aidara

Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (PRAPS), une bouffée d’oxygène pour le monde rural en Mauritanie

Ils avaient besoin d’activités génératrices de revenus (AGR), de formations dans divers domaines, de médicaments et de personnels vétérinaires, de véhicules, d’aires de repos pour les animaux convoyés sur de longues distances, mais aussi de marchés modernes équipés pour la vente de bétail, d’abattoirs…Ils, ce sont les pasteurs mauritaniens et leur famille qui retrouvent un second souffle de vie à travers les multiples interventions du PRAPS, lequel grâce aux 45…


Bamba Samory Soueidat, l’amoureux protecteur des tortues terrestres

C’est par un pur hasard, une matinée de l’année 1998, que Bamba Samory Soueidat tombe sur deux individus en train de griller une tortue. Depuis, il est devenu le protecteur de la Sulcata, menacée de disparition en Mauritanie.  La carapace de l’animal trônait sous le soleil ardent de l’Iguidi, à quelques encablures de Tiguint, tandis qu’une deuxième tortue attachée, attendait son triste sort. Pris de pitié pour elle, il débourse…


«Décolonisation», le film de Karim Miské en avant première dans les studios Holpac de Nouakchott

Les studios Holpac de la Cité Plage à Nouakchott ont projeté dimanche 29 décembre 2019, le film de Karim Miské, «Décolonisation». C’était devant un public de connaisseurs qui ont bien apprécié le montage de ce long-métrage découpé en 3 épisodes de 52 minutes chacun. « L’idée était de faire un film qui parle à tous les publics », a lâché Karim Miské, l’un des trois réalisateurs du film qui a fait le…



Tekavoul, un programme qui change la vie de plus d’un millier de femmes à Sélibaby

«Haye  Askari» et «Tadreïssa», deux bidonvilles, l’un à la sortie sud de Sélibaby et l’autre à la limite orientale de la ville. Une trentaine de femmes, la plupart cheffe de famille résidant dans ces deux quartiers déshérités de la capitale du Guidimagha, a bénéficié depuis plus d’une année des activités du programme national des transferts sociaux dit «Tekavoul». Promotion sociale, cash transfert, mesures d’accompagnement productives… Ce paquet de produits est…


Quand Daech radicalise l’État français

L’Etat français est entré dans une spirale de démence islamphobique sans précédent. Une victoire précieuse pour les organisations terroristes qui se servent de l’Islam pour leurs sales besognes.

Cette folie de l’État français fait suite à l’affaire Mickaël Harpon, cet informaticien de la préfecture de police de Paris, auteur d’une tuerie qui a fait quatre morts parmi ses collègues. Tout musulman en France exerçant une pratique religieuse rigoriste, notamment plus exacerbée durant le Ramadan, qui porte la barbe, qui a un comportement équivoque envers les femmes, qui pratique régulièrement et de façon ostentatoire la prière rituelle, qui porte un signe noir au front, est désormais suspect de radicalisation.

Une catégorisation du parfait terroriste que le Ministre de l’Intérieur français, Christophe Castaner, vient de brosser suite à l’affaire Michael Harpon, et donc susceptible d’être complétée par le prochain terroriste qui ne manquera pas de se manifester, tant cette catégorisation à elle-seule ne parviendra pas à éradiquer les actes criminels que les détraqués de la société française, jetant leur dévolu au dernier moment et on ne sait pourquoi sur l’Islam, ne manqueront pas de commettre en prenant notre Sainte religion comme cheval de bataille.

Cette psychose générale qui s’est emparée de l’État français risque fort d’avoir de dangereuses répercussion sur les 5 millions de citoyens français de confession musulmane, laissés en proie aux délires de leurs compatriotes qui ne manqueront pas de submerger les services de renseignement français chaque jour et chaque nuit de signalements de comportements suspects d’un voisin, d’un collègue de bureau ou d’un promeneur solitaire, répondant aux critères le qualifiant de « suspect terrorise », des critères établis le plus scientifiquement du monde par le Ministre de l’Intérieur.

Imaginez les tonnes de dénonciations que les services de sécurité français vont recevoir par heure et par jour, et imaginez le nombre de musulmans de France, qui risqueront des interpellations, des interrogatoires, des harcèlements, parce que justement, la catégorisation du « parfait suspect de radicalisation », sortie de l’imaginaire du Premier ministre français, s’applique parfaitement aux musulmans du monde entier, qu’ils soient en France ou ailleurs. La France ne pourra pas empêcher ses citoyens de confession musulmane de faire leur prière quotidienne, de redoubler d’efforts dans l’adoration durant le ramadan, de porter la barbe, et d’avoir le front noirci à force de prosternation.

En plongeant dans les abysses de l’absurde, sous la poussée d’une extrême droite aveuglée par sa haine de l’Islam, soutenue en cela par une partie des médias à large audience, l’État français vient de concéder sa première défaite contre les organisations terroristes. Celles-ci se féliciteront de la victoire formidable qu’elles sont en train de remporter sur la France, et qui va les inciter à enfoncer encore et encore le clou, par des coups d’éclat qu’ils exerceront non en passant par les vrais porteurs des valeurs de l’Islam, c’est-à-dire l’écrasante majorité des citoyens musulmans de France, mais par des convertis récents, faciles à manipuler et à embrigader jusqu’à l’acte final.

Car, si l’on juge les attaques terroristes essuyées par la France, toutes sont le fait soit de délinquants multirécidivistes soit de nouveaux convertis. Des personnes qui, dans leur parcours, ne sont pas connues pour leur dévotion religieuse et, paradoxe, ignorent tout de l’Islam.

Cheikh Aïdara


Dix pays d’Afrique de l’Ouest à Nouakchott pour valider les documents du Mentorat clinique des sages-femmes

Nouakchott abritera du lundi 14 au vendredi 18 octobre 2019, un atelier de validation des documents clés du Mentorat clinique des Sages-femmes. Cet atelier organisé par le Bureau Régional du Fonds des Nations Unies pour la Population pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre  (UNFPA-WCARO) accueillera des délégations venues du Bénin, Guinée, Côte d’Ivoire, Burkina Faso, Congo Brazzaville, Niger, Mali, Mauritanie, Togo et Tchad. Les délégations sont composées de consultants et de représentants du ministère de la Santé ainsi que des écoles de formations en santé publique de chacun de ces pays.

Atelier sur le DIUPP à Nouadhibou-photo archives (Crédit Aidara)

Mettre l’accent sur le rôle de la sage-femme, sa formation initiale mais surtout la réglementation de ses activités et le soutient à lui apporter sous forme de mentorat et de supervision. Tel est entre autres, l’un des objectifs de l’atelier que Nouakchott va abriter du 14 au 18 octobre 2019 et pour lequel le Bureau Régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WCARO) a réuni dix pays où les avancés en matière de santé de la mère et de l’enfant tardent à donner des résultats satisfaisants. Cet atelier sera le lieu de disséminer l’expérience que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin et Madagascar ont mis en œuvre depuis trois années à travers des initiatives de mentorat des sages-femmes  pour améliorer la pratique et réduire la mortalité maternelle, surtout en période périnatale.

Pour évaluer l’impact de ses initiatives, UNFPA-WCARO avait diligenté des missions au Bénin, au Burkina Faso et à Madagascar. Les rapports produits ont servi de base aux discussions régionales sur l’élaboration d’un Référentiel du Mentorat Clinique des Sages-femmes, objet d’un atelier à Abidjan en mars 2018 et aux termes duquel, un draft a été élaboré.

Les documents clés du Mentorat Clinique des Sages-Femmes sont ainsi composés du Curriculum de formation (les modules), le Guide du Formateur et le Cahier de l’Apprenant.

Nouakchott servira ainsi dès lundi 14 octobre 2019 d’étape ultime pour la finalisation et la validation des documents pédagogique du Mentorat clinique des sages-femmes en Afrique de l’Ouest et du Centre. Il s’agira pour les participants de réaliser une revue critique des documents, discuter et amender le contenu des différents documents, et enfin, adopter le contenu final des documents soumis à validation.

Cheikh Aïdara

 


Route Nouakchott-Rosso, SOGEA SATOM promet la livraison en 2020

Les travaux du tronçon Nouakchott-Rosso, entre le PK 25 et le PK 145, avancent lentement mais sûrement. La société française SOGEA SATOM chargée de la réalisation des 120 kilomètres jusqu’à Bombri  sur financement de l’Union Européenne, a promis de livrer la route en juin 2020. C’est ce qu’une mission conjointe du Ministère de l’Equipement et des Transports et les ambassadeurs de l’Union Européenne accrédités à Nouakchott étaient venu constater ce 8 octobre 2019 aux termes d’une visite de terrain. 

Application de l’enrobé au PK 29 de Nouakchott par Satom (Crédit Aidara)

«L’objet de notre visite ce matin est de nous informer sur l’avancée des travaux sur la route Nouakchott-Rosso qui est une route vitale dans le développement économique de notre pays et dans le renforcement des échanges avec les pays de la sous-région, surtout avec le démarrage incessant de la construction du pont de Rosso» a déclaré le Ministre de l’Equipement et des Transports, M.Mohamedou Ahmedou M’Haimid à la fin de la visite effectuée mardi 8 octobre 2019 aux PK 44, PK 29 et PK 26 de Nouakchott. Il a surtout insisté sur le respect des délais de livraison et celui des normes et standards signés entre le maître d’œuvre et l’entreprise française.

