loge à des miles de ce territoire. Si on a la facilité d’y trouver la cassitérite, le coltan, l’or, et bien d’autres pierres précieuses, même à ciel ouvert, la santé est, quant à elle, invisible même au microscope. On dirait qu’elle serait enfuie dans les profondeurs insondables.


Une nuit avec mamie (partie II) : La vie de l’animal plus sacré que celle de l’homme en RDC

A premier vue, le titre de mon article semble un peu philosophique. Vous vous dites peut-être qu’il s’agit ici d’encenser l’attitude ou les mœurs de l’animal comparativement à celui de l’homme. Non, tel n’est pas le cas. Mamie n’est pas philosophe, elle appelle le chien par son nom. Comprenez donc ce titre tel quel, il s’agit d’une triste vérité, qui s’observe à Masisi, à l’Est de la RDC.

Ce billet est la suite d’un premier. Vous pouvez le lire ici.

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Des vaches dans une ferme à Masisi
Photo: flickr.com

Par Jean-Fraterne Ruyange

Éblouissant par son relief et ses collines verdoyantes, Masisi est un territoire de la province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC. Magnifique et fertile région d’alpage, Masisi est aussi appelée la « Petite Suisse », où paît le bétail en toute tranquillité.

Ce territoire était déjà fort prisé et apprécié du temps des Belges – colonisation – pour son climat doux. On a l’impression d’être au milieu des Alpes, alors que la forêt équatoriale n’est pas bien loin… Paysages et vues magnifiques qui portent le regard à des kilomètres à la ronde.

C’est également là le fief du fameux et délicieux fromage de Goma. Des activités touristiques tendent à s’y développer : randonnées à cheval, visite de la production fromagère, guest-houses… Idéal pour une mise au vert et pour s’imprégner de la beauté des paysages du Kivu.

Entre l’homme et le bétail, le choix est clair

« Cultivateurs et éleveurs représentent l’essentiel de la population de Masisi. La croissance de la population conjuguée aux besoins nouveaux de terres agricoles crée de sérieux problèmes qui dégénèrent en conflits violents entre les deux. La mobilité des animaux à la recherche de pâturages et de points d’eau – en l’occurrence les vaches – ne se fait plus sans antécédents », s’est indignée grand-ma.

Ainsi s’instaure et s’accentue une compétition entre les acteurs du monde rural, cultivateurs et éleveurs. Chacun a naturellement tendance à privilégier son activité et à protéger ses intérêts. Dans cette lutte anonyme, les contacts se soldent par des oppositions et des antagonismes incessants. Ces conflits deviennent de plus en plus nombreux et graves, menaçant ainsi la cohésion sociale. « Économiquement fort, l’éleveur piétine le pauvre cultivateur en introduisant son troupeau dans les champs, souvent expressément, ce qui détruit les récoltes de ce dernier » a poursuivi mamie.

L’indignation et les plaintes du cultivateur sont considérées comme un manque de respect et une provocation par l’éleveur qui ne tarde pas à réagir en démonstration de force.

Si le conflit persiste, cela peut aller jusqu’à torturer le cultivateur,  pire encore, lui ôter la vie, pour que son bétail paisse en paix… Ce genre de situation prend des proportions inquiétantes qui « enlèvent à la vie de l’homme son caractère sacré » a conclu mamie.


Une nuit avec mamie (partie I) : le mariage dans les traditions ancestrales en RDC

Actuellement, il existe en Afrique trois modes des mariage : le mariage religieux, le mariage civil et le mariage coutumier. Ils cohabitent dans la plupart des sociétés africaines et sont même complémentaires. Ils sont à considérer comme des formes modernes de mariage, car, dans le temps, nos aïeux ont vécu d’autres formes de mariages, aussi surprenantes que déprimantes.

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Ma grand-mère, racontant les histoires du passé

Par Jean-Fraterne Ruyange

« Un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle » avait déclaré Amadou Hampâté Bâ. Et oui, il n’avait pas tort. Heureusement, j’ai encore une bibliothèque où abreuver ma soif d’entrer en contact avec mes racines. Il s’agit de ma grand-mère. Ici, je vous rapporte ce que j’ai lu dans son livre des souvenirs concernant le mariage dans nos traditions.

Quand je parle de « son livre des souvenirs », n’allez pas comprendre que je suis tombé sur une sorte d’ «agenda ou grimoire» où elle aurait conserver son vécu. Chez nous, « l’Histoire s’écrit à l’oral ». Lire le livre des souvenirs d’un griot consiste donc à s’asseoir auprès de lui et à l’écouter… Pour faire le coq, il suffit de lui poser des questions, en faignant de vouloir puiser la morale grâce à son expérience.

C’est là le jeu qu’adorent nos griots. Réussir à les embarquer dedans, c’est réussir à voler leur temps. Voilà comment je suis parvenu à voler à mamie presque toute sa nuit… Le nœud central de mon interrogation consistant à savoir comment se mariaient ses contemporains, elle a préféré me dévoiler aussi pourquoi ils se mariaient.

La procréation : cause, but et finalité du mariage

La première chose que m’a révélée mamie c’est qu’à son époque, il était difficile de parler de l’amour. Pour elle, les gens qui s’aimaient étaient ceux qui arrivaient à vivre ensemble sans précédents immondes. Il n’était donc pas question de chercher à cohabiter parce qu’on s’aime mais plutôt de chercher à s’aimer parce qu’on cohabite.

Il faut aussi souligner que dans tout cela, ce qui importait c’était de faire des enfants. Cohabiter pour faire des enfants. C’était uniquement pour cela que nos aïeux se mariaient. La cause, le but et la finalité du mariage était donc de faire des enfants. Une union sans enfants a toujours été considérée comme absurde parce-que les enfants sont une source de fierté, ils sont le prestige de la famille.

Comment se mariaient alors nos aïeux ?

A ce niveau, grand-ma a un peu trop parlé mais j’ai quand même retenu trois – parmi tant d’autres – des manières majeures dont se mariaient nos aïeux :

  1. Le mariage arrangé

J’aurais tendance à plutôt parler de mariage « forcé » mais le terme est un plus lourd. Il s’agit d’une union souvent précoce  pour les femmes. Selon les dire de mamie, cela s’expliquerait d’abord par l’inégalité des sexes. Dans nos traditions, la femme a toujours été considérée comme étant inférieure à l’homme. D’où le fait qu’ elle constitue une charge pour la famille, il faut donc s’en débarrasser le plus tôt possible.

