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Diop Amadou Tijane, Vice-président de l’IRA : «Au-delà de l’horreur de la discrimination, l’aspiration à l’humanisme que m’impose mon combat »

ADT

Le dicton dit qu’un «con qui marche va plus loin qu’un intellectuel assis». L’évolution du monde s’est bâtie à coups de sacrifices pour un idéal qui transcende l’humain. Diop Amadou Tijane est, d’après ses amis et proches, «de la trame de ses intellectuels qui ont fait de la lutte pour les droits humains un sacerdoce, troquant la tranquillité d’une chaire d’Université aux rudesses d’une cellule de prison à Dar Naïm ». Condamné à 15 ans de prison le 18 août 2016 pour son implication présumée dans des troubles sociaux à Nouakchott (Affaire de la Gazra Bouamatou), Diop Amadou Tijane, qui est vice-président d’une organisation antiesclavagiste IRA,  «rejoint ainsi le Panthéon des grands combattants de la liberté et des causes justes » selon ses partisans. Mais pour le ministère public et la justice mauritanienne, «sa condamnation est amplement justifiée par son implication en tant que planificateur des violences dans l’affaire Bouamatou ». Parmi ses anciens amis d’IRA qui ont fait défection, notamment Dr.Saad Ould Louleid, «il fait partit de l’aile flamiste qui s’est emparée d’IRA pour déstabiliser la Mauritanie».

Professeur à l’Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des Entreprises (ISCAE) et au Sup Management ISIKOUMINIK de Nouakchott et ISI de Dakar, cadre auditeur de plusieurs institutions financières mauritaniennes et sénégalaises, Diop Amadou Tijane est membre de plusieurs ordres d’experts fiscaux, doctorant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et détenteur de plusieurs diplômes supérieurs, dont un DEA en droits des affaires économiques, un diplôme spécialisé en Ressources Humaines, un DESS en Audit comptable fiscal et financier et un DESS en gestion option Finances, après une maîtrise en Analyse économique décroché à l’Université de Nouakchott. Diop AmadouTijane est aussi chercheur-associé à UREM (Unité de Recherche sur l’Economie de Mauritanie) à l’Université de Nouakchott.

Le combat politique
Diop Amadou Tijane a entamé le combat politique sur les bancs des universités pour avoir été plusieurs fois délégués des étudiants, puis vice-président de l’AMESE (Amicale des étudiants en Sciences économiques en 1996), président de l’association JEUN (Junior entreprise université de Nouakchott en 1997) et puis, président de la Commission d’organisation de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar en 2000.
C’est en 2003, que Diop Amadou Tijane se lancera dans la politique informelle, en présidant le Collectif pour le Changement et l’Alternance (CCA), un mouvement de cadres mauritaniens pour le soutien de la candidature de Mohamed Khouna Ould Haïdalla. Durant cette présidentielle de 2003, il fera partie du directoire de la campagne de la jeunesse du candidat. En 2007, il co-préside en tant que vice-président, le Mouvement pour la Réconciliation Nationale (MRN) pour le soutien du candidat Ibrahima Moctar Sarr à la présidentielle de la première transition démocratique en Mauritanie.
C’est d’ailleurs au cours de la même année qu’il entrera d’une manière plus formelle dans le combat politique, en devenant vice-président de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie-Mouvement pour la Rénovation (AJD/MR) que Sarr Ibrahima venait de créer, lors de son 1er congrès des 17 et 18 août 2007. L’année suivante, il est élu président de la Commission nationale d’implantation du parti.

Du combat politique aux droits sociaux

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Délaissant le terrain de la lutte politicienne, Diop Amadou Tijane s’engage dans le combat pour les droits sociaux. Il rejoint le mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste) un peu après sa création, en 2009, en intégrant le premier bureau exécutif du mouvement en tant que Secrétaire chargé des relations avec la diaspora.
«Au moment de la création de l’IRA, j’étais vice-président de l’AJD/MR » raconte-t-il, soulignant avoir adhéré à ce mouvement par conviction. «C’était l’organisation qui me paraissait à l’époque la seule à répondre à mes exigences de lutte contre toute forme de discrimination et qui de surcroît véhicule le message de mon idéal pour la Mauritanie, un pays débarrassé de toute forme d’injustice et d’exclusion » fait-il remarquer. En plus, Diop Amadou Tijane ajoute que IRA «recoupait une de mes vertus car j’ai l’habitude de dire que j’ai trois vertus : je crois en Allah, je crois en l’amitié et aux valeurs humaines, j’ai horreur de l’injustice et de la discrimination». Ainsi, pour lui, «au-delà de l’horreur de la discrimination, se cache ma volonté d’aspiration à l’humanisme qui s’impose dans le cadre de mon combat».
Ce n’est qu’en 2014, que l’opinion publique nationale découvre Diop Amadou Tijane. Il avait pris en main la Direction nationale de la campagne du candidat Birame Dah Abeid à la présidentielle boycottée à l’époque par l’opposition. Il termina en 2ème position, juste derrière le Chef de l’Etat sortant, créant la surprise.
Depuis lors, Diop Amadou Tijane est à l’avant-garde du combat mené par le mouvement IRA contre l’esclavage, les discriminations et les injustices sociales. Invité plusieurs fois sur les plateaux des télévisions privées, «il a su déployer un talent d’orateur hors pair, avec la modération et la retenue propre à l’intellectuel qu’il est » reconnaît ses amis d’IRA.
Lors de l’emprisonnement et la condamnation de Birame Dah Abeid et de son vice-président Brahim Bilal Ramadan le 15 janvier 2015, suite à la «Caravane contre l’esclavage foncier », il participa sans ménagement au combat pour leur libération, animant toutes les conférences de presse à côté du collectif des avocats de la défense. Il fut l’un des rares cadres du mouvement IRA qui n’a jamais intéressé les limiers du pouvoir, jusqu’à ce fatidique 29 juin 2016.

Son arrestation telle qu’il la raconte

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«La journée du 29 juin, j’étais en train de travailler dans mon bureau jusqu’à ce qu’on m’apprenne par un coup de fil d’un ami, Thierno Barro, que quelque chose se passait en face de l’hôpital ophtalmologique Bouamatou. Je suis resté dans mon bureau jusqu’à 16 h 30 mn avant d’aller donner mon cours à ISIKOUMINIK. Je n’étais pas véritablement informé des événements dont m’avait parlé mon ami Barro. Le lendemain à 8 h sans mandat, six personnes vêtues en civils font irruption dans ma maison et me demandent de les suivre puisque je suis en état d’arrestation. Avant de me conduire vers une prison secrète conçue spécialement pour des terroristes. Une fois dans ma cellule, mes pieds étaient ligotés par des chaines et cadenas et 3 portes blindés se refermèrent derrière moi ».
«Plus magistral fut son intervention devant la Cour, pendant ces deux semaines de procès au cours desquelles, tant de procédures furent bafouées et tant de compromission furent dévoilées » fera remarquer son ami Wane. Le verdict du 18 août 2016 était pour lui bien clair. «Il est dicté par l’Exécutif qui commande le judiciaire dans tous les procès politiques ». Ce verdict, selon lui, vise «à entraver la liberté d’action du mouvement IRA et limiter la portée de sa légitimité politique ». Peine perdue, relève-t-il en substance, «car lui et ses camarades de cellule, sont déterminés à poursuivre leur combat et que rien ne saurait compromettre notre détermination à le poursuivre» dira-t-il.

Ce Rossossois d’origine Maghaméen
C’est le 16 février 1969 que Diop Amadou Tijane a vu le jour à Rosso. Son père, Diop Abou Demba, y servait comme instructeur au centre de formation militaire. Après sa retraite en 1974, la famille rejoignit son terroir d’origine, Maghama à l’autre bout du Fleuve Sénégal, pour s’y établir définitivement. Le petit Diop Amadou Tijane, comme tout bon Foutanké devait suivre l’apprentissage du Coran dans l’école de Thierno Saidou Ourdougal (Paix à son âme).
L’année suivante, il fit son entrée à l’école primaire de la ville tout en continuant ses études coraniques pendant sept ans, jusqu’à son entrée en 1ère année de collège. Dans la filière technique du lycée de Maghama, il sort major de tout le département.
Diop Amadou Tijane a toujours été fier de son père, Diop Abou Demba qui avait servi avec loyauté et abnégation son pays, la Mauritanie. Né en 1930 à Maghama, Diop Abou Demba s’était engagé à l’âge de 20 ans dans l’armée française. Après sa formation à Dakar Bango à Saint-Louis du Sénégal, il sera embarqué vers la France et participa à la campagne du Vietnam dans les années 1954. De retour en Mauritanie, il servit au sein de l’armée nationale, à Bir-Moghreïn puis à l’Etat-major des forces armées, surtout au centre de formation militaire de Rosso comme instructeur spécialisé en artillerie lourde. Plusieurs générations d’officiers et de sous-officiers sont ainsi passés entre ses mains, à l’image du colonel Cheikh Sid’Ahmed Babamine qui le remplacera plus tard dans son poste.
L’adjudant-chef Diop Abou Demba sera brutalement frappé de cécité et sort des rangs alors qu’il n’avait que 44 ans. Il fut admis d’office à la retraite. Parmi ses promotionnaires de l’armée nationale, le colonel Anne Amadou Babaly, dont Diop Amadou Tijane porte d’ailleurs le nom, mais aussi Yall Abdoulaye, Souedatt, Niang Ibrahima…D’autres parmi ses promotionnaires ont trouvé la mort durant la guerre du Sahara. Au niveau africain, Diop Abou Demba a eu comme promotionnaires de futurs Chefs d’Etat, comme Moussa Traoré du Mali, Aly Seybou et Seyni Kountché du Niger, André Collimba et Jean Bedel Bokassa de Centre Afrique ou encore Mathieu Kerekou du Bénin.
Diop Amadou Tijane est décrit par ses amis et ses collègues comme un patriote qui aime son pays, d’où son refus de succomber aux sirènes de l’expatriation alors que son back-ground lui offre grandes ouvertes les portes des universités à l’étranger. Ce père de deux enfants, a toujours été écartelé entre son idéalisme politique et son rigorisme scientifique. Du haut de ses 1,80 mètre, «ce grand garçon à l’air toujours jovial est plus présent sur le terrain de la réflexion et du management que sur celui de l’action » selon ses proches. «C’est un ouvrier de l’ordre social qui ne met pas directement la main à la pâte, mais conçoit l’architecture à bâtir» souligne son ami Konté. De là à associer Diop Amadou Tijane à une quelconque action violente, tous les avis sont unanimes. Sow Alioune, son camarade de combat au sein de l’IRA est formel, «Diop Amadou Tijane n’est pas un homme de terrain, et tout comme les membres de notre organisation IRA, notre combat s’est toujours inscrit dans la non-violence et l’action pacifique ».

