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CAN 2015 / Ebola : L’inconséquence des autorités Ivoiriennes

Dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2015, la Côte d’Ivoire doit affronter la Sierra Leone le 6 septembre prochain à Abidjan. Problème, la Sierra Leone est frappée de plein fouet par l’épidémie de fièvre Ebola. Dans le cadre des mesures préventives contre cette épidémie, le gouvernement Ivoirien a justement pris des mesures préventives aux nombres desquelles la fermeture des frontières et l’interdiction de toutes rencontres sportives internationales.

Personnellement, je trouve ces mesures disproportionnées. Mais le propos n’est pas à ce niveau. Les autorités ont le devoir de prendre les dispositions qu’elles jugent appropriées pour le bien-être et la sécurité de leurs populations. L’on peut ne pas partager une ou certaines de leurs décisions, mais tant que celles-ci ne portent pas atteinte aux principes fondateurs de la Nation, il faut s’en conformer. L’inconsistance que je déplore se trouve dans la volonté du gouvernement de délocaliser cette rencontre. Délocaliser vers où ? Certainement vers un pays où les habitants seraient immunisés contre Ebola. La Confédération Africaine de Football (CAF) fait bien de rejeter catégoriquement cette idée. Une perspective aussi incongrue qu’inacceptable, que nos dirigeants s’échinent pourtant à entretenir. Je ne sais à quelle fin, sinon pour jeter l’anathème sur la qualité de notre leadership. Si nos autorités sont déterminées à aller jusqu’au bout de cette posture, elles n’avaient qu’à opter depuis le début pour la seconde et dernière option : c’est-à-dire le forfait. La balle est dans leur camp, il faut la jouer et non s’amuser avec.

Pour ma part je me permettrai de faire la proposition suivante à nos autorités pour qu’elles sortent la tête un peu haute de cette affaire. Vu les mesures prises par la fédération Sierra Léonaise, notamment sur la composition de leur délégation, acceptez la tenue de cette rencontre ici à Abidjan ; si nécessaire dans un stade vide.

Tawakkal


L’Africain est-il suffisamment entré dans l’histoire ?

Il y a 54 ans, l’Afrique qui compte aujourd’hui 54 nations entrait dans une phase nouvelle de son histoire : Bonjour les indépendances !L’heure du grand espoir, les pères fondateurs annoncèrent alors les couleurs :« Nous traiterons désormais d’égale à égale avec les nations du monde. », « Nos nations connaitront désormais le développement vrai, ses fils et filles seront les premiers bénéficiaires de ses richesses. », « Au nom du droit inaliénable qu’à tout peuple de disposer de lui-même, … nous prenons aujourd’hui notre destin en mains, » etc…

Aujourd’hui, à l’heure où mon pays, la Côte d’Ivoire, célèbre un nouvel anniversaire de son accession à la souveraineté, et que beaucoup d’autres nations sœurs du continent lui emboiteront le pas dans les jours à venir, j’ai décidé de m’interroger sur la problématique de la place de notre Afrique dans l’histoire.

Plus d’un demi-siècle après la naissance de nos États, l’on peut compter sur le bout des doigts les îles  faisant exception aux calamités de cet océan de misères. Du nord au sud, de l’ouest au l’est, les pays sont successivement ou simultanément secoués par des crises multiformes, qu’avons-nous  retenu alors de l’histoire de ce monde ?

D’aucuns répondront que même les grandes puissances d’aujourd’hui sont passées par là, comme pour dire que l’Afrique doit se borner à répéter les erreurs du passé quelle aurait bien pu éviter à s’abreuvant lucidement des enseignements de  l’histoire. En tout état de cause, c’est idiot de vouloir récréer la roue quand nous savons pertinemment qu’elle existe déjà. Sinon au lieu d’avancer l’on ne fera que piétiner, comme cette Afrique qui piétine et se piétine depuis bientôt 60 ans.

Pour avancer dans la bonne direction et vivre sainement, le troupeau a besoin d’un berger qui veille sur ses pas, l’oriente vers les herbes vertes et les sources d’eau. L’Afrique n’a pas de berger, sinon de piètres qualités. Pendant que le Nigeria et l’Afrique du Sud se livrent la guerre, au lieu de conjuguer leurs forces pour une Union Africaine forte, qu’espérions-nous ? Ces dirigeants sont-ils suffisamment entrés dans l’histoire pour cerner les enjeux d’une organisation panafricaine viable au dépend de leurs égoïstes  préférences nationales ? Ils ne me répondent pas, j’irai donc poser la question au guide Mouhammar Kadaffi, l’apôtre des États-Unis d’Afrique, lui saura me donner réponse. Ils éclatent en rire et  me répondent tous à l’unisson : « Tu dis aller voir ce dictateur de  la pire espèce, sois informé qu’il est mort, emporté par les balles de la révolution. ». Je tombe des nuits, êtes-vous qui traitez KADAFFI de dictateur de la pire espèce, vous qui, il y a peu chantiez ces louanges  et qui veniez vous abreuver aux sources intarissable du dictateur ? Êtes-vous suffisamment entré dans l’histoire pour comprendre qu’un leader se doit d’être cohérent, intègre et fidèle à ses valeurs ? Avec cette démonstration de vos talents d’hypocrisie, que pourrions-nous encore espérer de vous ?

Pas plus tard que hier nuit, 06/08/2014, l’on me disait que la pénurie de pluie menaçait gravement les cultures rizicoles dans le centre de la Côte d’Ivoire. Dans mon beau pays qui sera émergent à l’horizon 2020, l’on vit encore à la merci des aléas de la nature, comme au temps jadis. Et tu veux que l’on dise que nous sommes entrés dans l’histoire ? Alors que nous sommes incapables de faire de l’irrigation des terres agricoles une réalité, dans un pays où les sources d’eau ne manquent guère. Ici sont tellement entré dans l’histoire qu’ils ont décidé de construire leurs châteaux au mépris de toutes normes d’urbanisation, bouchant ou supprimant ainsi toutes les canalisations. D’autres n’ont trouvé que les égouts pour y déverser leurs ordures ménagères, voire industrielles. Et les conséquences de ces dérives sont inscrites chaque année sur le sombre tableau de notre histoire, avec son lot d’inondation et désolation diverses. Je ne pourrai énumérer toutes nos prouesses historiques, tant l’incivisme sévit à tous  les échelons de notre société. Dans l’histoire nous sommes, mais sommes-nous du bon côté ?

Les présidents et autres dirigeants de nos 54 États reviennent des États-Unis d’Amérique, la bonne rive de l’histoire diront certains. Là-bas, ils ont participé au 1er sommet États-Unis -Afrique. Toutes les puissances font déplacer nos dirigeants dans les salons : sommet France-Afrique sommet Afrique-France, sommet Chine-Afrique et maintenant sommet États-Unis –Afrique, allons y comprendre quelque chose. Le jour viendra peut-être où l’Afrique sera une puissance véritable, ou aura des nations aussi fortes pour organiser elles aussi des sommets auxquels les autres continents vont accourir. Au demeurant qu’est-ce que l’Afrique, sinon nos dirigeants ont appris ou gagné de ce sommet avec le premier président noir des États-Unis ?

Barack Obama, ce monsieur qui a suscité autant d’espoir sur le continent ne fera certainement pas de miracles pour l’Afrique. L’Afrique a vite fait d’ajouter son élection à l’actif  de son histoire ; l’un des nôtres est désormais l’homme le plus puissant. Symbole, comme autant d’autres. L’Afrique peut-il objectivement fonder son héritage historique sur des réussites personnelles. Suis perplexe, comme je ne me fais d’ailleurs aucune illusion sur le sort de ces équipes de football qui ne fondent leurs espoirs de victoires que sur des individualités. Sommes-nous suffisamment entrés dans l’histoire pour savoir conjuguer nos efforts et intelligences. Pour occuper sa pleine place dans l’histoire, l’Afrique devra à mon sens mettre l’accent sur cette dimension du travail en équipe. Que pourrions-nous bâtir dans le désordre et la désunion ? Comment pourrions gravir les marches de l’histoire sans un leadership conséquent ?

Bonne fête de l’indépendance à toutes et tous !

Tawakkal


A l’épreuve de la conquête de l’honneur et la dignité du Mali

Ce matin, plus tôt que d’habitude, nos oreilles prirent la direction des chaines d’information, et sans grande surprise ce que nous redoutions s’est  produit. L’armée Malienne a encore pris la poudre d’escampette, laissant derrière elle  armes et munitions, mais pire, abandonnant les pauvres populations qu’elle est censée protéger contre vents et marrées.

Personnellement je ne me faisais pas d’illusions sur les suites de cette Nième offensive lancée par l’armée Malienne. Si bien que mon pessimisme était transparent dans le seul tweet que j’y ai consacré hier soir : «Ça ressemble à du déjà-vu! Pourvu que cette fois le gouvernement et l’armée ne se fourvoient pr la Nième fois. #Mali #Grin223 ». Mais pour une fois nous avons voulu y croire, après tout ce gouvernement  n’a-t-il pas été élu «Pour l’honneur du Mali, le bonheur des Maliens, le Mali d’abord».? Aussi froide soit-elle, nous devrons regardez aujourd’hui la réalité en face. A l’aune de la première épreuve, l’honneur et la dignité du Mali ont été bafoués, la fierté des Maliens sévèrement froissée, et  l’enthousiasme des amis du Mali que nous sommes, profondément entaché. A qui la faute ?

En tout état de cause, le Président Ibrahim Boubacar KEITA et son gouvernement auraient voulu vilipender l’honneur du Mali, qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Difficile d’y croire, mais l’offensive sur Kidal a été lancée sur coup de tête. Pour preuve, les honteuses justifications de la débâcle : « problèmes de coordination et de transmission des renseignements… ». Le gouvernement Malien a agi comme ce gamin, qui sous le choc du premier coup reçu se jette sur son bourreau et se fait massacrer par celui-ci. Et lorsqu’il s’est fait sérieusement bastonné, notre gamin en veut à son frère, à ses proches qui ne lui ont pas protégé de ce massacre. Que pouvaient-ils faire ? Ces personnes qui ignoraient tout de la scène qui se jouait ? Absolument rien ! C’est ainsi que les forces Internationales ne pouvaient et devaient pas bouger le petit doigt. Elles ne peuvent donc être incriminées sous aucun prétexte. Toutefois, les amis du Mali doivent continuer leurs efforts afin d’éviter une nouvelle descente aux enfers.

L’honneur du Mali d’accord, mais la méthode d’abord ! En matière de gestion d’un pays, le mérite réside dans le résultat, et non dans l’intention, encore moins dans les slogans élaborés par les agences de communication. Chez nous en Côte d’Ivoire, l’adage dit: « C’est au pied du mur on voit le vrai maçon. ». Le gouvernement Malien doit prendre conscience de ses lourdes responsabilités et agir en conséquence. Le bûcheron IBK doit prendre le temps pour aiguiser convenablement sa hache, au lieu de se lancer avec un outil de piètre qualité à l’assaut des défis. Autrement, il ne ferait que faire souffrir davantage, voir trahir le brave et vaillant peuple Malien.

Au demeurant, je m’incline respectueusement devant la mémoire de toutes les victimes de cette crise, victimes des errements d’un leadership aux abois.

Prompt rétablissement aux blessés, et courage aux déplacés.

Tawakkal



Côte d’Ivoire / CPI : Il ne faut plus transférer un ivoirien devant la justice Internationale

« Nous souhaitons que cette année 2013 soit… une année de transfert d’argent au pays, et non une année de transfert des gens au CPI. » Nous avons presque tous éclatés de rire, lorsque  cette phrase a été prononcée par le groupe baptisé les « Zinzins de l’art » au cours de l’émission humoristique « Bonjour 2013 ». Parce que tous les ivoiriens se sentent concernés par ce sujet, même s’ils n’ont pas la même appréhension des tenants et aboutissants. « Les relations entre la CPI et la Côte d’Ivoire », voilà un sujet sur lequel la quasi-totalité des Ivoiriens ont un avis. Si certains sont favorables à un renforcement de la collaboration entre les deux (02) entités, les autres y sont farouchement opposés. Et chacun y va de ses arguments. Personnellement j’ai un avis mitigé.

Retour sur les évènements entre la Côte d’Ivoire et la CPI

C’est le 17 juillet 1998 que l’acte fondateur de la Cour Pénale internationale (CPI), le statut de Rome fut signé par 120 États, dont la Côte d’Ivoire. Suite à cette signature, le statut de Rome devait être ratifié par les institutions des différents États signataires. C’est finalement le 15 février 2013, que la Côte d’Ivoire a déposé son instrument de ratification de ce statut au siège de l’ONU à New York. Devenant ainsi le 122ième  État partie de la Cour et le 33ième  État membre africain de cette juridiction. La ratification du Statut de Rome par la Côte d’Ivoire intervient près de 15 ans après que l’État ait initialement signé le traité.
Un certain nombre d’obstacles juridiques et constitutionnels ont retardé le processus.
La Cour constitutionnelle de la Côte d’Ivoire a statué initialement en octobre 2003 que la ratification du Statut de Rome n’était pas en conformité avec la Constitution ivoirienne de 2000.
Ceci implique que le traité ne peut être ratifié par la Côte d’Ivoire que si la Constitution en vigueur est modifiée pour corriger les incompatibilités.
Grâce aux efforts de plaidoyer des organisations de la société civile ainsi qu’au travail et au soutien des membres du Parlement, et compte tenu de l’évolution de la situation politique, la modification requise et un projet de loi approuvant la ratification par le gouvernement du Statut de Rome ont été approuvés par le Parlement le 20 décembre 2012 et par la suite signés et promulgués par le président Alassane Ouattara.

