Mon coin de Liberté

Abidjan, Côte d’Ivoire Le top 10 des lois les plus violées.

L’ivoirien à un problème avec les règles, les lois!

Il existe des top-listes dans tous les domaines. Les meilleurs ceci, les pires cela, les plus ceci, les moins cela, etc.

Faisant un tour dans les rues d’Abidjan, je me suis amusé à constater, ce que je qualifie (sans être un expert en droit) de violation de la loi. J’en ai tellement eu ma dose que j’ai décidé d’en faire un top : Le Top 10 des lois les plus violées en Côte d’Ivoire.

Mon intention ici est de montrer comment les citoyens, les ivoiriens et habitants de ce pays, foulent au pied les lois, réglementations et interdictions au vu et au su de l’Etat et cela n’émeut personne. L’ivoirien a un problème avec les règles.

L’incivisme de la population fait face au mutisme de l’autorité étatique qui a troqué son droit à la « violence », à la coercition contre du verbiage creux. Comme on le dit dans mon quartier, « l’Etat c’est comme un tailleur, toujours prêt à prendre des mesures mais jamais à coudre (appliquer)». Ceux qui ont trouvé la devise de ce pays (Union-Discipline-Travail) doivent aujourd’hui retourner dans leurs tombes car la nouvelle devise semble être : Union-Indiscipline-Travail (pour le premier et dernier mot, nous y reviendront prochainement).

Trêve de bavardages, allons à l’essentiel…

1- Le code de la route

A ce niveau, ai-je vraiment besoin d’expliquer ? Rendez-vous au carrefour liberté (carrefour très connu d’Adjamé, dans le centre d’Abidjan), ou la SIPOREX (Yopougon, Nord d’Abidjan) ou simplement prenez l’autoroute de Bassam (ancienne capitale de la Côte d’Ivoire, à quelque Kilomètre au Sud d’Abidjan). Les infractions se font la concurrence devant l’amateurisme, le manque d’équipement, la complicité (je n’ose dire la corruption) des agents de la circulation. Dépassement et parking hasardeux (la course aux clients), les queux de poissons, le mauvais état des véhicules (où font-ils leur visites techniques ceux-là), surcharge, etc. bref ! Allez-y. et si vous ne vous êtes pas fait renverser, revenez qu’on en discute…

2- L’interdiction des sachets plastiques

Le décret N°2013-327 du 22 mai 2013 portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation, de la détention et de l’utilisation du sachet plastique est pourtant clair mais bon, chacun fait ce qu’il veut (crédit photo: Le club de la raison)

Grand carrefour de Koumassi, 21 oct 2017 (photo Le Club de la raison) VGE au niveau d’ancien Koumassi, 21 oct 2017 (photo le club de la raison)

3- L’occupation anarchique des espaces publiques

Je vous renvoie à mon article. La rue, chacun y fait ce qu’il veut. D’ailleurs ne dit-on pas « espaces publics » ? Alors c’est pour nous, c’est pour tout le monde. Chacun peut y faire ce dont il a envie !!!

4- Les klaxons abusifs !

Je ne sais pas si le klaxon est réglementé par le code de la route mais je sais qu’est passible d’une amende de 10.000 francs à 500.000 francs quiconque fait usage dans les agglomérations et aux environs des hôpitaux et des écoles, d’avertissement sonores en dehors des cas de danger immédiat, d’après la loi n° 96-766 du 13 octobre 1996 portant code de l’environnement, à son article 103, alinéa 1er .

A moins que circuler dans les rues d’Abidjan soit « danger immédiat », je ne comprends pas cet amour pour le klaxon. Gare à vos tympans si vous vous retrouvez surtout dans les carrefours cités au TOP 1.

5- Les nuisances sonores.

Les articles 11 et 12 du décret N°2016-791 du 12 octobre 2016 portant règlementation des bruits de voisinages stipule que

« Article 11- Aucun bruit ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité et sa vibration, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne ou d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité.

Article 12- Toute manifestation bruyante susceptible de produire des émissions sonores de niveau supérieur aux normes indiquées à l’article 5 du présent décret est an préalable soumise à autorisation de l’autorité administrative compétente de la zone d’accueil dudit événement… »

Tous ces maquis, ces mosquées, ces églises, ces fêtes d’anniversaire, de baptêmes et autres, qui nous empêchent de dormir sont-ils autorisés ? D’ailleurs qui contrôle les autorisations ? Personne ! Absence de contrôle et égale à Absence de contrainte donc : on s’en fout.