Le Ministre de l’Equipement (Crédit Aidara)

Le ministre qui était accompagné par ses proches collaborateurs ainsi que le Wali du Trarza, avait effectué cette tournée en compagnie des ambassadeurs d’Allemagne, France, Espagne, Grande Bretagne et l’Ambassadeur Délégué de l’Union européenne en Mauritanie, SEM. Giacomo Durazzo. Ce dernier s’est d’ailleurs félicité de l’avancée des travaux malgré quelques retards qui seront selon lui vite comblés. Il a surtout mis en exergue l’impact de cette route sur l’économie nationale et sur l’économie régionale, mais surtout sur l’emploi de la main d’œuvre mauritanienne.

SEM.Giacomo Durazzo (Crédit Aidara)

Les deux délégations, européennes et mauritaniennes, ont ainsi visité la base de vie de l’entreprise française SATOM où ils ont pu suivre une brève présentation des travaux du chantier PK 25-Bombri. L’entreprise emploie au total 362 personnes, 22 expatriés et 291 mauritaniens, dont 5 femmes. Elle travaille également avec 45 sous-traitants. Il faut noter que plus de vingt ans après la réalisation de la route Nouakchott-Akjoujt en 1997, la route Nouakchott-Rosso en cours d’exécution est le deuxième contrat routier que SATOM décroche dans le pays.

Séance de briefing (Crédit Aidara)

Après le débriefing à la base de vie, les deux délégations se sont rendues au chantier de concassage, là où se trouve l’usine de l’enrobé, avant de pousser jusqu’au PK 29 pour suivre l’application de cette dernière couche. La tournée s’est achevée au PK 26, à l’atelier d’application, là où le coquillage est traité.

Il faut souligner que les 120 kilomètres de tronçon que SATOM est en train de réaliser sont financés entièrement par l’Union européenne, à travers le 10ème et le 11ème FED (Fonds européen de développement) à plus de 51 millions Euros. C’est la deuxième adjudication, intervenue fin 2016 puis notifiée en octobre 2017. SATOM a débuté les travaux de la route le 23 février 2018 pour une livraison prévue le 22 mai 2020. Auparavant, la réalisation de la route a été confiée en 2014 à une société portugaise, Monte Adriano, qui n’a pas pu respecter les termes du contrat qui sera résilié en 2016.

Photo de famille des deux délégations (Crédit Aidara)

La route Nouakchott-Rosso est considérée comme l’un des plus importants axes routiers du pays, en ce qu’elle relie l’Europe, via le Maghreb, et l’Afrique noire. Construite en 1968, elle s’était considérablement dégradée ces quinze dernières années, au point où ses nombreux nids de poules et ses crevasses ont fauché des dizaines de vie et causé d’importants dégâts matériels.

Cheikh Aïdara


Quand Dicko Hanoune s’en prend à Brahim Bilal Ramadan

Faisant suite au droit de réponse de Brahim Bilal Ramadan, président de la Fondation Sahel dans lequel il répond à ses détracteurs qui lui ont reproché d’intercéder en faveur du gouvernement mauritanien, lors de son séjour aux Etats-Unis sur invitation du Département d’Etat, pour la levée des sanctions américaines excluant la Mauritanie des facilités commerciales conférées par l’AGOA, Dicko Henoune, activiste mauritanien des droits de l’homme résidant en France, a publié un article incendiaire où il s’en prend aux démarche entreprises par le président de la Fondation Sahel. Voici ci-après l’article de Dicko Henoune et le droit de réponse de Brahim Bilal Ramadan qui a entraîné une telle controverse.

Article de Dicko Hanoune : «Brahim Bilal Ramdane président de la Fondation Sahel est devenu paranoïaque »

Qui peut  comprendre le comportement de Brahim Bilal Ramdane, Président de la fondation SAHEL depuis son dernier séjour aux Etat Unis ? Son problème vient du double jeu qu’il joue, narguant les victimes de l’esclavage héréditaire, ce n’est pas surprenant  pour nous. Absolument pas, il tient un discours populiste en Arabe pour plaire, accompagner les esclavagistes et un autre discours en français ou anglais pour tromper l’opinion internationale et les partenaires de  la Mauritanie sur le respect des droits  de l’homme. Voila pourquoi,  il est obligé de balancer son fameux  « droit de réponse » sans qu’on ne sache à qui, il répond vraiment. Comment un président d’une organisation non gouvernementale, qui prétend  défendre le respect des droits de l’homme, va  plaider la levée des sanctions « économique » à la place de l’application des lois qui sont à l’origine de ces sanctions ?

Brahim Bilal : « J’ai plaidé également pour la levée des sanctions ainsi que pour donner une opportunité au nouveau Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, dans l’espoir qu’il traduise ses dires en actes. Que les sanctions à caractère économique, ne nuisent qu’à la population, aux bienfaiteurs et donateurs et ceux-ci constituent le meilleur soutien – ou du moins le voudrions-nous – de la Fondation Sahel … »

Mais qui a dit à Brahim  Bilal Ramdane que les victimes de l’esclavage, d’exécutions sommaires ont bénéficié les avantages de l’AGOA ? Qu’il nous sort des exemples. Que Brahim Bilal nous  dit clairement, il parle de quelle population ? Depuis quand les sanctions l’AGOA visent les populations ? Qui a donné mandat à Brahim Bilal d’aller parlé au nom de la population  victime à sa place?  Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, il fallait attendre les actes de Ghazouani avant d’aller plaidé quoique ça soit. Les victimes de l’esclavage ne sont elles pas aussi importantes au point à les mettre  en dessous de quelques retombées économiques en faveur de la classe féodale qui détient le pouvoir mauritanien ?  Nous mettons en garde les partenaires de la Mauritanie sur le volet du respect des droits humains  contre ces fausses  informations de la Fondation Sahel et d’autres ONG  qui prétendent défendre les droits de l’homme en Mauritanie. Le département des Etats Unis n’a pas de leçon à recevoir d’une fondation fantôme venant de la Mauritanie sur le respect des droits humains.

Rappel : Dans un décret présidentiel que vient de rendre public le Bureau américain en charge du commerce, le chef d’Etat américain, Donald Trump a informé le Congrès américain ainsi que le gouvernement mauritanien de la suspension de la Mauritanie des facilités accordées dans le cadre de la Loi sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique à compter du 1er janvier 2019. Washington explique que sa décision a été motivée par le manque de progrès du pays en matière de lutte contre l’esclavage en Mauritanie.

Le président Donald Trump a particulièrement insisté sur l’esclavage héréditaire et les pratiques de travail forcé. «La Mauritanie ne respecte pas les critères d’éligibilité de l’AGOA. En particulier, la Mauritanie n’a pas progressé dans la lutte contre le travail forcé, précisément contre le fléau de l’esclavage héréditaire. En outre, le Gouvernement mauritanien continue à limiter la capacité de la société civile à travailler librement pour résoudre les problèmes liés à la lutte contre l’esclavage »

Brahim Bilal est il conscient de la gravité de son acte devant le département Américain ? Les ONG abolitionnistes prennent acte de ses  agissements ignobles contre l’intérêt des victimes.

Diko Hanoune/ Militant Abolitionniste  

Brahim Bilal Ramadan (2ème à partir de la droite) lors de son séjour aux USA

Droit de réponse de Brahim Bilal Ramadane, président de la Fondation Sahel

J’ai lu les commentaires d’un article paru sur Cridem à propos d’une réunion qui m’a regroupé avec le département d’État américain (TIP) et le parti travailliste (https://cridem.org/C_InfoCat.php?cat=9).

J’ai remarqué que certains politiciens semblent confondre entre les vaches. Ce qui suscite de ma part les clarifications suivantes :

– Je ne suis membre d’aucun parti politique et n’appartient à aucune tendance et je ne reçois, ni ne donne de leçons à qui que ce soit, en dehors de la fondation Sahel.

Dire que je suis envoyé par le régime ou que je travaille avec lui, ce sont de vieilles accusations sans la moindre preuve et je n’arrive pas à comprendre pourquoi certaines personnes utilisent une torche en plein jour.

– Je suis venu ici , assister à ma manière, en tant qu’organisation de défense des droits de l’homme représentant un projet communautaire, à la recherche de relations, de soutiens et de relations.

– Le titre choisi pour l’article publié sur Cridem n’était pas innocent. nous n’avons pas déployé d’efforts et nous ne sommes ni représentants du régime ni de l’opposition.

Il n’est pas de notre ressort ni compétences de lever les sanctions contre l’État, mais nous avons fourni un avis duquel nous sommes convaincus : Que les sanctions à caractère économique,ne nuisent qu’à la population , aux bienfaiteurs et donateurs et ceux-ci constituent le meilleur soutien – ou du moins le voudrions-nous – de la Fondation Sahel …

– Nous n’avons coordonné cette position avec aucune partie en dehors du contour Sahel (ici) et nous n’en demandons contre cela ni remerciements ni gratifications.