Mais bien avant la ratification du Statut de Rome, La Côte d’Ivoire  avait reconnu la compétence de la Cour Pénale Internationale pour les faits qualifiés de génocides, crimes de guerre et crimes contre l’humanité, depuis le 30 novembre 1998. Cette reconnaissance la été renouvelé le 18 avril 2003, le 14 décembre 2010 et le 3 mars 2011. C’est reconnaissance de la Cour Pénale Internationale (CPI) qui a permis à celle-ci de s’intéresser en 2011 aux crimes de guerre et les crimes contre l’humanité commis depuis le 28 novembre 2010 en Côte d’Ivoire.

Les poursuites de la CPI en Côte d’Ivoire

A ce jour, les poursuites de la CPI visent trois (03) personnalités ivoiriennes : l’ancien Président Laurent Gbagbo, son épouse Mme Simone Gbagbo, ainsi que Charles Blé Goudé. Tandis que les enquêtes, ont elles été élargies aux crimes commis depuis 2002.

Mémo de la CPI sur Laurent Gbagbo
Mémo de la CPI sur Laurent Gbagbo
Mémo de la CPI sur Simone Gbagbo
Mémo de la CPI sur Simone Gbagbo
Mémo de la CPI sur Blé Goudé
Mémo de la CPI sur Blé Goudé

Si Laurent Gbagbo a été remis à la CPI le 30 novembre 2011, Simone Gbagbo et Blé Goudé ne l’ont toujours pas été, quand bien même que la Cour et des ONG ne cessent de réclamer leurs extraditions.

Relations entre la Côte d’Ivoire et la CPI ; quelle suite ?

Quelle suite donner aux relations entre l’État Ivoirien et la CPI ? Notamment concernant les poursuites et enquêtes en cours ? C’est l’interrogation qui intéresse beaucoup d’observateurs et acteurs de la vie sociopolitique Ivoirienne. En effet, beaucoup soupçonnent le gouvernement de ne pas vouloir livrer à la CPI, les personnes qu’elle réclame. Personnellement j’estime que cette option selon laquelle la justice ivoirienne se donnerait les moyens pour organiser elle-même les procès est salutaire. Si hier notre justice était en lambeau, justifiant le transfert du président Laurent Gbagbo à la CPI, aujourd’hui elle retrouve ses marques. Si bien que des procédures judiciaires et des poursuites visent déjà Mme Simone Gbagbo et Charles Blé Goudé. Il ne faut donc livrer ni l’un ni l’autre à la CPI. Hier le transfert de Gbagbo était justifiable donc justifié, on ne peut pas en dire de même aujourd’hui pour la cas de Simone Gbagbo et Blé Goudé.

Au-delà de l’interrogation sur notre souveraineté judiciaire, l’organisation de ces procès en Côte d’Ivoire participera dans une certaine mesure à la dynamique de réconciliation nationale. En tout état de cause, un procès organisé en côte d’Ivoire n’a pas la même portée qu’un procès organisé à la Haye. Et un éventuel pardon prononcé devant et parmi le peuple ivoirien aura un impact décuplé par rapport à un pardon prononcé à des  milliers de kilomètres des victimes.

Les autorités ivoiriennes doivent donc résister aux pressions multiples pour organiser tous les procès en Côte d’Ivoire, dans la transparence et l’équité.

Tawakkal


Côte d’Ivoire : ce que je pense du rapport mondial 2014 de Human Right Watch

L’ONG Internationale Américaine de défense des droits de l’homme, Human Right Watch, a publié son rapport mondial 2014. Une partie de celui-ci est consacrée à la Côte d’Ivoire. Après lecture et analyse de ce chapitre « Côte d’Ivoire », je suis arrivé à un certain nombre d’observations.

D’une part aucun observateur sérieux de cette Côte d’Ivoire ne dira que tout y va mal. Il y a des progrès à tous les nouveaux, et ceux-ci sont perceptibles. D’autre part aucun observateur crédible ne dira non plus que tout va bien sur la terre d’Eburnie. Le rapport de Human Right Watch obéit à ce tempo. Il demeure de nombreux défis, et quoi de plus normal d’ailleurs. Laurent Gbagbo ne nous avait-il pas enseigné que l’on ne sort pas d’une crise comme d’une boîte de nuit ?  Sur ce sujet l’historien n’avait pas tort. Nul ne saurait régler les problèmes de l’insécurité, du système judiciaire, du foncier et de la corruption de cette nation qui vient de deux décennies de crises multidimensionnelles par un coup de bâton magique.

Revenant au contenu du rapport de HRW, quand celui-ci ne passe pas sous silence les solutions engagées par les autorités Ivoiriennes, il ne fait que les survoler. C’est le cas par exemple concernant la corruption. Beaucoup d’initiatives porteuses d’espoirs ont vu le jour en 2013, en occurrence la création de la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, mais HRW n’en parle pas. Par ailleurs à l’instar des autres organisations internationales, le rapport de HRW est beaucoup plus idéaliste, alors que la gestion d’un pays requiert davantage de réalisme. C’est le cas par exemple avec la question des poursuites judiciaires. C’est facile de dire qu’il y a une justice à sens unique, or les réalités auxquelles nous sommes confrontés exigent que les auteurs de cette crise post-électorale, par ailleurs auteurs des plus graves crimes soient les premiers à être poursuivis. Pour le reste le gouvernement Ivoirien s’est toujours engagé à rendre une justice équitable, et ne cesse de mettre en œuvre les réformes idoines. En outre HRW signale dans son rapport que ces dernières années la France est restée silencieuse quant à la gestion des autorités Ivoiriennes. Ce n’est pas anodin. Cette situation devrait interpeller bon nombre d’observateurs, quand nous savons que la France demeure de loin l’acteur extérieur qui connait au mieux ce pays. Qui connait la Côte d’Ivoire et est doté de bonne foi mesure ses critiques dans cette période de normalisation, à défaut de les mettre en veilleuse. Car au-delà des principes, de l’idéal, il demeure l’implacable réalité Ivoirienne.

Pour finir il faut éviter de tomber dans ce que j’appelle le « complexe  des organisations Internationales ».  C’est-à-dire qu’il ne faut pas accorder une supériorité de fait à ces organisations. Car beaucoup prennent pour parole d’évangile leurs publications, alors que celles-ci sont parfois déconnectées des réalités. Souvenez-vous que sous la dictée des institutions internationales ( de Bretton woods) les Africains ont « détruit » leurs économies en appliquant les Programmes d’Ajustement structurels (P.A.S.). Ces institutions internationales nous avaient pourtant promis le salut. Comparaison n’est certes pas raison, mais ma foi ces épisodes du passé doivent nous inviter à prendre plus de hauteur. L’Ivoirien en particulier, l’Africain en général doit faire preuve de maturité face aux évènements de ce monde en perpétuel mutation, afin de reconnaitre le bon grain de l’ivraie. Cela est d’autant plus nécessaire quand nous savons que toutes les critiques ne sont pas à rejeter. Lorsqu’elles sont objectives et constructives, les critiques permettent aux entités visées de s’améliorer et par ricochet améliorer leur gestion.

Tawakkal


Crise du parti présidentiel au Burkina : la Côte d’Ivoire appelle au dialogue

On peut affirmer sans crainte de se tromper dans la sous-région ouest-africaine que l’événement politique le plus retentissant de ces derniers  jours nous vient du pays des hommes intègres. En effet le parti au parti au pouvoir, le CDP, Congrès pour la démocratie et le progrès, est en proie à une vague de démissions sans précédent.

Retour sur les faits

Depuis plusieurs années les observateurs et acteurs de la vie politique au Burkina  Faso s’interrogent sur une question : Blaise Compaoré va-t-il modifier la Constitution pour solliciter un nouveau mandat ? Le président qui a déjà passé 27 ans à la tête du pays est désormais face à un verrou constitutionnel.

C’est  l’article 37 de la Constitution du 2 juin 1991 qui introduit la clause limitative des mandats dans la loi fondamentale burkinabè.  Mais le président Compaoré fera machine-arrière en modifiant cette Constitution en 1997 afin de supprimer la limitation des mandats présidentiels. Cependant après les évènements consécutives à  l’assassinat du journaliste Norbert Zongo en 1998, l’Assemblée nationale modifie à nouveau en 2000 la Constitution afin de limiter le nombre de mandats présidentiels et d’en ramener la durée à cinq ans.

C’est finalement en 2005 que cet article 37 va surgir dans le débat juridico-politique, avec en filigrane la question de l’éligibilité de Blaise Compaoré. Pour rappel, la présidentielle de 2005 était  la première à laquelle l’opposition a participé depuis le rétablissement du multipartisme en 1991. A l’époque ses détracteurs soutenaient que la candidature de M. Blaise Compaoré violait la lettre et l’esprit de l’article 37. Ils faisaient valoir qu’en application du principe de l’effet immédiat de la loi nouvelle, la candidature de Blaise Compaoré était illégale et/ou illégitime. Saisi à cet effet, le Conseil constitutionnel a concédé que les versions successives de l’article 37 sont cause d’un conflit de lois dans le temps. Et de rappeler le principe de base au nom duquel « la loi ne dispose que pour l’avenir, elle n’a point d’effet rétroactif ».

Après ces épisodes, l’on a cru que le débat serait définitivement clos et qu’à partir de cette date Blaise Compaoré ferait au maximum deux mandats à la tête du Burkina. Mais très rapidement, les opposants et certaines composantes de la société auront à tort ou à raison des soupçons. Ceux-ci pensent que l’actuel président envisage une nouvelle modification de la Constitution, afin de demeurer à la tête du pays après 2015. C’est alors le projet de création du Sénat qui cristallise toutes les tensions.  La société civile et l’opposition ont rejeté en bloc  ce projet. Tandis que les uns y voient un projet inopportun et budgétivore, les autres y voient un outil destiné à modifier l’article 37 de la Constitution. Face à ce rejet, le président suspend la mise en place du Sénat le 12 août 2013. Mais ses détracteurs continuent à croire qu’il caresse toujours l’idée de modifier la Constitution afin de briguer de nouveaux mandats.

Passé maître dans l’art de camoufler ses intentions, Blaise Compaoré n’a pas encore dit s’il souhaitait se présenter à la  prochaine élection. Mais certains qui disent le connaître, après plusieurs décennies de cohabitation, ne se font point de doute sur les projets du président. Et ils semblent décider cette fois à lui mettre les bâtons dans les roues.

Dans une lettre ouverte, en date du 4 janvier 2014, plusieurs figures du parti présidentiel font part de leur démission. Parmi eux :  Roch Marc Christian Kaboré (Ex-chef du CDP, et ancien président de l’Assemblée nationale), Simon Compaoré (ancien maire de Ouagadougou), de nombreux anciens ministres dont Salif Diallo autrefois très proche et homme de confiance de Blaise Compaoré. Cette vague de démissions a à juste été qualifiée par certains observateurs comme un séisme politique, quand d’autres parlent d’un coup dur pour le parti de Blaise Compaoré, voire pour le Burkina. Pour nous autres qui sommes en Côte d’Ivoire, nation jumelle du Burkina, ces évènements nous rappellent un épisode  de notre propre histoire : les désertions  du PDCI.

Le « syndrome PDCI »

Le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) est le parti fondé par le père de la nation ivoirienne. C’est le plus vieux parti de Côte d’Ivoire, celui qui a dirigé le pays de 1960 à 1999, soit trente-neuf ans de règne ininterrompu. Cependant, un an après la mort du président Félix Houphouët Boigny, alors que le PDCI tenait toujours les rênes du navire Ivoire, l’on a assisté à une première vague de désertions, plusieurs autres suivront dans le temps. Ces déserteurs du PDCI créeront des partis politiques d’opposition, dont le premier le RDR (Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire) est aujourd’hui au pouvoir. En plus du parti d’Alassane Ouattara, l’UDPCI, le PURCI, l’UDCY, l’URD, le RPP etc. sont autant de partis issus du PDCI. Pour l’essentiel ces déserteurs reprochaient au président du parti le refus de la démocratie interne et de la rénovation du parti, ainsi que le manque de dialogue et d’ouverture. Ce sont les mêmes griefs qui sont formulés aujourd’hui contre le président du CDP, comme en témoigne un extrait de la lettre ouverte des démissionnaires : « La démocratie ayant disparu au sein du parti au pouvoir, elle ne peut qu’être menacée au niveau national… Au lieu d’engager un débat préalable sur des questions controversées, nous sommes en train d’assister à des tentatives et à des velléités de révision de la Constitution en vue de sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels dans un contexte où le peuple est profondément divisé. »

Le CDP est-il atteint du « syndrome PDCI » ? C’est tôt de le dire, et il vaudrait mieux que cette éventualité ne devienne pas une réalité. Car  en plus de précipiter la chute du parti, ces évènements ont exposé la Côte d’Ivoire à plusieurs épisodes malheureux, dont le pays des hommes intègres gagnerait à faire l’économie.

