bolaaro

Les forces de l’ordre guinéennes prises la main dans le sac !

CMIS

Bien qu’il y ait eu au moins 70 personnes tuées par balles depuis 2011, les forces de l’ordre avaient toujours nié avoir tiré sur les manifestants. Alors que les victimes étaient toujours des civils, ils accusaient ces derniers d’être armés et de les avoir agressés. Cette fois c’était flagrant. D’ailleurs eux même l’ont compris.

Que s’est-il donc passé ?

Ce 16 Août, malgré la pluie, ce sont près de 700 000 guinéens qui ont répondu à l’appel à manifester de l’opposition pour exiger plus de démocratie, de justice, de sécurité et de liberté. La marche qui s’est déroulée du rond-point « Bambeto » à la terrasse du Stade du 28 Septembre n’a pas connu d’incidents.

Il faut saluer l’initiative du nouveau Gouverneur de Conakry, le Général Mathurin Bangoura qui, contrairement à ses prédécesseurs (qui proféraient toujours des menaces) a appelé l’opposition à la table de dialogue. Il a profité de l’occasion pour demander à l’opposition de changer son itinéraire et se rabattre sur l’autoroute « le prince » au lieu de celle « Fidel castro ». Ce que l’opposition accepta. En retour, le Gouvernorat et les forces de l’ordre s’engagèrent à sécuriser la marche jusqu’à la fin. Tout le monde était content !

Les guinéens commençaient à se féliciter de cette avancée démocratique quand un incident regrettable éclata à Bambeto.

Les manifestants rentraient paisiblement chez eux après la marche quand la CMIS (Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité) visiblement jalouse de cette marche historique décida de gâcher la fête. Ils érigèrent un barrage sur la route, intimant les manifestants de rebrousser chemin ou d’entrer dans le quartier car, selon eux, le temps autorisé pour la marche est épuisé. Il faut rappeler que les manifestants n’avaient pas le choix. Ils ont marché depuis la haute banlieue jusqu’au stade. Pour rentrer chez eux, vu qu’il n’y avait pas de moyens de déplacement, ils étaient obligés de marcher. Certains leaders de l’opposition qui les raccompagnaient (car tout le monde craignait cela) essayèrent de ramener les forces de l’ordre à la raison mais, en réalité, ces derniers cherchaient l’affrontement. Leur modus operandi est connu : faire en sorte qu’il y ait troubles et profiter pour brigander les civils en leur retirant leur argent, leurs téléphones, leurs motos et éventuellement rentrer dans les quartiers piller les maisons et commettre des exactions sur les citoyens.  Tout habitant de l’axe « Hamdallaye-Bambeto-Kagbelen» en est familier.

Ainsi, décidé à aller au bout de leur projet, ils refusèrent de céder le passage et, comme il fallait s’y attendre, les esprits des jeunes s’échauffèrent. Certains commencèrent à filmer le comportement de la CMIS à l’aide de leurs téléphones portables. Ce qui irrita les agents qui se mirent à tirer des balles réelles. Un jeune homme de 20 ans qui se tenait sur le balcon de son appartement fut mortellement touché. Douze autres personnes dont une femme et son enfant eurent plus de chances. Ils ne furent que grièvement blessés et évacués à la clinique « Mères et Enfants » de Kipé.

Prises de peur, les forces de l’ordre acceptèrent de libérer le passage à la condition que les jeunes ne ripostent pas à cette énième bavure.

Le soir, le Gouvernement a fait un communiqué pour reconnaitre la bavure des forces de l’ordre (même s’ils ont modifié les conditions dans lesquelles elle s’est produite). Dans le même communiqué, on apprend que le coupable (un capitaine) a été arrêté et qu’une enquête vient d’être ouverte. Une première !

Et maintenant tout le monde attend la suite. Les plus sceptiques disent que c’est de la poudre aux yeux mais moi je refuse de jeter le bébé avec l’eau du bain. J’espère que toute la lumière sera faite sur ce cas et que les coupables des bavures précédentes seront aussi retrouvés.


Guinée-Israël : une relation contre-nature

Signature de l'accord d'entente entre la Guinee et IsraelC’est avec une grande surprise que j’ai appris la signature, le 20 Juillet dernier, d’un protocole d’entente et d’amitié entre la Guinée et Israël. Ce protocole a pour but le rétablissement des relations diplomatiques rompues en 1967 par feu le Président Ahmed Sékou Touré, en guise de solidarité avec l’Egypte, lors de la guerre des Six Jours.

Mais la Guinée et l’Israël peuvent-ils être amis ?

La question vaut tout son pesant d’or, car ces 49 ans de brouille diplomatique ne sont pas seulement dûs à la guerre des Six Jours, mais c’est aussi dû à la politique de colonisation, de ségrégation et d’apartheid dont est victime le peuple palestinien depuis la création d’Israël en 1947.

Le président Ahmed Sekou Touré disait, le 25 août 1958 : « Il n’y a pas de dignité sans liberté : nous préférons la liberté dans la pauvreté, à la richesse dans l’esclavage ».

C’est dans cette optique que, le 28 septembre 1958, le peuple de Guinée fit le choix de l’honneur et de la dignité, celui qui s’inscrit dans le sens de l’Histoire pour paraphraser le Prof. Ismael Barry (Professeur à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia). Ce choix ouvrit la brèche fatale dans l’édifice du système colonial en Afrique. Les années 60 furent les « soleils des indépendances» et la Guinée joua un rôle primordial.

Ainsi, je rappelle aux dirigeants actuels de la Guinée, au cas où ils l’auraient oublié, que :

  • La Guinée soutint le peuple algérien dans sa lutte pour l’indépendance, en devenant un des plus grands défenseurs du dossier devant les instances internationales. Elle octroya des passeports diplomatiques aux combattants du Front de Libération National de L’Algérie (FLN). Les armes du FLN et du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) en provenance de l’URSS étaient débarquées au port de Conakry avant d’être acheminées vers l’Algérie via le Mali.
  • La Guinée fut l’un des plus grands soutiens du PAIGC (Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée Bissau et des îles du Cap vert). Le Parti installa son quartier général à Conakry, où des contingents furent mis à sa disposition. La Guinée lui offrit un temps d’antenne à la radio nationale pour diffuser ses messages, en vue de sensibiliser politiquement et idéologiquement des populations dans les zones libérées. Par la suite, le PAIGC installa sa propre radio dans un quartier de Conakry d’où elle émettait 24h/24 en direction de la Guinée Bissau et du Cap vert. Enfin, des militaires guinéens prirent part aux combats dans les maquis Bissau-guinéens. Parmi eux, l’ancien président, Général Lansana Conté.

En représailles à ce soutien, le Portugal et ses alliés agressèrent militairement la Guinée en 1970. Interrogé par une commission d’enquête de l’ONU sur la nature de la réparation que la Guinée attendait des agresseurs, Sekou Touré déclara : «  La République de Guinée demande à l’ONU, en compensation des pertes subies, de favoriser l’accession de tous les peuples encore sous domination coloniale à l’indépendance ».

  • La Guinée soutint le MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) en accueillant les réfugiés politiques, à l’instar de Holden Roberto, qui obtint un passeport diplomatique guinéen pour faciliter ses déplacements à l’étranger. Comme en Guinée Bissau, les soldats guinéens se battirent aux cotés des FAPLA (branche armée du MPLA).
  • La Guinée soutint le FRELIMO (Front Uni de Libération du Mozambique) de Samora Machel, le MNC (Mouvement National Congolais) de Patrice Lumumba ou le peuple Rhodésien (contre les forces de Ian Smith).
  • Enfin la Guinée apporta un soutien de taille à l’ANC (Congrès National Africain) dans sa lutte contre l’apartheid en dénonçant les Etats africains complices, mais aussi les grandes puissances qui soutenaient le régime sud-africain. D’ailleurs, Nelson Mandela a longtemps séjourné en Guinée, y a fait ses premières armes et obtenu son premier passeport diplomatique. Miriam Makeba, Oliver Tambo et Tabo Mbeki père, entre autres, utilisaient aussi des passeports diplomatiques guinéens pour leurs missions à l’étranger.

Ce rappel historique prouve à suffisance que le peuple de Guinée est attaché à la liberté et a toujours été aux côtés des opprimés. Aujourd’hui, la Palestine est colonisée par Israël (comme l’étaient ces pays africains). Le peuple palestinien est soumis à un régime d’apartheid (comme c’était le cas en Afrique du Sud). Alors, naturellement, le peuple de Guinée se tient au côté du peuple palestinien et, il est donc plus qu’évident que la Guinée NE PEUT PAS ETRE l’ami d’un Israël colonisateur.