Mais cela s’inscrit dans le cadre de notre amour pour la patrie et de notre volonté de profiter de toutes les chances qui s’offrent à notre développement.

– Si une quelconque partie veut sanctionner les personnes impliquées dans la corruption et le vol de l’argent des citoyens, nous la saluons et lui tendons la main de la collaboration-

Cela nous l’avons exprimé à deux reprises – à condition que les sanctions visent les intérêts particuliers de ces personnes impliquées, tels que leurs virements bancaires, les visas pour leurs voyages, etc.

Quant au peuple mauritanien, nous sommes ici pour le défendre avec foi et impartialité.

Nous avons dit sur toutes les plateformes, ici et là, et nous continuerons à dire, à moins que quelque chose ne change vraiment, que la situation des droits de l’homme en Mauritanie n’est pas bonne ,que les lois et accords ne s’appliquent pas et qu’il n’y a pas de volonté politique de résoudre les problèmes du passif humanitaire et de l’esclavage.

L’injustice fondée sur la couleur ou la race est évidente encore et il n’ya meilleure preuve à cela, que les récentes nominations du jeudi noir.

Brahim Bilal Ramdane, Président de la fondation SAHEL


Litige foncier, quand un puissant homme d’affaires cherche à dépouiller ses pauvres voisins

La famille Haratine Ehel Hadrami vivait côte à côte avec celle du puissant homme d’affaires Mohamed Mahmoud Ould Atigh Ould Mohamed Abdallahi pendant des années dans ce qui n’était encore qu’une gazra à Arafat. La première cherchait un gît, l’autre, avec les preuves détenues aujourd’hui, l’accumulation de terres.

Derrière le mur cassé, des coeurs en colère (Crédit Aidara)

Lorsqu’enfin en 2009, l’Etat décida de régulariser ce vaste squat situé dans la Moughataa d’ Arafat, la famille Ehel Hadrami hérita du lot n°1574 du secteur 11 B, situé à proximité de l’Hôpital Sadagha et dans lequel elle a vécu de nombreuses années. Quand à la famille Mohamed Mahmoud, elle eut droit à trois terrains, l’une à l’emplacement de leur gazra et les deux autres dans une autre zone. Mais le puissant homme d’affaire voulait deux parcelles dans cette partie là, ce qu’il n’obtint pas. C’est ainsi qu’il jeta son dévolu sur celle de ses voisins. Une pauvre famille Haratine composée de plusieurs garçons et filles orphelins de père. Mais leur mère, Metou Mint Mohamed El Abd, décida de se battre pour remplacer le père disparu. Elle résista à toutes les tentatives de Mohamed Mahmoud. Un jour, ce dernier lui proposa de lui acheter le terrain. Ce qu’elle refusa catégoriquement. Il lui proposa le terrain contre ses deux terrains situés dans l’autre zone. Elle refusa. Il lui déclara alors la guerre. Selon les propos de sa fille, Khdeija, il lui aurait répondu : «puisque tu refuses de céder à toutes mes propositions, je t’arracherais ce terrain, j’ai de l’argent et l’administration est corruptible ».

Metou, la mère de la famille Hadrami, mènera pendant dix ans, un combat acharné contre Mohamed Mahmoud, fort du badge que l’administration lui avait délivré. Epuisée par ce long combat, à coups de va-et-vient devant les différentes administrations, qu’il pleuve ou qu’il vente, sous le soleil ardent et sous l’urgence du quotidien, Metou tomba malade, puis décéda en avril 2019.

Vulnérables après la mort de la mère

Restés seuls, les enfants Hadrami devenaient encore plus vulnérables. Plus de père, plus de mère pour les protéger. Des orphelins pauvres, issus d’une couche défavorisée et sans soutien. Mais la famille Hadrami s’arc-bouta sur son fameux Badge que l’Agence de Développement Urbain (ADU) lui avait délivré sous le n° 11 R, lui conférant la propriété des lieux (voir photo). Ce que la commission du Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme allait confirmer après une visite de terrain (voir photo).La conclusion de la Commission de l’ADU du 26 mars 2014 est la suivante : «La Commission demande l’attribution du lot n° 1574 au recensé C8-271 et le déménagement des autres recensés ». Or, le recensé C8-271 est Hacen Hadrami. C’est sur cette base que le badge lui a été délivré. Ce que l’l’Inspecteur général du Ministère de l’Habitat, rapporté par la famille, a confirmé à deux reprises. Selon lui, «ce terrain, selon les données de base du département, appartient bel et bien à El Hacen Ould El Hadrami ».

Le badge délivré par l’ADU (Crédit Aidara)

Mais le puissant homme d’Affaires, Mohamed Mahmoud Ould Atigh était parvenu, par on ne sait quel stratagème, par obtenir plusieurs complicités. D’abord, celui d’un inspecteur de l’ADU dénommé Abdallahi qui bloqua dans les données de base de l’agence, le badge de la famille Hadrami, après plusieurs visites à la famille pour l’inciter à abandonner le combat. Puis, le préfet d’Arafat et contre toute attente, le préfet de Toujounine, qui osa contre toute prérogative se manifester à plusieurs reprises dans le dossier. Même la complicité du Wali de Nouakchott-Sud n’est pas à écarter, selon la famille Ehel Hadrami.

La conclusion de la Commission d’attribution du Ministère de l’Habitat (Crédit Aidara)

Ainsi, depuis près d’un mois, le préfet d’Arafat fait tout pour arracher la terre de la famille Hadrami au profit de Mohamed Mahmoud. Cette connivence des autorités administratives dans une affaire qui relève du Ministère de l’Habitat, a été vite perçue par les militants du mouvement Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), l’association antiesclavagiste dirigée par Birame Dah Abeid, comme un combat d’un clan composé de Maures contre une famille Harratine. Ce qui donne aujourd’hui à ce dossier litigieux une autre dimension. Celle de la domination et de l’esclavage qui continue de perdurer sous la forme foncière à l’encontre des Harratines qui sont toujours dépouillés au profit d’un clan d’oppresseurs.

La résistance des Ehel Hadrami renforcée par IRA

Ainsi, la résistance de la famille Ehel Hadrami fut-elle renforcée par l’afflux du mouvement IRA, dont les éléments se déployèrent dans la dite parcelle pour la protéger de jour comme de nuit. La famille Ehel Hadrami était empêchée depuis des années à construire sa parcelle, alors que Mohamed Mahmoud Ould Atigh avait pu en toute tranquillité clôturer la tienne, qu’il n’habite pas, en attendant de faire main basse sur le terrain contigu, celui occupé par la famille Hadrami.

Quelques membres de la famille Hadrami arrêtés au commissariat Arafat 1 (Crédit Hadrami)

Le préfet d’Arafat continue ainsi d’accentuer sa pression sur la famille Hadrami, multipliant les arrestations de militants d’IRA et de membres de la famille. Des arrestations qui s’arrêtent tous au niveau du commissariat d’Arafat 1, sans que les menaces de déferrement devant le Procureur de la République soient effectives. Puis, les arrêtés d’hier, se font relâcher le lendemain. Une vie qui régule désormais le quotidien de la famille Hadrami qui s’est même vu agressée un jour par le clan Mohamed Mahmoud. Il s’en est suivi des échauffourées aux termes desquels, le clan Mohamed Mahmoud a battu retraite, emportant ses blessés.

La complicité du préfet d’Arafat

Entre temps, la famille Hadrami qui vit dans des baraquements sordides était parvenue à ériger un mur de façade. Il ne dura pas longtemps, car le 3 octobre 2019, le préfet envoya des renforts de garde et de policiers, plus un «Caterpillar». La famille refusa que l’on casse son mur. La charge des forces de l’ordre fut impitoyable. Il n’y avait en ce moment que les membres féminins de la famille, dont une vieille femme aveugle qui sera bastonnée devant un grand rassemblement de curieux. Les filles furent traînées, battues, déshabillées. Puis, le petit mur, d’à peine 1 mètre de long sur 10 mètres de large, fut abattu. Des filles et quelques garçons en plus de quelques militants d’IRA furent arrêtés et conduits au commissariat de police d’Arafat 1. Le lendemain, ils furent relâchés. Ces arrestations s’étaient faites à l’insu du Directeur régional de la Sûreté de Nouakchott Sud.

Le préfet envoie des policiers casser le mur (Crédit Aidara)

Selon le témoignage de la famille, le préfet refuse de les écouter et de recueillir leur version. «Chaque fois, il nous dit que le type, c’est-à-dire Mohamed Mahmoud, dispose d’un badge. Et quand nous lui disons, nous aussi nous avons non seulement le badge, mais l’attestation de l’Inspection générale du Ministère de l’Habitat et de sa commission, attestant notre propriété, il bouche les oreilles ». Selon Hacen Ould Hadrami, le préfet a pris fait et cause pour Mohamed Mahmoud et ne veut rien entendre. «Le comble, selon lui, même le préfet de Toujounine, qui n’a rien à voir dans cette affaire qui ne relève nullement de sa circonscription s’est aussi immiscé dans ce dossier, car à plusieurs reprises, ce sont des forces de l’ordre venant de Toujounine qui viennent nous harceler. Nous savons que nous avons affaire à un puissant homme d’affaires qui est prêt à dépenser des fortunes pour récupérer notre parcelle, mais ce sera  en passant sur nos corps».

