Trésor Kibangula

Chut ! On ne publie pas les résultats avant 20h

 

Interdiction de toute forme de publication, de diffusion, de commentaire de sondages, « par quelque mode que ce soit », la veille et le jour du scrutin, jusqu’à la fermeture des derniers bureaux de vote en métropole. Nous ne sommes pas au Togo, encore moins au Congo. Non, rassurez-vous. C’est le parquet de Paris qui parle !

Elle ne serait donc pas avancer que ça, la France. D’où je viens, les mesures sont plus drastiques, c’est vrai. On suspend carrément le service des SMS pour éviter la diffusion des résultats du vote avant la publication officielle. Et ça dure des semaines !

Mais, quelle différence avec la France qui menace les médias et les individus lambda qui seraient tentés de diffuser les résultats avant 20 heures ? Des résultats qui – je le rappelle – seront déjà disponibles dans les états-majors des partis, les instituts de sondage ce dimanche à partir de 18 heures 30.

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Où est passé l’Africain au Nord ?

Cinq mois sans vous raconter mes rencontres, mes découvertes, encore moins mes souvenirs, sous ma casquette d’Africain au Nord. Certains parmi vous s’inquiètaient déjà, craignant la fin de cette aventure. Non, je ne suis pas prêt à vous lâcher, me revoilà ! C’est la rentrée d’un Africain au Nord.

Pas d’excuse pour justifier ce long silence. Tellement il y a eu des choses à raconter, des histoires étranges à partager avec vous. Une vérité s’impose : si je n’étais plus actif sur ce blog, c’est surtout parce que j’étais plongé, ces derniers temps, dans une autre dynamique. Stage d’été oblige.

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La France et l’arrestation de Gbagbo : les Nordistes en discutent encore

La participation directe ou indirecte de la France dans l’assaut final des forces d’Alassane Ouattara est encore dans toutes les lèvres. Cette opération a conduit à l’arrestation de Laurent Gbagbo qui se réclamait toujours président de la Côte d’Ivoire. Sur les rues de Lille, je suis allé à la rencontre des Français et des Africains, Ivoiriens ou non, pour recueillir leurs avis.
Il n’y a plus une chaise pour deux. Durant quatre mois, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara ont présidé, chacun à sa manière, la Côte d’Ivoire. Le monde avait choisi son camp dès le début de la crise : tous derrière Alassane Ouattara !

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« Les Français ne peuvent plus payer », le saviez-vous ?

Pour la deuxième année consécutive, le gouvernement français a annoncé le gel des salaires dans la fonction publique. Au même moment, les prix de gaz et des autres produits de première nécessité ne cessent d’augmenter. Conséquence : les Français éprouvent de plus en plus du mal à payer. Bienvenue au paradis tant convoité des Africains.

L’eldorado. C’est comme ça que la plupart de jeunes Africains voient le Nord. La France, c’est leur rêve, leur jardin d’Eden. Beaucoup ne s’imaginent même pas qu’au pays de Nicolas Sarkozy : les prix augmentent du jour au jour ; les salaires des fonctionnaires stagnent et certaines personnes n’arrivent pas à joindre

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Un Africain découvre les préceptes bouddhistes mais pense à la malaria

Rencontre avec le moine Richard Xavanna, Roubaix, 2011Cinq préceptes du Bouddhisme au peigne fin. Si les quatre suivants passent, le premier a du mal à passer. Surtout pour un Subsaharien. Et pour cause : la malaria. Comment concilier la lutte contre cette pandémie et le premier précepte du bouddhisme : s’abstenir de ne pas nuire aux êtres vivants ni prendre la vie ? J’en ai longuement débattu avec Richard Xavanna, moine laotien à Roubaix.« Une vie, ça vaut une vie », tranche Richard Xavanna, 61 ans, moine de l’association bouddhiste laotienne du Nord. Le débat a trop duré. Pas d’issue possible. Tellement, je n’arrive pas à saisir le sens de ce premier précepte. Lire la suite de l’article…


Diaspora congolaise : pouvoir et musique dans le même sac ?