La thèse des détracteurs
Les détracteurs du mouvement IRA sont nombreux et les plus hargneux sont, paradoxalement, leurs anciens amis qui ont fait défection. Ces derniers considèrent que le mouvement IRA a été récupéré par les Halpulaars flamistes pour d’une part, en faire un subtil tremplin pour leurs candidats à l’émigration et d’autre part, pour en faire une arme de vengeance contre les Maures. Ces derniers sont tenus comme responsables à leurs yeux des épurations ethniques qui ont particulièrement visé leur communauté durant les années de braise. Diop Amadou Tijane est ainsi cité comme l’un «des Flamistes, artisans du complot visant à déstabiliser l’Etat mauritanien en préparant les terreaux de la guerre civile sur la base des tensions ethno-communautaires en se servant du mouvement IRA comme cheval de Troie».
Dr.Saad Ould Louleid, ancien porte-parole du mouvement IRA, a publié plusieurs diatribes sous forme de déballage, révélant ce qu’il considère être «les secrets coupables du mouvement IRA ». Pour prouver le double jeu du mouvement sur le plan international et sur le plan national, il a personnellement accusé Diop Amadou Tijane d’avoir perçu lors de la campagne présidentielle de 2014 un montant de 7 millions d’UM versés par des proches du pouvoir pour soutenir la campagne de Birame Dah Abeid.
Durant son réquisitoire pendant le procès sur «l’affaire de la Gazra Ould Bouamatou » qui a valu à Diop Amadou Tijane une peine de 15 ans de prison, le Ministère Public accuse ce dernier d’avoir été l’un des planificateurs des troubles ayant conduit à l’attaque contre les policiers, attaque qui s’est soldée par la blessure de plusieurs policiers (dont certains dans un état grave) et l’incendie de leur véhicule.
Thèse que la défense a balayé d’un coup de toges, estimant que les preuves déployées par le Parquet étaient inexistantes et qu’ensuite la Cour a commis au moins deux fautes de procédure, en violant d’abord les dispositions de l’article 278 du Code des procédures pénales qui interdit l’introduction de tout appareil photo et audiovisuel en salle d’audience, et ensuite, en ignorant les plaintes pour torture déposées par Diop Amadou Tijane et ses compagnons conformément à la législation nationale et les conventions internationales signées par le pays.


Sidya Ould Ahmedi, président ONG AENC : «Il faut mettre chacun dans son droit pour prévenir certaines situations»

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En marge d’un atelier de formation à l’intention des membres du Mécanisme national (MNP) de prévention contre la torture qui a eu lieu mardi 23 août 2016 à l’hôtel Monotel Dar-el Barka à Nouakchott, atelier auquel plusieurs activistes de la société civile avaient pris part, nous avons recueillis quelques avis.
Selon Sidya Ould Ahmedi, président de l’ONG «Anciens Esclaves Nouveaux citoyens », des avancées considérables ont été réalisées par la Mauritanie dans le respect des droits de l’homme, par rapport notamment à son environnement africain et arabe. Il estime cependant que le monde rural et semi-urbain a besoin de programmes de lutte contre la pauvreté, mais surtout d’une éducation soutenue en matière d’information sur les droits de l’homme. Ce qui reste, selon lui, revient à la société civile qui est encore handicapée par le manque de renforcement des capacités en vu de la formation citoyenne des populations pour un changement des mentalités. C’est dans ce cadre qu’il a salué la caravane qui a sillonné récemment l’Est du pays et séjourne actuellement au Tagant pour sensibiliser les citoyens sur leurs droits, en particulier les victimes des séquelles de l’esclavage.
Par rapport aux fâcheux évènements qui ont eu lieu dans la gazera Bouamatou, Sidya Ould Ahmedi, estime que ces incidents étaient prévisibles au regard de la non prise en considérations des revendications citoyennes  et l’absence de solutions aux questions cruciales posées par l’extrême précarité de certaines couches sociales. «Il faut mettre chacun dans son droit pour prévenir ce genre de situation » a-t-il déclaré.

S’agissant du  MNP, il considère qu’il s’agit d’un outil important pour la surveillance des droits de l’homme et qu’il dénote de la volonté du président de la république à mettre fin aux pratiques inhumaines et dégradantes, ainsi que les tortures dans les lieux de détentions, des pratiques qui étaient courantes selon lui, dans notre pays. «Je suis très rassuré par le travail attendu du Mécanisme et je suis sûr que son président ainsi que ses collaborateurs sont capables de mener leur mission à bon escient, eu égard à leur bonne moralité et à leur expérience dans le domaine des droits de l’homme».
Enfin, Sidya Ould Ahmedi considère que «nous devons tous œuvés pour une Mauritanie juste, égalitaire et réconciliée avec elle-même, pour mieux consolider l’unité nationale et la cohésion sociale loin des ambitions politiques des uns et des autres ».

 


Mécanisme national de prévention de la torture (MNP) : Formation aux outils internationaux

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Un atelier de formation à l’intention des membres du Mécanisme national de prévention contre la torture sur les mécanismes internationaux a eu lieu mardi 23 août 2016 à l’hôtel Monotel -el Barka à Nouakchott.C’était sous l’égide de l’Association pour la prévention de la torture (ARP) fondée en 1977 et basée à Genève. Une délégation de ce mécanisme conduite par Walter Stinguer et Yasmine Chams avait été reçue auparavant par le Premier ministre Yahya Ould Hademine. Parmi ces objectifs, le renforcement des cadres juridiques et politiques, l’amélioration des pratiques de détention et le renforcement de la surveillance publique, toutes démarches qu’ils ont tenu à inculquer aux nouveaux membres du Mécanisme mauritanien qui a été mis en place lors de la visite il y a quelques mois du Rapporteur spécial des Nations Unies chargé des questions de torture.
Cet atelier a été marqué par un échange de discours au cours duquel, le président du Mécanisme national, Ould Khaless a salué l’initiative du gouvernement mauritanien dans la prévention des tortures, après la ratification de la Convention internationale contre les traitements inhumains dégradants et son Protocole facultatif. La Mauritanie a également élevé, a-t-il rappelé la torture au rang de crime contre l’humanité.
Pendant deux jours, les membres du Mécanisme ont suivi les exposés des experts de l’ARP avec lesquels les échanges ont été fructueux selon l’avis de certains participants.
Pour Boubacar Ould Messaoud, membre du Mécanisme national de prévention de la torture, le gouvernement mauritanien a été bien inspiré pour avoir mis en place un tel outil de surveillance et de prévention. Par rapport aux cas de torture soulevés récemment par plusieurs détenus au cours des dernier procès, en particulier celui des jeunes du M25 et des militants d’IRA, Boubacar estime que le MNPT aurait dû agir en amont, dès les premières arrestations pour prévenir tout acte de torture. Il déclare avoir cru que la mission qui leur était dévolue devait commencer dès l’instant où ils avaient prêté serment. «J’ai été surpris de constater que les autres membres du Mécanisme avaient une autre interprétation » a-t-il souligné, comme pour expliquer le refus du parquet de l’autoriser à rendre visite à certains détenus dès leurs premières arrestations.


