Seydou KONE

Ecole ivoirienne : ces prédateurs sexuels

Si la pratique est perceptible sous d’autres latitudes (avec un seuil relativement faible), la prédation sexuelle en milieu scolaire ivoirien par contre semble prendre une résonance, un relief fort particulier tant et si bien qu’elle n’émeut plus outre mesure. Elle se propage comme le ver dans le fruit et fait figure de véritable fléau qui gangrène toute la communauté éducative.

L’anormal devient normal au pays du banal

La banalisation des relations sexuelles entre formateurs et apprenants est telle que l’imagerie populaire ivoirienne assimile à bien des égards le corps enseignant au vice , un corps volage ou les préoccupations du bas de la ceinture (le sexe) l’emportent très largement sur les préoccupations d’instruction et d’éducation des enfants à eux confiés par l’Etat de Côte d’Ivoire. Sans vouloir jeter l’opprobre sur l’ensemble du personnel enseignant et du personnel d’encadrement ivoirien, il n’en reste pas moins qu’ils sont bien nombreux aujourd’hui ces proviseurs, ces censeurs, ces éducateurs à manger de ce pain immoral et immonde. Ces coureurs de gamines pullulent au sein de nos établissements déguisés en formateurs et en éducateurs.

Hélas, elle semble bien loin l’image de l’école ivoirienne perçue comme une institution assez puritaine, éminemment éducogène nourrie en cela par ce phénomène de massification sexuelle qui enlaidit cette noble institution. Malheureusement, la prédation sexuelle ne s’arrête pas aux portes de l’école, bien au contraire, elle est une pratique exogène, c’est-à-dire commise par des acteurs non scolaires. Tout porte à croire que les jeunes collégiennes et lycéennes constituent des cibles de prédilection pour bien nombre de carnassiers sexuels tapis au sein de la société. Tenez, le ministère de l’Education nationale a enregistré pour la seule année académique passée (2013-2014) pas moins de  4 076 cas de grossesse, comme quoi la gent féminine scolaire baigne dans une atmosphère de forte sollicitation sexuelle aussi bien en interne qu’en externe. Que fait le ministère de l’Education nationale face à cette corruption avancée des mœurs scolaires ? Rien, sinon presque, hormis quelques mises en garde aussi tièdes qu’inefficaces à l’endroit de son personnel, le ministère semble s’accommoder de cette situation et s’emmure dans un silence assourdissant. Plus que jamais, il importe de revenir à la moralisation du milieu scolaire ivoirien, d’engager son réarmement moral afin qu’il redevienne une poche de moralité pour le plus grand bien des apprenants et de la société.


Guinée : au secours ! les élections arrivent

Malheureusement, les élections passent et se ressemblent au pays du NON au général de Gaulle. Elles restent anxiogènes, conflictuelles et très souvent dramatiques. En  dépit du poids de l’âge (l’une des premières Républiques d’Afrique à accéder à l’indépendance), tout porte à croire que les élections à venir n’échapperont pas à ce triste cycle de violence et de contestation que la Guinée sert regrettablement à la face du monde.

La Guinée : ce scandale politique !

Pouvoir et opposition sont englués dans l’impasse, incapables qu’ils sont de parvenir à un minimum de consensus politique de nature à éviter toutes ses convulsions qui agitent et endeuillent ce pays. Un pays gâté par la nature, mais réputé être un scandale géologique. Malgré ses immenses ressources naturelles, il compte paradoxalement parmi les pays les plus pauvres. La Guinée est aussi un scandale politique de l’aveu de son propre chef d’Etat, car rongé par l’incivisme, l’impunité, la corruption, le clanisme. et surtout victime d’une élite politique nombriliste dans les luttes de pouvoir. Il est bien connu que quand les éléphants se battent c’est l’herbe qui en pâtit; c’est-à-dire le petit peuple qui malheureusement est le seul à trinquer. Pour preuve, les derniers appels de l’opposition qui se sont soldés par une dizaine de morts et de nombreux blessés.

Bis repetita.

A la lumière de la répression policière, de l’intransigeance du gouvernement et du jusqu’au-boutisme de l’opposition, l’engrenage semble se mettre en place pour un remake des bains de sang passés. Autant le dire, la Guinée ne saurait être indéfiniment prise en otage par sa classe politique. Du tristement célèbre Sékou Touré réputé pour son camp Boiro ou le camp de la mort, au président Conté (non moins autoritaire), en passant par l’exubérant Dadis Camara et aujourd’hui Alpha Condé (décevant à l’épreuve du pouvoir), la Guinée soufre terriblement de son personnel politique.

Une lueur…

Cependant le renouveau politique est de l’ordre du possible, à  condition que la classe politique dans un sursaut collectif revienne à l’essentiel : servir le pays.  Il est encore temps avant que la Guinée ne s’enfonce dans les abysses des convulsions.


Chaos libyen : à qui profite le crime ?

libyeIl est bien connu qu’en matière de relations internationales,  les raisons officielles qui président aux interventions militaires des grandes puissances cachent toujours des motifs inavoués. L’opération militaire de l’Otan (portée principalement par les Etats-Unis et la France) ne semble pas déroger à cette triste réalité.