La salutaire médiation ivoirienne

Dès l’éclatement de cette crise au sommet du parti au pouvoir burkinabè, le président ivoirien a dépêché une mission à Ouagadougou, afin de discuter avec les différentes parties. Cette mission conduite par le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire a rencontré le président Blaise Compaoré ainsi que les démissionnaires. A l’issue de cette mission Guillaume Soro a déclaré : « Notre devoir est d’être à la hauteur de tout le soutien que le président Compaoré et le peuple burkinabè tout entier nous ont apporté quand la Côte d’Ivoire sombrait dans le gouffre. C’est un devoir et une responsabilité que nous assumerons pleinement dans la limite du strict respect de la souveraineté des Etats … Je ne peux avoir la prétention de connaître le Burkina mieux que les Burkinabè. Cependant vu les liens historiques et légendaires qui nous unissent, demeurer indifférent est inacceptable. Ce que je souhaite c’est que le dialogue direct inter-burkinabè triomphe. Nous avons besoin d’un Burkina fort, stable et paravent des menaces d’un nouveau genre. L’intégration voulue par les panafricanistes du continent ne commande que la solidarité. »

Cette initiative des autorités ivoiriennes est salutaire à plus d’un titre. D’abord, elle témoigne de la maturité de nos dirigeants à prévenir et faire face aux crises diverses. Car cette crise qui ne concerne pour le moment que le parti au pouvoir pourrait faire couler demain tout le pays. Sans pour autant passer pour des donneurs de leçon, les Ivoiriens sont bien placés pour assister le Burkina dans la gestion de cette crise. Il y a vingt ans la Côte d’Ivoire est passée par là, et tout porte à croire que nous avons tiré aujourd’hui les leçons de ces épisodes. Quand le PDCI a failli, la Côte d’Ivoire s’est affaissée. Le parti n’a pas su se ressaisir et à chuté, ainsi que le pays qui tomba entre les mains d’aventuriers. La Côte d’Ivoire aurait pu éviter beaucoup d’évènements sombres, mais nous n’avons pas pu, ne faites pas comme nous. Il est de la responsabilité de tous les acteurs burkinabè de préserver leur pays.

Certaines personnes pourraient penser à tort que l’intervention des Ivoiriens serait une violation de la souveraineté du Burkina. Il faut faire la part des choses. De toute évidence personne ne viendra dicter à nos frères burkinabè leur conduite. Cependant, il convient de s’activer pour éloigner les solutions extrémistes du « pays des hommes intègre »s. Et à ce stade toutes les parties doivent être appelées à plus de responsabilité vis-à-vis de l’intérêt de la nation.

A tous, prenez  garde de contracter le « syndrome PDCI », car lorsqu’il est mal traité le pays s’en remet très difficilement.

Tawakkal

 

 


Top 10 des messages de vœux 2014

Pour ce premier billet de 2014, j’aimerais avant toute chose souhaiter mes vœux les meilleurs à ceux et celles qui me font l’amitié de visiter ce blog. Que vos vœux les plus chers se réalisent en cette année. Bonne et heureuse année 2014 à tous et à chacun, singulièrement à la grande famille des mondoblogueurs.

L’occasion de la nouvelle année est en effet celle consacrée pour échanger les vœux avec nos proches, collègues ou partenaires. Et si dans un passé récent le seul moyen était les cartes de vœux, aujourd’hui nous avons une diversité de supports pour véhiculer nos vœux de bonne année : des applications web, des sms etc…. Ces applications sont gratuites et nous permettent de bénéficier d’un carnet d’adresse, du rappel des évènements et de bien d’autres avantages.

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J’ai personnellement reçu de multiples et variés messages de vœux en cette année, j’ai donc décidé de faire une sélection arbitraire de 10, et de partager celle-ci avec vous.

La série a commencé à quelques jours du nouvel an, avec des messages de remerciements et de pénitence.

Message 1 :

« Merci à toi pour tout le soutien. Cette année ne saurait s’achever sans que je ne te témoigne ma reconnaissance. Merci pour tout et que Dieu t’accorde selon la volonté de ton cœur. »

Message 2 :

A 1 jour de 2014, moi …, je profite de te cette aubaine pour te dire du plus profond de mon cœur PARDON. PARDON pour une parole qui t’aurait blesser. PARDON pour un geste maladroit. PARDON pour un manque d’attention. PARDON pour une pensée mal exprimée. PARDON pour tout ce qui t’aurait offensé, venant de moi. Encore PARDON !!! que Dieu nous protège et nous garde longtemps. »

Message 3 :

« Jour J-1 et 2014 ouvrira ses bras chargés de tous nos vœux. Pardon prends un seul : la santé. Je l’ai achetée très cher car elle te permettra de franchir les 365 défis de 2014. Bonne fête ! »

Ensuite dès les premières secondes de 2014, le bal des messages de vœux s’est officiellement ouvert.

Message 4 :

« Salut, soit fort car des personnes que tu connais très bien, qui venaient souvent te voir ont perdu la vie dans un accident cette nuit. Tu ne les verras plus jamais. Il s’agit de: Mlle difficulté, sa cousine souffrance, ses nièces: déception, jalousie, maladie, pauvreté et son copain Mr échec. Bonne Année 2014 à toi. »

Message 5 :

« Les pleurs font partie de la vie, bienheureusement les joies et les rires aussi. Alors serais-je à mesure de te prédire une année sans peines ? Certainement pas. Cependant je formule pour toi des vœux de santé et de stabilité. Que les profonds sillons laissés par les larmes de 2013 soient recouverts afin que sur ton visage le sourire radieux de l’espoir chasse l’amertume. Très bonne et heureuse année 2014 à toi et à toute ta famille. »

Message 6 :

« Dépôt effectué par un cœur rempli de joie et d’amour pour un montant de paix, joie, prospérité, longévité, progrès, réussite et santé de fer pour toi afin de savourer la nouvelle année 2014. Que l’année écoulée éponge nos soucis et nos peines. »

Message 7 :

« Bonne et heureuse année. Mes vœux les meilleurs ! Que DIEU te lave d’amour, te rince de santé, t’essuie de grâce, t’habille de paix, te chausse de longévité et te parfume de prospérité. Bonne fête 2014. »

Message 8 :

Voici votre voiture de marque « SUCCES » pour vos courses sur terre. Vous devrez la conduire avec persévérance, le courage sera vos pneus, la santé votre carburant, le bonheur votre siège, la réussite votre volant, la prospérité votre accélérateur, le pardon vos freins, la vigilance vos phares… LA FOI en DIEU est le moteur et la Prière, votre clé de contact… Bonne route pour ta réussite, que le seigneur te garde. Bonne et heureuse Année 2014.

Message 9 :

« Vœux de 2014 : Si tu te rends coupable d’infidélité en cette année, que toutes tes infidélités se transforment en grossesse. Si tu as cœur, faut dire Amen ! Tu n’as pas dit que tu aimes douahou… »

Et pour clore la sélection, un dernier qui vous permettra de vous retrouvera dans l’une de ses catégories.

Message 10 :

« Le match « 31 décembre 2013 » a enfin livré son verdict. Hommes doublés 29% ; femme doublées 56% ; relations brisées 38% ;  nouvelles rencontres 47% ; personnes partis à l’église 31% ; personnes partis au show  44% ; personnes restés à la maison 25% ; garçons ayant découvert femme 26% ; femme ayant découvert garçon 24% ; préservatifs utilisés 91% ; poches vides 95%. Toi tu t’es retrouvé dans quel (s) cas ? »

Je réitère à nouveaeu mes remerciements à tous ceux et celles qui ont bien voulu m’inclure dans leur chapelet de vœux, je vous en souhaite autant, dans la santé et le succès.

A vous les visiteurs de bien vouloir rajouter en commentaire les éventuels messages de vœux qui auraient retenu votre attention.

Tawakkal


Côte d’Ivoire : Quelques enseignements du 24 Décembre 1999

24 décembre 1999, il y a 14 ans, la Côte d’Ivoire a fêté un noël particulier : la chute de Bédié. J’étais à peine au collège, nous avons dansé, nous avons chanté à travers les rues de la ville. On ne savait pas trop ce qui se passait, mais on voulait partager la joie de nos parents, on voulait faire comme ces personnes qu’on voyait à la télévision, dans les rues d’Abidjan. Presque toute la Côte d’Ivoire a célébré l’arrivée d’un père noël particulier. Vêtu en tenue militaire, il s’était munit d’un balai ; pour balayer Bédié, et  assainir la Côte d’Ivoire. Que pouvons-nous retenir de ces épisodes de notre histoire ?

Retour sur les faits

Nuit du mercredi 22 au jeudi 23 décembre 1999 :

Un petit groupe de soldats s’empare, sans difficulté, de la poudrière du camp d’Akouédo, sur la route de Bingerville, à l’est d’Abidjan. À la tête du commando, les sergents-chefs Souleymane Diomandé et Boka Yapi, épaulés par les caporaux Issa Touré, Neman Gnepa, Oumar Diarra Souba et Yves Gnanago. Les six hommes ont en commun de bien connaître les lieux – ils appartiennent à une unité d’élite, la Force d’intervention rapide des paras commandos (Firpac) – et d’être des vétérans de la Minurca, la Mission des Nations unies en République centrafricaine, créée en mars 1998 par le Conseil de sécurité pour ramener la paix en Centrafrique.

Après avoir pris le contrôle du dépôt d’armes, les militaires tirent des rafales en l’air, provoquant un début de panique dans la caserne. Le capitaine Crépy, lui aussi ancien de la Minurca, mais bête noire des soldats, reçoit de sa hiérarchie l’ordre de mater ce qui apparaît comme une mutinerie. Les « Six » tentent alors un coup de bluff : ils affirment disposer d’une centaine de partisans puissamment armés et menacent, en cas d’attaque, de faire sauter la poudrière, au risque de détruire non seulement la totalité du camp, mais aussi une partie de la ville d’Abidjan. L’argument se révèle dissuasif. L’audace des mutins séduit leurs camarades, qui rallient en masse le mouvement. Akouédo bascule…  Les auteurs de cette opération spectaculaire, qui ont séjourné onze mois à Bangui, entendent obtenir le paiement d’arriérés de soldes et de primes et, au-delà, l’amélioration de la situation des hommes du rang. « Certains de nos chefs prélevaient une dîme sur les 5 000 F CFA que l’ONU nous versait quotidiennement lorsque nous étions là-bas », s’indigne le caporal Oumar Diarra Souba. Le caporal Issa Touré va plus loin : « Nous entendions également profiter de l’occasion, explique-t-il dans un français impeccable, pour protester contre les brimades et les injustices dont nous autres, hommes du rang, sommes victimes, depuis plusieurs années, de la part de certains de nos chefs. Par exemple, l’avancement ne se faisait plus au mérite et à l’ancienneté, mais selon des critères ethniques. » (1)

C’est le début des évènements qui se aboutiront le 24 décembre, au le renversement de l’un des régimes réputés les plus stables du continent.

Vendredi 24 décembre 1999 :

Abidjan est en proie à des pillards. Civils et militaires réquisitionnent des véhicules et disparaissent dans la nature. Les rares magasins épargnés la veille sont copieusement pillés.

Aux environs de 7 h 30, deux soldats, dont le sergent Diomandé, pénètrent dans les locaux de Radio Nostalgie, au Plateau. Ils exigent du directeur de la programmation, Yves Zogbo, qu’il diffuse un communiqué « pour deman­der aux gens d’arrêter les pillages ». Zogbo se saisit du micro et informe les auditeurs que « pour des raisons techniques », il est obligé d’interrom­pre momentanément les programmes. « Pas pour des raisons techniques, pour des raisons militaires », précise, dans son dos, le sergent Diomandé, qui se présente comme « le coordonnateur du mouvement ».

Presque au même moment, Bédié reçoit quatre mutins conduits par le « sergent IB », ancien moniteur de sport et ancien membre de la garde rapprochée du Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (1990-1993). Le chef de l’État est entouré du Premier ministre, du président de l’Assemblée nationale, Émile Brou Amoakon Atta, du ministre de la Défense et du major-colonel Doué, qui sert, depuis le début des événements, d’interface entre les mutins et le pouvoir.

Le sergent égrène les doléances des mutins. Le président lui répond que ceux-ci ne seront pas sanctionnés s’ils acceptent de regagner « immédiatement » leurs pénates. Mieux : il s’engage « personnellement » à examiner leurs revendications avec « bienveillance ».

Un nouveau rendez-vous est fixé. Mais il est déjà beaucoup trop tard. La capitale économique est plongée dans l’anarchie, et le sort du régime paraît scellé.