Lundi 7 octobre 2019, la famille Ehel Hadrami a promis de demander audience à la Ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, pour qu’elle tranche définitivement sur ce dossier d’injustice flagrante. «Mohamed Mahmoud dispose de plusieurs terrains, alors que nous ne possédons que celui-ci. Nous ne possédons rien en dehors et si on nous dépouille, nous préférons nous immoler ici que de quitter » a affirmé Hacen, l’aîné de la famille Hadrami.

Cheikh Aïdara


Sayana Press, la méthode contraceptive qui décolle en Mauritanie

C’est un véritable plan de bataille que les autorités sanitaires mauritaniennes, avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), ont mis en place pour l’introduction et la mise à l’échelle du Sayana Press ou DMPA-SC. Il s’agit d’un nouveau type de contraception injectable qui élargit l’accès et les options en matière de planning familial.

 

Khadijetou Hadi Chef service PF au PNSR avec la sage-femme du centre de santé Amourj au Hodh Charghi (Photo Aidara)

 

Camp de MBerra, plus de 1.300 kilomètres de Nouakchott. La mission conjointe Programme national de santé de la reproduction (PNSR) et UNFPA en visite sur les lieux en septembre 2019 avait constaté que ce camp de réfugiés maliens qui regroupe quelques 14.000 familles pour une population de 57.000 personnes, est le point de convergence des agences des Nations Unies et quelques organisations internationales comme, World Vision, Oxfam, MSF ou Alima. La mère, le nouveau né, santé de la reproduction, nutrition…Autant de sujets de prédilections qui explique ce télescopage d’humanitaires dans cet endroit excentré, à 60 kilomètres de la frontière malienne. De l’autre coté, l’insécurité règne et explique la présence d’autant de réfugié depuis plus de sept ans.

Sayana Press, jusqu’au plus lointain des hameaux

Le taux d’accouchement au Camp de Mberra est des plus élevés en Mauritanie, d’où une place centrale accordée au programme de planification familiale au niveau des deux centres de santé, celui de l’Etat et celui de l’ONG Alima ainsi que ses quatre postes de santé, mais aussi au niveau de la maternité mise en place par l’Association Mauritanienne pour la Promotion de la Famille (AMPF) avec l’appui de l’UNFPA. Le Sayana Press vient d’y faire son entrée, certes timide encore, mais en progression, selon Fatimata NDim, sage-femme. «Les femmes du camp, surtout leur conjoint, étaient au départ réticentes à la PF. Mais tous ont compris l’intérêt de l’espacement des naissances pour leur survie, celle de leurs enfants et l’épanouissement de la famille. Le Sayana Press est de plus en plus demandé, grâce à sa commodité et à sa facile administration » témoigne-t-elle.

Des patientes à la maternité AMPF au Camp Mbera (Photo Aidara)

C’est le même engouement du côté du centre de santé géré par Alima où Dicko Pape Birame, sage-femme témoigne de l’engouement des femmes réfugiées pour le Sayana Press dès les premiers counceling. «La pullule est la méthode que les femmes préfèrent ici. Elles sont réfractaires aux injectables. Mais lorsque nous leur avons expliqué le caractère facile et commode du Sayana Press, certaines ont accepté de l’essayer, Depuis, la demande augmente de jour en jour» commente-t-elle.

Dans cette bataille pour le planning familial au Camp de Mberra, le rôle des relais communautaires est primordial. C’est le cas de Marième Mohamed, réfugiée malienne Touarègue qui, selon le témoignage du personnel du Poste de santé n°3 où elle opère, «son apport a été déterminant dans le recrutement des femmes pour la planification familiale et la santé de la reproduction en général». Marième Sall, sage-femme explique, «nous sommes avec des réfugiés qui étaient profondément pronatalistes. Avec des relais comme Marième Mohamed, un changement de comportement est en marche. Les femmes acceptent d’accoucher dans les centres de santé et même à demander elles-mêmes une méthode de contraception, dont de plus en plus le Sayana Press».

Marième Mohamed,relais communautaire (Photo Aidara)

Que cela soit dans la région des deux Hodhs, en Assaba ou encore au Guidimagha ou au Gorgol, là où la mission PNSR/UNFPA s’est rendue, les sages-femmes ont fait l’éloge du Sayana Press. Pour Fatimetou Fah, sage-femme au Centre de Santé d’Aïoun, capitale du Hodh Gharbi, «le Sayana Press est en tout cas commode pour nous prestataire, car il combine le médicament contraceptif et l’aiguille en un seul dispositif».

L’offensive des autorités pour le Planning familial

Soucieuses de respecter leurs engagements internationaux, notamment avec le Partenariat de Ouagadougou (PO) depuis 2011 et le Family Planning 2020 en juillet 2012, les autorités mauritaniennes doivent inclure 39.000 utilisatrices additionnelles dans le programme de contraception moderne, soit 5% de leur contribution du résultat du PO qui est de recruter 2, 2 millions d’utilisatrices additionnelles en 2020.

Dr. Sidi Mohamed Abdel Aziz

Selon le Coordinateur du PNSR, Dr. Sidi Mohamed Abdel Aziz, «dans le cadre du repositionnement de la PF, pour réduire la mortalité maternelle et profiter du dividende démographique, notre pays a pris des engagements ambitieux au niveau national et international». Il ajoute que l’usage de la contraception moderne reste cependant faible malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires. «De 10% en 2010, la prévalence contraceptive a sensiblement augmenté à 17, 8% en 2017, mais les besoins non satisfaits restent élevés, 33%» » déplore-t-il.

L’Etat mauritanien a dû ainsi s’inspirer des progrès spectaculaires du Sayana Press au Sénégal, au Burkina Faso, au Bénin et au Togo pour envoyer des équipes du PNSR s’inspirer de leur expérience. Il est en effet de plus en plus admis que l’utilisation des contraceptifs injectables devient de plus en plus populaire dans la prévention des grossesses, sans compter qu’elle offre aux femmes une protection  commode, intime et discrète, tout en facilitant l’auto injection à celles qui le souhaitent. «Les résultats positifs ressortis dans les rapports d’évaluation de l’introduction de produits contraceptifs injectables au niveau des pays pilotes ont motivé la Mauritanie avec l’appui de l’UNFPA à mobiliser 36.804 ampoules de Sayana Press en 2018, et élaborer son plan d’introduction de Sayana Press pour les années 2019-2020 » explique Bocar MBaye, Chargé de Programme SPSR/PF à UNFPA Mauritanie.

L’intérêt de la Mauritanie pour le Sayana Press a poussé le Secrétaire général du Ministère de la Santé, Ahmed Jidou Zeine, à mettre en place par note de service en date du 6 juin 2019, un comité technique de coordination et de suivi de l’introduction et de la mise à échelle de la molécule DMPA-SC présidé par la Directrice Santé de Base et Nutrition au Ministère de la Santé et composé de 14 membres dont le Coordinateur du PNSR et certains de son staff, en plus des partenaires et de la société civile.

Ce comité devra suivre la mise en œuvre du Plan d’introduction du Sayana Press 2019-2020. Ce plan prévoit le renforcement de capacités de 569 acteurs sur le Sayana Press d’ici fin décembre 2020, le recrutement de 39.000 nouvelle utilisatrices, la disponibilité du Sayana Press à 100% dans les formations sanitaires, etc.

Dans sa phase pilote, le Sayana Press est introduit au niveau des 5 régions les plus vulnérables en termes de mortalité maternelle et néonatale du pays, à savoir le Hodh Charghi, le Hodh Gharbi, l’Assaba, le Gorgol et le Guidimagha, en plus du Brakna.

Cheikh Saad Bouh Dieh Moctar dit Cheikh Aidara


Services d’Appui aux Entreprises : un corps de métier à consolider

Dans le cadre du programme PROMOPECHE, sur financement de l’Union européenne, le Bureau International du Travail (BIT), vient d’entamer une série de formations sur le Guide du formateur des Services d’Appui aux Entreprises (SAE), ou Business Development Services (BDS) en anglais, qui s’étale de septembre 2019 à février 2020. L’objectif est de permettre à des personnes locales ayant des profils de formateurs/accompagnateurs d’être aptes à répliquer ces formations et ainsi pouvoir accompagner des micro-entrepreneurs et des populations vulnérables dans le cadre de leurs activités. Une première session a eu lieu du 16 au 20 septembre 2019.

Au premier plan, Linda Deelen et Yahya Kane (Crédit Aidara)

Le programme Promopêche, ayant pour objectif la création et l’amélioration de l’emploi dans le secteur de la pêche artisanale, est financé par l’Union Européenne et l’Allemagne, mis en œuvre par le Bureau International du Travail (BIT), la Coopération allemande (GIZ) et l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID).