Au-delà du droit d’ingérence humanitaire (la protection des populations civiles de Benghazi) évoquée par les tenants de l’interventionnisme occidental, il est établi aujourd’hui que l’activisme militaire franco-américain en Libye a revêtu un enjeu géostratégique, Et surtout, un enjeu géoéconomique. Le contrôle des immenses ressources pétrolières et gazières ou du moins la recherche de dirigeants très accommodants à la tête de la Libye. Est-il besoin de rappeler la relation épineuse du colonel Kadhafi avec l’Occident, un point qui a pesé dans la décision occidentale de porter la guerre en Libye.

Du reste, c’est un secret de polichinelle, le CNT (l’ex-organe de transition libyen) a concédé à la France des contrats très préférentiels dans l’exploitation du pétrole post-guerre, comme quoi l’altruisme ou la philanthropie n’a jamais été le moteur de l’action militaire occidental. Sinon comment comprendre encore qu’au jeu des exemples, les monarchies du golfe (l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar, le Bahrein) qui ne sont pas moins dictatoriales que l’ex-régime de Khadafi bénéficient de la bienveillance, voire de la complicité de l’Occident en matière de violations des droits de l’homme ?

Une attitude à géométrie variable qui renseigne à l’évidence sur les visées occidentales en termes de sécurité énergétique. A l’instar de l’intervention militaire en Irak, en Afghanistan, celle de la Libye ouvre la porte au chaos. Un pays à feu et à sang depuis, où les milices et les groupes terroristes font la pluie et le beau temps. Le silence assourdissant actuel dans lequel se mure l’Occident coupable face à la tragédie libyenne interpelle et tranche d’avec son activisme militaire. Helàs, ainsi va le monde au gré des intérêts des grandes puissances.


Ces salauds ont mis le feu à mon paradis !

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Cette formule au vitriol (très choc) est du célèbre reggae maker ivoirien Alpha Blondy. Elle cristallise son indignation, son dégoût pour la classe politique ivoirienne responsable (à divers degrés) de la dégringolade du pays dans les affres de la guerre civile : plus de 3 000 morts.

La Côte d’Ivoire faisant autrefois office de modèle identificatoire, de référentiel dans une sous-région rongée par une instabilité persistante et une pauvreté galopante. Le pays de Félix Houphouët-Boigny était la vitrine de l’Afrique de l’Ouest, ce qui lui a valu les qualificatifs les plus élogieux comme la petite Suisse, le petit Manhattan (pour l’architecture moderne et modèle de son quartier des affaires abidjanais) ou encore la locomotive de la sous-région…

Hélas, c’était sans compter avec l’entêtement destructeur et le choc des egos surdimensionnés du personnel politique actuel. Des acteurs politiques assis sur la montagne de leurs pseudo prétentions nourrissant tous, à tort l’idée d’un destin messianique pour le pays. Le dicton est bien connu « lorsque les éléphants se battent, c’est l’herbe qui en pâtit » comme quoi les seules victimes des luttes de pouvoir ont été les populations civiles ivoiriennes qui ont payé le prix fort du sang et des destructions matérielles. Allez savoir ou étaient nos hommes politiques durant les heures chaudes de la crise militaropolitique ? Toute honte bue, pour certains calfeutrés dans le bunker présidentiel, pour d’autres sous bonne escorte onusienne dans un hôtel trois étoiles de la place ou encore le chemin d’un exil doré pour les plus nombreux.

Loin d’être un cas isolé, la Côte d’Ivoire fait partie d’une longue liste de pays africains victimes de la course effrénée au pouvoir de leurs élites politiques. Hier, « ces salauds » ont mis le feu à la RDC, au Liberia, à la Sierra Leone, au Congo, au Tchad. Aujourd’hui, ils mettent le feu au Sud-Soudan et à la RCA. Plus que jamais, le renouvellement de cette vieille garde politique africaine s’impose, prédatrice et nombriliste, elle personnifie la honte de l’Afrique.


Décollage de l’Afrique : l’illusion Obama

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Jamais l’arrivée d’un président américain à la Maison Blanche n’a suscité une telle vague d’enthousiasme, de ferveur populaire à l’échelle de tout le continent africain. Un Afro-Américain sur le toit du monde, tout un symbole historique pour la planète en général et pour l’Afrique en particulier. Nous sommes en 2008 et le nouveau 44e locataire du Bureau ovale américain en l’occurrence le président Hussein Barack Obama personnifie les nombreuses attentes d’un continent africain en mal de repère et de développement. La rue africaine se prend à rêver, elle prête des ambitions africanistes à ce descendant d’immigré kényan, véritable incarnation du rêve américain et pourquoi pas du rêve de renaissance africaine ?

Hélas, après sept ans passés à la tête de l’exécutif américain, l’optimisme béat des masses sociales africaines laisse place à une profonde désillusion, la montagne semble avoir accouché d’une souris et on serait tenté de dire tout ça pour ça. Hormis quelques actions aussi disparates que timides, le bilan africain d’Obama est bien maigre (deux tournées africaines et un relatif soutien à la société civile). Comment pouvait-il en être autrement ?

