Tilou

Hot sale

Souvent, on entend les gens se plaindre de la déchéance de la société Ayitienne. La morale, les coutumes, le « coumbite ». Tout cela semble s’être évanoui.

Il y a pourtant de nouvelles habitudes qui voient le jour. Par exemple, notre nouveau regard sur l’argent.

Depuis quelques temps, j’ai remarqué que certains avaient, tout le temps, quelque chose à vendre: un téléphone portable, un ordinateur, une paire de lunettes, des souliers, une voiture etc.

Je ne parle pas de commerçants professionnels qui investissent en constituant un stock puis qui cherchent à en tirer légitimement un bénéfice. Non.

Je parle plutôt de ces amis, contacts et connaissances qui, comme passe-temps, ont toujours un « deal cho» à nous offrir. «Brasseurs» qu’on les appelle. On n’est jamais sûr de la provenance de la marchandise. C’est toujours soit un envoi d’un cousin de l’étranger, soit un ancien article dont ils ne veulent plus. Il est plausible aussi de penser que c’est peut-être un produit volé qu’ils essaient de nous refourguer 😉

Mais il y a aussi le commerçant qui n’a pas de marchandise. Celui-là, on l’appelle «raketteur». Il est à l’affût de toute transaction possible pour s’interposer et en tirer quelque chose.

Il est marchand de tout ce qui se vend, au moment où il connait quelqu’un qui en a à vendre, fournisseur de tout service au moment où il lui est possible de l’offrir. S’il est régulièrement employé d’une compagnie de téléphone, il offrira à tous ses proches de leur apporter les services et transactions à domiciles. Charitable, vous dites? Mais son intérêt est d’augmenter le tarif régulier de quelques gourdes qui finiront dans sa poche. Si l’un de ses amis a un soulier à vendre et qu’un autre en a besoin, il ne les mettra jamais en contact. Non! Il proposera au second de lui en vendre à un coût plus élevé que celui demandé par le vendeur.

Même que maintenant, tout cela a influencé tout le monde. Nous avons tous, ou presque, toujours quelque chose à vendre: un vieux livre, une robe que l’on ne porte plus, etc. Nous sommes devenus un peuple au réflexe commercial.

Même nos enfants, maintenant, veulent être rémunérés pour participer aux travaux de la maison. Il paraît que c’est très bien d’apprendre à nos innocents qu’ils doivent travailler pour gagner leur argent. (seeee sa!)

Bon, c’est vrai qu’avec tout cela, la charité chrétienne en prend un coup et le bon samaritain n’a plus qu’à aller se faire voir, mais, c’est comme ça : tout 100 gourdes en plus est bon à prendre!

Tilou


Oui chef!

J’entends souvent parler du «rêve américain». Je ne suis pas sûr de ce que c’est, mais je crois qu’il est question de maison, de voiture, de famille et de paisible retraite. Je ne voyais pas en quoi ce ne fusse pas aussi celui des Ayitiens jusqu’à ce que je découvre ce dont la majorité de mes compatriotes rêvent vraiment: Le pouvoir! (Et plus ses privilèges que ses responsabilités)

Nos femmes et hommes politiques sont les plus sans gênes. Aucune honte à témoigner de leurs aspirations. Chacun veut être LE chef, lorsque ce n’est pas carrément LE SEUL chef. On en a vu hein des coalitions, des regroupements et des plateformes se scinder en autant de morceaux que de membres à l’approche d’élections; parce qu’aucun de ces leaders (qui, en fait, ne «lead» rien ni personne) ne consentait à laisser à un autre la place du Chef.

Mais ils ne sont pas les seuls à rêver de jouir d’une position de «Chef!» J’appelle ça la maladie de la Chefté. C’est quelque chose que nous semblons avoir dans le sang. Tous les jours et partout, nous en faisons preuve.

Le serveur, dans les pompes à essence s’en donne à cœur joie quand il y a pénurie. Il fait l’important, boude et desserre à peine les dents pour lâcher au pauvre conducteur le suppliant depuis quelques moments de lui éviter la panne : «Pa gen Gaz». Là, c’est lui le Chef.

Le conducteur de voiture publique affectionne les jours où les «occasions» se font rares. Pas seulement parce qu’il a moins de difficulté à remplir son bus, mais parce qu’il peut exercer sa «chefté». Ne se satisfaisant pas de pouvoir monter le prix de la course à sa guise, il répond à qui il veut et sur le ton qui lui fait plaisir; tout prêt à gueuler à ceux déjà dans la voiture «Nou met desann, mwen pa pwale ankò!». Peut-on être plus Chef!?

Mais la petite dame qui vient d’être victime de la chefté de ce conducteur aura vite sa revanche sur les clients de la banque où elle travaille. Chargée de la clientèle, elle choisira ceux à qui sourire, ceux qu’il faudra faire attendre,…ne se rendant même pas compte que son comportement est le même que celui du chauffeur qu’elle maudissait il y a moins d’une heure.

Et ça continue…La boucle ne se boucle jamais, chacun trouvant un esclave de qui être le commandeur et s’évertuant à bien lui montrer qui a besoin de l’autre. Et c’est tout le pays qui vit au rythme de ce refrain des protestants : Mwen se chèf, Ou se chèf, Se sa k’ap kraze peyi a…Ou se chèf, Mwen se chèf…


Os, Senseï !

Vous savez à quoi servent les cours de Karaté? Á se transformer en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus).

Je n’étais pas trop enthousiaste lorsque mon épouse proposa de faire suivre des cours de karaté à notre fils. Mais, elle insista tellement que j’acceptai. Et après 2 séances auxquelles j’assistai, j’avoue aujourd’hui que c’est une bonne expérience.

C’est là que je compris vraiment l’utilité de tels cours. (Et puis, ça ma offert le sujet d’un billet ki pap fè m’ merite baton).

D’abord, on y parle Japonais: (ou Chinois, je ne sais plus)

Les profs sont appelés Senseï. Ça signifie probablement « Prof », ou « maître » en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus) mais ça met tout de suite dans le bain. C’est comme le « coach » en basket-ball.

On se met aussi en tenue japonaise d’antan (ou chinoise, je ne sais plus) et on compte même en Japonais (ou chinois, je ne sais plus). Au lieu de « un, deux, trois,… », c’est plutôt « itch, nï, sahn,… ».

De temps à autre l’un des senseï vocifère d’autres mots en Japonais (ou Chinois, je ne sais plus) auxquels les Karateka répondent, en vociférant également: « KÏA!! ». Si c’est après la maque de voiture qu’ils en ont, ils doivent vraiment lui en vouloir, tant ils paraissent déterminés.

Évidemment, j’étais un peu mal à l’aise à transformer mon fils en une sorte de brigand qui taperait sur tout ce qui lui tomberait sous la main. Un Senseï m’a alors expliqué que le Karaté préchait avant tout la non-violence. Que les cours de karaté n’étaient que pour apprendre à se défendre. Bon, c’est vrai qu’à notre façon de nous battre en Ayiti, ça ne servira pas à grand chose. Mais avec les débarquements de ces différentes nations depuis le séisme, on ne sait jamais quand on sera attaqué par un Japonais (ou un Chinois? Peut-être que là, ça serait utile de savoir).