Dr.Moulaye Mohamed Laghdaf : «Le dialogue va démarrer bientôt et permettra de consolider l’unité nationale »

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Dans un long entretien avec le célèbre journal égyptien «Al Ahram», le ministre Secrétaire général de la Présidence de la République, Dr.Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, a déclaré que le dialogue entre les acteurs politiques en Mauritanie est imminent, promettant que ses résultats permettront de consolider l’unité nationale et de renforcer la démocratie.
Pour sa part le FNDU semble ne pas être partant pour un dialogue unilatéral dont les règles de base ne reposent sur aucun consensus. Dans une récente intervention télévisée, le président Mohamed Maouloud, président de l’Union des forces du progrès (UFP) et membre du FNDU a déclaré que le pouvoir qui était en pourparler avancé avec l’opposition a brusquement rompu ses contacts, soulignant la sortie surprise du Dr Ould Laghdaf lors d’une conférence de presse annonciatrice du dialogue imminent sans aucune concertation avec ses partenaires politiques. Le front de l’opposition se dirige ainsi vers un boycott du prochain dialogue par rapport auquel le RFD d’Ahmed Ould Daddah s’était déclaré déjà non partant.
Assez pour faire dire à Abdessalam Ould Horma, président du parti Sawab et l’un des dialogueurs en puissance au sein de l’autre aile modérée de l’opposition, que tout dialogue non consensuel est voué à l’échec. Il a souligné que son parti réclame un dialogue franc et sérieux et qu’un dialogue auquel le FNDU ne prend pas part est voué une perte de temps, rappelant toutes les expériences passées. Pour Ould Horma, l’échec de tous les processus de dialogue jusque-là initiés est partagé entre l’ensemble des acteurs politiques avec une grande part de responsabilité qui revient au pouvoir en place. Il est mieux placé que quiconque, selon lui, pour faire des concessions et mettre en place un climat de confiance entre les acteurs de la scène politique.
Certains observateurs ont fustigé la politique de fuite en avant adoptée par le pouvoir en place qui semble faire fi des expériences passées où les dialogues passés sans l’opposition se sont achevés par des fiascos. «Ils vont organiser encore un dialogue politique, celui des applaudisseurs et rien n’en sortira, sauf les millions de la collectivité qui seront gaspillés. Dans une année ou deux, le président Aziz va sortir de nouveau pour parler de dialogue, Moulaye Mohamed Laghdaf va promettre encore à l’opposition sans accorder de concession, et ainsi de suite, dans une quadrature du cercle qui maintiendra le pays dans une longue spirale de crise sans fin » regrette un observateur local.


Investissements du Japon en Afrique : la Mauritanie compte tirer son marron du feu

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30 milliards de dollars US ! C’est l’enveloppe que le Japon met dans la cagnotte de sa coopération avec l’Afrique. Le président Mohamed Abdel Aziz a dépêché dans ce cadre son ministre des Finances pour tailler une bonne part de cette manne pour la Mauritanie. La foire d’empoigne de cet important marché d’investissement s’est déroulée à Nairobi, dans la capitale kenyane en présence de plusieurs chefs d’Etat africain.

Mokhtar Ould Djay, le ministre mauritanien des Finances était aux premières loges de la 6ème édition de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique) qui a eu lieu dans la capitale kenyane, Naïrobi. La Mauritanie qui a inauguré avec le Japon une fructueuse coopération dans plusieurs domaines, dont la pêche, la santé et la formation, compte ainsi tirer son épingle du jeu. L’enveloppe dégagée par Tokyo pour cette 6 ème édition est importante. Il s’agit de la bagatelle de 30 milliards de dollars US d’investissement pour la période 2016-2018 destinée entièrement au développement de l’Afrique. Le tiers de ce montant, selon le Premier ministre japonais Shinzo Abe à l’ouverture de la conférence est destiné à la construction et l’amélioration des infrastructures.
La TICAD est conjointement organisée par l’ONU, l’Union Africaine, la Banque mondiale et le Japon et vise à attirer les capitaux japonais en Afrique pour accélérer son développement. C’est une arme de concurrence efficace de Tokyo sur le marché du vieux continent, terrain sur lequel une rude bataille l’oppose à la Chine.
Une trentaine de Chefs d’Etat africain ont pris part à cette rencontre pour superviser la signature de plus de 70 protocoles divers et accords commerciaux. L’intérêt du Japon pour l’Afrique est d’autant plus crucial que pour la première fois la TICAD est organisée sur le Continent plutôt qu’à Tokyo comme il l’a toujours été depuis 1993. Les trois axes visés par la TICAD sont le développement industriel, la diversification de l’économie africaine et l’amélioration des soins de santé.
Avec la Mauritanie, la coopération avec le Japon s’est beaucoup intensifiée  dans plusieurs domaines. Lors de la revue annuelle de la coopération mauritano-nippone du 21 juillet 2016, une évaluation rapide des investissements accordés par le Japon à la Mauritanie durant ces dernières années a permis de constater un accroissement consistant des investissements japonais en Mauritanie, notamment dans le domaine de la santé, de l’éducation, du déminage, des pêches et de l’économie maritime et dans le domaine de la formation.
Aujourd’hui, le Japon se situe en peloton de tête des partenaires de la Mauritanie en matière de coopération bilatérale. Parmi les domaines d’intervention du Japon en Mauritanie, le programme de déminage et de désamorçage d’engins explosifs notamment au Nord du pays, à Nouadhibou. Dans le domaine maritime, le Japon a financé l’extension de l’Ecole nationale d’enseignement maritime et de pêche (ENEMP), l’extension du Port artisanal à Nouadhibou avec une enveloppe de 3,35 milliards UM, la construction navale et la réfection de navires océanographiques.


Axe Gargarat-Legouera : La poudrière qui risque d’enflammer le Nord

Gargarat

La Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO) a anticipé il y a peu de jours la confrontation qui allait opposer Marocains et Sahraouis dans la zone dite «Gargarat » frontalière de la Mauritanie. Cette  région nord du pays reste selon plusieurs observateurs une poudrière qui risque de s’enflammer à tout instant, face aux velléités du Maroc à sécuriser une zone qualifiée de non droit et au refus du Front Polisario qui  y voit une violation du cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991. En toile de fond, le sort de la ville de Legouera occupée par l’armée mauritanienne en attendant le règlement du conflit qui oppose ses deux voisin et que le Maroc considère comme partie intégrante de ses possessions sud.

La MINURSO a massé ses forces internationales à Gargarat, zone tampon située à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie. Ces lieux, démilitarisés depuis les accords du cessez-le-feu du 6 septembre 1991 entre le Maroc et le Polisario, ont failli devenir le théâtre d’opérations militaires aux conséquences imprévisibles. En effet, l’armée marocaine avait entamé il y a quelques jours des opérations de génies militaires pour sécuriser et aménager «une zone de non droit, point de passage des terroristes et des contrebandiers » selon son entendement. Ce que le Front Polisario considéra comme une violation des accords qui la lient au Royaume du Maroc et une volonté d’élargir ses «colonies » dans une zone démilitarisée. Assez suffisant pour provoquer un mouvement de ses troupes vers le point de Gargarat pour stopper les Marocains. Auparavant, les responsables du Front Polisario avaient saisi la MINURSO pour lui faire part de la présence sur les lieux d’unités militaires marocaines au sol appuyées par l’aviation, considérant cette offensive de dangereuses pour la paix dans la région.
La tension reste cependant vive dans ces contrées que la plupart des observateurs considèrent comme une véritable poudrière. Le tout sous le regard de l’armée mauritanienne qui suivait les travaux que le génie militaire marocain opérait sur cette bande de 3,5 kilomètres qui la sépare du premier mur de démarcation.
La Mauritanie reste toutefois vigilante sur ce qui se trame à ses frontières nord, objet d’escalades qui tantôt l’interpellent. Ce fut le cas il y a quelques semaines au plus fort de la tension avec le Maroc à propos de la ville de Legouera. Cette portion du Sahara, objet de litige, les accords de cessez-le-feu de 1991 l’avaient placé sous tutelle mauritanienne en attendant le règlement définitif de la question sahraouie. Les Marocains n’avaient pas en effet apprécié le drapeau mauritanien hissée sur les lieux, ni les mouvements massifs de l’armée mauritanienne dans les régions Nord du pays. Certaines informations avaient même évoqué le déplacement dans la zone des missiles que la Mauritanie aurait massé auparavant sur les rives du Fleuve Sénégal depuis les évènements de 1989.
N’empêche, jamais la question du Sahara Occidental dont le règlement tarde à se dénouer depuis plus de quatre décennies, n’a aussi exacerbé la patience des belligérants. Le passage il y a quelques mois du Secrétaire général des Nations Unies dans la région, loin d’avoir fait baisser les tensions, n’aurait fait que les attiser, notamment avec le Maroc qui n’avait pas apprécié certaines déclarations. Tous les Envoyés Spéciaux des Nations Unies qui se sont succédé pour le règlement du conflit du Sahara Occidental ont échoué, de James Baker à Dénis Ross. Le Maroc qui continue de considérer le Sahara Occidental comme partie intégrante de son territoire a toutefois accordé une concession, celle d’une autonomie au sein du Royaume. Ce que le Front Polisario a rejeté, réclamant un référendum d’autodétermination que le Maroc refuse jusqu’à nos jours.
Mais la question de Legouera restera toujours posée. En cas de règlement définitif de la question du Sahara, la Mauritanie consentira-t-elle à céder ce bout de territoire située à 2 kilomètres de Nouadhibou ?


Sit-in à l’ambassade du Sénégal en Mauritanie : «La situation des Sénégalais en Mauritanie ne peut pas continuer comme ça ! »

Sitin SénégalaisLa police mauritanienne a dispersé pacifiquement ce lundi 29 août 2016, une centaine de manifestants sénégalais qui réclamaient devant la représentation de leur pays à Nouakchott le départ de leur ambassadeur, SEM Mamadou Tall. Ils l’accusent d’inertie face aux difficultés récurrentes des ressortissants sénégalais vivant en Mauritanie, «comme si cela ne le concernait pas » fit remarquer un jeune manifestant en colère.