Vers 11 heures, des dizaines de militaires puissamment armés font irruption à Radio Nostalgie, dont le directeur, Ahmed Bakayoko, est un proche parmi les proches de Ouattara. « Le général va faire une déclaration », lancent-ils. Le général – il s’agit évidemment de Robert Gueï – descend d’une Nissan Patrol, s’engouffre dans l’immeuble et se dirige vers les studios. « Il m’a salué et m’a informé qu’il avait une déclaration à faire, raconte Zogbo. Il s’est installé, je lui ai placé un casque sur la tête et il a lu son discours. »

Gueï, qui se présente comme le « porte-parole » des insurgés, annonce la destitution du chef de l’État, la dissolution de l’Assemblée nationale (où le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, au pouvoir depuis l’indépendance, dispose d’une écrasante majorité), du gouvernement, du Conseil constitutionnel et de la Cour suprême. « Les jeunes mutins se proposent de vous présenter un Comité de salut public de la République, dont la composition sera annoncée dans les heures qui suivent », déclare-t-il. Un Comité national de salut public (CNSP) de neuf membres – tous militaires – sera effectivement constitué dans la journée. Dans les rues d’Abidjan, l’explosion de joie est immédiate : « Bédié est tombé ! Gueï président ! » hurle la foule. Ici et là, des femmes exécutent un mapouka endiablé. Dans les quartiers populaires, la bière coule à flots. Des soldats se rendent à la Maca, la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan. Après avoir défoncé le portail, ils libèrent les responsa­bles et militants du Rassemblement des républicains (RDR, opposition libérale, le parti de Ouattara) incarcérés depuis le mois d’octobre. Des milliers de droits communs, parmi lesquels de dangereux criminels, en profitent pour se faire la belle. (2)

La Côte d’Ivoire vient de connaître son premier coup d’état, place à la transition.

https://www.youtube.com/watch?v=rgpTy_FibXo

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Après la disparition du père fondateur, la présidence de la République est revenue au président de l’Assemblée Nationale, SEM Henri Konan Bédié. Malgré ses atouts agricoles, la Côte d’Ivoire s’enfonce dans la crise sous le régime particulièrement corrompu du nouveau président. La Côte d’Ivoire est secoué par des crises multiples ; d’ordres sociales, économiques et politiques. Et une personne cristallise à lui seul la quasi-totalité des frustrations et tensions découlant de ces crises : le Président de la République, SEM Henri Konan Bédié. Je me souviens que certains disaient à l’époque « à cause de Bédié on ne mange plus du riz. ». J’ai été aussi témoin de certaines scènes, dans cette ville où nous n’avions qu’une seule chaine de télévision, certains éteignaient leurs postes téléviseurs à chaque apparition du Président Bédié. C’était un désamour profond entre le président et les populations qui pour la majorité l’avaient porté au pouvoir. A cette période l’on a assisté à des grèves massives d’étudiants, au boycott des livraisons de cacao par les planteurs en colère, sans oublier les marches pro-Ouattara.

En effet dès 1995, Bédié a mis sur pied une politique raciale fondée sur « l’ivoirité », établissant une distinction entre les Ivoiriens de souche et les « étrangers ». Cette politique lui permet d’écarter de l’élection présidentielle Alassane Ouattara, un opposant politique, en évoquant son origine burkinabé. Cette décision a suscité la colère de l’opposition et la frustration de bon nombre d’Ivoiriens. Par la suite, le président démet le général Robert Gueï de ses fonctions, alors chef d’État-major des armées. La situation est tendue, davantage sur le plan politique en cette fin de 1999. C’est pour détendre cette atmosphère que le président Bédié était entendu le 22 décembre 1999 devant l’assemblée nationale. Certains espèrent que ce discours devant l’assemblée serait l’occasion d’annoncer une amnistie pour les dirigeants de l’opposition incarcérés, au nombre Henriette DIABATE. D’autres s’attendent à l’annonce d’une réforme de l’université. Mais au finish Bédié a servi aux députés, aux membres du gouvernement et diplomates présents, un discours pour le moins mitigé. L’on attendait un train de réformes, il faudra se contenter d’un discours électoral avant l’heure. L’on a espéré des décisions pour désamorcer la crise, il n’y aura que des invectives contre les « fauteurs de troubles », c’est-à-dire une grande partie de l’opposition, et contre « certains esprits chagrins de l’extérieur ». C’est donc un Bédié enfermé dans ses certitudes, dans son arrogance qui a conduit la Côte d’Ivoire à l’expérience du coup d’état.

Quels enseignements du coup d’état de 1999 ?

14 ans plus tard, avec le recul, chacun s’est fait une opinion sur ces évènements, chacun peut y tirer des enseignements. Il faut d’ailleurs que chacun le fasse en toute objectivité, puisque nous ne sommes pas encore sortis de ces crises. Ma foi, c’est notre capacité à tirer les leçons du passé qui nous mettra à l’abri des tragiques répétitions de l’histoire. Pour ma part, j’estime qu’une première leçon est l’impératif de la bonne gouvernance.

Nous ne sommes plus dans les années 1970, où les populations restaient indifférentes à la corruption des dirigeants. De nos jours aucun peuple ne peut tolérer pendant longtemps la mal gouvernance. Ceux qui aspirent au pouvoir pour se servir devront  changer leurs approches ou céder la place.

Ensuite un autre enseignement est que le peuple ne se satisfait plus des promesses, mais attend du concret. Il est bon d’annoncer des performances macroéconomiques, mais le citoyen doit ressentir la croissance dans son quotidien, dans son assiette.

L’un des enseignements majeurs de cet épisode est la nécessité de préserver la cohésion. Il ne faut surtout pas céder à cette facilité périlleuse qui consiste à manipuler, à opposer les groupes ethniques voire religieux. La Côte d’Ivoire garde encore de profonds stigmates de cette politique xénophobe. Le débat politique doit s’articuler autour des valeurs intrinsèques des acteurs, et non sur la base de considérations ethniques, religieuses ou régionalistes.

Enfin il faut à la tête de nos Etats des hommes d’Etats. Des leaders aussi sage pour éviter la floraison des crises,  qu’intelligents pour résoudre les crises lorsqu’elles naitront. Pour ce faire l’accession à la magistrature suprême ne doit pas être le fruit d’un accident, ou d’un arrangement, mais la conséquence d’un parcours, l’adhésion effective des populations.

Joyeux noël à toutes et tous !!!

Tawakkal

Notes: (1) & (2) Ces paragraphes sont issus de l’article de Jeune Afrique : « Le coup d’état de noël à Abidjan: le film des évènements« 


Côte d’Ivoire : Avant de penser aux « Etats généraux de la République », organisez d’abord les « Etats généraux de la refondation »

Depuis quelques jours l’on parle d’un remède miracle sur les bords de la lagune Ebrié, celui-ci selon ses prometteurs est censé nous ramener à une Côte d’Ivoire réconciliée. En effet dans un document de 33 pages, le Front Populaire Ivoirien a dévoilé un projet baptisé  » Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire, Dialogue politique et États généraux de la République« . Ce document décrit selon l’ancien parti au pouvoir la situation actuelle du pays et défends l’organisation des Etats généraux de la République comme l’ultime solution. A priori cette démarche du FPI est salutaire, mais comment ne pas s’interroger sur la sincérité de ces personnes qui veulent balayer devant la porte de leurs voisins tandis que les ordures ont élu domicile dans leur chambre ?

C’est le 7 septembre 2013, lors de la passation de charge entre lui et son intérimaire Miaka OURETO, que Pascal Affi N’GUESSAN avait brandi cette idée. Pour  le Président du FPI, cette proposition de forum national inclusif faite au pouvoir Ivoirien est le seul moyen de ramener la réconciliation entre les Ivoiriens et la paix en Côte d’Ivoire après la crise post-électorale de 2011. A cette offre du FPI, le Président Alassane OUATTARA a déclaré ne pas percevoir l’intérêt de ce projet, si bien qu’il a invité le FPI à se mettre au travail : « Je voulais que les journaux les informe, qu’ils se mettent au travail. Ce serait plus utile que de vouloir faire des réunions. Les ivoiriens veulent leur amélioration du quotidien, des mesures, des infrastructures, la cohésion nationale, le rassemblement. Mettons nous tous au travail, plutôt que d’avoir des partis politiques qui vont se réunir pour bavarder et distraire tout le monde… Le FPI gagnerait à préparer les élections de 2015. ».  Voilà une réponse qui a le mérite d’être claire, sans faux-fuyants. En effet rares sont les observateurs de la scène politique Ivoirienne qui accorde du crédit à cette nouvelle trouvaille du FPI.

Avant toute chose il faut ramener le FPI à son bilan

Pour ma part, j’estime que le FPI se trompe sciemment ou inconsciemment de priorité. Avant de voler au secours du Président comme le prétend Affi N’GUESSAN, il aurait fallu voler d’abord au secours du FPI. Je suis de ceux qui réclament un bilan honnête des refondateurs du FPI qui ont porté Laurent Gbagbo, au pouvoir en octobre 2000. Quel est le résultat de leur gestion du pouvoir politique, économique et institutionnelle ? Que reste-il des dix années qu’ils ont passées à la tête de la Côte d’Ivoire ? Nous avons le droit d’exiger d’eux le bilan des actions qu’ils disent avoir mené pour le bien des ivoiriens. Des milliers d’Ivoiriens sont morts dans les pogroms et une chasse à l’homme dans lesquels des femmes furent violées, des hommes furent égorgés comme du bétail. D’autres furent brûler vifs sur le bûcher de la haine interethniques. Beaucoup d’ivoiriens ont perdu leurs biens, maisons plantations et autres. On ne peut pas passer tout cela par perte et profit dans une sorte de règle comptable sans aucune explication. Tous ces morts, toutes ces victimes nous interpellent pour que le Président de la République de l’époque et ses amis frondeurs, frontistes et refondateurs donnent des explications aux ivoiriens. Le FPI doit s’expliquer, et répondre à nos questions :

– L’une des grandes questions que je me pose aujourd’hui encore, est de savoir s’il était vraiment utile de rompre les équilibres fragiles de la nation pour promouvoir une identité nationale ivoirienne ou ivoiritaire? Quel sens donner au silence du FPI devant les tracasseries administratives dont étaient victimes des ivoiriens originaires du nord de la Côte d’Ivoire ?

– N’était-il pas plus simple de poser le problème de la nationalité et de le résoudre dans un dialogue national utile pour que les conditions d’attribution de la nationalité ne conduisent pas le pays à une guerre fratricide et inutile ?

– Les concours d’entrées à l’ENA, qui se vendent et s’achètent à la vue et au su de tous au point ou le Président GBAGBO, est allé lui-même sur les lieux pour dénoncer cette forfaiture. Ne pouvait-il pas diligenter une enquête et arrêter tous ces truands pour les livrer à la justice ?

– Les concours de l’école de police ou les 75% des candidats admis appartiennent curieusement au groupe ethnique bété est sous nos yeux pour étaler les turpitudes d’une refondation atteinte par cette maladie égoïste et ethnocentriste que nous avons reproché en son temps au PDCI-RDA.
– Pourquoi n’avoir pas renégocié en douceur les accords de coopération avec la France au lieu d’une attaque frontale avec un adversaire dont on connaît la capacité de nuisance ?

– Concernant les déchets toxiques. C’est quand même incroyable que ce soit en Côte d’ Ivoire qu’un bateau que personne ne voulait dans son port arrive à Abidjan pour y déverser son poison pour contaminer et tuer les ivoiriens dans un laisser faire total des autorités. C’est cela la refondation qui veut encore solliciter les suffrages des ivoiriens ? Soyons sérieux messieurs les refondateurs.

– Je trouve choquant le fait que jusqu’aujourd’hui, on ne sait pas encore avec exactitude qui est le propriétaire de la société Tommy, qui était le destinataire abidjanais des déchets toxiques. C’est quand même incroyable. Quel est donc ce pays bizarre où on peut aller déverser du poison et tuer gratuitement des familles entières dans une opacité totale?

Est-ce de la négligence, de la naïveté ou alors de l’inconscience ? Affi N’GUESSAN et Les refondateurs doivent chercher eux-mêmes les réponses qui conviennent pour expliquer cette situation paradoxale qui a terni une bonne partie de leur crédibilité politique auprès des populations.

Pensent-ils nous embarquer dans une autre aventure sans un début de réponse à tous ces questionnements ?

Que devient alors le dialogue direct ?

Il ne faut pas se tromper sur le compte du Front populaire ivoirien (FPI). Ce parti qui excelle dans le jeu du boulanger qui roule ses adversaires dans la farine ne changera pas. En effet, depuis la fin de la crise postélectorale, le parti à la rose ruse avec le processus de paix et de réconciliation nationale en volant de trouvailles et trouvailles. Invité, en effet, dans le Cadre permanent de dialogue, creuset d’échanges et de discussions entre le gouvernement et l’opposition pour trouver des solutions aux problèmes politiques, l’ancien parti au pouvoir a refusé la table de négociation. Raison évoquée : le FPI, selon son président intérimaire d’alors, Miaka OURETO est le «principal parti d’opposition» qui ne doit pas être traité au même titre que les « petits » partis. Le parti bleu a donc exigé et obtenu un dialogue direct avec le pouvoir. A côté des négociations du cadre permanent de dialogue où siègent 11 partis de l’opposition, le gouvernent a initié des pourparlers avec l’ex-parti au pouvoir. A la fin du mois de janvier 2013, les deux parties se sont retrouvées pour mettre en place des commissions qui ont planché sur les questions relatives à la sécurité, au jeu démocratique, à l’Etat de droit et à la réconciliation nationale. Alors que les choses avançaient bien, les négociateurs du FPI qui ne voulaient certainement pas qu’elles aboutissent ont appuyé sur le bouton de la mauvaise foi. Et le dialogue s’est noyé dans le fleuve des préalables des anciens dirigeants de la Côte d’Ivoire. En plus de réclamer une amnistie générale à l’effet de libérer tous les prisonniers de la crise postélectorale, le FPI a exigé la nomination d’un médiateur. Au quel cas, il claque la porte. Le dialogue direct comme espéraient les envoyés de la maison bleue a pris du plomb dans l’aile et a même été rompu. Pendant que pour le pouvoir il est question de remettre les discussions au gout de jour, Affi N’GUESSAN, qui a repris, après sa sortie de prison, le fauteuil de président du parti créé par l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, a remis tout en cause. Avant de sortir de son chapeau « les états généraux de la République ». Attendu donc le mardi 24 septembre à la primature pour la reprise du dialogue, il a brillé par son absence. Laissant la main à Dano DJEDJE de conduire la délégation du FPI. Dans cette veine, que fait-on de ce dialogue direct ? Les états généraux de la République doivent-ils se tenir sur ses cendres? «D’un côté, nous continuons le dialogue direct, pour régler les conséquences liées à la crise que nous avons connue de l’autre côté, nous proposons l’ouverture d’un débat national, les états généraux de la République pour débattre des problèmes beaucoup plus en profondeur », a tenté de répondre Dano DJEDJE. Une pirouette qui ne tient visiblement pas la route. Pourquoi vouloir autant de tribunes pour régler des problèmes déjà connus? Sommes-nous encore dans la diversion ? Les interrogations fusent devant l’idée et surtout les manœuvres du FPI et de son président. En tout cas, Il s’agit d’être sincère sur le chemin de la restauration de la paix en Côte d’Ivoire et non de tourner en rond avec une multitude de tribunes. (1)

L’instauration du dialogue direct entre FPI et le Gouvernement a été un long parcours, et j’ai été de ceux qui ont appuyé cette proposition du FPI, croyant en la sincérité des refondateurs. Mais hélas, le chien ne change jamais sa manière de s’asseoir, ce parti à procéder ainsi depuis sa création.

