WeyssouSokhna

Fier de mon pays, le Sénégal

Sénégal, 56 ans déjà !

4 avril 1960 : proclamation de l’indépendance de mon pays.

En ce jour de fête, je n’ai pas envie de gâcher l’ambiance. Je n’emboîterai pas le pas à mes compatriotes en parlant de néocolonialisme ou de dépendance. En pur panafricain, je maîtrise parfaitement ce terrain. Toutefois, je crois que nous en parlons assez et que nous omettons parfois de regarder du bon côté.

Aujourd’hui, j’ai le cœur à vous parler de mon pays. La merveilleuse terre de la Téranga (« l’hospitalité » en wolof). Tout le monde ne la connait pas, je fais donc une brève présentation.

Nous sommes un pays très pauvre de 14 millions d’habitants. Une terre paisible où il n’y a pas de guerre. Le Sénégal est l’un des rares pays africains à n’avoir jamais connu de coup d’Etat, et sincèrement, je m’en glorifie. Notre démocratie n’est certes pas sans faille, mais elle est quand même assez mâture. Nous n’envions absolument rien à personne sur ce plan.

Le Sénégal est peuplé à 90% de musulmans et 6% de chrétiens. Contrairement à ce qui se passe ailleurs, nous vivons en parfaite harmonie, dans le respect les uns des autres et dans la convivialité. Pas moins de dix ethnies composent notre peuple ; une diversité enrichissante qui nous rapproche ! Ce mélange fait notre force et est le gage de notre culture hospitalière. Mon pays accueille tout le monde et ne juge personne par ses origines, sa couleur de peau ou ses opinions.

En sillonnant nos villes, ce qui frappe la plupart de nos visiteurs est sans doute la ferveur et la paix du cœur que nous dégageons. Malgré tous les problèmes de la vie, nous essayons de vivre heureux. Un bon thiep (thiep bou dienne, plat typiquement sénégalais, recette de poisson avec du riz), un ataya (cérémonie du thé) sous un arbre et un bon combat de lutte le soir, sont après tout suffisants pour passer une excellente journée.

Notre culture est sans doute notre plus grande fierté. Entre art culinaire, musique, sport et rites ancestraux, nous restons accrochés à notre civilisation. Mais la modernité n’est pas un ennemi pour autant, elle est même la bienvenue. Loin d’être des conservateurs irréfléchis, nous essayons d’en tirer les bonnes choses. Le mieux est de trouver le point d’équilibre entre tradition et modernité.

En ces temps de psychose concernant le terrorisme qui frappe à la porte de tous les pays, j’avoue être confiant. Certains me taxerons sûrement de naïf mais je crois dur comme fer que les bonnes œuvres des innombrables saints hommes qui sont passés par notre pays, nous aideront à ne pas subir des attentats.

Je ne finirai pas ce billet sans parler de nos valeureux jambars (les troupes sénégalaises) ! Moi qui ai grandi dans une académie militaire, je suis bien placé pour vous parler de notre courageuse armée. Nos frères et sœurs qui sont sous les drapeaux sont sollicités partout pour rétablir la paix dans le monde. Nos militaires jouent les premiers rôles dans beaucoup d’opérations internationales.

Au final, je crois que nous devons parfois nous arrêter et prendre le temps d’apprécier les bonnes choses, toutes ces gratitudes que notre Dieu nous a fait. Nous sommes parfois si grognons et si ingrats que nous oublions le positif qui nous entoure.

Il n’y a pas que des côtés obscurs en Afrique ! Nous sommes aussi fiers de nos pays.

A tous mes frères sénégalais, je souhaite bonne fête de l’indépendance.

A tous mes lecteurs, je vous invite à découvrir mon beau pays ! Un petit paradis terrestre…


La peur au ventre

2370095486Je me demande bien ce que Dieu doit se dire actuellement…

Chaque jour, plusieurs innocents sont tués au nom d’une religion ou d’une conviction politique. Ils n’ont commis aucune bavure si ce n’est que d’être au mauvais endroit, au mauvais moment.

Une marée d’attentats s’est abattue sur nous. La situation au Moyen-Orient s’empire. L’Afrique est devenue une cible privilégiée et l’Europe a perdu son accalmie.

Nous comptons les morts par dizaines, voire centaines. Je ne vais pas faire la liste des attentats, au risque de me retrouver avec un article de plusieurs pages. Cependant, je tiens à insister sur le fait que, hormis en Turquie, tous ces attentats sont commis par le même type de groupe : des bandes de pseudo-musulmans qui terrorisent la planète.

Comment peut-on tuer des innocents au nom d’une religion qui est censée promouvoir la paix ? Je vais certainement me faire pousser des cheveux blancs en essayant de comprendre les terroristes. Le plus étonnant dans cette affaire est qu’ils tuent aussi des musulmans ! Ce qui veut tout simplement dire qu’ils ne font pas de discernement et qu’ils ne mènent pas une guerre seulement religieuse.

En réalité, tout cela est purement politique et la situation dans laquelle nous vivions est la résultante d’un effet domino provoqué par les occidentaux. L’impérialisme est la principale cause de ce chaos. Au lieu d’apprendre de leurs bêtises (esclavage, colonialisme, guerres géopolitiques etc.), les gouvernements occidentaux  continuent à vouloir tout accaparer et à manipuler les Etats tiers-mondistes. Ils exploitent injustement les ressources des pays du sud, créent des guerres partout, détruisent des pays, financent des rébellions, trafiquent l’information etc.

Donc, tout compte fait, c’est eux les premiers terroristes. Sauf qu’ils ont une méthode plus aiguisée!

En ce qui concerne les jihadistes, ils utilisent l’Islam comme argument mais ne suivent pas les enseignements du Prophète (PSL). Ils violent des femmes, tuent des innocents et vandalisent les biens des pauvres gens. Longtemps réactionnaires, ils sont maintenant devenus expansionnistes. Ils s’organisent comme des états et sont en train d’élargir leurs zones d’influence. En tuant des citoyens innocents, ils pensent peut-être faire pression sur les états et les organisations internationales. Ce qui n’est pas le cas bien sûr ! Les politiques ne pensent qu’à leurs ventres et leur réélection.

Le grand perdant dans cette histoire, est la population. Nous subissons une guerre que nous n’avons pas causée, que nous ne contrôlons pas et que nous ne comprenons pas ! Parce que Franchement, malgré toutes les explications des spécialistes, nous restons dans le flou total. Rien n’est clair.

Aujourd’hui, nous essayons de vivre comme nous pouvons. Nous avons vraiment peur pour nous et nos familles. Une attaque peut surgir à n’importe quel moment ! Cette psychose empêche certains de voyager, d’exercer leur travail ou de vivre dans la tranquillité. Et cela fait très mal de réaliser que nous sommes dans cet état parce que des caïds en cravate se battent contre des écervelés en treillis.

Impuissants devant cette situation odieuse, nous nous contentons de prier à Dieu de nous protéger ! Ce même Dieu que les terroristes disent se battre pour…


L’art du « wax waxeet »

caricature_wade_macky_sall

Finalement, Macky n’aura pas fait mieux ! C’est hallucinant, la manière dont nos hommes politiques torturent la parole et la vérité.

D’abord, il faut rappeler les faits. Pour prendre à contre-pied Wade, qui s’était dédit après avoir affirmé qu’il n’allait pas se présenter pour un troisième mandat, Macky avait annoncé qu’il ne ferait que cinq ans s’il était élu.

Une promesse sur laquelle il s’était appuyé pour battre campagne et qu’il a continué a vanté après sa victoire.

Meurtri et trahi par Wade, le peuple était à la recherche d’un homme de foi et de parole. En 2012, il était plus question de valeurs que de compétences. Nous voulions quelqu’un qui allait restaurer les fondamentaux de la République.

A vrai dire, on n’a pas voté Macky parce qu’il était celui qu’on voulait, mais…juste parce qu’il était le moins mauvais. Je suis conscient que cela soit cru mais c’est la triste réalité.

Franchement, je ne m’attendais pas à ce Macky réalise de grands projets durant son quinquennat (septennat ?). Je me suis toujours douté de ses compétences. Par contre dans ma tête, il était le plus fiable parmi les candidats de l’époque. Je n’ai pas hésité une seule seconde dans l’isoloir.

Nous attendions tous qu’il redonne de la crédibilité à nos institutions. Hélas, il est rare qu’un homme politique dise la vérité.

Macky s’est entouré de vieux politiciens, des rapaces qui l’ont façonné l’esprit. Il avait conclu un pacte avec le diable. Dès les premiers mois de son mandat, il avait toujours maintenu ses dires. Cependant, le changement de discours commençait par se faire sentir à partir de 2014. L’ambiance n’était plus la même et il balayait constamment la question, avant de renvoyer finalement la balle au conseil des cinq sages ; brandissant l’argument selon lequel la Constitution ne permettait pas la réduction.

Comment a-t-il pensé un seul instant que nous aurions légitimé la décision de ce conseil qu’il a lui-même nommé ?!

En plus, ce n’est pas maintenant qu’il faut parler de faisabilité ! Il ne faut pas battre campagne sur une promesse irréalisable, c’est du mensonge et de la manipulation !

Heureusement que nous ne sommes pas dupes, au Sénégal. Ses arguments fallacieux n’ont pas pu se tenir debout.

Du coup, le monsieur a choisi de soumettre la décision à un référendum. Bon, nous connaissons tous la démarche. Il s’agit d’ajouter à la question principale (la réduction du mandat), de petites modifications abjectes comme la cause des homosexuels etc.

Ainsi, on est sûr que le peuple va refuser le tout.

Tout ceci n’est qu’un gâchis de deniers publics. Macky Sall fera ses sept ans, qu’il pleut ou qu’il vente !

Ce ne sont pas les deux ans de plus qui font mal aux sénégalais mais le fait d’avoir été trahi. Notre confiance est constamment bafouée. Nous sommes à une époque où on ne peut croire en personne au Sénégal. Ils sont tous les mêmes, les politiciens ! Des menteurs, des manipulateurs, des égoïstes et parfois, des criminels…


La fausse terre promise

imagesLes images sont horribles. Des milliers de cadavres gisant sur les rivages méditerranéens. C’est donc ça le XXIe siècle?

En 2015, à l’heure où l’humanité a presque vaincu les plus grands fléaux, dompté la nature et réussi à concrétiser les rêves les plus fous, des milliers de gens sont obligés de quitter leur pays à cause de la guerre ou de l’extrême pauvreté. Qu’ils viennent d’Asie ou d’Afrique, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir tourner le dos à leur terre natale pour aller s’installer en Europe. Cependant, faute de visas, ils tentent de traverser la Méditerranée au péril de leurs vies.

Aujourd’hui, l’addition est plus que salée. En effet, la plupart des candidats à l’immigration clandestine n’atteignent jamais leur but. A bord d’embarcations de fortune, ils sont à la merci des gouffres de la mer qui les engloutit et les rejette sur son rivage comme de vulgaires êtres.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Que des gens deviennent si incrédules devant cette scène macabre. Les nouveaux candidats n’apprennent pas de leurs camarades noyés. Ils sont aveuglés par cette motivation suprême qui est de poser leurs pieds sur le sol européen. Une terre qui est censée les apporter refuge et leur offrir une meilleure vie.

En fait, il faut dire que la plupart des migrants viennent de régions qui sont déchirées par des guerres dont les Européens ont de grandes responsabilités. Ils proviennent de contrées misérables et de pays étouffés par le néocolonialisme.

Ainsi, l’individu qui n’est pas sûr de manger le lendemain n’a pas peur de se jeter à la mer pour nourrir son espoir. La mère qui ne sait pas si son enfant verra le jour n’est guère inquiétée par les vagues de la Méditerranée. Ces gens là, n’ont pas peur de la mort. Selon eux, Poséidon n’est rien!

S’il y a encore des personnes qui se demandent pourquoi les migrants s’acharnent à mettre en péril leur vie pour une promesse abstraite, essayez de rester 24 h sans manger ou imaginez vivre dans une ville pilonnée par des roquettes à longueur de journée. L’esprit de survie de l’être humain est plus fort et plus féroce que n’importe quel autre être vivant sur terre.

téléchargementEn plus, pourquoi se sentir choqué? Les Européens s’attendaient à quoi après tous ces siècles d’arnaques, de crimes, de ruses et de manipulations. Il est clair que l’Occident n’est pas le seul responsable de la misère du tiers-monde, mais il reste le précurseur et l’un des principaux acteurs.

La médiatisation de la mort du petit Aylan a suscité une grosse vague d’indignation et d’émotion. Presque tous les gouvernements européens se disent prêts à accueillir des milliers de migrants. Cela est loin d’être la solution en fait. Au contraire, cette communication va motiver ceux qui étaient encore hésitants et même encourager les plus réticents !

En réalité, la seule manière de freiner ce phénomène est de favoriser des conditions de vie décente dans leur pays d’origine. L’Europe ne pourra jamais accueillir le tiers-monde, mais elle peut l’aider à se construire. Que l’on ne me parle pas de la Banque mondiale ou du Fonds monétaire international; ces institutions qui nous manipulent par la dette et qui nous maintiennent dans la misère. Que l’on arrête de nous faire croire que l’ONU ou l’Otan font tout pour arrêter ces guerres qui détruisent nos pays. Ce sont les hommes qui font les institutions et il est clair que cette situation abjecte dans laquelle nous vivons n’est que pure volonté politique des lobbies occidentaux.

téléchargement (1) Je pense qu’il est grand temps de cesser de pendre les tiers-mondistes pour des idiots et d’aller vers de vraies solutions. L’Occident doit savoir que son salut est lié au nôtre. L’immigration clandestine va continuer à s’intensifier et les garde-côtes européens ne pourront pas la contenir. Nous nous acheminons vers une répression violente. Il arrivera un moment où l’Europe n’en pourra plus et finira par sortir les armes.