«Nous sommes pourchassés jour et nuit, nos enfants sont traumatisés et nos femmes ont peur d’aller au marché » rouspète Ousmane Faye, maçon résidant à Nouakchott depuis 15 ans. Brandissant des banderoles où se détachaient «Nous ne voulons plus de cet ambassadeur » les Sénégalais de Mauritanie estiment que leur diplomate ne s’est jamais déplacé dans un commissariat de police pour s’enquérir de la situation de ses compatriotes détenus souvent dans des conditions atroces pour n’avoir pas de carte de séjour. «Il y a un prisonnier sénégalais qui a entamé une grève de la faim et notre ambassadeur n’a même pas levé le plus petit doigt pour s’enquérir de sa situation ou exiger à ce qu’il soit refoulé chez lui » rouspète Dame Gning, un Thiéssois, menuisier dans le 5ème arrondissement.
Et les greffes contre le diplomate sénégalais de pleuvoir comme des grêles, «il ne s’enquiert jamais de la situation de la colonie, pas de service social, pas de facilités pour le transport de nos morts décédés en Mauritanie, pas de solidarité avec les ressortissants, un diplomate-climatiseur… »
Très tôt ce matin du lundi 29 août, ils étaient ainsi des dizaines à se lever au petit jour. Foule surexcitée mais disciplinée. C’est une colonie sénégalaise qui était là, masse indignée par une colère collective face aux exactions dont ils se disent victimes de la part des services de sécurité mauritanienne qui les interpellent chaque jour  dans la rue, dans leur domicile, dans leur lieu de travail. Le sit-in devant l’ambassade du Sénégal répondait au mot d’ordre lancé par Assane Gaye, président des Fédérations et Associations des ressortissants sénégalais en Mauritanie qui regroupe plusieurs dizaines d’organisations et des milliers d’adhérents. La police mauritanienne harnachée et prêt à toute éventualité était déjà sur place, empêchant les manifestants de prendre d’assaut les locaux de l’ambassade. Il y avait de l’électricité dans l’air, mais policiers et manifestants avaient chacun respecté ses limites en évitant soigneusement toute friction. Les forces de l’ordre, alignées devant le bâtiment où flottait fièrement un drapeau rouge jaune vert étoilé de l’ambassade du Sénégal, protégeaient les lieux. De leur côté, les manifestants s’étaient contentés de brandir haut leurs banderoles pour qu’ils soient vus, tout en haussant le ton, pour être entendu. Scandant des slogans hostiles à l’ambassadeur, ils ont prolongé leur sit-in pendant quelques heures avant de se disperser dans le calme. Peu d’incidents ont été signalés sinon une brève interpellation du responsable des fédérations et associations sénégalaises qui a été aussitôt relâché.
Auparavant, le porte-parole des Sénégalais en Mauritanie, Souleymane NDiaye avait déclaré sur les ondes de RFM à la veille de la manifestation, qu’ils «prévoyaient de perturber le fonctionnement des services de l’ambassade pendant des heures ».
C’est à partir du 1er juin 2012, que les autorités mauritaniennes avaient institué la carte de séjour obligatoire pour tout étranger résidant en Mauritanie. L’Etat mauritanien avait invoqué pour expliquer cette mesure la lutte contre le terrorisme et le crime organisé qui l’avait poussé auparavant à biométriser l’ensemble de son état-civil. Le ministre mauritanien des Affaires étrangères en instruisit aussitôt toutes les chancelleries présentes en Mauritanie. Une campagne de sensibilisation était sensée avoir été menée par les représentants des colonies étrangères alors qu’un bureau spécial s’ouvrait à cet effet au commissariat de Tevragh-Zeina 1.
Tout étranger résidant en Mauritanie devait ainsi fournir un dossier comprenant un passeport en cours de validité ou une carte d’identité pour les Sénégalais, les Maliens et les Gambiens.
Seulement, les ressortissants étrangers, notamment les Ouest-africains ont toujours déploré les conditions imposées par la nouvelle règlementation, poussant des «ouvriers sénégalais vivant dans des conditions précaires, à crier leur colère face aux redevances jugées élevées, 30.000 UM par personne ». D’autres rouspètent contre des documents exigés et parfois impossibles à trouver comme «les certificats de mariage pour les femmes, comme si toutes les Sénégalaises résidant en Mauritanie étaient mariées » rouspètent Alioune Badara, un restaurateur à l’arrêt bus du 6ème arrondissement. D’autres documents sont exigés comme le casier judiciaire, un contrat de travail, un certificat médical. «Même nos cartes d’identité ne sont plus valables à leurs yeux, puisqu’ils exigent des cartes ayant au moins 15 mois de validité, or le Sénégal ne confectionne plus de nouvelles cartes » rouspète Moussa Demb, plombier.
Les griefs contre le corps diplomatique sénégalais en Mauritanie sont en réalité de vieilles histoires, aussi anciennes que le début du calvaire des ressortissants sénégalais en Mauritanie. Les ouvriers n’ont cessé d’interpeller aussi bien les responsables de la chancellerie que leurs propres autorités. Pour eux, «l’ambassadeur du Mali connaît tous ses ressortissants car il leur rend visite, moi, notre ambassadeur je ne le connais même pas » s’indigne Ibra Fall, un chauffeur en chômage.


Procès des militants d’IRA : Pourquoi l’absence de Birame ?

IRA en IMAGE

C’est le 2 août dernier que Birame Ould Dah Ould Abeid, président de IRA, en tournée aux États unis d’Amérique, devait regagner Nouakchott pour assister le lendemain, au procès de ses 13 camarades accusés entre autres, de «troubles à l’ordre public, d’appartenance à une organisation non reconnue, de violence sur des éléments des forces de l’ordre ». Le leader de l’IRA n’effectuera pas le déplacement prévu, préférant prolonger son absence hors du pays et rater le procès de ses camarades qui a duré près de trois semaines !

Finalement, Birame Ould Dah Ould Abdeid, président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), n’est pas revenu à Nouakchott le 2 août dernier comme prévu. Par conséquent, il a raté le procès de ses treize camarades arrêtés suite aux affrontements entre les forces de l’ordre et des populations déguerpies de la zone dite Bouamattou. Partant, il n’a pas pu les soutenir, par sa présence aux assises. Se prononçant à propos, le dissident de l’IRA, Saad Ould Louleid, s’est dit incapable de s’expliquer cette absence, d’autant plus que « ceux-là qui faisaient face à la justice, ont été depuis toujours aux côtés de leur leader quand, lui, avait maille à partir avec la justice ». Pour Saad Ould Louleid, «il s’agit tout simplement d’une trahison doublée d’une traitrise, qui plus, ont été menées au moment où les mis en cause avaient le plus besoin d’aide et de solidarité ». Pour ses partisans, «la présence de Birame n’aurait rien changé au sort déjà scellé de ses camarades » et que «son appui moral, plus le lobbying international qu’il est en train de mener sur le plan international, était plus efficace pour leur cause ».
En fait, l’arrivée de Birame à Nouakchott avait bien été arrêtée pour le 2 août 2016. Au programme des activités qu’il devait tantôt mener à Nouakchott, des conférences de presse, des sit-in, des meetings et surtout sa présence aux assises, en soutien à ses camarades qui devaient être jugés. En réalité, et selon certaines sources, c’est le 1er août que Biram Ould Abeid a revu son programme de voyage, laissant son adjoint, Brahim Ould Bilal effectuer seul le voyage retour sur Nouakchott. Une fois à l’aéroport Oum Tounsi, ce dernier devait remarquer l’impressionnant déploiement des forces de la gendarmerie sur place. Était-ce pour intercepter Birame Ould Abeid après son arrivée sur place ? Nul ne sait. Ce que d’aucuns savent en tout cas, est que Biram était bel et bien attendu à l’aéroport de Nouakchott, ce jour-là comme pendant les jours qui suivront. Pourquoi ? Son nom allait-il être ajouté à la liste des personnes accusées dans le cadre des affrontements entre civils et forces de l’ordre à la place Bouamattou ? Peut-être bien quand on sait que nombre de militants d’IRA, absents de Nouakchott au moment des faits incriminés, ont été tenus comme responsables ! Alors, Birame, se savait-il d’avance accusé et certainement conduit devant le Parquet immédiatement après son arrivée ? Peut-être bien…, c’est du moins, ce que font courir les Renseignements généraux.  Ce qui est en tout cas sûr, c’est que l’homme est connu pour son courage et sa forte témérité. Partant, ce n’est certainement pas pour éviter une interpellation devant la justice qu’il a changé de programme. Son attitude relèverait d’un programme dressé à la dernière minute par IRA qui a décidé de procéder à une vaste campagne africaine d’implantation de Bureaux de l’organisation dans les pays africains. C’est ce qui explique le périple de Birame qui l’a déjà conduit en Afrique de l’ouest et qui devrait le mener en Afrique Australe, puis au Maghreb

 


Procès en Appel d’une affaire de drogue : Le Parquet demande la tête de Sidi Mohamed Haïdalla

palais de justice

Après une première condamnation à 15 ans de prison fermes pour trafic de drogue, Sidi Mohamed Haïdalla devait faire face à de nouveaux juges, suite à l’Appel du Parquet, peu satisfait des verdicts prononcés en première instance devant la cour criminelle du Tribunal de Nouakchott-Ouest. Cette fois, il a réclamé la tête de Ould Haidalla fils.

