Flonflons, Le Pérou de promo

En ce moment tout le Pérou est sur son 31. C’est la fin de l’année scolaire et la fête pour chaque élève qui passe au grade supérieur: primaire, collège, lycée. Sortez vos costumes et robes en tulle.

Depuis quelques semaines le Pérou est en effervescence, celle bien connue de l’approche des grandes vacances, des derniers jours de classe qui s’étirent, des regards qui se perdent en perspective de diversion… Mais, ici, on fait ça dans les formes, avec petits cartons d’invitations, buffet de petits fours, bal et tout le tralala. Car chaque année, on fête, dans chaque école, les enfants qui terminent un cycle.C’est ce qu’ils appellent la « Fiesta de Promocion ». Plus on est grand, plus la fête est conséquente, mais ça commence très jeune. La semaine dernière j’étais moi-même à la Fête de Promotion du petit De Niro (si si), 3 ans, qui a terminé son année au Centre de Stimulation (la crèche) et va entrer au Jardin (l’école maternelle). Une fête avec clowns , petits jeux et buffet coloré de bonbons. Une fête évidemment plus glamour dans les écoles privées de la ville que dans les lycées de campagne.

Un cran au dessus il y a la Fiesta d’entrée en primaire, puis d’entrée au collège et, enfin, de fin de lycée. Les jeunes hommes sont en costume et cravate et les demoiselles en robes de princesse, avec tulles ondoyantes, coiffures appliquées et escarpins. De vraies jeunes mariées. De 6, 12 ou 18 ans.

Ensuite tout est question de moyens mais la Fiesta de Promocion ne va pas sans sa table d’honneur réservée aux professeurs, sa sono pour faire danser les élégants et leurs princesses sur les rythmes de cumbia et reggaeton à la mode, son buffet de mises en bouche et son plat traditionnel: pachamanca, pollada ou parilla, larges portions de viande servies avec pommes de terre et yuca.

Pour les plus huppés, est invité un groupe de cumbia à animer la soirée en live et chaque élève a une table réservée pour ses invités: d’une dizaine à plus de cinquante. Forcément la compétition bat son plein et comme ici on peut vous répondre « oui oui oui » en pensant « non non non » chaque élève envoie ses ambassadeurs (pères, frères, amis) jusqu’à l’ultime minute, pour être sûr que sa table soit belle et bien remplie d’invités de choix, bien mis et souriants qui, souvent, comme moi, ne connaissent ni d’éve ni d’adam l’élève en question. « Mais si enfin c’est la fille de la voisine de la cousine qui vit au coin ». Ce qui donne droit à s’asseoir à la table d’honneur, à faire de larges sourires et porter des toasts pour la réussite de la fille de la voisine de la cousine qui vit au coin » tout au long de ses études qu’on espère longues. Hips.

Tout cela prête à sourire, d’autant que les heures passant, la Fiesta de Promocion se transforme peu à peu en fête orgiaque où la bière coule, les invités roucoulent et les petits fours disparaissent engloutis par les nombreux pique-assiettes présents. Mais, après tout, je me souviens avoir célébré mon bac toute seule dans une chambre au fin fond de l’Allemagne où j’étais partie en stage avant que ne tombent les résultats et je me demande si une robe de princesse, des parents célébrant mon intelligence à grands coups de godet et des rythmes endiablés n’auraient pas été plus à mon goût.

La Fiesta de Promocion nous dit aussi quelque chose sur le Pérou d’aujourd’hui: la proximité, vraie ou simulée, entre les générations. Ici on fait la fête avec papa-maman, les oncles, tantes et cousins sans rechigner. La famille, symbole toujours fort, se doit d’être unie en ce jour béni de succès scolaire. Et même si on finit par abandonner dans un coin ses parents pour festoyer avec ses camardes, les générations se côtoient et partagent: succès d’un enfant et réussite des parents.

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Auteur·e

bittnerchristelle

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