Le peuple rappelle au gouvernement qu’il maintient le choix qu’il avait fait : le choix de l’honneur et de la dignité, celui qui s’inscrit dans le sens de l’Histoire.

Bolaaro!

Bibliographie : Professeur Aly Gilbert Iffono, Historien et ancien Ministre de la Guinée (Colloque d’Alger : La contribution de la Guinée aux luttes armées de libération nationale en Afrique).


Conakry vit au rythme du Ramadan

credit photo: presse-dz.com

Les fidèles musulmans de Guinée à l’instar de leurs coreligionnaires du monde ont entamé le jeûne du mois saint de ramadan, le lundi 6 Juin 2016. Durant 29 ou 30 jours(selon l’apparition de la prochaine lune), il est notamment interdit de manger, boire ou avoir des relations charnelles (même avec sa femme), du lever jusqu’au coucher du soleil.

A cette occasion, on constate que Conakry a vraiment changé : Tout est différent. Enfin, presque!

Désormais, tout le monde prie; à la mosquée en plus.

Quand je dis tout le monde, c’est TOUT LE MONDE. Les mosquées qui ne se remplissaient qu’à moitié, refusent désormais du monde. Les gens, en particulier les jeunes, ont soudainement retrouvé la foi et sont devenus de parfaits musulmans. « Grand handicap1» qui gère le Kiosque de « Guinée Games »2 est l’un des premiers à arriver à la mosquée. Monsieur Sow3 qui passait la journée à faire sa combinaison de « PMU+ Guinée »2 est devenu prédicateur. On prie même dans les rues qui jonchent les mosquées. Il faut aller 20 minutes avant l’heure de la prière pour trouver de la place à l’intérieur.

Les voiles et foulards ont remplacé les mini-jupes et robes courtes

Rassurez-vous ! Aucune autorité n’a pris une décision dans ce sens. La Guinée est un pays laïc. Elles l’ont fait de leur propre gré. Plus de mèches, plus de perruques encore moins de mini-jupes. Bien qu’ils y aient quelques-unes qui allient pantalons moulants et foulards (que je ne comprends d’ailleurs pas), la plupart des sœurs portent désormais des complets pagnes avec un voile sur la tête. Elles sont toutes devenues de parfaites « hadja ». Si j’ai un conseil à te donner cher ami : n’essayes même pas d’aborder une fille en ce moment. C’est haram.

Quant aux hommes, le système vestimentaire n’a pas beaucoup changé. Il faut noter quand même qu’il y a une recrudescence de boubous et de bonnets. Ils ne demandent plus les numéros des filles dans les taxis. Les sœurs peuvent le confirmer. Ce n’est pas parce qu’ils n’en veulent pas mais : ILS ONT PEUR DE GÂTER LEURS JEÛNES.

La musique a laissé place à la lecture du coran

Que ce soit dans les taxis ou dans la rue, on n’entend plus de musique. Les chauffeurs qui vidaient le volume avec des sons de Banlieus’art3, Petit Kandja3 ou Lama Sidibé4 mettent plutôt le saint coran lu par des grands lecteurs saoudiens ou des prédicateurs musulmans comme le célèbre congolais Abdoul Madjid. D’autres se branchent sur les stations radios qui proposent elles aussi des programmes religieux. Dans ce cas, il zappe dès que le technicien met une musique. « Ce n’est pas bon d’écouter la musique quand on est en jeûne m’a dit un imam » vous dira-t-il en cas de protestation. Même les agents commerciaux qui font de l’animation-vente ne font plus de la musique. Eux aussi mettent des sons islamiques à la place.

Les musiciens et autres promoteurs culturels quant à eux sont en congé forcé. Les nightclubs et les salles de spectacle sont tous fermés. Eux et les mélomanes se donnent rendez-vous à la fin du mois.

Et pour couronner le tout, même les politiciens hésitent de mentir

La semaine dernière, un politicien dont je tairai le nom était l’invité d’une radio privée de Conakry. A chaque fois que les journalistes lui posaient une question, il disait : « Mon frère, je jeûne, je ne vais pas mentir…… », « ……………si je mens que Dieu n’accepte pas mon jeûne ». D’autres essayent même d’argumenter leurs propos à l’aide de versets coraniques ou de hadiths prophétiques.

Bon je m’arrête ici car il est l’heure de la prière. Il faut que j’aille maintenant si je veux prier à l’intérieur de la mosquée.

Bon ramadan !

 

Notes:

  1. Surnom d’un grand du quartier qui parie toujours « handicap ». C’est pourquoi on l’appelle ainsi.
  2. Sociétés de loterie
  3. Nom fictif. Les « Sow » sont nos cousins à plaisanterie (nous les « Barry »)
  4. Artistes très célèbres en Guinée


Mon premier jour à l’école

Credit photo: foutapedia.org

C’était en pleine saison sèche au centre du Fouta Djallon. Là bas aux fins fonds du diwal des kollaaɗe. Un petit village nommé Galy se trouve aux pieds d’une chaine de montagne qui porte le même nom. Bien que relevant administrativement de la préfecture de Dalaba, la bourgade se trouve à une trentaine de kilomètres de Labé. Découpage administratif oblige. C’est là-bas que pour la première fois, je mis les pieds à l’école. Hasard ou volonté divine ? En tout cas, l’école que j’ai fréquentée pour la première fois est bel et bien «  l’école coranique ».

C’était prévisible tout de même. En effet, malgré le fait qu’il y ait assez de livres d’apprentissage de Français dans la « petite » bibliothèque de mon père comme « Mamadou et Bineta » ou « Afrique mon Afrique », je m’étais toujours intéressé à la planchette que ma mère gardait dans sa valise. A chaque fois que je la demandais ce que c’était, elle me répondait : « c’est une planchette pour étudier le coran. Je l’ai fait faire pour toi. Le jour où tu auras tes 7 ans, c’est avec elle que tu apprendras le livre saint. »

Je souriais du coin des lèvres, me sentais fier et me demandais quand est-ce que j’aurai ces 7 ans. Dans un an ? Deux ans ? J’avais hâte.

Quelques années avec leurs lots d’harmattans passèrent, les 7ans n’arrivaient toujours pas.

Entre temps, les termites étaient entrées dans la valise de ma mère et avaient mangé une partie de ma planchette. Conséquence : une des deux surfaces était désormais hors d’usage. Mais ma maman me rassura en me promettant une autre.

Le jour J arriva

Normalement pour commencer les études coraniques, il fallait que l’enfant soit initié lors d’une cérémonie grandiose à la quelle seraient conviés tous les notables des villages voisins. On prépare des mets délicieux pour les hôtes ainsi que des boulettes de farine mélangées avec du lait et du sucre (ou du miel) (thiobbal en pular) dont une grande partie revient à l’élève. Lors de la cérémonie, il sera écrit sur la planchette de l’enfant le premier mot du Coran bismillah« Au nom d’Allah» et on lui apprend à lire par lettre comme suit : ba, sin-nyiiƴe, miimu picco, Alif, lam, lam, ha-piɓo.

A la fin de la cérémonie, les adultes présents contribuent de l’argent pour l’enfant afin de l’encourager.

Mais moi, je ne suivis pas la procédure habituelle. Voilà ce qui arriva :

Un jour, comme d’habitude, j’allai jouer avec mes amis. C’était juste après la prière de 14h. La température était aux alentours de 40° à l’ombre. Tous les adultes s’abritaient soit dans leurs cases soit sous l’ombre des orangers. Quant à nous les enfants, nous nous foutions pas mal du soleil. Après la partie de chasse avec nos grands frères, nous nous retrouvions toujours dans l’après midi pour jouer soit au château, soit au saut à la perche (oui, on en jouait au Fouta).

Là-bas sous l’ombre d’un oranger devant une case, un attroupement de jeunes autour d’un vieux. C’était le maitre coranique et ses élèves. Ils étaient là de 14h à 16h chaque jour de la semaine sauf les jeudis (jour de repos).

Ce n’était pas la première fois que je les vois, mais c’était la première fois que je me suis dis pourquoi moi je n’étudie pas. Je devais avoir entre 5 et 6 ans. Je n’avais pas atteint les 7ans ! Tous les élèves étaient plus âgés que moi.

Je courus à la maison pour dire à ma maman que je veux commencer à étudier. Je la trouvai entrain de prier. Je n’avais pas le temps d’attendre qu’elle finisse. Je filai directement vers la valise, fis sortir la planchette (mangée à moitié par les termites) et me précipitai à l’ECOLE CORANIQUQE. Je me rappelle toujours de ces mots, que je prononçai avec un air timide : Kaou Thierno windaneelan(littéralement : Écrivez pour moi, oncle Thierno). Le maitre était l’oncle maternel de mon père, donc mon grand père. Mais je l’appelais oncle car c’est comme çà que j’entendais mon père l’appeler.