Les proches et amis de Sidi Mohamed Haidalla attendent avec impatience le verdict de la Cour d’Appel pour être fixé sur son sort. Le Parquet avait demandé jeudi 17 août 2016 à la fin de son réquisitoire la peine capitale contre le prévenu. Il a également demandé à la cour l’annulation des non-lieux accordés aux autres personnes qui étaient impliquées dans le dossier.
Lors du jugement en 1ère instance de l’affaire de drogue dans laquelle Sidi Mohamed Haidalla et treize autres personnes étaient inculpées, la Cour criminelle du Tribunal de Nouakchott-Ouest avait condamné le fils de l’ancien Chef de l’Etat des années 80, Mohamed Khouna Ould Haidalla, à 15 ans de prison fermes.
Loin de méduser une assistance aux trois quart féminine qui occupait les quelques chaises de la salle d’audience au milieu d’une absence notoire du public, retenu devant le Palais de justice par un impressionnant cordon policier, la requête du représentant du Parquet semblait démesurément exagérée. Elle était pourtant prévisible, selon certains observateurs, qui ont rappelé le mécontentement du pouvoir face aux peines jugées complaisantes prononcées par le juge de la cour criminelle. Ce magistrat sera d’ailleurs soumis, juste après le verdict qu’il avait prononcé, au contrôle des inspecteurs du ministère de la Justice. Le Parquet donnera d’ailleurs des ordres pour l’arrestation des personnes qui ont été acquittées par ses soins, avant de faire appel aux verdicts prononcés en première instance.
D’autres incidents avaient émaillé ce dossier, dont la réaction du juge Ahmed Ould Baba, président de la cour pénale près de la cour d’Appel qui avait demandé à ce qu’on le dessaisisse du dossier 101/2016 relative à l’affaire de drogue dans laquelle sont impliquées Sidi Mohamed Haidalla et son frère, ainsi que d’autres personnes. Le juge protestait ainsi contre l’Inspection que le ministère de la Justice lui avait envoyée pour le punir de n’avoir pas suivi les instructions de l’Exécutif dans ce dossier. Ce qui démontre l’inféodation actuelle de l’appareil judiciaire et l’indépendance usurpée des juges en Mauritanie, selon les observateurs.
A noter qu’aucune suite n’a été donnée à la requête formulée par les détenus qui avaient dénoncé des tortures et autres actes inhumains dégradants durant leurs interrogatoires. Même le président de la cour semble peu se soucier du sort qui a été réservée à sa demande pour l’ouverture d’une enquête judiciaire sur ces allégations.


Pression sur les opposants : quand le pouvoir politique sert d’arme de dissuasion

tawassoul

Jamais, le pouvoir politique n’a été utilisé d’une manière aussi ostentatoire que de nos jours, selon l’avis de plusieurs opposants qui dénoncent les nombreuses dérives du régime. C’est sans doute ce qui a poussé le vice-président du parti Tawassoul, Mohamed Ghoulam Ould Hadj Cheikh, abattu par la démission forcée d’un des députés islamiste, à demander la démission collective de l’ensemble des instances du parti. Si les opposants sont ainsi contraints d’abdiquer pour se sauver d’une faillite par le pouvoir du Prince, que dire alors des acteurs économiques que les lois ne protègent plus ?

Tonitruante fut la démission du député de Tintane, Mohamed Mahmoud Ould Sidi, qui vient de claquer la porte de Tawassoul. Ses camarades évoquent les lourdes pressions exercées sur lui, ainsi que sur tous les autres ténors du parti islamiste. Particulièrement visés par les limiers du fisc qui ne leur laissent aucun répit, contrairement aux autres acteurs économiques rangés sous la bannière du pouvoir, déboutés des marchés publics, les hommes d’affaires et les membres des professions libérales actifs au sein de l’opposition d’une manière générale sont combattus par le moyen de l’arme économique. Les plus vaillants acceptent la faillite de leurs entreprises sans abdiquer, mais la majeure partie préfère se rendre avec armes et bagages pour sauver leurs affaires. C’est ce qui serait arrivé au député islamiste de Tintane, qui militait jusque-là au sein du parti Tawassoul et qui vient de présenter sa démission. «Cette démission n’est pas objectivement motivée » confie un membre influent du parti.
Pourtant, dans sa lettre de démission adressée au président du parti, Mohamed Jemil Mansour, le député démissionnaire qui a été élu deux fois à la tête de la Moughtaa de Tintane pour le compte de Tawassoul, a bien donné ses raisons. Selon lui, sa décision survient après moult tentatives de sa part, d’attirer l’attention du parti sur des dérapages nuisibles à ses intérêts. Mais selon plusieurs observateurs, la démission de Mohamed Mahmoud Ould Sidi, qui est considéré comme l’un des plus puissants bras nourriciers du parti, ne serait dû que par le fort recul du parti Tawassoul au niveau local. Dans une première réaction sur son compte Tweeter, le président du parti, Mohamed Jemil Mansour, s’est dit opposé à une telle démission qui survient au moment où Tawassoul, l’un des plus grands partis de l’opposition démocratique représenté au sein du Parlement, accueillait un millier d’adhérents originaires de l’Est du pays.
Face à cette guerre, jugée par les Islamistes de déloyale, de la part d’un régime qui utilise le pouvoir politique pour régler ses comptes à ses opposants, le cri de rage du vice-président de Tawassoul, Mohamed Ghoulam Ould El Hadj Cheikh. Celui-ci a en effet demandé à tous les députés de Tawassoul, aux militants et aux cadres du parti, à présenter leur démission collective face aux manœuvres d’un régime qui a mis tous les moyens de l’Etat au service de sa guerre contre ses opposants politiques.
Ces manœuvres qui appartiendraient à de vieilles pratiques des «militaires » qui ont pris le pouvoir en Mauritanie depuis près de quatre décennies, ne seraient que le remake de ce qui était des faits usuels sous le régime de Maaouyia Sid’Ahmed Taya. Tous les cadres et fonctionnaires de l’Etat, qui militent au sein de l’opposition seraient ainsi voués à un chômage technique, bannis de toute fonction et réduits à leur salaire net. Ils sont ainsi écartés des nominations et de toutes missions. «Il s’agit pour le pouvoir de les acculer sur le plan économique, et les pousser à rejoindre ses rangs ou mourir dans la misère » commente l’un d’entre eux.
Mais la guerre prend des ampleurs encore plus surréalistes contre tous ceux qui osent dénoncer, même avec vérité, les actes du pouvoir en place. Le cas du président du Patronat, Ould Ezizi serait édifiant sur ce plan. Après avoir tenté de faire pression sur les membres du patronat pour le destituer afin de mettre à sa place un ancien général à la retraite, son accréditation en tant que consul d’Italie en Mauritanie lui fut simplement retirée, par le biais du ministère mauritanien des Affaires étrangères et l’immixtion flagrante du Premier ministre dans cette affaire.
Plus inquiétant est ce qui vient de se passer au Port Autonome de Nouakchott où 18 sociétés de transit, qui exerçaient pour la plupart depuis plus d’une vingtaine d’années, ont été obligées de disparaître, pour faire place nette à quatre nouvelles sociétés dont les propriétaires, selon des sources d’information, appartiendraient au cercle rapproché du pouvoir en place.
La pression n’épargne pas les défenseurs des droits de l’homme, mis au pas ou aux fers, à l’image de la décapitation du mouvement IRA, par l’emprisonnement de l’ensemble de son Bureau Exécutif. Le président Birame Dah Abeid, leader d’IRA, attendu de pieds fermes, selon certaines sources par le pouvoir pour l’envoyer rejoindre ses amis au cachot, n’est pas toujours rentré en Mauritanie, forcé de prolonger son séjour à l’étranger.

 

 

 


Lourdes condamnations pour les leaders d’IRA : «Une parodie de justice taillée sur mesure politique»

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Le verdict des activistes d’IRA est tombé  ce soir, jeudi 18 août 2016, au moment où le collectif de leurs avocats animait une conférence de presse au FONADH. La justice qui a rendu son libellé, en l’absence des avocats des prévenus et dans un procès qualifié de mascarade, n’y est pas allée de main morte. Les peines prononcées vont de 3 à 15 ans de réclusion ferme. «Nous croyions que ce genre de procès n’était plus de mise en Mauritanie. Hélas, nous nous rendons compte à présent que nous rééditons les mêmes mascarades que nous avions connus dans les années 80 et 90, sous les régimes d’exception» a remarqué Me Brahim Ould Ebetty.

En entamant la conférence de presse qu’il animait dans les locaux du FONADH, ce jeudi 18 août 2016, le collectif des avocats de défense des détenus d’IRA s’attendait certes à des condamnations, mais pas de cette ampleur. La composante négro-africaine d’IRA, en l’occurrence Diop Amadou Tijane, Moussa Birame et Abdalla Sow ont écopé des plus lourdes peines, 15 ans de prison fermes. Les autres détenus ont écopé entre 3 et 5 ans de réclusion. «Que les condamnations aient été d’un jour ou de vingt ans ne change rien, car nous avions affaire à un procès politique dont la finalité est connue, mater le mouvement IRA par justice interposé » dira Me El Id, l’un des avocats défenseurs.