Ce mode de mariage a toujours été prisé en Afrique par les familles pauvres qui cherchent à créer des alliances stratégiques avec les familles des riches.

À ce niveau, ce sont les parents qui choisissent à qui donner leur enfant en mariage. Il ne s’agit donc pas de deux êtres qui s’aiment mais de deux personnes qu’on oblige à s’aimer.

  1. Le mariage choisi

Je l’ai qualifié d’ « amour choisi » car je n’ai pas trouvé d’autres mots qui pourraient illustrer cela mieux. Ici aussi, il ne s’agit pas d’épouser qui on aime mais plutôt de choisir qui épouser. L’époux ou l’épouse est choisi(e) en fonction de ses aptitudes et/ou de ses atouts (excellent chasseur, très bon cultivateur, bonne danseuse, chanteuse ou encore bonne ménagère…).

Une fois d’accord entre eux, ce qui incombe encore aux deux partenaires c’est de convaincre leurs parents respectifs sur leur choix. Pas donc de mariage possible dans nos traditions sans l’implication des parents. Ce sont eux qui approuvent ou désapprouve l’union, qui plus est, en dernier ressort. Pas d’appel à leur décision.

  1. Le mariage par rapt

Voilà le mode de mariage qui m’a le plus intéressé. Avec celui-ci, pas question de rater la femme de ses rêves. Dans ma situation, il serait le remède par excellence qui adoucirait mes pulsions amoureuses.

Le mariage par rapt chez nos aïeux, consistait à enlever la femme (fille) que l’on veut pour épouse. Cet enlèvement s’organisait par l’homme qui voulait fonder famille, en concert soit avec ses amis, soit avec sa famille. L’assaut était lancé une fois que la « mariée » se rendait à la rivière ou aux champs. Prise de force, son « homme » devait l’obliger à consommer leur union pour s’assurer qu’elle ne pourra plus revenir chez ses parents.

Après cette union, qu’elle veuille ou non de son mari, la femme était dans l’obligation de cohabiter avec lui. Dans nos traditions, une femme qui avait déjà connu un homme ne pouvait pas être mariée par un autre. La virginité avait donc une place de choix dans le mariage. Ces mêmes traditions ne permettaient pas non plus aux femmes de rester célibataires. Voilà pourquoi le mariage par rapt fonctionnait aussi plutôt bien.

Pour lire la deuxième partie de ce billet, cliquez ici.


L’élection est hellène, la répression est nègre

L’avenir de l’Afrique ne sourit pas à la démocratie. Il est clair que le casse-tête autour des élections est la preuve la plus tangible de l’incompatibilité entre nos us et coutumes et la démocratie.

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Arrestation brutale en marge d’une manifestation à Kinshasa contre le pouvoir de Joseph Kabila (Photo d’illustration). © AA/Pascal Mulegwa avec son aimable autorisation

Par Jean-Fraterne Ruyange

Chaque fois que je me pose la question de savoir si les pays africains sont démocratiques, je tombe dans l’embarras. J’observe ce qui se passe à l’occident lorsqu’on y parle de la démocratie : la liberté d’expression, l’alternance au pouvoir, l’indépendance du pouvoir judiciaire et toutes les valeurs qui y sont liées. Je me demande ce qu’il nous faut pour enfin apprivoiser ces valeurs qui promeuvent la paix, assurent le développement, raniment l’espoir…

Tout ce que la démocratie a de positif ne se vit pas dans la plupart des pays africains. Mis à part une dizaine des pays, dont la Tunisie, le Ghana, le Cap-Vert, l’Afrique du Sud et la Tanzanie, où les délais constitutionnels sont observés, la démocratie met à feu et à sang le reste du continent noir. Comment y parler de la démocratie ?

D’ailleurs, c’est quoi la démocratie?

Si, pour Abraham Lincoln, « la démocratie est le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », en Afrique il convient de parler d’une démocratie de façade, une démocratie caricaturée.

« Le peuple étant le souverain primaire, il exprime sa volonté à travers la constitution puis lègue sa souveraineté à une poignée de personnes qu’il se choisit pour exercer cette souveraineté, car tous les citoyens ne peuvent l’exercer au même moment. » En tout cas, c’est ce que je pense être la démocratie sous d’autres cieux, sauf dans le berceau de l’humanité.

Est-ce alors le peuple africain qui ne sait pas exprimer sa volonté ou est-ce dans la nature de ses dirigeants de conserver les attributs vétustes du pouvoir que sont la divinité et la sacralité ? Si ce n’est pas ça, qu’est-ce qui expliquerait la monstrueuse dénaturation de la démocratie qui donne à nos jours « le pouvoir du plus fort, par le plus fort et pour les plus forts » ?

La liberté est morte, vive la répression

Une démocratie sans piliers, je ne sais pas si s’en est une. Bouches muselées, médias scellés, libertés bafouées, élections simulacres ou simplement inexistantes. Après le vent des indépendances des années 60 et le vent des démocraties des années 90, maintenant c’est le vent des répressions qui souffle sur le continent noir.

Après les échauffourées au Kenya, où on a assisté à l’annulation des élections présidentielles pour la toute première fois en Afrique, aujourd’hui c’est en République Démocratique du Congo et au Togo où on assiste à des soulèvements des masses.

Les faits ne sont pas que récents, le maintien au pouvoir en 2015 de Pierre Nkurunziza a coûté la vie de plus 2000 Burundais. Les Burkinabés, quant à eux, bien qu’ils aient pu faire partir Blaise Compaoré par les émeutes de fin octobre 2014, on a dénombré plus de 100 blessés et une trentaine des pertes en vies humaines. Et la liste n’est pas exhaustive…

Les urnes, mythe ou cauchemar ?

Certes, il arrive que les pays africains fassent parler les urnes mais ce n’est toujours pas la volonté du peuple qui en ressort comme résultat. Les élections ne sont rien d’autre qu’un moyen de légitimer un pouvoir spolié et arraché au peuple.