Avec le boom démographique, le nombre de pauvres augmente géométriquement et l’écrasante majorité de ces désespérés se dirigera vers la Méditerranée. L’Europe ne pourra pas empêcher ces gens de franchir ses frontières sans se détruire elle-même. 
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Je ne suis ni polémiste, ni oracle. Toutefois, il est évident que le seul moyen d’éviter cette hécatombe est de construire un monde solidaire, juste et honnête. Il faut s’activer et trouver les solutions idoines pour arrêter ces guerres. Les pays en voie de développement doivent être d’ores et déjà associés à la marche du monde. L’Occident doit cesser immédiatement son néocolonialisme et sa politique dominatrice pour que les tiers-états puissent émerger. Elle doit également financer de vrais programmes de développement afin de déclencher le moteur de la croissance.

L’Occident s’est pendant longtemps joué du tiers-monde et ceci n’est qu’un avant-goût des conséquences de ses actes. Dans les années à venir, la misère s’intensifiera et l’immigration deviendra une question de survie. Les peuples s’affronteront et l’humanité en pâtira.

Les décideurs occidentaux savent maintenant à quoi s’attendre. J’espère qu’ils agiront avant qu’il ne soit trop tard…


Satan nous vienne en aide

Ce Guinéen est un naïf! Non, pas seulement cela, c’est un imbécile, un inconscient et, peut-être bien, un criminel ! Égoïste personne que ce misérable…

Voilà ce qui se dit sur les réseaux sociaux sénégalais depuis que l’Ebola a été confirmée dans le pays de la Téranga. Et pour ma part, ce sont de tristes paroles que celles-là, déplorables dans leur ensemble.

Pourquoi ? Je vous le dis tout de suite : les frères Guinéens nous lisent…

Je suis sénégalais au-dedans et au dehors, et un peu comme vous tous, je pleure déjà l’arrivée du virus dans la capitale. La panique générale qui s’en est suivie ; l’image au niveau international et les conséquences au niveau diplomatique qui pourraient en découler ; la possible réplique de l’implantation de la maladie au Nigéria ; etc. Et un peu comme tout le monde je définis toute cette affaire de regrettable, connaissant les risques et pensant que ce guinéen ne devait vraiment pas entrer sur le sol sénégalais.

Mais quoi de plus ? Les ministères de la santé, de l’intérieur et tous les acteurs concernés prendront-ils jamais leur décision en fonction de ce qui s’écrira ou non sur le web par les internautes ? Oh que non ! Ils ont un certain bagage eux : ils évaluent diplomatie et droit international, parlent collaboration avec le gouvernement guinéen, analysent via des facteurs concrets de risques et de cure viable, et surtout – grand surtout ! qui frise l’évidence…– donnent tout son poids aux intérêts de la nation sénégalaise ! Ils ont ce rôle-là ; ils prendront les décisions opportunes… ayant beaucoup plus d’éléments que nous dans leur sac !

A quoi bon commenter alors ? Publier des statuts qui incitent à la xénophobie ? Et qui – comble de l’incohérence – commencent pour la plupart par ces mots : « je ne suis pas raciste mais… » !A quoi bon ? Sinon rendre un mauvais service à son pays… Car nous rendons, ce faisant, un mauvais service à notre pays, une mauvaise publicité. Eh oui ! Savons-nous où débouchera tout ceci ? Ou plutôt ce que deviendront un jour tous ces guinéens qui nous lisent, et disent qu’ils nous rendront la pièce de notre monnaie ? Tous ces guinéens qui disent être déçus par notre Téranga. Par notre grand soutien. La généralisation systématique et dégradante dont nous faisons montre à l’égard de leur peuple.

Sunugaal est une pirogue. L’Ebola pourrait nous tomber dessus, drue et glaciale comme une pluie ravageuse, destructive comme une mer tempétueuse. Mais ce qui est sûr est que notre approche de la vie, nos comportements en toute chose risquent davantage de nous perdre, par les petits trous que nous creusons toujours dans la coque.

Ressaisissons-nous ! Nous prétendons être les plus fervents croyants. Les Mourides, les Tidianes, les Layènes. Notre population chrétienne, idem. Et pourtant que crions-nous ?

Nous prétendons être rationnels, nantis de logique et de bon sens. Et pourtant, sommes aussi passionnés, aussi armés dans notre fougue et notre instinct de survie que ce guinéen atteint d’Ebola…

Mais s’il vous plait, calmons les ardeurs ! Et pensons plutôt à diffuser les techniques et méthodes de préservation suggérées par la composante médicale ! Cela pourrait être d’une utilité quelconque…

Moi-même qui me mets à écrire sur la chose, eh ben, vous m’excuserez… Il n’est pas facile de résister lorsque depuis 24 heures, on voit quelques concitoyens diffuser des débilités comme – une des plus droles ! – « versez du kérosène sur lui et brûlez-le »…

#quand on a la pleine conscience du Dieu éternel, la peur n’est plus qu’un des 60 000 mots dans le dictionnaire… entre parenthèses.

Par Mamadou Dame Diop  / Livourne


Victimes et résponsables

marocLes images du Sénégalais égorgé à Tanger hantent mon sommeil. Lorsque j’ai aperçu le corps, je n’ai cessé de me demander comment un humain pouvait commettre un crime si abominable. Sans explication.


Cependant, la seule chose à dire après cet énième meurtre est que la situation des ressortissants sénégalais au Maroc (réguliers comme irréguliers) doit être revue par nos autorités, par nous ressortissants et par le royaume lui-même. Demain, qui sait, ce sera peut être mon tour, ton tour, celui d’un proche, d’une connaissance, d’un collègue…Le prochain meurtre nous édifiera.

Tanger est réputée être une terre d’accueil de nombreux migrants dont le seul rêve est de rejoindre illégalement l’Europe. Le nombre de subsahariens, mais aussi de maghrébins qui passent par la ville du détroit et ses environs, afin d’atterrir sur les côtes espagnoles, ne se comptent plus. Ils sont des milliers à avoir réussi à rejoindre l’autre rive à bord de bateaux gonflables (pateras). La politique maroco-européenne pour résoudre l’immigration ne porte pas ses fruits. L’urgence d’intégrer les pays « émetteurs » pour qu’une solution globale soit trouvée s’impose. Les passeurs et les fournisseurs de bateaux se font de l’argent en exploitant ces subsahariens en attente d’opportunité.

Dans certains zones de Tanger, la réalité est rarement racontée comme telle. Dans le quartier Boukhalef où résident la majorité des migrants en situation irrégulière, elle est beaucoup plus complexe. Les subsahariens et les marocains ne peuvent cohabiter dans la paix et la compréhension. La révélation est de la bouche de plusieurs témoins: les migrants résident dans des appartements neufs, sans payer le loyer, sans en avoir l’autorisation. Ils cassent les portes et s’y installent, d’où les nombreuses descentes des forces de l’ordre pour les déloger avec ses conséquences dramatiques déjà vues. Le « Dadji Deukk » (Défoncer pour se loger) est devenu une réalité qu’aucun subsaharien de Tanger ne niera. Une pratique anormale que nous devons condamner en premier lieu nous ressortissants. Je ne sais pas si à Dakar ou ailleurs au Sénégal nous accepterions qu’un étranger casse pour habiter illégalement dans un appartement qui coûte au moins 50.000 euros.

Mais revenons au crime barbare commis par ce Marocain. Même si la société le nie en majorité, la racisme est ambiant dans ce pays. Du petit racisme sans conséquence au grand qui conduit au drame. A l’épicerie on risque d’être le dernier servi (je l’ai encore vécu ce dimanche). Dans les transports publics, on peut être victime d’agression sans l’intervention des autres usagers. Quand on se bat avec un Marocain, on risque de subir la furie de dizaines d’autres. Ce sont des réalités que nous vivons ici.

L’agression de jeudi soir de Charles qui vivait et travaillait ici (carte CNSS) est une autre preuve de la barbarie de la plupart des jeunes de ce pays. En 2012, à Rabat, un père de famille avait égorgé sa femme et ses deux enfants pour des raisons inexpliquées. Cette année, une dame de plus 80 ans a été victime d’un viol. A Casablanca, pas plus tard que cette semaine, la police a été obligée de tirer sur un malfaiteur pour l’arrêter. N’oublions pas le phénomène T’charmil qui a secoué la ville dernièrement. De jeunes armés de sabres chinois aux coiffures souvent bizarres ont fait régner la terreur dans plusieurs quartiers casablancais. Cette semaine, une touriste britannique a eu la jambe déchirée suite à une agression à Médina de Marrakech. De jeunes supporteurs du Wydad de Casablanca sont entrés, sabres en main, au terrain d’entrainement de l’équipe pour agresser les joueurs après de mauvais résultats. La violence est une réalité que personne n’osera nier ici. C’est le premier moyen de régler une situation qu’on n’aime pas.

Chaque jour, la presse (surtout arabophone) nous révèle des cas d’agressions, de vol, de viol, de meurtre…Cela montre que cette violence est également dirigée envers les Marocains. Elle est certes plus abominable lorsqu’il s’agit des étrangers, mais elle est dans l’ADN même de la société. Mon voisin frappait sa femme devant moi, mon colocataire, ses enfants, sans que personne n’intervienne. Des enfants qui vivent au quotidien cette situation pourraient la faire subir à d’autres: leur femme, leurs enfants, un étranger…

Expliquer l’origine semble ardu, mais sachez qu’au-delà du racisme ambiant, les agresseurs sont en majorité sous l’emprise de la drogue (comprimés psychotropes, kharkhoubis, hascisch, chira) ou de l’alcool…A Tanger et dans les villes environnantes, le trafic de drogue vers l’Espagne est incontrôlable. Des tonnes de haschish sont transportées à bord des bateaux gonflables pour être revendues en Europe. Un business qui rapporte gros, mais qui a aussi son lot de conséquences en facilitant l’accès des jeunes à la substance. Une fois défoncés, ces derniers n’hésitent pas à racketter, poignarder, violer…

Lorsque j’ai visualisé la vidéo, j’ai été surpris par le comportement de certains Sénégalais qui n’étaient pas très émus devant ce meurtre. Certains insultaient et d’autres discutaient tranquillement comme s’ils venaient d’assister à un fait normal. Cela m’écœure plus.

Il ne faut pas se le cacher, les étrangers se compliquent aussi la vie dans ce pays. Je ne suis pas du même avis que ceux qui demandent ce que font les Sénégalais au Maroc. Des milliers y travaillent, y ont leur famille, sont cadres dans de grandes entreprises. D’autres ont réussi à se construire une vie ici. L’autre réalité qu’il ne faut pas nier est que plusieurs de nos compatriotes vivent dans des situations difficiles, ce qui les pousse à des pratiques que nous connaissons tous: vente de drogue, prostitution, arnaque pour obtenir des papiers…Ne nous voilons pas la face, ces personnes sont quotidiennement exposées au danger. Des sénégalais sont emprisonnés au Maroc, un pays accusé par des ONG pour torture sur les prisonniers. L’immigration ne peut résoudre toute la pauvreté au Sénégal, surtout lorsque qu’on choisit un pays frappé de plein fouet par le chômage, qui touche en premier lieu les jeunes.

Par Hadjovic Gueye / Casablanca


A nos soldats tombés au front, celui de la xénophobie…

Ceci est un cri du coeur…

Amadou Alassane Niang, Harona Gadio, Ousmane Goudiabay, Cheikh Ndiaye, Mamadou Diop…., ces noms ne disent rien à la plupart d’entre vous. Mais sachez que ce sont des Sénégalais qui ont été assassinés dans des pays étrangers, ces dernières années. Du Gabon aux Etats-Unis, de la Grèce à l’Italie, en passant par l’Espagne, les droits et libertés fondamentaux des migrants sénégalais sont bafoués. Il est temps d’extérioriser de telles préoccupations. HALTE, à ces enquêtes qui ne mènent généralement à rien et qui ne sont que des prétextes pour étouffer ces affaires. Tout compte fait, cela ne sert à rien de compter sur les décideurs sénégalais pour porter ces affaires  à la communauté internationale, afin de situer les responsabilités. Ils ne savent pas ce que c’est la souveraineté. Ils sont encore des colonisés dans leur tête. J’interpelle les érudits à ne pas les oublier dans les prières. Qu’Allah (le tout puissant) les accueille dans son Paradis éternel. Amen !!!!

Par Moustapha Dieng / Aix en Provence 


CASAMANCE ACTE III : En finir avec cette guerre

Guerre-casamance

Dès lors, chaque minute, chaque seconde qui passe devient capitale ! L’Etat sénégalais ne doit pas se laisser endormir par la libération récente des otages démineurs par César Atoute Badiane. Non! Au contraire, elle doit attaquer le maquis et le détruire par la racine. C’est très facile de prôner le dialogue à chaque fois que le rapport de force sur le

plan militaire est en sa défaveur. L’Etat se laisse enivrer par tous ces faux appels aux négociations et aux pourparlers. Le MFDC joue avec la montre comme il veut ! Ils attaquent et tapent là où cela fait le plus mal quand ils sont en position de force et appellent au cessez-le-feu et au dialogue à chaque fois qu’ils sentent ne plus pouvoir contenir la pression de l’armée sénégalaise. A vrai dire, ils se fichent de la gueule de tout le monde ! Il faut qu’on soit direct et clair là-dessus ! Les temps de naïveté sont révolus ; plus jamais nous ne nous laisserons charrier par de belles paroles qui ne cachent que des idées méphistophéliques.  Aujourd’hui l’Etat n’a plus la tête à répondre à des appels en quinconce, de groupes dispersés et aux idées même souvent divergentes. Non ! Aujourd’hui l’Etat doit être décidé à régler une bonne fois pour toute cette guerre qui perdure et qui cancérise l’économie de la Casamance et du Sénégal en général. Il a besoin d’un plan de sortie de crise solide et pragmatique. Finis les approximations et les amateurismes !

