La vente de poulet au marché Tilène de Dakar

Ne dit-on pas qu’il n’y a pas de sot métier ? En tout cas certains ont bien compris ce dicton. Tous les moyens sont bons pour survivre, surtout à Dakar, pourvu qu’ils ne soient pas illégaux.

Marché Tilène de Dakar, des voix gênent l’écoute : on discute entre clients et marchands. Dans ce brouhaha, les « cocoricos » des volailles se font entendre. Des cages remplies de poules pour la vente sont superposées les unes sur les autres. D’autres, les pattes nouées, sont par terre. Sur un banc, des hommes sont assis derrière ces marchandises : ce sont les vendeurs.

Un homme, la quarantaine, s’approche des lieux. Il lance un « salam alaikoun ». En chœur, ils répondent « alaikoun salam ». Juste après, une voix rauque demande : « lo beugue » (que voulez-vous ?). Il répond : « Guinar » (poule) et demande à son tour « Gnata la » (c’est combien ?). Son interlocuteur répond « 5000 ». Après négociations, les deux s’entendent sur une somme de 2000 FCFA. Le commerçant lui demande s’il voudrait que l’animal soit égorgé et traité sur place tout en lui signalant que cela est sans frais pour lui. L’homme accepte sans poser de question. Il appelle ainsi celui qui est chargé de faire ce travail.

Ce dernier, un jeune-homme d’une vingtaine d’année, répond à l’appel sans tarder. Il amène l’animal sur son lieu de travail : trois vases s’y trouvent. Le premier est rempli d’eau chaude, le deuxième de plumes et d’un long couteau et le troisième d’eau tiède. Dès qu’il s’y trouve, il se saisit de son couteau et pose la poule dans le vase contenant des plumes. Il lui tort le cou et y fait glisser le couteau : le sang gicle. Il plonge la volaille dans l’eau chaude. Quelques secondes après, il la tire de là. D’une main, il tient une partie de sa victime et de l’autre il arrache ses plumes. Après l’avoir déplumée, il lui coupe la queue pour faire une ouverture afin de sortir les intestins. Il coupe l’ergot la rince la poule. Il la met dans un sachet plastique et la remet au client.

Ce dernier est tout satisfait du travail : « il vient de m’alléger la tâche. Si c’est moi qui devrait le faire, cela aurai pris beaucoup de temps pendant qu’il l’a fait en moins de cinq minutes. » lance t-il.

Pour ce service, le vendeur dit qu’il lui donne 200 FCFA. Il apprécie aussi ce qu’il fait : « Il sait vraiment faire ce travail. Il peut traiter une dizaine de volailes en quelques minutes»

Ce jeune-homme passe ainsi toute la journée au marché de Tilène à attendre les acheteurs pour accomplir sa tâche et gagner de quoi se nourrir même si c’est malgré lui. En tout cas à chacun son métier.

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Auteur·e

amsix

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