Comme Ali Bongo, le président gabonais, l’a dit en 2005 : « En Afrique, on n’organise pas les élections pour les perdre. »

La souveraineté du peuple se trouve donc confisquée par ceux qui détiennent les moyens de contrainte : les forces de défense et de sécurité (armée, police) et l’argent du contribuable (achat des consciences).

Le peuple ne trouve aucun compte dans tout cela. Sa souveraineté n’est plus qu’escroquerie. Il n’a délégué personne et personne ne lui rend aucun compte. On comprend alors que la démocratie n’est pas le système politique qui convient aux Congolais.

A quoi bon se battre jour et nuit pour une démocratie qu’on ne saura pas adopter ou pour des élections qui ne vont apporter aucun changement ? La kyrielle de journées villes mortes et manifestions que nous impose la démocratie ne fait que nous détourner des vrais défis que nous devrions relever. Aujourd’hui, nous ne savons pas voir combien toute l’Afrique avance à reculons, combien l’économie de la plupart de nos pays est aux abois…

A lire aussi ===> La descente aux enfers de l’économie congolaise


Trois choses à retenir du hackathon de l’Institut français de Goma en RDC

Du vendredi 20 au dimanche 22 octobre 2017, j’ai eu la chance d’assister à une activité dont peut rêver tout techno-entrepreneur, grâce à l’Institut Français de Goma, à l’Est de la République Démocratique du Congo. Il s’agit bel et bien d’un hackathon.

Hackathon-Institut-Francais-Goma
Photo: Institut Français / Des participants au hackathon de l’Institut Français de Goma

 

Par Jean-Fraterne Ruyange

Hackathon, quid ?

Je vais essayer d’expliquer ce mot dont, moi-même, je ne parviens pas à appréhender les contours du sens. Après les trois jours passés à l’Institut français, je ne suis vraiment pas parvenu à donner à ce mot une définition qui puisse dire clairement ce que ce qu’un hackathon.

Cependant, j’ai retenu quelques mots qui peuvent essayer de nous donner une idée sur ce que cela peut bien être : « Entrepreneuriat, NTIC, technologies, Internet, innovation, imagination, créativité, start-up… »

Un hackathon c’est en quelque sorte le mariage de tous ces mots, hélas, je n’ai pas trouvé la bonne manière de les marier. D’ailleurs, il n’y a pas longtemps, ce mot n’existait pas dans le dictionnaire français. Ici, on définit le hackathon comme étant un « événement où des programmeurs se rencontrent pour collaborer au développement des logiciels« .

Maintenant que nous essayons de comprendre un tant soit peu ce que c’est un hackathon, découvrons les trois choses que j’ai retenues du hackathon de l’institut français de la République Démocratique du Congo, halle de Goma.

1. Le futur appartient à ceux qui ont l’internet

Quand je me mets à revivre les projets on ne peut plus innovants qui ont concouru à ce hackathon, leur accent mis sur le numérique, je ne peux, une seule fois, concevoir le monde dans 10 ou 20 ans entre les mains des profanes, en ce qui concerne l’internet.

De la simple gestion du temps à la protection de l’environnement, en passant par l’agro-alimentaire, des jeunes programmeurs de Goma ont innové dans les domaines de la santé connectée, l’agriculture connectée, les objets connectés et la robotique.

2. L’internet, une affaire d’hommes

Pas étonnant de constater que sur les 100 participants du hackathon, il n’y ait qu’une seule présence féminine. L’internet et la femme en République démocratique du Congo, c’est une histoire de désamour. Que faut-il en dire en ce qui concerne l’entrepreneuriat ? A cette question, je me réserve le droit de silence pour ne pas énerver celles qui ont su prendre au sérieux l’opportunisme de la « discrimination positive ».

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3. Il existe l’homme parfait, c’est le programmeur

Ceci est une affirmation gratuite, prétendront les pessimistes. Je ne suis pas moi-même programmeur, je n’ai donc aucun intérêt pour encenser les programmeurs. J’assume quand même mes mots car ce que j’ai vécu auprès d’eux pendant les trois jours du hackathon est simplement remarquable.

Ils ont travaillé pendant 48 heures non-stop, ils ont créé pendant ce temps-là la première société au monde qui n’ait pas besoin d’un chef pour garder sa cohérence. Ils avaient pour seul guide leur vision et pour seule loi leur passion. Pendant 48 heures, aucun dégât enregistré, aucune perte que ce soit en matériels comme en vie humaines. Plus que remarquable…


Congolais, debout !

Toi qu’on froisse, toi qu’on percute, toi qu’on agace, toi qu’on tracasse, toi qu’on harcèle, toi dont le désespoir brouille l’avenir, c’est à toi que je m’adresse.

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Des Congolais fuyant la guerre

Par Jean-Fraterne Ruyange

Congolais, où es-tu ?

Pour que ce soit les autres qui parlent en ton nom, pour que ce soit les autres qui se battent à ta place dans un combat qui n’est pas la leur ? Pourquoi recherches-tu encore de la chaleur sous tes couverts alors que le mépris, l’insolence et la duperie sont les plats dont on nourrit ta patience ? – Ou, disons mieux, ta nonchalance –. Lasse-toi d’assouvir ta patience par les promesses de ces fines mouches car elles ne sont qu’illusoires. Réveille-toi de ton sommeil, sors de ce cauchemar…

Congolais, que penses-tu ?

Quand La Fontaine dans ces fables dit: « Selon que vous soyez puissants ou misérables, les jugements des cours vous rendront noirs ou blancs ». A toi de décider d’être l’âne, et être responsable de la peste, juste pour avoir brouté de l’herbe sans permission ; ou d’être le loup et manger force mouton, sans que cela ne soit menaçant. Et pourquoi pas le lion pour arracher la paix, la tranquillité et la démocratie des mains de ces vautours, ces messagers de malheur qui flirtent avec la mort, qui l’ont pris en otage ?

Souviens-toi, le lion ne négocient pas, il ne se fait pas prier pour avoir sa proie. Il l’arrache par son rugissement. Congolais, qui t’a muselé ? Rugis !

