RFI en Afrique: média partisan ou média dérangeant?


Il est de bon ton de se demander le rôle réel que joue Radio France Internationale dans les crises qui secouent le Continent. Si la Radio mondiale brille par sa diversité de ton et sa couverture optimale de l’information mondiale, force est de constater qu’elle souffle le chaud et le froid en Afrique.

Les gouvernants des Etats africains francophones ont trouvé dans la suspension des émissions de la chaîne une riposte au traitement considéré comme partial de l’information du média. Qu’on en juge:
Juillet 2007. Silence radio d’un mois au Niger, motif : diffusion d’informations mensongères et occultant la réalité » sur les évènements liés aux activités de la rébellion touareg du Mouvement des Nigériens pour la justice (MNJ)
Mars 2008 : brève suspension des émissions en territoire gabonais, motif : implication notable de la chaîne dans les affaires internes au Gabon. Le tout dans un contexte tendu de relations franco gabonaises (si ! si ! ça peut arriver).
Juin 2008 : suspension des programmes de RFI en Côte d’Ivoire, motif officiel : l’absence de correspondant permanent, mais en réalité la crise ivoirienne et la mort de jean Hélène sont passées par là.
Juillet 2009 : coupure du signal en RDC, motif : RFI est accusée de « démoraliser les troupes congolaises en campagne contre les forces négatives dans l’Est de la RDC ».
Août 2010 : suspension des émissions au Bénin, suite à la « surmédiatisation du scandale ICC Services »
Les exemples du genre allongeraient inutilement notre propos.

Chez nous au pays des Lions jadis indomptables, les choses sont simples.
Avec la libéralisation de l’audiovisuel au Cameroun, toutes les radios se sont transformées en tribunes d’injures et de délation continue. Le retour de bâton ne s’est pas fait attendre : la crédibilité de l’information en a immédiatement pâti. A titre d’exemple, je dirais sans exagérer que si l’on s’en tenait à la une des médias camerounais, on aurait en moyenne une affaire Bettencourt-Woerth par jour, deux affaires Sarkozy-Villepin par semaine sans compter la pléthore de Watergates. Je tais les vraies fausses morts de l’Homme-Lion (Appellation d’origine contrôlée appliquée au chef de l’Etat).
La mort de l’information locale a ainsi renforcé le label RFI et il n’est pas rare à l’énoncé d’une information de s’entendre demander « est-ce que RFI l’a confirmé ?»
Nous dépendions déjà des chinois pour le BTP, des Japonais pour l’élargissement du réseau éducatif, des nigérians pour la fourniture de pièces de rechange auto, des nigériens pour la cordonnerie, du FMI et de la Banque Mondiale pour le reste, et voilà que le service public français conditionne l’information chez nous.
Avec Juan Gomez et son Appel sur l’Actualité qui s’apparente parfois à un appel à la révolution, avec Alain Foka dont les émissions de Médias d’Afrique se rapprochent plus du meeting politique que d’autre chose, avec la crédibilité doublée d’une audience planétaire dont jouit RFI, comment ne pas comprendre que les auditeurs soient RFI addict ? Comment ne pas non plus comprendre que nos chers gouvernants pour dormir en paix n’hésitent pas à appuyer sur le bouton MUTE quand les choses commencent à « déraper ». Le dérapage étant souvent entendu ici comme une situation de guerre, d’émeute ou tout simplement les prémisses d’un embrasement social.
Dans quelques mois, les camerounais iront élire ou réélire (c’est selon) le Père de la Nation. Chère communauté, il se peut qu’à un certain moment, les ondes de RFI n’atteignent plus la Rivière des Crevettes (si ! si ! c’est la signification cachée de Cameroun) comprenez dès lors que les choses auront dégénéré et que je serai coupé du monde. Alors n’hésitez pas à m’écrire sur mon blog ce sera toujours ça, à moins que bien sûr quelqu’un se souvienne qu’il ya aussi un bouton OFF en ce qui concerne Internet, dans ce cas…
Bon ! J’exagère comme d’habitude hein ? Mais que voulez-vous ? On ne se refait pas.

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Auteur·e

florian

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