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Forum Social Mondial, Jour 1 : la marche inaugurale

FSM : la marche inaugurale

Dimanche 6 janvier 2011, la marche inaugurale part de la Radio Télévision Sénégalaise (RTS) pour terminer à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), lieu où se tiendront les conférences, ateliers et autres commissions « officielles » du FSM tout au long de la semaine. On parle de 40 000 manifestants ; la présence de la police anti-émeutes et de gendarmes se fait discrète. Pas de surprise : la représentation africaine est considérable. Outre la forte représentation syndicale (On note de nombreuses unions sénégalaises, africaines et autres ), le cortège est parsemé de manifestants et délégations américaines (on passe un groupe de supporters de Chavez) et européennes.

Plutôt que des groupes constitués exclusivement de Français (qu’on remarque cependant ça et là), on retrouve surtout ces derniers éparpillés au sein de nombreux groupes mixtes, africains et internationaux. La représentation asiatique est minime, bien qu’on note la présence d’un groupe de Japonais. Goguenards, de nombreux Sénégalais, femmes, hommes et enfants, venus assister au défilé sans pour autant prendre part au FSM, s’y joignent.

On note la présence d’associations portant des revendications et slogans prônant la reconnaissance du « secteur informel ». Autre  récurrence des groupes de femmes, de migrants. Classique de l’anti-impérialisme, les défenseurs de l’annulation de la dette (dont le Comité d’Annulation de la Dette du Tiers-Monde – CADTM) sont sortis en force. Côté institutionnel, on repère de nombreux cortèges des « grosses » ONG du Nord (CCFD ; SCD).

Les mouvements écologistes et/ou liés aux secteurs primaires (agriculture, pêche, développement local) se pressent également dans le cortège, scandant des slogans sur la thématique de la souveraineté alimentaire et de la sauvegarde du patrimoine agricole et foncier.

A l’arrivée à Diop, la foule se presse autour d’une scène où se succèdent animateurs gouailleurs, personnalités politiques et groupes de musique. Dans un long discours, Evo Morales, s’autocongratulant à grands renforts de chiffres prouvant les succès de son mandat (nationalisations, redistribution sociale, défense des indigènes, etc.) appelle à « sauver la planète afin de sauver l’humanité », et ce selon les lignes convenues de la synthèse altermondialiste : « identifier notre ennemi […] : le néolibéralisme». S’en prenant à la construction de murs frontaliers par les pays riches, il affirme que la question n’est pas de savoir comment empêcher les pauvres d’immigrer vers le Nord, mais « comment nous débarrasser des riches ».

La rareté des groupes venus du monde arabe dans la marche inaugurale contraste avec la puissance évocatrice des révolutions récentes en Afrique du Nord dans la bouche des divers orateurs : le président bolivien enjoint son public à suivre la leçon donnée par les peuples de Tunisie et l’Égypte dans leur détermination à se « débarrasser de l’impérialisme nord-américain ».

Dans une allocution, Chico Whitaker, Brésilien co-fondateur du FSM, faisant écho à Morales qui affirmait enfin que les leaders doivent « apprendre » du FSM, dit être venu pour « écouter plutôt que parler ». Il conclut en encourageant le monde à « radicaliser la démocratie » et à inventer de nouvelles formes de participation sociale et citoyenne. On notera que l’accent est mis, dans cette introduction, sur un altermondialisme relativement étatique ; quid de l’aspect non-gouvernemental du Forum ?

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Auteur·e

cedric

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