Congolais, que fais-tu ?

Tu vénère la misère qui t’accable, tu plies sous le joug de l’abnégation, tes enfants meurent de faim. Tu ne réagis toujours pas ? Ériges ta bravoure en bouclier de résistance, dresse ta dignité devant toi pour tenir à l’écart la sournoiserie de l’ennemi qui t’asservit et la manipulation du frère qui se joue de toi. Sois responsable devant ta destinée, ne démissionne pas de ton devoir citoyen.

Congolais, vois-tu ?

Ou tu es simplement aveugle pour ne pas voir la réalité flagrante qui s’affiche devant tes yeux. Si les contours et l’ampleur de l’atrocité et de la barbarie que vivent tes frères et sœurs sur l’ensemble du territoire national ne dérangent pas ta quiétude et ton âme, tu es un citoyen perdu. Ta nation, tu vas la perdre aussi. Que peut-on espérer de toi ?

Congolais, tu es là ?

Prends ton pouvoir, tant que tu demeureras enfantin, libertin pour rester là à t’apitoyer sur ton sort au lieu de te libérer, contre vents et marrées, rien ne va s’améliorer, tout restera dramatique.

Congolais, que veux-tu ?

Si vouloir c’est pouvoir, tu dois d’abord y croire. Agis pour redorer ton histoire, pour inspirer ta postérité, pour leur léguer un héritage louable et prospère. Brave le froid, la faim et la soif, lève-toi, débout, pour combattre l’injustice.

Débout pour dénigrer la haine, dénoncer la violence, d’où qu’elle vienne, contrecarrer le népotisme et le tribalisme. Tu veux vivre ? C’est simple : Tu dois combattre. Je ne te demande pas de combattre pour mourir mais, plutôt, de combattre contre la mort, de combattre pour ta survie.

Congolais, courage !

Oui, il faut que tu prennes courage en ce temps où ton pays est dans un chaos total. Si tu sème la nonchalance, tu ne récolteras que l’insolence et la grossièreté de ceux qui dirigent ton pays.

Tu le sens déjà, cela te parait en fin claire. La démocratie que tu veux, les élections que tu espères, c’est une pluie qui ne peut couler que grâce aux nuages que tu auras provoqué. Ne te confie pas à la météo de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) car depuis 2016, c’est la troisième fois qu’elle donne des prévisions qui s’avèrent aussi truquées. Et si tel n’est pas le cas, son baromètre serait en panne.

Lassé ? Nous le sommes tous mais cette guerre, nul ne peut la gagner seul. Mettons-nous tous débout pour nos droits et ceux de nos enfants. Nous lamenter ne nous rendra aucun service. Nous avons besoin de toi, la nation a besoin de toi, joints-toi à nous, bats-toi pour ces jours heureux que tu veux pour tes enfants, rugis pour arracher ce qui te revient de droit.

Il est temps, Congolais, rugis !


L’amour est mort

Accepter que ce ne soit pas toi
M’a embrasé le cœur d’émoi
Ces larmes
Et ce chagrin qui m’assomment
Ne sont que des symptômes
Des lésions de mon âme.

Et dire que nos chemins se séparent
Désormais
Que ma route ne sera jamais pas pavée
Par le charme de ton sourire
Et les étincelles de ton regard
M’estropie de la félicité.

Savoir qu’aux temps de nos rides
Tu seras bercé dans les bras d’un autre
Qu’avec lui tu ne feras qu’une chair
Et que je n’aurai pas de compagne
Dans mes ballades
Ne fera que m’affermir dans la peine.

J’accepte qu’il n’y ait jamais de nous
Sans renoncer à cette vive flamme
Qui a su incendier mes sentiments
Jamais, j’en fais le serment
Je ne laisserai personne prendre ta place
Car, dans mon cœur,
L’amour est mort.


Lettre ouverte au Premier ministre de la RDC : « mon passeport est valide »

Monsieur le Premier ministre, de prime abord, je tiens à m’excuser car je vous écris sans savoir à qui je m’adresse exactement. Je l’avoue, depuis le départ de  l’ex-Premier ministre (Matata Ponyo), qui a démissionné en novembre 2016, je ne sais pas vraiment qui est notre actuel Premier ministre. Je m’imagine cependant que nous devons en avoir un, voilà pourquoi je vous écris.

Par Jean-Fraterne Ruyange

J’espère que mes compatriotes me comprendront et qu’ils ne me jugeront pas négativement car ce n’est pas de ma faute si j’ignore le nom ou la fonction de tel ou tel autre autorité politique du pays. Je n’y suis vraiment pour rien, pour tout dire je ne me rappelle même plus combien de gouvernements nous avons eu depuis 2006. Dans ma tête, il y a juste des noms qui reviennent comme Badibanga, Tshibala, Minaku, Otundu, Mende, Boshab, Toto, Kanku, Mwamba… et tous ces noms ont occupé presque tous les postes qui existent au pouvoir, il m’est donc difficile de savoir lequel ils occupent aujourd’hui.

Ma lettre ne respecte pas les règles de rédaction, j’en suis conscient, mais tel n’est pas ma préoccupation. Ce qui me préoccupe, comme beaucoup de Congolais, c’est la décision du gouvernement -dont vous êtes le grand boss- en ce qui concerne les passeports des congolais. Pourquoi décider d’annuler les passeports encore valides de milliers de Congolais ? Des passeports nouveaux, semi biométriques, qui ont été délivrés il y a à peine deux ans, et qui plus est, coûtent très cher. La forme de ma lettre importe peu car nous n’avons pas besoin d’une introduction, d’un développement ou d’une synthèse pour comprendre que votre décision n’a pas été bien accueillie par les Congolais.

Vous avez personnellement été témoin du mécontentement du peuple et de son acharnement pour faire annuler cette décision, mais, par surprise, vous avez ajouté l’insulte au préjudice en essayant de vous défendre. Pire encore, ceux qui ont eu le courage d’exprimer leur désaccord en manifestant pacifiquement ont subi le sort que vous connaissez bien. Inutile de vous rappeler que la restriction de nos droits fondamentaux ne saura que nous mettre au pied du mur…

En quoi la reconnaissance ou non de nos passeports semi-biométriques par d’autres Etats (par exemple les Etats-Unis ou les Etats de l’espace Schengen) devrait conduire inéluctablement à leur invalidation s’ils sont encore à jour aujourd’hui ? En quoi les décisions d’un Etat tiers ou d’une quelconque organisation internationale primeraient-elles ? A quoi servirait votre diplomatie si une telle catastrophe arrivait à se produire ?