Le seul problème, c’est notre couleur de peau. Les profs ont beau être des Senseï, compter « itch, nï, san… », porter le kimono et faire du karaté, il sera toujours difficile de faire passer un Noir pour un Japonais (ou un Chinois, je ne sais plus).

Peut-être devraient-ils intégrer des séances de maquillage à la « medam bobistò ». Ça ne sera pas parfait, mais ce sera un plus. Et surtout un sacrifice à faire pour ressembler à un Japonais (ou un Chinois, je ne sais plus); à supposer que se soit le but.

Enfin, ça ne peut être que ça, sinon la logique de toute cette façon de faire ne serait pour moi que du Chinois (ou du Japonais, mais là, c’est pareil).

Tilou


Solidarité féminine

« Lapenn yon fanm se pou tout fanm» ?! Hmm !…Adjeeee !

Bon, peut-être que dans des situations bien particulières, certaines femmes témoignent de la compassion envers d’autres, que certaines féministes sont vraiment sincères et veulent vraiment aider leurs sœurs. Peut-être.

Les actions de certaines femmes, pourtant, font d’autres femmes leurs principales victimes.

Il fut un temps où l’on nous répétait que la femme doit s’émanciper. Et pour ça, fini ces histoires de femmes au foyer devant s’occuper de la maison alors que le mari va faire carrière à l’extérieur. Alors, les femmes sont sorties faire carrière, elles aussi. Et pour les remplacer à la maison : une autre femme, la bonne.

Et puis, la plupart du temps, la femme, se considérant comme le centre du monde, voit dans toute autre femme une concurrente, quand ce n’est pas carrément une rivale.

Je m’amuse beaucoup lors des soirées, réceptions et autres rencontres mondaines durant lesquelles la majorité des invitées se croient à un concours de…tout. Chaque nouvelle arrivée est inspectée, par ses concurrentes, de la tête aux pieds. Même lorsqu’elles seraient en pleine conversation, elles ne perdent jamais le plaisir (ou le devoir, je ne sais plus) d’examiner aussi discrètement que possible, les superbes chaussures, la robe bien taillée ou la coiffure artistiquement moulée de celle qui passe à côté. Et, ce qui est intriguant, elles trouvent toujours un défaut à ces tenues que l’on croirait pourtant parfaites.

« Jip la bèl, men li pa fè sware », « Manmzèl genlè pa ka mache ak talon sa yo », « Kòsaj la bèl, men mwen pa renmen kole a » et la meilleure de toute : « ròb li a bèl anpil wi, men sa li te mete lòt jou a te fè l’pi byen ! ».

Ça c’est ce qui me fait sourire. Ce qui est bien moins amusant, c’est le mal qu’elles peuvent se faire l’une l’autre dans d’autres situations.

Dans une administration, par exemple, placer deux femmes dans un même bureau peut nuire à l’ambiance de travail. Alors que deux hommes s’entendraient naturellement (jiskaske gen yon kòb ki mal separe), les deux femmes se mettront en compétition dès le premier moment. Et ne tardera pas le jour où la chamaille se fera publique. L’une d’entre elles se hissera peut-être sur un bureau pour bien faire comprendre qui commande. Puis, ça se calmera. Elles se reparleront, riront ensemble. Mais la compétition ne finira jamais.

Encore plus édifiant, ces histoires de matlòt. Je n’ai jamais compris la phrase « Fanm nan bezwen pran nèg mwen nan menm ». Comment ? Le Nèg en question est un innocent que l’on balade ici et là contre son gré ? Et, le plus souvent, n’est-ce pas lui-même qui prend l’initiative de batifoler ailleurs ? Pourtant la femme lui trouvera toujours des circonstances atténuantes pour condamner l’autre qui veut lui piquer son homme.

Attention ! Les femmes savent aussi s’unir autour d’une cause commune. Et vous trouverez même souvent deux femmes chuchotant en tête à tête, sans qu’elle ne veuille vous révéler le contenu de leurs cachoteries. Là, croyez-moi, c’est du sérieux.

Mais n’allez pas vous casser la tête. La cause commune est la médisance envers une autre femme. Ce n’est pas toujours le cas. Mais ça ne l’est pas très rarement. Comme quoi, « depi de fi mete tèt yo ansanm, gen yon twazyèm ki nan zen » !

Tilou


Miss GlouGlou

Je ne connais pas l’origine des concours de «Miss». Lorsque j’étais enfant je n’entendais parler que de Miss Monde et de Miss France.

Déjà, en ces temps-là, je n’approuvais pas l’affaire. Je trouvais incompréhensible que l’on demande à des jeunes filles d’exposer leurs corps au monde, de leur enseigner d’afficher un air abêti par un synthétique sourire, de leur poser quelques questions au hasard, sur tout et rien et…décider qu’«unetelle» est meilleure que les autres. Meilleure en quoi?

Et puis, ça me faisait trop penser au rituel de ma mère, quand elle voulait choisir la dinde à acheter pour les fêtes de Pâques. Elle faisait toujours pareil: Elle les soulevait, les soupesait et choisissait la gagnante. Certes, les dindes n’avaient pas de questions à répondre. Mais elles faisaient quand même un «glouglou» rappelant étrangement certaines réponses des postulantes.

Évidemment, en Ayiti, on a copié.(Ça, on sait faire hein!). Et on a beaucoup copié. Les écoles, les stations de radio ou de télévisions s’acharnent tous contre ces concours, et les dévorent carrément. Maintenant, il y a «Miss Tout», «Miss Rien» et «Miss Nimportequoi».

On en a eu avec, comme invité, un groupe de rap venu chanté «banm afè m’**» et «se trip m’ap trip***». Et les postulantes de reprendre ces refrains en chœur.

Avant hier, j’ai vu ce qu’on pouvait faire de pire avec un concours de Miss. C’était pour une station de télévision. On aurait choisi des arabes muets pour répondre en chinois que le spectacle n’aurait pas été aussi pitoyable. Certaines des filles tentèrent même la poésie. L’une d’elle, renseignant sur la date de sa naissance expliqua: «C’est ce jour que la flamme de ma chandelle fut allumée». Pas mal hein!?

Quant à leurs maquillages, certains ressemblaient à des expériences chimiques ayant mal tourné.

Pour finir on a eu droit à l’hymne du concours. Ça disait que la station était le «Royaume du plaisir sans limite.» (sans commentaire)

Évidemment, je ne donnerai pas le nom de la station en question. Je dirai seulement qu’à ce concours la médiocrité atteignit son zénith.

** Donne-moi ce qui m’est dû (dans le sens de «donne-moi ton vagin») *** Je ne fait que m’amuser (dans le sens de «Je ne veux pas m’engager»)


Note persuasive

C’est fou hein, comme le simple rappel d’une loi peut changer un point de vue !

Il y a seulement 24 heures, je m’affairais à ordonner mes remarques sur le défilé du Carnaval du Cap. Ayant fait un bilan des méringues, je sentais l’obligation de proposer également un rapport du défilé.

Puis, j’ai reçu sur le flux d’un des nombreux réseaux sociaux auxquels je suis abonné un lien vers une note du ministère de la justice. Le ministre de la Justice disait sentir «le devoir de rappeler à tout un chacun que la législation pénale haïtienne [punissait] sévèrement la diffamation, les menaces et les incitations à la violence.»