Pour finir, je rappellerai à nos frères du FPI, que la charité bien ordonnée doit commencer par soi-même. Il doit en être ainsi pour les Etats généraux. Avant de penser aux Etats généraux de la République, il urge d’organiser les Etats généraux de la refondation.

– Les refondateurs nous avaient promis d’organiser une vie de dignité chez nous. À travers l’organisation de notre propre activité de production pour bâtir une nation en notre faveur. Nous y avons crus et ils ne furent même pas capables de retirer les ordures ménagères de nos rues. Le district d’Abidjan et les mairies se disputaient comme des chiffonniers sur les compétences et le financement de la collecte des ordures qui pourrissaient sous nos yeux pendant des mois et des années.

– La refondation nous avait promis de faire en sorte que la richesse nationale, déjà insuffisante, produite par la majorité de la population, ne soit plus accaparée par une minorité, dont le niveau de vie insulte la pauvreté croissante du malheureux peuple ivoirien.

– Elle nous avait promis la fin du racket, du tripatouillage, de la magouille politico affairiste, les surfacturations, les attributions de contrats d’Etat sans appels d’offres. Et pourtant le contrat avec l’opérateur SAGEM, avait été attribué sans appel d’offre. Les refondateurs se sont coupés du peuple qui les a élu pour habiter le cite paradisiaque de l’île Boulay, ils ont fait étalage de résidences et de voitures luxueuses en peu de temps dans un pays où la majorité des citoyens ont de la peine à manger, n’était-ce pas une indécence qui frôle l’inconscience et trahit en même temps les idéaux de la refondation Gbagboïste qui nous promettait le paradis sur terre ?

– Nous avons voulu croire que l’université sous le régime de la refondation sera un lieu de socialisation, un lieu de liberté, de formation et de diffusion du savoir, un lieu de promotion de la recherche scientifique et technique elle fut malheureusement un stade d’affrontement, de conflits fratricides et autres combats sanglants à la machette où des bûchers d’inquisition y étaient élevés pour brûler ou tuer ceux qui avaient le malheur de penser autrement.

– Les refondateurs sur le terrain de la gestion des ressources agricoles et financière pouvaient éviter à notre pays le minable laxisme l’amateurisme indigne de la bande de copains dans la gestion de la filière Café, cacao. Cela reste et demeure pour nous tous une gabegie impardonnable.

Allons aux Etats généraux de la refondation, maintenant !!! . Le FPI y gagnera en premier, les ivoiriens seront soulagés, et la Côte d’Ivoire aura enfin la force pour tourner cette page sombre.

 Tawakkal

 Note:

(1):  Ce paragraphe intitulé « Que devient alors le dialogue direct? » est une contribution de M. Lacina OUATTARA dans les colonnes du quotidien « Le Patriote »

 


Côte d’Ivoire : 20 ans d’hommage à Felix Houphouët BOIGNY, quel bilan ?

7 Décembre 1993- 7 Décembre 2013, voilà 20 ans jour pour jour que le père fondateur de la nation Ivoirienne tirait sa révérence, après trente et trois (33) ans de règne. Depuis lors cet illustre disparu a fait l’unanimité des hommages, chacun revendiquant son héritage et s’affichant comme l’épigone de son œuvre. Mais que pouvons-nous retenir de tout cela ?
Ce 7 décembre 1993, donc, un homme, « un grand homme qui avait traversé presque le siècle, un homme ordinaire qui a fait des choses extraordinaires », selon l’Ambassadeur Jean Vincent Zinsou, s’en est allé, laissant une nation, fortement secouée par sa disparition, livrée à elle-même du moins aux « appétits » voraces du pouvoir de ses « fidèles » lieutenants qui se réclament tous de lui, sans avoir son génie encore moins son charisme ou son don de soi. (1)

Après un deuil national de deux mois (du 7 décembre 1993 au 7 février 1994), le 7 février 1994, 27 chefs d’état africains et européens, des représentants de cent vingt autres pays, des hautes autorités de la planète se joignent aux Ivoiriens, toujours affligés, pour rendre un « ultime » hommage au « Vieux » à la Fondation pour la recherche de la paix qui porte son nom à Yamoussoukro avant l’inhumation dans «l’intimité » au cœur de la résidence privée qui deviendra, un lieu de pèlerinage. Fini les cérémonies funéraires, la Côte d’Ivoire doit apprendre à vivre sans le « Vieux », une épisode qui se révéla périlleuse. La guerre de succession que se sont livrée ses héritiers a contribué à balafrer la Côte d’Ivoire qu’il a bâtie avec des valeurs comme, la fraternité, l’unité, l’amour, le pardon, la paix et le dialogue qu’il a érigé en seconde religion. Des entrailles du parti politique (le Pdci-Rda) qu’il a fondé, est sortie une multitude de partis dont les principaux restent le Rdr, l’Udpci, et l’Udcy. La Côte d’Ivoire, même, est rentrée dans un cycle de violence jamais connue. Un coup d’Etat (1999), une rébellion (2002-2010) et une meurtrière crise postélectorale (2011) ayant occasionné 3000 morts et des centaines de milliers d’exilés ont dû faire retourner le « Bélier » de Yamoussoukro dans sa tombe. (2)

Une tombe sur laquelle se sont recueillis le samedi dernier (07/12/2013) des milliers d’Ivoiriens et amis de la Côte d’Ivoire dans le cadre des cérémonies commémorant le 20ème anniversaire du décès du « Père fondateur ». en tête de cette commémoration Alassane OUATTARA , Président de la république de Côte d’Ivoire, celui qui il y a 20 ans était Premier Ministre. Les acteurs politiques, les artistes, les citoyens Ivoiriens ont participé à cet évènement. Cette ainsi que les communicateurs Houphouetistes ont organisé une exposition photo pour retracer la vie et le combat de Félix Houphouët BOIGNY.

https://www.youtube.com/watch?v=MwndHnPKh2g
Au nombre des contributions à cette commémoration nous avons également celle de l’ancien Premier Ministre Charles Konan BANNY sur le site d’information Jeune Afrique.
Pour ma part je trouve salutaire l’œuvre du « Père Fondateur », quoique j’estime qu’il aurait pu mieux gérer sa succession. Car toutes les crises qu’a connu la Côte d’Ivoire tire leurs sources de la guerre de succession qui a suivi la disparition du « Vieux ». Une succession apaisée aurait parachevé son œuvre louable à la tête de la nation Ivoirienne, encore fallait-il que celle-ci se fasse de son vivant. Cela dit, les successeurs de Félix Houphouët BOIGNY doivent s’inspirer de son riche héritage pour sceller l’union autour de la Côte d’Ivoire. Les Ivoiriens dans toute leur diversité doivent se convertir à la religion du dialogue fondée par « Nanan », afin que nos différences loin de nous diviser nous enrichissent.
Pour finir, à l’occasion de ces 20 ans du décès d’Houphouet BOIGNY, une messe commémorative a été présidée à la Basilique notre dame de la paix par l’évêque de Yamoussoukro. Au cours de son homélie, Monseigneur Marcellin KOUADIO a livré un remarquable message de circonstance, en présence du président Alassane Ouattara, du président Henri Konan Bédié, des présidents des institutions nationales, de nombreux membres du gouvernement et de très nombreux membres de famille et proches du défunt président. Retrouvez ci-dessous quelques extraits :
« Permettez qu’à partir d’une méditation inculturée, je m’adresse à lui (Houphouët) au nom des sans-voix. Car en Afrique, les morts ne sont pas morts. En outre, les familles de la terre communiquent avec celles de l’au-delà, d’où la vénération des ancêtres. Et cette foi des Africains ne contredit pas la foi chrétienne qui intègre la communion des saints, la résurrection de la chair et la vie éternelle », a-t-il ainsi planté le décor, avant de poursuivre : « (…) Oui Nanan (appellation de chef en langue locale, ndlr), tu nous l’avais dit et je cite : « le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu (…) » Oui, depuis le 7 décembre 1993, jour où tu nous as quittés, ton peuple a perdu le vrai bonheur. Et depuis lors, la Côte d’Ivoire, notre chère patrie, s’est asservie aux mensonges, à la violence et aux crimes ».
L’homme de Dieu fera savoir que la belle Côte d’Ivoire, jadis enviée parce que prospère, est aujourd’hui défigurée et meurtrie par de multiples crises militaro-politiques dont les raisons profondes restent encore à élucider. « La dernière en date a fait officiellement, semble-t-il, 3000 morts. La rébellion de 2002 a fait une foule innombrable de victimes. Curieusement, Nanan, ceux qui mentent et tuent croient servir ainsi la Côte d’Ivoire. Les innocents dont les droits sont bafoués sont déclarés coupables, d’où le nouveau concept de la culpabilité collective doublé de la culture de l’impunité où les médiocres sont célébrés. Certains de nos jeunes revendiquent fièrement le statut d’ex-combattants afin d’être récompensés. Et dans cette situation trouble, les ressources de notre pays sont livrées en pâture aux prédateurs. Notre mère patrie, humiliée et meurtrie, est traitée comme une fille de joie. Oui, la Côte d’Ivoire est traitée, contre sa volonté, comme une péripatéticienne. Le temps, pour ainsi dire, vient de te donner raison : « la paix, ce n’est pas un vain mot, mais un comportement » (…) Malheureusement, bon nombre de tes enfants qui prennent ton nom mais n’ont pas ton esprit, préfèrent la guerre à la paix, la mort à la vie, le mensonge à la vérité, l’aumône au travail, etc. Nanan, aujourd’hui, jouissant de ta double nationalité de citoyen du monde d’ici-bas et de l’au-delà, aide nous a renouer avec la paix. De là où tu es, prie pour nous », a-t-il conclu son compte rendu à Houphouët-Boigny, avant d’appeler les Ivoiriens à prier pour la paix. « Chers frères et sœurs, hommes et femmes de bonne volonté, demandons au seigneur Jésus, le Roi des rois, d’accorder à notre pays la grâce de la paix par la réconciliation vraie, qu’il touche le cœur des bourreaux et prenne en pitié les victimes de ces multiples crimes (…) Les Ivoiriens parlent de paix et de réconciliation, mais combien sont-ils qui désirent vraiment la paix ? », s’est-il interrogé. (3)

Il donnera par la suite sa recette pour une réconciliation vraie entre les Ivoiriens : « Pour que la Côte d’Ivoire renoue avec la paix, je verrais humblement, pour ma part, les présidents Ouattara et Gbagbo faire la paix au sommet, et une fois réconciliés, qu’ils demandent pardon à leurs militants et aux Ivoiriens qui, à leur tour feront la paix. En Dieu, cela est encore possible pour le bonheur de tous ». Bien qu’ayant visiblement gêné les nombreuses autorités du pays présentes, ce prêche qui a jeté dans l’église un lourd silence, a été longuement applaudi par l’assistance.(4)

Ma foi le meilleur hommage que nous puissions rendre à Félix Houphouet BOIGNY est nous approprier les valeurs qu’il a incarné avec tant de fidélité. Que chaque fille et fils de la terre d’Eburnie se convertisse à la réligion de dialogue du « Père Fondateur ».

Vive la Côte d’Ivoire, « Nanan » repose en Paix!!!

Tawakkal

Notes: 

(1) & (2) : Extrait de Alassane Ouattara « ressuscite » Houphouët-Boigny, 20 ans après sa mort

(3) et (4) : Extrait de Commémoration des 20 ans du décès d’Houphouët-Boigny : L’évêque de Yamoussoukro dit ses vérités aux hommes politiques



Au Mali un général « 4 étoiles » conduit manu militari devant une justice sans étoile

Dans cette matinée du 27  novembre 2013, l’actualité du continent africain était marquée par le nom d’un général, pas n’importe lequel, un général 4 « étoiles » du côté de Bamako : le général Amadou Sanogo. Les dépêches des différents médias nous ont d’abord informés de son interpellation, puis de son inculpation pour assassinats et complicité d’assassinats. Comment en sommes-nous arrivés là ? Où va la justice malienne ?