Et si nous devions obtempérer, où se situerait la souveraineté nationale que ne cesse de prôner votre gouvernement bien amusant – énervant – ? Allez-vous fléchir le genou face à cette ingérence qui ne dit pas son nom ? Pensez-y monsieur le Premier ministre.

L’autre sujet que je souhaite aborder et qu’il ne faut pas le taire, Excellence, concerne l’identité des enfants de Lumumba. Vous êtes sans ignorer que les Congolais n’ont pas d’autres pièces d’identité en dehors de leur passeport (mis à part les cartes d’électeurs qui, pourtant, sous d’autres cieux, n’ont jamais servi de pièce d’identité et ne peuvent, sous aucune forme, permettre aux congolais de vaquer librement à leurs occupations en dehors du pays). Vous êtes donc en train de faire de milliers de Congolais des sans-papiers. Pire encore, vous êtes en train de leur ôter leur identité.

Inutile d’évoquer l’état précaire du peuple congolais. Le citoyen moyen qui travaille à la fonction publique touche à peine 100 000 francs congolais, Excellence, ce qui est loin de 100$ US par mois. En plus de payer lui-même les frais de scolarisation de ses enfants – une des responsabilités auxquelles a renoncé votre gouvernement – il doit aussi nourrir sa famille.

Par ces exemples je ne fais que vous rappeler que le congolais moyen n’est pas à même de joindre les deux bouts à la fin du mois. D’ailleurs, on ne sait pas par quel miracle/magie il a pu acquérir son passeport semi-biométrique ! Et maintenant vous voulez l’en priver alors que ce passeport est encore valide ? Vraiment ?

Pourquoi vous acharnez-vous à rendre la vie si difficile aux Congolais ? Vous vous défendez en argumentant sur la modernité des passeports 100% biométriques et sur la garantie de sécurité qu’offriraient ces passeports. Sachez que nous ne sommes pas contre le progrès que vous cherchez à instaurer, nous ne sommes pas non plus contre la prétendue sécurité que vous prétextez vouloir nous donner. Rappelons ici que nous avons survécu en mode non biométrique depuis… si longtemps ! Est-ce vraiment en invalidant nos passeports semi-biométriques que seront résolus tous les problèmes d’insécurité au pays ? Rappelons aussi que dans plusieurs pays les passeports semi-biométriques ont cours légal à côté des passeports biométriques jusqu’à leur expiration.

Vous évoquerez sûrement l’innovation comme moyen de défense, alors, laissez-moi vous dire que la seule innovation dans cette décision c’est de nous obliger à payer deux passeports à la fois ! Parlons aussi du prix de ces fameux passeports biométriques, pourquoi est-il aussi élevé dans un pays où le pouvoir d’achat est quasi-inexistant ? Plus de 200 dollars. Oubliez-vous le calvaire du peuple congolais qui s’est alourdi à cause de la dépréciation de leur monnaie, qui continue à faire grimper dans les tours les devises étrangères ?

La seule façon de comprendre cette magouille c’est de savoir qu’en réalité c’est une autre forme de prolifération d’impôts et autres taxes… qui arnaquent le peuple congolais tous les jours. Comment expliquez-vous qu’en seulement dix ans, nous ayons eu quatre sortes différentes de passeports ? Est-ce normal ? C’est « sui generis » mais, hélas, nous sommes vendus vivants à ceux qui veulent des commissions.

En outre, s’il faut parler de validité, monsieur le Premier ministre, inutile de vous rappeler que c’est plutôt le mandat de votre gouvernement qui est invalide. Invalide depuis décembre 2016. Nous continuons à vous supporter à la tête du pays malgré toute cette pagaille dont nous sommes victime par votre faute. Jusqu’à quand comptez-vous abuser de notre patience ?

Monsieur le Premier ministre, si je vous écris, c’est parce que j’ai compris que cette affaire de passeports ne concerne pas uniquement le ministère des Affaires extérieures (qui a révélé cette décision). De l’économie au social, en passant par l’intérieur (sécurité), l’éducation… tous les domaines sont concernés. Sachez que les Congolais ne pourront pas digérer la décision d’annulation de leurs passeports, que ce soit pour le 14 octobre 2017 ou pour le 14 janvier 2018.

S’il ne vous revient pas d’annuler cette décision, faites que le concerné ressente cette urgence, parce qu’il me semble qu’il n’est pas informé du calvaire que vivent les Congolais. Vous êtes le chef du gouvernement, celui qui dirige donc l’action de nos ministres bien-aimés, agissez donc en conséquence, c’est à vous qu’il revient de ne pas réveiller les vieux démons qui  sommeillent dans l’exaspération des Congolais. En ce qui me concerne, « Mon passeport est valide » jusqu’à la date de son expiration.


Pour quoi nous nous habillons?

Plus d’une personne ne s’est jamais posé la question de savoir pourquoi nous devons porter des habits. Si vous vous posez cette question tout de suite, je suis sûr que vous n’aurez pas du coup la réponse. – Ceux qui viennent d’essayer sont d’accord avec moi, je suis sur. –

Pour la première fois, je propose des astuces sur mon blog. Le sujet que j’aborde ici semble un peu absurde et, certes, je ne prétends pas donner les réponses évidentes car la liste ci-dessous peut être aussi inachevée que variable d’une personne à une autre. Cependant, je pense avoir brossé les principales raisons qui nous font porter les habits.

1. Pour nous protéger

habits-esquimeauxS’habiller pour se protéger des éléments externes (Soleil, froid, chaleur, pluie) sans oublier qu’il y a aussi des piqûres d’insectes, des morsures etc…

C’est pratique de s’habiller mais n’exagérons pas l’aspect fonctionnel des vêtements. Par exemple, si on ne tenait compte que du froid le peuple de l’Équateur et des pays chauds traineraient nus avec un chapeau ou para-soleil presque toute l’année. En plus s’habiller affaiblit notre capacité naturelle de thermorégulation, selon ce que j’ai lu vraiment quelque part, malheureusement, je ne me souviens pas trop où.

