Ces cinq dernières années, la ville de Goma a assisté à la prolifération des maisons des gardiennages. Derrière cette image imposante de veiller à la sécurité des biens et des personnes au sein de la ville, se cache des vérités aussi alarmantes que révoltantes.
L’inefficacité des forces de l’ordre
L’armée et la police congolaise ne sont pas bien réputées en ce qui concerne la protection des biens et des personnes dans la ville de Goma. Dans le chef de la population, elles sont les plus redoutables des prédateurs qui perturbent sa vie paisible. Une légion d’actes illustrant cette affirmation peut vous être donnée même par le plus aliéné des habitants de Goma.
Nous n’y revenons pas ici pour vous épargner une litanie des faits aussi macabres que révoltants comme celui qui a vu le jour dernièrement sur le site du festival Amani où nous avons assisté au meurtre commis sur artiste par un agent de la police. Impossible de leur faire confiance.
Un asile contre le chômage ou l’irresponsabilité de l’Etat ?
La quasi-absence de l’Etat dans le secteur de création de l’emploi expliquerait aussi cette prolifération des maisons de gardiennages. ( 50 000 emplois créés chaque année en RDC entre 2011 et 2015, à vérifier) C’est en effet un moyen pour quelques hommes d’affaires d’investir dans le désespoir des jeunes chômeurs désœuvrés qui se retrouvent sans emploi après l’obtention de leurs diplômes. C’est comme si ce job remplissait à un certain niveau le rôle de l’Etat, malheureusement au détriment de la jeunesse qui s’y emploie.
Ce business qui devait assurer la survie de ces jeunes sans emploi s’avère être de plus en plus un terrain d’exploitation et de manipulation. Alors que les patrons (les grands bosses) de ces maisons gardiennes perçoivent une somme consistante auprès des clients, ils ne paie, cependant, aux gardiens que par une somme modique très en-dessous du SMIC, ne leur permettant pas de ce fait de pouvoir lier les deux bouts du mois.
La sacralisation d’une bassesse d’esprit
Nul n’est sans ignorer qu’il n’y a pas trop longtemps, dans la ville de Goma, ce métier de gardiennage était réservé aux personnes de troisième âge, communément appelés « Zamu » qui n’ont pas encore la force et les atouts nécessaires pour s’employer à autre chose.
Remarquons cependant qu’ils se sont retrouvés, actuellement, sans emploi suite au gardiennage qui apporte du sang neuf, prétendu vigoureux, dans le secteur.Actuellement ce sont des jeunes, et qui plus est diplômés, qui sont réduits aux « Zamu ». Il semblerait même que la détention d’un diplôme de licence soit devenue un des critères pour être admis dans ce service. Et comme dans tous les autres secteurs de la vie, d’ailleurs, ce ne sont même pas tous les jeunes diplômés qui accèdent à ce job. Le critère de sélection basé sur le tribalisme y impose aussi son véto.