« Kaou Thierno » était tellement agréablement surpris qu’il ne chercha pas à comprendre. Il mit à coté la planchette sur laquelle il était entrain d’écrire, attrapa la mienne et écrit le fameux bismillah. Il m’invita à m’assoir auprès de lui sur la peau de mouton qui lui servait de natte et commença à me faire répéter : ba, sin-nyiiƴe, miimu picco, Alif, lam, lam, ha-piɓo. Il le fit trois fois et me confia à un ainé afin de me corriger si je me trompe.

Entretemps, maman qui avait fini la prière avait imaginé ce qui s’était passé. Sachant que la planchette que j’avais prise était à moitié mangée par les termites, elle prit une autre (elle avait fait une autre sans m’informer) et me rejoignit à l’école. Elle trouva que j’avais déjà maitrisé la première leçon. Alors elle prit ma main et la donna officiellement à kaou Thierno en disant : je vous confie Ismaila. Et Kaou Thierno de répondre : Ko kaliifu Allah (Nous le confions à Allah).

Ce fut mon premier jour à l’école.


La fin du monde serait elle proche ?

pray for the worldLe prophète Muhammad (SAW) avait dit : «Par celui qui tient ma vie entre ses mains, ce monde ne disparaitra pas avant que ne vienne une époque pour les gens où l’assassin ne saura pas pourquoi il a tué et la victime ne connaitra pas non plus pourquoi elle a été tuée » rapporté par l’Imam Mouslim.

Je ne suis pas entrain de dire que la fin du monde est arrivée car seul Dieu sait quand cela arrivera. Mais il est plus que logique de s’interroger s’il n’en est pas le cas.

Il suffit d’observer le monde sans parti pris, sans passion. Combien de morts le monde enregistre-t-il par jour ? Je veux dire combien d’assassinats ?

En effet, qu’une bombe explose dans un marché, une mosquée ou une église ou qu’un avion soit détourné où d’innocentes personnes sont prises en otage, nous vivons une époque où la manipulation de groupes ethniques et religieux et la perte de vies innocentes sont devenues monnaies courantes.

Ainsi, il est devenu une coutume pour nous de prier pour chaque ville victime de ces psychopathes.

C’est pourquoi le 10 Octobre 2015 nous priâmes pour Ankara lorsque 95 innocents qui manifestaient pour la paix furent tués dans un attentat suicide.

Nous priâmes pour Paris lorsque le 13 Novembre 2015, 130 personnes furent tuées dans des attentats revendiqués par Daech.

Nous priâmes pour Bamako aussi lorsque l’hôtel Radisson Blu fut attaqué le 20 Novembre 2015 par des terroristes et que 22 personnes y perdirent leurs vies.

Le 12 janvier 2016, ce sont au moins 10 innocents qui furent tués à Istanbul lors d’un attentat suicide. Je changeais une fois encore ma photo de profil avec le hashtag #PrayforIstambul et nous priâmes encore.

Les larmes n’avaient pas séché quand Ouagadougou fut attaquée le 15 Janvier 2016 et que 30 personnes y perdirent leurs vies. Évidemment, nous priâmes pour eux.

Nous n’avions même pas fini de prier pour eux qu’un attentat se produisit au Cameroun. Plus de 32 personnes perdirent la vie. Et nous priâmes pour Bodo.

Nous priâmes pour Abidjan avec le hashtag #PrayForBassam lorsque la Côte d’ivoire fut victime d’attaque terroriste pour la première fois dans l’histoire et que 21 personnes perdirent leurs vies.

Nous n’avions même pas fini de pleurer, que Bruxelles fut à son tour victime. 32 personnes furent tuées. Nous priâmes encore.

Au moment où j’écris ce billet c’est Lahore(Pakistan) qui est attaqué. Un bilan provisoire fait état d’au moins 72 morts et des dizaines de blessés. Nous sommes entrain de prier en ce moment.

Nous avons arrêté de prier pour la Syrie car là-bas, la vie humaine n’a plus de sens. Des vies innocentes sont prises au piège. Aviations occidentales, russes, arabes, hezbollah, gardiens de la révolution iraniens, Armée syrienne libre, Forces kurdes, Armée de Bachar Al Assad sans oublier Daech qui se fait appeler « Etat islamique en Irak et Syrie » tirent sur tout ce qui bouge. Là-bas, les victimes se comptent par centaine chaque jour que Dieu fait.

De temps en temps, nous prions pour le Nigeria qui est quotidiennement attaqué par Boko haram.

Il nous arrive aussi de prier pour la Lybie qui n’a plus d’Etat et où les civils sont aussi pris au piège.

Il faut savoir que je prie quotidiennement pour la Palestine, victime de la plus grande injustice de l’histoire contemporaine.

Aux USA, il est fréquent qu’un homme surgisse dans une école ou un super marché et tire sur tout ce qui bouge avant de se donner la mort. Seulement en 2015, il y a eu 355 fusillades qui ont fait au moins 380 morts.
Les auteurs de ces assassinats essayent toujours de se justifier. Certains évoquent le « Jihad », d’autres évoquent vouloir installer la démocratie. Bien sûr qu’ils mentent tous. En réalité, ils ne savent pas pourquoi ils tuent.

Quant aux victimes, elles se sont juste retrouvées au mauvais endroit et au mauvais moment. Certains passaient par là, d’autres prenaient un café avant d’aller au boulot et d’autres étaient en classe lorsqu’un baril de bombes est tombé du ciel et a tué tout le monde.


Chers compatriotes, serrez les ceintures !!!

Caricature algerienne

Dans un précédent billet, je disais qu’Alpha II sera différent d’Alpha I. Eh bien l’histoire commence à me donner raison mais d’une manière autre que celle dont j’imaginais. Hélas !

En effet, depuis ce début de mois de Février, l’expression qui revient le plus de la bouche des dirigeants guinéens est « Il faut serrer la ceinture ». Attention ! Cela ne veut pas dire que tous les guinéens se sont embarqués au bord du Boeing 777 de la compagnie Air France. Non, il ne s’agit pas du traditionnel message des hôtesses de l’air intimant les passagers d’attacher leurs ceintures pendant que l’avion décolle ou atterrit. En effet, je vous explique:

D’un coté, il y a une hausse vertigineuse des taxes

Le 1er Février, je reçois un SMS de l’operateur de téléphonie ORANGE GUINEE dont je vous livre le contenu: «  Orange vous informe qu’en application de la loi des finances initiale 2016 instaurant la hausse de la TVA de 18% à 20%, une nouvelle taxe sur les connexions internet mobile et une taxe sur les SMS, les tarifs des appels, de l’internet et du SMS changent à partir du 1er février et ce conformément à la loi»

Quelques minutes plus tard, c’est au tour de MTN GUINEE de m’envoyer cet autre SMS: « Cher client, suite à l’extension de la taxe téléphonique(TCT) sur les SMS, le contenu de votre forfait S1 passe à 10 SMS et celui du S5 à 25 SMS»

Ah oui ! C’est la conséquence de l’adoption de la loi de finance initiale 2016 adoptée par nos députés sans débat (la mouvance y étant majoritaire).

Pour vous dire la vérité, ces SMS m’ont laissé sur ma faim. Je voulais en savoir plus. Je me suis alors rapproché d’un employé d’Orange Guinée. Selon ce dernier, en plus de la TVA, les operateurs devront verser 5% du prix de chaque pass internet acheté par les clients, 10 FG pour chaque SMS envoyé et 1FG par seconde d’appel (instauré depuis Juillet 2015).

A noter que la TVA qui est passé de 18% à 20% est désormais applicable sur la farine et les huiles alimentaires (auparavant exemptées).

Une retenue de 5% sur les salaires des fonctionnaires a aussi été instaurée. Mais suite au tollé que cette dernière a suscité, le Gouvernement l’a suspendu en attendant qu’il y ait une meilleure communication.

De l’autre, le Gouvernement refuse de baisser le prix du carburant

Malgré la chute du prix du pétrole brut sur le marché internationale, le Gouvernement refuse toujours de baisser le prix à la pompe. La société civile et les syndicats ont récemment demandé au Gouvernement de baisser le prix de l’essence de 8 000 GNF à 5 000 GNF, ceci en application de la loi de la flexibilité des prix du carburant. Le Gouvernement continue de faire la sourde oreille invoquant un manque à gagner pour l’Etat et de rappeler que la Guinée sort d’une épidémie d’Ebola et que les caisses de l’Etat sont vides.

Et pourtant en Sierra Leone voisine, pays qui a aussi été touché par Ebola, le litre d’essence est vendu à 3 750 Leones(environ 5 500 GNF) depuis l’année dernière.