2. Pour des raisons de « morale »

pudeurLes vêtements les plus importants restent ceux qui nous aident à cacher nos parties intimes pour éviter d’exciter la convoitise.La pudeur est sans doute l’élément le plus important qui nous pousse à nous vêtir mais quand on observe de près la réalité semble complexe. On dirait que nous nous cachons plus pour donner du prix en excitant le désir pour dévoiler plus tard.

D’où l’adage courant « les pierres les plus précieuses sont celles enfouies dans la profondeur des entrailles de la Terre. »

Ce que je retiens dans cela est que c’est pour envoyer un message du genre « Je cache quelque chose mais tu n’as pas le droit de voir ».

3. Pour nous orner

parureLe vêtement comme parure pour le corps, son origine se retrouve dans les trophées de chasse (La peau de léopard comme pour Mobutu, celle du crocodile pour le président Bobo – Juste pour rire, lol – , de loup ou du lion de Némée pour Hercule, de tigre etc…) que le chasseur porte en souvenir de sa victoire.

A ce rôle d’intimidation se rattache le besoin d’ajouter un petit plus au corps humain pour le perfectionner, en grandissant avec des talons hauts ou resserrant la taille pour les femmes ou en élargissant les épaules pour les hommes. Ces sont là tous des fantasmes qui vont s’inscrire dans l’inconscient collectifs jusqu’à ce qu’on en oublie le pourquoi de s’habiller.

4. Pour communiquer

jean-fraterne-ruyangeS’habiller véhicule un message, pour preuve il n’y a qu’à voir les banquiers. Personne n’est prêt à confier son argent à un nouveau banquier qui le reçoit dans son bureau en culotte et singlet !

Eh oui ! très souvent l’habit fait le moine.

Dis-moi comment tu es habillé, je te dirais qui tu es, du moins, je te dirais quelle impression tu me fais.
Une jeune femme en robe blanche et une voile aux yeux sous-entends la mariée ; un homme au barreau en toge noire garni d’une cravate blanche, un juge, magistrat ou avocat…

Maintenant que nous avons une idée générale sur  » pourquoi nous nous habillons « , que ça soit pour la protection, la parure ou le langage, tant mieux le faire en veillant sur la pudeur car c’est l’élément le plus important qui nous pousse à nous vêtir.

Par Jean-Fraterne RUYANGE


En RDC, les jeunes filles doivent se lancer à la conquête d’Internet

À Goma, une ville à l’Est de la République Démocratique du Congo, les NTIC n’ont jamais atteint leur âge d’or. Le taux de Congolais ayant accès à Internet étant trop bas (moins de 5%), n’incite pas la jeunesse à s’investir dans les NTIC, surtout les jeunes filles.

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Des jeunes filles en atelier sur les NTIC

Par Jean-Fraterne Ruyange

Selon les statistiques, le taux de pénétration internet en RDC nage entre 1 et 4%. Les raisons étant nombreuses, je ne vais pas m’y attarder, car elles varient aussi d’une personne à une autre. L’aspect qui me préoccupe le plus, cependant, c’est le côté lucratif que les Congolais n’exploitent pas. Monter une activité en ligne en RDC serait irraisonnable, alors que sous d’autres cieux, Internet est une source de revenu comme tant d’autres.

J’ai promis de ne pas m’attarder sur les causes de la non accessibilité des Congolais à Internet. A ce niveau, je présente plutôt un problème auquel se heurte même cette petite minorité qui y accède. Le problème n’est pas seulement celui lié à la liberté de l’expression, comme pourrait le décrier plus d’un, mais aussi celui du coût de l’internet même. (Si je parlais je parlais des causes, j’allais parler de la pauvreté.)

Les NTIC, une affaire d’hommes

C’est vraiment ce qui s’observe au pays. Je n’ai pas eu la chance de tomber sur les statistiques relatives mais c’est aussi visible à l’œil nu. Parler de l’Internet chez les femmes en RDC renvoie directement aux réseaux sociaux les plus basiques (Facebook, Instagram, WhatsApp).

Pour elles, l’internet c’est juste pour partager les photos, échanger leurs nouvelles de la journée, point barre. Le reste est une affaire d’hommes. Disons mieux, pour elles c’est une question de se voir et non de se faire entendre. Pour quelles raisons ? J’avoue, je l’ignore. Après que je me sois interrogé là-dessus, je me suis rendu compte que ces raisons seraient beaucoup plus culturelles qu’intellectuelles.

Notre société n’accorde pas à la femme assez de temps pour s’épanouir. S’occuper des travaux ménagers est son principal lot familial. C’est au niveau des raisons intellectuelles que la femme devient aussi responsable de cette situation : on dirait qu’elle ne veut jamais savoir pourquoi ni comment se connecter. – Je crois ne pas en vexer certaines –

Femmes, à vous l’Internet

Pour aider les femmes à conquérir l’Internet en tant qu’espace d’expression, Rudi international a lancé une série d’ateliers qui s’est étendue sur quatre mois pour encadrer une vingtaine des jeunes files de Goma en vue de les initier aux NTIC.

Pendant ces ateliers, il n’a pas été seulement question de leur apprendre comment jouir de leur liberté d’expression, mais aussi comment fonctionne l’Internet, car derrière l’écran de l’ordinateur comme du téléphone se passent beaucoup des choses, beaucoup d’aspects qui nous échappent.

Actuellement, plusieurs d’entre elles sont blogueuses, d’autres détiennent des comptes Twitter et que sais-je encore… En plus de pouvoir, désormais, s’exprimer et partager leur opinion, elles pourront aussi interagir avec le monde, voire même rentabiliser le temps qu’elles passeront sur Internet.


La Campagne « Speak » à Goma : enfin ils vont parler!

Du 21 au 23 Septembre 2017, la campagne « Speak » va donner la parole à plusieurs centaines des personnes à travers le monde qui n’ont pas l’occasion de se faire entendre. A Goma, elle sera aussi au rendez-vous.