Quand on perd de vue très souvent que Obama est avant tout un citoyen américain que dis-je un patriote américain qui a été élu pour répondre aux aspirations du peuple américain et non africain. Il est impérieux plus que jamais d’arrêter de sous-traiter nos responsabilités en pensant à tort que le salut de l’Afrique viendrait de l’extérieur. La dynamique de développement africain ne viendra que de l’Afrique, un développement autocentré, autopropulsé ou endogène, car comme le précise Montaigne « on se prête aux autres dans le meilleur des cas, on ne se sert que soi-même ».


En Côte d’Ivoire, la grève devient un sport national !

Le front social connaît une ébullition sans précédent en terre d’Eburnie. Les grèves se succèdent à un rythme effréné au point où il ne se passe plus de jour ou une corporation ne batte le pavé dans les rues abidjanaises ou ne débraye.

Après le retentissant mouvement d’humeur d’une partie des hommes de troupe de la grande muette ivoirienne (pas si muette que ça, à l’évidence), on a assisté au mouvement de protestation du personnel de santé, à la grève des greffiers, la paralysie des universités et l’arrêt de travail des agents des eaux et forêts. L’heure est à la quasi-fermeture des lycées et collèges orchestrée par l’ensemble des syndicats du secteur éducation /formation.

Abstraction faite des nombreux préavis de grèves qui s’entassent dans les cabinets des différents ministères, en un mot comme en mille, le président Ouattara est à l’épreuve du vent de la contestation sociale. Comment expliquer cette agitation sociale inhabituelle ? Elle pourrait se nourrir à deux sources. La première serait d’ordre électoral, il est bien connu qu’en Côte d’Ivoire, la période électorale, comme c’est le cas actuellement, rime avec une accentuation des revendications corporatistes pour la bonne raison que le pouvoir sortant dans une perspective de réélection accède plus facilement aux attentes des travailleurs. La seconde raison serait liée à la bonne santé macro-économique du pays avoisinant une croissance à deux chiffres (plus de 9 %). Cette embellie économique aiguise les appétits du monde du travail et légitime la contestation sociale d’autant plus que le budget ivoirien dépasse aujourd’hui plus de quatre mille milliards (un budget record dans une sous-région aux ressources financières limitées).

Au-delà de cette fronde sociale généralisée, c’est l’expression d’un malaise social profond, une détérioration des conditions de vis des masses sociales qui se dessinent en creux. La croissance économique que connaît le pays loin d’être inclusive ou partagée est peut-être l’arbre qui cache la forêt de la précarité ambiante de la majorité des Ivoiriens. En tout état de cause, le pouvoir devra acheter la paix sociale à coup de mesures sociales fortes pour espérer désamorcer la contestation sociale et mettre fin aux récriminations incessantes des masses laborieuses qui se traduisent par cette formule populaire « on ne mange pas la croissance ! »


LA MONTEE EN PUISSANCE DU FRONT NATIONAL : Où va la FRANCE ?

jm_lepenLe constat est général, il n’en est pas moins inquiétant, l’extrême droite gagne du terrain à l’échelle de toute l’hexagone. Le cancer de l’ultra-droitisation se propage comme le ver dans le fruit tant et si bien que le FN de Marine Le Pen est en passe d’être le premier parti de France à la faveur des prochaines élections départementales au grand dam de l’UMP, du PS, et de l’UDI. Vu d’Afrique, « les perspectives de croissance extraordinaire» du FN comme la très probable première force du paysage politique français ne laissent pas indifférents, elles suscitent l’indignation et sont surtout révélatrices du basculement d’une certaine France vers le piège du populisme et du repli nationaliste. Comment la belle France, celle de la diversité, de la tolérance, de la fraternité, du multiculturalisme en arrive t-elle à progressivement perdre son âme en cédant aux chants de sirène de la préférence nationale que dis-je du nationalisme de bas étage ? La réponse est à chercher très certainement dans l’échec des partis politiques traditionnels (droite comme gauche) qui à l’épreuve du pouvoir se révèlent plus décévants les uns que les autres. Il faut se le dire tout net, au jeu des exemples, ce que le ZANU-PF (le parti de Robert Mugabé) est au Zimbabwé, c’est ce que le FN est à la France, c’est-à-dire un parti sectaire, xénophobe, démagogique et non républicain. Au déla de la diabolisation ou de la banalisation du FN (stratégies improductives jusque-là promues par les partis de droite, de gauche et du centre), les pouvoirs publics  doivent répondre concrètement aux attentes des français en termes de relance économique, de résorption du chômage, de lutte accrue contre la ménace terroriste et de perspectives d’avenir pour la jeunesse. C’est à ce prix qu’on pourrait faire barrage à la vague bleue marine et surtout à la capacité extraordinaire des français à se mobiliser face aux grands enjeux, à l’instar du sursaut républicain qui a succédé aux attentats de Paris. En tout état de cause comme le rappelle Braudel non sans raison « l’autre nom de la France c’est la diversité ».


Afrique : nouveau terreau fertile du terrorisme ?

Cette interrogation n’est pas superflue ou anecdotique tant il est vrai que le constat de la poussée terroriste à l’échelle continentale s’impose aujourd’hui avec la force de l’évidence. Aqmi, Boko Haram, Ansar Dine , Ansar al-charia, Mujao, Al-mourabitoune, le groupe Etat islamique (en Libye), les shebbabs et que sais-je encore pullulent sous nos tropiques.

