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Guinée : la fête d’Aid El Fitr au village

Aussi longtemps que je me souvienne, la fête du mois de Ramadan connue sous le nom de  » Aid El Fitr  » est un moment clé pour tout musulman. Elle marque les esprits et suscite un ravissement du cœur de ceux qui l’accueille. Comme toujours, une atmosphère merveilleuse enveloppée de pardon divin plane aux dessus des croyants. C’est tout à fait juste vue le contexte dans lequel ils ont accompli leur tâche. L’Aid El Fitr symbolise la rupture du jeûne après un mois d’abstinence, de lecture coranique et de prières nocturnes intenses.

J’aime fêter au village ! Conakry ne me donne guère assez d’engouement comme au village. C’est une ville où les voisins s’ignorent. Chacun y va -lieu de prière- de façon presque solitaire. Enthousiasme et gaieté y manquent à l’opposé du village. Comme toujours, la ville ressemble à un carrefour où plusieurs individus se croisent chacun se préoccupant de ses activités. Raison pour laquelle j’ai toujours préféré fêter dans cet environnement paisible.

Le jour de la fête est marqué par le «  n’doun n’dan «  du tam-tam raisonnant à des kilomètres. Ceci réveille tout le contrée et constitue un appel à la prière sur l’espace public. Divisés en des quartiers dont préside chacun un imam, la rencontre s’effectue sur un vaste terrain appelé bowal.

Dès le petit matin, tout le monde est excité. Joyeux et plein d’énergie, vieux, femmes et enfants se revêtent de leurs plus beaux habits. Je me rappelle que la veille, des familles se bousculent dans le seul but de se procurer de la viande dans les boucheries.  Il est nécessaire pour cela d’avoir la force et le prestige pour te procurer de quelques kilos de viande. Ces jours de fête sont toujours exceptionnels.

Par ailleurs, les règles de l’islam oblige chaque musulman de s’acquitter d’une aumône avant de se rendre à la prière appelée Zakat al-fitr. Selon les érudits, cette aumône est destinée aux démunis « miskines » qui n’ont point de quoi se nourrir. Du riz en passant par le fonio et l’argent, on enlève ce dont on consomme. A effectuer avant la prière.

La prière sur le bowal du village

Le Bowal est un terrain plat légèrement ascendant se trouvant à côté de la grande route. Il est recouvert de petits herbes et cailloux. Les prières de fêtes s’y déroulent vue la petitesse des mosquées : c’est une de nos us. Les tambours résonnaient comme une sonnerie d’appel.

De là, les habitants du village se retrouvent sur cet espace public. J’admire cette foule splendide. C’est mémorable. Aussitôt le sermon de l’imam s’enchaîne. Vêtu élégamment, l’imam était suivi d’un groupe de sages qui prononçait des incantations religieuses. Chaque groupe prenait place et faisait face à l’imam pour enfin écouter le sermon. L’imam faisait la lecture en arabe et traduisait en langue poular. Nous écoutons.

Comme il est connu, c’est un jour de fraternité, de pardon et de réconciliation. De l’autre côté, les enfants joyeux, achètent de gâteaux et de bonbons. On se congratule. Au village, les jeunes ados se réunissent en groupe selon leur âge pour des veillés nocturnes. Quelques heures après, nous sommes rentrés à la maison où les plats succulents nous attendaient.

Une jeunesse festive et unie

Les jeunes du village organisent plusieurs événements exceptionnels à l’occasion : Le jeux de football, la natation, la danse… La soirée, on se réunit, on cause et d’aucuns partent à la danse, d’autres se retournent bouffer les plats déjà préparés. A vrai dire, je n’ai pas eu la chance de vivre toujours au village du fait de mon cursus scolaire. J’y allais simplement par moment. C’est pour cette raison que je n’ai pas assez d’amis la-bas; d’ailleurs je suis du genre réservé. Beaucoup de festivités s’y accompagnent : Le thé, la nage… C’est la grande gaieté.

Que c’était beau de fêter au village ! Le Coran était lu avec intensité, les sacrifices effectués et par-dessus tout l’harmonie, le respect mutuel, la mansuétude envers les enfants y régnaient. Les vieux sages sont une source de connaissances inépuisables. Ils inculquent sagesse, respect, savoir-faire et savoir vivre. Rien d’étrange quand le grand Amadou hâmpaté Bâ dit : « Un vieillard qui meurt en Afrique est une bibliothèque qui brûle ». ')}


Guinée : Comment le mois béni de Ramadan est accueilli

En cette année 2017, le jeûne du mois béni de Ramadan a débuté samedi 27 mai à Conakry. Obligatoire pour tout musulman hormis pour celui qui est sans parodie malade, en voyage ou très âgé, il est le quatrième pilier de l’islam. Un mois qui crée toute la différence avec les autres mois par son atmosphère merveilleuse et surtout la reprogrammation des comportements des musulmans. 