Par Jean-Fraterne Ruyange

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#TogetherWeSpeak

La Campagne « Speak » à Goma

A Goma, une volcanique à l’Est de la république Démocratique du Congo, cette campagne sera au rendez-vous grâce à la Blogosphère Gomatracienne, #BloGoma, un groupe informel des blogueurs de cette ville, en partenariat avec le réseau des radios communautaires du Congo, CORACON en sigle, et le centre de formation en Anglais TOEFL Learning Center, dans son programme Brigde4Future2DRC.

Cette activité se tiendra le 23 septembre 2017 au Centre TOEFL, situé au sein du collège Professeur Midagu, non loin du campus Moïse de l’Université Libre des Pays des Grands Lacs. Les participants viendront des couches sociales variées: des femmes politiques aux enfants de la rue, en passant par les femmes vendeuses et les réfugiés en vue de débattre sur la meilleure façon de les aider à user de leur liberté d’expression efficacement.

Autour du thème « la majorité oubliée : Aider la masse à occuper l’espace civique », la campagne « Speak » à Goma vise à accorder un espace d’expression aux personnes et couches sociales qui n’ont pas la chance ou la possibilité de parler dans les médias traditionnels ou sur les réseaux sociaux.

La voix des sans voix : oui, mais sous quel mandat ?

Pour la Blogosphère Gomatracienne, il n’est pas question de profiter de cette campagne pour parler au nom des gens, comme le prétendent souvent ceux qui s’appellent « voix des sans voix ». Il sera plutôt, pour la #BloGoma, une occasion d’offrir un espace d’échange et de réflexion ou ces membres de la communauté locale parleront pour eux même, se faire entendre sans intermédiaire auto-proclamé.

Pour atteindre son objectif, la #BloGoma, avec le concours de ses partenaires va, à partir de ce 13 Septembre publier une série de 10 articles, en raison d’un article par jour, qui pourront être des portraits, des interviews, des petites vidéos prise à l’aide des téléphones mobiles, des expériences et/ou témoignages personnels et réflexions relatifs aux personnes qui n’ont accès ni aux médias traditionnels ni à internet. A cela s’ajoute des émissions qui seront diffusé par des radios membres de la CORACON.

Vous pouvez suivre la discussion en ligne grâce au Hahstag international #TogetherWeSpeak et le hashtag local #BloGoma


Technologie vs orthographe : La langue de Molière pervertie

Faire du monde un village, voilà le succès spectaculaire de l’essor technologique. Que nous soyons dans une même ville ou dans différents continents, nous avons la possibilité de nous parler sans nous rencontrer physiquement. Le virtuel a facilité la correspondance et, avouons-le, il l’a aussi frelaté.

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Un jeune accroc accroc aux réseaux sociaux

Jadis, une correspondance charmante

Notre génération n’a pas eu la chance de vivre ce moment où la correspondance était vénérée jusqu’à être l’un des piliers du romantisme. Pour faire la cour, il fallait sortir sa plus belle plume, recourir à la poésie la plus charmante de Hugo ou Lamartine, tenter les mots d’amour les plus envoutants… Avec autant d’astuces et précautions, pas l’ombre d’un doute que le dictionnaire soit le compagnon le plus proche à cette époque.

Et comme si cela ne suffisait pas, pour conquérir le ressenti du destinataire, il faillait parfumer sa lettre, l’expédier dans une enveloppe avec le dessin le plus fascinant qui soit et que sais-je encore. C’était l’apogée des lettres, la sacralisation de la parole. La séduction, tout comme la conviction d’ailleurs, reposaient sur une expression écrite bien soigné.

Même dans le monde professionnel, en plus de la richesse de son CV, une lettre de motivation manuscrite – écrit à la main – était impérative pour jauger les capacités d’un requérant à un poste quelconque. La parole valait son pesant d’or, elle était l’échelle de mesure de l’intelligence et du discernement.

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Et la technologie se révéla

Aujourd’hui tout va plus vite, la technologie a tout fait basculer. Des simples textos, aux posts sur les réseaux sociaux, il faut raccourcir son texte. Être le plus synthétique possible pour écrire peu et dire plus, tel est le secret de la correspondance technologique.

« 10 m3 ckil ta 10 kar gv l8 rmtr ca dmé » (Dis-moi ce qu’il t’a dit car je dois lui remettre ça demain) ; « 7×6 tu vi1 ojourd8 » (Cette fois-ci tu viens aujourd’hui) ; « tkt j’t kif » (T’inquiètes je te kiffe). Avec la contrainte de la page alphanumérique des téléphones portables et de certains réseaux sociaux comme Twitter, il faut apprendre à condenser les mots au mieux.

Les chiffres font désormais parti de l’alphabet et la communication est sans détour, cependant, l’orthographe est, quant à elle pervertie. Ses règles et ses principes sont outragés par les requis de l’écriture technologique.

L’orthographe est en péril, c’est vraiment mon constant car, dit-on, l’habitude est une seconde nature. Amputer les mots en y intégrant des chiffres conduira à la longue à l’oublie de l’orthographe correcte du français.

En RDC, le niveau du français est au rabais depuis longtemps chez les jeunes car ils ne lisent pas. Le phénomène « texto » est venu empiré les choses que cette situation devient inquiétant. Molière serait, sans doute, très agacé s’il assistait à cette mésaventure que la technologie fait subir à sa langue…


Idjwi, une merveille au cœur du lac Kivu en République démocratique du Congo

Idjwi est une île surplombant le cœur du lac Kivu à l’Est de la RDC. Bien qu’étant à cheval entre les villes de Goma et Bukavu, l’île Idjwi a des particularités qui font d’elle un endroit spécial au pays de Lumumba. Dans ce billet, je vous partage quelques aspects qui ont retenu mon attention lors de mon voyage sur cette île.

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Vue panoramique d’une partie de l’ile d’Idjwi

Par Jean-Fraterne Ruyange

Idjwi n’est pas qu’une bande de terre dans le lac Kivu

Contrairement à ce que pense plus d’un, l’île d’Idjwi c’est tout un monde, d’ailleurs, bien plus qu’un monde, c’est un petit bout de paradis. Avec une superficie de 285 km2, elle est la plus grande île de la RDC et deuxième d’Afrique. Oui, je dis bien deuxième d’Afrique, juste après le Madagascar.