Toutefois, bien entendu, nous sommes conscients qu’une résolution durable du conflit passera forcément par la collaboration des membres du MFDC. Mais n’empêche que le gouvernement n’a plus de temps à perdre sur des négociations sempiternelles qui n’aboutissent jamais à rien. Comment parler correctement et trouver des accords pérennes avec un groupe divisé en mille morceaux. Quand des traités sont signés aujourd’hui avec une faction, le lendemain l’autre crie au scandale, et ainsi de suite ! Si le MFDC veut s’assoir sur la table des négociations, il faut qu’il s’organise d’abord : élire un bureau officiel avec un représentant officiel.  De ce fait, l’Etat sénégalais n’aura aucun mal à les inviter à débattre sur toutes les questions d’intérêt; des accords seront conclus et les deux parties en trouveront certainement leur compte.

Dans le cas où l’Etat ne trouverait pas d’interlocuteurs raisonnables et surtout officiels, alors il incombera de prendre les décisions qui s’imposeront. Le conflit casaçais a duré plus de 30 ans et ce n’est pas aujourd’hui ou demain qu’il s’arrêtera par l’effet de quelque magie improvisée. Il faudra un travail titanesque pour déloger les nombreuses factions rebelles qui parsèment toute la basse Casamance. Et dire que ce ne serait que se muer en un trop grand optimiste et un piètre prévisionniste que de croire que les quelques bataillons d’infanterie implantés dans la région aient de fondées chances de déraciner les troupes fortement ancrées dans la forêt de César Atoute. Les à-peine-milliers-de-soldats-sans-logistique-décente ne peuvent en aucun cas mener de puissantes opérations susceptibles de concéder d’énormes pertes à la guérilla sur place.

A moins que l’Etat ne se décide de prendre ses responsabilités et mettre en place une solution militaire logique, efficace et surtout pragmatique – les gradés sénégalais dirigeant pas mal de grands théâtres d’opérations à travers le monde, n’ont-ils que bien suffisamment le background nécessaire pour démanteler la guérilla du MFDC. La question casaçaise doit être une des priorités absolues dans ce pays et nous avons plus haut cité assez d’arguments le prouvant. Il faut qu’on mette les moyens nécessaires à la résolution du conflit. Il est inadmissible que des militaires au combat puissent manquer de munitions, ou que des voitures puissent faire défaut, faute de carburant. Le paquetage du militaire est le seul outil qui peut le protéger et ce faisant le rendre protecteur. L’Etat doit fournir, et le nombre d’hommes qu’il faut, et la logistique qu’il faut. C’est en cela même que réside toute l’interrogation sur la volonté réelle de l’Etat sénégalais de résoudre définitivement le conflit. Nous peinons depuis 30 ans à disséminer quelques factions dispersées dans la foret casaçaise, et au même moment, le Sénégal se permet d’envoyer des centaines et des centaines de militaires sur tous les théâtres d’opérations du monde. Charité bien ordonnée commence par soi-même !

L’Etat doit songer à hausser le ton surtout quand on sait que l’autre méthode, plus soft, se voue aux échecs depuis bien trois décennies. Depuis la mort de Diamacoune, l’Etat peine à trouver un interlocuteur reconnu de toutes les factions rebelles. Devant cette anarchie, une solution s’impose : un grand ménage.

Cependant, ce ménage se fera difficilement exécutable, voire sera impossible, sans l’aide des deux nations qui bordent la Casamance. La Gambie et la Guinée Bissau ont leur rôle à jouer dans cette histoire. Autant ils servent de base arrière aux rebelles, autant constituent-ils des supports politiques à ces derniers; les récents évènements sont plus qu’expressifs et nous confortent dans notre thèse. Quand César Atoute libérait les otages, qui a-t-il appelé pour servir de tremplin? N’est-ce pas l’ONG bissau-guinéenne «Mon ku mon»! Et sans doute avez-vous regardé la dernière apparition de Yaya Jammeh, abordant les relations sénégalo-gambiennes et savez-vous donc qu’en revêtant ses séculaires lunettes noires, il se bornera à afficher une moue indifférente mais réjouie dans le fond, joie perverse devant l’impuissance d’un Sénégal solitaire, et ce en suite de présumées maladroites attitudes de notre gouvernement envers l’Indéfectible Gambien qu’il incarne.

Vous aurez compris à ce point, que ces deux pays frontaliers ont un rôle capital à jouer dans la résolution de ce conflit. Ils sont incontournables. Nous aiderons-t-ils ? Aucune réponse ne peut être avancée pour le moment, vu le climat tendu de nos relations diplomatiques. Une seule chose reste sûre: ils nous aideront avec une réelle volonté et nous règlerons la crise définitivement, mais croiseront-ils les bras que notre besogne ne sera qu’un éternel recommencement , refrain rythmé par les retraits fréquents des factions rebelles dans les territoires gambiens et bissau-guinéens, le temps de se mettre à l’abri, de se reformer, d’être supporté logistiquement s’il le faut et de revenir en force. Révolues les ères des cachoteries et des voltefaces, qu’on se le dise, ces deux pays qui bornent la Casamance, nous pourrissent les opérations militaires.

Dernièrement, une sortie Kamou Gueye Diatta assez pertinente dans un reportage mené par la TFM, entretient encore tout espoir de négociations et d’une solution pacifique à la guerre. Dans le fond, l’idée est géniale et c’est d’ailleurs ce que tout le monde souhaite, mais la forme laisse largement à désirer. Rien que le fait qu’il ait dit que c’est l’Etat sénégalais qui doive aller trouver Salif Sadio et non le contraire, pourrait être quelque part assimilée à une insulte à l’égard de notre Etat. Salif Sadio est certes l’autorité du MFDC le plus en vue, mais il reste avant tout un citoyen comme les autres et peut-être ferait-il mieux de faire part au gouvernement sénégalais de ses intentions plutôt que de jouer à la pintade orgueilleuse qui se planque en Europe et se croit être au même niveau que les autorités légitimement élues, qui incarnent notre souveraineté, celle de notre patrie, celle de sa patrie. Salif Sadio doit se rendre à l’évidence et coopérer le plus rapidement possible dans le but d’un accord bilatéral fructueux pour le bien de tous. Lors de sa dernière sortie, il avait émis le souhait de s’assoir à la table des négociations avec les autorités sénégalaises dans un autre Etat. Ce souhait doit être pleinement recevable et serait même l’affirmation de la volonté de l’Etat sénégalais. Mais que cela soit très clair : l’intégrité territoriale ne se discute pas ! Pas question d’aborder, ni même de frôler des questions relatives à une possible partition du pays. C’est insensé, ridicule, et sans lendemain ; cela nous évitera sans doute de perdre du temps sur des débats sans piliers.

Nous avons essayé de survoler le conflit, de 1982 à nos jours. Et ces conséquences pourraient se résumer en ces quelques points : des centaines de victimes sont tombées, des familles ont été contraintes de quitter leur terroir, les terres sont ensemencées de mines, le tourisme a flanché, l’économie de la région hâlette ! Mais ce qui est totalement paradoxal et qui fait carrément peur est le fait que malgré tout cela, la crise casaçaise n’occupe toujours pas le centre des débats au Sénégal. La faute de qui ? De l’Etat quant au choix de non-médiatiser la crise ? Des citoyens sénégalais qui ne cherchent pas à creuser pour en connaitre un peu plus? Du MFDC qui ne démontre aucune réelle volonté d’accueillir la paix ? De ses dirigeants divergents dans leurs actes et leurs idées, louches dans leurs liens avec la mafia et pas pertinents dans leurs revendications ?

En tout cas, si cette guerre perdure, c’est en grande partie à cause de sa non priorisation, de la complicité mystérieuse qui lie les états gambiens et bissau-guinéens aux rebelles, et enfin de ce business fructueux dont tout le monde y trouve son compte…


CASAMANCE ACTE II : La vérité cachée aux sénégalais et à la communauté internationale…

imagesPeut-être que les mots vous seront-ils parus forts, le ton corsé qu’il nous incombe à ce point de préciser que l’argumentation que nous allons suivre sera tout aussi directe, explicite et âpre. Car il est souvent beaucoup plus aisé de se vautrer dans l’indifférence, esclaves du carcan de l’ignorance, qu’il ne l’est de ne se révolter pour qui comprend l’histoire des peuples, les causes qui sous-tendent leurs actions et les agents qui guident les hommes dans leurs entreprises. Aussi, depuis toujours, le peuple sénégalais s’étant démontré des plus grands prôneurs de la politique de l’autruche, ne relève-t-il pas de la normalité que le problème de la Casamance, même pour quelques esprits alertes, puisse être aujourd’hui facilement confiné dans le grand lot des problèmes secondaires, ceux-là même qui sont voués à la négligence et à l’oubli face à la contingence des exigences corollaires à la paupérisation présente. Et la vérité désolante dans tout ceci est en cela même qu’il n’y ait nul besoin de prouver le fait ; une brève revue de la chronique met en exergue une de ces caractéristiques qui nous distinguent : l’on ne parle et traite de la crise qu’à l’aval de raids, rapines, affrontements armés et autres événements salés qui ne manquent d’alarmer l’opinion publique . Seulement, ces réguliers événements ne seraient-ils pas que la manifestation éclatante de quelque chose de moins évident mais bien plus désastreux pour notre système, notre présent et notre devenir.

Après les manifestations de 1982, dix années auront suffi aux forces dissidentes présentes en basse Casamance pour acquérir une puissance à même de semer le chaos dans la région et d’occasionner de violents et réguliers affrontements contre les forces militaires nationales. Après les mois de Juillet et d’Août 1990, marqués particulièrement par de sérieux affrontements entre séparatistes et militaires, les années 1995, 1997 et 2007 ponctuent le renouvellement régulier des attaques, séparées en cela par des périodes de relatif calme, périodes où seules quelques rapines et attaques sporadiques ont troublé l’accalmie de la région. Bien entendu si jamais l’adjectif calme peut être associé à un espace géopolitique sur le qui-vive, sujet à quelques traités précaires et de ce qui en découlent comme tensions ! A vue de nez, ces périodes-là sont tout à la fois le reflet de l’incapacité du MFDC à maintenir une action de menace pérenne – manque d’armes, de matériel tactique et de moyens militaires efficaces – et de l’échec des variées tentatives de résolution de la crise – mais de celles-ci parlerons-nous plus tard par l‘esquisse de quelques solutions pragmatiques et prometteuses – pour l’heure, nous suffit-il juste de souligner que ces échecs sont en partie dus à deux dynamiques.

La première réside en cela même qu’il ne s’agit guère en Casamance d’une revendication populaire partagée par le sens commun – donc légitime en un certain sens – et qui se devrait donc de respecter les normes qui régulent les conflits armés. Non! Dans leurs actions criminelles – comment autrement définir le fait de piller des villages, de racketter des véhicules le long des routes, d’attaquer d’honnêtes gens, ou encore de tuer d’innocents civils, parsemant de mines anti personnelles la propre terre, celle-là même que l’on prétend  défendre– les forces du « maquis » ne manquent jamais de nuire aux populations locales dans leurs perpétuelles – et précaires – tentatives de pression sur les troupes armées du gouvernement sénégalais et d’acquisition de ressources utiles aux fins superficielles qu’ils se fixent. Et réfuter ce que nous avons à peine énoncé ne signifierait que s’identifier à un penseur de mauvais acabit car semble-t-il qu’une force militaire rebelle légitime, aussi vile et lâche puisse-t-elle être, ne peut se réduire à nuire à ses propres partisans et par extension se saborder. Or ceux-là qui ressentent le plus des conséquences néfastes des agissements des rebelles ne sont-ils pas les populations locales. D’ailleurs une brève réminiscence des événements du 27 Décembre 2011 nous le montre carrément : près de 400 personnes ont pris part à une marche à Mangacounda, un village deSédhiou, pour protester contre la reprise des violences et l’insécurité dont ils sont victimes. Et plus au Sud, à Samine exactement, les populations n’ont pas hésité à essayer de bloquer les routes, manifester leur désarroi et réclamer une meilleure protection de l’Etat suite aux incursions rebelles à l’annonce de la Korité. Et dire que de telles exactions ont eu lieu toujours la même année dans le village de Petit-Koulaye et ici comme ailleurs, elles se sont traduites par des prélèvements d’argent, de marchandises et de friandises. En vérité, le MFDC s’associerait moins à un maquis qu’à une grande ramification de quelque organisation malfaisante. C’est d’ailleurs la paupérisation et l’ostracisme économique dont est victime la région qui poussent souvent les jeunes de la région à le rejoindre en réponse à quelque mythe propagandiste d’enrichissement en suite à l’intégration du MFDC.  Car il faut le reconnaitre : la Casamance dans son ensemble souffre de biens grands manquements en ce qui concerne les infrastructures ou les routes. Il y a aussi la rareté de l’électricité qui s’impose de pair avec l’absence des réseaux de communication, et finissent-elles de condamner les citoyens autochtones et d’exacerber leur frustration. Mais qu’à cela ne tienne, faut-il vraiment que quelque groupe rebelle, en vertu du sous-développement mordant dont il est question et de la prétendue inefficience des actions gouvernementales, en rajoute à la désolation de la Basse Casamance ? Faites-vous un tour à « la terre des hommes » bassari au fin fond de la Tambacounda ou aux localités de Kanel ou le long de la vallée du fleuve Sénégal, ou encore dans les communautés rurales de Keur Socé ou de Guinguinéo dans le Saloum et revenez arguer que cette donne soit une spécificité casamançaise et que la région doive être émancipée pour cela. Prétendre que le gouvernement sénégalais doive  s’ingénier à redresser les conditions de vie des populations est une chose – et nous en sommes tous conscients d’ailleurs -, mais arguer cette donne au nom de quelque mouvement indépendantiste est bien triste, tout aussi bien que d’autres encore (historiques, culturelles, ethniques, géographiques …) plus risibles les unes que les autres qu’infondées dans leur ensemble pour la cause qu’elles défendent et leurs similitudes avec les caractéristiques d’autres localités ; car le Sénégal ne s’est pas formé ex nihilo mais plutôt par la symbiose de tant de riches diversités qui ont, depuis le XV° siècle, peu ou prou enlacé de manière inextricable leurs histoires et leurs peuples. C’est dans ce sens que l’un des premiers défis des leaders africains postindépendances se présentait naturellement donc comme la consolidation de l’unité nationale et le développement d’une conscience nationale par la quête et l’encouragement de vecteurs et d’input centripètes dans la voie de l’identité et de la nation.

