Tous les jours, nous rédigeons des articles. L’écriture est fluide, la pensée claire comme de l’eau de roche et les idées se conçoivent très précisément. Aucun problème de compréhension en vue. Tout semble net. Puis, tout d’un coup, c’est le doute. Faut-il mettre un «s» ou un «x» ? Est-il besoin d’accorder le verbe ou doit-on le laisser tel quel ? Comment accorder les verbes pronominaux ou encore les noms composés ? Quand faut-il mettre un trait d’union ou un accent ? Vous regardez à droite, vous vous regardez à gauche. Puis, vous hésitez.
Ce tutoriel est la solution. Il vous fournit quelques règles orthographiques essentielles pour produire dorénavant des articles sans coquilles.
Sommaire
- Les homophones
- Les pléonasmes
- L’accord du participe passé
- L’accord des verbes pronominaux
- Les mots composés
- Le pluriel des mots composés
- Le pluriel des mots d’origine étrangère
- L’usage des accents ou signes auxiliaires
- Un peu de vocabulaire juridique
- Petite liste des mots dont le genre est souvent inversé
- Quand faut-il doubler une consonne ?
Les homophones
Les homophones sont ces mots qui ont la même prononciation mais une orthographe carrément différente.
Voici quelques exemples :
- « Au temps pour moi » et « Autant pour moi »
En effet, « Au temps pour moi » vient de l’armée et s’emploie pour exprimer la reconnaissance d’une erreur de la part du locuteur. Exemple : « Au temps pour moi, je me suis trompé, désolé. »
« Autant pour moi » par contre, est relatif à une quantité : on demande la même chose pour soi-même, la même bière, le même plat… - Cession / session
Veillez à distinguer la « cession », terme juridique qui vient du verbe « céder », de « session » qui définit une séance, une période. Exemple : « La session des examens est terminée. » « Il est autorisé à faire cession de ses biens à l’Etat. » - Empreint / emprunt
Empreint, qui signifie « marqué de », est le participe passé du verbe « empreindre » et s’écrit donc avec la même orthographe. Il n’a aucun rapport avec le nom emprunt, synonyme de prêt et qui découle du verbe « emprunter ». - For / fort. L’écriture de fort avec est la plus courante : elle est valable pour le nom (un château) et l’adjectif (solide, résistant…). Dans l’expression « fort de… », on accordera en genre et en nombre avec le sujet auquel il se rapporte. Par exemple : « Forte de son expérience, elle mit très peu de temps à réaliser l’exercice. » En revanche, dans l’expression « se faire fort de », fort est invariable. For par contre, s’utilise uniquement dans l’expression « en son (mon) for intérieur ».
- Sain / saint / sein / seing… On différenciera l’adjectif « sain » – en bonne santé (« ils sont sains et saufs ») – de son homophone « saint », synonyme de « vertueux » ou « sacré », du nom sein (la poitrine), utilisé dans les expressions (« au sein de » ou « en son sein ») et de « seing », synonyme de signature peu usité comme dans « sous seing privé » (pour un acte qui n’est pas réalisé devant un officier public) et « blanc-seing » (feuille blanche signée donnée à une personne pour qu’elle la remplisse à sa guise – au figuré « donner carte blanche »).
- Anal et annales… L’adjectif « anal » concerne tout ce qui est relatif à l’anus et « annales » (nom invariable) est un ouvrage qui rapporte des événements année par année (je vous conseille donc de faire attention !)
- Différant, différent et différend… « Différant » est le participe présent du verbe différer, « différent » est un adjectif verbal et « différend » introduit l’idée d’un débat ou d’une contestation.
- Haler et hâler… « Haler » signifie « tirer avec effort à l’aide d’une corde » et « hâler » prend le sens de « brunir » en parlant du teint de la peau.
- Marocain et maroquin… « Marocain » est l’adjectif de Maroc, le « maroquin » est un cuir de chèvre.
- Prémices et prémisse… « Prémices » (nom invariable) désigne les premiers produits de la terre alors que « prémisse » désigne les deux premières propositions d’un syllogisme.
- Tort et tord… « Tort » indique une faute alors que « tord » vient du verbe tordre.