Jusqu’à une date relativement récente, l’Afrique, généralement, avait été épargnée par les affres du terrorisme islamiste et en particulier l’Afrique noire. Cette zone faisait figure d’exception dans un monde déjà rongé par le cancer du terrorisme. Hélas, tout porte à croire que le continent est devenu le second épicentre du terrorisme islamiste après le proche et le Moyen-Orient. Entre enlèvements, décapitations, allégeance de Boko Haram au groupe Etat islamiste et forte présence des groupes jihadistes dans la bande sahélo-saharienne, l’Afrique glisse dangereusement dans l’abîme de l’extrémisme religieux.

Cette situation fort regrettable est née de la confluence de plusieurs facteurs, à ce titre, nous pouvons citer d’abord la faiblesse de nos Etats dont précisément la porosité des frontières et l’inadaptation de l’appareil sécuritaire à cette nouvelle forme de guerre asymétrique.En outre, le mal développement ou le sous-développement dans lequel se trouve la quasi-totalité des pays africains sert idéalement de terrain propice aux groupes terroristes. Ces derniers peuvent endoctriner et  recruter dans les rangs de la jeunesse en grande partie désoeuvrée. Un dernier facteur et non moins important, celui de la très large diffusion de l’idéologie wahhabite aujourd‘hui à l’échelle du continent avec pour conséquence un enseignement religieux de plus en plus rigoriste, qui tranche d’avec l’islam tolérant que le continent a toujours connu.

Cependant, loin d’être une fatalité, la gangrène du terrorisme peut être contenue sous certaines conditions, à savoir d’abord le renforcement de l’appareil sécuritaire et la mutualisation des moyens de lutte contre les groupes terroristes (à l’instar de la lutte régionale contre Boko Haram). Ensuite, il faut résorber le chômage ambiant dans lequel est plongée la jeunesse pour éviter qu’elle ne succombe aux chants de sirènes des groupes terroristes. Enfin, il importe d’encadrer l’enseignement religieux dispensé dans les écoles coraniques par un droit de regard de l’Etat afin de revenir à un islam tolérant et ouvert. Comme le rappelle avec raison Jean Jaures « on transmet du foyer des ancêtres, la flamme et non la cendre ».


PERFORMANCES MACRO-ECONOMIQUES EN AFRIQUE : « ON NE MANGE PAS LA CROISSANCE ! »

migrantsLes récriminations sont récurrentes et éminemment révélatrices de l’état d’esprit du citoyen lambda en Afrique dans un contexte pourtant de forte croissance économique ou de bonne santé macro-économique. « On ne mange pas la croissance » répète à l’envi la rue africaine, la masse la plus laborieuse encore engluée dans les affres de la pauvrété généralisée, du chômage et des inégalités sociales persistantes. Contrairement à la croissance économique européenne qui est en berne voire atone, l’Afrique s’en sort plutôt à bon compte avec un taux de croissance moyenne de 5% allant même jusqu’à une croissance à deux chiffres pour des pays comme l’Angola, la Guinée équatoriale ou la Côte d’Ivoire. Malheureusement, les populations dans leur écrasante majorité ne goûtent pas véritablement aux fruits de cette croissance, le panier de la ménagère que dis-je le sachet de la ménagère se réduit comme peau de chagrin tant il est vrai qu’assurer les trois repas quotidiens rélève de plus en plus de la croix et de la bannière pour nombre de familles, ne me parlez même pas de couverture santé, l’heure est à la survie, au système D. Tout porte à croire que l’embellie macro-économique est l’arbre qui cache la forêt des énormes difficultés existentielles auxquelles sont sujettes les masses populaires africaines, une des preuves les plus irréfutables de cette précarité ambiante demeure les drames à répétition de l’immigration clandestine au large des côtes libyennes ou dans les eaux du plus grand cimetière marin pour immigrés en l’occurrence la méditerranée. Une jeunesse en général en proie au désespoir, à l’incertitude du lendemain qui a le regard tourné de plus en plus vers l’occident même au prix de la vie. Certes, il faut le reconnaitre, des efforts sont consentis par les pouvoirs publics en termes de politique infrastructurelle et d’équilibre macro-économique mais on est encore très loin du compte. Encore faut-il transformer la croissance actuelle en croissance inclusive, partagée et durable.