Conséquence

Le peuple paie le gaspillage d’argent effectué par le pouvoir lors de la présidentielle 2015. Tous les guinéens ont en mémoire la distribution des liasses de billet de banque afin d’acheter des voix. Ils étaient allés jusqu’à créer de coupures de 20 000 GNF afin de faciliter le transport de l’argent dans des sacs.

Aujourd’hui, ils évoquent Ebola (ah la pauvre). Mais tout le monde se souvient du concert géant gratuit« Bye Bye Ebola » qui a été organisé sur l’esplanade du palais du peuple avec des vedettes comme Youssou Ndour, Awadi ou Aicha Koné. Tout le concert a été retransmis en direct sur la télévision nationale (Radiodiffusion Television Guinéenne). Si les caisses de l’Etat étaient vides, pourquoi gaspiller autant d’argent pour fêter la fin d’une maladie ? Pourquoi n’ont t-ils pas économisé cet argent et épargner les guinéens de toutes ces taxes ?

On comprend aisément que le Gouvernement s’en fout des souffrances du peuple. La population tire le diable par la queue mais les gouvernants ne pensent qu’à leurs intérêts ; le peuple peut crever.

Serrez vos ceintures, c’est pour une bonne « cause »!!!


Il y a 17 ans, les rebelles du RUF entraient à Freetown

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6 janvier 1999. Trois heures du matin. Trois explosions simultanées retentissent dans la capitale sierra-léonaise: la première à Calabar Town, la deuxième à Savage Square et la troisième à Wellington. Les Rebelles du RUF (Revolutionnary United Front) viennent d’attaquer Freetown. Il faut dire que la rumeur courait depuis quelques jours. Les rebelles avaient infiltré la capitale de la Sierra Leone en se fondant parmi les réfugies qui fuyaient la périphérie de Freetown.

Ce jour là, les rebelles se dirigent directement vers la prison de Pademba Road pour libérer les membres du RUF et les ex-militaires de l’armée nationale, ayant rejoint la rébellion, qui y sont détenus pour trahison.

Pendant les trois semaines qui vont suivre, les combattants du RUF vont semer le chaos et la terreur. Ils vont brûler des habitations, tuer des centaines de civils, violer des femmes, mutiler et même ouvrir les ventres de femmes enceintes. Cette opération est appelée« NO LIVING THINGS » , « PLUS RIEN DE VIVANT » en français.


Mais comment en sommes-nous arrivés là ?


La guerre civile en Sierra Leone a débuté en 1991, lorsqu’une centaine de combattants du RUF, dirigée par Fodé Sankoh et soutenue par Charles Taylor (ancien président du Liberia), ont attaqué deux villages de l’est du pays. Le pays était alors dirigé par Joseph Saidou Momoh.

En 1992, incapables de venir à bout des rebelles, les militaires destituent le président et créent le NPRC (Conseil National Provisoire du Gouvernement) avec, à sa tête, le capitaine Valentine Strasser.

En 1995, les rebelles continuent leurs attaques et se rapprochent de la capitale. Le gouvernement décide alors de demander de l’aide extérieure.

Le 16 Janvier 1996, le vice-président Julius Maada Bio organise un coup d’État et écarte Valentine Strasser du pouvoir. Le nouvel homme fort de Sierra Leone entame alors des négociations avec le RUF.

Le 15 mars de la même année, des élections multipartites sont organisées. Elles portent Ahmad Tejan Kabbah, chef du Sierra Leone People Party (SLPP), au poste de président de la République avec 59,5 % des voix.

Le 30 novembre, le RUF et le président Ahmad Tejan Kabbah signent un accord de paix à Abidjan. Le RUF est converti en parti politique et il est désarmé. Tous les combattants du RUF sont amnistiés.

Le 25 mai 1997, l’AFRC (Armed Forces Revolutionary Council), conduit par Johnny Paul Koroma et constitué d’un groupe d’anciens membres de l’armée de Sierra Leone, prend le pouvoir lors d’un coup d’État. Quelque temps après, le RUF et l’AFRC décident de s’allier pour diriger le pays.

Le 23 octobre 1997, sous la pression internationale, et face à la présence des troupes de l’ECOMOG (Economic Community of West African States Monitoring Group, envoyé par la CEDEAO depuis août), le RUF signe l’accord de Conakry, prévoyant le retour du président Ahmad Tejan Kabbah en avril 1998.

Le 12 février 1998, le RUF et l’AFRC sont chassés du pouvoir par l’ECOMOG. Le gouvernement du président Ahmad Tejan Kabbah retourne au pouvoir officiellement le 10 mars.

En octobre 1998, Fodé  Sankoh (arrêté au Nigeria pour détention d’une arme à feu en mars 1997) est condamné à la peine de mort par la Haute Cour de justice de Freetown. Le colonel Sam Bockarie, nouveau chef du RUF, menace de « tuer tout ce qui est vivant » s’il advenait quelque chose au chef historique du mouvement.


C’est cette menace que le RUF mettra en exécution en janvier 1999 en déclenchant l’opération « No living things ». Pendant trois semaines, Freetown sera à feu et à sang. Il y aura plus de 6 000 morts.

En tout, cette guerre civile qui aura duré vingt ans (1991-2002) aura fait environ 120 000 morts. Plusieurs milliers de personnes ont été mutilées délibérément. Nombre d’entre elles ont vu leurs mains amputées (manches longues et manches courtes), pour les empêcher de travailler et surtout de voter. Plus de 2 millions et demi de personnes ont été déplacées.

17 ans après cette tragique journée, je profite de ce billet pour rendre hommage à toutes les victimes de cette guerre qui fut l’une des plus atroces de l’histoire récente de l’Afrique.


Alpha condé est investi pour son second et dernier mandat

Réélu le 11 Octobre 2015 par un « coup K.O » avec 57,85% des voix, le président Alpha Condé a officiellement pris fonction le lundi 21 Décembre au palais SEKHOUTOUREYAH pour un mandat de 5 ans. Un mandat qu’il promet différent du premier, un mandat au cours duquel il promet de n’exclure personne.

Alpha condé qui prête serment

D’abord il y a eu la « prestation partielle » de serment le 14 Decembre

 

Pendant que tous les guinéens s’attendaient à ce que le président prête serment et prenne fonction le 21 Décembre comme çà a été le cas en 2010 lors du premier mandat, nous avons été surpris d’apprendre que la prestation de serment allait être avancée au 14 sans aucune explication officielle. La cour constitutionnelle a eu du mal à expliquer cette séparation « prestation de serment/ investiture-installation » ou « prestation de serment-investiture/installation ». En tout cas, moi je n’ai pas pu bien comprendre mais au moins je sais qu’il y a eu prestation de serment ce jour. Pardon ! Il ya eu prestation partielle de serment.

La journée était décrétée « chômée-payée » pour la circonstance. Le Centre administratif de Kaloum était bouclé, le marché de Madina fermé. Treize Chef d’Etats africains avaient fait le déplacement sur Conakry. La cérémonie qui se déroulait au Palais Mohamed V a été retransmise en direct sur la RTG (Radio Télévision Guinéenne). Et moi j’ai tout suivi sur le petit écran de ma télé avec mon Smartphone à la main. Facebook et Twitter obligent.

Selon l’article 35 de la constitution, le président devait dire ceci : «Moi, Alpha Condé, Président de la République élu conformément aux lois, je jure devant le Peuple de Guinée et sur mon honneur de respecter et de faire respecter scrupuleusement les dispositions de la constitution, des lois et des décisions de justice, de défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale. En cas de parjure que je subisse les rigueurs de la loi. »
Cependant, le président n’a pas prononcé la partie « et de faire respecter ». Est-ce lui qui a omis la partie ou bien est-ce la cour constitutionnelle ? On attend toujours la réponse à cette question. En tout cas, le juriste Mohamed Camara était aux aguets. Il a aussitôt dénoncé le serment prêté et a demandé qu’il soit repris.

L’autre moment qui a beaucoup marqué cette cérémonie de « prestation partielle de serment » a été le discours du président de la cour constitutionnelle. Maitre Kéléfa Sall a d’abord encouragé le président à « accélérer l’intégration de toutes les énergies, de toutes les compétences et de toutes les expertises pour la cohésion sociale et le développement durable de notre chère Guinée » Il l’a aussi rappelé qu’il était à son SECOND ET DERNIER MANDAT avant de lui demander de ne pas « succomber à la mélodie des sirènes révisionnistes ». Que le président de la République l’entende !!!