- A l’attention de, à l’intention de… Lorsqu’on souhaite adresse un courrier, un mail ou une note à une personne, on utilise la formule administrative « à l’attention de », pour marquer que l’on attire l’attention du destinataire et que l’on requiert toute son attention. « A l’intention » de, signifie « en l’honneur de », « pour que la personne en bénéficie ».
- Être gré ou savoir gré… L’expression par laquelle on exprime sa reconnaissance est « savoir gré » (à quelqu’un) de quelque chose. De ce fait, on n’écrit pas « je vous serais gré » mais « je vous saurais gré »…
La liste est loin d’être exhaustive. Il existe en fait une kyrielle d’homophones qu’il convient de maîtriser pour soigner son orthographe, tout autant que le sens de ses propos.
Les pléonasmes
Petit rappel: un pléonasme est un redoublement dans une expression qui revient à dire deux fois la même chose.
Exemples récurrents : Apanage exclusif, au jour d’aujourd’hui (on dit « à ce jour » ou « aujourd’hui »), collaborer ensemble, comparer entre eux, monopole exclusif, monter en haut, panacée universelle, prédire l’avenir, prévoir à l’avance, reculer en arrière, tri sélectif, une heure de temps…
L’accord du participe passé
Le participe passé d’un verbe employé après « être » s’accorde toujours. Indiscutable.
Exemple : « Des mangues seront cueillies. »
Par contre, celui employé avec « avoir » ne s’accorde qu’avec le complément d’objet direct (COD) lorsque celui-ci est placé avant le verbe. Sinon, il reste invariable.
Exemples : « La dame que nous avons écoutée. » (accord). « Elles ont omis une erreur. » (Pas d’accord). « Quelle erreur as-tu commise ? » (accord). « Les quatre heures que j’ai passé dans la circulation. » (Il n’y a pas d’accord ici car il s’agit d’un complément circonstanciel de temps sans préposition et non d’un COD.)
Lorsque le COD précédant le participe passé contient un adverbe de quantité, c’est le nom qui commande l’accord (sauf si le nom suit le participe).
Exemples : « Combien d’imprimantes as-tu vendues ce matin ? » (accord). « Combien as-tu vendu d’imprimantes ce matin ? » (pas d’accord)
L’accord des verbes pronominaux
En règle générale, comme je venais de le dire plus haut, le participe passé conjugué avec le verbe être s’accorde en genre et en nombre avec le sujet. Il en va de même pour les verbes pronominaux, notamment lorsque le verbe a un sens passif ou bien qu’il n’existe pas sous une forme non pronominale.
Exemple : « Ces machines se sont bien vendues. » (forme passive). « Ces fillettes se sont bien lavées. »
Par contre, il existe deux cas dans lesquels les verbes pronominaux ne s’accordent pas :
– Lorsqu’il y a un complément d’objet direct (COD). On considère alors qu’être est employé pour avoir. On applique alors les règles d’accord avec l’auxiliaire avoir, c’est-à-dire que le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le COD si ce dernier précède le verbe.
Exemples : « Ils se sont lavé les mains. » (On peut se poser la question : Ils ont lavé quoi ?)
« Les monuments que la dame s’est achetés. » (Que est le COD et représente « les monuments », alors le participe passé s’accorde avec le COD)
– Lorsque le pronom réfléchi « se » est un complément d’objet indirect (COI) ou d’attribution.
Exemple : « Ces messieurs se sont parlé. » (On peut se poser la question : « Ils ont parlé à qui ? »). « Cette étudiante s’est offert des logiciels. » (Elle a offert des logiciels à qui ?)
Les mots composés
En règle générale, le trait d’union relit toujours les composantes d’un mot composé. Exemple : camion-citerne, arc-en-ciel, garde-malade, timbre-poste, porte-chars…
On doit surtout noter que les mots dont le deuxième élément commence par un « i » et également ceux composés de trois éléments, sont automatiquement composés et s’écrivent donc avec un ou des traits d’union, sauf si cette soudure entraîne une mauvaise prononciation ou des difficultés à la lecture. On écrit ainsi « microéconomie » mais « micro-informatique » (sinon on lirait « microinformatique »), ou encore agroalimentaire mais agro-industrie (et non pas agroindustrie).