Promopêche vient ainsi de lancer une série de formation qui s’inscrit dans le prolongement d’une première sur les Services d’Appui aux Entreprises (SAE) qui s’est déroulée du 2 avril au 15 août 2018 sur plusieurs thématiques, notamment accès aux financements, coaching, leadership et changements de comportements. Par la suite, un Guide du formateur de 15 chapitres reprenant toutes ces thématiques a été élaboré, en mettant l’accent sur l’aspect méthodologique et pédagogique du formateur. C’est sur cette base qu’une trentaine de participants ont été sélectionnés pour prendre part à la nouvelle série en cours. Plusieurs d’entre eux ont assisté aux sessions précédentes. Cette série de formations sur le Guide du formateur des Services d’Appui aux Entreprises débouchera sur un processus de certification du Centre International de Formation de l’OIT (CIF) basé à Turin. Huit sessions de formation sont au programme.

L’environnement du marché

Sous la houlette de deux experts, Linda Deelen, Chef de Programme Entreprise, Microfinance et Développement Local au CIF et Yahya Kane, Maître formateur GERME, les participants ont suivi les modules relatifs à l’introduction aux Services d’Appui aux Entreprises, l’étude de marché et le marketing.

Un groupe de participants se met en situation de formateurs (Crédit Aidara)

Les formateurs ont utilisé une approche participative et des jeux de rôle, des discussions et des sessions de micro-enseignement consistant à demander aux participants de présenter en petits groupes les sessions étudiées du Guide du formateur des SAE. Ces mises en situation on été interactives et constructives, se révélant indispensables pour des participants qui aspirent à former et accompagner des groupes de personnes en se basant sur le guide.

Les défis qui attendent les Services d’Appui aux Entreprises en Mauritanie sont énormes dans un marché où la majorité des petites et moyennes entreprises (PME) sont dans l’informel et fonctionnent sous la forme familiale.

Yahya Kane, formateur


«Les Services d’Appui aux Entreprises doivent adapter leurs services à la demande, en termes de contenus, de besoins des entrepreneurs, de calendrier, de durée et de supports de formation. En fait, qu’est-ce qui caractérise l’entreprise en Mauritanie ? Sa taille et son caractère familial. Comment expliquer l’importance de séparer l’argent de l’entreprise de l’argent de la famille ? Comment promouvoir le principe de la compétence ? Si on se fait entourer par les membres de la famille sans compétence, si l’entrepreneur n’est pas conscient de l’importance de la ressource humaine, il n’ira pas loin».

Rendre la formation des formateurs adaptée

Yahya Kane                                                     
«Pour que les Services d’Appui aux Entreprises soient opérationnels et qu’ils puissent former les entrepreneurs potentiels, la première condition est leur capacité à apporter un changement perceptible par les entrepreneurs.  Lorsqu’un entrepreneur reçoit une formation qui augmente sa productivité et la gestion de sa petite entreprise, et qu’à travers cette formation, il augmente son chiffre d’affaires, il est prêt à payer sa formation initiale, et même à faire recours à un coaching et à payer les services pour son accompagnement. D’autre part, la meilleure façon de promouvoir les Services d’Appui aux Entreprises, c’est de construire un bilan d’appui aux entreprises. Il faut que les Services d’Appui dispensent des formations, documentent ce qu’ils font, montrent des résultats, fassent le suivi des entrepreneurs qu’ils forment, s’assurent de leur visibilité et s’approchent des entreprises de manière à évaluer l’impact de leur formation».

Une opportunité pour les jeunes entrepreneurs

Zeynabou Ndiaye

«Les Services d’Appui aux Entreprises doivent aller vers des formations capables de pousser les entreprises à se formaliser davantage afin qu’elles puissent évoluer de PME vers de grandes entreprises. Ainsi, en tant que structure de formation, les Services d’Appui aux Entreprises ont aussi un grand rôle à jouer dans les changements de mentalité. Cette formation est en tout cas une véritable opportunité pour nous jeunes diplômés sans travail. Cela nous permettra de trouver des créneaux sur lesquels bâtir notre expérience et aider de jeunes entrepreneurs à acquérir des compétences»

Services d’appui aux entreprises, une demande réelle mais latente

Sidi Mohamed Sow, Bureau Sarah Consulting


«Cette formation vient à point nommé car elle répond à des besoins des entrepreneurs mauritaniens qui ne sont pas pour la plupart conscients qu’il existe des structures capables de les accompagner et de fournir des solutions à leurs problème qui se situent à plusieurs niveaux, ressources humaines, accès aux financements, formation technique et management. Ce genre de formation répond ainsi à toutes ces attentes».

Inculquer la culture des SAE aux entrepreneurs mauritaniens

Ely Abdallah Ndaw, Expert en Ressources Humaines au cabinet Patrick Danielou et Associés (PDA).

Le cabinet Patrick Danielou et Associés (PDA) est une structure spécialisée dans le coaching, l’encadrement et le suivi de sociétés. Il travaille depuis 2001 en Mauritanie. Il compte à son actif une clientèle composée d’une vingtaine d’entreprises, toutes à capital majoritairement étrangers. Ce sont de grandes sociétés minières, comme Taziast, Al Gold, des compagnies comme Air France, des opérateurs comme Mauritel Mobile, etc. Le cabinet, eu égard à la courbe d’ascension et de décroissance des entreprises qui tourne autour de dix ans, a diversifié ses activités, en créant deux autres structures, AlMaaden pour la Gestion des Ressources humaines (AGRH) en 2011 et Gestion  des Ressources Humaines en Mauritanie (GRHM) en 2014. C’est l’exemple d’un Service d’Appui aux Entreprises qui a réussi à bâtir sa réputation par la qualité de ses services externalisées, comptabilité, paye, gestion des ressources humaines, etc. Selon Ely Abdallah «aucune entreprise à capitaux mauritaniens n’a encore demandé nos services. Ce sont surtout les étrangers, Canadiens, Français, Anglais, Marocains, qui nous sollicitent. Les entreprises mauritaniennes ont besoin d’être davantage édifiés sur l’importance des Services d’appui. Avec des SAE volontaristes, la culture de l’accompagnement et du coaching externalisé entrera peu à peu dans la culture des entrepreneurs, et pourront, comme les sociétés étrangères appréhender toute son importance. D’où la nécessité de former des SAE compétents et outillés».

Cheikh Aidara


Journée internationale de la contraception, les religieux au devant du combat

Imams de mosquée et jurisconsultes membres de l’Association des Ulémas de Mauritanie ont pris part avec force à la Journée Internationale de la Contraception du 26 septembre 2019 organisée sous le thème «Espacement des naissances pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle ». Le Ministère de la Santé à travers le Programme National de Santé de la Reproduction (PNSR), avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) Mauritanie, a tenu ainsi à donner un cachet particulier à cette célébration en mettant en avant le rôle des érudits dans une société mauritanienne profondément religieuse mais encore réticente à la planification familiale (PF).

Au cours de la journée deux communications ont été présentées, dont celle du Coordinateur du PNSR, Dr. Sidi Mohamed Ould Abdel Aziz sur la situation de la planification familiale en Mauritanie, acquis, défis et perspectives. Il a mis en exergue le caractère alarmant du taux de mortalité maternelle en Mauritanie, 582 décès pour 100.000 naissances vivantes, l’un des plus élevés de la région, avec un taux de prévalence contraceptive de 17, 8% dont 15, 7% pour les méthodes modernes, et un indice synthétique de fécondité encore élevé, 5, 1 enfant par femme.

Le Coordinateur a souligné les plans et stratégies mis en place depuis des années par les autorités mauritaniennes pour renverser la tendance, citant le premier Plan d’action national budgétisé de la PF (PANB) de 3 Milliards MRO qui s’est achevé en 2018, et du prochain PANB en cours d’élaboration. Mais également le Plan stratégique de la santé de la reproduction 2016-2020, le programme Maternité Sans Risques, le droit à l’accès à la santé pour les jeunes et les adolescents, le Plan de repositionnement de la PF 2019-2023 qui tient compte de l’outil FP 2020 Goals.

La deuxième communication présentée par Marième Tendghi Yahya, a porté sur la Loi portant Santé de la Reproduction adoptée en 2017 par le Parlement mauritanien. Elle a décortiqué le texte article par article, parcourant ainsi ses 26 articles et ses 8 chapitres.

Les érudits présents ont meublé les débats, certains allant jusqu’à critiquer l’écart entre la rigueur des textes de loi sur la santé et la réalité affreuse dans les structures de santé et auprès du personnel soignant. D’autres, ont demandé à ce que l’Etat profite de la prolifération des mosquées jusque dans les hameaux les plus lointains pour diffuser la loi sur la SR.

Cheikh Aïdara


Sécurité et Santé au travail, une culture et des pratiques à promouvoir dans la pêche en Mauritanie

Chantiers, usines, embarcations, terre-plein ! Des espaces où le danger côtoie en permanence le travailleur mauritanien. Une réalité documentée par Dr. Hatem Ben Mansour, expert à l’Institut de Santé et de Sécurité au Travail (ISST) de Tunis. C’était  lors de la formation organisée  du 16 au 20 septembre 2019 à Nouakchott, dans le cadre du programme Promopêche, financé par l’Union Européenne et l’Allemagne, mis en œuvre par le Bureau International du Travail (BIT), la coopération allemande (GIZ) et l’Agence espagnole de coopération internationale au développement (AECID).

