Les otages de la pauvreté : quand les hôpitaux se transforment en prisons

© Journalducameroun.com

Une pratique tout à fait étrange par son côté déshumanisant commence à se répandre dans les hôpitaux camerounais: la séquestration pour non paiement de soins.

L’affaire est simple. En l’absence de couverture santé, certains patients se retrouvent très souvent démunis au moment de payer les frais exorbitants liés à leur traitement. Pour régler le problème, les autorités médicales si bornées lorsqu’il s’agit de déceler les maladies et autres pathologies ont eu vite fait de trouver une parade: ainsi naquit la rétention des patients insolvables.La chose est simple, une fois l’insolvabilité du patient constatée, celui-ci est retenu contre son gré (mais a-t-il vraiment le choix?) dans les locaux de l’hôpital, sous la garde du personnel de sécurité. Notre ex-patient devient dès lors un néo prisonnier dont la liberté relative lui permet de circuler dans l’enceinte de l’hôpital sans pouvoir en sortir. L’image la plus approchante est celle de Tom Hanks dans le film Le Terminal.

La chose pourrait sembler amusante, sauf lorsqu’on imagine la mesure appliquée aux nouveau-nés. Les exemples de jeune femmes séquestrées avec leurs nourrissons dans les maternités sont désormais légion . On se souvient de cette quinzaine de femmes retenues en 2008 à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé dont certaines pendant plus de trois mois pour des factures non payées. Ou encore cette handicapée moteur qui a passé de longues semaines avec son fils dans la salle d’attente de l’Hôpital central de Yaoundé.

Les cas de ce genre sont légion, mais hélas, rarement médiatisés. L’exemple le plus récent et le plus horrible Est-celui de cette jeune mère qui ayant perdu son bébé de deux semaines suite à une opération désastreuse a vu le corps de ce dernier confisqué à la morgue de l’hôpital général de Yaoundé. L’affaire dure depuis dix mois et les autorités de cette institution ne veulent libérer le petit corps qu’à condition d’obtenir la totalité des quatre cent mille Cfa (environ 600 euros) relatifs aux frais d’hospitalisation et d’opération.

Si on reconnaît la prospérité d’un pays à l’état de son matériel social, les hôpitaux camerounais sont la vitrine de l’état de déliquescence dans lequel notre pays se situe. Et lorsqu’on voit les dirigeants de ces structures sous-équipées et désuètes malmener des gens dont le seul tort est d’être pauvre, il ya de quoi se dire que c’est l’hôpital qui se moque de la charité.

Partagez

Auteur·e

florian

Commentaires