Penda Diouf

Garde à vue

Je n’ai pas le temps d’écrire un article. Je voulais juste faire circuler une info, concernant une garde à vue de 48h00 à la suite d’un rassemblement pour la paix en Palestine.
Il s’agit de la maman d’une amie militante habitant en Seine saint Denis.
Voici le lien vers l’article du journal Libération pour que vous puissiez juger par vous même.


Aya de Yopougon

Marguerite Abouet après une projection de "Aya de Yopougon"
Marguerite Abouet après une projection de « Aya de Yopougon »

Il ne faut pas hésiter parfois à franchir des lignes, qu’elles soient réelles ou imaginaires, à entrer dans des lieux inconnus, à ouvrir la porte à ceux qu’on n’aime pas encore, mais qui attendent tout juste, sur le seuil, d’être découverts et appréciés. On peut voyager de différentes façons. Alors, poussons la porte au lieu de rester derrière le hublot.

Aujourd’hui, le soleil nous accompagne. Et il n’est pas venu seul. De nombreux sourires l’ont suivi jusqu’à la médiathèque où je travaille. Des grands sourires, parfois édentés, cariés, timides, au bord du rire, du coin de la rue. Tous ces sourires pour accueillir Marguerite Abouet, la créatrice de la célèbre BD « Aya de Yopougon ».

Marguerite, je l’ai croisée à plusieurs reprises. Tout d’abord à l’occasion d’engagements associatifs, autour de l’association « Les indivisibles » qui organise chaque année les Y’a bons awards, dont j’étais un membre actif et la secrétaire générale en 2010.
Et puis je l’ai croisée à Abidjan, à la bibliothèque nationale, en décembre dernier. Elle parrainait un festival tout neuf, à destination du jeune public, pour promouvoir la lecture, « Jamais sans mon livre ». La Côte d’Ivoire, ça faisait vingt ans que je n’y avais pas mis les pieds. Vingt ans sans l’étreinte de ma grand-mère maternelle, de mes cousines, nièces, tantes, de tout un pan de famille, de toute une partie de moi-même. Vingt ans, c’est long. Mais ce voyage fera certainement l’objet d’un autre post, même si aujourd’hui, il est question d’Aya et surtout de Yopougon.

En effet, Aya de Yopougon est une des BD les plus empruntées sur le réseau de lecture publique pour lequel je travaille. Depuis, 2005, en 6 tomes, Marguerite Abouet au stylo et Clément Oubrerie au dessin content les aventures d’Aya, jeune fille sérieuse du quartier populaire de Yopougon à Abidjan, la capitale économique et qui souhaite devenir médecin. Mais c’est aussi l’histoire d’Adjoua et Bintou, ses meilleures amies qui rêvent d’amour au bras d’un prince charmant, parfois rencontré au maquis.
Outre la galerie de personnages truculents et drôles, la BD dresse un portrait fin et réaliste de la ville d’Abidjan à la fin des années 70, loin de tout misérabilisme, évitant les clichés.
C’est aussi la restitution d’une langue, dérivée du français, le nouchi. Cette langue mêle le français à des expressions anglaises, dioula baoulé ou bété et rajoute au folklore de la BD et au plaisir de lecture (un lexique termine régulièrement les tomes pour une meilleure compréhension du lecteur). C’est une belle façon de montrer que la langue évolue, ne peut rester figée au risque de s’éteindre et qu’elle est chaque jour enrichie par des expressions venues d’ailleurs, du monde anglo-saxon comme des anciennes colonies. Le terme s’enjailler, signifiant s’amuser et popularisé par le rappeur La Fouine est une expression purement nouchi.

A la fin de la projection, les questions fusent… Comment Clément Oubrerie a-t-il pu croquer la vie d’Abidjan de façon si réaliste ? –Il est venu à Abidjan avec moi, il est allé dans les maquis, a bu de la bière Sotraline. Est-ce qu’elle se reconnaît dans un des personnages ? –Aya ? Non, elle est beaucoup trop sérieuse. Moi, je suis plutôt Akissi, la petite sœur d’Aya. Y aura-t-il une suite au film ? – Oui, j’aimerais bien, mais ce n’est pas moi qui décide. Ceux qui ont investi de l’argent attendent aujourd’hui de rentrer dans leurs frais… Donc on verra. Et vous, qu’elle est votre actualité? – Une série de type télénovella tournée en Afrique par des réalisateurs et scénaristes originaires du continent.

L’occasion de dresser des portraits toujours justes et tendres d’un continent qu’on a souvent tendance à minorer.


La nuit…

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La nuit, le soleil descend à notre portée.
Il ne réchauffe pas mais brille pour éclairer
telles des étoiles urbaines les rues de nos cités
donner à la nuit noire des reflets irisés.

Un phare tous les dix mètres nous guide une fois dehors
Son halo de lumière, moderne sémaphore
accompagne le badaud, l’aiguille jusqu’à bon port
l’éloigne de la peur, nouvelle étoile du nord.

Mais où est la grande ourse pour éclairer nos pas?
J’ai beau plisser les yeux mais je ne la vois pas.
Le jour, grand carnassier a dévoré la nuit,
a chassé la nature, à pas de loup, sans bruit.

Les grands animaux ont fui tout comme les petits
De la chouette effraie, ne reste que l’écho
des terreurs d’enfants, blottis au fond du lit
et quelques pendentifs que l’on offre comme cadeau.

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De ma fenêtre

 

 

De ma fenêtre...

De mon observatoire, cent soixante escaliers,

Dix étages de labeur quand on les monte à pied

Une centaine de familles dont dix sur le palier

Se croisent chaque matin dans une tour d’Aubervilliers.

Derrière mon carreau, oeilleton sur la ville

Je pose un regard tendre sur ces vies qui défilent

Des travailleurs pressés, chômeurs un peu fébriles

Aux guetteurs concentrés dans l’attente d’un deal.

Toute la journée on pourrait compter les pas

Les trottoirs les apprennent et ne les oublient pas.

Les enfants, les poussettes, les talons des coquettes

Chaque mouvement est gravé comme sur une disquette.

Et le trottoir bossu avec ses cicatrices

Pousse des âmes esseulées vers un avenir propice…