La seconde interprétation que l’on peut tirer relève du fait que les responsabilités et parts dans l’ampleur de la crise sont souvent incomprises et mal situées; entre les gouvernements sénégalais, gambien, bissau-guinéen et les têtes de ponts du mouvement rebelle, les relations dans le sens de la crise sont teintées de flou et ne réussit-on que de manière difficile à établir les réelles actions de telle ou telle partie. Encore aujourd’hui, les rumeurs selon lesquelles la Guinée Bissau ou même la Gambie alimenteraient de quelque manière la crise vont bon train ; cependant, même si la teneur de telles affirmations pourrait être mise en doute, il demeure clair et vérifié que ces gouvernements ne tachent d’aucune manière d’aider dans le rétablissement de la paix en tant que la récente sortie du président gambien – que l’on retrouve d’ailleurs sur YouTube !- ou encore la saisie par les autorités nigérianes en 2006 d’une cargaison d’armes provenant de l’Iran et destinées à la Gambie nous suggèrent plus qu’il n’est nécessaire pour nous faire une certaine idée de l’affaire.

De là découlent principalement les difficultés que rencontre l’Etat sénégalais dans la résolution de la crise et en particulier les échecs répétés des divers traités signés. Quand bien même des accords de cessez-le-feu ont été stipulés, conclus successivement en 1991, en 1999 et en 2004, et des pourparlers pour l’obtention de la paix entamés en 1996 et durant les premières années de la présidence de Wade, ceux-ci n’ont jamais tenu que misérablement et brièvement face à l’épreuve du temps et les assauts répétés des soldats du chaos et de l’anarchie. Encore le leader séculaire du MFDC, l’abbé Diamacoune Senghor devait-il passer de trépas en 2007, consacrant par sa mort le glas de la période de calme instaurée depuis 2004, la recrudescence des troubles dans la région et la division en plusieurs factions du dit mouvement. Ainsi, celui qui, après un quart de siècle de lutte indépendantiste désirait finalement un rapprochement au reste du Sénégal et la fin des hostilités – avait-il compris au bout du compte les caractères inopportuns et inviables de son fait? Le débat est ouvert… – s’en allait, laissant derrière lui un MFDC qui tâtonne, aux limites de l’anarchie, exemple typique de ces foutaises dissidentes qui se meuvent avec cette mine des rêveurs irréalistes chez qui le désir des événements suscite des vices les plus dangereux.

Et c’est là même d’ailleurs que réside la source des échecs enregistrés dans la tentative de la part de l’Etat d’instaurer un dialogue constructif vis-à-vis de l’autre côté de la balance. Malgré que le nouveau gouvernement de l’année 2012 cherche à considérer la question avec un tact différent – appel aux autorités étatiques voisines, résolution d’introduire la communauté catholique de Sant’ Egidio à la table des négociations, etc. –consolidant une action beaucoup plus prometteuse à l’aune de l’approche et de la politique menée auparavant par le président Wade, la situation peine à se redresser dans ces « zones rouges » de la Casamance. Et c’est d’ailleurs en foi de cette confusion géopolitique que nous évoquions précédemment qu’il n’est pas osé d’avancer que cette donne était pour le moins prévisible; comment pourrait-on jamais prétendre négocier et monter quelque bon arrangement avec un MFDC divisé, morcelé dont l’illégitimité est criée sur bien des toits ? Savoir que l’Etat sénégalais se targue d’avoir réussi le défi de signer quelque accord en perspective de la paix avec Salif Sadio fait bien rire lorsque que l’on sait que ce dernier ne répond que d’une des trois, quatre factions combattantes du maquis. Lorsqu’en sus de cela, l’on sait qu’en marge de ces factions combattantes, il existe d’autres figures qui se réclament de la légitimité du MFDC et se couvrent sous l’appellatif d’aile politique, la question passe alors au comique !

Car il est clair que ceux-là qui se vautrent dans les forêts casamançaises, occasionnent la violence et sèment la terreur sont les ressortissants de l’aile militaire : les factions principales de Salif Sadio et César Attoute Badiane et celles mineures de Ousmane Niantang Diatta, Lamara Sambou et Paul Sonoré Diatta qui, en vérité, seraient rattachées à celle de César Atoute ou pour le moins les deux premières, car celle de Paul, de toutes, est la plus encline à l’autonomie et la séparation. D’aucuns l’indexent-elle d’ailleurs comme la cause des récents troubles dans la région et de la continuation des violences dans la zone. De manière approximative, on peut dire que la première a ses cantonnements dans le nord, de Oulampane-Sindian du coté de Bignona jusqu’aux limites d’avec la Gambie de même que Lamara Sambou qui se trouve lui dans le Diakaye. A ses antipodes, César Attoute Badiane se réclame de toute la zone à l’orée de la Guinée-Bissau allant du littoral jusque vers le Fouladou où s’étend le domaine de Niantang, aux abords de la Moyenne Casamance. Quant à Paul Sonoré Diatta, ses positions se regroupent au centre et au Nord-Est, dans la zone du Fogny et au long de l’axe Diouloulou-Bignona. En gros, ces factions dans leur ensemble sont le responsable direct du chaos et sont aussi traversées par une guerre intra-MFDC depuis l’année 2000 – guerre « fratricide » pour le monopole du maquis et contestations réciproques de la légitimité autrui- car les troupes combattantes du maquis ne sont guère régies par quelque hiérarchie relevant d’une autorité commune ou de quelque soi-disant structure militaire. Non ! Ici, il s’agit plus de la loi de l’influence du plus fameux et du jeu de l’audace, celle de prendre les armes, oser se proclamer chef d’Etat-major et se placer à la tête de quelque groupe difficilement qualifiable. Il est donc clair combien la division et la multiplication des foyers de contestation soient néfastes dans la recherche de la paix en tant qu’elles témoignent d’une « monétisation » du conflit. Mais ici ne réside pas tout le problème parce qu’il y a aussi une aile politique; et bien qu’elle engendre tout un tocsin sur l’affaire, œuvre de propagande auprès des dissidents et se projette au centre des négociations, elle n’a aucun pouvoir sur les rebelles combattants. En atteste d’ailleurs la tentative avortée de Mamadou Nkhrumah Sané de couver l’aile combattante de Niantang sous son autorité, avortée en cela que les rebelles sur le terrain, à l’image du rapprochement de celui-ci à César Attoute, ne disposent de leurs actions qu’en fonction d’eux-mêmes refusant tout contact avec leurs intellectuels, les politiques.

L’aile politique – qu’il s’agisse de Jean Marie François Biagui, Mamadou Nkhrumah Sané, Ansoumana Badji,etc.ou de ceux de l’aile interne à Ziguinchor comme Bertrand Diamacoune ou encore Abdou Elinkine Diatta – se caractérise, tout comme celle militaire par ailleurs, par la division, le gout égocentrique du leadership et la non finalité du mouvement; ces séparatistes ne sont- ils même pas d’accord sur le sens singulier de leur mouvement ? N’est-ce pas dans ce sens assez illustratif l’initiative d’un ex-combattant rebelle et actuel leader politique, Jean-François-Marie Biagui, qui définit le MFDC comme le Mouvement pour le Fédéralisme et la Démocratie Constitutionnelle et aspire simplement à une autonomie? C’est donc quelque part naturel que le gouvernement sénégalais rencontre des difficultés dans l’élaboration d’un dialogue efficient car c’est, comme qui dirait, discourir et écouter la cacophonie, d’un essaim de voix porteuses du même message mais selon des modulations et tonalités différentes.

Si la crise en Casamance est quelque part négligée alors, c’est aussi parce qu’elle n’incarne que le cri de cœur de ces quelques voix désespérées qui se noient dans le dénigrement, la lamentation, la défense des causes perdues et le reflet de ces minorités mafieuses qui habitent la région. Mais la tolérer à la suite d’un tel raisonnement serait tout aussi ingénu que néfaste pour la nation sénégalaise. En effet, en plus de miner l’identité nationale sénégalaise par leurs verbes pompeux et des instruments efficaces de propagande à grande échelle – le journal « la voix de la Casamance » en ce qui se rattache aux méthodes intellectuelles ou la distorsion de certains événements majeurs pour les méthodes émotionnelles et d’affectation des préjugés des populations locales – le mouvement rebelle relève du pernicieux pour la région parce qu’il entrave l’agriculture par l’apposition de mines dans les sols et terrains si fertiles aux abords de ces forets – une pensée à ces démineurs qui ont été détenus en otage pendant des semaines à cause de leur résolution d’agir pour le bien, de sauver d’éventuelles vies innocentes et de redonner une vie au spectre régional ! -. Le mouvement rebelle relève du pernicieux parce qu’il pousse des sénégalais, au même titre que tous, à devoir quitter le territoire national, leur village natal, tout ce qui leur est cher, pour se réfugier et bénéficier de quelque supposée hospitalité gambienne. Le mouvement rebelle relève du pernicieux parce qu’il gangrène le potentiel touristique du pays de la téranga car il faut admettre que les peuples de la région par leurs traditions, leurs spécificités culturelles si bien conservées, leurs rites, etc. de pair avec le panorama exceptionnel en lieu ne concèdent que difficilement la compétition. Le mouvement rebelle relève du pernicieux parce qu’il stimule une image fausse et dépravée de l’une des plus belles régions du Sénégal la condamnant au marasme économique et à l’isolement politique. Le mouvement rebelle relève du pernicieux et doit être éradiqué parce qu’il a été responsable de la mort de 2 civils, 8 militaires, de la disparition d’un neuvième et des complications sanitaires d’un dixième homme de tenue suite à l’attaque du poste militaire(!) de Diégoune  en fin 2011. Deux années auparavant, c’était 6 autres militaires qui perdaient la vie aux abords de la frontière bissau-guinéenne, héros de notre temps enroulés dans le linceul de l’oubli, consumés par des feux négligés mais hélas bien présents. Malheureusement semble-t-il que des fois, l’on ne se soucie – faudrait-il s’en rendre compte d’abord ! – que de très peu du fait que, du pillage répété des villages, du braquage continu de véhicules, ou l’adoption de la guérilla, le MFDC ou du moins certaines factions nouvelles ont connu un regain d’audace et, avec une certaine désinvolture, ont attaqué en 2012 une brigade de gendarmerie dans le département de Bignona perpétrant un mort, 3 blessés et 2 disparus ; et ceci tout juste après le rapt de militaires sénégalais et l’attaque contre le cantonnement militaire de Kabeum. Dans cette mouvance, l’une des dernières attaques majeures en date constitue celle de la ville de Kafountine à juste 75 kilomètres de Ziguinchor ( !) occasionnant 5 morts et l’arrêt de plusieurs commerces. Et tout cela sans compter ces centaines de morts non-médiatisées qui continuent à hanter les consciences.

Voilà ! C’est pour toutes ces raisons qu’un esprit avisé ne devrait guère interpréter la baisse des hostilités comme fruits d’une quelconque diplomatie mais plutôt la rattacher à d’autres réalités, eu égard aux hypothèses avancées supra. Le mouvement rebelle relève du pernicieux et doit être éradiqué parce qu’il constitue donc une épée de Damoclès qui pèse sur le quotidien sénégalais. Suffirait-il peut-être même d’accorder aux rebelles une certaine puissance militaire et que ces derniers ne fussent pas au bord du rouleau pour que la situation advenue au Mali ait une réplique? Et c’est pour toutes ces raisons que nous devons intervenir sans tarder et résoudre le problème de la manière la plus opportune possible…


CASAMANCE ACTE I : Là où tout a commencé…

guerre_casamanceVous êtes sénégalais…

Savez-vous depuis quand et pourquoi la guerre a éclaté en Casamance? Connaissez-vous les réels fondements des revendications du MFDC ? Avez-vous une idée du nombre de victimes que le conflit a fait? Ne vous êtes-vous jamais posés de questions sur le climat obscur dans lequel vivent les honnêtes gens des villages du bas Ziguinchor ? Ne vous êtes-vous jamais interrogés sur ce qui fait que les négociations entre l’Etat et le MFDC n’aboutissent jamais? Enfin, doutez-vous vraiment de la volonté de l’Etat sénégalais quant à la résolution de cette crise ?

Si vous vous êtes déjà posés ces questions, c’est que vous êtes habités, à la fois, par l’amertume de ne pas obtenir de réponses concrètes et l’envie de finir, une bonne fois pour toute, avec ce conflit qui n’a que trop duré ! Par contre, si vous ne vous êtes jamais posés des questions de ce genre, alors sachez que vous faites partie des gens qui donnent raison aux militants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance!

