Le téléphone portable vu de chez moi



S’il ya un phénomène fort bien intriguant, qui peut faire  et défaire les relations sociales dans mon village natal et même en dehors, c’est bien l’usage du téléphone portable. L’apparition de celui-ci dans la contrée qui m’a vu naitre a d’abord servi la cause des donjuanesques. Ah, à cette époque, il fallait juste avoir un téléphone portable pour se voir créditer de tous les prestiges sociaux dans le cercle restreint des belles filles. Celles dont le clair de lune éclaire la beauté lors des soirées nocturnes n’ont d’yeux que pour ces messieurs qui passent leur temps à répondre à des appels fallacieux à longueur de journée !

« Le propre d’une révolution industrielle est d’ouvrir un espace de possibles qui excèdent l’intention de ceux ayant eu les idées qui vont donner lieu à cette révolution industrielle », dixit un auteur en sciences sociales. Je suis tenté avec la présomption de ne le point regretter, d’appliquer ce postulat aux révolutions technologiques et en conclure que le téléphone a servi des causes qui  n’avaient pas été prévues initialement.

Le téléphone portable est venu bousculer les hiérarchies sociales basées sur l’importance du « sang », je veux dire des ethnies et des sous-groupes ethniques. Le Gandiol comporte des populations aux consciences clivées, super clivées et cela est même ancré dans le subconscient des individus. L’agent socialisateur désigne telles personnes comme inférieures à telles autres.

Mais l’  « intrusion » du téléphone au sein des couches sociales, puisqu’il semble arriver mal à propos, a donné un effet destructeur de la hiérarchie sociale. Passe pour le plus important, non plus l’ « homme libre », mais celui qui possède un téléphone portable avec de surcroit, une situation financière extraordinaire dans un contexte de matérialisme poussé à la caricature.

Les arcanes de cet outil technologique peuvent se révéler pernicieux, très pernicieux. Comment de fois, ont- elles  fait éclater des couples ou failli éclater des unions conjugales ? Le téléphone portable, malgré son importance, ressemble plutôt à un couteau dont la nature est neutre à mon avis. C’est l’usage qui en fera un merveilleux ou dangereux outil.

Jadis, agent d’exclusion ou de promotion sociale, donc « classeur » ou « déclasseur» social,  le téléphone a perdu de son influence. S’il continue de peser sur les relations interindividuelles, si moins pour le coté prestige social que pour celui d’agent de tension au sein des couples. Un SMS d’une ligne, lisible en 30 secondes peut défaire à tout loisir une union centenaire !

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Auteur·e

ousmaane

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