Des lois pour la consommation extérieure
Me Brahim Ebetty dira dès l’entame de la conférence de presse, que deux violations flagrantes de la loi et des procédures ont servi d’emblée d’avertissement aux avocats et à l’opinion publique, que le procès des activistes d’IRA qui s’ouvrait n’en serait pas un. Ces deux violations provoqueront la sortie des avocats de la défense et leur boycotte des audiences suivantes. Il s’agit d’abord, selon Me Ebetty, du refus de la cour de connaître des actes de tortures dénoncés par les prévenus qui ont déclaré avoir été soumis à toutes sortes de traitements cruels et dégradants durant leur interrogatoire à la police. Le juge a même refusé, selon les avocats, d’engager les procédures requises suite à la plainte dûment formulée par les prévenus contre leurs tortionnaires (2 commissaires de police, 1 inspecteur de police, deux brigadiers chefs, 1 brigadier et deux agents nommément cités). Elle s’est dite incompétente, alors que selon Me Lô Gourmo, «les magistrats mauritaniens sont tenus par la force de la loi locale et des conventions sur la torture à se saisir de toute allégation de torture dénoncée par un prévenu ».Cela est d’autant plus flagrant, dira le collectif des avocats, que la Mauritanie est le seul pays au monde à avoir relevé la torture dans son texte fondamental, la Constitution, en crime contre l’humanité. «Mais il est clair que cette disposition est prise juste pour la consommation extérieure et non pour protéger les citoyens mauritaniens » fera remarquer Me Gourmo. Il trouve d’ailleurs la dérive de la justice et son instrumentalisation par le pouvoir Exécutif de dangereux car «plus aucun citoyen ou résidant en Mauritanie n’est à l’abri d’une injustice judiciaire » ajoutera-t-il.

Procès cinéma
Deuxième violation, cette fois sans équivoque selon les avocats, l’autorisation donnée au Procureur de la République de diffuser  un film, alors que l’article 278 du Code de procédure pénale mauritanien, interdit toute diffusion sonore ou audiovisuel dans les tribunaux. Cette pièce en outre, selon les avocats n’avait pas été versée dans le dossier ni communiquée aux avocats avant l’audience, selon les principes juridiques.
«Vu que la seule base de débat entre les avocats et les magistrats dans une cour de justice, repose sur le respect de la loi, les premiers ne peuvent en aucun cautionner un procès où cette dernière est piétinée sans vergogne par ceux-là qui doivent dire le droit et rien  que le droit » dira Me Brahim Ould Ebetty. Assez suffisant selon lui, pour que le collectif sur la demande de leurs clients se retire de «cette mascarade de justice ». Les avocats diront que la cour ne s’est même pas gênée, heureuse de s’être débarrassé de témoins peu amènes, pour «faire leurs affaires aux détenus d’IRA ». Dans une lettre adressée au président de la Cour, les détenus d’IRA ont affirmé avoir été à l’origine du retrait du collectif des avocats qui assuraient leur défense. «C’est bien nous qui leur avons demandé de ne pas nous défendre si la loi n’était pas respectée. Or, l’article 278 du Code de procédures pénales a été clairement violé. Nous ne craignons absolument pas le visionnage de ce grossier montage, mais nous tenons  à ce que la loi, toute la loi et rien que la loi soit respectée » ont-ils écrit. Ils ont refusé par la même occasion toute autre défense qui leur serait imposée par la Cour avant de conclure : «nous n’avons plus confiance en cette cour qui a refusé de prendre en compte notre plainte pour les faits de torture dont nous fûmes victimes. Pourtant, nous voyions en votre formation une chance qui nous était offerte pour que justice nous soit rendue ».
Autre fait inédit relevé par les avocats à la suite des verdicts prononcés dans cette affaire qui est allée de report en report d’audience depuis le 3 août dernier, le fait que «les dix personnes des familles déguerpies de la Gazra Bouamatou, prises pourtant en flagrant délit pendant les évènements incriminés, soient acquittées et que ceux qui avaient été cueillis individuellement à leur domicile soient lourdement condamnés».

Les avocats en ont vue d’autres
Pour Me Brahim Ebetty, le combat du collectif continue. «Nous disposons de plusieurs recours et de plusieurs moyens pour faire rétablir le droit. C’est notre combat mais aussi celui de chaque Mauritanien ». Le doyen des avocats rappelle que des procès pareils, il en a vu de pire, dans les années 80 et 90, notamment avec le procès des Baathistes. «Ce n’est pas la première fois que nous boycottons des mascarades de procès que nous gagnons par la suite » dira-t-il. Selon lui, «ce qui vient de se passer dans le procès dit de la Gazra Bouamatou est clair, on a cherché les militants d’IRA » Certains observateurs sont allés plus loin. Pour eux «c’est l’élément négro-africain du mouvement qui était le plus visé, pour opérer la cassure avec l’élément haratine ». D’autres ont carrément ironisé en parlant de «Verdicts de Saad » par allusion à un billet que ce dissident d’IRA, accusé d’être derrière cette machination, avait écrit il y a quelques jours et où il demandait l’acquittement pour les dix personnes de la Gazra de Bouamatou.
Le vice-président d’IRA, Brahim Bilal Ramadan avait assisté à la conférence de presse, tout comme le président de SOS Esclaves et membre du Mécanisme national de prévention contre la torture, Boubacar Ould Messaoud. «Parmi tous les membres de ce mécanisme, c’est le seul qui a cherché à faire son travail, mais seul il ne pouvait rien faire » dira Me Brahim Ebetty qui a déploré l’incurie du président de cette structure créée durant la visite en Mauritanie du Rapporteur Spécial des Nations Unies chargées de la Torture. «Dans une déclaration récente, le président du Mécanisme national de prévention contre la Torture a déclaré ne pas être au courant d’aucun acte de torture et de n’avoir reçu aucune plainte, alors que sa mission est de dénicher tout soupçon, toute rumeur de torture et non pas d’attendre qu’on les lui apport sur un plateau d’argent » a fait remarquer un avocat.
Comble d’ironie rapporte Me Fatimata MBaye, le greffier de la cour pénale aurait refusé d’enregistrer la demande d’Appel formulé par les avocats de la défense, une première dans les annales des greffes, dira Me Gourmo.
Enfin, les avocats se sont également interrogés sur la politique de deux poids deux mesures dans le traitement des détenus d’IRA. «Alors que la Cour d’Appel vient de demander l’ouverture d’une enquête pour tortures sur plainte de prévenus dans une affaire de drogue (les Haidalla fils), on refuse la même requête pour des détenus d’opinion ». Pour le collectif des avocats, le procès des détenus d’IRA a été de bout en bout un procès politique où les magistrats du siège ont suivi le parquet et le ministère public dans toutes ses requêtes, allant jusqu’à mettre de côté la loi et le droit. «Si dans les années 80 et 90, notamment le procès d’Ahmed Daddah et celui des Baathises et bien d’autres procès, le ministre de la Justice avait élu domicile dans le Palais de justice, dans celui des détenus d’IRA, il suivait les débats à la minute par son téléphone » a conclu Me Ebetty.
Il faut rappeler que tout a commencé le 29 juin 2016. Environ 500 familles haratines qui squattaient depuis plus de dix ans un vaste terrain au Ksar ont été prises d’assaut par plusieurs policiers accompagnés du préfet du Ksar. C’était à quelques jours de l’organisation du Sommet Arabe à Nouakchott et les autorités voulaient embellir la ville et la débarrasser de toute laideur. Les familles qui n’avaient pas de point de chute et se voyaient jeter dans la rue, refusent d’obtempérer. Les forces de police se chargèrent de les faire déguerpir et les engins amenés pour la circonstance commencèrent à détruire les habitats précaires faits de bois et de bande de tissus. Les jeunes de la Gazra ripostèrent à l’humiliation. Dans la confrontation, plusieurs policiers sont blessés et un car de la police brûlé.  Une dizaine de jeunes parmi les manifestants sont arrêtés. Les jours qui suivirent, la police procéda à l’arrestation de plusieurs leaders d’IRA, accusés d’avoir pris part aux manifestations. La justice les accusa de flagrance délit et retint contre eux plusieurs charges, dont «rébellion armée et non armée contre les forces de l’ordre, agression, appartenance à une organisation non reconnue… »

 LISTE DES DETENUS CONDAMNES D’IRA
15 ANS
DIOP AMADOU TIJANE
MOUSSA BIRAME
ABDALLAHI SOW

5 ANS
HAMADY LEHBOUSS
MOHAMED HAMAR VALL
BALLA TOURE

3 ANS
MOHAMED DATY
LO OUSMANE
MOHAMED JARALLAH
ANNE OUSMANE
ABDOULAYE ABOU DIOP
KHATTRY RAHEL
JEMAL BLEIL
ABDALLAHI MAATALLA

Seules deux personnes membres des familles de la Gazra sur les dix arrêtées sur les lieux des incidents ont été condamnées, l’une à 2 ans et l’autre à 3 ans. Les autres ont été acquittés.


Fin programmée de la presse indépendante en Mauritanie : Une victoire à la Pyrrhus

JOURNAUX

A l’an 280 avant Jésus-Christ, le roi Pyrrhus 1er d’Epire affronta les Romains à la bataille d’Héraclee en Italie. Il remporta la victoire mais son armée essuya des pertes irremplaçables. L’expression «Victoire à la Pyrrhus » désigna depuis ce jour toute victoire obtenue au prix de terribles pertes pour le vainqueur. Le régime actuel a vaincu la presse indépendante par l’arme financière mais au prix d’une perte incalculable, sa démocratie, car «il ne peut y avoir de démocratie sans une presse libre et indépendante ».