Dr; Hatem Ben Mansour au milieu des participants (Crédit Aidara)

La sécurité et la santé au travail. Un sujet qui tombe sur une île presque vierge. Peu de Mauritaniens y sont sensibles, notamment dans le milieu de la pêche où les accidents de travail et les maladies professionnelles se multiplient. Ainsi, tout au long de la chaîne de valeur du poisson, du pêcheur à l’usinier, en passant par l’écailleur, le transporteur, le danger est permanent, malgré un dispositif législatif clair sur le sujet.

Que prévoit la législation en santé et sécurité au travail

Un diapo sur le mécanisme de suivi des accidents de travail (Crédit Aidara)

Les participants ont été familiarisés aux textes nationaux et internationaux relatifs aux risques liés au travail et qui sont faiblement pris en compte dans les métiers de la mer, telles que les dispositions du Code de Pêche, du Code de la Marine Marchande ou encore du Code du Travail, sans compter les conventions internationales de l’OIT, telles que la Conventions 121 de 1964 sur les prestations en cas d’accident du travail et de maladies professionnelles, la Convention 155 de 1981 sur la sécurité et la santé au travail, la Convention 161 de 1985 sur les services de santé au travail, la Convention 187 de 2006 sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail et la Convention 188 de 2007 sur le travail dans la pêche.

Tous ces textes exigent des conditions de sécurité optimales pour les travailleurs, et pour les employeurs, le devoir de créer un environnement décent à même de prémunir leurs employés contre tout risque travail, de même que leur prise en charge médicale en cas d’accident ou de maladie professionnelle.

Quelques outils de gestion des risques au travail

Au cours des cinq jours de formation, les participants ont été édifiés sur les risques professionnels à bord des navires de pêche, dans les usines et sur le terre-plein, sur les principes de la prévention et sur la nécessité de disposer d’une base de données sur les accidents de travail et les maladies professionnelles. Ces indicateurs sont utiles dans la gestion des risques et permettent d’apporter des réponses ciblées en fonction de leur taux de fréquence et de leur taux de gravité. Ils permettent surtout aux autorités de pallier l’absence de statistiques dans ce domaine très souvent négligé, car la plupart des accidents de travail ne sont pas comptabilisés, notamment dans le secteur de la pêche artisanale, qui est un secteur informel par excellence.

Les acteurs de la pêche découvrent des aspects ignorés sur la sécurité et la santé au travail

La majorité des participants, malgré leur expérience professionnelle au sein d’organisations socioprofessionnelles de pêche ou d’administrations en lien avec le milieu du travail, comme la CNSS ou la Médecine du Travail, ou d’institutions de formation comme l’Académie Navale, sont peu au fait des normes nationales et des conventions internationales du BIT en matière de sécurité et de santé au travail. Ce que la formation a permis de combler.

Mohamed Ould Abderrahmane, chef de service prévention CNSS
«Nous avons beaucoup appris au cours de cette formation, des notions sur la prévention de risques au travail, sur les statistiques, que nous ignorions. Nous remercions le BIT et l’UE d’avoir organisé cette formation qui est primordial et nous demandons à ce qu’elle soit répétée, avec plus de pratiques»

Mathurin Dieng, Facilitateur de la Plateforme «Cogestion» de la pêche artisanale
«Une formation très utile pour les acteurs de la mer. Nous avons appris beaucoup de choses, comme la nécessaire formalisation du secteur de la pêche afin que ses travailleurs puissent bénéficier des services de la caisse de sécurité sociale et de la médecine du travail. En matière de respect des normes liées à la sécurité, nous sommes à zéro. On compte 2 à 3 collisions en mer tous les six mois, notamment entre pirogues de la pêche artisanale et gros navires. Il en résulte des dégâts physiques souvent mortels et des dégâts matériels qui restent sans suite.  Au niveau de la pêche artisanale, les disparitions en cas de tempête, sont légions. L’année passée, une pirogue a chaviré et dix pêcheurs ont disparu. Après cette formation, nous devons en tant que pêcheurs et organisations socioprofessionnelles, allez vers la recherche de l’information, sur la caisse et la médecine du travail, voir comment y adhérer. Les responsables de ces institutions doivent aussi nous aider».

Bakary Mamadou, formateur au Centre de Qualification et de Formation aux Métiers de la Pêche (CQFMP)

«Cette formation a été très utile pour nous formateurs car nous avons recueilli beaucoup d’informations et de connaissances. En tant que formateur en sécurité en mer, j’avais besoin de cette formation pour me mettre à niveau. J’ai découvert beaucoup d’aspects liés aux risques de travail et la prévention de ces risques au cours de cette formation. Je remercie le BIT et l’UE et je trouve en effet que la sécurité en mer est un sérieux problème en Mauritanie. Les accidents sont nombreux et très peu de gens sont formés dans le sauvetage, que ce soit en mer ou à terre. Je salue l’initiative de l’ONMT de se déployer le long de la côte, là où l’Académie Navale dispose déjà d’installations».

L’Office National de la Médecine du Travail (ONMT), un outil à améliorer

Siège de l’ONMT à Nouakchott (Crédit Aidara)

Logé dans un immeuble flambant neuf à Tevragh-Zeina, l’Office National de la Médecine du Travail (ONMT) est une révolution dans le monde du travail. Des médecins spécialistes, des laboratoires qui seront complétés en 2020 à travers la coopération turque par l’installation d’un laboratoire de toxicologie, le premier en Mauritanie. L’ONMT développe également un partenariat privilégié avec le BIT et l’ISST de Tunisie. En plus de son rôle curatif à travers ses  centres et ses  postes de santé, il effectue également des pré-visites, des visites et post-visites aux entreprises dans le cadre de la sécurité et la santé au travail.

Dr. Mohamed Vall Houssein lors de la visite guidée à l’ONMT, à sa droite Dr. Hatem Ben Mansour (Crédit Aidara)

Cependant, il est confronté à plusieurs défis, selon Dr. Mohamed Vall Houssein, spécialiste en santé et sécurité professionnelle et Directeur Technique de l’ONMT, qui cite le caractère étendu du territoire national, l’absence d’indicateurs statistiques dans le domaine de la sécurité au travail et des maladies professionnelles, la mauvaise répartition du tissu économique, l’insuffisance du personnel qualifié et l’absence de coordination entre les acteurs du travail.

La visite guidée de l’ONMT et la présentation de ses missions ont été largement appréciés par les participants.

La dernière journée de formation a été consacrée à la connaissance des textes réglementant le travail en Mauritanie, notamment le Code du Travail et les textes régissant la sécurité sociale. Les participants ont posé beaucoup de questions sur l’applicabilité de ces textes sur le secteur de la pêche artisanale qui demeure informel. Des pistes de réflexion sont envisagées avec les institutions concernées avec l’appui du BIT, pour trouver des solutions afin que les travailleurs de la pêche artisanale puissent bénéficier des prestations ouvertes aux travailleurs du secteur formel, comme les prestations liées à la branche des risques professionnels.

Cheikh Aidara

 


Afriyan Mauritanie et UNFPA offrent aux habitants pauvres de Dar-Beida, deux journées de consultations gratuites

Organisées par le réseau Afriyan Mauritanie, avec l’appui du Bureau  Pays du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), deux journées de consultations gratuites en médecine générale, pédiatrie et services de santé de la reproduction, planning familial, ont été offertes aux habitants de Dar-El Beida, l’un des quartiers populaires le plus pauvre à Nouakchott.

Les tentes bondées de patientes (Crédit Aidara)

Pendant deux jours, les 24 et 25 septembre 2019, quelques 800 consultations ont été délivrées. La mobilisation a été forte, avec une écrasante présence de filles et de femmes, mais aussi d’enfants et de quelques hommes.

Aminetou Mint Sidi, la trentaine avec déjà quatre enfants, entre 4 ans et huit mois : «Je suis venue me consulter et la sage-femme m’a convaincue de suivre un planning. Elle m’a prescrit des pullules, la méthode que j’ai moi-même choisie comme la plupart des femmes de mon quartier».

Venu le deuxième jour et à la dernière heure, Zeinebou Mint El Barka, «j’avais des douleurs d’estomac ; on m’a prescrit une ordonnance mais on m’a dit que le stock de médicaments est  épuisé ».

C’est la même déconvenue pour Aminata Sow, dont l’enfant souffre de problèmes dermiques. Elle a pu au moins obtenir un paquet de pullules du lendemain. Pour son enfant, il n’y avait plus de médicaments à la pharmacie qui a été ouverte pour la circonstance dans l’enceinte du poste de santé.

Aida Diop, sage-femme, avec une patiente pour le PF (Crédit Aidara)

C’est surtout Madame Fall née Aida Diop, Sage-femme au Poste de Santé de Dar-Beida où ces journées de consultations gratuites se sont déroulées qui a été la plus sollicitée. Elle distribuait consultations pré et post-natales en plus du planning familial, à des femmes qui se bousculaient devant sa porte.  «Les femmes ici optent en général pour les pullules ; je leur ai proposé des injectables, mais elles semblent en avoir peur» a-t-elle déclaré. Elle a pu cependant administrer une dizaine de Sayana-Press et quelques Dépo-Provera.