Nous allons tenter d’apporter réponses à vos interrogations…

Il faut tout d’abord savoir que les idées de sécession de quelques groupes de casaçais ne date pas d’aujourd’hui, elles ont été prononcées bien avant l’indépendance. Cependant, il est important de souligner que les portes flambeaux n’ont été jusqu’ici que des diolas, peuple qui n’est pourtant pas seul dans cette région où mandingues, peulhs, socés et autres peuples, vivent dans la plus grande harmonie. De ce fait même si en parallèle avec la SFIO, le BDS et le PRA-Sénégal, Emile Badiane, Edouard Diatta, Edouard Diallo et Ibou Diallo fondaient le parti politique MFDC le 4 mars 1947 dans la perspective d’émancipation des colonies françaises de l’époque, le bureau a toujours était piloté par des diolas…

Cependant, il faut savoir que le MFDC n’a pas toujours été le seul sur le terrain politique indépendantiste casaçais. En fait, le Mouvement Autonome de Casamance (MAC) d’Assane Seck et de Louis Dacosta avait lui aussi évoqué des idées sécessionnistes ; mais sans vraiment aller jusqu’au bout. En effet, tout comme les fondateurs du MFDC, ils créaient ce dit parti politique dans le but de donner une voix à la Casamance qui n’était pas pourvue de beaucoup d’intellectuels, comme Dakar et Saint-Louis qui abritaient la majorité des hommes politiques, à l’époque. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle ils se sont tout de suite rattachés à de grandes coalitions, après avoir été reconnus par la classe politique. C’est dans cette optique que le MFDC se rattacha au BDS (Bloc Démocratique Sénégalais) de Senghor et le MAC au PRA-Sénégal (Parti du Regroupement Africain – Section Sénégal). Toutefois, après le référendum de 1958 consacrant la victoire du BDS sur le PRA-Sénégal, en l’occurrence celle du « oui » à l’Union Française et « non » à l’indépendance immédiate, ce dernier se trouva condamné à disparaitre, emportant dans son sillage le MAC. Le MFDC, quant à lui, n’annonça pas de dissolution officielle mais s’estompa complètement de l’arène politique, phagocytée par le BDS…

Au lendemain de l’indépendance, Senghor accorda donc à leurs hommes forts des postes importants dans l’Etat, marquant par cela-même l’avènement d’une ère d’espérance, d’espoir d’un Sénégal uni, résolu et décidé dans sa marche vers l’autonomie et le développement. Mais c’était sans compter avec la prise en otage du pouvoir et la relative mal-gouvernance dont fit montre le PS (Parti Socialiste), semant ainsi le doute dans les esprits et faisant grandir, de plus en plus dans le peuple sénégalais, l’amertume d’être trahi et d’être mené en bateau ! Dans ce contexte, des grèves et des manifestations, portées par des étudiants, éclatèrent alors un peu partout dans le pays, notamment à l’UCAD de Dakar. C’est ainsi que les élèves du lycée de Djignabo de Ziguinchor, à leur tour, manifestaient en 1981…

A l’époque, les revendications mises en avant par les grévistes étaient l’absence d’infrastructures scolaires et sanitaires décentes dans la région de Ziguinchor. Malheureusement, le mouvement, dirigé au début par des élèves, sera très vite revendiqué, récupéré et instrumentalisé par les hommes politiques sécessionnistes de la région.  C’est d’ailleurs le parfait clonage des événements et manifestations relatifs aux élections présidentielles de 2012, qui sont nés dans le sillage du mouvement « Y’en a marre » mais dont le succès a été en quelque sorte détourné, ravi et exploité par l’opposition qui s’en était appuyée pour battre campagne. C’était exactement la même chose qui s’était produite avec les hommes politiques séparatistes de l’époque qui avaient profité de l’effervescence autour de cette grève pour laisser charrier leurs idées et précipiter leur requête de sécession au gouvernement. Malheureusement pour eux, Abdou Diouf, Président de la République de l’époque, leur fit  volte-face et préféra plutôt négocier avec les élèves, en confiant à ses ministres le soin de satisfaire leurs revendications.

Dès lors, la frustration gagna de plus en plus le camp des politiciens séparatistes qui voyaient le gouvernement les esquiver et par conséquent, anéantissait cette superbe opportunité pour eux d’assoir leurs idées. Ils reculèrent malgré eux-mêmes, se préparèrent, se mobilisèrent et revinrent en force avec la manifestation de Noel 1982. Lors de cet évènement, des centaines de personnes défilèrent dans les rues de Ziguinchor pour réclamer la sécession. Ainsi, ils se ruèrent dans les institutions et services étatiques et se précipitèrent de descendre et souiller le drapeau de leur propre patrie. Heureusement, cette hérésie fâcheuse, honteuse et scandaleuse ne fut pas l’œuvre du peuple ziguinchorois, ni celui diola, mais celle d’une minorité de têtes brûlées qui étaient manipulées par une classe politique locale mesquine et sans aucun crédit ! Alors, la gendarmerie, , sous l’ordre du Président Abdou Diouf, repoussa et dispersa la foule. Elle arrêtera également quelques manifestants qu’elle interrogera le lendemain, avant des les relâcher.

Une réunion d’urgence s’organisa au sein de l’Etat ; ce qui fût le point de départ officiel de la crise casamançaise…


Le Maghreb à terre!

1361_printemps-arabe_650x370L’actualité politique mondiale de ce dernier quinquennat est particulièrement marquée par la vague de soulèvements populaires qui sévit au Maghreb. Ces révolutions ont été pour la plupart la cristallisation de décennies d’amertume, de peine et d’injustice qui ont fini par entrainer la colère des peuples. L’on se rappelle tous de ce fameux printemps arabe où un ouragan de manifestations se déferla sur la région au point que, même les pays arabe les plus stables sur le plan politique annoncèrent tous des réformes. Dans certains, ces derniers ne furent pas toujours suffisants et les éternels dictateurs des pays telle la Tunisie, la Lybie et l’Egypte, tombèrent tous l’un après l’autre…

Tunisie – Tout avait commencé le 17 décembre 2010 avec le triste suicide du jeune vendeur tunisien Mohammed Boizizi. Ceci se transforma rapidement en un puissant catalyseur qui boosta la prise de conscience et réveilla le ras-le-bol de continuer à subir les affres d’un régime injuste et sans pitié. Cette Tunisie où jeunes et vieux dormaient chaque nuit et se réveillaient chaque matin avec les vices du gouvernement Ben Ali, en avait marre. Plus que marre. Dès lors, le processus enclenché par Boizizi et porté par une mouvance populaire extraordinaire s’étendra d’une vitesse affolante sur tout le territoire, transformant ainsi le pays en un véritable brasier. Des millions de tunisiens manifestèrent jour et nuit et se battirent au prix de leur vie ; dans le but d’avoir un futur meilleur. Les combats sanglants se multiplièrent et les rues devinrent des lieux d’affrontements entre forces gouvernementales et manifestants. Après des mois de pression, le bouchon sauta enfin et Ben Ali tomba le 14 janvier 2011, après 24ans de règne !

Près de trois ans après, la Tunisie n’est pas toujours sortie de ses cauchemars ! La crise est toujours présente dans le pays et les manifestations anti-régimes sont devenues un culte. Bref, la situation va de mal en pis. Tout de même un nouveau gouvernement est parvenu à prendre les commandes, mais n’arrive toujours pas à mettre en place une politique claire de sortie de crise. Le secteur touristique qui a toujours fait la fierté du pays a chuté de près de 50% et l’économie du pays continue de plonger dans les bas-fonds de l’obscurité…

Lybie – C’est ce qu’on appelle un ricochet ! En fait, étant donné que la majorité des pays du Maghreb avaient le même genre de régime qui les dirigeait depuis une éternité, le soulèvement d’un voisin peut semer d’innombrables doutes dans la tête de l’autre. Le peuple libyen vient d’entrer dans la danse…

Dirigée par des rebelles venant de Bengazi, un soulèvement périlleux –quand on connaissait l’armada de Mouammar- s’engageait le 16/02/2011 contre Kadhafi. Après un mois de combats, ils seront appuyés par l’OTAN avec l’accord du Conseil de Sécurité pour intervention militaire. Kadhafi entama une parfaite résistance mais la pression devenait trop fort. Il finira par céder et fuir Tripoli. Après des semaines de cavale, il sera retrouvé et vulgairement assassiné dans sa ville natale de Syrte où il s’était réfugié. Un Comité National de Transition (CNT) se forma et prit les commandes.

Après près de 24 mois, le pays ressemble à de la sauce bolognaise ! Les CNT se suivent et se ressemblent. Ils se forment et disparaissent tous sans vraiment réussir à mettre en place un Président souverain et un Etat fort. Le gouvernement Sarkozy qui a armé les rebelles de Bengazi, engagé l’OTAN sur le terrain, et aidé à renverser Kadhafi n’est plus au pouvoir. [Le gouvernement Hollande qui l’a remplacé préfère aller jouer les héros au Mali. Comme quoi chaque gouvernement a son intervention…] Laissé à lui-même, la Lybie n’est pas proche du chaos, il est en son plein cœur ! Figurez-vous que le pays est toujours dirigé par un gouvernement provisoire, depuis la chute de Kadhafi. L’Etat est plus que faible et l’anarchie règne totalement dans le pays. Sa côte dans le marché de l’investissement a dégringolé et son PIB va battre les records de décroissance. Cerise sur le gâteau, les libyens ne seront sans doute pas surpris de voir quelques exploiteurs pétroliers occidentaux s’implanter dans le pays. Oh que oui ! L’OTAN ne fait jamais rien sans rien chers frères.

Egypte – Et de trois ! Jamais deux sans trois ! Cependant, cette troisième sera nettement beaucoup plus longue que prévue. D’ailleurs, il est loin de signer son épilogue. Mais bon, flash-back !

Le pays avait commencé à se mettre en ébullition après le suicide d’un manifestant le 17 janvier 2011. Par la suite, les opposants du pays  organisèrent de plus en plus de manifestations en vue de protester contre le régime d’Hosni Moubarak et exigèrent sa démission immédiate ; celui-ci fit sourde oreille… L’effervescence se forma rapidement et fût tellement bouillante que la place Tahrir se transforma en lieu de recueillement et de communion. Tourmenté, Moubarak usera de toutes ses forces pour prôner le dialogue sans pour autant réussir à arrêter l’hémorragie. Après 30 ans de pouvoir, il finira par démissionner. Un gouvernement de transition se mit rapidement avec comme objectif de stabiliser le pays et d’organiser dans les plus brefs délais des élections. Moubarak sera, lui, arrêté et mis en résidence surveillée. Depuis, son procès sera plusieurs fois reportés et est dernièrement prévu le 5 septembre prochain. Pas sûr qu’elle aura lieu vu le climat dans lequel le pays se meut…

En fait, l’Egypte vit aujourd’hui l’époque la plus sombre de son histoire politique. Après avoir guéri la maladie Moubarak, il se retrouve confronté à une autre morbidité, celle de l’anarchie. En effet, le CNT issu de la révolution a tardé, a peiné, mais a quand même réussi à atteindre son objectif : celle d’organiser des élections libres et démocratiques. Même si ces dernières caractéristiques restent douteuses, les élections auront quand même accouché d’un verdict. Ils ont consacrés Morsi des « frères musulmans » comme nouveau chef d’état du nouvel Egypte. Toutefois, les contestations de l’opposition quant à la reconnaissance du nouveau président se firent entendre dès le soir de la proclamation des résultats. Le lendemain, accompagnés de leurs militants, les opposants s’engagèrent de nouveau dans un combat politique. En fait, ils dénonçaient non seulement une fraude dans les élections, mais prédisaient aussi une dictature idéologique de la part des « frères musulmans ». -Le temps ne leur a pas donné pas forcément raison !- Ainsi, les manifestations regagnèrent du sang neuf et s’intensifièrent de jour en jour. La place Tahrir rebattait son plein et des millions d’égyptiens réclamaient le départ de Morsi, un an seulement après son arrivée au pouvoir. Cependant, une donne qui me semble être zappée par la presse internationale -sans doute penchant pour une partie comme d’habitude- est venue apporter une nouvelle touche d’épices à ce nouveau soulèvement.

En effet des centaines de femmes, arborant des bourkas, défilèrent à leur tour pour soutenir Morsi et défendre l’instauration de la sharia. D’autres millions de manifestants les emboiteront le pas en se proclamant les portes voix de ceux qui sont de l’autre côté de la balance : ceux qui veulent de Morsi. Malheureusement, les anti-Morsi, bénéficiant du soutien de la presse internationale, se montrèrent plus décisifs à tel point de rallier l’armée à ses côtés. La pression augmenta au sein du camp de Morsi et l’étau se resserra de plus en plus contre lui. Il refusa de céder à la requête de quitter le pouvoir émise par les manifestants et proposa des assises politiques à la place. Mais la demande sera rejetée et Morsi est arrêté et renversé le 04 juillet dernier par l’armée.

Dernièrement, elle vient de mettre en place un gouvernement d’urgence et nommer un certain Adli Mansour comme président intérimaire. Mais la roue tourne ! Aujourd’hui, les frères musulmans ne reconnaissent pas à leur tour Berrada. Ils refusent d’accepter que Morsi si légitimement élu soit renversé sans raison valable, dénoncent un coup d’état et ont entamé des manifestations houleuses. Cette semaine les heurts entre pro et contre Morsi ont fait de nombreux morts et plusieurs blessés.