 

Ensuite, il y a eu la « ré-prestation de serment » et l’installation le 21 Décembre

 

Ah oui ! Devant le tollé soulevé par l’omission d’une partie du serment, la cour constitutionnelle l’a fait reprendre au président lors d’une modeste cérémonie avant de l’installer sur le fauteuil présidentiel le 21 Décembre au Palais Sekhoutoureya.
Devant quelques invités de marques dont son homologue Gambien Yahya Jammeh, le président Alpha Condé a repris le serment et cette fois sans rien omettre.

Que Dieu l’aide dans sa mission!!!


Prénoms peulhs : entre authenticité, Islam et superstition

Des peulhs du Fouta

« Elle » a une signification bien précise. Elle est toujours précédée de Mamadou, Amadou ou Oumar chez les garçons et de Mariama, Fatoumata ou Adama chez les filles. ELLE : c’est cette particule qui vient toujours à la fin de la plupart des prénoms peulhs.

Bien que de nos jours, on les donne aux enfants en hommage au grand-père, à la grand-mère ou à un quelconque parent, ces prénoms ont tous des significations. Afin d’en connaitre un peu plus, je me suis rapproché d’un vieux sage : une véritable encyclopédie. Amadou Hampaté Bâ avait raison: « En Afrique quand un vieillard meurt, c’est comme une bibliothèque qui brûle« . Cela a été une découverte émouvante pour moi, une surprise aussi. J’ai découvert par exemple que malgré le fait qu’ils soient presque tous musulmans, les peulhs sont tout autant superstitieux. Ainsi parmi les prénoms peulhs, on y trouve trois types de « particules »:

  1. Un des prénoms préislamiques des peulhs

En effet avant la conversion des peulhs à l’islam, les hommes portaient les prénoms Pathé, Samba, Demba, yero tandis que les femmes s’appelaient Koumba, Sira, Penda,…. Ils les ont donc conservés, mais en les faisant précéder par des prénoms musulmans.

  1. Un prénom arabe

Ce sont généralement les qualificatifs du prophète Muhammad(PSL) comme Moustapha, Mouctar, Lamine…

Un adjectif ou un prénom en poular

C’est ici qu’on découvre la superstition du peulh. On y trouve du tout. Des noms d’arbre, des métiers ou encore des adjectifs. J’ai fait une petite liste qui n’est pas du tout exhaustive car, je ne sais même pas combien ils sont. Mais rassurez-vous je continue les recherches. Pour le moment on a entre autres :

  • Sadio : c’est quand l’enfant est né après des jumeaux ou des jumelles.
  • Korka : veut dire « jeûne, carême», il est donné à un enfant né pendant le mois de ramadan.
  • Bailo : veut dire « forgeron ». Il est donné à un enfant dont les parents ont vu tous leurs enfants mourir bébé. C’est en quelque sorte pour conjurer le sort.
  • ɓoye : veut dire « longtemps». Il est donné à un enfant afin de lui souhaiter une longue vie.
  • Oury : veut dire « vivant». Il est donné à un enfant afin de lui souhaiter de survivre. C’est un peu comme Bailo.
  • Djouldé: veut dire « fête ». Il est donné à un enfant dont le baptême coïncide avec le jour de la fête (Ramadan ou tabaski).
  • Teli : « Erytrophleum guineense» espèce d’arbre très toxique du Fouta Djallon. Ce prénom est utilisé dans les mêmes circonstances que Bailo et Oury.
  • Ganndo : veut dire «Savant, Connaisseur». Il est donné à un enfant afin de lui souhaiter d’être un Homme de connaissance.
  • Cellou : vient du mot « cellal» (santé). Il veut dire « sois en bonne santé ». Il est ainsi donné afin de souhaiter à l’enfant de vivre une vie pleine de santé.
  • Malaaɗo : veut dire « quelqu’un qui a le salut».
  • Lamarana : poularisation de « Ramadan». il est utilisé dans les mêmes circonstances que Korka.
  • Djam : veut dire « paix, quiétude, bien être». Il est donné afin de souhaiter à l’enfant de vivre une vie pleine de quiétude.
  • Malal : veut dire « béatitude, salut». Il est utilisé pour souhaiter à l’enfant d’avoir le salut, d’être malaaɗo.

J’espère que ce billet vous donne une idée sur les prénoms peulhs. Vous aviez surement entendu parler de Diallo Boubacar Teli(Diallo Teli), le premier secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine(OUA), de Mamadou Cellou Dalein Diallo (Cellou Dalein Diallo), le leader de l’opposition guinéenne ou Mamadou ɓoye bah (connu sous le nom de Bah Mamadou), ancien opposant guinéen.

Ces noms sont en évolution. Certains deviennent de plus en plus rares tandis qu’il y a un autre phénomène qui apparait : celui de donner un prénom de garçon à une fille afin de souhaiter avoir un garçon la prochaine fois. Mais de cela, on en reparlera dans un autre billet.

 

Bolaaro !!!!!!!


Comment j’ai vécu les attaques de Paris

Je regardais le match France-Allemagne sur TF1 vendredi 13 Novembre 2015 quand j’entendis Christian Jean Pierre, le commentateur, annoncer aux téléspectateurs que la soirée venait d’être marquée par de terribles évènements dans les rues de Paris et que la chaine bouleversait par conséquent son programme.

Je zappe directement sur France 24 pour en savoir plus. Comme d’habitude, dans de pareilles circonstances, le bleu de la chaine d’information était remplacé par du rouge. Le ruban d’en bas intitulé URGENT annonce: « Attaques à Paris, au moins 18 morts, annonce la préfecture de police ». Un autre message s’affiche: « La police annonce également qu’une prise d’otages est en cours au Bataclan, célèbre salle de concert à Paris ».

Je me connecte sur Twitter pour prendre la température

Je file directement sur Twitter. Le réseau social était déjà inondé par des messages rassemblés par les hashtags #ParisAttacks, #PrayForParis, #FusilladeParis, #RechercheParis pour ne citer que ceux-là. Alors, je rentre dans la danse.Capture2

J’avoue que sur Twitter presque tout le monde condamnait les attentats. Après quelques tweets et retweets, je tombe sur certains messages qui s’attaquaient à l’islam, des twitos qui tombaient dans le piège de Daech : celui de développer l’islamophobie en Occident et ainsi légitimer leur barbarie. Alors en tant que musulman et fier de l’être, inspiré par un ami, je postai ce tweet :

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Je ne me connecte sur Facebook que le samedi matin

Ayant passé toute la soirée du vendredi à zapper entre France24, TF1, TV5, RFI et Twitter, je ne me suis connecté sur Facebook que le samedi après la prière de 5h45. Le bilan s’était alourdi et était provisoirement de 120 morts. Quelle horreur ! Je découvre que beaucoup de mes amis vivants à Paris avaient signalé qu’ils étaient en sécurité. Je me dis ALHAMDOU LILLAH !!! Facebook venait d’innover.

Je poste alors un message de condamnation et de soutien au peuple français tout en rappelant que Daech n’avait rien à voir avec l’islam ; ce sont des psychopathes qui utilisent cette religion pour commettre des crimes et que c’était un devoir pour tout vrai musulman de combattre ces terroristes afin que triomphe l’islam authentique, celui que magnifiait René Gousset en ces termes : « une fraternité transcendant les nations et les races, d’hommes réunis sous l’égide d’Allah pour accomplir la volonté d’Allah. »

Après ce post et quelques débats sur des forums islamiques (à ne pas confondre avec islamistes) et guinéens, je découvre une autre innovation de Facebook : mettre le drapeau de la France comme photo de profil afin de témoigner son soutien. Quelle merveilleuse idée !!!

J’étais sur le point de changer ma photo de profil quand je me suis rendu compte que je venais de mettre une nouvelle photo de profil, il y a de cela 3 jours. Et pas n’importe la quelle: il s’agit du drapeau de la Palestine. Je l’avais fait pour soutenir ce peuple victime d’exactions et de massacres devant le monde entier qui ne voyait rien, n’entendait rien des pleurs de ces femmes dont les enfants et maris sont abattus sang froid par Tsahal (l’armée israélienne). Mon grand père me disait : il n y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, il n y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre. Et bien en signe de solidarité, j’avais mis ce drapeau comme profil.

Je me retrouvais donc devant un dilemme : enlever le drapeau de la Palestine et mettre celui de la France en signe de solidarité ou laisser mon profil comme tel et me contenter des messages de soutien.

J’optai pour la deuxième option car sinon ce serait trop hypocrite de ma part. D’ailleurs ma conscience ne me le pardonnerait jamais. Ainsi je mis ce post pour expliquer mon choix :

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J’espère que vous me comprenez. Je suis contre l’injustice sous toutes ses formes. Je condamne tous les massacres partout dans le monde. Je dénonce Daech. Je refuse de les appeler « État Islamique » car ce serait une insulte à l’islam. Je refuse de les appeler « Djihadistes » car ils ne le sont pas. Ils sont des simples terroristes. Je les dénoncerai partout où il sera nécessaire INCHALLAH !!!