La majorité sous les tropiques africains

  1. Assurément le passage en force de l’exécutif français (l’usage de l’article 49-3 de la Constitution) concernant la loi Macron prête à sourire sous les latitudes africaines et étonne le sens commun à plus d’un titre. Comment un chef d’Etat (en l’occurrence le président Hollande) en arrive-t-il à ne pas contenir ses troupes en laissant prospérer dans ses rangs une véritable fronde susceptible de déstabiliser l’action gouvernementale ? La rue africaine s’interroge et n’en revient toujours pas tant il est de notoriété publique que sous nos tropiques, un chef d’Etat dans sa chapelle politique, ça ne se conteste pas frontalement (peut-être en sourdine au pire des cas) ou purement et simplement ça démissionne pour rejoindre l’opposition. Peut-il avoir une alternative à la majorité dans la majorité comme le prétendent les députés frondeurs du Parti socialiste français ? Pas si sûr, il faut bien choisir son camp quitte à apporter des critiques constructives uniquement au sein des instances du parti tout en étant responsable. Au-delà des passes d’armes, de la différence d’opinions affichée par les députés frondeurs, ce sont les questions de solidarité, de discipline et de responsabilité au sein de la majorité socialiste qui sont mises en épingle. En tout état de cause, vues d’Afrique, les mœurs politiques au sein du PS qui tournent à la défiance  du chef de l’Etat français sont surréalistes et dénotent d’un manque d’autorité de la part de celui-ci. En guise d’exemple, le pouvoir ivoirien vient d’administrer la preuve de sa ferme volonté de ne pas laisser prospérer dans ses rangs une quelconque dissidence. Cela à travers le débarquement retentissant de l’écrivain et journaliste Tiburce Koffi ( précédemment directeur de l’Institut national de formation culturelle) pour avoir contesté à travers la publication d’un livre l’appel de Daoukro (en faveur de la candidature unique du président Ouattara au sein de la coalition des Houphouëtistes), mais aussi, et surtout le rappel à l’ordre sans ménagement du ministre Jean Louis Billon qui avait critiqué publiquement la concession du 2e terminal à conteneurs du port autonome d’Abidjan au groupe français Bolloré. Comme quoi, un frondeur à la grande liberté de ton, ça ferme sa gueule ou ça démissionne !


Alexis Tsipras vu d’Afrique

Contrairement à une partie de l’Europe (l’Allemagne aux premières loges), Bruxelles et les marchés financiers qui voient d’un très mauvais œil la désignation d’Alexis Tsipras au poste de premier ministre grec, l’opinion populaire africaine (bien que n’ayant pas très souvent voix au chapitre)  se réjouit de son arrivée au pouvoir.  Elle semble même porter une admiration à ce militant de la gauche, de la gauche désormais à l’épreuve du pouvoir.

En effet, sous les latitudes africaines, le nouveau chef de gouvernement ne laisse pas indifférent. Son courage politique, sa liberté de ton et sa volonté de donner au peuple grec sa dignité perdue ne manquent pas de séduire. Et  l’Afrique de rêver qu’elle aussi à la possibilité de son émancipation véritable ou à tout le moins d’un rééquilibrage de ses relations avec les milieux financiers internationaux. L’imagerie populaire africaine l’assimile à bien des égards à la figure historique et populaire de Thomas Sankara. Les deux hommes ont la fougue de la jeunesse, la qualité de tribun, de réformiste, le sens de la restauration de la dignité de leur peuple respectif, le refus des diktats. A ceci près qu’Alexis Tsipras se ravise progressivement et évoque désormais la trompette de la restructuration de la dette. Qu’à cela ne tienne ! si seulement l’Afrique avait en son sein des hommes de la trempe d’Alexis Tsipras capables de sonner la résistance dans les années 90 lors des fameuses politiques d’ajustement structurel. imposées par le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. Des décisions qui se sont traduites par des privatisations à marche forcée que dis-je de vastes braderies de pans entiers des économies africaines. Aéroports, ports, chemins de fers, télécommunications, banques, secteurs de l’eau, de l’électricité… Pratiquement, aucun secteur n’a été épargné, même les plus névralgiques (chose impensable en Occident) au nom d’une certaine orthodoxie budgétaire ultra libérale qui des décennies après se sont révélées être un échec patent du propre aveu des institutions de Brettons Woods.

Hier comme aujourd’hui, l’Afrique réclame des Alexis Tsipras non pas dans le sens du rejet des engagements internationaux du continent, mais plutôt dans le sens de l’édification d’un ordre économique et politique international beaucoup plus équitable assorti d’une relation décomplexée d’égal à égal avec nos interlocuteurs.


ANNEE ELECTORALE 2015 EN AFRIQUE : TOUCHE PAS A MA CONSTITUTION !

myconstitutionTels pourraient être les maîtres-mots des partis d’oppositions et des sociétés civiles africaines. Après le précédent historique de la révolution burkinabé, les partis d’oppositions africaines se sentent pousser des ailes et comptent bien faire barrage à toutes les manœuvres de contournement ou de suppression du verrou de la limitation des mandats. L’opposition en République Démocratique du Congo vient d’en administrer la preuve, en amenant sous la pression de la rue le parlement congolais à retirer un projet de loi qui sous le couvert du recensement de la population permettrait au président Joseph Kabila en effet de jouer les prolongations après la fin de son dernier mandat. Plus que jamais les partis d’opposition bénéficient de vents défavorables aux mandats sans fin confortés en cela par la société civile ou les mouvements citoyens qui s’illustrent désormais comme des acteurs incontournables de la fronde contre la confiscation du pouvoir. A ce titre, l’activisme des mouvements y-en-a marre au Sénégal, le balai citoyen au Burkina Faso ou encore plus surprenant, les prises de positions incisives de l’évêque de Kinshasa contre le pouvoir congolais sont assez révélateurs. Pas si sûr que le printemps burkinabé puisse inspirer positivement maints de nos dirigeants africains qui ont battu des records de longévité au pouvoir à vouloir passer la main. Du reste le président Sassou N’Guesso le répète à qui veut l’entendre « Brazaville n’est pas Ouagadougou » comprenez que le Congo Brazaville n’est pas le Burkina Faso donc comparaison n’est pas raison.


