Du temps de Capitaine Moussa Dadis Camara, les guinéens avaient connu les « Dadis Show »; ces interminables joutes verbales que le capitaine se plaisait à tenir à la télévision nationale. Depuis le mardi, 9 novembre dernier, la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) a initié ce qu’on pourrait appeler les « Résultats Show ».
En effet, après la tenue du second tour de la présidentielle guinéenne le 7 novembre passé, la CENI a pris l’habitude de distiller les résultats au compte-goutte. Dès 20 heures, les salons de ceux qui ont la chance d’avoir le courant électrique et une télé sont littéralement envahis. Les moins chanceux se ruent sur les postes radio. Avec une extrême nervosité, stylo et carnet en main, les plus courageux notent soigneusement chaque chiffre qui tombe. Dès après la proclamation, les calculettes entrent dans la danse. Chacun veut savoir les voix d’avance ou de retard de son candidat. Des cris de joie ou des chuchotements de dépit fusent à chaque fois, selon qu’on a gagné ou perdu dans une circonscription électorale. D’autres, surtout les personnes âgées et les femmes, ne supportent tout simplement pas ce spectacle. Ils préfèrent se faire raconter les résultats.
Il faut dire que cette élection, jugée la plus libre depuis l’indépendance du pays en 1958, suscite des passions à la limite du fanatisme. La peur de perdre de chaque camp se mesure à l’envie de remporter la victoire. Et personne, ou presque, n’y échappe. Tout le monde est devenu partisan. Du coup, l’angoisse, l’anxiété et la peur lors des campagnes, se sont accentuées avec la diffusion des résultats au compte-goutte. D’ici dimanche 14 novembre à midi, délai de rigueur pour la proclamation des résultats provisoires, beaucoup d’autres nerfs risquent de lâcher. Un véritable supplice. Pourvu qu’on en reste là!
Alimou Sow
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