Ma première conf’

Ma première culotte, mon premier baiser, mon premier diplôme (premier d’une longue liste inutile), ma première… conférence de presse. Merci RFI*! Grâce à Mondoblog, j’ai assisté à la sacro-sainte conférence de presse du grand festival de cinéma de Berlin. Où comment une jeune blogueuse apprend que les journalistes sont, comme elle, de vrais gamins.

L’ambiance est en effet celle d’une grande cour de récré. Certes, on est là pour bosser. La Berlinale est, avec Cannes et Venise, l’un des plus grands festivals internationaux de cinéma au monde. 4200 journalistes par an en moyenne accourent des quatre coins de la planète pendant les 10 jours de cette grande fiesta dédiée au film. Caméras, appareils photos, ordinateurs portables et stylos peuplent la salle de la conférence de presse logée dans un grand bâtiment en verre, au cœur de la capitale allemande.

11h05 : je débarque, en retard de cinq minutes. Je reçois un poster, assorti d’environ 50 pages de programme sur le festival. Il y a une queue de quatre mètres devant un stand qui distribue des goodies L’Oréal et des dépliants offerts par les marques qui sponsorisent le festival. Peu émue par cet engouement bizarre des journalistes pour cette paperasse commerciale, je préfère me battre dans la file d’attente pour le café. Au passage, je pique une ou deux bouteilles d’eau gazeuse. Le type du stand « Teddy Award » (la section cinéma gay) me fait un clin d’oeil complice. Coquin!

11h15 : dans la salle de conférence, en attendant que le grand show commence, les photographes se « shootent » entre eux en faisant des grimaces. Je m’aperçois que je suis loin d’être la seule à avoir piqué des bouteilles de flotte.

11h20 : Dieter Kosslick, le célèbre directeur du festival, monte sur scène avec son équipe. Les photographes se jettent sur lui comme des mouches sur un pot de miel bio. Tenant un ours noir à la main – visiblement la nouvelle mascotte du festival édition 2011 – M. Kosslick s’exclame, bon enfant : « cette photo, on ne l’a pas encore faite! » Rigolade générale des 2000 reporters dans la salle.

11h30 : Dieter Kosslick déballe le programme alléchant des jours à venir. True Grit, le film très attendu des frères Coen, fera l’ouverture du festival (ce qui représente un grand honneur, bien sûr). Il s’agit d’un western, mais le directeur de la Berlinale affirme qu’il s’agit d’un « film de femmes ». Ah. A vérifier.

11h40 : je suis très appliquée, je prends mes petites notes sur mon carnet – normal, c’est ma première conférence de presse, les amis. Mais à côté de moi, les journalistes chevronnés, eux, font des petits signes de la main à leurs copains de la rédaction bidule et de la chaîne machin, lisent leurs mails sur leur Iphone ou gribouillent sur le dossier de presse. Je leur fais des mines outrées de première de la classe.

11h45 : une journaliste de Radio Berlin pose une question pour ses auditeurs midinettes de moins de 50 ans. « Y aura qui comme star? Et Madonna, elle vient ou pas? » Rires. Il y aura donc William Hurt, Ralph Fiennes, Kevin Spacey, Jeremy Irons, Colin Firth, Helena Bonham-Carter, Jeff Bridges, Liam Neeson, et Madonna, on ne sait pas encore. Je fronce le sourcil devant ce chapelet d’acteurs anglophones. Et la France, alors!

11h47 : Ah, si, tout de même : Sandrine Kiberlain et Hippolyte Girardot. Silence dans la salle. Personne ne les connaît, à part la petite Mondoblogueuse française que je suis.

11h50 : une autre journaliste relance sur Madonna. Je me mets à gribouiller sur mon dossier de presse. Dommage que je n’ai pas d’Iphone pour checker mes mails ou surfer sur Fessebouc. Flûte.

11h55 : Le sujet Madonna est clos. Ouf. A ma plus grande joie, je m’aperçois que pour beaucoup de journalistes, le cinéma est aussi une affaire politique. Un reporter s’enquiert de Jafar Panahi, le grand réalisateur condamné à la prison et interdit de tournage par la République islamique d’Iran. Cette année, le festival de Berlin se montre solidaire et projette ses films. « J’ai eu Jafar Panahi au téléphone », raconte Dieter Kosslick. « Il est au courant de ce que nous allons faire pour le soutenir. Mais il ne s’agit pas que de lui : cette solidarité avec Panahi doit donner de l’espoir à ses collègues cinéastes iraniens qui se trouvent aujourd’hui dans des situations terribles. C’est une véritable manifestation que nous faisons ainsi à la Berlinale », conclut le directeur du festival. Je tire mon bonnet de laine à pompon devant cette belle initiative.

12h : j’apprends que la section « Cinéma culinaire » porte le titre « Give food a chance » et lutte pour le « slow fooding », autrement dit contre la malbouffe. « Une réaction au scandale de la dioxine dans les viandes allemandes », souligne Kosslick.

12h05 : c’est plié. Grande récré pour les journalistes qui se précipitent dehors pour s’en griller une ou s’arracher les derniers programmes de la Berlinale.

12h06 : Oh joie, je reconnais une consœur de plume, une jeune blogueuse allemande. Cela me fait chaud au cœur. A la prochaine grand-messe de la Berlinale, moi aussi, j’aurai une copine dans le dos de qui je pourrai taper, avec qui je pourrai piquer des dépliants l’Oréal et faire des photos grimaçantes en attendant que Isabella Rosselini, la présidente du jury du festival, passe sur le tapis rouge. Youpi!

* Et surtout, un très grand merci à Ziad Maalouf.

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Auteur·e

manon

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