En Guinée, la visite du Ramadan est palpable. Pour l’accueillir comme il se doit, tous les fidèles musulmans se démerdent dans un climat euphorique et indescriptible : s’approvisionner de tous les nécessaires (riz, viande, sucre, pain…). Cependant, c’est en ce mois de pénitence malheureusement que les prix des denrées flambent dans les marchés de Conakry. Ce qui est déplorable. La veille, la lune est vivement recherchée au ciel, le « Croissant lunaire ».

Au rythme du mois saint, il est tangible que certains visages se renfrognent. C’est totalement compréhensible. L’exultation s’atténue peu à peu et donne place à la lassitude. Le ventre, l’inéluctable monstre insatisfait veut toujours se nourrir. Comme une véritable fringale de lion qui veut dévorer sa proie. C’est un réservoir inépuisable et infatigable même pour 29 ou 30 jours d’abstinence. Ce n’est pas possible !

Dans les rues de la capitale, au moindre contact d’un fidèle, il te demande « no soumayai on » terme poular qui signifie « et le Ramadan ? ». Il veut simplement savoir comment tu gères le mois. En quête de la Face divine, chaque musulman recherche cette lumière rare enveloppée de pardon divin. Ce verset divin de la deuxième sourate ‘’la vache’’ nous illumine : « Croyants ! Le jeûne vous est prescrit comme il l’avait été aux confessions antérieures ; ainsi atteindriez-vous à la piété ». 

Le Ramadan renferme un bonheur inestimable

Si vendredi est choisi comme étant une journée sacrale des autres journées chez Dieu, le Ramadan l’est aussi pour les autres mois. Il est exceptionnel et remarquablement hors du commun

C’est en ce mois que fut révélé le Saint Coran. Ne contient-il pas (ce Ramadan) une nuit unique, exceptionnelle appelée « La nuit de la destinée » ? Elle vaut mieux que mille mois d’adoration. Paix ineffable jusqu’au matin. Et puis, un rapprochement à Dieu et une grande bénédiction divine qui plane sur le monde musulman. Toute action se multiplie de façon incalculable selon la volonté d’Allah. Pour renchérir, un hadith prophétique nous rassure davantage « Celui qui jeûne le Ramadan, avec piété et sincérité dans l’espoir d’une rétribution divine, Dieu absout tous ses péchés ». 

En corrélation avec un de mes billets Ramadan, un mois indescriptible ’’ c’est le moment où tout change à la vitesse grand V à Conakry. Comme nous renseigne ce hadith notoire du prophète « les portes du paradis sont ouvertes, celles de l’enfer fermées et Satan est enchainé ». Tout se justifie.

Les fidèles musulmans tissent des relations cordiales dans les villages

Ça me revient des moments de jeûne passés dans mon village natal Sigon. Pendant la rupture sacrée, nous nous réunissions toujours chez le sage « le plus âgé du village » pour partager nos repas. D’un bol de bouillies au tô, du ketoun au Foutti jusqu’au fonio. Une atmosphère sympathique où tout se partage après la prière : c’est une coutume. Un monolithisme extraordinaire entre les vieux du village.

Les riches citadins bien que ladres, expédient des sacs de riz, de sucres dans le seul but de ravitailler les villages et recueillir des bénédictions. Coins et recoins sont servis. Une distribution altruiste des vivres dans la réalisation d’un merveilleux Ramadan. Tout se partage : , bouillie et pain…La bonasserie est partout présente, chacun y tire son avantage. Un justificatif où démontre les comportements du prophète pendant le jeûne : « Le prophète n’était jamais plus généreux que durant le Ramadan ». Hadith d’Abou Houreira.

Même dans certaines mosquées à Conakry, les fidèles musulmans emboitent le pas. Cela permet de mettre au même pied d’égalité pauvre et riche menant pour une fois une vie symbiotique. Le riche dans son jeûne saisit le sens du supplice de la faim qu’endure le pauvre ‘’Miskine’’. De l’autre, on en tire une abstention ferme et courageuse des fidèles aux péchés : « Dieu garde exceptionnellement un paradis appelé Rayyane pour ses serviteurs, uniquement ceux qui accomplissent le jeûne ».