Avec une population estimée à plus de 326 000 habitants, selon les estimations de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), Idjwi est principalement habitée par deux communautés ethniques (Les Havus à plus de 95% et les Pygmées).

Vivant principalement de la pêche et de la culture, la population d’Idjwi n’a jamais connu de guerre ni de conflit important. Ci-gît les noumènes comme tribalisme, peuple majoritaire ou encore peuple minoritaire. La cohabitation pacifique fait place à la complémentarité en étouffant de la sorte toute inimitié possible.

La vie dans la nature ou la vie avec la nature ?

Quand je suis arrivé à Idjwi, c’est son paysage qui m’a charmé à premier vue. Des montagnes qui s’élèvent dans la profondeur du lac, des petits îlots garnissant la grande île s’escortent donnant l’air des forêts flottant sur l’eau, les chants des oiseaux, et tant d’autres merveilles, dont le sourire des insulaires, voilà comment Idjwi m’a accueilli.

Le revers de ce charme apparent ce sont les variétés innombrables d’insectes vivant sur l’île. Je ne voudrais pas que les écologistes me comprennent mal, mais, en vérité, c’est un vrai calvaire de vivre en compagnie d’insectes présentent presque partout – ou, disons mieux, dans tout.- Que ce soit sur le lit, dans les habits que l’on porte, voire même dans la nourriture ainsi que dans l’eau. S’il y a quelque chose qui puisse donner la mort rapidement à Idjwi ce sont ces insectes. Sur cette île, l’obligation de cohabiter avec la nature est naturelle.

Le décalage entre ce qui et ce qui serait

Vivre de la pêche et de la culture c’est bien. Mais au 21ème siècle, cela représente-t-il quelque chose du point de vue économique ? A mon avis : Pas vraiment. La population d’Idjwi est faite des personnes au cœur atteint par le dénuement de la générosité démesurée. Le seul instinct dont elles disposent est celui de survie.

D’où le partage s’avère être la règle. Cela fait qu’ils ne voient pas les potentialités dont ils disposent pour faire de l’île un eldorado touristique et améliorer leur mode de vie. Les richesses, la fortune, les artifices,… tout cela n’a aucune importance. Seule la famille compte, malheureusement, en préjudice à l’économie.

L’île d’Idjwi demeure un terrain inexploité dans bien des domaines, donc propice au développement de nombre d’affaires. Les investisseurs n’ont donc pas d’excuses pour ne pas y investir suite à l’instabilité politique et l’insécurité, voici un endroit à l’abri de cela.

Le coté mystérieux de l’ile d’Idjwi

D’aucuns soutiennent que l’absence de la guerre à Idjwi serait justifiée par le coté mystique dont cette île est réputée. Je n’ai vraiment rien vécu de spécial de ce point de vue à Idjwi. Cependant, je n’ai pas été moins surpris d’être témoin d’un homme qui confie la garde de son champ des cannes à sucres aux serpents. Lui, il n’a nul besoin des épouvantails car ceux-ci font fuir les oiseaux et non les hommes.

Est-ce pour autant qu’il faut dire que la générosité et l’inexistence des conflits à Idjwi est à réduire à la peur liée aux pratiques mystiques ?


La descente aux enfers de l’économie congolaise

Depuis un certain temps, l’économie de la République démocratique du Congo (RDC) chancelle. La dépréciation du franc congolais provoque l’instabilité du taux de change mais aussi la flambée des prix sur le marché. Par Jean-Fraterne RUYANGE Un rendez-vous à Golgotha Les plus touchés par la dépréciation du franc congolais sont les agents et fonctionnaires de l’Etat qui perçoivent leur salaire en monnaie locale. Alors que le taux de change ne…


L’innocence, un asile frêle contre le remord

A chaque effort consenti, la vie nous réserve une médaille. Et comme nous le savons tous, une médaille a deux faces. Les deux faces de celle que nous donne la vie sont le succès ou l’échec. L’un nous donne le confort, l’autre invite la culpabilité.

La culpabilité, un sentiment naturel

Contrairement aux épreuves sportives ou para sportives, dans la vie ce ne sont pas que les gagnants qui remporte des médailles. Ici, l’or, l’argent ou le bronze ne sont pas les objectifs pour lesquelles nous luttons. Quel que soit notre résultat, nous avons tous droit à une médaille sauf que les uns voient la face et les autres les revers de leur médaille.

Voilà pourquoi chacun de nous se bat pour ne pas tomber sur le revers de la médaille qui lui est réservé. Et si dans notre acharnement nous ne parvenons pas toujours à nous défaire de l’échec, nous espérons retrouver confort en rendant les autres coupables de ce forfait qui nous indigne.

Le coupable, ce n’est jamais moi

Ainsi, nous assistons à des discours du genre : « Si je n’ai pas été retenu pour ce poste ce n’est pas parce que j’ai échoué le test d’embauche, c’est juste que le recruteur n’a pas voulu de moi » ; « Si j’ai le cœur qui saigne ce n’est pas parce que je n’ai pas su convaincre l’élu de mon cœur, c’est juste qu’elle n’a pas voulu de moi ».

Oui, ce n’est pas moi, c’est les autres, je les rends noirs pour me rendre blanc ; je les culpabilise pour me sentir innocent mais la conscience est toujours au rendez-vous pour rappeler ma part de responsabilité en tout et pour tout.

Apprivoiser le sentiment de culpabilité, ça paie bien !

Le premier prix est de ne pas rester là à toujours nous justifier car derrière nos justifications se cache une peur immense. C’est vraiment le cas pour moi, la plupart de fois.

En deuxième lieu, ressentir la culpabilité nous permet de bien nous connaitre : ce qui nous embarrasse, ce qui déclenche la honte en nous,… Ce n’est pas en déchargeant notre faute sur l’autre que nous nous déchargeons de la culpabilité. Reconnaitre notre vulnérabilité est une réconciliation avec nous-même, l’admettre nous rend juste plus fort.

Par Jean-Fraterne Ruyange