En soit, il n’y a avait rien d’anormal dans le contenu de la note qui ne faisait que reprendre un texte de loi toujours en vigueur. Mais le timing, lui, a fait toute la différence.

Quand ça arrive à quelques heures d’un défilé de carnaval où déjà les méringues les plus mordantes contre la gouvernance sont écartées du parcours, ça ne peut laisser indifférent.

Et moi qui d’habitude ne lâche pas facilement mes positions, j’ai vite revu ma copie. Et sans contrainte hein ! Je vous l’assure. Mais avec une copie de cette note à portée de main, les choses me sont apparues sous un autre jour :

Je n’ai plus aimé les méringues qui critiquaient le gouvernement. J’ai trouvé le défilé d’une telle créativité et d’une sublime beauté. Les déguisements inédits m’ont scotché à mon petit écran. J’ai même regretté n’avoir pas fait le déplacement. Si j’ai retrouvé mon lit avant minuit, c’est uniquement parce qu’à cette heure-là, tous les groupes avaient déjà terminé leur tour; puisque pour la première fois depuis des lustres, le cortège s’était ébranlé à l’heure fixée.

Et oui ! Depuis le temps que je réclamais un défilé digne de ce nom, le carnaval avait enfin «atterri». Wow ! Quelle expérience ! J’ai passé un joyeux Carnaval.

Merci à celle ou celui qui a eu cette géniale idée. Une petite note, je «fais un petit accroupi» et «je plis mon corps». Bagay move !

Dommage que pour d’autres la note soit arrivée trop tard. Il aurait fallu la distribuer avant la diffusion des premières méringues et en remettre une copie à chaque journaliste et reporter devant couvrir le défilé. Je vous assure qu’on aurait pu avoir un carnaval rivalisant avec celui de Rio.

Mais bon, rien n’est encore perdu. On se rattrapera en Juillet ou l’année prochaine aux Gonaïves. Ah ! Une note comme celle-ci aux Gonaïves…cela sera tout un symbole.

Tilou

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Bilan des méringues 2013

Nous entamons cette semaine, la dernière ligne droite menant au carnaval national. Les grands ténors et les groupes les plus attendus ont déjà livré leurs œuvres. Normalement, on ne devrait pas en avoir d’autres. En tout cas, on n’en espère pas.

Le moment étant donc très favorable pour un bilan des meringues carnavalesques, je me propose de vous livrer mes impressions sur ce que j’ai écouté.

Cependant, je voudrais d’abord faire le point sur l’expression « Meringue Carnavalesque » que certains disent ne pas comprendre et que d’autres semblent utiliser à tort et à travers.

Méringue et Méringue carnavalesque

Le Compas que beaucoup disent être une adaptation du Merengue [prononcez Méringué] dominicain, aurait plutôt, selon, entre autres, Mario de Volcy (émission Mardi Alternative) et Thony Louis-Charles (Le Compas direct, édition 2003) son origine dans rythme ancien appelé la Méringue ; rythme qui aurait également donné naissance au Merengue voisin. Le terme « Méringue carnavalesque » ne serait ainsi nullement un pléonasme puisque l’adjectif carnavalesque préciserait alors que cette méringue aurait été composée pour la période du carnaval.

J’entends déjà certains rétorquer que le terme « méringue » deviendrait alors impropre à qualifier une composition Racine ou Rap. Peut-être.

Mais là encore, je pense que cela peut se comprendre. On ne s’est toujours pas mis d’accord que le rythme Compas Mamba de Coupé Cloué était du compas ou non. Mais on a toujours qualifié ses compositions carnavalesques de méringues. De plus, d’autres groupes jouant normalement du Compas, tel que le Bossa Combo, Legend ou même le Mizik Mizik, ont souvent proposé des compositions qui se démarquaient du rythme de Nemours. Mais comme c’était leur proposition pour le carnaval, ça ne gênait pas de les appeler méringue.

Ainsi, pour autant que le rythme ancien Méringue ne soit pas décrit, le terme « Méringue » verra son sens évoluer pour qualifier toute ouvre musicale proposée par un groupe à l’occasion du carnaval.

Toutefois, pour rester cohérent, il ne faudrait plus utiliser l’expression complète; d’autant plus que même les groupes dits compas se sont presque tous mis à jouer autre chose.

Revenons maintenant à cette année 2013.

Ceux qui me côtoient savent déjà que je ne la trouve pas du tout exceptionnelle. L’art la qualité et l’ingéniosité n’ont vraiment pas pris rendez-vous cette année encore. Si quelques rares groupes méritent d’être félicités soit pour avoir offert une méringue d’un niveau appréciable, soit pour avoir osé proposer quelque chose d’original, aucune méringue ne donne l’allure d’un futur classique. Vous savez de ce genre-là qu’on n’arrive pas à oublier, qui traversent les années avec leurs fraicheurs.

Nou Krezi, Zatrap, T-Micky, K-zino et Gabèl font partie des rares groupes qui semblent ne s’être pas contentés de faire comme tout le monde. RockFam et Barikad Crew sont restés fidèles à leurs lignes. Boukman Eksperyans n’a pas déçu en innovant encore, proposant un « techno-rara » témoignant du souci de ses membres pour la recherche dans le mélange des rythmes.

Il y en a d’autres que je trouve aussi d’un niveau acceptable. Celles, entre autres, de Septen, Tropic, Vwadèzil ne présentent pas d’aspect me dérangeant. Mais elles n’apportent non plus rien de particulier. Ce sont des bonnes méringues, mais restent assez ordinaires.

Par contre, Celles de Djakout #1, de T-Vice, de Kreyòl la et de Carimi me dérangent vraiment.

Je précise d’emblée qu’elles ne sont pas forcément les pires de l’année (Par exemple, celle de Pastè Blaze n’aurait jamais dû être diffusée si on s’en tient aux raisons de la censure de « Fè Wana Mache »). Mais vu la popularité de ces groupes et l’attente qu’elles suscitent toujours, elles sont celles qui m’ont le plus déçu.

Ces méringues-là ont plutôt l’aspect de pot-pourri qu’on n’aurait pas pris le soin d’arranger. Des morceaux qui s’emboitent à peine, des injures qui tombent du ciel, très peu de mélodie ou de refrain, dès fois pas du tout. Des copier-coller indécents.

À titre d’exemple : Kreyòl la reprend une partie légendaire de la méringue 1967 de Webert Sicot :

« Bon jan van, Fanatik van ».

Ce refrain qui vantait les prouesses de Webert Sicot au Saxophone avait été moqué par le rival Nemours Jean-Baptiste. Sur le parcours, le public chantait :

Alsibyad fè poum nan djòl Siko

Siko rele « men bon jan van. »

Oui, là ça avait un sens. Mais Kreyòl la y fait référence vraisemblablement pour répondre au petit sketch d’intro de la méringue de Carimi. Je me demande si beaucoup l’ont compris. Je ne vois pas trop le sens.

La méringue de Djakout, elle, bat tous les records avec ses « Tonnè boule m, tonnè Kraze m » de Pouchon et surtout ses fameuses « O Shit » sortis d’on ne sait où. Par-dessus le marché. Ils reprennent presqu’identiquement un solo de guitare de l’année dernière de leur rival…

Évidemment, les fanatiques qui ne trouvent jamais rien à redire de leurs idoles ne sont pas à court d’arguments pour les justifier :

« Kanaval Béton »

C’est la première explication et celle qui revient le plus souvent. Elle me fait toujours sourire. Comme si ceci empêchait cela. En quoi soigner une méringue carnavalesque, l’arranger et l’agrémenter de mélodies et de beaux refrains l’empêcherait de faire bouger la foule ?