J’apporte mon soutien à tous les peuples victimes de terrorisme dans le monde: Syrie, Irak, Palestine, Nigeria, Niger, Tchad, Cameroun, France, Liban, Mali, Yemen, Kenya,… la liste est longue ; comme on dit à Freetown : Ar dae pray for all the world.

 

 


Les bana-bana de Madina

Marché de Madina

Le week-end dernier, j’ai profité de mon temps libre pour aller faire une immersion chez les bana-bana de Madina.

Pour les fidèles lecteurs de ce blog, je n’ai pas besoin de vous expliquer ce que Madina représente pour la Guinée. J’en avais déjà parlé dans un précédent billet. En l’occurrence Bienvenue à Conakry. Mais bon, pour ceux qui l’auraient oublié, Madina est le plus grand marché de la Guinée. Il est situé dans la commune de Matam. Beaucoup de Maliens, Léonais, Libériens ou encore Bissau-Guinéens, y viennent pour s’approvisionner en marchandises. C’est pour vous dire que c’est un grand centre de négoce.

Dès que tu arrives à Madina, la première chose qui te frappe, c’est l’embouteillage. Entre les femmes assises aux abords de la route, les jeunes marchands ambulants qui proposent tous types d’articles, les charrettes chargées de marchandises conduites par des « wali-wali » (charretiers) qui crient sans cesse « koté, koté » (manière de dire qu’ils portent une charge lourde), il y a les véhicules qui klaxonnent sans arrêt afin de se frayer un passage. Tu es donc obligé de regarder en permanence derrière toi pour ne pas être écrasé. Enfin, il y a les voleurs qui profitent de ces embouteillages pour soutirer les objets précieux des passants. C’est là que je te donne ce conseil mon ami : ne mets jamais quelque chose de précieux dans les poches arrière de ton pantalon à Madina. Ne porte pas non plus ton sac à dos par-derrière. Il doit être « sac à ventre » jusqu’à ce que tu sortes du marché.

Passé ces embouteillages sans se faire écrasé ou dépouillé, quel que soit ce que tu es venu acheter, tu vas forcément croiser un « bana-bana ». Ah oui, ils sont partout, devant chaque boutique et chaque magasin.

« Bana-bana » est un mot wolof (principale langue du Sénégal voisin) qui signifie « pour moi, pour moi ». Ce mot sert à désigner ces nombreux débrouillards qui connaissent Madina par cœur. Ils n’ont pas de capital, mais sont connus des commerçants et font tout pour gagner leur confiance. Dès qu’ils te voient passer, ils t’interpellent et veulent savoir ce dont tu as besoin. Ils ne te lâcheront pas tant que tu ne leur auras pas répondu. Il suffit que tu prononces le nom d’un produit pour qu’un d’entre eux te dise de l’attendre. Il s’éloigne en courant et te laisse dans le groupe où l’on te demande sans arrêt ce que tu cherches. Après quelques minutes d’attente, il est de retour tout en sueur. S’il revient sans la marchandise et te dit qu’il n’y en a pas, sache alors que ce produit est introuvable dans tout le marché de Madina. Sinon, il revient avec la marchandise qu’il est allé prendre chez le commerçant d’à côté ou à l’autre bout du marché et vous entamez une longue et interminable négociation.. Il peut te proposer 100 000 GNF pour un produit qui ne se vend qu’à 30 000 GNF. Tu ne dois donc pas avoir peur du premier prix. C’est « à discuter ».

Après la vente, le « Bana-bana », enlève sa marge et ramène le prix de la marchandise chez le commerçant. Ensuite, il revient guetter d’autres acheteurs. La même scène se répète toute la journée et chaque jour. Pour eux, la survie est une lutte quotidienne.

Ainsi donc, l’efficacité d’un « bana-bana » dépend de sa connaissance du marché (où trouver telle ou telle marchandise), la confiance qu’ont les commerçants envers lui et son audace.


Les Guinéens ont « choisi » leur président

Image de la CENI

Le 11 octobre 2015, les Guinéens étaient appelés à choisir celui qui présidera les destinées du pays pour les cinq prochaines années. Conformément à l’article 27 de la Constitution : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct. La durée de son mandat est de cinq ans renouvelables une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non. »

Le président Alpha Condé, était opposé à sept autres candidats, dont le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo (candidat malheureux au second tour de 2010).

Après un mois de campagne, émaillée de quelques violences à relents communautaires, des morts et beaucoup de dégâts matériels, notamment des boutiques et magasins pillés et incendiés devant les forces de l’ordre spectateurs, les Guinéens se sont massivement déplacés ce dimanche pour s’acquitter de leur devoir civique. Le verdict est tombé samedi : 57,85% des Guinéens ont « choisi » Alpha Condé dès le premier tour. Oui, je mets « choisi » entre guillemets. Je m’explique.

En 2010, il a fallu un deuxième tour pour départager Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo qui avaient respectivement récolté 18% et 43% au premier tour. Alpha Condé s’était donc imposé au second tour avec  52% des voix. Score serré et… extraordinaire.

Cette fois, il gagne au premier tour avec 57,85% !!!!!

Certes il a un bilan, notamment le barrage hydro-électrique de Kaleta. Certes, il est soutenu par une grande alliance de partis politiques. Mais de là, à gagner dès le premier tour, je n’en suis pas si sûr. Je suis même surpris. Je dirais même qu’il s’agit là d’un complot international. Il est évident qu’Alpha Condé a été imposé par la communauté internationale. Ils ne l’ont pas caché, c’était flagrant. Alpha Condé était leur candidat.

Il suffit de regarder les rapports de leurs missions d’observation, rendus publics avant même la publication des résultats.

L’Union européenne : «  Ce que j’ai vu en termes d’insuffisance (de matériels de vote), de manque de préparation et de difficultés logistiques et pratiques, dans les bureaux de vote ne remet pas en cause la validité de l’élection. »

L’Union africaine : « Le vote en dépit des irrégularités constatées est valide. »

L’ambassadeur de France à Cellou Dalein qui promet d’appeler ses militants à  manifester pacifiquement pour contester les résultats qui seront publiés par la Commission électorale nationale indépendante : « Si vous appelez les gens à descendre dans la rue, prenez vos responsabilités pour tout ce qui adviendra  »

Pourtant l’opposition n’a jamais cessé de dénoncer des irrégularités

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On se rappelle qu’elle avait exigé l’organisation des élections communales et communautaires avant la présidentielle. Quoi de plus normal. Les dernières remontent à 2001, soit 14 ans ! Le pouvoir refuse. Pire, il met en place des délégations spéciales. L’opposition dénonce, manifeste, la communauté internationale intervient, un accord est signé afin de recomposer les délégations spéciales avant le début de la distribution des cartes d’électeurs. La communauté internationale se porte garant du respect de l’accord. Jusqu’à présent le pouvoir en place refuse d’appliquer l’accord, la communauté internationale n’a rien dit.

Ensuite l’opposition accuse la Céni d’avoir enrôlé des mineurs et des doublons dans le fichier électoral notamment dans les fiefs du pouvoir (où la population électorale a connu une hausse de 50% entre 2013 et 2015). Le climat politique se tend. Une fois encore, un accord est signé pour assainir le fichier électoral. Mais au moment où les experts travaillent sur la Guinée forestière, la Céni commence à imprimer les cartes de la Haute-Guinée (la région incriminée). L’opposition dénonce mais personne ne les écoute. Finalement, l’assainissement devient impossible. L’opération est arrêtée. La Céni quant à elle affirme que l’assainissement est terminé. La communauté internationale ne dit rien.

La distribution des cartes d’électeur commence en Haute-Guinée (fief du pouvoir) une semaine avant le 23 septembre (date officielle), tandis qu’elle ne débute qu’à dix jours voire une semaine de l’élection dans les autres régions. Les délégations spéciales confisquent les cartes de certains citoyens. C’est ce qui explique notamment le faible de taux de participation dans certaines régions : 58,90% à Boké; 62,66% à Conakry contre 88,21% pour la région de Kankan.

La Céni refuse même d’envoyer les cartes d’électeur des Guinéens vivant en Angola, Guinée-Bissau et Sierra Leone. La Communauté internationale est au courant de ça, personne n’en a parlé dans son rapport.

Les Guinéens ont compris qu’on les a trompés

Le jour du scrutin, certains bureaux de vote n’ont ouvert qu’à 11 heures, d’autres n’avaient pas de liste d’émargement, certains ont voté dans un vieux bus, d’autres dans une station-service. Les délégués de l’opposition ont été chassés en Haute-Guinée.

