Agoué, une disparition certaine
Agoué, cité historique et touristique, berceau de la chrétienneté au Bénin, est un tout petit arrondissement de la commune de Grand – Popo. Situé entre deux cours d’eau, cette belle ville côtière, à l’instar d’autres villes côtières du Bénin, fait les frais des conséquences néfastes du changement climatique.
Agoué, brève présentation
Agoué, est située au sud-ouest du Bénin. Elle est limitée au nord par le fleuve Mono, au sud par l’océan atlantique. A l’est par la ville/commune de Grand-Popo et à l’ouest par l’arrondissement de Hillacondji. De par sa situation, Agoué est donc située entre deux cours d’eaux : l’océan atlantique et le fleuve Mono. Elle est traversée par la voie inter-état Cotonou – Lomé.
Le changement climatique : qu’est-ce que c’est ?
Le changement climatique en question est le réchauffement du climat de la planète. Ce réchauffement est causé par les émissions massives de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce gaz est émis à l’occasion du fonctionnement des grandes industries des pays dits développés. En fait les gaz à effet de serre empêchent la lumière/chaleur du soleil, réfléchie par les océans, de ressortir de la terre. Cette lumière/chaleur s’accumule et augmente donc la température de la terre. Le principal gaz à effet de serre est le CO2 issu principalement de la combustion des hydrocarbures (pétrole). Le réchauffement fait fondre les calottes polaires tout en élevant le niveau des eaux.
Les effets du changement climatique à Agoué
Au Bénin, cette montée du niveau des eaux se fait remarquer sur les côtes. Elle a pour conséquence, l’avancée du niveau de la mer. Cette avancée entraîne ainsi la destruction massive des habitations en bordure de mer. Ces effets se font notamment sentir à XwlaCodji, Akpakpa Domé, Ouidah, Grand Popo et Agoué.
A Agoué, depuis trois ans, les riverains ont mis en place un dispositif de suivi de l’avancée de la mer. Suivant ce dispositif il ressort que la mer a englouti plus de 100 mètres des côtes.
En effet, ils ont pris pour repère le mur de la grande cour extérieure de la paroisse catholique Sacré- cœur donnant sur les filaos centenaires, autrefois objet de tourisme. Les populations mesurent donc la distance entre ce mur et la mer. Ce relevé se fait avant et après chaque saison pluvieuse et aux périodes de crue et de décrue d’une part. D’autre part, l’avancée de la mer est évaluée en fonction des arbres filaos engloutis et des habitations. Autre fois situées à une distance raisonnable de la mer, elles se retrouvent soit au fond de la mer, soit complètement réduites en pièces.
Selon les relevées issues des récentes pluies du mois de Mai dernier, il ressort que la mer a rongé 72 centimètres des côtes. Il faudra attendre la fin de cette saison pluvieuse pour évaluer les dégâts réels. Mais toutefois, il convient de signaler que les vagues ne sont plus qu’à une trentaine de mètres de la clôture de la paroisse. Toute chose qui ne laisse pas indifférents les autochtones.
Pour les autochtones…
Certains indexent les travaux entrepris il y a quelques années par le Togo, notamment à Anéxô (Anécho) pour arrêter l’évolution du niveau de la mer. D’autres accusent le gouvernement qui semble ne se préoccuper que du sort des coutônoutô (Cotonois). Pour les plus ancrés dans la tradition, c’est l’effet de la colère des ancêtres face à la croissance des vices.
Certains encore, se rappellent de cet atelier sur l’érosion côtière qui a été organisé par le Banque Mondiale à Cotonou en 2015. A l’issu dudit atelier qui a réuni les experts et populations concernées par le fléau, les travaux pour freiner l’avancée de la mer devraient démarrer en 2017. Atelier auquel a participé Agoué en envoyant un représentant et qui a suscité l’espoir.
»Depuis 5 mois que 2017 a commencé, nous ne voyons même pas venir l’ombre de ces soi-disant travaux et on a peur » confie dame Nanvigan.
Le gouvernement interpellé
Quelques soient les raisons évoquées par les uns et les autres et les mis en cause, les faits sont là. Il urge donc que le gouvernement de la rupture, dans son souci de révéler le Bénin, s’attaque à cette situation. Le cas contraire, on court le risque de voir Agoué rayé de la carte du Bénin, à jamais englouti dans la mer avec toute son histoire, sa culture…