Ceux qui prétendent cela n’ont peut-être pas connu Biberon du DP Express, Toto Bric-à-brac du Dixie Band ou même Mache sou yo de Sweet Micky. Mais « Bare vòlè du Djakout Mizik et Élikoptè du T-Vice ne sont pas si vieux que ça. Toutes ces méringues mettaient les foules en délire, mais personne ne peut s’en plaindre de mauvais arrangement ou de pauvreté de mélodie. En plus avec ces méringues-là, on voyait les gens se déhancher et se livrer à toutes sortes de transes alors que maintenant, les seules manifestations restent les « chemiz anlè » et les « bat men nou Pow Pow ! ».

« Se sa k Polémik la »

Cet argument-là m’a été sorti l’autre jour dans une discussion. 🙂 Franchement !

Pour l’histoire, je rappelle que la polémique a presque toujours fait partie du carnaval ayitien. Depuis Nemours-Sicot, elle a toujours joué les premiers rôles. Mais jamais, on n’a connu des groupes témoignant de tant de paresse dans leurs compositions.

Au début, les méringues entre groupes rivaux n’étaient pas essentiellement polémiques. Le groupe rival n’était jamais cité nommément. Chacun traitait un thème et s’arrangeait pour glisser dans son développement la « pointe» que le public lui-même se chargeait d’identifier et de traduire.

Même lorsqu’à partir de 1982, les méringues du DP et du Scoprio furent essentiellement constitués de « flèches » contre le groupe rival, la polémique tournait autour d’un thème qui était développé tout au long de la composition. (Ex : Zonbi, DP et Masanza, Scorpio 1983).

Gen yon pati ki move

Cet argument-là est servi quand il n’y a plus rien à dire.

Mais évidemment que qu’il y aura toujours une partie qui fait bouger. Quelle que soit la méringue, il y aura toujours une partie qui semble entraînante. Mais soyons honnête : quand on se retrouve à chercher une partie de la méringue pour en parler, c’est que la méringue elle-même n’est pas réussie 😉

Voilà donc le bilan que je dresse des méringues proposée cette année : quelques groupes tirent leurs épingles du jeu. Mais les plus attendus ont encore raté le coche. Vivement qu’ils se reprennent l’année prochaine.

N’ayant pas écouté toutes les méringues, je sais qu’il doit en exister d’autres qui mériteraient mon attention. Je reste donc ouvert à toutes suggestions.

En attendant, je souhaite à tous ceux qui feront le déplacement de bien s’amuser. Et à tous les groupes participants, je souhaite bonne chance. Une mauvaise méringue n’induit pas forcément un mauvais parcours de défilé.

Joyeux carnaval à tous.


GoudouGoudou, déjà 3 ans

Déjà 3 ans depuis ce violent séisme.
Que de souvenirs! Que de douleurs! Que de chocs!

Aujourd’hui encore, je ne peux repenser à certaines images, certaines scènes, sans revivre les émotions du moment. Vraisemblablement, ça me prendra encore un long temps avant que je ne puisse en parler sereinement. En attendant, je partage avec vous les liens de quelques textes qui suivirent cette expérience ô combien marquante.

12 janvier 2010 écrit le 12 février 2012
Mèsi Monnonk (Merci mon oncle) écrit le 25 février 2010
Expert-tease écrit le 12 mars 2010
Joumou pa donnen kalbas écrit le 18 juin 2010
Mèsi anpil anpil anpil écrit le 8 juillet (à l’occasion de mon anniversaire le 9)


Etat de droit…et gauche! ( ou retour vers le futur)

Ah! Que de mauvaise foi, de méchanceté dans notre petit pays. À voir comment nous traitons nos hommes politiques, réellement, nul n’est prophète en son pays.

Et presque littéralement hein! On se trouve de temps à autre un messie qui, chantons-nous, va guérir tous nos maux. Eh bien, une fois que les portes de la maison lui sont ouvertes, on lui demande de partir. Pour ensuite se plaindre de son absence.

Ah, je vous dis… nos hommes et femmes politiques méritent un peu plus de gratitude.

Bon, il est vrai qu’ils commettent parfois de toutes petites bévues, mais qui est parfait? Et puis on les accuse de bien des choses avec mauvaise foi.

Tenez: on dit souvent qu’ils ne s’entendent pas et que chacun d’eux ne défend que ses propres intérêts. Pourtant je ne suis pas certain qu’il existe autant de fraternité dans la classe politique ailleurs qu’ici.

Ah oui! La première chose à quoi s’attèle un gouvernement Ayitien après sa prise de pouvoir, c’est de réhabilité le régime décrié qui l’avait précédé.

Ainsi, Le Coq travailla à construire une nostalgie du temps de La Pintade. Son marassa, lui ayant succédé, avait réussi l’exploit de le remettre en selle avec son régime végétarien. Des nos jours, l’équipe « boule à zéro » semble inciter les fanatiques de son devancier à donner de la voix, alors que le muet avait été pourtant banni de toute la population lors de son départ.

J’entends aussi certains se dire déçus. Déçus parce que les hommes et femmes politiques ne tiennent pas leurs promesses. Non mais… Là! Quel mensonge!

On devait se débarrasser de nos habitudes dictatoriales, de cette affaire de « Chef »! Comment, n’est-ce pas ce qui a été fait avec le démantèlement de l’armée. Euh, certains policiers sont appelés chef, mais ce n’est que par abus de langage. Quant aux militaires étrangers présents sur notre sol, c’est pour faire beau. Pour la parade.

Quant à l’état de droit que semble encore rechercher certains, on l’a depuis quelques vingt bonnes années. Ce qui ne sont pas d’accords ne sont qu’insatiables. Depuis quelques années donc, tout est permis sous le soleil d’Ayiti.

Chacun fait ce qu’il veut quand il veut où il veut. Que peut-on demander de plus. On a le droit de tout faire!

Nos hommes et femmes politiques sont peut-être dwategòch, mais ça nous a donné tous les droits.

Tilou


Un état pas comme les autres

On a beau dire, il n’y a pas beaucoup de différences entre Ayiti et les autres pays.

Tous ont presque les mêmes problèmes que chez nous : l’insécurité, la misère, l’injustice, les fraudes…je ne pense pas qu’il y ait un pays sur terre à ne pas compter, ne serait-ce que dans un petit coin de leur territoire, un nombre de gens à se plaindre de ces malheurs.

Ce qui différencie « La perle des Antilles » (oui, je l’appelle encore ainsi. Elle n’est peut-être pas aussi belle qu’il y a cent ans, mais elle m’est encore aussi précieuse !) des autres nations, c’est le rôle qu’y joue l’État.

Alors que partout ailleurs, l’État, à travers ses institutions travaille à protéger ces citoyens, ce n’est pas du tout le cas ici.

loupBerger

Attention. Je ne suis pas en train de dire que partout ailleurs, c’est la perfection, que les autres états ont toujours des gouvernements et des régimes justes. Mais leur travail en ce sens ne peut être ignoré.