A N’Zérékoré, le total des suffrages obtenus par les candidats (157 232) est supérieur au nombre de suffrages valablement exprimés (151 467). La Céni parle d’erreur d’addition.

Voilà pourquoi il n y a eu aucune manifestation (de joie ou de colère) après la publication des résultats. Les Guinéens ont compris qu’on les a trompés. On leur a fait croire qu’ils allaient choisir leur président le 11 octobre. En réalité, la communauté internationale avait décidé que le professeur Alpha Condé serait le président pour les cinq prochaines années. En échange de quoi ???????? L’avenir nous édifiera.

En définitive, le seul point positif de cette élection est que le Guinéen connaît désormais le vrai visage de la Communauté internationale. Il sait désormais que la démocratie pour les pays africains est « le choix de la communauté internationale, par la communauté internationale et pour la communauté internationale. »


A Mombeya, les paysans créent une fédération de producteurs

En septembre dernier, j’étais en voyage dans la région du Fouta Djallon au centre de la Guinée. A Mombeya, j’ai trouvé des paysans qui ont décidé de s’organiser afin de mutualiser leurs forces et ainsi augmenter leur productivité.

Mombeya est l’une des dix sous-préfectures de Dalaba. Elle possède d’énormes potentialités agricoles avec environ 2 500 hectares de plaine et de bas-fonds. Située à 35 kilomètres de la ville de Labé, elle a profité de cette proximité pour développer l’un des plus grands marchés hebdomadaires de la zone : le marché de Galy.

Ce marché est connu pour l’abondance des produits agricoles comme la tomate, l’oignon, la carotte, la banane, etc., mais aussi des produits de l’élevage et de l’artisanat.

Ndiola moussou et produteurs negocient le prix des tomates au marché de Galy
Ndioula moussou et producteurs négocient le prix des tomates au marché de Galy

Ainsi, chaque semaine, les femmes commerçantes appelées communément « Ndioula moussou » viennent avec une dizaine de camions, négocier ces produits avec les producteurs afin de les transporter soit à Conakry soit à Diawbhé au Sénégal via Labé où elles vont les revendre quatre à cinq fois plus cher. Ce sont donc ces commerçantes qui font la meilleure affaire en profitant de l’ignorance des paysans. Il n’est pas rare de voir ces femmes créer une situation de «  l’offre supérieure à la demande »afin d’obliger les paysans à bazarder leurs produits devant le risque de pourrissement. Mais depuis quelques années, la donne commence à changer.

 

 

Les paysans s’organisent

Pour augmenter leur productivité et bien négocier leurs produits, les paysans de Mombeya ont décidé de s’organiser. Ils ont ainsi créé une coopérative de paysans : la coopérative agricole de Kouma Pily devenue plus tard la fédération des producteurs et protecteurs de l’environnement du Fouta.

Des femmes membres de la fédération entrain d'arroser
Des femmes membres de la fédération en train d’arroser

Composée de quatre-vingts groupements répartis en six unions de producteurs, elle intervient dans les domaines de l’agriculture (cultures vivrières, maraîchères et fruitières), de la protection de l’environnement et de l’élevage en participant à:

  • La formation des membres des groupements
  • La recherche des intrants agricoles
  • La recherche de financement au niveau des institutions nationales et internationales
  • La création des activités génératrices de revenus.

Les six unions sont les suivantes :

  1. L’union des producteurs de l’environnement, composée de 344 membres dont 71 hommes et 273 femmes ;
  2. L’union des maraîchers, composée de 495 membres, dont 95 hommes et 400 femmes ;
  3. L’union des producteurs des cultures vivrières composée de 347 membres, dont 72 hommes et 275 femmes ;
  4. L’union des producteurs de haricot, composée de 328 membres, dont 61 hommes et 264 femmes ;
  5. L’union des producteurs de café, composée de 403 membres, dont 98 hommes et 305 femmes ;
  6. L’union des éleveurs, composée de 105 membres, dont 36 hommes et 69 femmes.

Ainsi donc la fédération est composée au total de 2 022 membres, dont 436 hommes et 1 586 femmes.

Selon Mamadou Alpha Galy, ingénieur agronome à la retraite et président de la fédération, leur principal partenaire est le Programme alimentaire mondial (PAM). Cet organisme des Nations unies assiste presque chaque année les membres de la fédération en leur octroyant des denrées lors de la période de soudure (juillet-août). Elle a aussi joué un rôle important dans l’installation des cantines scolaires dans les écoles primaires : le PAM fournissant le riz et la fédération fournit les condiments.

C’est aussi le PAM qui a appuyé la fédération dans la réalisation de près de 100 hectares de forêts communautaires.

L’autre partenaire de la fédération est l’ambassade des Etats-Unis. Elle a notamment financé la rénovation d’une école primaire de trois classes et la construction d’un centre de santé.

La fédération vient aussi de déposer des demandes de partenariat auprès des ministères de l’Agriculture, de l’Elevage et de l’Environnement.

Résultat : les paysans sont mieux organisés. ils ne se font plus rouler par les « Ndioula moussou », et prévoient même d’envoyer leurs produits à Conakry ou Diawbhe pour gagner plus d’argent.

La fédération des producteurs et protecteurs de l’environnement du Fouta a reboisé près de 100 hectares et possède actuellement une pépinière d’environ 18 000 plants d’orangers.

Elle vient de terminer la clôture par grillage de quatre bas-fonds pour une superficie totale de 190  hectares ainsi que l’installation de deux forages par bas-fond pour l’arrosage pendant la saison sèche. Ce projet a été  financé par le Programme de gestion communautaire des terres (PGCT).

Enfin, la fédération vient de construire une bergerie communautaire également financée par le PGCT.

La fédération sollicite les autorités compétentes nationales et internationales pour appuyer leur avenir en pérennisant des acquis d’une part. D’autre part, elle continuer à mener ses activités pour le développement des communautés afin de réduire la pauvreté et l’exode rural.

A bientôt !!!!!!!!!


Vendre dans les interminables embouteillages de Conakry

Conakry, la capitale guinéenne est connue pour ses interminables embouteillages. Que tu empruntes l’autoroute « Fidel Castro » ou la route « Le prince », tu dois toujours t’attendre à tomber dans un bouchon. L’une des causes est sans doute le fait que le centre administratif de Kaloum et le grand marché de Madina sont du même côté de la ville.

Le matin donc, tout le monde se dirige dans la même direction et le soir tout le monde prend le sens inverse. Imaginez donc le calvaire quotidien des Conakrykas.

Le malheur des uns fait le bonheur des autres

bouchons-e1437043734483-364x245Ces bouchons ne font pas que des malheureux; en effet, ils font le bonheur de centaines de marchands ambulants.

Marchandises sur la tête, ou parfois dans un sac à dos, ces jeunes hommes et femmes circulent entre les rangées des voitures et proposent toute sorte de produits. Cartes de recharge, journaux, sachets d’eau minérale, boîtes de conserve mais aussi des articles plus grands comme des assiettes ou même des chaises en plastique.

La marchandise peut aussi varier selon la période. Ainsi, on peut trouver plus de cahiers, ardoises, stylos… en septembre-octobre; dattes, mayonnaise… pendant le ramadan ou encore des gadgets du SYLI NATIONAL (l’équipe nationale de football) lors des compétitions sportives comme la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).

Mamadou, la vingtaine,  vend des cartes de recharges téléphoniques. Il en a pour tous les opérateurs. Etudiant en licence 2 sociologie dans une université de la place, il profite des vacances pour faire cette activité afin de subvenir à ses besoins.

Mabinty quant à elle, vend de l’eau minérale. Mariée et mère de deux enfants, elle fait cette activité afin d’aider son mari (qui ne gagne pas assez) pour les dépenses quotidiennes.

Au moment où je l’interviewais, on entend une voix de loin qui l’interpelle : «Yé kayyi !!! » (Vendeuse d’eau); Mabinty court vite tendre un sachet d’eau à un chauffeur de taxi. Elle poursuit le taxi jusqu’à ce qu’elle reçoive son billet de 500 GNF, puis se retourne. Cette poursuite peut parfois aller jusqu’à 100 mètres selon que l’embouteillage bouge ou pas.

Qu’en pensent les usagers ?

Les avis des usagers sont partagés sur le sujet. Pour certains, ces marchands les arrangent, car en plus du fait qu’ils leur font gagner du temps en leur proposant des marchandises en pleine circulation (ce qui leur permet d’avoir ce qu’ils veulent sans descendre et aller au marché), mais aussi les prix sont très abordables.

Pour d’autres, ces marchands doivent rester dans les marchés car ils provoquent beaucoup d’accidents surtout avec les motards.