6- L’abandon des véhicules dans les rues

La rue ou l’espace public n’est pas un parking ! Combien de fois dont-on le dire ? L’article 39 du décret N°64-212 du 26 mai 1964, portant réglementation de l’usage de la voies routières ouvertes à la circulation stipule « il est interdit de laisser abusivement un véhicule ou un animal stationner sur une route ». Alors tous ces véhicules laissés à l’abandon dans les rues d’Abidjan, ce n’est pas abuser ? Ou bien personne ne voit ? Ou les rues ne sont pas des voies routières ouvertes à la circulation ? Je ne suis pas un expert mais je suppose qu’il y a quelqu’un, une autorité, une entité, chargé du suivi sauf si l’Etat encore une fois ne voit rien !

7- Les ordures ménagères

Les articles 100 et 102 de la loi N°96-766 du 03 octobre 1996 portant code de l’environnement sont très clairs. Je ne vous donne pas le contenu de ces articles car au-delà de toute loi, tout le monde devait savoir que LA RUE N’EST PAS UNE POUBELLE. Mais bon, l’ivoirien a un problème avec les règles de toutes manières.

Faites un tour dans les rues d’Abidjan, vous verrez ! Les opérations grand-ménages comme celui dont parle l’article RFI, lancées à chaque fois en disent long sur le phénomène.

8- Les plaques d’immatriculation fantaisistes

Il y a les uns, les autres et les etc. dans ce pays. Il y a ceux qui font la loi (les uns), ceux à qui la loi ne s’appliquent pas (les autres) et les millions de etc. à qui la loi s’applique. Parce que je suis chanteur et j’ai pour ami le ministre « de la pluie et du beau temps), j’ai une plaque à mon nom tout seul ! Rien que ça. Et ils ne s’en cachent pas ! Ils sont partout sur facebook et dans nos rues.

9- Les montants des cautions et avances pour la location des maisons

L’article du site connectionivoirienne.net qui date du 12 juillet 2017 est très explicite sur ce sujet. Et c’est tout le contraire qui s’applique sur le terrain. Mais bon, personne ne voit une fois encore ! D’ailleurs, qui contrôle ? Donc on s’en fout !

10- L’affichage illégal.

L’article 104 de  loi n° 96-766 du 13 octobre 1996 portant code de l’environnement puni d’une amende tout affichage sur un immeuble sans l’autorisation du propriétaire. Alors les propriétaires d’immeuble à Abidjan doivent se remplir les poches à mon avis.

Je termine ce top 10 en passant sous silence certaines infractions comme le code minier avec les orpailleurs clandestins, la piraterie avec les CD partout en vente libre, certains individus qui prennent les rues pour des toilettes (interdit de pisser, amende coup de poing) l’interdiction de fumer dans les espaces publics et le téléphone au volant même si pour ce dernier élément, il faut reconnaître l’attention particulière de nos autorités. Ce n’est qu’un classement parmi tant d’autres que chacun peut faire et ce n’est basé que sur mon sentiment personnel, rien de scientifiquement prouvé !

 

L’intention ici n’est pas d’accuser l’Etat ni qui que ce soit mais d’attirer l’attention. Si la discipline fait partie de notre devise dans ce pays, il est temps de le montrer car l’ivoirien a vraiment un problème avec les règles, la loi. Il est temps aussi que l’Etat fasse son travail car s’il est seul dépositaire de la force, c’est qu’il a donc les moyens de faire respecter la loi.

En bonus, je vous laisse cette vidéo. Juste à côté d’un pont piéton, au dessus d’une autoroute à très grande circulation, voilà ce que font les ivoiriens… Et même au péril de sa vie, l’ivoirien a un problème avec les règles!

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Le boulevard Nangui Abrogoua d’Abidjan, un exemple du désordre ivoirien !

Faites un tour en Côte d’Ivoire, à Abidjan et surtout à Adjamé, boulevard Nangui Abrogoua. C’est une invitation et je vous assure que vous allez retenir votre passage ici. Vous allez le sentir passer ! Les odeurs, le désordre, l’insalubrité font concurrence avec l’Abidjanais.

Au delà de cette insalubrité, nous faisons face, en Côte d’Ivoire et surtout à Adjamé, à un phénomène habituel : l’occupation anarchique des trottoirs et maintenant de la chaussée ! Les marchés sont délaissés pour les trottoirs et pire… pour la chaussée ! Dans cette vidéo que j’ai faite, assis dans un bus de la Société de transports d’Abidjan (SOTRA), vous pouvez clairement voir de quoi il s’agit. Ce sont des pères et mères de famille qui quittent leur maison chaque jour pour exposer ainsi leur vie entre les roues des bus et la mégarde des gbakamans (chauffeurs de transport en commun bien connus à Abidjan). Entre la chaussée et le marché, je pensais que les parkings étaient partagés !

