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En mémoire de l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020, parler d’amour. Engrammer l’amour parce que l’amour est le plus grand antidote à la violence. Parce que la violence vient de ces lieux qui manquent d’amour. Alors, ils font la guerre parce qu’ils ne font pas l’amour. Ce 4 août se remémorer les gestes d’amour, les pas de côté.

La calligraphie est un art qui existe depuis des siècles et qui continue e prospérer dans certaines cultures. Portrait de Samir Sayegh, maître calligraphe libanais.

Je lis "Veiller sur elle" de Jean Baptiste Andréa ; et j’avance, je galope avec Mimo, dans ce monde de puissants, veules et manucurés et cachés comme dans le Liban d’aujourd’hui. Ce Noël j’ai envie d’écrire des contes tant le réel est difficile.

Si la géographie imprime le corps, il demeure un ancrage, surtout en temps de chaos et de déracinement. Le Beirut Physical Lab, une initiative du danseur chorégraphe Bassam Abou Diab, permet d’explorer l’archive vivante du corps et de se reconnecter à la joie de la danse.

Il fait bon retrouver des romans tels que ceux de Farjallah Haik en ces temps chahutés ; son souffle, sa révolte fougueuse, sa poésie et sa modernité sont un rappel de la force de vie et des origines. Un consentement vibrant à notre condition humaine et au vivant. Par la grâce de son verbe, élégant et libre, l’auteur nous confronte, sans tabou à des thématiques essentielles, pour beaucoup d’entre elles mises sur la table seulement aujourd’hui, un siècle plus tard. Il faut lire cet auteur pour découvrir un autre Liban.

Trois ans que l’impunité règne après une explosion qui a saccagé et endeuillé Beyrouth, et brisé des centaines de vies ; non seulement celles de ceux qui sont partis mais aussi celles de ceux qui ont survécu. Trois ans après l’explosion du port, j’ai honte et mal tout à la fois de voir où nous en sommes, de l’inertie après un tel crime, une telle tragédie et de tels avilissements.

Un sentiment de malaise profond me réveille apeurée, troublée. De ma vie, du moins de ce que je me souvienne, banquiers, gestionnaires ou autres protagonistes de la vie matérielle n’avaient eu accès au domaine de mes nuits.  

Je débarrasse les lieux qui me salissent tant ils portent les traces de la violence, de ceux qui sont sauvagement entrés chez moi par effraction, qui ont pris le temps de scier la porte d’entrée, de la briser, de tout jeter au sol, de tout renverser, disperser: vêtements, lingerie, papiers, feuilles, documents,etc. La sinistre absence de l’Etat de droit fait le terreau de la loi de la jungle à laquelle est livré le pays, notamment ceux qui n’y sont pas protégés par quelque fortune ou affiliation politique.

J’imagine, à la veille des élections, des grands écrans partout qui auront remplacé en une nuit les nombreux portraits et slogans  à deux balles accrochés sur tous les poteaux et dans tous les bleds du pays, même les plus reculés.

Attendre les prochaines élections. Attendre la fin de la corruption. Attendre une énième catastrophe qui, comble de l’ironie, n’arrive jamais sans prévenir. […] Attendre à en oublier ce qu’on était venu d’attendre.

Au Liban, depuis octobre 2019, les crises se sont succédées et ont entraîné la fermeture des écoles sur tout le territoire. A l’heure actuelle, le sort de la rentrée 2021 demeure incertain. Autrefois était autrefois, aujourd’hui est un autre temps... Et si je vous racontais toute l’histoire?

Je suis née dans une patrie meurtrie, une nation écartelée par la guerre civile, écrasée par les crises régionales, malmenée par les tensions internationales. Enfant, j’ai fui ma maison sous une pluie d’obus. De retour, j’ai piétiné des débris de verre sur les escaliers, j’ai plongé mon regard dans les trous qui ont criblé les murs et j’ai passé mes doigts sur les fissures…

Quel libanais n'a pas appréhendé cette année l'approche du mois d'août qui, il y a un an, a secoué tout un pays par un infame séisme ? Quel libanais n'a pas revu le lourd nuage qui a assombri le ciel de la capitale, et qui a envoyé en l'air tout le Liban ?

Le lieu est matière à littérature et la littérature donne le goût du lieu. Par la grâce de ton écriture, de ta phrase si fluide, si pudique, ce petit bout de terre devenait, soudain, le centre du monde.

Lorsque je me promenais dans les rues de Beyrouth au Liban pour chercher du chocolat, je suis entré par hasard dans une boutique tenue par deux réfugiés syriens. Ils m’ont raconté leur histoire et j’étais totalement bouleversé.

À l’approche du 4 août, je sais que nous ne cesserons de déclamer notre flamme à notre pays dévasté. À l’approche du 4 août, je n’aurais de cesse de me retourner vers ce qu’il s’est passé depuis. En cette année écoulée, j’ai vu aussi bien le noir que le solaire, ce qu’il y a de beau dans l’humanité comme ce qu’il y a de désolant. En cette année, j’ai vu…

Dans l’exposition de Marie-Noëlle Fattal, il n’y avait pas de cafés ; il y avait la vie sans les cafés ; il y a les hommes et les femmes chez eux, mais toujours en extérieur, sur une terrasse, à la fenêtre, sur un balcon ; ce que j’aime.

Au Liban, la révolution a été interrompue. En plein chemin. Il semblerait que ce soit une de nos spécialités, l’interruption en plein élan d’amour, et la remise sine die de ces élans, des révolutions, des énergies créatives…