Tandis qu’en Ayiti, l’État est le premier oppresseur du peuple. Et ça n’a pas grand-chose à voir avec un profil monarchique ou républicain. Même que depuis que nous expérimentons la démocratie, l’État semble encore plus vouloir extorquer les citoyens.

Comment comprendre que l’on doive payer l’État pour corriger une erreur dans notre acte de naissance quand cette erreur n’est que de la faute de l’État? Je vous explique: Vous allez déclarer la naissance de votre enfant et on vous remet un acte écrit par un représentant officiellement désigné par l’État. (Jusqu’à présent tout est normal) Un beau jour, vous décidez de faire un passeport pour cet enfant. L’État, officiellement représenté par l’office d’immigration, ne reconnaît plus l’acte de naissance (qui en fait n’est qu’un reçu inutile puis que nulle part elle ne sera acceptée). Il vous est alors demandé de déposer plutôt un Extrait d’Archives (Ça commence déjà à être un peu cocasse). Cependant, lorsque l’extrait vous est présenté vous constatez que le prénom utilisé par votre enfant et correctement écrit sur l’acte de naissance en votre possession, est mal orthographié sur le nouveau papier. Donc, quelque part, dans l’obscurité de la mécanique étatique, un incompétent ou un fraudeur en a modifié l’orthographe. C’est alors le plus normalement du monde que l’on vous explique qu’il faut payer pour un jugement (auquel personne n’assiste) pour que soit portée la correction. Et contre ça, aucun recours !

Pareil pour cette fameuse police d’assurance des véhicules. Personne n’a le choix. Elle est obligatoire. Mais à quoi sert-elle ? Rien du tout. Au point que la plupart des accidents sont réglés à l’amiable parce que en tort ou étant dans votre droit, vous aurez toujours tout à perdre à y avoir recours.

Ces dernières semaines, le Service de la Circulation des véhicules nous apporte la preuve que la seule responsabilité endossée par l’Etat est celle de s’approprier tout notre avoir. Certaines contraventions seront désormais accompagnées d’une obligatoire séance de recyclage. (Séance payante, évidemment !)

Tout mauvais stationnement, tout oubli ou refus de porter la ceinture sera sanctionnée, en plus de l’amande normale, de cette séance de recyclage. Évidemment, ça parait bien. Et quand le Service déclare que ça va aider bon nombre de conducteurs ne maitrisant pas les codes de la route, on serait empressé de dire que c’est une bonne chose. Mais…

Pourquoi toutes les solutions passent-elles par les sanctions payantes ? Pourquoi on ne parle pas d’aménager plus d’espace de stationnement ? Pourquoi n’est-il point question de remettre en place la signalisation routière ? Pourquoi réclamer que la ceinture de sécurité soit de rigueur, mais s’attaquer seulement à ceux qui semblent pouvoir payer ? Si en effet c’est la sécurité routière et la circulation facile qui étaient visées, n’est-ce pas par ces mesures-là que tout aurait commencé ?

Et il en va ainsi de presque tous les services que devrait offrir l’État. Tout semble plutôt prétexte légal pour extorquer des citoyens des sommes bien supérieures aux services fournis par les institutions de la république. Et le pire dans l’affaire, c’est que contre ça, nous sommes tous sans aucun recours.


Proposition incandescente

La semaine dernière nous avons dépensé beaucoup d’énergie pour commenter les histoires d’une Super Starlette Inconnue titillant son bouton d’or en se faisant filmer, et le feuilleton d’un responsable du CEP (notre DSK à nous) accusé de viol (ca marche das les 2 sens, mais ici c’est le responsable qui serait violeur, pas le CEP). Des histoires privées qui n’auraient dû intéresser personne.

D’accord sur le premier cas, vous me rétorquerez peut-être pour le viol, qu’il s’agit d’un fonctionnaire de l’Etat, qu’il occupe un poste important, et patati et patata…Mais honnêtement, depuis quand les élections en Ayiti étaient une affaire concernant le peuple ou le pays ? Allons donc! Je maintiens : à part que la justice devrait faire son travail (quoi!? c’est Noël, non ?), ces histoires ne méritaient aucunement autant de publicité.

Et Pendant que beaucoup d’entre nous étaient occupés à commenter (et même contempler, dans le cas de la SSI) les dessous intimes de nos vedettes de la semaine dernière, une information qui nous concernent tous, et qui devait attirer l’attention de tout le monde, est passée inaperçue: les possibles changements dans la circulation à Pétion-Ville.

C’est dans le Nouvelliste du 28 novembre qu’un responsable du Service de la Circulation explique les misères de son service à gérer la circulation dans la capitale financière du pays. Certes, il parle des mêmes problèmes que nous connaissons tous : rues trop étroites, voiture en trop grand nombre, indisciplines des chauffeurs, etc. Il explique même que, chaque mois, près de 3000 véhicules rentrent dans le pays sans moteur. (Euh…ça doit être ça le problème…Si les gens circulent avec des voitures sans moteurs, c’est normal que ça ne bouge pas non !?)

Et il ne se contente pas de se plaindre. Loin de là ! Lui, il propose. La solution d’après notre responsable de la circulation passerait par le co-voiturage. Il commence par demander aux familles qui ont 5 voitures de ne pas toutes les sortir à la fois. Bon, je ne sais pas si beaucoup de familles sont concernées par cette affaire de 5 voitures… Parce que, vue la petite surface du centre-ville, ça voudrait dire que la plupart des gens coincés dans les bouchons sont de la même famille, non ?

Mais il y a encore plus intéressant. Une menace nous pend au nez, au cas où la consigne de ne pas sortir avec les 5 voitures ne serait pas respectée.Le Service de la Circulation des Véhicules pourrait en venir à « l’autorisation de circulation journalière des véhicules selon la série des plaques d’immatriculation » ! (men ni fout !)

Ça, moi, je vote pour ! Je monte à bord ! J’achète !

Ce serait fantastique! Les entreprises travailleraient 3 à 4 jours par semaine (Vive les vacances!). Et ça augmenterait sensiblement le marché des brasseurs* au Service d’Immatriculation. Parce qu’en plus de graisser la patte à un raquetteur pour avoir sa plaque rapidement, il faudra aussi faire un petit effort pour l’encourager à nous trouver une série qui convient à nos jours de travail. Sans compter les petits malins qui voudront disposer de toute une collection de plaques de séries différentes pour une seule et même voiture.

Si vous n’appelez pas ça de la création d’emploi, c’est que vous ne connaissez rien à l’économie, vous !

Et puis, pendant qu’on y est, je suggère même qu’on se base sur le nom de famille et qu’on étende l’idée un peu partout :

Y a pas asses d’école ? Alors on met en place « l’autorisation d’assister au cours suivant la première lettre du nom ». Pas Assez de boulot ? Autorisation de suivant la première lettre du nom ! Pas assez d’hôpitaux ? Autorisation d’être malade suivant la première lettre du nom !

Bon, faudra aussi bien synchroniser tout ça. Il ne faudrait pas que le jour où t’es autorisé à sortir la voiture ne sois pas celui où tu peux te rendre au boulot.

Mais ce ne sont là que de simples détails qui, je suppose, ne devraient pas résister à ceux-là capables de pondre de si lumineuses et aveuglantes idées.