La volonté du pouvoir actuel d’en finir avec la presse indépendante n’a cessé de se manifester depuis un certain 6 août 2008, lorsqu’il décida, unilatéralement et sans l’avis de personne, de régner sur le destin du peuple. Mais est-ce la presse indépendante seulement qui était dans le viseur, si l’on voit aujourd’hui la clochardisation générale qui n’épargne ni roturier ni manant ? Hormis les hommes du sérail, ces nouveaux riches brassant des fortunes tirées de la collectivité laborieuse, ces nouveaux banquiers, ces nouveaux hommes d’affaires, ces nouveaux promus qui pillent à la hussarde les valeurs cultivées, les préséances héritées et les vertus enracinées, qui d’autre ne se trouve pas aujourd’hui sur la paille ?
Sans recettes, pour cause de méventes cumulées, sans publicité, sans abonnements et sans dons, lorsqu’un beau jour l’Inspection générale d’Etat dans une confusion de rôle et de prérogatives en décida ainsi, de quelle autre source peut s’alimenter la presse indépendante ?
Aujourd’hui, il n’existe plus de quotidiens dans un pays qui en comptait pourtant 13 en 2008. La quasi-totalité a été décimée et les mourants ne peuvent plus se rappeler aux bons souvenirs de leurs lecteurs que par parutions fantomatiques, une fois par semaine pour les plus téméraires, ceux qui refusent encore de passer réellement l’arme à gauche, et pour les autres, parfois une fois par mois ou après deux à trois mois d’agonie. Combien de titres ont disparu ? Les cimetières de la presse indépendante ont reçu en ces années de vaches malingres beaucoup de confrères, morts les armes à la main avec des montagnes de dettes irrécouvrables léguées à la postérité. La presse papier est devenue une rare provision pour les ramasseurs de la CUN, pour les vendeurs de couscous qui n’en trouvent plus pour emballer leur produit, pour les salles de peintures pour véhicules, encore moins pour l’ancienne génération qui aimait tant recevoir ses journaux avec sa tasse de café le matin.
Les radios et les télévisions privées créées dans l’euphorie d’une libéralisation trompeuse de l’audiovisuel se sont hélas tardivement rendu-compte de la mésaventure dans laquelle elles s’étaient engagées. Combien de radios ont disparu, combien sont dans l’antichambre de la mort ? Combien de journalistes en Mauritanie connaissent aujourd’hui la couleur d’une paye mensuelle ? Dans toutes les rédactions du pays, ils cumulent au minimum cinq à six mois, voire une année de travail sans salaire. Les plus robustes, avec des financiers derrière eux, ont réduit les salaires de leurs journalistes au SMIG. A prendre ou à laisser. Vous n’y croyez pas ? Alors faites votre propre enquête.
Mais le pouvoir et ces thuriféraires, s’écrieront «mais il y a le fonds d’aide à la presse ? ». Comme toutes les politiques du pouvoir actuel, le fonds d’aide à la presse n’est qu’une politique de diversion, un humour noir, un sourire au coin, une méprisante aumône. Car que représente 250 millions d’ouguiyas pour 10 chaines de télévision et radios, une soixantaine de journaux, une centaine de sites électroniques, une trentaine d’organisations socioprofessionnelles ? Vous savez la bonne ? 60% de l’enveloppe des 250 millions d’UM vont à l’impression et autres frais. Calculez pour voir le magot à partager. Les plus chanceux ne reçoivent que de quoi tenir une à deux semaines. Puis, c’est la galère pendant une année. Sans aucune recette. Le pire, l’Imprimerie nationale fait de bonnes économies sur le dos de la presse en lui offrant un service d’une si mauvaise qualité que chaque journal édité est un deuil pour les rédactions tellement le produit offert arrache des larmes de rage.
Le journaliste Ely Abdallah, ancien directeur de la rédaction à l’Agence mauritanienne d’information (AMI) vient de publier un billet dans lequel il se demande «pourquoi nos radios arrêtent de diffuser ?» suite à l’arrêt des programmes de Radio Nouakchott après celui de Radio Mauritanides. Il s’est demandé si ces arrêts ne sont pas dus à la situation financière catastrophique de ces antennes ou aux taxes exorbitantes imposées par la Société de télédiffusion, véritable sangsue pour les médias audiovisuels. Il s’est demandé surtout pourquoi le silence de l’autorité de régulation, la HAPA, face à l’inapplication des textes qui régissent le fonctionnement d’un secteur de l’audiovisuel transformé de plus en plus en un énorme bazar où les acteurs peuvent ouvrir boutique ou fermer à leur guise, sans cahier de charges à respecter. Quel destin pour ces dizaines de journalistes qui travaillaient dans ces radios et quel sort pour ces milliers d’auditeurs qui n’ont plus accès à leurs émissions habituelles ? Quel statut enfin pour la radio service public, ni privatisé ni étatisé et qui continue à recevoir des subventions publiques illégalement ?


Scandale de la Sonimex de Rosso : Quand des masques menacent de tomber

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Depuis la disparition de plusieurs tonnes d’engrais au niveau de la Sonimex de Rosso (on parle d’une valeur de 12 Milliards d’UM), des têtes couronnées sortent comme des lapins du chapeau des enquêteurs. Sont évoqués le nom de plusieurs hauts responsables de la société publique d’import-export, mais aussi d’importants hommes d’affaires.

Inspection générale d’Etat, Commissariat chargé des crimes économiques ou police nationale ? Personne ne savait exactement au départ qui s’occupait réellement de cet imbroglio devenu la casse du siècle, tant la confusion régnait. Il faut dire que le scandale est énorme : douze milliards d’ouguiyas d’engrais détournés des magasins de la Sonimex de Rosso, compromettant ainsi une campagne agricole dont le lancement venait d’être donné par le Chef d’Etat. En haut lieu, la colère le disputerait à l’indignation, sonnant l’halali d’un contrôle financier de tout le département chargé de l’Agriculture. «Comment de tels montants peuvent-ils être détournés ? » s’étonnent plusieurs observateurs.
Depuis en tout cas plusieurs semaines, les autorités policières aidées par la gendarmerie multiplient les investigations. Plusieurs tonnes d’engrais ont été saisies, des hommes d’affaires ainsi que de hauts responsables de la société auditionnés. Les enquêtes auraient ainsi porté sur plusieurs départements du Trarza jusqu’à la région du Gorgol voisine. Le champ des suspects s’élargit ainsi de jour en jour, découvrant de plus en plus de têtes couronnées.
L’enquête s’est surtout accélérée depuis que le directeur régional de la Sonimex de Rosso, s’est rendu à la police après s’être caché pendant plusieurs jours. La commission d’enquête constituée dans la foulée aurait déjà entendu une trentaine de suspects, dont le puissant homme d’affaires et proche du président Mohamed Abdel Aziz, Lemar Ould Wedadi, ainsi que le directeur commercial de la société, Mohamed Ould Sbeyi. Ce dernier, qui serait l’un des principaux suspects dans cette affaire, on l’aurait laissé filer pour raisons de santé. Arrêté par la police de l’aéroport alors qu’il voulait se rendre en France, il aurait finalement été relâché et a poursuivi son voyage, après une forte intervention. Pour dire, le laxisme dont ce scandale est géré, poussant certains à prédire la clôture du dossier sans que le moindre auteur de cette entourloupette ne puisse goûter aux  rudesses d’une prison ou que la collectivité ne soit remboursée.
Tous ces interrogatoires se dérouleraient actuellement dans les locaux du commissariat central de Rosso devant les membres de la commission d’enquête constituée du Directeur régional de la Sûreté, du commissaire central de police, du Directeur régional de la Douane et du commandant de brigade de la gendarmerie au niveau du Trarza. Le Directeur général de la Sonimex aurait ainsi été convoqué pour audition et certains parlent même de l’Administrateur directeur général de la SNIM en sa qualité d’ancien ministre du Développement Rural. Ce qui laisse à penser que le détournement découvert se serait accumulé en plusieurs années.
D’autres personnes pourraient aussi être entendues dans le cadre de cette enquête qui dévoile la fragilité du contrôle public malgré l’existence de dizaines de corps chargés de cette tâche


Situation sécuritaire au Sahel, la Mauritanie face à l’extrémisme religieux

Rouge Mauritanie


Les Emirats Arabes Unis ont conseillé récemment à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Mauritanie. Ils viennent ainsi s’ajouter à la longue liste des pays occidentaux qui continuent de maintenir le pays « dans le rouge ». Les rumeurs persistantes sur les tentatives du groupuscule extrémiste Boko Haram à s’installer sur le sol mauritanien et l’avancée de l’Etat Islamique – fortement implanté en Libye – serviraient de toile de fond à ces mesures que d’aucuns considèrent infondées.

La Mauritanie est tombée dans la « black liste » des pays non sûrs, classification récente établie par les Emirats Arabes Unis. Ce pays du Moyen-Orient déconseille à ses ressortissants de se rendre dans de nombreux pays comme la Mauritanie, le Soudan, la Libye, l’Irak et le Liban, avec pour cause la situation sécuritaire instable dans ces pays. «La Mauritanie n’a aucune raison de figurer dans cette liste, le pays est calme et très sûr, aucun attentat terroriste n’y a été signalé depuis 2011 » font remarquer tous les analystes mauritaniens. Ces derniers trouvent que la Mauritanie souffre d’une absence totale de visibilité à l’extérieur, un déficit qui serait dû à la carence des diplomates mauritaniens à l’étranger, lesquels, au lieu de mieux faire connaître leur pays à l’étranger s’adonnent exclusivement à leur propre business. «Malgré plusieurs représentations diplomatiques éparpillées à travers le monde et un budget consistant alloué au Ministère des Affaires Etrangères, la Mauritanie reste l’un des pays les plus méconnus de la planète » soulignent-ils.
Si la Mauritanie est parvenue à bétonner ses frontières , grâce au relèvement considérable du budget de l’armée, qui s’est traduit par l’amélioration des armement, des recrutements massifs et le niveau de plus en plus élevé de la formation, des rumeurs persistantes continuent à véhiculer des images tronquées de la réalité nationale, estime-t-on dans les cercles du pouvoir.

