Bien malin serait celui qui pourrait donner une explication rationnelle au fanatisme aveuglant qui n’a cessé de s’emparer de nombre de footeux du Cameroun depuis que Samuel Eto’o tutoie les cimes du football mondial. Ce fanatisme primaire particulièrement dévoyé pourrait donner du grain à moudre aux psychanalystes tant celui-ci a pris des proportions dignes des grandes séances de désenvoûtement particulièrement prisées dans les églises éveillées.
Combien de fois en une journée entend-t-on des personnes jurer au nom d’Eto’o ? Est-il possible de traverser un carrefour de Yaoundé, Douala et autres grandes et petites agglomérations du Cameroun sans entendre de vifs échanges au sujet des dernières prestations , de la fortune, de l’enfance et voire des frasques du footballeur camerounais le plus populaire ? C’est quasiment tout le monde qui veut donner à voir et à exprimer son opinion ou engagement vis-à-vis du goaleador. Et on ne se prive pas d’une dose d’imagination pour le faire. Des noms les plus insolites (Pag Maya ; Le Mbondo djé ; Le 7ème Démon…) au lyrisme ubuesque et prophétique (« Si Eto’o fait une passe à l’adversaire, c’est qu’il n’y avait pas mieux à faire » ; « Le Cameroun n’aura plus jamais un footballeur de la trempe d’Eto’o ») tout y passe. A bien y regarder on a bien l’impression que c’est à qui saura se monter le plus « fou » d’Eto’o que reviendra la palme d’or du fanatisme.
A voir toute la ferveur qui gagne ces fans d’un autre genre lorsqu’il est question de leur champion, il est à parier que si Samuel Eto’o venait à avoir l’ingénieuse idée comme certains de ses compatriotes qui pour se faire un peu d’argent ont créé des religions, ses fidèles se compteraient en centaines de milliers. Sachant que le football est déjà la «première religion» au Cameroun, ce ne sont pas les Chefs religieux qui seront les derniers à se réjouir que cela ne lui passe jamais par la tête. Du moins pour l’instant !
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