Cependant, il faut retenir que la plupart des mots qui commencent par le préfixe pro (pour) et ceux qui emploient anti (contre), prennent le plus souvent un trait d’union(-). Sauf lorsque la prononciation ne le permet pas. Exemple : Pro-français. Anti-américain. Attention cependant ! Pro forma (pour la forme) s’écrit quant à lui en deux mots car c’est du latin.
Voici, du moins, les mots français qui s’écrivent sans trait d’union : Antiaérien ; antichar ; antinational ; contrebalancer ; contrebande ; contrebasse ; contrebattre ; contrecarrer ; contreclef ; contrecoup ; contrefaçon ; contrefait ; contrefort ; contrepartie ; contresens ; contretemps ; contrevenir ; contrevérité ; marchepied.
NB : En outre, un mot composé avec un nom propre est écrit avec un trait d’union. Exemple : Ex-Yougoslavie. Autre exception : le terme quasi. Lorsqu’il précède un nom, les deux mots sont liés par un trait d’union. Exemple : quasi-cécité.
Le pluriel des mots composés
En règle générale, concernant le pluriel des mots composés, seuls les noms et adjectifs acceptent un pluriel, à l’exception près, de « grand », des mots invariables et des noms complément (lorsque le complément du nom est un autre nom juxtaposé au premier). Verbes et adverbes restent invariables.
Exemples : Nom(s) + nom(s) : Un wagon-restaurant, des wagons-restaurants
Nom(s) + nom complément : Un timbre-poste, des timbres-poste
Nom(s) + adjectif(s) : Une belle-sœur, des belles-sœurs
Grand + nom féminin(s) : Une grand-mère, des grand-mères
Verbe + nom(s) : Un porte-clés, des porte-clés.
Verbe + verbe : Un savoir-vivre, des savoir-vivre.
NB : « Demi » présente certaines particularités. Il est ainsi invariable lorsqu’il est placé devant un nom et prend un trait d’union : « deux demi-heures ».
Toutefois, après un nom, « demi » prend le genre du nom auquel il se réfère et reste au singulier : « deux heures et demie ».
Le pluriel des mots d’origine étrangère
Les mots empruntés aux langues étrangères et francisés s’accordent en général comme tout autre mot français. Gare à ne pas se tromper. Ainsi match, d’origine anglaise, devient au pluriel, matchs et non matches (pluriel mais en anglais). Scénario, d’origine italienne, s’écrit au pluriel, scénarios. La forme scénarii est plus rare mais également possible.
L’Académie française recommande la première solution. Bref, si un mot d’origine étrangère est d’usage courant en français, il faut en franciser l’accord.
L’usage des accents ou signes auxiliaires
L’accent aigu se place sur la voyelle « e ». Exemples : La bonté, le café, la charité, un éléphant…On le retrouve plus précisément, lorsque cette voyelle est la première lettre d’un mot (sauf les mots en -ère et -ès qui prennent un accent grave. une ère (époque de temps), un ers (légume lentille), un aloès. On le retrouve encore lorsque cette voyelle est la dernière lettre d’un mot (y compris si le mot se termine par un pluriel avec -s ou un -e muet)…On le trouve enfin en fin de mot sur les participes passés des verbes en er à l’infinitif. Exemples: Un éditeur, un électronicien, une épreuve. Un abonné, la liberté, le lycée. Désigné, mélangé, préféré. Chanté, donné, tué, été, hétérogénéité…
L’accent grave ne peut se placer que sur les voyelles e, a et u. Exemple : à, çà, deçà, delà, déjà, holà, là, où, voilà…Il se place également en fin de mot, lorsque ce mot au singulier est terminé par un -s. Exemples : Abcès, accès, après, auprès, congrès, décès, excès, exprès, près, procès, progrès, succès, très…Il est placé sur la lettre e, principalement, devant un groupe de consonnes si la deuxième est un L ou un R. Exemples : Le lièvre, la fièvre, une nèfle, le trèfle
L’accent circonflexe ou chapeau chinois porte sur toutes les voyelles sauf le « y ». Il sert le plus souvent de signe discriminant entre deux mots homophones pour les distinguer. C’est le cas pour tacher (faire une tache, une saleté) et tâcher (faire en sorte que, faire des efforts pour). On distingue également l’adjectif ou nom masculin dû, du verbe devoir, de l’article défini du. De même, les verbes croire et croître s’écrivent respectivement croit et croît à la troisième personne du singulier, ou encore cru et crû pour leur participe passé. Il se place en particulier sur le -o des possessifs : le nôtre, le vôtre, les nôtres, les vôtres. D’ailleurs les reformes de l’orthographe exigent désormais qu’on le retire des lettres « u » et « i » dans les mots comme chaine, voute, paraitre…
Le tréma à une fonction plus précise et apparaît sur les voyelles e, i, u et parfois sur le y dans des noms propres. Cet accent indique en règle générale que la voyelle précédente doit être prononcée séparément, ou que la voyelle accentuée est muette pour permettre une prononciation adéquate. Exemples : – Aïe, aïeul, un problème aigu et une voix aiguë, un personnage ambigu et une réponse ambiguë, ambiguïté, capharnaüm, ciguë, un passage exigu et une porte exiguë, exiguïté, contiguë, contiguïté, exigu, exiguë, exiguïté, aiguë, aïeul. NB : Pour vous aider à ne pas l’oublier, voyez quel effet cela fait lorsque vous enlevez le tréma et lisez littéralement le mot écrit.
