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Diplomatie européenne : les défis de Federica Mogherini

Après un an et sept mois à la tête de la diplomatie de l’Union européenne, l’italienne Federica Mogherini est arrivée à très exactement un tiers de son mandat de cinq ans. Je profite du fait de me trouver à Bruxelles pour quelques jours pour ouvrir ce blog avec un portrait de cette grande diplomate.

Le 1er novembre 2014, Federica Mogherini investit ses fonctions au poste de haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. À ce titre, elle est chargée d’assurer la coordination entre les ministères des Affaires étrangères de chaque pays membre, au nom de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne (PESC). Succédant à la britannique Catherine Ashton, la nouvelle « Lady Pesc » est alors élue à l’unanimité – à une voix près. Certains pays de l’Est, à l’époque, la considèrent trop proche de Moscou pour le poste.

Justement, son premier dossier : la crise identitaire ukrainienne accompagnée du rattachement de la Crimée à la Russie. Le dialogue avec Moscou est difficile : « Poutine n’a jamais respecté les engagements qu’il a pris en plusieurs occasions », regrette à l’époque Federica Mogherini. « Prorusse ou antirusse ? La vraie question est de savoir comment nous soutenons l’Ukraine aujourd’hui », a-t-elle alors précisé, mettant ainsi de côté les rumeurs de proximité avec le Kremlin.

À un tiers de son mandat, Federica Mogherini fait face à un tout autre défi : la forte pression migratoire sur l’UE et la volonté d’y apporter une réponse commune et cohérente. Un véritable casse-tête puisque les États membres ne font pas toujours de l’intérêt commun une priorité.

C’est dans ce contexte que la chef de la diplomatie européenne a présenté cette semaine un nouveau cadre de partenariat en matière de gestion des migrations. Des pactes « sur mesure » sont prévus avec certains pays, la Jordanie et le Liban par exemple, mais aussi le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Mali, l’Éthiopie, la Tunisie et la Libye. Concrètement, il s’agit, entre autres, de démanteler le modèle économique des passeurs, de créer des voies légales de migration, mais aussi et surtout d’améliorer les conditions sur place pour que la migration ne soit plus considérée par certains comme la seule issue.

« Des millions de personnes se déplacent dans le monde et nous ne pouvons gérer ces flux qu’à la condition d’agir au niveau mondial, dans le cadre d’un véritable partenariat », a déclaré à ce sujet Federica Mogherini. « C’est la raison pour laquelle nous proposons une nouvelle approche en vue d’instaurer des partenariats solides avec des pays clés. »

Le projet a reçu les approbations d’une majorité de députés, mais il va de soi qu’il ne fait pas l’unanimité. Bâtir une diplomatie européenne n’est pas une tâche aisée, mais Federica Mogherini n’en est désormais plus à son premier obstacle. Quels seront ses prochains défis ? Je ne serai moi-même plus à Bruxelles pour en témoigner, mais plus au sud, en Afrique, dans un des pays pour lesquels un de ces pactes migratoires est prévu. Une chose est certaine, le chapitre « crise migratoire » est loin d’être refermé.


Diplomatie européenne: les grands défis de Federica Mogherini

Avec ses un an et sept mois à la tête de la diplomatie de l’Union européenne, l’italienne Federica Mogherini est arrivée à très exactement un tiers de son mandat de cinq ans. L’heure de dresser un premier petit bilan.

C’est le 1er novembre 2014 que Federica Mogherini a investit ses fonctions au poste de Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. À ce titre, elle est chargée d’assurer la coordination entre les ministères des Affaires étrangères de chaque pays membre au nom de la politique étrangère et de sécurité commune de l’Union européenne (PESC). Succédant à la britannique Catherine Ashton, la nouvelle « Lady Pesc » avait alors été élue presque à l’unanimité – à une voix près.

C’est une supposée inclination pour la Russie qui aurait coûté à Federica Mogherini cette voix, certains pays de l’Est la considérant à l’époque trop proche de Moscou, voire carrément « pro-Kremlin » pour la présidente lituanienne Dalia Grybauskaite, la seule à s’être abstenue dans son vote.

Sitôt dans le bain, Federica Mogherini aura très vite eu l’occasion de montrer à ses détracteurs qu’ils faisaient fausse route. Il faut dire que son premier dossier difficile sera celui de l’Ukraine, plongée dans une crise identitaire profonde depuis alors plusieurs mois. En dépit de sa détermination à ouvrir le dialogue avec Moscou, l’Europe ne trouve pas la réponse espérée : « Poutine n’a jamais respecté les engagements qu’il a pris en plusieurs occasions », déplore alors Mogherini en amont de son mandat, soutenant que Poutine n’est pas un partenaire diplomatique fiable. « Prorusse ou antirusse ? La vraie question est de savoir comment nous soutenons l’Ukraine aujourd’hui », a alors précisé Federica Mogherini afin de mettre un point final à ces soupçons.

À un tiers de son mandat, Federica Mogherini fait face à un tout autre défi, la crise migratoire et le défi d’y apporter une réponse européenne cohérente. Un véritable casse tête puisque les États membres n’ont pas réussi à trouver de réponse commune sur ce point là, chacun faisant passer ses propres intérêts nationaux au premier plan.

Migrants: des pactes sur mesure

Cette semaine, la chef de diplomatie européenne a présenté en plénière une proposition visant à développer les investissements dans les pays d’origine des migrants, tout particulièrement en Afrique. Le plan prévoit d’utiliser des fonds européens pour promouvoir l’investissement privé dans les pays d’origine des migrants, en particulier en Afrique, s’attaquant ainsi aux causes plus profondes de la migration en tentant  d’améliorer les perspectives sur place.

La Commission projette d’établir des pactes sur mesure avec certains pays, la Jordanie et le Liban dans un premier temps, puis le Niger, le Nigeria, le Sénégal, le Mali et l’Éthiopie, ainsi qu’avec la Tunisie et la Libye dans un second temps. Améliorer les contrôles aux frontières, augmenter les retours et améliorer les conditions de vie des migrants et réfugiés : ces partenariats stratégiques devraient « récompenser les pays prêts à coopérer avec l’UE » tout en pénalisant « ceux qui s’y refusent », précise l’exécutif européen.

Lors du débat, une majorité de députés a salué les projets de renforcement de la coopération avec les pays tiers, notamment en Afrique, en y augmentant les investissements publics et privés pour soutenir le développement social et économique et ralentir les flux migratoires. Mais beaucoup de députés ont également mis en garde contre la réplication de l’accord conclu entre l’UE et la Turquie lors d’un débat mardi sur la proposition d’un nouveau « cadre de partenariat avec les pays tiers ».