Tout cela laisse repenser à l’ambiance qui sévissait dans le pays pendant le soulèvement contre Moubarak. L’intervention de l’armée n’aura en fait qu’empirer les choses. En plus d’être contre la morale, le coup de force de l’armée traduit une nouvelle fois combien la souveraineté du gouvernement n’est que théorique dans certains pays. Le fait que l’Etat y soit faible et que le véritablement pouvoir soit détenu par l’armée, rend la tâche difficile pour les présidents de légiférer correctement. En plus, comment créer un Etat stable si des présidents légitimement et démocratiquement élus ne finissement pas leur mandat ? La formule est connue : coup d’état ou renversement populaire, mise en place d’un CNT, élections « dits libres et démocratiques », nouvelle constitution, nouvelle soulèvement et c’est reparti ! Comme quoi, les égyptiens sont en train de  tourner en rond…

Il est grand temps que les peuple grandissent et soient mâtures. Une révolution est géniale et décisive mais quand elle est pertinente ! Elle doit s’inspirer des expériences précédentes afin d’en tirer les leçons nécessaires pour corriger le tir et repartir de l’avant. Malheureusement, l’euphorie et le feu de l’action fait souvent oublier aux gens qu’il existe un lendemain à tout cela. De ce fait, la transition devient toujours difficile et la restauration de l’ordre, un cancer incurable.

Et puis, la démocratie exclut certaines pratiques et a besoin de valeurs pour s’épanouir. Le Sénégal fait partie des rares pays africains qui n’ont jamais connu de coup d’états ou de soulèvement populaire. Ce n’est pas parce que les sénégalais sont lâches ou encore, que tout va bien au Pays de la Téranga. Non, du tout ! Le sénégalais lambda est conscient qu’il a une arme en sa possession : sa carte électeur. C’est tout! Tout président qui a été élu aux suffrages universels  doit être destitué par ce même procédé. Même si cela n’empêche pas le fait que certaines dictatures persistantes doivent tomber par A ou B…

Faisons des révolutions mais donnons les un sens. L’Egypte est un brasier, la Lybie est en train de pourrir et la Tunisie se cherche encore… Quel lendemain pour les révolutions ?


Le maquis du régime de Macky


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Dans un climat très tendu et mouvementé, le Sénégal connaissait le 26 mars 2012 la deuxième alternance de son histoire. Après 12 ans de régime libéral, les sénégalais avaient en effet senti le besoin de changer de méthode et d’apporter du sang neuf ! Mais est-ce que Macky aura fait l’affaire ?

Ayant marre des innombrables coupures  d’électricité et inondations, de la pauvreté, du chômage, de la mauvaise gouvernance et des manipulations quotidiennes de la constitution, les sénégalais s’étaient levés pour barrer un troisième mandat au PDS. Ainsi, les rassemblements populaires étaient devenues monnaie courante et la violence enflammait les rues de Dakar. Wade en était dénudé et les militants libéraux rasaient les murs. Et pendant ce temps-là, de l’autre côté, les manifestations du M23 battaient leur plein, « Y’en a marre » multipliaient les fronts, les étudiants descendaient de plus en plus dans les rues et « Benno Bokk Yakaar » s’emparait de l’engouement populaire…

Ainsi, dans la plus haute tension, les élections présidentielles finissaient par consacrer la victoire de Macky Sall avec 65,80% des voix contre 34,20% pour Wade. Oh comme l’effervescence avait gagné les rues de Dakar ! Les drapeaux flottaient, les voitures klaxonnaient et une marée humaine savourait dans les rues leurre victoire sur Wade. Son tombeur, lui, Macky Sall, pétillait des yeux…

La passation de pouvoir se déroula dans la plus grande ferveur et la prestation de serment avait les allures de prêches d’un messie. Le soir venu, les sénégalais venaient de tourner une nouvelle page de l’histoire politique du pays et attendaient en cela, une vie meilleure. Le lendemain promettait des rayons de soleil et l’espoir avait comme par enchantement renaquis de ses cendres…. Mais après 1 an et 6 mois après, jour pour jour, le constat est là : rien !

En effet, l’accession au pouvoir du président Sall était synonyme pour le peuple sénégalais de cassure avec les frasques du régime Wade. Cependant, en repassant au crible le pays ces derniers mois, on peut clairement se rendre compte que cet espoir s’est vite transformé en amertume. Le chômage bat ses records, la santé hâlette, l’éducation boîte, l’industrie stagne et l’économie dans un cadre général, continue de ramper. Comme par magie, le pays est exactement comme la laissé Wade : à genoux ! Et malgré tous ces maux qui se cancérisent et la phobie des inondations qui ne tarderont pas à refaire surface, les débats par excellence au pays de la téranga sont axés sur des projets de loi, sur la justice, sur l’homosexualité etc. En fait comme vous l’avez surement constaté, il y a eu depuis l’avènement du Président Sall, la venue d’une nouvelle pop star qui attire les média : la justice. Propulsée par la CREI (Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite), elle garnit chaque matin les unes des journaux de ses rebondissements et des frasques. Mais si le fond est tout à fait légitime et salutaire, la forme reste encore très discutable.

Outre le fait qu’elle soit carrément partiale- seuls les membres du PDS sont ciblés, la chasse aux voleurs de la république  se fait dans le plus grand amateurisme. Quand les uns sont convoqués sans motif concret si ce ne sont des suspicions, les autres sont relâchés, faute de preuves tangibles. Quand les procureurs s’évertuent à mettre tous les dossiers au nez de la presse, la ministre de la justice joue l’one-woman-show avec ses délires. De ce fait, les échecs s’enchaînent et s’accumulent pendant que le clan Wade continue à faire disparaître les deniers dérobés. Et pour ce fait, le plus grand fiasco aura surement été l’affaire Dubaï Port World à cause de laquelle Karim Wade où l’homme le plus visé par la CREI  est accusé d’être un actionnaire du groupe émirati ; ce qui lui vaut actuellement d’être incarcéré à Reubeuss. [Il sera accusé plus tard d’avoir détourné près de 700 milliards de FCFA et d’avoir loué un avion au nom de l’Etat et pour son compte] .Or, les derniers communiqués du conseil des ministres, annonçaient récemment des pourparlers entre l’Etat et la direction du DPW dans le but d’éclairer tous les zones d’ombres de cette affaire et d’éviter toutes coupures diplomatiques entre Abu Dhabi et Dakar. Et comme vous devez sans doute le savoir, ces discussions n’avaient finalement rien à voir avec l’affaire Karim et avaient principalement pour objet de trouver un commun accord en ce qui concerne l’accusation du non-paiement du ticket d’entrée. A l’issue, DPW s’engagera à verser 24 milliards de FCFA à l’Etat sénégalais en guise de dédommagement. En ce moment, l’enquête sur Karim concernant cette accusation est à l’arrêt depuis qu’Abu Dhabi a blanchi ce dernier. Loin de prendre la défense de Karim Wade, je voudrai juste que les sénégalais soient plus vigilants en ce qui concerne cette sale affaire de « chasse aux voleurs ». Et puis de toute façon, un autre débat beaucoup plus intéressant a pris sa place depuis le 1er juillet dernier.

Il s’agit tout bonnement de l’instauration de la réciprocité du visa. Désormais, tout ressortissant d’un autre pays excepté ceux de la CEDEAO, aura besoin d’un visa d’entrée pour feindre le territoire sénégalais. De cette décision, beaucoup d’encre a coulé et la réaction aura été à peu près le même, c’est-à-dire : « il a eu le cran de renvoyer la gifle diplomatique aux occidentaux ». Mais de quelle gifle vous parlez ? Un français peut à tout moment prévoir d’aller au Sénégal le soir et de voyager le lendemain ! D’ailleurs, il existe même ce principe de pré visa qui permet de voyager librement au Sénégal et de payer le montant du visa une fois arrivée à Dakar. Alors je ne vois pas vraiment en quoi cette loi a changé quelque chose sur le plan diplomatique. L’aspect positif n’est que le fait qu’il y aura un gain financier puisqu’il ne s’agit pas de visas comme on nous en demande dans les ambassades des pays occidentaux mais de frais d’entrée comme les tickets qu’on achète pour aller en club. En plus le secteur touristique a depuis retenu son souffle et a annoncé une baisse de 150 milliards de FCFA ; encore faudra rappeler que le tourisme est un pilier de notre économie qui fait vivre des milliers de sénégalais. Pour en avoir le cœur nette, je vous invite à aller faire un tour du côté de Soumbédioune, Mbour, Saint-Louis, Gorée ou encore au Cap Sikirring. En ce qui me concerne, je suis à 100% derrière Macky sur ce point même si j’aurai voulu qu’il soit beaucoup plus coriace. Donc ceci n’aura été qu’un rappel à l’ordre à tous ces jeunes qui pensent que la vengeance a été lancée. Non ! Il en faudra plus pour rendre la gifle diplomatique. Voilà, et de par ces derniers mots nous fermons ce volet pour se plonger au cœur des besoins pressants et primaires des sénégalais.

Nous en avons fait le chapelet tout en haut et il est vraisemblablement très clair que la situation économique du pays n’a pas changé d’un seul iota depuis le départ Wade. Aujourd’hui, le Président Sall semble même être dépassé par la situation actuelle du pays et toutes ses promesses pré-électorales restent désormais à travers la gorge des sénégalais. Il avait dénoncé les soubresauts du régime de Wade, il remanie comme il veut -et c’est doublé de népotisme-. Il avait dit qu’il diminuerait le train de vie du gouvernement, il a distribué des Mercedes classe S350a à ses ministres et a acheté 150 4×4 Prado Toyota, estimés à 45 millions l’unité. Il avait dénoncé la cherté de la vie, les prix sont au beau fixe et n’ont guère bougés. Il disait avoir un plan pour l’électricité, les coupures sont dans leur état le plus normal. De plus, le chômage continue de grimper et les coupures d’eau sont venu s’ajouter au calvaire des sénégalais. Alors, où est le rôle de Macky dans tout ce pétrin ? Qu’est ce qui s’est amélioré sous le Président Sall ? Peut-on garder espoir après toute cette trahison ?

Je ne pense pas. On ne pourra que saluer sa volonté de mettre derrière les barreaux les voleurs de l’ancien régime, même si la chasse ne se fait pas dans les règles de l’art. Mais outre cela, l’alternance du 26/03/2012 ne vaut pas grand-chose.

Conséquences, Il est de plus en plus lâché par ceux qui l’ont élu. « Y’en a marre » a rendu le tablier, « Benno Bokk Yakaar » risque d’imploser, le M23 le fustige dorénavant et le peuple sénégalais ne croit plus en lui.

Aujourd’hui, l’amertume est la chose la mieux partagée au Sénégal. En vérité, ils ont juste su que Macky les a joué un vilain tour comme ses prédécesseurs et ses pairs africains. Ils ont su que les conseils des ministres décentralisés n’était qu’un moyen de battre indirectement campagne pour les législatives passées. Ils ont su que les milliards promis à chaque région ne sont que pure fiction. Ils ont su que le slogan « la patrie avant le partie » n’est que sophisme. Ils ont découvert qu’ils ont été menés en bateau et qu’ils ont été trahis. Bref, ils ont su et se sont rendu à l’évidence que Macky ne vaut pas plus que Wade, sinon pire….


Pourquoi entreprendre?

Révolte débordante ?

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

L’Afrique s’interroge d’avantage sur son futur. A cet effet, Peter Drucker disait bien que « La meilleure façon de prédire l’avenir c’est de le créer»  Ce que les anglais avaient bien compris à l’époque de la révolution industrielle, nous les africains semblons toujours avoir du mal à le comprendre.

En effet, A l’orée du XXIème siècle, le continent africain reste encore dans les fers de l’obsolescence qui nous suit, nous blesse, nous infecte et nous gangrène. La preuve, les vestiges coloniaux, des infrastructures jusqu’aux lois, n’ont pas subi de grandes transformations en général et s’adaptent donc mal à la marche du temps.

A l’orée du XXIème siècle, le continent africain reste encore dans les fers du fatalisme qui nous rend poltrons, paresseux, faibles et non créatifs. Nombreux sont ceux d’entre nous qui continuent à croire que la réussite dans un quelconque domaine dépendrait de l’action des forces mystérieuses du cosmos. Or, « la primauté des forces surnaturelles sur l’esprit cartésien ne favorise naturellement pas la dynamique de développement. »

A l’orée du XXIème siècle, le continent africain reste dans les fers du conformisme et du mimétisme. En réalité, la logique traditionnelle selon laquelle « il faut préserver le savoir et le rendre tel qu’on la reçu » nous rend inféconds en termes d’innovation. Si les anglais avaient eu la même attitude, « notre monde n’aurait jamais eu l’essor prodigieux qu’il a connu depuis l’invention de la machine à vapeur, jusqu’à la découverte de l’espace. »

A l’orée du XXIème siècle, l’heure est grave, l’heure devrait être celle de la création, l’heure devrait être celle de l’entrepreneuriat.

