Parcage des engins à deux roues : activité génératrice de revenus à Ouaga

Chronique produite ce matin pendant que je patientais, assis  sur le banc d’un garage où je venais de confier ma moto pour une révision. Le garage en question est situé en face de l’annexe de l’Institut Supérieur d’Informatique et de Gestion (ISIG).

A Ouaga, le moyen de déplacement le plus courant est l’engin à deux roues. Sur une motocyclette ou une bicyclette, le Ouagalais se meut de la manière la plus commode qui soit. Si vous êtes étranger et que vous cherchez à emprunter un taxi, il vous faudra attendre pendant un long moment au bord de la voie, car il y a très peu de taxis dans la ville.

Figurez-vous que même ceux qui ont une automobile (je fais ici allusion aux fonctionnaires, commerçants, bref aux travailleurs en général) parquent toujours dans leurs domiciles une « Crypton » comme véhicule de secours. Pour la petite histoire, j’ai effectué pendant les vacances dernières un stage au sein d’un bureau d’architecture de la place. Le boss, qui est monsieur très sympa, ne s’est pas abstenu de m’emmener chez lui. A l’occasion, j’ai remarqué qu’il y avait une « Yamaha » parquée dans son garage. Pris de curiosité depuis notre arrivée et assailli par des interrogations qui me laissaient jusqu’ici sceptique, j’ai « serré le cœur », comme on dit, et j’ai abordé le sujet avec lui. Il m’a révélé que la moto était indispensable à Ouaga et que, bien qu’ayant déjà une voiture, il préférait, après être revenu du bureau le soir, faire ses courses en moto et se relaxer en faisant du vélo dans le quartier.

Pourquoi les motos pullulent-elles dans la capitale du pays des hommes intègres ? En tentant de répondre à cette question, il ressort trois éléments :

  • La tradition : il est de coutume à Ouaga que le parent offre une moto à son enfant pour l’encourager ou le féliciter d’avoir accompli une prouesse académique. Tel est le cas lorsque les élèves réussissent leur examen du brevet ou du bac. Comme autre volet de ce point, les Ouagalais ont hérité des Européens leur hâte caractéristique. Quand on veut faire quelque chose à Ouaga, on le fait sap sap 1.
  • Le relief : avec un profil topographique quasiment régulier, Ouaga est l’une des régions les moins accidentées de la planète. Le terrain naturel est plat et parfaitement adapté à la circulation à l’aide d’engins à deux roues.
  • Le coût du carburant : en réalité, si la plupart des travailleurs possèdent, hormis leur véhicule de service, une moto de relais, c’est parce qu’en dehors des heures de boulot, ils s’évertuent à limiter leur consommation en carburant. Effectivement, le prix du carburant « n’est pas cadeau » au Burkina. Le pompiste de la station vous vend respectivement le litre de Super 91, de Gasoil ou de Mélange à raison de 682 FCFA, 606 FCFA ou 690 FCFA. Entretenir une automobile devient alors un luxe pour le Ouagalais moyen.

L’observation est donc pertinente, le parc des véhicules de Ouaga est fourni davantage en engins à deux roues qu’en automobiles. Les jeunes débrouillards l’ont compris, c’est pourquoi ils se lancent en grand nombre dans le parcage de motos. La mairie contribue également à créer des emplois dans cette activité en aménageant des parkings. Devant chaque point d’échange, lieu public ou de divertissement, service administratif ou financier, vous pourrez presque toujours voir un parking entièrement occupé par des motos ; ces dernières sont rangées de manière à permettre un stationnement optimal. Quand vous arrivez, les jeunes vous accueillent, récupèrent votre engin et vous remettent un ticket. Une fois que vous terminez votre course et que vous désirez partir, vous leur payez respectivement les sommes de 50 FCFA ou 100 FCFA selon qu’il fait jour ou nuit.

J’ai voulu ce matin en savoir plus sur la recette journalière que génère cette activité considérée comme étant secondaire. En approchant le gérant du parking de l’ISIG, qui m’accueille d’ailleurs avec hospitalité en m’offrant du thé chaud, j’obtiens les informations suivantes : il y a deux types de clientèles, une qui opte pour l’abonnement à 750 FCFA le mois et une autre qui utilise le ticket. La première est majoritaire et ne rassemble que des étudiants. La seconde est constituée de quelques étudiants et des visiteurs ; c’est grâce à cette dernière qu’il gagne pendant les jours ordinaires entre 1000 et 1500 FCFA ou entre 2000 et 2500 FCFA pendant les occasions spéciales (soutenance, kermesse, etc.).

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Auteur·e

francoperen

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