Ouaga by night

Véritable plateforme de brassage de traditions, Ouaga est l’une des villes africaines qui accueillent chaque année plus d’un évènement socioculturel. Quand l’on ne parle pas du Salon International de l’Artisanat de Ouagadougou (SIAO), c’est le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) qui est à l’ordre du jour. A défaut de participer au festival de Cannes en Europe ou au Hollywood Film Festival en Amérique, les Ouagalais et leurs hôtes africains ont l’occasion, grâce au Fespaco, de vivre les mêmes sensations à l’échelle du continent noir. Cette année en exclusivité, Ouaga a accueilli la 10ème édition des Kora Awards. Ajoutés aux manifestations inédites précédentes, nombre sont les concerts d’artistes musiciens internationalement reconnus qui se tiennent à Ouaga. L’an dernier, par exemple, en Décembre la star jamaïcaine de Dance hall Sean Paul faisait vibrer les gradins du stade du 4 Août, tandis qu’en Octobre Muss et Singuila mettaient le feu à la baraque. On se souvient également du spectacle manqué de la célébrissime icône américaine de RNB Akon en 2008.

Cela fait bientôt 2 ans et demie que je réside à Ouaga. Au cours de ce séjour en terre des hommes intègres, j’ai pris le temps d’observer les mœurs qui demeurent les plus ancrées. Si on me demandait aujourd’hui ce que font les habitants de Ouaga quand ils ne s’engouent pas pour de pareilles manifestations ? Et bien, je répondrai : le « show ». En effet, les nuits à Ouaga sont plus longues que les journées. Le jour, le Ouagalais normal vaque à ses activités citoyennes. Dès 7 heures tout le monde rejoint son occupation : les plus jeunes vont à l’école ou sont employés dans une activité quelconque du secteur informel ; les adultes et les vieux vont au boulot ou dirigent une activité du secteur informel. Quand surgit la nuit dans cette région attractive du monde, tous les chats, munis de leurs chars, deviennent gris. Les rues sont désertes et bruyantes ; partout c’est la voix de DJ Arafat qui résonne. Les maquis et boites quant à eux sont bondés de monde.

En faisant un tour sur l’avenue KWAME Nkrumah, baptisée avenue des plaisirs, on peut sentir monter la température dans divers endroits tels que le Byblos, le Showbiz, le taxi-brousse, chez Simon, la Véranda, etc. Hormis les Burkinabé, les noctambules étrangers y sont également très actifs ; sur place, on trouve des Libanais, des Français, des Turcs, des Ivoiriens, des Camerounais, des Congolais saouls ou à moitié saouls. Lorsqu’on quitte le centre ville pour se diriger vers les quartiers périphériques, les ruelles imposent presque de faire un break avec leurs silhouettes provocantes et promptes à procurer du plaisir. Une fois que l’on franchit les cinq mètres cinquante de Dapoya, au lieu dit Matata dont mon compatriote Alain FOKA de RFI a déjà si bien fait l’éloge en parlant de son caractère déviant, on n’envisage plus partir. Rares sont les mâles qui résistent aux appas des coquines qu’offre cet environnement quasi comparable à Sodome ou Gomorrhe. J’y étais moi-même et je peux vous assurer une chose : c’est pas facile!

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francoperen

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