En effet, nous vivons aujourd’hui dans un contexte de croissance économique faible et de taux de chômage élevé. Le marché de l’emploi est saturé et les conséquences qui en découlent sont colossales. C’est la raison pour laquelle, nous devons favoriser chez les jeunes l’entrepreneuriat et la création d’entreprises. Cette action permettra de créer de nouveaux emplois, réduisant ainsi le taux de chômage: si quelques jeunes hommes et femmes pensent investir dans de nouveaux secteurs d’activités au lieu de se bousculer dans les petites entreprises existantes, il y’aurait sans doute moins de sous-emplois et de plaintes, car créer des entreprises, c’est créer des emplois ; créer des emplois, c’est augmenter le pouvoir d’achat de la population ; augmenter le pouvoir d’achat de la population, c’est faire rouler l’économie à une vitesse supérieure et c’est corrélativement participer au développement durable.
Ce type de développement favorise l’émergence économique, le bien-être social et la protection de l’environnement. Ainsi, l’entreprise à créer doit se mettre dans cette mouvance. Il faut qu’elle génère une constance économique et sociale positive ; et ce n’est pas mission impossible. Les exemples sont patents.
Vendeur de colas, muni d’un âne, d’une charrette et d’une pelle, le défunt Oumarou KANAZOE du Burkina Faso qui eut investi 38 milliards dans les caisses burkinabés était parvenu à conquérir, seul grâce à son génie et à sa volonté, le monopole du commerce de matériaux de construction dans son pays. Patrice Motsepe en Afrique Du Sud (African Rainbow Mineral), Samuel Esson Jonah (l’ouvrier devenu financier), Aliko Dangote au Nigéria, Mo Ibrahim (CELTEL, Soudan), jusqu’à Yérim Sow  et Amadou Diaw au Sénégal sont autant de noms qui doivent nous inspirer, car nous ayant montré que le succès n’est à personne, si ce n’est à ceux qui en veulent ; ceux qui rêvent et  qui osent poser le pas. (Cheikh Ahmadou Bamba N’diaye)

Ils ne seraient malheureusement pas aussi nombreux que nous l’espérons dans ce continent. Tenez l’exemple simple de l’électricité. Nous savons tous que l’importance du soleil pour une meilleure production d’électricité et pour le développement économique en Afrique n’est plus à démontrer. Alors comment explique-t-on le fait que l’électricité soit citée comme principal obstacle au développement des entreprises alors que le soleil est à l’Afrique ce que le sable est à la mer ? Il y en a en abondance ; un fait que les Etats semblent ignorer lorsqu’on sait que, jusqu’à présent, les délestages sont récurrents.
NOUS SOMMES INCORRIGIBLES !

Chers frères et sœurs, nous devons donc entreprendre. Le défi d’exister nous l’impose. Alan Scottnous disait : « Si vous faites toujours ce que vous avez toujours fait, vous aurez toujours ce que vous avez toujours eu.»  Nous devons donc créer, innover, faire exploser notre esprit de créativité. NOUS DEVONS ETRE INSATIABLES, NOUS DEVONS ETRE FOUS. « L’entrepreneuriat est ni une science ni un art. Il s’agit d’une pratique » (Peter Drucker)une pratique fondée sur l’imagination, l’imagination dont Albert Einstein disait qu’elle « nous amènera partout »C’est donc une belle chose de le préconiser, mais aussi de l’appliquer. Et à cet effet, Napoléon Hill l’y rejoindra en cela qu’il dit que « Toutes les réalisations, toutes les richesses acquises, ont leur début dans une idée». En tout cas, ce n’est pas ce qui manquera à l’être humain  car d’une situation découle toujours une idée.

Dès lors, nous devons faire abstraction du fatalisme et avoir le courage de prendre les choses en main. La pourriture est le laboratoire du vivant et c’est dans les moments difficiles qu’apparaît le génie de l’homme. Par conséquent, nous ne devons pas rester les bras croisés car comme le dit si bien Vidal Sassoon, « Le seul endroit où le mot succès vient avant le mot travail est dans le dictionnaire. »Et pour nous conforter et nous aider à mieux préparer notre descente dans le monde de l’entrepreneuriat Richard Branson nous dira que les « Opportunités d’affaires sont comme les bus, il y a toujours un autre à venir». Il n’y a donc aucune raison d’avoir peur ou de craindre quoi que ce soit.

Aussi faut-il savoir que toute entreprise n’est pas forcément vouée au succès. Donc en cas d’échec, faites comme Thomas Edison! Dites vous que vous n’avez pas échoué et que vous avez juste trouvé 10 000 moyens qui ne fonctionnent pasEn réalité, il est même plus facile d’échouer que de réussir. L’important est de toujours persévérer.

Alors, à vue cavalière, le monde de l’entrepreneuriat peut être une gigantesque valse d’ascensions et d’échecs, mais je n’en suis pas pour autant au point mort. Or, ce n’est pas la force, mais la persévérance qui fait les grandes œuvres. Adrien Decourcelle nous disait que « la persévérance est la noblesse de l’obstination ». Un proverbe africain dit bien que c’est « un talisman pour la vie. » Aujourd’hui, L’Afrique-Mère appelle ses jeunes fils, et j’en suis un. Je suis un afro-inconditionnel et lorsque je souffre pour ce continent, je souffre avec plaisir. Donc, je sens qu’il est temps que je mette un DIESE et que J’EXPLOSE.

Par Emmanuel G. B. TURPIN,
Etudiant en 1ère année de Droit des Affaires,
Institut Supérieur de Management,
Dakar/Sénégal.


S’imposer

Mesdames, mesdemoiselles et messieurs,

Ceci est plus qu’un discours. C’est un cri de cœur qui ne doit point tomber dans l’oreille d’un sourd. Merci pour le temps et l’attention que vous lui accorderez.
Petites sœurs et petits frères, grandes sœurs et grands frères, mères et pères, grand-mères et grand-pères, je suis venu aujourd’hui vous parler avec la franchise et la sincérité qu’on doit à des personnes de votre statut, qui de surcroît, on aime et respecte.

En réalité, par devers vous, je veux lancer un message à tous les africains, qui depuis longtemps continuent de se sous-estimer et de nourrir le complexe d’infériorité vis-à-vis de l’occident.
En effet, il fut un moment dans l’histoire où l’homme noir a entendu «de la cale monter les malédictions enchaînées, les hoquettements des mourants, le bruit de l’un d’entre eux qu’on jette à la mer». Il s’en suivit de la vente d’hommes, de femmes et d’enfants, comme de vulgaires marchandises.
Il fut un moment dans l’histoire, où l’Afrique a subi la sournoisie et l’opportunisme de certains hommes, camouflés dans leurs déguisements de civilisateurs. Ces derniers ont pris la terre de nos ancêtres, ont banni les langues, les croyances, les coutumes de nos pères. Ils leur ont dit ce qu’ils devaient penser, ce qu’ils devaient croire, ce qu’ils devaient faire et même ce qu’ils devaient dire. Ils ont arraché nos pères de leur âme culturelle et de leurs racines. Ils ont désenchanté ce merveilleux continent.
Moi je dis qu’ILS N’ONT RIEN COMPRIS !!!

En fait, ils n’ont pas vu la somptuosité, la magnificence et la richesse de l’âme africaine. Ils se sont crus supérieurs, plus avancés. Ils ont alors voulu métamorphoser l’homme africain, le sculpter à leur image, se croyant puissants, plus puissants que les Dieux d’Afrique, plus brillants que la culture africaine, plus énigmatiques que les mystères du fond des âges.
ILS N’ONT RIEN COMPRIS !!!

Et je vous dis, que Schœlcher abolisse l’esclavage n’a pas suffit. Victor Hugo a osé le 19 Mai 1879, assis à la même table que ce dernier, traiter le continent africain de « bloc de cendres », de « monceau inerte et passif qui depuis six mille ans fait obstacle à la marche universelle». Il dixit que l’Afrique farouche n’a que deux aspects : « lorsqu’elle est peuplée c’est la barbarie, déserte c’est la sauvagerie.»
Dire cela, c’est faire preuve d’une ignorance, d’un manque de reconnaissance et d’un obscurantisme caractérisé. C’est ignorer que le continent africain a donné l’exemple civilisationnel au monde entier, qu’il lui a appris comment bien vivre en société, les sciences ou encore comment traiter les femmes (les grecs ne diront pas le contraire) et j’en passe.
Par conséquent, C’EST VICTOR HUGO QUI N’A RIEN COMPRIS !!!

Mais ce dernier ne pourra pas être plus irrespectueux que Hegel qui a affirmé que l’homme noir n’est pas intelligent et qu’il ne sait que chanter, danser et ressentir des émotions.
Eh ben laissez moi lui dire que quelqu’un qui chante et danse, il crée des émotions, et quelqu’un qui sait créer des émotions, de façon volontaire, il est intelligent.
J’en déduirais que l’intelligence qu’on attribue à Hegel n’est pas avérée. Et j’apprécie particulièrement cette citation de Léopold Sédar Senghor « l’émotion est nègre, la raison hellène », qui adaptée à ce contexte, ironise bien les propos de Hegel et lui montre que l’homme noir est intelligent à tel point de le contredire, lui, le grand philosophe reconnu et confirmé par le monde entier.
Finalement, lui aussi IL N’A RIEN COMPRIS !!!

Pourtant, si l’on se réfère à son temps, on le comprendrait mieux que Sarkozy. Ce dernier a eu l’audace (qu’on lui connait tous d’ailleurs), de venir jusqu’en Afrique et de dire que « l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire ». Lui, je ne dirais même pas qu’il n’a rien compris. On lui connait bien cette insolence dans l’intelligence.
Par ces propos, il insulte tout le travail et tous les efforts de Cheikh Anta Diop sur la réécriture de l’historiographie de l’Afrique. Cette phrase remet en question toute son éthique et toute sa morale, mais en plus elle nous montre que jusqu’à présent, nous les africains nous sommes mal respectés. Mais à qui la faute ? Un continent dans lequel seuls quelques pays requièrent des visas pour entrer en leur sein. Dans les autres, les individus se meuvent comme ils veulent ; Et je ne vous parle pas de la complexité de la procédure d’obtention du visa pour la France par exemple. En sus, on entend souvent des meurtres d’africains à l’étranger et les gouvernements ne font pas grand-chose pour protéger leurs ressortissants. Dans les réunions du G8, aucun pays africains n’est présent à part l’Afrique du sud – sinon quelques autres par invitation comme ce fut le cas du Sénégal récemment – et ils sont sensés durant leurs sessions solutionner les problèmes du continent. Mais comment peut-on coiffer quelqu’un sans sa présence ?
Tout ceci témoigne du manque de confiance en soi dont les africains font preuve ; ce leadership intrinsèque que chacun doit cultiver. De quoi a-t-on peur ? On est toujours ébahi de voir des militaires américains débarquer à l’aéroport à tel point qu’on ne les fouille pas. On est toujours dans la logique du « toubab dou niit ».
La preuve, quand Sarkozy est venu nous insulter chez nous, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop l’ont applaudi.
FINALEMENT, C’EST NOUS QUI N’AVONS RIEN COMPRIS !!!
Ce qui est particulièrement inquiétant.

J’espère avoir été assez sincère avec vous.

Mes remerciements les plus respectueux réitérés.

Par Emmanuel G. B. TURPIN,
Etudiant en 1ère année de Droit des Affaires,
Institut Supérieur de Management,
Dakar/Sénégal.


Obama au Sénégal

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Routes barrées, rues nettoyées, rafles de la police, inondations de forces de l’ordre, etc. : voilà le climat dans lequel se meuvent les dakarois ces derniers jours ! Et ceci ne devrait pas changer avant le 28 juin, date de départ du Président américain, Barack Obama…

En fait, Dakar est en parfaite effervescence ! Trois camps se renvoient des arguments !

Les premiers fustigent les mesures drastiques prises par l’Etat sénégalais pour l’organisation de la visite du président américain ! Ils ne trouvent pas d’explication au déploiement de toutes ces forces de l’ordre dans les rues de la ville. Ils ne comprennent pas pourquoi ils n’ont plus d’accès à certaines avenues comme celle de Roum. Ils trouvent honteux et ridicule tout ce nettoyage, ces peintures, ces mises à l’ordre ; et pensent que nous devrions dépasser l’ère du complexe des présidents occidentaux. De plus, ils s’interrogent sur ce que pourrait bien nous apporter une visite de Barack. Bref, ils en ont marre de tout ce cirque !

Au même moment, d’autres voient les choses sous un autre angle… Ils pensent que c’est un honneur que le président américain est choisi de visiter le Sénégal parmi tant de pays. Il est l’homme le plus puissant du monde avant tout et c’est le premier président américain noir. Ils sont ravis de l’accueillir en Terres de la Téranga et ont dans un petit coin de la pensée une petite lueur d’espoir quant à une quelconque aide au développement.

Le troisième camp, c’est MOI ! Etant quand même plus proche du premier que du deuxième, j’ai une vision un peu atypique de la visite d’Obama ! Tout d’abord, je suis en adéquation avec l’Etat sénégalais sur la forme ! Bien entendu, vous êtes d’accord avec moi que Barack Obama n’est pas n’importe qui. De ce fait, les dispositions sécuritaires ne sont pas les mêmes que celles qui auraient été prises à l’occasion d’une visite d’un député socialiste français. Nous sommes en train de parler du président des USA, c’est-à-dire une parfaite cible des organisations terroristes qui sont contre le régime de la maison blanche. Il ne faut pas se mentir et croire en un complexe quelconque. La sécurité menacée perpétuelle du président américain explique toutes ces mesures ! Et juste cela ! Certains me diront que les mêmes mesures n’ont pas été prises pour Macky lors de son séjour aux pays de l’oncle Sam. Mais ce n’est pas la même chose les gars ! Macky est venu à 3 heures du matin à Yeumbeul escorté de quelques hommes seulement. Il n’est ciblé par aucune organisation armée ! Et en plus, il a été en sécurité aux USA ! Il a bénéficié du service des organismes de sécurité sur place ! Toute disposition est à la hauteur du concerné, c’est tout ! Et à propos du nettoyage des rues et des rafles, même si c’est un peu hypocrite de la part des autorités sénégalaises, je ne me plaindrai pas d’être débarrassé de la saleté, du désordre et des délinquants ! Bien sûr, je peux comprendre qu’on réclame une suite à tout cela. Il faut que cela se perpétue après le 28 juillet…

Voilà ! Je ne comprends pas ce vacarme. Je ne conforte Macky en rien, –au contraire- mais je pense juste que ces mesures s’imposent. Maintenant, tout excès est nuisible ; il ne faut pas priver ces honnêtes gens de vaquer à leur occupation.