Soyons fier et profitons de ce mois béni chers fidèles musulmans et musulmanes ? Encore une fois bienvenue cher Ramadan chez nous. ')}


Guinée : Kindia, cette ville cosmopolite et hospitalière

Plongeons-nous au cœur d’une ville guinéenne peuplée de diverses ethnies, remplie d’hospitalité, d’hommes affables et accueillants. Kindia se trouve être réputé comme étant « la cité des agrumes » où l’agrumiculture prospère. 

Une de mes passions hormis les TICs, c’est le voyage. Petite précision : Dans ce récit, je n’étais pas en voyage à Kindia, plutôt en mission. La différence ? L’humoriste ivoirien Gohou explique mieux dans ses 13 commandements : «  Un méga-businessman international n’est jamais en voyage, il est toujours en mission ». Enfin !

Je débutais ce voyage un samedi, jour de weekend. Me réveillant à 5 heures du matin, le soleil présageait son illumination. Peu à peu la capitale Conakry se dégageait de son lit. Après le tralala, sac au dos, je rejoignis mes collègues pour affronter le tronçon Conakry-Kindia. En dépit de cette heure matinale, Conakry n’était pas encore sortit de son immobilisme causé par les embouteillages. A Lansanaya, l’effet se faisait encore ressentir. Des camions en provenance de l’intérieur du pays qui débarquèrent des marchandises, des pauvres femmes à la charge de leur famille occupèrent les abords de la route à la quête du quotidien. Nous avancions lentement.

Des travaux sur la route

Des bulldozers ! Les travaux de bitumage se poursuivent dans la préfecture de Coyah. A la sortie de la préfecture, le pont Kaka suspend encore ses cordes où nos compatriotes essuyaient la colère du père de l’indépendance. Ma remarque fut succincte quant à l’inauguration du nouveau pont reliant les deux côtés de la route. Des checkpoints se succèdent.

A côté de ma vitre, un policier empoigne un billet à un camionneur sans contrôler le contenu de sa cargaison : encore un problème de notre sécurité routière. Munis des documents légaux du véhicule, nous franchissions sans problème les barrages érigés. Mais à mon avis, le « Laissez-passer » accroché dans notre voiture a joué grand.

Nous continuions sur une route exiguë aux virages en épingles. L’état piteux de la route inquiétait, car des graves accidents surgissent à la moindre déroute. Dix personnes ont péri dans un accident à Yorokoguia, une localité de la préfecture Dubreka, mi-mai.

Tronçon Kindia-Conakry, des montagnes. Crédit photo : Mamadou Mouslim Diallo
Vue des montagnes sur Conakry-Kindia – crédit photo : Mouslim Diallo

À l’arrière de notre petite Nissan Almera, mes yeux parcouraient ce beau paysage altéré par l’aridité. Ce couvert végétal immense qui n’est que potentialité inexploitée. Des rangées de montagnes, des arbustes de toutes sortes, de gisements bauxitiques énormes comme pour confirmer que la Guinée est un scandale géologique, énormément riche en sol et sous-sol. La flore aux abords de la route attend impatiemment la saison pluvieuse pour renaître.

De petites habitations hissées à faible altitude sur les montagnes faisant paraître des toitures colorées. Tout semblait vide aux alentours. Je me demandais si beaucoup de personnes y habitaient. C’est ainsi qu’un « Oui » de mon ami d’à côté qui y a vécu ses années de lycée me rassura. De l’autre côté, de petites cases sont supplantées par des palmiers en passant par Koligbé.

Une réserve animale

A Kondéyah, un site animalier est aménagé par Elhadj Mamadou Sylla connu sous le nom de « Sylla Patronat», regorgeant plusieurs espèces animales rares. C’est une merveille pour les touristes. On y trouve plusieurs quartiers résidentiels. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de la résidence du renommé comédien guinéen Moussa Koffoe. Une rangée de bananeraie ne tarda pas à faire son apparition. A quelques mètres, le Centre Universitaire de Kindia (CUK) nous accueille avec sa plaque.

La pitié me frappe quand je vois des taudis médiocres hébergeant nos  étudiants boursiers. Des logements classés en fonction du moyen de l’étudiant. De petites cases moins chères pour les étudiants démunis, et les grandes concessions coûtant plus chères pour les étudiants favorisés !

Kindia est une des grandes villes de la Basse-Guinée, capitale de la région administrative portant le même nom, située (normalement) à 2 heures de route de Conakry. Mais de nos jours pour parcourir les 135 kilomètres qui séparent les deux villes, il faut près de 4 heures sur une piste défoncée servant de « route nationale ». Au pied de ce don naturel qui est le mont Gangan (1117 m), se trouve Kindia, « la Cité des agrumes« . À l’entrée de la ville, on croise une enfilade des bananeraies, de manguiers occupant une place importante. Destinées à l’exportation, des tonnes de bananes étaient produites dans la localité.