À contre-courant

Il y a des gens qui ne font que suivre le courant. Quel que soit le domaine, quel que soit le sujet, ils épousent l’opinion de la majorité. Qu’il s’agisse de musique, de mode, de politique…de choses banales ou importantes, ces gens-là sont toujours du même avis que les autres.

Bon! Certaines fois, elles semblent s’opposer à l’opinion à la mode, mais en fouillant un peu (un tout petit peu) on se rend compte facilement que cette position n’est que celle de leurs entourages immédiats, et non le résultat de réflexions qui seraient les leurs.

Ces gens-là sont donc toujours dans la mouvance, ON THE GROOVE…toujours en train de nager dans le sens du courant.

Mais, il y en a d’autres qui sont autrement.

Tenez! Prenons les «étudiants» de la Facultés des Sciences Humaines en Ayiti. Ceux-là, on ne peut vraiment pas les mettre dans le lot de ceux qui font toujours comme les autres. Vraiment pas!

Ils ne perdent pas une occasion de descendre dans les rues et «foutre en l’air» la paix des gens. Un étudiant, normalement, ça étudie, non? Eh bien, non! Eux, passent leurs temps à bloquer les rues, enflammer des pneus et casser des voitures.

L’Université est reconnue pour être le lieu des grands débats. Ben eux, ils n’acceptent de débats que les manifestations de rues. Et bien arrosées de casses, s’il-vous-plaît!

Ils ne reconnaissent aucune autorité. Ni le gouvernement qui ne peut plus intervenir dans la nomination du rectorat, ni le Ministère de l’Éducation qui ne peut plus intervenir dans le curriculum, ni la police qui ne peut plus pénétrer dans l’enceinte des facultés. (Euh…quelqu’un peut-il me renseigner sur l’ «Autonomie »de l’Université qu’ils réclament encore à tue-tête?).

Et pour les policiers, cela devient un vrai casse-tête. Certains n’osent même plus circuler dans les rues du centre-ville par peur de violer l’enceinte de l’Université. C’est qu’avec la présence régulière des Étudiants (qui finalement n’étudient pas beaucoup) dans les rues, on ne sait plus où sont les salles de classes.

Ces étudiants sont toujours contre tout. Bon! Ils ne le cachent pas, hein. Ils clament haut et fort que leur lutte vise le renversement du système en place. Et d’après-moi, le mot «renversement» n’est, là, pas utilisé comme figure de style. Ils font vraiment tout pour que la société soit sens dessus-dessous.

Et d’ailleurs, les principales victimes de leurs casses sont souvent de simples citoyens vaquant à leurs occupations et se retrouvant au mauvais endroit au mauvais moment. (S’ils assistaient aux cours, peut-être qu’on aurait pu leur apprendre un peu plus d’humanité, aux Sciences Humaines!)

Voilà donc des gens de convictions, ces étudiants (qui finalement n’étudient pas beaucoup) de la Faculté de Sciences Humaines et aussi de l’Ethnologie. D’accord, ce n’est pas tous les étudiants de ces facultés qui sont des casseurs, mais même ces autres qui n’en sont pas, ne semblent que se laisser emporter par ce courant qui consiste à toujours être…à contre-courant.


Maux Croisés

Nous souffrons de tant de maux en Ayiti que certains pour lesquels il y aurait scandale dans d’autres pays nous laissent indifférents. Ils semblent même passer inaperçus. Ainsi, si le grave problème de moralité ne semble pas trop inquiéter grand monde, cela peut se comprendre par la préoccupation de la majorité à se trouver d’abord de quoi manger et se vêtir.

Il est vrai que quelques personnes accordent encore une certaine valeur à la moralité. L’actuel président, par exemple, a eu à répondre à bien des critiques à cause de sa supposée (et avérée ?) moralité douteuse. Mais ces gens-là ne sont qu’une minorité…négligeable. La preuve, il a été élu avec 67% des votes 🙂

Pourtant, cet état de choses est bien l’un des grands maux dont nous souffrons. Trop de gens, dans notre société, ne sont pas à leur place. Il n’est pas nécessaire de m’éterniser sur le cas du Président. Il n’est d’ailleurs pas  le seul.

Au parlement, vraisemblablement, on trouverait plusieurs qui devraient plutôt travailler dans les travaux d’intérêt général. Et cela ne semble pas déranger grand monde. Même que les concernés ne s’en cachent pas. Ils parlent très fort et utilisent des mots qui prêtent à confusion.

De temps à autres un parlementaire avance que l’ancien président, celui-là que l’on croyait muet, fut le plus intelligent de tous. Je me demande alors, s’il voulait bien dire «intelligent» ou « en-tè-li-jaaaaaaan ». Vous savez ? Le « intelligent » que l’on prononce en détachant les syllabes et en faisant trainer la dernière !!

Il y a aussi le mot « poooolitique ». Normalement ça qualifie ce qui est relatif à la cité, la nation. Dans la bouche de certains parlementaires ça veut dire… « N’importe quoi ». Et surtout lorsqu’ils le font précédé du mot « éminemment ». Ainsi, on obtient des séances « poooolitiques », des votes « poooolitiques »…parce que le parlement, grâce à eux est devenu un espace éminemment « poooolitique ».

Je vous fais grâce des « bim » qui conduisent à la « bim » finale*, aux kilomètres d’électricité et aux vastes plantations de maïs moulu* (ma préférée).

Mais je me demande s’ils sont vraiment aussi nuls ou s’ils ne font exprès rien que pour nous passer en dérision. Sont-ils vraiment aussi méchants et cyniques ou ne sont-ce que des incompétents.

Dans l’un ou l’autre cas, ils ne sont pas à leur place. Il serait bénéfique à tout le monde que ce plus grand nombre se consacre à autre chose (comme des mots-croisés) et laisse la place aux plus capables. Ça nous soulagerait de bien des maux… et des mots.

Tilou

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deux citations très populaires de personnages politiques ayitiens:

– «Le pays va de bime en bime jusqu’ à la bime (abîme) finale»
– «Il faut commencer à planter du maïs moulu»


Histoire(s) d’Ayiti

Les histoires en Ayiti, ça ne manque pas. Certaines sont à mourir de rire, d’autres plus ou moins crédibles. Certaines autres sont crues, d’autres pas; alors qu’il en existe aussi qui mériteraient bien une meilleure diffusion.

Les plus fantastiques sont celles racontant les exploits de lougawou ou de zombies : Un cochon faisant du vélo, un bœuf avec une dent en or,… Des phénomènes encore jamais observés mais portés par toute une population. Plus de 8 millions de témoins de scènes auxquelles ils n’ont jamais assisté.

À côtés des histoires, vit aussi L’Histoire d’Ayiti. Celle que l’on apprend à l’école: Toussaint Louverture, l’Indépendance, le Général Dessalines, Christophe, Faustin Soulouque, Nord Alexis, etc.

Mais contrairement aux histoires de lougawou, très peu de gens font crédit aux textes des manuels scolaires. Certainement, au début du primaire, quand on commence à rabacher les leçons sans trop se poser de question, on y croit un peu. Mais  à l’heure d’étudier la fameuse histoire de François Capois ou la mort de l’empereur, se dessine un petit sourire au coin de nos bouches…et le mystère se lève sur le dicton populaire « ki moun ki konn ki mò ki tuye l’Ampereu »*.