Pour clore, je lui souhaite – à Obama – un bon séjour et lui conseille de visiter la banlieue et l’Université Cheikh Anta Diop. Ainsi, je pense qu’il aura un bien meilleur aperçu de Dakar. J’aurai même préférer qu’il vienne pendant l’hivernage pour profiter du spectacle des inondations mais ce n’est que partie remise. Et à ces centaines d’hommes d’affaires qui l’accompagnent, je dis : Discutez business mais épargnez nous de vos arnaques et de vos investissement venimeux. Plus jamais l’exploitation par la dette !


Les BRICS et l’Afrique

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Après la triade, l’économie mondiale vient de connaitre un quatrième pivot. En effet, les BRICS sont devenus des partenaires économiques incontournables en cette deuxième décennie du troisième millénaire. Boostés par une forte démographie, ces pays ont su conquérir le marché mondial et exiger une nouvelle répartition des parts. Ainsi, le marché africain qui a toujours été monopolisé par l’Occident, s’est vu submerger de flux émanant d’eux.

Réunis à Durban, lors de leur dernier sommet, les BRICS ont concrétisé leur rêve de se doter d’une banque internationale de développement. Ce dernier qui pourrait avoir comme siège, Pretoria, constitue une étape décisive dans leur projet de s’émanciper de l’Occident et du Dollar. Cette banque dont la capitale s’élèvera à 25000 milliards de FCFA (50 milliards $), aura pour objet principal de financer les infrastructures dans les différents pays membres.

Toutefois, comme le thème du sommet de Durban, à savoir « La coopération avec l’Afrique », l’indique, les BRICS disent accorder une grande importance au partenariat avec l’Afrique. Dès lors, ils ont évoqué de futurs accords économiques win-win ainsi que des financements au développement afin de redynamiser ses relations avec elle.

Du moins ce qu’on puisse dire, ces intentions ont stimulé une grande enthousiasme du côté des autorités africaines. Si elles ont pendant longtemps déploré les clauses des financements de la Banque Mondiale ou du FMI, la création de cette banque devrai constituer un déclic dans leurres relations économiques supranationales.

Cependant, ce vif engouement nous pousse à rester vigilants quant à cette nouvelle donne qui est devenue partie intégrante de nos projets économiques. Une vigilance par rapport aux accords qui seront signés avec des BRICS qui avant tout, détiennent le quart du PIB mondial. Par ailleurs, le géant de cette communauté à savoir la Chine, qui est déjà bien implanté dans le continent, porte désormais la casquette de partenaire et celle d’envahisseur. Autant elle finance d’innombrables projets d’infrastructures en Afrique, autant elle inonde le marché africain.

Evoquant les infrastructures, il est important de souligner que ces chantiers sont exclusivement sous la houlette des ingénieurs chinois et par conséquent ne sont pas accompagnés de transfert de technologie. De ce fait, la dépendance sempiternelle à l’expertise d’outre continent, continue de plus belle sa saga.

Du coup, cette nouvelle tournure du partenariat BRICS – Afrique, a mené les sceptiques à parler de colonisation économique. Même si c’est trop tôt pour faire de telles assertions, la croissance galopante de l’inflation, causée par la porosité de nos frontières économiques dont la Chine a profité pour faire main basse sur le marché africain, peut nous emmener à percevoir ces derniers non plus comme des pays émergents avec qui nous faisons des deals, mais des impérialistes économiques au même titre que les états occidentaux.

Tout de même, il est indéniable que cette nouvelle donne est positive dans la mesure où elle va apporter l’exhaustivité dans les choix stratégiques de partenariat économique. Cette future concurrence quant à la séduction des états africains  devrait nous permettre de passer de l’ère du mono-partenaire à celle des pluri-partenaires. De plus, l’Afrique pourra profiter de cette occasion pour régler une bonne pour toute, la question de l’inégalité des termes d’échanges commerciaux.

Les BRICS viennent avec leurres idées, leurs accords, leurs financements ; à nous maintenant d’enlever les épines de la rose.


Osons reparler d’union

téléchargementMaudit soit le jour où Otto Von Bismarck  a convié ses homologues européens afin d’organiser le pillage du « vrai vieux continent »! Ceci a constitué le troisième coup mortel assené à l’Afrique ; après la traite des esclaves noirs vers le moyen orient et celle vers les Amériques…

Après les indépendances, l’Afrique s’est retrouvée morcelée en une multitude d’entités politiques ingouvernables et sans avenir. Cette situation constitue son plus grand handicape d’autant plus qu’elle est en grande partie à l’origine de ses maux.

Ainsi, au lendemain du départ des européens, certains de ses illustres pères fondateurs ont essayé en vain de la réunir! Parmi eux, Kwamé Nkrumah était l’un des plus engagés qui avait même très tôt dénoncé la balkanisation et qui proposait une union immédiate aussitôt que les colonies auront retrouvé leurres souverainetés. A l’issue de la vague des indépendances dans les colonies anglaises et françaises, il avait réitéré son désir de voir une Afrique unie ; mais son message était apparemment classé sans suite.

Pourtant avant les indépendances, Léopold Sedar Senghor avait lui aussi théorisé un projet d’union qu’il avait mis sur la table de ses différents homologues francophones sous régionaux. Malheureusement, un certain crocodile du nom de Houphouët Boigny lui rétorquait par : « Il est hors de question que la Côte d’ivoire soit la vache à lait de l’A.O.F ! ».

Ainsi, il s’était contenté des réponses favorables du Dahomey, de la Haute-Volta et du Soudan Français. Cependant, les deux premiers désisteront au dernier moment, après avoir subis des pressions françaises et ivoiriennes. Alors, la Fédération du Mali se proclamera le 04 avril 1959 avec comme composants : le Sénégal et le Soudan français. Toutefois, cette union ne durera qu’un an puisque la fédération éclatera le 20 août 1960, suites à des différents entre Dakar et Bamako.

Outre cet essai, le continent aura choisi de décoller avec l’héritage géopolitique colonial. Après sept décennies, le bilan est plus que catastrophique : malnutrition, maladies, éducation fragile, gouvernements corrompus, économie agonisante, crises diplomatiques, coups d’états, guerres civiles etc.

Aujourd’hui, une instabilité politique est notée en Centrafrique, au Mali, en Tunisie, au RD Congo, en Lybie, au Kenya, au Soudan, en Guinée Bissau, au Sierra Leone, au Libéria, en Egypte…

De plus, des conflits de sécession se sont éclatés un peu partout à savoir au Nigéria (le nord), au Sénégal (la Casamance), et plus intensément et récemment, au Mali. Si ces derniers sont en cours, d’effectifs les ont précédés et ont laissé place à une implosion. Ainsi, l’Ethiopie et le Soudan accordaient respectivement l’indépendance, le 24 mai 1993 à l’Erythrée et le 9 juillet 2011 au Soudan du Sud.

Alors, la question qui se pose est de savoir pourquoi nous continuons à nous obstiner si le chemin de la sortie du gouffre est clairement défini. Comment peut-on assoir un développement durable ainsi qu’une justice si le continent demeure morcelé en 54 micros entités politiques ingouvernables, dirigés par de vieux crocodiles? Comment peut-on parler d’avenir si les pays continuent de s’ignorer et de privilégier la coopération avec autres que leurs frères ?

Si des communautés comme la CEDEAO, la CEEAC, l’EAC, la SADC, l’UMA et l’UA, supposent être des unions qui ont pour but de fédérer les états, la situation actuelle montre qu’elles sont inefficaces de fait. En réalité, tout ceci reste pure fiction puisque les rebondissements officieux montrent qu’aucune des politiques nationales n’englobent un réel volet d’intégration.

Toutefois, il n’est ici pas question de s’unir entièrement d’un coup. Au contraire, ce serait foncer droit vers l’anarchie ! Il serait plutôt mieux de se reconstituer en états forts, en tenant compte de la géographie, de la culture et de l’histoire. De ce fait, des fédérations – au vrai sens du terme – sous régionales pourraient être une excellente solution pour résoudre ce problème de fébrilité de nos micros états. Elles mettront en place des entités puissantes et mieux préparées à cette guerre mondiale économique et idéologique qui est la globalisation.

L’Afrique a subi un passé terrible mais n’a plus d’excuses après soixante-dix ans d’autonomie. Si nous parlons aujourd’hui de néocolonialisme, il n’en demeure pas moins que nous sommes maitres de notre destin. Refondons la géopolitique…

Le choix est entre nos mains : s’unir ou périr !


Un conflit clandestin en Casamance

images (1)Depuis le début des années 1980, une guerre permanente et atypique sévit au sud du Sénégal. Elle a ainsi la particularité d’être l’une des guerres les moins médiatisées au monde. Depuis son éclatement, des centaines de morts, plusieurs familles déplacées et des aires effroyablement minées se meuvent dans l’ignorance extrême de la communauté internationale. Plus désolant encore, l’essentiel de la population sénégalaise ignore ce qui se passe réellement en Casamance.

Le MFDC (Mouvement des forces démocratiques de la Casamance) a été créé en 1947 par des intellectuels casamançais. Au début il s’agissait de créer un parti politique afin de donner une voix au sud ! Mais vers les années 1979 et 1980, l’organisation a mué pour devenir le mouvement indépendantiste de la Casamance.

Les causes de la naissance de ce mouvement de séparation sont nombreuses. D’abord, la région casamançaise est la plus riche contrée sénégalaise de par sa végétation luxuriante et ses ressources naturelles immenses. Cette situation lui procure le titre de grenier national du pays. L’exploitation de ces richesses parfois en faisant fi de la population locale a fait naître chez une partie des habitants du Sud un sentiment de victimes d’un pillage systématique de la région au profit d’autres zones, comme Dakar.

Ensuite, la Casamance se trouve être coupée géographiquement du Sénégal  par la Gambie. En effet, la région n’est reliée que par la région de Tambacounda du reste du pays, et ceci par le biais d’une route longue et impraticable. Il existe toutefois d’autres voies d’accès, notamment par la mer et le territoire gambien. Avec cet enclavement, les casamançais ont parfois le sentiment d’être coupé du pays ; et ce sentiment de frustration a nourri une envie farouche chez certains de s’émanciper de la tutelle de Dakar.

Ainsi de 1980 à nos jours, des combats sanglants ont eu lieu entre l’armée sénégalaise et les forces indépendantistes. Ces combats ont déjà fait de nombreuses victimes et continuent à altérer le développement d’une région au potentiel énorme. Des centaines de personnes y ont trouvé la mort et des familles ont été contraintes de quitter la région. Les aires agricoles continuent d’être transformées en palette de mines et l’état de l’économie régionale se dégrade de jour en jour.

Si tous les observateurs partagent l’avis selon lequel cette guerre a trop duré, différents facteurs plaident eux en sa poursuite.

Il s’agit d’abord d’un rendez-vous d’intérêts. En effet, les responsables du mouvement indépendantiste trouvent leur compte dans la poursuite du maintien de la tension, en amassant des fonds énormes provenant de quelques organisations et pays qui les financent secrètement.

A cela s’ajoute le caractère propice de la guerre dans la mise en œuvre d’une vraie économie de la drogue dans la région.

Les trafiquants profitent de l’instabilité de cette partie du territoire sénégalais pour faire fleurir leur commerce, notamment eu égard à la frontière que la Casamance partage avec la Guinée Bissau, depuis plusieurs décennies plaque tournante de ce commerce illicite. De ce fait, les dirigeants rebelles ont en main un business très prolifique.

Ensuite, ils convient de noter un manque notoire de volonté de la part de l’Etat sénégalais. En effet, ce dernier présente une incapacité inquiétante quant au règlement de ce conflit. Pendant que des centaines de soldats sénégalais sont présents sur tous les théâtres d’opérations du moment, le sud du Sénégal continue de se mouvoir dans un conflit aux effets dévastateurs au plan humain et handicapants pour toute stratégie de développement économique. De plus, des négociations concrètes avec les séparatistes n’ont pas eu lieu depuis belle lurette. Il semble même tout à fait clair qu’aucune des deux parties ne cherche à tirer l’autre autour de la table des négociations. Cependant, l’irresponsabilité principale revient à l’Etat sénégalais dont l’une des missions premières est de garantir l’intégrité territoriale du pays.

L’Etat ne craint-il pas de regarder ce conflit en face ? En effet, on note un refus total de la médiatisation du conflit. Depuis l’éclatement de ce dernier, il n’y a jamais eu de chiffres concrets et vérifiés sur le nombre de victimes. Il y a une absence totale de bilan officiel !

Dans la même logique, il y a une abstraction sournoise de la guerre casamançaise de la part des média nationaux. Aucune télévision ne diffuse d’images en rapport avec une guerre qui provoque quasi quotidiennement des victimes civiles et militaires.

Une chose est sûre : le Sénégal est entrain de perdre gros à cause de ce conflit qui n’épargne aucun secteur économique dans le sud-ouest du pays. L’agriculture exploite à peine le dixième de son potentiel, le tourisme est en passe de disparaître et le secteur minier est handicapé faute d’exploration. Tout cela est dû en grande partie à l’instabilité qui règne dans cette contrée.

Si le Sénégal veut donner rendez-vous à l’émergence économique dans un futur moyen, alors autant  liguer tous les atouts qui sont en sa possession. Et ceci ne se fera pas sans doute avec l’absence de sa région la plus riche en potentiel.

Il ne peut exister une priorité aussi urgente que la question de la Casamance, et l’Etat du Sénégal a l’obligation de la résoudre au plus vite. Des opportunités économiques sont en attentes d’exploitation, le cancer du trafic de la drogue s’empire et des innocents continuent de mourir.