L'artiste musicien Papa Wemba (Tomas/Flickr/CC)

Un groupe de congolais de la diaspora assimile des artistes musiciens aux collaborateurs du régime en place en République Démocratique du Congo. Ils se nomment des « Combattants » ou des « résistants ». Leur mouvement parti de Londres, il y a quelques années, vient d’atteindre Paris. Ce weekend, Papa Wemba et  Werrason, deux vedettes de la musique congolaise, ont été les premiers à payer les frais.

A Bruxelles et à Paris, des centaines de Congolais sont descendus dans la rue, le samedi 19 février, pour réclamer le départ du président de la République Démocratique du Congo. Au rythme de « Kabila dégage », ceux de Bruxelles sont allés finir leur marche à quelques mètres du local de leur représentation diplomatique. Voir le reportage de Rtl.Tvi.

A Paris, la marche de colère s’est transportée sur le terrain artistique. Pourtant, tout a commencé comme une manifestation classique contre le régime : dénonciation des violations  des droits fondamentaux, des viols, des assassinats, de la misère de la population, …et la réclamation de « la démission immédiate » de Joseph Kabila, l’actuel président de la République.

Puis, une partie de manifestants s’est rendue devant la salle Elysée Montmartre. Avec un seul objectif. Empêcher le concert de deux de grandes stars de la chanson congolaise moderne prévu dans la soirée. Résultat : concert de Papa Wemba et Werrason annulé. Sur des vidéos postées sur youtube, le ton de ces « combattants » de Paris est sans appel. « Il n’y aura plus de concert à Paris ». Ils accusent des artistes musiciens d’être à la solde du pouvoir. « Ils sont utilisés par Kabila pour nous distraire » affirme un de leur, « le colonel Odon ». Voir le reportage de Marc Tabu de Congonumber1.

« Faux », on rétorque du côté des artistes. Sur le plateau de l’émission Karibu Variétés de ce dimanche 21 février à Kinshasa, un porte-parole de Werrason a rappelé que l’artiste « n’est pas un politicien et n’a jamais créé un parti politique ». A Paris, l’entourage du chanteur est passé à l’offensive sur le net. Des vidéos des « actions humanitaires » du leader du groupe Wenge musica maison mère circulent déjà à travers les sites d’actualité musicale congolaise et les réseaux sociaux. On voit l’artiste aux côtés des femmes violées à l’est de la République Démocratique du Congo.

Werrason assiste les femmes violées à Goma

Sur la toile, ça se discute.

Débat ouvert sur le site congobilili

Bikeko de Congobilili a ouvert, le dimanche, le débat. Pour lui, les choses ne bougeront pas au Congo en « s’attaquant aux pauvres artistes » en Europe. Il est rejoint dans sa position par Bocamag qui s’interroge sur l’acharnement des « combattants » sur les artistes : « Pourquoi s’attaquent-ils aux musiciens ? Il y a nos ambassades en Europe. Il faut aller plutôt s’attaquer aux ambassadeurs, représentants du gouvernement ou aller manifester au pays comme le font les Tunisiens, les Egyptiens, … »

Autre son de cloche du côté de John Muluke. Un son de soutien à l’action des « combattants » : « Empêcher le concert d’un musicien qui soutient et fait la propagande du régime actuel est un moyen utilisé pour attirer l’attention de l’opinion publique et envoyer un message au pouvoir de Kinshasa ».

« Comment peut-on chanter et danser pendant que nos mamans se font violer au Kivu et la misère ronge la population ? Ces musiciens devraient jouer le rôle de défenseurs de l’opinion publique par leurs chansons pour dénoncer l’injustice sociale » avance V12.

Sont-ils pour autant des « collabos » ? Le débat reste ouvert. Et pourtant, doit-on le rappeler, les relations musiciens – politiciens ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis toujours, les artistes musiciens congolais chantent pour des politiques, sinon les « lancent des mabanga » (Traduisons avec Cédric Kalonji : Mabanga: littéralement «cailloux» en Lingala — un mot qui signifie en fait «louanges», car au Congo, «lancer des cailloux» c’est lancer des fleurs.). Un modèle économique de la musique congolaise.


Diaspora congolaise : pouvoir et musique dans le même sac ?