Le risque est quotidien et les accidents habituels. La question que l’on pourrait se poser et que je me pose d’ailleurs c’est : à qui la faute ? La mairie ? Le district ? Le ministère ? L’Etat ? Le gouvernement a initié plusieurs campagnes de déguerpissement, comme le montre cette vidéo de ivoirtv.net ou encore cet article pris sur le site de la Chambre de Commerce Libanaise en Côte d’Ivoire (CCLCI) et consacré au même boulevard que j’ai filmé. Cette situation est tenace, au point d’interroger le quotidien officiel de l’Etat de Côte d’Ivoire, Fraternité Matin.

Qui peut sauver Adjamé ? Mais allez voir le maire !

Toutes les opérations de déguerpissement se sont soldées, des mois après, par une recolonisation au vu et au su de tous.  Aveu d’impuissance de la part de l’Etat face à l’incivisme des Ivoiriens ? Complicité ou passivité de la mairie ? Les questions restent sans réponses.

Ce que l’on pourrait retenir, c’est que si nous les Ivoiriens, et à notre tête le chef de l’Etat, visons l’émergence, il est urgent d’agir et non d’abandonner comme nous le faisons. Même si des solutions viables ne sont pas envisageables pour certaines situations (voir ce communiqué du conseil des ministres du 21 juin 2017 cité par Rumeurs d’Abidjan), je pense qu’empêcher des gens d’occuper la chaussée est faisable. Chacun a son rôle à jouer.


CITES A L’ABANDON

Côte d’Ivoire, Abidjan, Laissez les cités pourrir, nous aimons bien dormir dehors!

Abidjan, en Côte d’ivoire, est la ville qui concentre la plupart des universités et grandes écoles du pays. Pour tout étudiant ayant le BAC, la plus forte probabilité c’est qu’il soit orienté à Abidjan. D’où se pose le problème de logements pour ces étudiants, en général, qui on quitté villages et hameaux pour se retrouver dans la ville d’Abidjan, sans forcement y connaitre quelqu’un chez qui se loger.

Les cités universitaires sont pour eux, pour nous, un salut pour ne pas connaitre cette situation publiée dans cette vidéo sur YouTube par les Observateurs france 24. Mais quand ces cités sont laissées à l’abandon, nous nous posons des questions. C’est le cas de la cité universitaire de Port Bouët2, au Nord d’Abidjan, sur la voix expresse de Grand Bassam, ville touristique du pays. Le spectacle est désolant comme le montre la vidéo sur ma chaîne YouTube. Des centaines de chambres qui auraient pu loger des milliers d’étudiants mais non, l’on préfère les laisser ainsi! D’ailleurs, elle n’est pas cachée, cette cité. Elle est juste sur cette voix internationale en partance pour la cité balnéaire d’Assinie, très prisée par nos autorités, à quelques centaines de mettre du 43ème BIMA, le camp français. Donc elles ne peuvent pas prétendre ne pas savoir!

A l’orée de cette émergence dont-on nous parle chaque jour, l’on est en droit de se demander si l’émergence passe par les lettres, par l’apprentissage mais surtout par la qualité des infrastructures de formation.

La cité de Port Bouët n’est qu’un exemple parmi d’autres comme le montre bien cet article de l’Observateur de France24.

Comme j’aime bien le dire, ce n’est pas une question de moyen, mais de volonté! Car si nous avons pu organiser les jeux de la francophonie, et réhabilité un immeuble à 43 milliards de F CFA (Abidjan.net),nous pouvons aussi réhabiliter nos cités estudiantines, qui, à mon sens, sont plus importantes.

 


Et si seulement on acceptait d’en parler!

La Côte d’Ivoire vis depuis quelques jours des « remous militaires » (Quand ce ne sont pas les remous sociaux). Avant « les mouvements d’humeur des militaires (pour prendre l’expression de la première chaîne de télé nationale), c’était la grève des fonctionnaires en passant par les infirmiers pendant que les enseignants refusaient de surveiller la soutenance des étudiants du BTS pour des raisons financières. Et si le mal était plus profond qu’il ne le paraît? Dirigeant comme population, et si le mal était plus profond? Et si on acceptait de se parler dès maintenant afin d’éviter certaines choses qu’on a déjà vécues? A trop jouer les autruches, on fini par se retrouver en dindons! Les imams ont essayé (comme le souligne l’article de koaci.com) mais que fait la Conférence des Évêques? C’est le moment d’éveiller les consciences et non venir se jouer les consolateurs! On voit la CENCO en RDC, alors Messieurs les Évêques, il est temps de vous lever. A tous les gens qui le peuvent, il est temps de se lever pour empêcher que le torchons brûle car comme on le dit chez nous, « il n’y a jamais de fumée sans feu »; or la fumée, nous en avons déjà vu. Que la Raison nous habite.