Ce serait bien quand même qu’une version sérieuse de notre passé soit officialisée. Ça éviterait qu’une personne s’en désintéresse au point, une fois devenue ministre, de souhaiter au peuple un joyeux anniversaire le jour de la commémoration de l’assassinat du père de la nation.

Évidemment, comme partout ailleurs, survit aussi la petite histoire. Ou plutôt, LES petites histoires.
Le bruit court que Pétion, général de l’armée, aurait empoisonné l’empereur Dessalines chez lui, dans une maison à Port-au-Prince. L’histoire de Dessalines avouant que les gens prendraient les armes contre lui pour ce qu’il aurait fait dans le sud ne serait que pure invention d’historiens mulâtres pour atténuer le crime de Pétion.

La petite histoire raconte aussi que Jacques Gracia, serviteur de François Duvalier, aurait été l’homme le plus débile de l’univers. Que le président Aristide aurait fait pilonner un nourrisson pour garder le pouvoir.

Mais la petite histoire mêle tellement de fictions grotesques à la pure vérité que l’on finit par ne plus s’y retrouver. Certains y croient, d’autres non. Personnellement, je crois à certaines, pas à toutes.

Il y a également l’Histoire d’Ayiti dont personne ne se souvient ou, de toute façon, dont peu de gens font cas. Celle que nous vivons en boucle depuis quelques temps.  L’histoire qui explique qu’un président narcissique ne peut travailler qu’à sa perte. Qu’un gouvernement qui paye pour simuler sa popularité ne se préoccupe pas du sort de son peuple. Qu’un peuple qui vote seulement par émotion n’est pas un peuple mature…cette histoire nous est contée chaque jour. Mieux, nous la vivons en permanence. Mais on dirait que personne ne s’en souvient aux moments des choix, fonçant têtes baissées dans les mêmes murs que les prédécesseurs.

Sommeille aussi une histoire qu’on ne nous dit pas. La vraie belle histoire du pays. Celle qui pourrait changer l’image que nos jeunes ont de la nation. Celle qui démentit que l’Ayitien n’a jamais rien foutu depuis l’indépendance. Celle qui raconte que le Français est parlé à l’ONU grâce à nous, seule nation indépendante parlant cette langue lors de la formation de l’organisation. Celle qui dit que nous sommes le premier pays de la région à prendre des mesures pour l’environnement. Celle qui parle de tous ces grands artistes nous ayant visités, non pas pour manifester leur solidarité envers nos tourments, mais excités d’évoluer au Rex Théâtre, au Ciné Triomphe, etc.

Évidemment, à part chasser le sentiment de fatalité, cette histoire pointe du doigt nos dirigeants contemporains qui sont responsables de cette incomparable chute que nous connaissons. Elle dit pourtant la vérité et enlève toute crédibilité à qui prétexte que le pays n’a jamais été un état. On comprend donc que pour des hommes et femmes qui cachent leurs échecs par des périphrases comme « 200 ans de gabegies », parler de la belle histoire n’est pas une priorité. Il faudrait en plus qu’ils en soient capables. Et côté compétence ces derniers temps, c’est une toute autre histoire.

* « Qui sait vraiment qui a tué l’Empereur? »


«Parce que je suis une fille»

Cette semaine, j’ai encore été pris de court par les Zorganisations*. La Zorganisation Mère a lancée le 11 octobre dernier la première journée internationale de la fille. Et oui ! La journée de la femme et celle contre la violence faite aux femmes ne suffisaient pas. Il fallait impérativement en trouver une particulièrement pour les filles. En Ayiti, le thème officiel dit: «Parce que je suis une fille». C’est les féministes qui vont être en joie !Bon, n’ayant pas l’esprit trop vif, je me suis posé une question essentielle: Qu’est-ce qu’une fille?

Evidemment ce n’est pas simplement un humain femelle, puisque toutes sont déjà à l’honneur le 8 mars. Alors, comme d’habitude le mot « Femme » est utilisé quand on parle de mariage, j’ai supposé qu’une fille serait une humaine célibataire!?

À moins que ça n’ait un rapport avec le sexe!? Ça concernerait donc toute humaine n’ayant pas encore copulé. Ne dit-on pas d’une vieille qui n’aurait jamais fait l’amour que c’est une « vieille fille »?

Et là, ça tiendrait bien la route. Les jeunes filles vierges étant en voie de disparition, ce serait tout à fait normal que l’on se penche sur leur survie. Comme c’est le cas d’ailleurs de toute espèce menacée.

Bon, ça fera quand même bizarre d’aller souhaiter Bonne journée des filles à madame Carmen, ma voisine de 82 ans, mais soit on est fille soit on ne l’est pas, je pense.

Le problème, c’est que dans toutes les interventions officielles, il était surtout question de la scolarisation, au mariage forcé et à la domestication des filles. Hmm… Je doute fort que madame Carmen soit donc concernée.

Pour éviter toutes ces confusions, je conseillerais au décideur de trouver plusieurs jours et de bien différencier les prétextes mis à l’honneur. On aurait alors une journée internationale des bébés femelles, une autre des fillettes, une autre encore des adolescentes. Pendant qu’on y est, ajoutons aussi une journée des postulantes aux universités, une des femmes au travail, une des femmes chômeuses, une des femmes mariées, une des divorcées et, explicitement, une des vielles filles.

Ca ne serait pas de l’excès, croyez-moi, car chacune de ses catégories vivent des réalités différentes des autres et bien parce qu’elles sont de sexe féminin.

Mais, un peu de patience suffira. Les Zorganisations ont dû penser ça bien avant moi.

Par contre, je leur suggèrerais de ne pas oublier la mère de deux enfants, l’un de chaque sexe. Ça ne doit pas être facile pour elle d’être sermonnée pour avoir choisi de scolariser son garçon au lieu de sa fille parce que, faute de moyen, un seul pouvait l’être à la fois. N’est-ce pas un peu cynique que de lui imposer un choix plutôt que l’autre? Cette pauvre mère aurait certainement préférée que tout cet argent mobilisé pour accoucher cette histoire de « Parce que je suis une fille » serve à subventionner justement la scolarisation de sa fille.

Mais bon, on ne va pas tout leur demander non plus. Déjà qu’elles offrent aux féministes une énième opportunité pour soutirer de l’argent aux bailleurs de fonds…

Et en plus, moi, en quoi ça me regarde cette histoire, « puisque je ne suis pas une fille » ?

* Zorganisation : Organisation internationale ne servant les intérêts que des grandes nations


La grande scène

Je ne sais pas si, comme moi, vous aimez observer les gens. Je ne le fais pas spécialement pour admirer leurs tenues (quoique…) ou quelque partie bien «hypnotisante» de leurs corps (encore que…). Mais plutôt leurs attitudes, leurs comportements. Ah, c’est mon passe-temps favori. Et pour cause, je ne m’en ennuie pas. Alors, là, pas du tout !À force d’observation, j’en suis à la conclusion que la majorité des gens que nous rencontrons, par leur volonté de se faire une image, jouent la comédie.

Ceux qui font rire

Il y a d’abord ceux qui font rire: La vedette de musique, l’homme politique, le responsable d’une grande entreprise commerciale… lorsqu’ils s’expriment à la télévision.