SACRE CONTINENTAL DES ELEPHANTS : GENERATION DOREE, ENFIN GENERATION VICTORIEUSE !

sacre_des_elephantsOn ne donnait pas chère leur peau avant l’entame de cette 30ième édition de la coupe d’Afrique des Nations 2015 tant les déceptions étaient vivaces (deux finales perdues en 2006 et 2012) et les défis énormes à relever : une équipe en pleine reconstruction, le départ de certains cadors dont l’emblématique Didier Drogba et le manque d’homogéneité de la sélection qui tournait plus à une constellation de stars qu’à un bloc équipe.

Et pourtant en dépit des récriminations incessantes, la Cote d’ivoire à réussi le tour de force de se sublimer au fil de la compétition pour se hisser sur le toit du football africain. Enfin une 2ième étoile accrochée au maillot des éléphants qui 23 ans après renoue avec le titre continental certes dans la douleur mais dans la combativité retrouvée. Le mérite de ce triomphe inattendu revient en partie à l’entraineur français Hervé Renard qui en l’espace de six mois à su imprimer sa patte, son mental de gagneur aux pachydermes ivoiriens pour les transformer selon le mot de l’entraineur congolais Florent Ibenge du stade «d’équipe glamour en une équipe terriblement efficace ». Pour sûr, cette victoire obtenue de haute lutte à reconcilié le public ivoirien avec sa sélection enterrant définitivement le signe indien et le qualificatif péjoratif de génération maudite. Vivement que cette consécration africaine soit le premier acte de l’émergence ivoirienne promise par les pouvoirs publics à l’horizon 2020.


Nigeria : la montée de Boko Haram ou l’incurie de la classe dirigeante

bokoharamRévoltante est l’image que donne à voir la première puissance économique du continent africain face à la folie meurtrière de Boko Haram. Une gestion calamiteuse de la situation sécuritaire de l’enlèvement des jeunes filles de Chibok (jusque-là introuvables) au dernier massacre de Baga (dont les chiffres dépasseraient 2 000 morts). Et n’oublions pas les assauts répétés sur la ville stratégique de Maiduguri.

La tragédie nigériane semble échapper à toute grille de lecture tant par l’incurie de l’élite dirigeante par l’énormité des massacres commis. Contrairement à l’attitude du chef de l’Etat français lors des attentats de Paris, Goodluck Jonathan brille par son attentisme. . Tout porte à croire que la seule obsession qui anime le président nigérian est de se maintenir au pouvoir en jouant la carte du pourrissement dans le nord du pays.

Comment vouloir rempiler pour un second mandat quand on est incapable d’assurer la sécurité de ses concitoyens ? Tristes tropiques, hélas, l’Afrique est encore malade d’une bonne partie de sa classe dirigeante qui estime à tort que le pouvoir est une immense mangeoire où l’on se sert au lieu de servir le peuple.


EXPLOSION DU PHENOMENE DES GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE : « LE NOUVEAU EBOLA DU SYSTÈME ÉDUCATIF IVOIRIEN! »

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Elle semble bien loin, l’image de l’école ivoirienne perçue comme une institution puritaine ou rigoriste c’est–à-dire très pointilleuse en matière de mœurs. Sa tradition de milieu éducogène laisse place progressivement à un milieu pathogène, un milieu malade de l’incivisme de ses apprenants, de ses grèves à répétition et aujourd’hui gangréné par l’explosion des grossesses. Le constat est sans appel, 5076 cas de grossesses enregistrés par le ministère de l’éducation nationale pour la seule année académique passée (bien entendu ce chiffre est sous-évalué, il ne prend pas en compte les nombreux cas non déclarés à l’administration et les cas de grossesse qui se terminent  très souvent par des avortements). Les choses ne semblent pas s’annoncer malheureusement  sous de meilleurs auspices pour cette année scolaire 2015, tenez, pour le petit collège municipal de Botro (au centre du pays) on dénombre déjà 11 cas de grossesses au premier trimestre dont 5 en 6ème. Comble de l’ignominie, la gangrène s’étend jusqu’au primaire, on a encore à l’ esprit ce procès très récent et retentissant du directeur d’une école primaire condamné à une lourde peine de prison pour avoir abusé d’une de ses élèves poussant l’indignité jusqu’à l’engrosser. En un mot comme en mille, les grossesses en milieu scolaire, plus qu’un simple phénomène, font figures  aujourd’hui de véritable fléau tant et si bien que le ministre de l’éducation a décrété comme priorité la lutte contre les grossesses en milieu scolaire et a initié dans la foulée une campagne de sensibilisation intitulée zéro grossesse en milieu scolaire déclinée en modules de cours obligatoires portant sur les causes et les conséquences de ce qu’il est convenu d’appeler le nouveau ébola du système éducatif ivoirien ( référence faite à la vitesse de propagation et à l’ampleur de la fièvre hémorragique à virus ebola) . Pas si sûr que ces campagnes puissent porter leurs fruits, si on n’attaque pas le mal à la racine  en revenant à la bonne et vieille formule des internats qui ont l’avantage de mettre les élèves généralement livrés à eux-mêmes et sans ressources matérielles surtout à l’intérieur du pays à l’abri des sollicitations des prédateurs sexuels et en renforçant l’arsenal juridique réprimant  cette pratique abominable. L’émergence est aussi à ce prix car l’école au delà des aptitudes c’est aussi et surtout des attitudes.