Pourquoi vendre dans les embouteillages au lieu de rester dans les marchés ?IMG_20150919_142533

Pour répondre à cette question, j’ai rencontré Ibrahima, un vendeur de réchauds électriques. « Au marché, il faut louer une place et payer des taxes, alors qu’ici nous ne payons rien et puis ici on a la possibilité d’exposer nos marchandises aux centaines d’automobilistes. », me dit-il. Et de terminer, un large sourire sur le visage, avec ce dicton célèbre peul : « Ko yeeyete yee6ete », c’est-à-dire « la marchandise à vendre doit être exposée ».
A bientôt !!!

 

 

 

 

 

NB : Les noms des marchands ont été modifiés


Bienvenue à Conakry

Un peu d’histoire :

Source: Googlemaps

 

En 1887, l’île est entièrement recouverte par une forêt de palmiers et de fromagers, dans laquelle sont répartis quatre villages : Conakry,BoulbinetKrutown et Tombo (cédée peu avant par les Anglais aux Français). Sous la colonie française, Conakry devient la capitale de la colonie des « Rivières du Sud » en 1889, puis de la colonie de Guinée française en 1891 (« Guinée Française et Dépendances », colonie autonome placée sous l’autorité du Gouvernement général de Dakar).

Aujourd’hui, Conakry compte environ 2 000 000 d’habitants (selon le recensement de 2014). Elle est composée de cinq communes qui sont placées sous la tutelle et la surveillance administrative et financière du Gouverneur de la ville.

Les cinq communes

La presqu’ile de KALOUM est aujourd’hui l’une des cinq communes de Conakry, elle est d’ailleurs la plus petite. Elle est le centre administratif de la Guinée. On y trouve le palais présidentiel appelé « SEKHOUTOUREYA ». On y trouve aussi la plupart des différents Ministères, la Banque Centrale, le Port, l’Hopital IGNACE DEEN(le deuxième plus grand hôpital du pays), le palais du peuple qui est aussi le siège de l’Assemblée Nationale, la Première Radio Télévision Guinéenne (devenue RTG BOULBINET), le camp ALMAMY SAMORY TOURE, pour ne citer que ceux là. Kaloum est le cœur de Conakry.

Conakry Express
Conakry Express

C’est dans cette commune que je vais m’embarquer sur le train de la banlieue : CONAKRY EXPRESS. Il y a tellement du
monde que j’ai du batailler dur pour pouvoir monter. Il faut signaler que beaucoup de banlieusards empruntent ce train pour
rentrer en banlieue pour diverses raisons. Certains à cause du faible prix de transport, d’autres pour éviter les interminables embouteillages. J’achète le ticket de KM36 à 4 500 GNF(en Taxi, j’allais payer  10 000GNF), et le train bouge direction la haute banlieue.

 

 

 

Dès qu’on franchit le pont « 8 Novembre », les rails délimitent les communes de Dixinn et Matam.

Pont 8 Novembre
Pont 8 Novembre

A droite, c’est la commune de MATAM, le poumon économique de Conakry et de la Guinée. C’est dans cette commune que se trouve le grand marché MADINA, le plus grand du pays. On y trouve aussi, le grand Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile.

A gauche des rails, il y a la commune de DIXINN, la commune des cités. C’est dans cette commune que se trouvent l’Hôpital DONKA(le plus grand du pays), l’Université GAMAL ABDEL NASSER (la plus grande du pays et surtout la première), le stade du 28 Septembre, la Mosquée FAYSAL (la plus grande du pays). On y trouve aussi le tristement célèbre CAMP BOIRO.

Entre temps, le train fait un arrêt à COLEAH pour prendre les étudiants de l’Université GAMAL notamment. Il fait un autre à DIXINN GARE pour prendre les passagers de MADINA et démarre en laissant beaucoup à la gare faute de place.

Nous arrivons à la haute banlieue et aux deux plus grandes  communes de Conakry qui sont aussi délimitées par les rails.

A droite, il y a la plus grande et la plus peuplée : MATOTO. C’est dans cette commune que se trouvent l’Aéroport International de Gbessia et le Camp ALPHA YAYA DIALLO, le plus grand camp militaire du pays.

A gauche, il y a la commune de RATOMA, la 2ème plus grande. Ici en plus de l’Université GENERAL LANSANA CONTE de SONFONIA, il y a aussi le Stade de NONGO et la Nouvelle Radio Télévision Guinéenne (RTG KOLOMA).

Toutes ces cinq communes sont bordées par l’océan Atlantique et possèdent toutes des plages qui malheureusement sont mal ou pas du tout aménagées.

Eh bien, le train est arrivé à la gare de KM36, le terminus. Entretemps il a fait cinq autres arrêts : DAR ES SALAM, COSA, SIMBAYA GARE, WANINDRA et CIMENTERIE.

Je vais prendre un taxi pour rentrer chez moi à DAR ES SALAM. Ah oui !!!, ce même DAR ES SALAM où le train avait fait un arrêt. Mais je ne pouvais pas y descendre car il fallait que je t’amène, cher lecteur, jusqu’au terminus. J’espère que le voyage t’a plu et que surtout tu as une idée sur cette magnifique ville : CONAKRY.


Conakry sous l’eau

Miniere sur la route le prince

Conakry, la capitale de la Guinée est sous la pluie depuis le vendredi. Il pleut sans cesse nuit et jour.

Il est 7h du matin ce lundi,  comme d’habitudes, le nomade sort pour se rendre au boulot. Parapluie à la main, je trouve difficilement un taxi, direction le centre ville de kaloum(le centre administratif de la Guinée). En route, je découvre les dégâts causés par la  pluie: caniveaux bouchés, routes et maisons inondées. Bref la Guinée mérite vraiment le nom de RIVIÈRES DU SUD.
Ne pouvant distinguer la limite de la route , certains taxi se retrouvent carrément dans les caniveaux comme le montre cette image prise Lundi à la minière dans la commune de Dixinn.

En plus de ces dégâts matériels, on déplore au moins 5 morts. Certains cadavres ont été retrouvés en bordure de mer, d’autres dans des caniveaux.

Dabondi en face de la station Total
Dabondi en face de la station Total

Sur la toile, les activistes s’enflamment.

     Sur Facebook, chacun décrit la situation autant qu’il peut, photos à l’appui. Certains internautes vont jusqu’à demander la mise en place d’un état d’urgence afin de venir en aide aux populations, d’autres accusent le  gouvernement de laxisme.

Un autre d’ironiser: En cas de sécheresse, nous faisons des prières pour avoir la  pluie, alors c’est le moment donc de faire des prières afin d’arrêter la pluie.

Selon la météo, les pluies devraient continuer jusqu’au Jeudi.


Je suis un nomade

Quand je créais le blog sierrafrench.mondoblog.org en 2012, j’avais oublié de tenir compte d’un point crucial. L’avais-je vraiment oublié ? Pas vraiment. En fait je ne m’étais pas encore rendu compte, je ne savais pas exactement qui j’étais. Cela vous paraît stupide de ma part ou peut-être fou mais rassurez-vous ! Je ne suis ni stupide ni fou, mais je ne savais pas exactement qui j’étais. C’est vrai que je savais que je m’appelle Ismaila H. Barry, né en terre africaine de Guinée vers la fin 85, volontiers sans demander les parents j’allai m’inscrire à l’école coranique à l’âge de 5 ans. Puis à l’âge de 6 ans, je fus inscrit à l’école des « écritures bizarres », (au Fouta Djallon, on appelait l’écriture française ainsi, car ça s’écrit de la gauche vers la droite contrairement à l’arabe) ; tout cela je le savais, mais j’ignorais une chose capitale : JE SUIS UN NOMADE.
Nomade, oui ! Voyageur par nature, car je suis un Peuhl.
Quand je créais ce blog j’étais donc à Freetown  (Sierra Leone), je voulais partager avec vous cette merveilleuse aventure, vous faire visiter ce très beau pays. Mais deux mois après je quittai Freetown pour Conakry (Guinée). Vu que j’avais donné à mon blog l’étiquette Sierra Leone, je me retrouvai devant une situation difficile. Je ne pouvais plus continuer à vous parler de ce pays ; voilà pourquoi je décide de changer de nom de blog et de l’appeler désormais : LE NOMADE
Ceci me permet de vous parler de chaque pays que Dieu me donnera la chance de visiter, chaque ville, chaque continent. Nous serons ensemble partout où j’irai et Dieu seul sait où et où je me rendrai, car je suis un Nomade et vous risquez de le devenir vous aussi.
Vous vous demandez sûrement si je suis toujours à Conakry ? Eh bien, je vous le dirai bientôt !