Le 22 mars 2012, alors que les groupes islamistes et les rebelles touaregs avaient entamé une progression fulgurante vers Bamako, un groupe de jeunes officiers et hommes du rang issus du corps des bérets verts renversent le président Amadou Toumani Touré. A la tête des putschistes l’obscur capitaine Amadou Sanogo : le Mali est alors plongé dans deux graves crises. Pour en sortir, la communauté internationale s’active, la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) notamment, mais l’on s’active aussi à l’interne. C’est ainsi que le 30 avril 2012 des militaires parachutistes communément appelés bérets rouges ont tenté sans succès un contre coup d’Etat. Cet échec s’est soldé par l’arrestation de plusieurs dizaines de ces bérets rouges. Certains seront torturés à l’électricité, d’autres sommairement exécutés ou portés disparus. Après quoi le 22 mai 2012 un accord international sous l’égide de la Cédéao a accordé au capitaine Sanogo le statut de chef d’Etat.

Clopin-clopant le Mali est sorti de la crise par la voie des élections avec l’accession au pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keita. Bien avant l’opération Serval est passée par là, et pendant ce temps loin des champs de combats le capitaine Sanogo a été promu au grade de général de corps d’armée. En fin septembre 2013, une mutinerie a éclaté dans le camp de Kati où le général régnait en maître absolu, ses compagnons réclamant eux aussi des promotions. A la suite de cette mutinerie, certains militaires mutins ou leurs proches ont disparu. D’autres ont été retrouvés morts, alors que d’autres encore auraient été torturés à l’électricité. Les autorités maliennes ont alors demandé au général Sanogo  de quitter son fief de Kati, il s’exécuta rapidement. Que d’incohérences, que de zones d’ombre, que d’épisodes macabres dans l’histoire récente du Mali.

Pendant ce temps la justice malienne semble vouloir sortir de sa torpeur d’antan, elle s’intéresse notamment au général Sanogo. Des proches du chef de l’ex-junte sont notamment soupçonnés de crimes et de tortures. Le général est convoqué devant la justice le 19 novembre 2013,  mais il ne s’est pas présenté à ce rendez-vous, évoquant son statut d’ancien chef d’Etat qui lui donne droit à des égards. Ce refus m suscita beaucoup de réactions, au nombre desquelles celle du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (FDR). Amadou Koita le porte-parole de cette coalition déclara : « Nous sommes profondément indignés du refus du capitaine Sanogo de répondre à la convocation du juge d’instruction (…) mais également de la complaisance du gouvernement ».

Le général Sanogo a été interpellé mercredi 27 novembre à Bamako par plusieurs dizaines de soldats.  En milieu d’après-midi, après un interrogatoire le juge Yaya Karembe l’a inculpé  pour assassinats et complicité d’assassinats. Qu’est-ce qui arrive à l’ex-homme fort de Kati ? On apprend qu’il doit-être détenu dans un lieu secret pour raisons de sécurité. Ce qui est sûr le gradé « 4 étoiles » est désormais devant une justice sans étoile.

A l’instar de la plupart des pays de la sous-région, la justice malienne est une plaie, un obstacle sur les sentiers de la bonne gouvernance. Espérons que cette justice se réveille et fasse son travail comme l’a dit l’entourage du juge d’instruction Yaya Karembe : « Nul n’est au-dessus de la loi au Mali… ». Il faut que cette affirmation se concrétise au profit de toutes les victimes. En effet le général Sanogo  est loin d’être le premier, encore moins le seul contre qui pèsent des soupçons de crimes au Mali. Que ce soit dans l’armée, les groupes rebelles,  l’administration et dans la classe politique, il existe de nombreuses brebis galeuses. La justice doit se donner les moyens pour rendre justice à tous, car  des procédures ou poursuites partiales pourraient fortement handicaper la marche de la jeune démocratie malienne.


Citation 4 : Xavier Fontanet

« Parmi les dirigeants, il y a ceux qui dirigent par le contrôle et ceux qui dirigent par la confiance. Les uns sont des dirigeants-managers et les autres sont des dirigeants-leaders. »
 Xavier Fontanet

Ma foi, Il est en effet plus facile de diriger par le contrôle, mais plus efficace par la confiance. C’est cette relation de confiance qui tisse un lien dense et irruptible entre le leader et ses collaborateurs.

Tawakkal


Jeune, jeune-vieux ou vieux-jeune : Quand la limite d’âge fait débat

J’ai passé ce week-end à plancher avec des camarades sur les textes de notre confédération « Jeunesses Sans Frontières ». C’était au cours de la Pré-Assemblée de cette structure. Car son Assemblée Générale prévu le 07 Décembre prochain doit consacrer  en autres le toilettage de ses textes. Alors qu’on s’y attendait le moins, cette occasion à  réveiller un débat d’actualité sous nos tropiques : jeune, jeune-vieux ou vieux-jeune.

Au nombre des articles étudiés par le Comité chargé du toilettage des textes, figure celui-ci : « Pour être membre de JSF, il faut être âgé de 18 ans au moins, pas d’âge limite. Cependant pour être Président de l’association ou Président d’une coordination communale, il faut être âgé de 33 ans maximum, au moment de l’élection. ». En ma qualité de président de séance de cette Pré-Assemblée, je ne m’attendais pas à ce que ce point suscite des débats. Mais je faisais erreur, car celui a été l’objet des échanges les plus animés. En effet la proposition du Comité a été guidée par le fait qu’il faille laisser de la place pour les Hommes de tout âge, tant qu’ils sont majeurs et disposent de leurs facultés humaines. En ce sens que toutes organisations à besoin de la ressource adulte. Cependant quant aux premiers responsables de la structure, ils devraient restés dans la tranche d’âge des jeunes, c’est-à-dire 35 ans au maximum.

Pour une partie de l’assemblée, cette mesure devrait être révisée car très radicale. Quoiqu’ils ne soient pas opposés à la notion de limite d’âge, ceux-ci estimaient que jusqu’à 40 ans les Ivoiriens étaient encore jeunes, beaucoup sont encore sur les bancs de l’université à cet âge. Les arguments se suivaient et étaient soutenus par des illustrations. Relatant les propos d’un employé de l’ambassade de France en Côte d’Ivoire, qu’il a rencontré en 2009 pour une demande de visa, l’un des participants lança : « En général jusqu’à 40 ans l’Africain n’est pas encore mature, il raisonne et se comporte encore comme un gamin… il ne faut donc pas se baser sur les standards internationaux, mais tenir compte de nos réalités spécifiques. ». Cette réactions suscita de vives réactions appelant à dire non à l’injure ainsi faite aux Africains, eux qui jusqu’à 40 ans réfléchiraient et se comporteraient comme des gamins. Au-delà de ces réactions aux extrêmes, d’autres plus conciliantes se faisaient entendre. Notamment celles faisant valoir le fait que nous jeunes, devions donner l’exemple en nous conformant aux normes régissant la jeunesse. A la suite d’une demi-heure de débat, cet article a été amendé puis adopté comme suit : « Pour être membre de JSF, il faut être âgé de 18 ans au moins, pas d’âge limite. Cependant pour être Président de l’association ou Président d’une coordination communale, il faut être âgé de 35 ans maximum, au moment de l’élection. ». Cette formulation a calmé les ardeurs des uns et des autres, et les débats ont pu se poursuivent dans la sérénité. Mais pour tous ceux qui suivent l’actualité Ivoirienne, ce débat rappelle un épisode récent de notre histoire : le débat des vieux-jeune et jeune-vieux qui a éclata au PDCI. Certains participants à notre Pré-Assemblée n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler cela avec un certain humour.

On se souvient encore en effet des partisans et adversaires du Président Henri Konan BEDIE, s’empoignant sur la question de la limite d’âge pour être Président du PDCI. Les premiers trouvaient que les 79 ans du Président sortant n’était pas un obstacle, mais plutôt un atout dans la redynamisation du parti ; tandis que les derniers évoquaient avec insistance les textes du parti qui fixe la limite d’âge à 75 ans. Le congrès a finalement adopté la levée de la limite d’âge avant l’élection, et le Président BEDIE a été reconduit à la tête du PDCI avec un score  de 93,29% des suffrages. Toutefois ce score à la soviétique ne doit pas voiler le débat de fond sur cette question de la limite d’âge ; celui de l’impérieux renouvellement de génération. Car si personne ne remet en cause la nécessité d’un passage de flambeau entre les vieilles et les jeunes générations, les moyens pour y arriver sont très souvent opposés selon les intérêts qui sont en jeu. Pour ma part sans  m’étaler pour l’instant sur ce débat de fond, j’estime qu’il faut agir avec sagesse, c’est-à-dire la compréhension de la nécessité de relais, de la circulation des élites qui est vitale pour tout changement et progrès sociétaux, et donc de la notion de temps et de sa délimitation dans l’exercice du pouvoir ainsi que de sa transmission intergénérationnelle.


Devenez un grand leader : Préface

Lorsque j’ai vu pour la première fois « Devenez un grand leader », je suis revenu sur mes pas pour bien l’observer. J’ai marqué un arrêt prolongé pour le palper, le parcourir, puis l’acheter. En effet il s’agit d’un livre que j’ai découvert dans le rayon d’une grande librairie de la capitale économique de la Côte d’Ivoire. Aussitôt je me suis procuré ce livre, que je me suis mis à parcourir ses différents chapitres. Je l’ai lu et relu. Et dans certaines situations je continue de me référer encore à certains chapitres, car ce livre a quelque chose de différent des autres.
« Devenez un grand leader » est un livre de Steven B. Sample, un technologue passionné d’art et de lettres et un excellent praticien du leadership. Commençons par le commencement : la préface. Celle-ci a été l’œuvre d’un autre praticien chevronné du leadership : Warren Bennis. Ce dernier s’interrogeant sur le compte de l’auteur s’exprime en ces termes : « Qu’à-t-il apporté de plus à la littérature existante sur le leadership ? » et il y répond : « Un éclairage direct et sans concession sur les aspects les plus pénibles du métier de leader, ces décisions torturantes qui ont si souvent empêché les plus illustres dirigeants comme les plus obscurs de trouver le sommeil. » A mon avis, il ne pouvait pas avoir meilleur préface que celle faite par Warren Bennis. Car il place l’auteur et son œuvre si bien dans le contexte du titre, que l’on y est déjà captivée. Il dit en occurrence : « Devenez un grand leader est un ouvrage unique, d’une rare sincérité, d’une lucidité implacable et d’une grande valeur morale. Les idées et les enseignements qu’il propose sont davantage destinés à soulever des questions qu’à offrir des réponses simples. Et à une époque où beaucoup aimeraient croire que les bonnes intentions suffisent pour réussir, ce livre nous rappelle que le véritable leadership est une vocation exigeante pour laquelle les futurs leaders doivent mobiliser ce qu’ils ont de meilleur et de plus fort en eux. »
J’ai personnellement trouvé l’approche de cette œuvre très pragmatique, un concept que je partage totalement. Steven nous y enseigne les piliers pour devenir un grand leader, tout en laissant à chacun une liberté de compréhension et d’action. C’est pourquoi Bennis poursuivant toujours dans sa préface dit ceci : « A tous ceux qui rêvent d’un leadership idyllique capable de rassembler les organisations et les hommes et de leur promettre un avenir clément, sans contrainte ni souffrance, Steven répond d’un ton convaincant que les victimes sont parfois inévitables et qu’un grand leader doit être prêt à payer le prix de son idéal ou de ses décisions audacieuses. Les leçons qu’il nous donne s’adressent à tout le monde : elles sont vivantes, presque évidentes, et nous incitent à réfléchir sur les choses et sur nous-mêmes. » Pour clore cette préface, Warren Bennis formule ce vœu à l’égard des lecteurs de ce livre : « Puisse son contenu vous déstabiliser positivement et vous procurer un plaisir immense au fil des pages. »

grd leader
Je ne sais pas si ce vœu s’exaucera pour vous, mais moi j’ai appris beaucoup de ce livre. Car il bouscule assez d’idées reçues. Je l’ai lu et relu avec beaucoup de plaisir, si bien que dans mes prochaines publications de cette rubrique je vous ferai le résumé des grands axes.

Tawakkal


Quand les USA se préoccupent du leadership en Afrique

Le leadership en Afrique figure en bonne place parmi les préoccupations des autorités américaines. Si bien que le Président Barack Obama a initié le programme Young African Leadership Initiative (YALI) ou initiative en faveur des jeunes leaders africains. Ce programme qui commence en 2014 vise à apporter un appui aux jeunes leaders africains et veut contribuer à la croissance et à la prospérité, tout en consolidant la gouvernance démocratique, la paix et la sécurité en Afrique.

De façon pratique il s’agira de :
• Investir dans une nouvelle génération de jeunes leaders africains qui façonnent l’avenir du continent ;
• Répondre à la forte demande des jeunes leaders africains pour accroître leurs compétences pratiques dans les domaines des services publics et la gestion des entreprises ;
• Approfondir les partenariats et les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique ;
• Construire un réseau prestigieux de jeunes leaders africains qui sont à la pointe du changement et de l’innovation dans leurs secteurs respectifs.