D’une manière générale, les patients qui ont bénéficié des consultations ont exprimé toute leur satisfaction, d’autant que «ce n’est pas tous les jours, disent-elles, qu’on les soigne et leur donne des médicaments gratuitement».

De G.à Dr. Moussa MBareck, Bâ Bocar, Saidou Kaboré, Mohamed Abdallahi Sghaïr (Crédit Aidara)

A noter que la cérémonie de lancement des Journées de Consultations gratuites a été marquée par un échange de discours, entre le Représentant Résident de l’UNFPA en Mauritanie, SEM. Saidou Kaboré, le Président du Réseau Afriyan Mauritanie, Bâ Bocar, le maire de la commune d’El Mina, Mohamed Abdallahi Ould Sghaïr, la Coordinatrice régionale du Ministère des Affaires Sociales, de l’Enfance et de la Famille, Neya Mohamed Vall et l’infirmier chef du poste de santé, Adama Diop.

Les jeunes de Afriyan, réseau mis en place par le Bureau régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre,  ont aussi animé pendant les deux jours, des séances de sensibilisation sur les violences basées sur le genre (VBG) et les mutilations génitales féminines (MGF).

Il faut enfin mettre en exergue le rôle particulier qu’a joué l’Association «Jeunesse A l’Heure JAHE d’El Mina» et son président Moussa MBareck, membre du réseau Afriyan, dans la mobilisation des masses.

Cheikh Aidara


Bureau Mauritanien pour l’Insertion (BMI), une structure au secours des jeunes chercheurs d’emploi

Depuis janvier 2018, des jeunes chercheurs d’emploi comme Koudy Diallo et Abdoulaye Brahim Dia, ont une porte à laquelle taper pour les accompagner dans l’insertion professionnelle. En effet, le Bureau Mauritanien pour l’Insertion (BMI), mis en place avec l’appui du Bureau International du Travail (BIT) sur financement de l’Union européenne, à travers le Fonds Fiduciaire d’Urgence pour l’Afrique dans le cadre du PECOBAT, est une structure avec une vocation d’insertion. Il intervient à Nouakchott, au Brakna, au Gorgol et au Guidimagha.

Atelier d’entretien avec des jeunes demandeurs d’emploi

«Les besoins en matière d’insertion de jeunes diplômés chercheurs d’emploi directs ou d’auto-emploi sont réels. C’est la raison pour laquelle, forts de notre expérience de plus de dix ans avec le Groupement de Recherches Technologiques (GRET), à travers son projet CAP-Insertion qui a pris fin, mon ami Alpha et moi, avions décidé en décembre 2017 de créer le BMI. Notre structure dispose de son récépissés de reconnaissance en tant que SARL», a déclaré Mamadou Bâ, l’un des initiateurs du projet. Selon lui, les jeunes chercheurs d’emploi sont confrontés aux mêmes problèmes. Ils ne savent pas à qui s’adresser pour obtenir des informations sur les opportunités de travail, de stage ou de formation professionnelle. Ils ont un besoin impérieux en services de conseils, d’orientation et d’information. Tout ce que le BMI leur offre.

Le département de Sebkha, notamment Basra, l’un des quartiers les plus précaires de Nouakchott, avec son fort taux de chômage, abrite le siège central de BMI. «Nous avons choisi de nous installer dans un quartier périphérique de la capitale, l’un des plus déshérités, parce que les structures étatiques d’emploi, comme l’Agence Nationale Pour l’Emploi des Jeunes (ANAPEJ), fournissent certes des efforts, mais n’atteignent pas une couche de jeunes résidant loin du centre-ville et confrontés à des problèmes de transport, de connexion et d’information »a précisé Mamadou Bâ. ««Ici, nous recevons beaucoup de jeunes de tout bord. A travers les contrats qui nous lient à certains partenaires, tels que le BIT ou Terre des Hommes Italie, nous assurons le suivi-insertion des jeunes formés dans le cadre de projets comme PECOBAT, pour les aider à accéder au marché du travail après leur formation» nous confie-t-il. Selon lui, le BMI accompagne aussi les jeunes désireux de créer leur propre entreprise.

Interview avec une jeune demandeuse d’emploi

Concernant la méthodologie, M. Bâ explique que leur démarche se base sur les techniques de recherche d’emploi, notamment les conseils d’orientation, le ciblage et la démarche d’emploi, les techniques d’entretien d’embauche, de rédaction de curriculum vitae (CV) et de lettre de motivation, la défense d’un projet. «Autant d’appuis que nous apportons pour répondre aux besoins des jeunes dans leur quête de travail » souligne-t-il.

Le BMI s’est impliqué dans plusieurs projets visant l’insertion et l’emploi des jeunes à l’intérieur du pays, comme le Chantier-école d’entretien routier à Aleg (Brakna), le projet PECOBAT à Kaédi (Gorgol) et à Sélibaby (Guidimagha) dans l’insertion des jeunes formés en maçonnerie-terre et en énergies renouvelables. Ces deux projets sont mis en œuvre par le BIT sur financement de l’Union européenne. A noter que contrairement à Nouakchott, où le BMI dispose d’un siège fixe, il n’est présent à l’intérieur du pays que dans les moments actifs d’exécution de contrats de suivi-insertion avec les partenaires.

«Le BMI est parvenu, dans le cadre du PECOBAT, à insérer 66 jeunes sur 96, soit un taux d’insertion de 71% » a précisé Mamadou Bâ. Il s’agit selon lui, d’un pourcentage important, compte-tenu des réalités du marché de travail mauritanien et des difficultés inhérentes à l’insertion des jeunes en situation de vulnérabilité, avec peu ou pas d’instruction de base.

Indépendamment des projets confiés par les partenaires, il ajoute que le BMI accueille également des jeunes issus d’autres quartiers précaires de Nouakchott, tels que ceux d’El Mina, de Riadh, d’Arafat ou de Dar-Naïm, qui viennent spontanément pour une recherche de stages ou d’emplois. «C’est notre participation sociale à l’effort d’insertion que nous offrons, dont l’auto-emploi » explique Mamadou Bâ. «Dans le cadre des nouveaux chantiers écoles de formation du PECOBAT, qui ont démarré à MBagne (Brakna) et Gouraye (Guidimagha), avec cofinancement de l’Union européenne et de l’Agence Française de Développement (AFD), le BIT nous à approchés à nouveau» confie-t-il. Et d’ajouter, «nous avons été invités à rencontrer les stagiaires dès le processus de sélection pour les formations, en vue d’un éventuel accompagnement en suivi-insertion».

Selon lui, à part le BIT, dans le cadre des projets financés par l’Union européenne, les partenaires du BMI sont les ONG, Terre des Hommes, ECODEV, Mauritanie 2000, GRET et Action pour le Développement (Action-Dev), ainsi que l’institution DJIKKE de microfinance et le Centre d’Accueil et de Réinsertion sociale des Enfants en Conflit avec la loi (CARSEC).

Témoignages

Koudy Abdoul Diallo, 23 ans, divorcée : «je fais partie de la promotion formée par PECOBAT en maçonnerie-terre à Kaédi. J’ai travaillé dans la construction de l’école de Dar-Salam. J’ai été contactée ensuite par le BMI, ce qui m’a permis d’être retenue pour la construction d’une autre école à Mbagne, au Brakna. Je salue l’attention particulière que BMI nous a accordée. Je les remercie de leur accompagnement et de leur aide précieuse. Je remercie également le PECOBAT, le BIT et l’UE qui nous ont formés et qui ne nous ont pas lâchés, car c’est grâce à eux que j’ai été contactée par le BMI pour la phase du suivi-insertion»

Abdoulaye Brahim Dia, électricien-maintenance formé au CFPP de Nouakchott : «j’ai été formé au CFPP de Nouakchott en électricité en 2013, puis en maintenance électrique en 2015. Je ne connaissais pas le BMI. J’avais suivi une formation supplémentaire avec le BIT sur les énergies renouvelables en 2018, ici à Nouakchott. C’est le BIT qui m’a demandé de contacter le BMI pour le suivi-insertion. Depuis, je viens de temps en temps, voir s’il y a du nouveau. En attendant, je travaille pour mon compte dans des chantiers privés dans l’installation, la maintenance, les raccordements à domicile. Je cherche une embauche dans une entreprise du BTP, et si je trouve un petit financement pour ouvrir un atelier, ce serait mieux. En attendant, je ne chôme pas, car l’essentiel pour moi est de travailler et ne pas être dépendant. Merci au BIT et à l’UE et félicitations au BMI au service des jeunes».

Cheikh Aïdara

 

 

 

 


Conseil National du Dialogue Social : entre l’espoir d’un renouveau et l’angoisse du statut quo

Le Conseil National du Dialogue Social, mis en place en 2014 et dont les membres ont été désignés en février 2019, a organisé à Nouakchott sa première rencontre les 17 et 18 septembre 2019. C’était au cours d’un atelier de renforcement de capacités, sous l’égide du Ministère du Travail avec l’appui du BIT. L’éternelle effervescence des rapports tendus entre les pouvoirs publics et certaines centrales syndicales  a ressurgi dès la première journée au cours de laquelle, les arguments des partisans du renouveau se sont heurtés à ceux qui évoquent le statu quo.