La première parlant d’elle-même à la troisième personne, hachant ses phrases de «you know!», de «yessay» et convaincue qu’il faille impérativement simuler un rire après chaque quatre mots. Le deuxième s’efforçant de prendre un ton solennel et s’affichant comme le plus préoccupé du sort de SON peuple. Le troisième quant à lui, l’air le plus innocent du monde et ne convainquant que lui-même de son désir véritable et de sa vocation noble de servir le pays en fournissant le meilleur service possible.

Oui, tous ceux-là me font rire parce que je devine bien qu’ils ne sont pas vraiment tels qu’ils se montrent. Ils tiennent un rôle et le font si mal qu’ils sont les seuls à y croire.

Ceux qui font pitié

Il y a ensuite les groupes de gens qui font pitié: Ces dames invitées à un mariage, ces frères protestants, ces «tòg*» ou «bredjenn*», etc.

À l’église, on voit ces dames-Jumbo se faisant violence avec des robes de barbie et tenant à peine en équilibre sur des talons-aiguilles.

Les frères protestants se sentent l’obligation de s’exprimer comme des attardés, ils donnent l’impression d’avoir peur de mordre les mots.

Quant à ceux du troisième groupe, c’est leur démarche qui m’intrigue. Que dis-je ? Ils ne marchent même pas, ils sautillent, clopinent, comme le ferait un cheval privé d’une jambe, pour bien paraître aux yeux du reste du clan.

Ces gens là me font pitié parce qu’ils se privent du naturel et de leur aise pour ne pas passer inaperçues.

Ceux qui font pleurer

Enfin, il y a ceux qui me font pleurer : Les petites gens au service de celles de haut rang, la réceptionniste d’une boite commerciale, l’épouse malheureuse.

Vous n’observez jamais le visage des gens de services quand ils croisent leurs employeurs ? Un sourire bête déforme leurs visages, témoignant de leur manque d’assurance, de leur crainte, de leur complexe d’infériorité. Ils sont comme renfermées sur eux-mêmes, regrettant vraisemblablement de ne pas disposer d’une carapace comme la tortue.

Dans la salle d’attente de l’entreprise, celle qui vous reçoit fera tout son possible pour donner l’impression qu’elle est en joie et contente de vous voir, même si la veille, elle comprit que l’amour de sa vie ne l’aimait plus. Elle fera tout pour ne rien laisser paraître parce qu’apparemment, on n’apporte pas ses problèmes au bureau.

La femme déçue de son union ne prendra plus plaisir à l’acte sexuel, mais continuera de simuler. Elle se fera peut-être même plus bruyante qu’avant, finira par se résigner, se convainquant que cela devait forcément se passer ainsi. Son comportement pourrait duper si de son visage ne s’effaçaient pas la jovialité et l’envie de vivre de ses vingt ans.

Toutes ces personnes jouent donc la comédie. Consciemment ou pas, de gré ou de force, elles ne sont jamais tout à fait ce qu’elles laissent paraître.

Mais je les comprends. Dans certaines d’ entre elles, Je me reconnais…un peu.

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* jeunes portant leurs pantalons sous les fesses et s’habillant le plus souvent à la mode des rappeurs américains.


Abracadabra !

À l’école, dans les cours d’histoire, j’avais appris que l’indépendance d’Ayiti avait été possible grâce à un front commun, contre les colons, des noirs et des mulâtres.

Le bicolore national serait d’ailleurs le premier symbole de cette union. Jean-Jacques Dessalines, le noir le plus haut gradé de l’armée indigène, ainsi qu’Alexandre Pétion, le plus haut gradé des mulâtres ayant fait défection à l’armée coloniale, décidèrent d’enlever le blanc du drapeau français. Ils donnèrent naissance au premier drapeau ayitien dont les couleurs Bleu et rouge représentent l’union des deux groupes.

Ainsi, Ayiti serait donc une nation constituée de noirs et de mulâtres ???

Pourtant, quand on est dans le pays cela n’est pas une évidence. Des noirs en Ayiti, oui, on en trouve. On en trouve beaucoup. Mais des mulâtres, faut vraiment en chercher.

Il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de trouver un mulâtre dans les activités quotidiennes du pays: Les longues files devant les banques commerciales ou les grands magasins de téléphones, les passagers des transports en commun, les athlètes des douze travaux dans les bureaux de l’État, les employés des ministères, les membres de la Police nationale, les balayeurs de rues, les epav des quartiers… sont tous constitués de noirs.

Dans les activités sociales, pas mieux. Les abonnés des bals, les adeptes du Zokiki*, les fans du championnat national de football, les apprentis stars des concours de talents, les postulantes aux concours de Miss,… encore que des noirs.

La vie politique, pareil. Les chefs de parti, les membres de parti, les membres du CEP, les activistes, les manifestudiants**…encore des noirs.

Ce serait à se demander s’il existe encore des descendants de Pétion.

première page d’une recherche de « haïtien » sur google image

Mais ne vous y fiez pas. Les mulâtres existent encore bel et bien. Ils sont même très nombreux et très présents dans tous les secteurs du pays. Je croyais moi-même qu’il n’y en avait plus, jusqu’ à ce que je comprenne l’affaire : Si on ne les voit pas, c’est parce qu’ils ont des pouvoirs magiques. Mais c’est très sérieux ! Ils peuvent apparaître et disparaître à volonté.

Le matin attardez-vous un moment sur l’une des grandes routes menant de Pétion-Ville à Port-au-Prince. 6 heures pile : Toutes les voitures privées en sont remplis. Pas moyen d’en louper un. Et Puis 8 heures pile : Plus aucun mulâtre en vue. Pas moyen d’en trouver un. Pour les revoir en si grand nombre, il faut attendre 16 heures pile.

Ah…je vous vois venir : «ça ne prouve rien»…Incrédules que vous êtes. Ok, alors un autre exemple :

Je vous disais que les lignes devant les banques commerciales ne comptaient que des noirs. Comment  expliquez-vous alors que les mulâtres aient aussi des comptes en banque ? Et pour les papiers d’identité ou le permis de conduire ? Ils en ont hein ! Mais quand est-ce qu’on les voit faire la queue ? De la Magie, je vous dis. !

Et les concours qu’ils gagnent sans y participer ? Tenez ! On organise tous les concours de Miss possibles et imaginables en Ayiti (et Dieu seul sait comme nous avons de l’imagination). On n’a jamais vu y participer un mulâtre. Et bien, quand on annonça la Miss Ayiti postulante au Miss Monde, on découvrit: Abracadabra, une mulâtresse !

Et les pauvres hougan qui se croient forts !

C’est quand même dommage qu’avec tous ses pouvoirs les mulâtres aient encore peur de se mêler au reste des habitants et préfèrent se terrer dans leurs forteresses ! Tout le monde gagnerait à comprendre que si la vie sociale du pays ne peut progresser avec seulement les mulâtres, il ne le peut pas non plus sans eux !

Certes, il faudrait plus que quelques tours de passe-passe, mais le progrès tant désiré ne relèverait plus d’un miracle.

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*Zokiki
Soirée nocturne très à la mode depuis 3 ou 4 ans,
où les jeunes et les enfants se livrent à toute sorte de débauches.


**manifestudiants
Étudiants faisant toujours l’actualité pour leurs participations
à toute manifestation opposée au gouvernement