Un groupe de congolais de la diaspora assimile des artistes musiciens aux collaborateurs du régime en place en République Démocratique du Congo. Ils se nomment des « Combattants » ou des « résistants ». Leur mouvement parti de Londres, il y a quelques années, vient d’atteindre Paris. Ce weekend, Papa Wemba et  Werrason, deux vedettes de la musique congolaise, ont été les premiers à payer les frais. A Bruxelles et à Paris, des centaines…


Diaspora congolaise : pouvoir et musique dans le même sac ?

Diaspora congolaise

L’artiste musicien Papa Wemba (Tomas/Flickr/CC)
Un groupe de congolais de la diaspora assimile des artistes musiciens aux collaborateurs du régime en place en République Démocratique du Congo. Ils se nomment des « Combattants » ou des « résistants ». Leur mouvement parti de Londres, il y a quelques années, vient d’atteindre Paris. Ce weekend, Papa Wemba et  Werrason, deux vedettes de la musique congolaise, ont été les premiers à payer les frais.
A Bruxelles et à Paris, des centaines de Congolais sont descendus dans la rue, le samedi 19 février, pour réclamer le départ du président de la République Démocratique du Congo. Lire la suite de l’article…


Facebook : moteur des revendications sociales en Afrique ?

Page FacebookLa Tunisie hier, aujourd’hui l’Egypte, demain peut-être l’Algérie, la Lybie, voire toutes les autres dictatures. Les mouvements sociaux se déclenchent ou se propagent désormais via les réseaux sociaux. A côté de Twitter, Facebook permet aux « cyber-révolutionnaires » d’organiser  des manifestations et de se passer des messages. Coup de projecteur sur certains groupes et pages Facebook.Lire la suite de l’article…


Un Africain à Auschwitz, Birkenau et Majdanek

Je reviens d’une visite de quatre jours dans les camps de concentration nazis en Pologne. Une visite organisée par l’association Mémoire et vigilance des lycéens à laquelle étaient conviés 28 étudiants de l’Ecole de journalisme de Lille et 21 lycéens de l’Ecole internationale L’Ermitage. J’y ai vu la main du diable.

« Qu’on se batte en Afrique, c’est normal…Nous, nous sommes des sauvages. Mais vous, les civilisés, pourquoi vous vous êtes battus ? 1914-1918, 1940-1945, Hiroshima, Nagasaki, chambre à gaz, bombardement, mine antipersonnel qui coupe les jambes des enfants, … C’est ça la civilisation ? ». Certes, cette question de Pie Tshibanda interpelle. Mais, Je n’y répondrai pas. Elle ne m’était pas destinée d’ailleurs.

Par contre, moi aussi, j’ai eu un professeur d’histoire au collège (chez moi, les « collèges » désignent les établissements scolaires conventionnés, souvent catholiques ou protestants). Je me souviens qu’il nous avait aussi parlé des guerres mondiales. A la va-vite malheureusement à l’image de la vidéo ci-dessus. Sans s’attarder sur la chambre à gaz par exemple. Je ne me souviens même pas avoir entendu le mot « Shoah » à l’école.

Après avoir commencé à exterminer méthodiquement les Juifs dans des centres d’extermination spécialement construits, les Nazis déportèrent les Juifs par voie ferrée et, lorsque des trains n’étaient pas disponibles et que les distances étaient courtes, par marche forcée ou par camions. Pendant l’année 1941, les Nazis décidèrent d’appliquer la « Solution finale », c’est-à-dire le meurtre systématique des Juifs de tout le continent européen.

C’est seulement en me rendant, aujourd’hui, dans trois camps de concentration nazis à Auschwitz, Birkenau et Majdanek que je me suis rendu compte de l’ampleur de l’horreur. De la catastrophe. Difficile à m’imaginer toutes ces infrastructures construites pour déshumaniser son prochain avant de le liquider ! Toute une industrie de la mort.