@crédit Aidara


Pendant deux jours, du 17 au 18 septembre 2019, les membres du Conseil National du Dialogue Social (CNDS) ont participé à un atelier de renforcement de capacité organisé par le Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de la Modernisation de l’Administration (Ministère du Travail), avec l’appui du Bureau International du Travail (BIT) Alger dont dépend le bureau de Nouakchott.

Dialogue social et négociations collectives

Institué par décret 2014-156 du Premier Ministre en date du 21 octobre 2014, le CNDS dont les membres ont été nommés par l’Arrêté 085 du Ministre du Travail en date du 5 février 2019, suscite beaucoup d’espoir auprès des acteurs du travail, mais nourrit également le doute chez certaines centrales syndicales qui lui reprochent son faible ancrage institutionnel et le caractère purement consultatif de ses avis.

Le CNDS est composé de 21 membres, sept représentant l’Etat, sept les Employeurs et sept les Travailleurs. Son président a été nommé parmi les personnalités indépendantes. Il est composé d’une Assemblée Générale, d’un Bureau Exécutif et de trois sous-commissions.

En l’absence d’une définition conventionnelle du dialogue social, il est cependant établit que l’esprit de ce dialogue est ancré dans l’histoire et la culture locale, en tant que forme de négociation, de consultation et d’échanges qui se retrouve dans la Jemâa et la Choura, bien avant qu’il ne soit confiné dans des concepts juridiques et institutionnels.

Dans sa présentation sur les objectifs du CNDS, ses règles de fonctionnement, les attentes et les défis liés à sa mise en place, Hamoud Ould T’Feil, Conseiller technique du Ministre du Travail a rappelé quelques conventions de l’OIT ratifiées par la Mauritanie et qui sous-tendent l’assise juridique de ce nouvel organe de régulation sociale. Il s’agit de la Convention 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective de 1954, la Convention 87 sur la liberté syndicale et la Convention 144 sur les consultations tripartites relatives aux normes internationales du travail. Sur le plan national, il a cité le Code du Travail en son Chapitre IV sur la Convention et les Accords collectifs du Travail.

Il a passé en revue les trois grandes négociations collectives qui ont eu lieu en Mauritanie en 2005, 2011 et 2016, lesquelles avaient permis aux travailleurs d’obtenir de substantielles améliorations de leurs conditions, tels que les augmentations successives du SMIG, l’assurance maladie, la formation professionnelle, la révision du statut des dockers, etc., mais aussi aux employeurs de négocier leur fiscalité, coûts de production, endettement, entre autres.

La question centrale de la représentativité syndicale

Parmi les tâches confiées au CNDS, la tenue d’élections professionnelles devant fixer la représentativité syndicale, une vieille revendication que les autorités mauritaniennes n’ont jamais voulu satisfaire conformément à la feuille de route du 6 mars 2017 et en totale violation de la loi 017/2004 portant Code du Travail Mauritanien et fixant les critères de représentativité des organisations syndicales, en ses articles 90 et 265,

Le Conseil est également chargé de la mise en œuvre du Plan d’Action National pour l’Elimination du Travail des Enfants (PANET-RIM) et la réactivation du dialogue social entre les partenaires sociaux interrompu depuis 2016.

Communications et groupes de travail

Les participants ont suivi plusieurs communications, dont trois présentées par Mohamed Kchaou, Expert en dialogue social et administration du travail. Le premier est intitulé «Conditions de réussite du dialogue social au niveau national», le second, «Règles de conduite et recommandations pour le bon fonctionnement des conseils nationaux de dialogue social» et le troisième «Organisation du fonctionnement du Conseil national de dialogue social en Tunisie».

Mme Ntap Innocence Présidente CNDS Sénégal (Crédit Aidara)

Invitée d’honneur de l’atelier, la présidente du CNDS Sénégal, Mme NTap Innocence, qui était accompagnée de trois de ses collaborateurs, a présenté les 5 années d’expérience de son pays.

Enfin, les participants ont animé trois ateliers pratiques, sur les «Méthodes et techniques du dialogue tripartite au niveau national», «Les priorités du dialogue social en Mauritanie » et «L’organisation des élections professionnelles en Mauritanie : les difficultés et les solutions».

Les participants ont formulé et adopté à la fin de l’atelier un certain nombre de recommandations.

Il faut souligner que l’atelier a été ouvert par le Secrétaire Général du Ministère du Travail, Mohamed Mahmoud Ould Deh. Il a indiqué que son département travaille d’arrache-pied pour renforcer la capacité des partenaires sociaux, garantir leurs droits et préserver les acquis afin d’assurer  l’équilibre des relations au travail.  Il a enfin appelé les participants à profiter pleinement de l’atelier, louant au passage l’appui constant que le BIT n’a cessé d’accorder à son département.

Dr. Halim Hamzaoui, Directeur par intérim OIT Alger pour le Maghreb (Crédit Aidara)

Auparavant, le Président du Conseil, Mohamed Ould Baba, avait salué la présence des trois mandants de l’OIT, le Gouvernement, le Patronat et les Organisations syndicales, estimant que la qualité de leur apport servira certainement au succès de l’atelier.

S’exprimant au nom du BIT, Dr. Halim Hamzaoui, Directeur par intérim de l’OIT à Alger pour les Pays du Maghreb, dont la Mauritanie, a remercié les autorités mauritaniennes pour l’organisation de cet atelier dont l’objectif selon lui, est de renforcer la capacité des membres du Conseil National du Dialogue Social et améliorer leur expertise.

Cheikh Aïdara


Après altercation avec un Chinois au chantier du Port de NDiago, un camionneur mauritanien sous contrôle judiciaire

Sedigh Ould Halima, la trentaine, est camionneur dans une société chinoise chargée de travaux au Port de NDiago. Il se dit victime d’actes arbitraires non seulement de la part de ses employeurs chinois, mais aussi de la part de la gendarmerie de NDiago. Suite à une bagarre avec un pointeur chinois, qui l’aurait provoqué, il a été placé sous contrôle judiciaire par le Parquet de Rosso.

Le jeune Sedigh à l’extrême droite à coté de sa mère en compagnie de défenseurs de l’homme (Crédit Alioune Sow)

Le calvaire de Sedigh Ould Halima a commencé le 10 septembre 2019. Selon lui, le différend entre lui et le Chinois résulte du refus de ce dernier de lui pointer ces heures de travail, à la fin de son service de nuit, aux environs de 5 h 10 du matin. Quand il lui tendit sa feuille de pointage, le Chinois la mit dans la poche de sa chemise et refusa de le pointer. Lorsque le jeune tenta d’arracher sa feuille de pointage que le Chinois refusait de lui rendre, ce dernier lui asséna un coup de stylo sur la main, le blessant. Et c’est la bagarre,  avant qu’ils ne soient séparés.

Le Chinois alla se plaindre auprès de son supérieur, un autre Chinois. Ce dernier se rendit sur le champ au poste de gendarmerie distant de plusieurs kilomètres du camp pour porter plainte. Le jeune affirme que sans voiture, il ne pouvait les devancer pour porter lui aussi plainte. Il devait attendre la levée du jour pour trouver un taxi qui le déposa au poste.

A son arrivée, le jeune affirme avoir été humilié par les gendarmes devant les Chinois. Ils le placèrent en garde-à-vue et lui refusèrent même de parler avec sa mère qui l’appelait depuis Sélibaby pour s’enquérir de ses nouvelles. Le jeune fut conduit à NDiago, placé derrière les grilles. Pendant trois jours, dit-il, il ne trouva que peu à manger, ajouté au refus de le laisser prier parfois.

La veille de son déferrement, il déclare n’avoir pas eu envie de manger, tellement ses conditions de détention étaient inhumaines, enfermé dans un cachot sans fenêtre et au sol nu.  Les gendarmes lui auraient même refusé de se changer pendant qu’on le conduisait à Rosso. C’est le chauffeur du véhicule qui les transportait lui et le gendarme qui a fini par lui permettre de récupérer un pantalon de rechange à la base de vie du chantier.

Arrivé tard à Rosso, au lieu que le jeune prévenu soit conduit à la Brigade de gendarmerie, il passa la nuit chez un particulier, avec sa mère qui s’était déplacé depuis Sélibaby quand elle apprit sa mésaventure, ainsi que le gendarme accompagnant. Le lendemain, il a été entendu par un juge d’instruction, puis placé sous contrôle judiciaire, en attendant la tenue de son procès. Pourtant, selon les informations recueillies, le Chinois avait un arrête de travail de 24 heures seulement, ce qui, aux dires de sa famille, ne méritait pas qu’on inflige à Sedigh tout le calvaire et les humiliations qu’il a subi. Le Chinois n’aurait même pas été entendu. Il n’y eut même pas de confrontation pour savoir lequel des deux avait tort ou raison.

Cette affaire remet sur le tapis les nombreuses plaintes des travailleurs mauritaniens face à ce qu’ils appellent «l’impunité des employeurs chinois». Ils disent s’être toujours plaints de la situation de non droit qui règne dans les entreprises chinoises exerçant en Mauritanie, comme si, disent-ils, «ils jouissent du droit absolu de fouler au pied, la législation nationale du travail et les droits les plus élémentaires des travailleurs».

Cheikh Aïdara