Dans le cadre du lancement de ce programme, l’Ambassade des Etats-Unis en Côte d’Ivoire a organisé une rencontre d’information en collaboration avec la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire. Cette cérémonie conduite par Mme Angèle GNAHO, chargée des programmes d’échanges éducatifs et culturels à l’Ambassade des États-Unis. Selon cette dernière, le programme YALI invite chaque année plus de 500 jeunes leaders aux États-Unis dans les meilleures universités américaines pour développer leurs talents en leadership. « Le programme Yali est le programme du Président Barack Obama. Il permet aussi de créer des opportunités uniques pour ces boursiers afin d’utiliser ces nouvelles compétences pour propulser la croissance économique et la prospérité, renforcer les institutions démocratiques du continent », a-t-elle déclaré.
Elle a par ailleurs donné l’information selon laquelle ce programme comportera quatre volets essentiels. Il s’agira d’un séminaire de six semaines sur le leadership organisé pendant l’été dans une université américaine, un sommet présidentiel qui réunira tous les participants présents à Washington, des stages pratiques offerts à 100 des 500 boursiers qui participeront au séminaire de six semaines sur le leadership aux Etats-Unis. Il y aura également des activités de suivi sur le continent africain pour les boursiers à leur retour dans leur pays. Ces activités comporteront des opportunités de réseautage, des stages, des petites subventions octroyées et d’autres activités pour aider les jeunes leaders à poursuivre leur carrière et à maintenir des liens étroits avec les Etats-Unis. Pour finir, Mme Angèle Gnaho a promis que le partenaire chargé de la mise en place du programme à Washington postera le formulaire de demande en ligne à partir du mois de décembre 2013. Les jeunes leaders et jeunes exerçant dans le privé ont suivi cette rencontre avec beaucoup d’intérêts et se disent impatients de tenter leur chance à ce programme.

Ce programme est une initiative salutaire. Il faut en effet investir dans l’éclosion de nouveaux leaders, afin de permettre le changement véritable sous nos tropiques. Cependant c’est curieux que ce soit les Etats-Unis qui se préoccupent de l’émergence de nouveaux leaders en Afrique, tandis que nos organisations panafricaines, et nos dirigeants semblent ne point s’en soucier outre mesure. Vivement que ce programme suscite la prise de conscience des jeunes et des autorités sur l’urgence de la promotion de nouveaux leaders, afin de mettre l’Afrique a fort potentiel sur les rails du développement.


Journée nationale de la paix en Côte d’Ivoire : bilan et perspectives

En Côte d’Ivoire, le 15 novembre est déclaré « Journée nationale de la paix ». Et ce depuis le décret du N° 96-205 du 7 mars 1996, déterminant la liste et le régime des jours fériés. En plus donc du 21 septembre où l’on célèbre la journée mondiale de la paix, la Côte d’Ivoire a choisi un jour pour la célébration nationale de la paix.  La commémoration de cette journée est censée permettre à chaque Ivoirien de marquer une pause dans sa vie pour faire le bilan de ses rapports à autrui, au sein de sa famille, avec ses voisins, dans sa communauté, ou sur son lieu de travail, etc. Cette journée est l’occasion favorable pour une interrogation profonde : qu’a-t-on fait individuellement et collectivement pour apporter sa contribution à la promotion de la paix ? C’est donc un moment privilégié pour tout observateur, acteur politique ou non, de jeter un regard critique mais objectif sur l’état de la paix en soi et autour de soi. Et pour les organisations de faire le bilan et présenté les perspectives de leur actions pour la paix ; en occurrence les déclarations du Programme National de Cohésion Social et de Jeunesses Sans Frontières.

Comment peut-on définir ou appréhender la paix ?

Selon Wikipédia, la paix (du latin pax) désigne habituellement un état de calme ou de tranquillité comme une absence de perturbation, d’agitation ou de conflit. Elle est parfois considérée comme un idéal social et politique.

Mais la paix va au-delà de l’absence de conflit. Elle est une adhésion profonde de l’être humain aux principes de liberté, de justice, d’égalité et de solidarité entre tous les êtres humains. Elle est le lien qui  unit harmonieusement les sociétés entre elles et avec leurs environnements. La paix est le socle de la légitimité d’un Etat. C’est dans ce sens que ses propos du père de la nation SEM Félix Houphouët BOIGNY, prennent tout leur sens : « La paix, ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement. » Mais en dépit de l’exemple du père fondateur, la Côte d’Ivoire n’a pas su entretenir cette paix. Le pays est passé par des évènements douloureux, qui ont mis en mal la paix et la cohésion sociale. Comment en sommes-nous arrivés à ce stade ?

Pour y répondre je partagerai avec vous une analyse relative à l’action des différents présidents pour la paix. Cette analyse paru dans la presse Ivoirienne le 12 septembre 2011, est celle du M. Alain Cocauthrey, Ancien Ministre.

QUELLE CONTRIBUTION CHAQUE DIRIGEANT A-T-IL APPORTÉ A LA
PROMOTION DE LA PAIX EN CÔTE D’IVOIRE ?

1° Félix Houphouët-Boigny, la paix et le développement

Le règne de Félix Houphouët-Boigny est marqué incontestablement par son
enseignement appliqué de l’école de la vie dominé notamment par la liberté, le don
de soi, la juste appréciation des réalités, le respect de la vie et de la dignité humaine,
l’amour du prochain, la fraternité, la tolérance et la solidarité, la démocratie et surtout
la paix qu’il considère comme la seconde religion du pays.

Très tôt, alors Député en France, il engage la lutte pour la liberté et notamment
contre le travail forcé dans les colonies. Il obtient l’abolition dudit travail forcé en 1946
par une loi qui porte son nom. Pour la Côte d’Ivoire indépendante, il opte pour un
régime libéral qui est celui de la liberté. Dans sa quête pour le bonheur de l’ivoirien,
Félix Houphouët-Boigny s’est attelé au développement économique et social du
pays. « Le développement est le nouveau nom de la paix », dit Sa Sainteté le
Pape Jean-Paul II. Aussi Félix Houphouët-Boigny, oeuvre-t-il inlassablement à la
construction de nombreuses infrastructures socioéconomiques mais aussi au
développement de cultures de rentes ou commerciales à travers des exploitations
individuelles, notamment de café, cacao, coton, palmier à huile, hévéa, etc.,
capables de créer des richesses pour relever le niveau de vie des populations.
Branché sur la paix par le développement, il crée sur le modèle des districts des
USA, les pôles de développement tels que l’ARSO (Autorité pour le développement
de la région du Sud-ouest) et l’AVB (Autorité pour le développement de la Vallée du
Bandama). Il consacre également des budgets importants de l’Etat à l’éducation et à
l’équipement. Il « déclare la paix » à tous ses détracteurs. Cependant, vers la fin
des années 1980, Félix Houphouët-Boigny engage la guerre du cacao, contre les
grandes puissances et leurs multinationales, « les spéculateurs, ces
irresponsables, responsables de nos malheurs » dit-il. Houphouët-Boigny,
planteur lui-même, engage cette guerre du fond de la brousse ivoirienne jusque dans
les tranchées du marché à terme de Londres en passant par les méandres du
négoce international. L’objectif visé est de permettre à la Côte d’Ivoire, en obtenant
un meilleur prix de vente du cacao sur le marché international, d’une part de garantir
le revenu des petits producteurs, et d’autre part d’équilibrer le budget de l’Etat, sans
recourir à l’emprunt extérieur. Il perd la guerre. Mais son « coeur est si petit qu’il n’y
a pas de place pour la haine » dit-il. Le pays reste bien intégré dans le commerce
international et respecté. Sur le plan politique, il expérimente la démocratie à la
sauce ivoirienne à partir de 1980. Avec notamment, malgré la prévalence du parti
unique, des élections régulières à candidatures libres, tous les 5 ans, des conseils
nationaux (journées de dialogue) qui lui permettent de consulter directement les
forces vives du pays sur les questions majeures touchant à la vie de la nation. Il
instaure le multipartisme en1990. Félix Houphouët-Boigny est le père fondateur de la
nation ivoirienne. Mais il intervient aussi, en bon père de famille, dans la recherche
de la paix et la gestion de nombreux conflits en Afrique. Dans son propre pays, il doit
faire face à plusieurs foyers de tension : en 1970 le Guébié s’allume lorsque s’éteint
à peine le Sanwi. En bon chef Akan, Félix Houphouët-Boigny utilise le « dialogue »
pour régler toutes ces questions en vue de préserver et consolider la cohésion
sociale et la paix. Il exclut tout règlement par la force. Farouche défenseur de la paix,
il préconise le combat pacifique et « le dialogue, l’arme des forts », notamment
avec l’Afrique du Sud pendant la lutte contre l’apartheid. Sans surprise pour
l’observateur avisé, l’UNESCO institue en son honneur, sous Federico Mayor son
Directeur Général, le prestigieux « prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche
de la paix ». Ce prix récompense chaque année des lauréats sélectionnés parmi les
personnalités qui se sont distinguées pour leurs efforts remarquables dans la
recherche de la paix. Sous le règne de Félix Houphouët-Boigny la Côte d’Ivoire
connaît une prospérité économique, une paix et un bonheur largement partagés
dans la sous-région. Conscient de la fragilité de ladite paix, il prévient son peuple :
« le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdue, faisons en sorte
que nous n’ayons jamais à le perdre, … », dit-il. La journée du 15 Novembre est
décrétée « journée nationale de la paix », et commémorée chaque année, en Côte
d’Ivoire.

Félix Houphouët-Boigny meurt le 7 Décembre 1993. Il laisse en testament au peuple
et à ses futurs dirigeants deux recommandations fortes : (i) le maintient de la
stabilité et (ii) la préservation de la paix. En effet, la stabilité et la paix sont les
facteurs limitants du développement. Autrement dit, il ne sert à rien d’accroitre à
l’infini les ressources et autres facteurs du développement, tant qu’on n’aura pas
établi la stabilité et la paix, le pays ne pourra pas se développer.

2° Henri Konan Bédié et la démocratie apaisée.

A la mort de Félix Houphouët-Boigny, le 07 Décembre 1993, la Constitution est
appliquée, pour éviter l’aventure. Henri Konan Bédié, Président de l’Assemblée
Nationale, accède à la magistrature suprême, jusqu’en 1995. Il gère avec habileté, le
multipartisme et la transition démocratique. Henri Konan Bédié lance, « le progrès
pour tous et le bonheur pour chacun », avec les grands travaux et chantiers de
l’éléphant d’Afrique. En octobre 1995, Henri Konan Bédié remporte à une écrasante
majorité (95,25 %) contre une opposition fragmentée et désorganisée qui appelle au
boycott actif, la première élection présidentielle organisée après le décès de Félix
Houphouët-Boigny. Au cours de cette élection, le Chef d’Etat Major d’alors, le
Général Robert Guéi, refuse d’intervenir pour le maintien d’ordre, face au désordre
lié au boycott actif. Soupçonné de fomenter un coup d’Etat, il est déchargé de ses
fonctions, mais il est appelé au Gouvernement, dans le souci de préserver la paix. Le
boycott actif marqué par la violence et des empêchements de votes, fait de
nombreux morts. Le peuple est choqué. Les auteurs et co-auteurs identifiés et
arrêtés, sont jugés et condamnés. Mais Henri Konan Bédié appelle au pardon et à
l’oubli des offenses au nom de la cohésion sociale et de la paix. Ceux-ci sont
amnistiés et remis en liberté. Henri Konan Bédié obtient assez rapidement une
amélioration des perspectives économiques après la dévaluation du FCFA, une
diminution de l’inflation et engage des mesures pour réduire la dette extérieure. Il
crée de nombreux emplois et auto-emplois avec les fonds sociaux alloués aux jeunes
pour le financement de leurs activités génératrices de revenus. Il lance également un
vaste programme d’amélioration de l’habitat rural notamment avec un fonds spécial
« habitat rural. ». Il ouvre de nouvelles écoles et universités. Un nouveau vent de
prospérité et de paix souffle sur la Côte d’Ivoire. Dans sa quête pour la paix, Henri
Konan Bédié expérimente la démocratie apaisée en appelant tous les partis
significatifs de l’opposition à former avec lui un gouvernement d’union pour oeuvrer à
la construction nationale, tous ensembles. Certains partis saisissent cette main
tendue, d’autres non. C’est le cas du FPI de Laurent Gbagbo. Cependant, Henri
Konan Bédié maintient avec celui-ci le dialogue jusqu’au bout, pour la paix. Sans
surprise, il est aujourd’hui membre-fondateur du RHDP (Rassemblement des
Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix) qui comprend outre sa formation
politique, celles de nombreux leaders farouches opposants d’hier.