Un village d’agriculteurs, d’éleveurs et de commerçants

Peuplée majoritairement d’agriculteurs, d’éleveurs et de commerçants, l’histoire nous apprend que la ville a été habitée pour la première fois par les Camara de l’ethnie soussou, avant que les Malinkés et les Peuls ne s’installent à leur tour. Ainsi, plusieurs ethnies s’y sont retrouvées grâce à l’hospitalité de ses premiers habitants.

Assieds du côté droit de la voiture, je reconnaissais peu à peu les endroits. Je découvrais la même animation qu’auparavant. Pour une trentaine de quartiers les routes bitumées étaient serpentées. Des marchés inondés par les femmes et les taxi-motos à la recherche du moindre passager à transporter « à vil prix ».

Le moins qu’on puisse dire, c’est que rien n’a changé. Ses habitants dans mes souvenances manifestaient de la bienveillance envers les étrangers. En fait, j’étais à ma deuxième visite de la ville. Et comme lors de la première, nous avons eu la chance de loger confortablement. Symbolique, tout cela en fin de compte revenait à l’honneur de ses habitants.

Ce sourire d’accueil avec lequel on te reçoit fait toute la différence avec la capitale où tout le monde est à cran causée par la dureté de la vie. Ici, l’hospitalité que te réservent ses habitants est tout simplement inimaginable. On aurait dit que leur charité n’avait pas d’égale en dépit du souci du quotidien. Ils ont la paix du cœur. C’est cela aussi la Guinée, le « pays des rivières« .

Des lieux touristiques

En plein cœur de la ville, les quartiers sont jonchés de lieux touristiques et de détentes. Des potentialités touristiques inexploitées. Des hôtels, des restaurants, des stations d’essences, des écoles et des maisons en chantiers s’affluent.

Point de chute, Damakanya, une sous-préfecture située sur la route de Mamou. Le difficile tronçon Conakry-Kindia commençait à me fatiguer et j’avais le ventre creux. « Alhamdoulillah (Dieu merci), nous sommes bien arrivés !« , me disais-je.

Reçu avec empressement et exultation par un quinquagénaire, j’avais comme l’impression de revivre ma première visite. Cet homme agréable portait une chemisette blanche, chapeau de vieux à la tête. Comme une grande retrouvaille, il nous avança ses vives salutations avant de nous orienter vers notre demeure. Mes compagnons, déjà à leur deuxième passage dans la concession, se dépêchèrent dans la grande pièce. Dans mon fort intérieur, j’étais satisfait. « Tous les habitants de Kindia avaient-ils ce même comportement ?« , me demandais-je.

Une journée de travail

Sans répit, une grande journée nous attendait. Confiants et fiers de notre projet business social, nous avancions derrière notre coach costumé en bleu, à l’allure rassurée.

Il était 9h. Sans oublier naturellement le petit-déjeuner du matin, sans quoi mener une telle activité serait compliquée. On se dirigea vers le restaurant Sarékaly situé sur la transversale de Mamou. Pendant ce temps, nous étions attendus. « Ici visiblement, l’heure est plutôt respectée contrairement à la capitale« , remarqua notre coach Djibril.

La journée a été d’une grande exténuation. Le soir, je m’allongeais sur un matelas souple après un autre repas succulent. Dans la douceur matinale, je me réveillais comme un bébé de mon sommeil le lendemain. A ce moment, une voix mielleuse faisait écho du haut des minarets à l’est de la ville. La  fraîcheur matinale me vivifiait. Magnétisé par cet appel à la prière, j’y prêtais attention avant d’accomplir mes obligations religieuses.

Sous cette nature magnifique, les activités reprenaient peu à peu. L’ouverture des restaurants s’accompagnant du vrombissement des engins roulants. 8 heures du matin nous trouvèrent au même restaurant où je détectais une propriété impeccable avant d’être servi. Autour de la table à six chaises, les clients d’à côté dégustaient sans se préoccuper de nous. C’est avec stupéfaction que j’apprends la gratuité de ses mets pendant le mois de Ramadan. Le propriétaire, d’une charité enviable, sert tout le monde pendant la rupture. La cordialité est de mise à part quelques tracas entre chauffeurs naturellement. Salutation mutuelle, attention particulière.

A 12 heures, nous reprenions la route tout déchirant le vent pour rentrer à Conakry. Éreinté mais tout joyeux, je compte revenir encore dans cette ville. ')}