Le camp Auschwitz-Birkenau comptait le plus grand nombre de prisonniers. Le camp comportait plus d’une douzaine de sections séparées par des fils de fer barbelés électrifiés et, à l’instar d’Auschwitz I, il était surveillé par des gardes SS, et notamment, après 1942, par des maîtres de chiens SS. Il contenait également les installations d’un centre d’exécution. Le camp joua un rôle essentiel dans le plan allemand d’élimination des Juifs d’Europe.
Des trains arrivaient fréquemment à Auschwitz-Birkenau, bondés de Juifs provenant de pratiquement tous les pays d’Europe occupés par l’Allemagne ou les alliés de l’Allemagne. Des convois arrivèrent de 1942 à la fin de l’été 1944. Le nombre approximatif de déportés par pays est le suivant : Hongrie : 426 000. Pologne : 300 000. France : 69 000. Pays-Bas : 60 000. Grèce : 55 000. Bohême et Moravie : 46 000. Slovaquie : 27 000. Belgique : 25 000. Yougoslavie : 10 000. Italie : 7 500. Norvège : 690. Autre (y compris les camps de concentration) : 34 000.

Pourtant, je connais la guerre et j’ai vu des morts. Je pense notamment à tous ces corps sans vie qui jonchaient encore les rues de Kisangani après six jours d’affrontement entre deux armées étrangères dans ma ville natale. Je pense aux violences sexuelles utilisées comme armes de guerre à l’est du Congo. Je pense à l’opération « manche longue ou manche courte » des hommes de Froday Sankoh en Sierra Léonne. Je pense aussi au génocide rwandais de 1994. Je pense enfin à des millions des morts de la guerre oubliée dans mon pays d’origine.

Mais, jamais, jusqu’ici, je pouvais penser que l’homme pouvait aller jusque là. Des récits des témoins de ces horreurs m’ont troublé. A Auschwitz par exemple, j’ai vu toutes ces béquilles et prothèses des juifs assassinés, puisque jugés inaptes. Aux plus aptes, les nazis avaient prévu famine, travaux forcés et chambre à gaz avant de les réduire en poussière dans les fours crématoires. Ni vu ni connu. Tout a été soigneusement pensé…par l’homme ?

Le médecin S.S. commencait à sélectionner ceux qui lui paraissaient aptes au travail. Les femmes en charge de petits enfants étaient en principe inaptes, ainsi que tous les hommes d’apparence maladive ou délicate. On plaçait à l’arrière des camions des escabeaux, et les gens que le médecin S.S. avait classés comme inaptes au travail devaient y monter. Les S.S. du détachement d’accueil les comptaient un à un. Ils étaient par la suite assassinés.
Les baraquements « sanitaires » étaient ouverts deux fois par jour : le matin et le soir. Pas de papier-toilette. Pas d’intimité. Les uns à côté des autres, les déportés étaient contraints à faire leurs besoins. Des fois, une cigarette suffisait pour corrompre les gardiens. Ces baraquements servaient aussi tantôt comme « radios-chiottes », lieux de troc entre détenus, tantôt comme un lieu pour se chauffer grâce à la chaleur dégagée par les matières fécales.

A Majdanek comme à Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp d’extermination des juifs, les traces de l’horreur sont encore visibles. La route de la mort. Les ruines de certains baraquements. Les chambres à gaz. Toute cette architecture conçue pour perpétrer des assassinats me bouleverse. Mais, un message gravé sur les bétons interpelle : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants, en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement ».

Des ruines des chambres à gaz de Birkenau. Les chambres à gaz pouvaient recevoir près de 1 440 personnes pour les plus grandes et 768 personnes à la fois pour les plus petites. Une salle dotée d’une installation sanitaire factice, laissait entrevoir une trappe sur le toit d’où le zyklon B était jeté par des gardes. Les corps étaient ensuite brûlés dans les crématoires contigus. C’était la mission du Sonderkommando choisi parmi les prisonniers. Vers la fin de la guerre, alors que les crématoires tournaient à plein régime, les nazis tuèrent encore plus et brûlèrent les corps dans des fosses.

Au total, « six millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont été tués dans des conditions abominables uniquement pour ce qu’ils étaient : des Juifs. Non pour ce qu’ils avaient pu faire » m’explique Jean-Pierre Affali, membre du bureau exécutif du Crif.

J’ai visité les camps de la mort. Je suis rentré mais j’y suis encore. Je ne comprends toujours pas. Comment l’homme est-il arrivé là ? Non, ce n’est pas l’homme. Le diable est passé par là…