A l’initiative d’Henri Konan Bédié, la Côte d’Ivoire envoie pour la première fois, un
contingent militaire (au lieu des médecins et infirmiers) en appui aux casques blancs
constituant la Force africaine d’interposition et de paix pendant la guerre civile en
République Centrafricaine (RCA). Sous Henri Konan Bédié, le sphinx de Daoukro, la
presse indépendante connaît un boum sans précédent. C’est la liberté de la presse.
On parle du printemps de la presse en Côte d’Ivoire. Cependant, l’exacerbation des
tensions politiques et sociales par la presse de l’opposition abondante, les actes de
défiance à l’autorité de l’État posés par certains opposants, l’incarcération de
plusieurs leaders de ladite opposition politique après des marches suivies de casses,
instaurent un climat délétère qui conduit en décembre 1999 au coup d’état contre
Henri Konan Bédié par des soldats mutins (ex-casques blancs rentrés de RCA),
mécontents, manipulés par des farouches opposants politiques. Henri Konan Bédié
refuse d’user de la force pour mater la mutinerie, afin d’éviter le massacre. Il choisit
par respect de la vie et de la dignité humaine de céder le pouvoir, sans effusion de
sang. Il part en exil

3° Le général robert Guéï et le bon ton

Le général Robert Guéï est placé au pouvoir, après un coup d’état militaire perpétré
par celui-ci le 24 décembre 1999. Dès lors, la Côte d’Ivoire, reconnue pour sa
stabilité politique dans la région, entre dans l’inconnu et dans l’incertitude.
L’exception ivoirienne proclamée pour sa stabilité politique et économique est
rompue ! Ce premier coup d’état militaire réussi de l’histoire laisse le peuple
profondément troublé et inquiet. Heureusement, la vie du Président Henri Konan
Bédié est épargnée. Tous les membres du gouvernement sont mis aux arrêts,
brutalisés et incarcérés. Malgré leur allégeance à Guéï, les officiers supérieurs de
l’armée subissent le même sort. L’inquiétude gagne la population. La paix sociale est
mise à mal. Le général Robert Guéi recommande le « bon ton » pour réconcilier les
ivoiriens après les fissures issues du coup d’état militaire. Cependant, des tensions
sont perceptibles dans l’armée au pouvoir entre les partisans des Leaders politiques
et ceux du Général Robert Guéï, le chef de la junte militaire. Le régime issu du
putsch est marqué durant son éphémère pouvoir (9 à10 mois) par des troubles
militaires et civils préjudiciables à la paix sociale. En effet, la période est émaillée par
des présumés coups d’états et auto-coups d’états militaires qui provoquent des
désertions pour les plus chanceux, par de nombreux soldats mis en cause dans ces
coups. Nombre d’entre eux sont passés par les armes, sans jugement. Les fausses
accusations, les brimades, persécutions et sévices sont monnaies courantes dans
les casernes. L’échec de plusieurs tentatives de coup d’État, dont celui du « cheval
blanc », contre le général Guéi, oblige les partisans des Leaders politiques au sein
de l’armée à fuir au Burkina Faso, avec beaucoup de rancoeur, de haine et la ferme
volonté de vengeance. Les postes de commandement spécialisés, PC crises, règlent
les litiges commerciaux, parfois sans discernement. Le pouvoir militaire réduit
néanmoins la criminalité et la corruption, à travers notamment l’opération « mains
propres », en usant de méthodes parfois expéditives. Il organise, en octobre 2000,
l’élection présidentielle. De nombreuses candidatures à la présidence de la
République dont celles d’Henri Konan Bédié et d’Alassane Ouattara sont éliminées
par la Cour suprême. Le général Robert Guéï qui se proclame vainqueur du scrutin
est chassé par des manifestations de rues. Ces troubles se soldent par plusieurs
morts. La Cour suprême proclame les résultats définitifs et déclare vainqueur,
Laurent Gbagbo. Robert Guéï, se retranche dans son village natal dans l’ouest
montagneux avec une partie de sa garde prétorienne puissamment armée.

4° Laurent Gbagbo et la Refondation

Laurent Gbagbo s’installe au pouvoir, à la suite de son « élection calamiteuse »
selon ses propres termes, sans expérience gouvernementale, avec pour principal
slogan : la refondation de la Côte d’Ivoire. Il négocie et obtient le retour de Robert
Guéï dans la république ainsi que celui d’Henri Konan Bédié de son exil. Il organise
du 09 Octobre au 10 Décembre 2001 le « forum pour la réconciliation nationale ».
Il engage des négociations avec les principaux partis de l’opposition (PDCI, RDR);
puis il nomme un gouvernement d’union nationale le 05 Août 2002, pour pouvoir
gouverner en paix. Laurent Gbagbo doit faire face, dans la nuit du 18 au 19
septembre 2002, à une tentative sanglante de renversement par des soldats
rebelles venus dit-on du Burkina Faso. Le Général Robert Guéï est tué, ainsi que le
ministre Boga Doudou. Le pays est scindé en deux. Une crise politico-militaire
s’installe. Les accords signés pour mettre fin à la crise sont difficilement appliqués,
jusqu’à l’instauration du « dialogue direct » avec les rebelles, à l’initiative de Laurent
Gbagbo. Le Premier Ministre Guillaume SORO, issu dudit dialogue, échappe à un
attentat meurtrier à Bouaké. Dans certains milieux diplomatiques, on évoque
l’entêtement de Laurent Gbagbo, qualifié de joueur rusé: « on lui parle, il dit oui mais
n’écoute pas ». Parfois on accuse son mauvais entourage qui influence son discours
nationaliste, panafricaniste excessif et provocateur ayant un aspect messianique,
indépendamment de la portée prophétique dictée par les pasteurs évangéliques
omniprésents et influents, disposant de salles de prières aménagées au Palais.
Laurent Gbagbo, se place au dessus de la mêlée mais n’arrive pas à se démarquer
des dérives du régime de la « refondation » qui est dans l’imagerie populaire celui
de la corruption, de l’arrogance et des menaces, du favoritisme, de l’enrichissement
rapide, du règne de la terreur avec la FESCI, etc. Le bon ton a disparu. La Côte
d’Ivoire vit, l’enfer, avec la pauvreté galopante, le délestage, les escadrons de la
mort, la répression des opposants, les déchets toxiques et la dégradation constante
du climat de liberté et de paix. Les étrangers fuient le pays. La journée de la paix du
15 Novembre n’est plus célébrée. Laurent Gbagbo peut être vu comme un président
bon et généreux qui a des malheurs : il veut réaliser la refondation de son pays à
travers la démocratie et la paix, il a l’insécurité avec les coupeurs de routes, il a du
mal à organiser les élections et n’est pas prêt à en accepter les résultats; il vise la
prospérité pour son peuple, il a la pauvreté, la dégradation des infrastructures, la
guerre. Sous son règne, les ordures ménagères s’entassent partout polluant
l’environnement et créant des nuisances de toutes sortes aux populations. Les
conflits fonciers réels ou suscités tendant à exproprier les exploitants agricoles
allogènes et allochtones par des cadres autochtones ou des individus proches de
Laurent Gbagbo, dans les zones forestières, ne sont pas suffisamment traités. En
outre, malgré l’embargo sur les armes, Laurent Gbagbo choisit la paix des armes à
travers un surarmement découvert seulement pendant la crise postélectorale.
Pourquoi, a-t-il opté pour une telle paix ? On peut penser que voulant la paix, il a
préféré préparer la guerre. En somme « Si vi pacem para belum », si tu veux la paix
prépare la guerre. Laurent Gbagbo perd les élections présidentielles certifiées par
l’ONU, face à Alassane Ouattara en Novembre 2010. Il refuse sa défaite. Il tente en
vain d’engager les Forces de Défense et de Sécurité, FDS, dans la guerre civile. Il
n’en tire pas les conséquences évidentes. Il recrute des mercenaires pour résister.
C’est l’horreur ! Isolé, il s’enferme dans le bunker du palais. Après des combats
acharnés à Abidjan, Laurent Gbagbo est capturé le 11 Avril 2011. La crise
postélectorale a occasionné plus de 3 000 morts. De nombreux charniers découverts
à Abidjan, sont attribués à ses mercenaires et miliciens.

Laurent Gbagbo a montré durant ses 10 ans de règne (2000-2010), malgré la crise,
qu’il a, à la fois, toutes les qualités et tous les défauts du politicien séducteur. Ses
qualités l’ont poussé à aller constamment vers les autres leaders ses opposants
politiques, à des moments de graves crises et de tensions pour obtenir l’apaisement.
C’est tout à son honneur. Ses défauts l’ont parfois inhibé avec la ferme conviction
qu’il est, lui ivoirien pur sang, irremplaçable et l’idée d’être aimé sans condition par le
peuple qui lui voue un soutien et un attachement indéfectibles, en raison de la
pertinence de son combat pour la liberté et la souveraineté. Ainsi, il va aux élections
sans envisager de perdre. Il perd, s’accroche et part du pouvoir dans le déshonneur,
en laissant derrière lui, un pays bombardé, tout en ruine et un peuple meurtri.
Laurent Gbagbo, le Woody (le garçon, le brave), a subi aussi, il faut le reconnaître,
l’influence de sa propre culture qui considère que le grand chef est intrépide et ne
recule pas devant le péril. Il ne cède que lorsqu’il est vaincu. Il est bien pour la paix
des ménages, mais Gbagbo n’est pas prêt à accepter aussi facilement sa défaite. Il
préfère se battre pour préserver sa dignité de grand chef bété en ne quittant le
pouvoir qu’après une défaite militaire. Alassane Ouattara accède au pouvoir.
5° Alassane Ouattara, la reconstruction et la réconciliation nationale
A la sortie de la crise postélectorale, marquée par la guerre civile, le pays bombardé,
soumis au pillage et vandalisme de toutes sortes, est dévasté, en ruine, et son
économie totalement sinistrée. Tout est à reconstruire. Alassane Ouattara, qui a les
références requises (BCEAO, FMI, Premier Ministre d’Houphouët-Boigny, etc.), est
assurément le mieux placé d’entre tous pour accomplir l’immense tâche de
reconstruction du pays. Au demeurant, dès son accession à la magistrature
suprême, dans les conditions que l’on sait, Alassane Ouattara lance « la
réconciliation nationale ». La réconciliation nationale est un appel très fort à faire la
paix. Il s’agit de la paix entre nous, mais aussi de la paix en chacun de nous. Cet
appel est concrétisé par la création de la «Commission Dialogue Vérité et
Réconciliation». Il entend rassembler à nouveau les ivoiriens autour de l’idéal de
paix. Il engage ainsi le pays sur la voie de la stabilisation et de la paix. Alassane
Ouattara décide également, à travers la récente charte d’éthique adoptée par le
gouvernement, d’engager l’Etat à faire la promotion des valeurs telles que : le sens
de l’Etat et l’amour de la patrie, le respect de la dignité et de la vie humaine, la
primauté de l’intérêt général, la solidarité et la cohésion sociale, la justice et l’équité,
la responsabilité, l’intégrité et la probité, le dialogue permanent, etc. Ce sont là, des
facteurs favorisants de la paix. On reconnaitra l’arbre à ses fruits, dit-on. Nul doute
qu’Alassane Ouattara, promoteur avéré de ces valeurs facteurs de paix, saura
réinstaurer, la sécurité, la confiance et ladite paix, entre les filles et les fils du pays. A
cet égard, les nombreux conflits fonciers, entre autochtones et allogènes ou
allochtones dans les zones forestières, ainsi que les conflits agriculteurs-éleveurs
fréquents, dans la zone savanicole sont des défis majeurs à relever. Alassane
Ouattara a les atouts pour réussir la réconciliation et la reconstruction. Il porte, à cet
égard, l’espérance de tout le peuple assoiffé d’amour et de paix. Il a la confiance
dudit peuple fondée sur ses capacités intrinsèques et sa lucidité nécessaires pour ne
pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

CONCLUSION

De Félix Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, la paix a connu des fortunes
diverses en Côte d’Ivoire. En effet, Félix Houphouët-Boigny, apôtre de la paix, a
enseigné au peuple la paix avec méthode et pédagogie. Chaque fille ou fils de la
Côte d’Ivoire, a intériorisé et s’est approprié la culture de la paix, l’amour du prochain,
le respect de la dignité et de la vie humaine. À la mort de Félix Houphouët-Boigny, le
07 Décembre 1993, Henri Konan Bédié lui succède par application de la
Constitution. Après une courte période de paix et de prospérité, le pays entre dans
une crise multiforme. Les héritiers de Félix Houphouët-Boigny se livrent une guerre
impitoyable pour le pouvoir. Le pays rentre dans une période d’instabilité,
d’incertitudes et de turbulences sociopolitiques défavorables à la paix et à la
prospérité. Réélu, en 1995, Bédié est renversé en décembre 1999 par un coup d’état
militaire, sans précédent. Le pays est commotionné et troublé. Dès lors, la paix sera
constamment mise à mal, dans une Côte d’Ivoire tourmentée, déboussolée et sans
repères. Robert Guéï, organise et perd les élections face à Laurent Gbagbo en 2000.
Il s’autoproclame élu, mais il est chassé par des manifestations de rues, marquées
par de nombreux morts. Laurent Gbagbo accède au pouvoir. Sous son règne, le
pays fait face à une rébellion et est scindé en deux de 2002 à 2010. Les élections
générales de 2005 n’ont pas lieu. Les élections présidentielles de 2010 certifiées par
l’ONU, sont suivies d’une crise postélectorale inutile qui fait plus de 3 000 morts.
Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître l’élection de son rival Alassane
Ouattara. Il est capturé et chassé du pouvoir, comme Robert Guéï. Ainsi, les
successeurs de Félix Houphouët-Boigny n’ont pas son aura, sa sagesse et ses
capacités intrinsèques de règlement des conflits. Ils n’ont pas su faire face ni aux
difficultés économiques, ni aux difficultés politiques. Le pays est constamment
troublé avec de nombreux conflits. L’insécurité s’accroît, la pauvreté galope,
l’instabilité augmente, la prospérité et la paix sociale reculent inexorablement.
Aujourd’hui, le peuple a une grande opportunité avec Alassane Ouattara pour
reconquérir la stabilité, la prospérité et la paix en Côte d’Ivoire, par le dialogue, dans
l’amour, la sincérité et le respect mutuel !

ABIDJAN, LE 12 SEPTEMBRE 2011.

Par Alain Cocauthrey, Conseiller Economique et Social, Ancien Ministre

Au chapitre des perspectives, il convient que chacun agisse de façon sincère en faveur de la paix. Que l’on prenne garde des dérives de langage, de la haine aveugle et la violence gratuite. afin que chacun se retrouve mains dans la main, pour bâtir une Côte d’Ivoire stable et prospère.