En outre, on ne place jamais d’accent sur une voyelle qui précède une consonne double. Exemple : la chasse, une étiquette, une pomme, une trompette. Bien plus, l’Académie Française recommande, lorsque cela est possible, de faire figurer les accents sur les majuscules, ce qui facilite la compréhension du texte et évite des erreurs de sens.
Les citations
Pour faire apparaître une citation dans un billet, vous devez utiliser les guillemets français. C’est-à-dire cela : « ». L’utilisation des guillemets anglais se fait à l’intérieur même de la citation. Exemple : « Le terme de « draguer » au Cameroun signifie faire la cour à une femme. »
Si par contre, vous souhaitez couper certains éléments d’une citation trop longue, voici comment il faut procéder. Exemple : Au lieu de « Pourquoi te fatiguer à programmer alors que des gens le font pour toi et de surcroît le font mieux ? Un conseil : va plutôt bosser tes cours. », Faites plutôt ceci : « Pourquoi te fatiguer à programmer (…) va plutôt bosser tes cours. »
Un peu de vocabulaire juridique
Bien que nous ne soyons pas toujours amenés à employer ces termes tous les jours, les erreurs commises à leur propos sont tellement fréquentes que je préfère clarifier ce côté obscur du vocabulaire propre au droit. Je vous indique donc ici les termes à employer pour éviter aux juristes qui nous lisent de s’arracher les cheveux.
Quelques exemples : Un contrat stipule ; la loi dispose ; le traité est ratifié ; une loi est promulguée ; les ordonnances ou les décrets sont signés ; le Gouvernement formule des projets de loi ; le Parlement formule des propositions de loi. NB : j’insiste bien, ce n’est pas parce que vous avez lu dans Le Monde ou dans Le Figaro qu’une loi stipulait quelque chose que cela est correct. Non !
Petite liste des mots dont le genre est souvent inversé
Nous confondons très souvent le genre féminin ou masculin réel des mots ci-dessous : un astérisque ; un augure ; un clope (les deux genres sont acceptés d’après le Larousse de 2003) ; une doléance ; une échauffourée ; un équinoxe ; un gamète ; un intervalle ; un pétale ; une orthographe ; un tentacule.
Quand faut-il doubler une consonne ?
Faut-il doubler une consonne dans un mot ou pas ? Cela dépend de ce que l’on souhaite dire. En effet, certains mots changent de sens dès que l’on double une consonne. Ainsi détonner concerne le ton et détoner se rapporte à une explosion. De son côté, l’adjectif prud’homal s’écrit avec un seul m tandis que le nom en prend deux : prud’hommes.
Voilà, j’espère chers amis blogueurs que ce petit tutoriel sur l’orthographe vous aidera à ne plus glisser des petites coquilles dans vos articles. Nous ne pouvions pas vous donner toutes les règles qui existent au monde. Nous en avons triées les plus essentielles. Faites en surtout bon usage. A la prochaine pour le prochain tuto. Fabrice Larry NOUANGA
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