Quand le président Macky Sall fait de la résistance

macky_sallIls ne sont pas nombreux les chefs d’Etat africains à ne pas s’aligner sur les vues des grandes puissances occidentales, encore moins nombreux à signifier de vive voix leurs différences d’opinions. Hormis les présidents Robert Mugabe et Paul Kagame, coutumiers des coups de gueule, voire des coups de griffe.

La classe gouvernante africaine en général semble se résoudre à être à la remorque de l’Occident en matière de prises de position sur la scène internationale. Cependant dans la grisaille, une voix discordante se fait entendre, en l’occurrence celle du président Macky Sall après les attentats de Paris. Bien qu’ayant participé à la marche républicaine pour marquer sa solidarité au peuple français, il n’a pas manqué d’interdire non sans témérité la parution du journal Charlie Hebdo reprenant les caricatures du prophète au nom de la sensibilité religieuse du peuple sénégalais à plus de 95 % musulmane.

D’ailleurs, il n’est pas à son premier coup d’essai, car déjà en 2012 lors de la tournée africaine du président américain Barack Obama durant précisément l’étape du Sénégal, le président Macky Sall n’avait pas hésité à opposer un refus catégorique à la légalisation de l’homosexualité que le président le plus puissant de la planète avait plaidé au nom de la liberté. Certes il n’y aura pas de chasse aux homosexuels, mais il y a que la réalité sociologique sénégalaise n’épouse pas pour le moment cette pratique.

L’Afrique doit-elle continuellement s’emmurer dans un silence assourdissant concernant sa propre marche ou celle du monde et suivre docilement l’Occident dans cette mondialisation qui tourne à l’occidentalisation croissante ? Assurément que non ! Assumer la singularité de certaines de nos réalités sociologiques, tel est le devoir de nos chefs d’Etat à l’échelle internationale, comme le relève avec justesse l’historien Joseph Ki- Zerbo « Nous devons être enfin le centre de nous-mêmes plutôt que la périphérie des autres ».


COOPERATION SUD-SUD : « L’AFRIQUE DOIT FAIRE CONFIANCE A L’AFRIQUE »

ecole_ivoirienneLa formule est lâchée, elle est du souverain marocain Mohammed VI qui se pose aujourd’hui en véritable promoteur des relations intra-africaines. Naguère, le regard tourné vers les pays du bassin méditerranéen et de l’occident en général, le royaume chérifien a réalisé assez rapidement que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne constitue une terre d’opportunités extraordinaires ou presque tout reste à faire. Le roi du Maroc en homme revenu du mirage occidental se rend compte à l’évidence que plus besoin d’aller chercher des relais de croissance uniquement sur le vieux continent (l’Europe) d’ailleurs aux prises avec les cures d’austérité mais qu’il faut plutôt accorder une place de choix au continent africain que les économistes considèrent comme la dernière frontière du développement. Au delà des mots, le souverain chérifien prêche par les actes, deux périples subsahariens en moins de deux ans accompagné d’une très forte délégation de près de deux cents personnes (ministres, hommes d’affaires, médecins, ingénieurs…) avec à la clé plus d’une centaine d’accords bilatéraux. Là, ou l’Europe se barricade en optant pour la préférence nationale, le royaume chérifien régularise 25.000 subsahariens d’un coup. Une véritable prouesse et un signe des temps qui interpellent. En tout état de cause, les créneaux porteurs ne manquent pas de parts et d’autres à l’échelle du continent et le Maroc compte en profiter. Fort de son expertise avérée en matière de formation militaire, d’agriculture, d’hôtellerie, d’habitats sociaux, de banques, de télécommunications, ingénierie, d’offres universitaires et que sais-je encore, le Maroc se positionne de plus en plus comme un hub continental quitte à froisser au passage certains pays européens qui ont vite fait de l’assimiler à tort à l’image réductrice « d’une simple maîtresse » du continent.


ECOLE IVOIRIENNE : GAGNOA « QUAND LES PRATIQUES AFFAIRISTES DANS LES ETABLISSEMENTS PUBLICS TOURNENT A LA FOIRE D’EMPOIGNE ! »

ecole_ivoirienneOn ne le dira jamais assez, l’école ivoirienne semble avoir toutes les difficultés du monde à opérer sa mue, à se débarrasser des vieilles pratiques affairistes et prédatrices qui gangrènent sa bonne marche. Loin des discours officiels et convenus, la ville de Gagnoa tient son rang de ville singulière en matière de mœurs scolaires. Outre le règne de l’apprenant-roi qui y à cours, des pratiques affairistes ou d’escroquerie déguisée y prospèrent, pire, tournent souvent à de véritables bras de fer ou à des foires d’empoigne entre certains chefs d’établissements (accusés de vouloir manger à tous les râteliers) et le personnel enseignant d’éducation physique et sportive qui se disputent tous le gâteau financier lié à la confection et à la vente des tee-shirts scolaires. En effet, une règle tacite jamais remise en cause jusqu’à cette année scolaire 2014-2015 laissait le soin aux professeurs d’éducation physique et sportive de confectionner et de vendre les tricots revêtus par leurs apprenants  durant les séances de sport  empochant au passage de larges commissions. Sauf que les chefs d’établissements ne l’entendent plus de cette oreille et décident de reprendre à leur compte cette activité combien juteuse non sans évoquer la colère et la défiance des enseignants d’éducation sportive, laquelle défiance a culminée jusqu’à la non évaluation de l’ensemble des apprenants des trois lycées publics de Gagnoa durant le premier trimestre. Une faute professionnelle, une faute morale éminemment grave qui pourrait attirer les foudres du ministère sur les enseignants incriminés, alors les professeurs d’éducation essaient de faire bonne figure en arguant le manque de matériel sportif mais personne n’est dupe. Ainsi va l’école à Gagnoa avec son cortège de manquements, avec son propre code de conduite, une sorte d’Etat dans l’Etat.Toute chose qui lui vaut malheureusement d’être dans les profondeurs du classement des directions régionales opéré par le ministère de l’éducation nationale.

 

 

 

 

 

 

 

 

RELATIONS INTERNATIONALES : QUAND LE PRESIDENT MACKY SALL FAIT DE LA RESISTANCE !

Ils ne sont pas nombreux les chefs d’Etat africains à ne pas s’aligner sur les vues des grandes puissances occidentales, encore moins nombreux à signifier de vive voix leurs différences d’opinions. Hormis les présidents Robert Mugabé et Paul Kagamé, coutumiers des coups de gueules voire des coups de griffes, la classe gouvernante africaine en général semble se résoudre à etre à la remorque de l’occident en matière de prises de positions sur la scène internationale. Cependant dans la grisaille, une voix discordante se fait entendre, en l’occurrence celle du président Macky Sall relativement aux attentats de Paris. Bien qu’ayant participé à la marche républicaine pour marquer sa solidarité au peuple francais, il n’a pas manqué d’interdire non sans témérité la parution du journal charlie hebdo reprenant les caricatures du prophète au nom de la sensibilité religieuse du peuple sénégalais à plus de 95% musulmane. D’ailleurs, il n’est pas à son premier coup d’essai, car dejà en 2012 lors de la tournée africaine du président américain Barack Obama durant précisement l’étape du Sénégal, le président Macky Sall n’avait pas hésité à opposer un refus catégorique à la légalisation de l’homosexualité que le président le plus puissant de la planète avait plaidé au nom de la liberté. Certes il n’y aura pas de chasse aux homosexuels mais il y a que la réalité sociologique sénégalaise n’épouse pas pour le moment cette pratique. L’afrique doit-elle continuellement s’emmurer dans un silence assourdissant concernant sa propre marche ou celle du monde et suivre docilement l’occident dans cette mondialisation qui tourne à l’occidentalisation croissante ? Assurément que non ! assumer la singularité de certaines de nos réalités sociologiques, tel est le devoir de nos chefs d’Etat à l’échelle internationale, comme le relève avec justesse l’historien Joseph Ki- Zerbo « Nous devons être enfin le centre de nous-mêmes plutôt que la périphérie des autres ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

COOPERATION SUD-SUD : « L’AFRIQUE DOIT FAIRE CONFIANCE A L’AFRIQUE »

La formule est lâchée, elle est du souvérain marocain Mohammed VI qui se pose aujourd’hui en véritable promoteur des relations intra-africaines. Naguère, le regard touné vers les pays du bassin méditérranéen et de l’occident en général, le royaume chérifien a réalisé assez rapidement que l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne constitue une terre d’opportunités extraordinaires ou presque tout reste à faire. Le roi du Maroc en homme revenu du mirage occidental se rend compte à l’évidence que plus besoin d’aller chercher des relais de croissance uniquement sur le vieux continent (l’Europe) d’ailleurs aux prises avec les cures d’austérité mais qu’il faut plutôt accorder une place de choix au continent africain que les économistes considèrent comme la dernière frontière du développement. Au délà des mots, le souvérain chérifien prêche par les actes, deux périples subsahariens en moins de deux ans accompagné d’une très forte délégation de près de deux cents personnes (ministres, hommes d’affaires, médecins, ingénieurs…) avec à la clé plus d’une centaine d’accords bilatéraux. Là, ou l’Europe se barricade en optant pour la préférence nationale, le royaume chérifien régularise 25.000 subsahariens d’un coup. Une véritable prouesse et un signe des temps qui interpellent. En tout état de cause, les créneaux porteurs ne manquent pas de parts et d’autres à l’échelle du continent et le Maroc compte en profiter. Fort de son expertise avérée en matière de formation militaire, d’agriculture, d’hôtellerie, d’habitats sociaux, de banques, de télécommunications, d’ingiénerie, d’offres universitaires et que sais-je encore, le Maroc se positionne de plus en plus comme un hub continental quitte à froisser au passage certains pays européens qui ont vite fait de l’assimiler à tort à l’image reductrice « d’une simple maitresse » du continent.