Ainsi,  une rumeur de plus en plus persistante a évoqué il y a quelques jours les tentatives du groupe extrémiste Boko Haram à s’installer aux frontières Sud du pays. Cette rumeur est née dans le sillage de l’extradition au Sénégal d’un suspect soupçonné d’avoir des liens avec le mouvement et que les autorités mauritaniennes avaient livré il y a quelques semaines à leurs homologues sénégalais. Mais selon les spécialistes des questions terroristes, il n’y a aucun risque que Boko Haram puisse s’installer en Mauritanie, parce que ce groupe terroriste n’y dispose d’aucun potentiel foyer d’accueil. Tout cela se passe au moment où le groupuscule radical religieux implanté au Nigéria traverse une crise aigüe de leadership depuis son allégeance à l’Etat Islamique.Il semblerait que la forte contestation contre l’autorité d’Aboubacar Cheikhou, chef de Boko Haram, serait bien antérieure à cette allégeance et remonterait à 2015. Elle n’aurait cependant été évoquée qu’au détour d’une interview publiée par le journal de l’EI, «Nebe» de l’ex-porte-parole du mouvement, Abou Mous’ab Barnawi, devenu Emir de la région occidentale de l’Afrique, nom actuelle de Boko Haram depuis son allégeance.
Beaucoup pensent qu’une forte dissension divise ainsi le mouvement entre ceux qui refusent l’allégeance à l’EI, le camp de Mohamed Daoud, un ancien militaire, et ceux qui ont déjà entériné cet état de fait.


Dialogue Pouvoir-Opposition : L’éternelle boîte à Pandore

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Bien plus qu’une démarche salvatrice  qui viserait à décrisper une situation de crise jugée inextricable, le dialogue politique que le pouvoir sort par intermittence depuis plusieurs années se révèle de plus en plus comme un moyen de déstabiliser le FNDU, selon quelques analystes. Alors que des sources évoquent l’imminence d’une large concertation politique, le feu des dissensions semble déjà miner le camp de l’opposition dite radicale.

Il est déjà loin le fameux discours de Néma du 3 mai 2016. Bien entendu, le délai de quatre semaines lancé à cette occasion par le Président Mohamed Abdel Aziz comme ultimatum adressé aux partis politiques, notamment ceux du FNDU, n’a pas tenu sa promesse. Trois mois après cet appel de Néma, aucune date n’est encore retenue pour ce fameux dialogue qui ressemble de pus en plus à un attrape-nigaud, une sorte de boîte à Pandore destinée apparemment à saper la cohésion du camp adverse plus qu’à rechercher des solutions politiques à la crise qui sévit depuis les Accords de Dakar de 2009.
Dans les méandres de ces concertations politiques, transformées de jour en jour en mirages politiques, se dessinent de mystérieuses et obscures toiles d’araignées. Pour la énième fois en effet, le Ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République, Moulaye Mohamed Laghdaf vient d’ouvrir les enchères du marronnier. En contactant Salah Ould Hanana, président en exercice du FNDU (principal coalition de partis de l’opposition radicale), il avait rouvert les débats pour se retrouver face aux mêmes intransigeances de ses interlocuteurs. «Pas de dialogue conçu et préparé d’une manière unilatérale » vient de répondre Ould Hanana. L’opposition veut s’asseoir avec le pouvoir autour d’une table pour discuter des termes de référence du dialogue envisagé. Elle déclare ne plus accepter de propositiont-maison servie à domicile. Les débats en sont là, alors que la majorité au pouvoir a déjà désigné son équipe, toute sûre que sa main tendue pour le dialogue n’allait souffrir d’aucun préalable.
Certains analystes croient qu’en mettant le FNDU devant le fait accompli et sous l’effet de l’usure, cette dernière allait finalement accepte d’oublier ses exigences antérieures, notamment la réponse écrite à sa plateforme de janvier 2015 et plusieurs autres préalables qui ne seraient plus à l’ordre du jour. Ainsi, le pouvoir compte beaucoup sur les dissensions qu’il ne manquerait pas de provoquer au sein du camp adverse.
Ainsi, la foire aux manœuvres politiciennes semble s’être ouverte, avec d’un côté, un pouvoir qui tente par le ciblage individuel de diviser le FNDU et de l’autre, une opposition qui cherchera sûrement à accentuer la pression sur le régime par le biais de manifs populaires de grande ampleur. L’opposition compte ainsi profiter des erreurs du pouvoir dans sa gestion des affaires, avec cette vague de répressions contre les libertés, la grogne sociale qui monte, pour l’acculer. Dans cette guerre d’usure où tous les coups sont permis, chaque camp essaie de gagner des points. Ces coups de poing politique se prolongent ainsi jusque sur les plateaux de télévision, dans les studios de radios et sur les pages des journaux et des sites Internet..
Dans un débat télévisé récent, Beïtoullah Ould Ahmed Eswad, éminent cadre du parti au pouvoir, l’UPR, soutenait que «le FNDU ne dispose d’aucun agenda pour le dialogue» contrairement au pouvoir qui est fin prêt, rappelant les efforts inlassables du président Mohamed Abdel Aziz en faveur du dialogue et les refus répétés et incompréhensibles de l’opposition dite radicale.
De son côté, le président du parti Tawassoul, Mohamed Jemil Mansour considère que le pouvoir ne fait rien pour installer une ambiance propice à un dialogue national, eu égard à ses dérives sur le plan sécuritaire, la restriction accélérée des champs de libertés, la répression tout azimut contre les défenseurs des droits de l’homme, la dégradation accélérée des conditions de vie des populations, l’ampleur de la corruption et des malversations économiques…
Seulement, le pouvoir n’a pas seulement que le FNDU comme adversaire. Si cette coalition d’opposants accepte le principe du dialogue politique mais avec des conditions, une nouvelle coalition encore plus radicale est née. Celle-là refuse toute main tendue du pouvoir et considère que Mohamed Abdel Aziz n’a qu’à achever son dernier mandat dont la fin est prévue en 2019 et qu’il s’en aille. Ce nouveau front de l’hyper radicalité est constitué du RFD d’Ahmed Ould Daddah et de l’ancien président du CMJD, Ely Ould Mohamed Vall. Les deux hommes qui accumulent à eux seuls un capital de confiance inégalé auprès des partenaires internationaux de la Mauritanie et dont les avis comptent sur la balance de la géopolitique régionale considèrent que la solution aux crises multiformes dont souffre le pays réside dans le départ de Mohamed Abdel Aziz du pouvoir.


Abdallah Sidya Ebnou , un écrivain captivant

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Un très beau texte de Ahmed Mahmoud Mohamed Ahmedou dit Jemal, ancien chef des services des Domaines, de l’Enregistrement et du Timbre de Dakhlet-Nouadhibou, sur l’ouvrage écrit par Abdallah Sidya Ebnou, un ancien administrateur dans lequel ce dernier relate ses quarante ans de service dans l’administration mauritanienne

J’ai lu  avec  intérêt << Quarante ans au service de l’Etat mauritanien (bribes de souvenirs, ça et là)  1960-2000 d’Abdallah Sidya Ebnou. Dans son récit, l’auteur lègue aux générations actuelles et futures son autobiographie, son expérience professionnelle, ses brouilles, ses désaccords, ses échecs et ses succès. Même,  si la narration des faits << n’a pas tourné au règlement de comptes >>, comme le note le professeur Abdel Wedoud Ould Cheikh, l’auteur, il faut l’avouer Abdallah Sidya Ebnou (A.S.E) n’avait pas sa langue dans la poche. Il a été, quelques fois, mordant et sans états d’âmes vis-à-vis des personnages croisés dans sa vie active. Quant au traitement réservé aux protagonistes qu’il a, parfois, délibérément  souhaité anonymes, A.S.E est sorti de ses gonds.

Pas si surprenant, si l’on tient compte que certaines remueurs présentent A.S.E  comme un  administrateur, suffisant,  autoritaire  et aux propos directs et sans fards.

Dans son ouvrage, de bonne plume, d’un style débordant, A.S.E, tassé par le temps, restitue certains faits, sa moisson d’informations  et  << ses souvenirs de fonctionnaire, certes fondés, mais non exempts d’inexactitudes et oublis inhérents à tout document, reconstitué à partir de la seule mémoire d’une  personne >>.  Dixit A.S.E.

Justement, en évoquant ces  <<inexactitudes>>,  nous souhaitons,  à travers ses lignes, en tant que témoin de l’une des étapes abordées par A.S.E, celle de Dakhlet-Nouadhibou, relever une inexactitude, parmi d’autres, dans l’ouvrage et, relativiser certaines informations qui ne rendent pas justice  à l’action de ses prédécesseurs. Ils sont légion. Pour la mémoire, A.S.E  a été précédé à la tête de la circonscription administrative de la Wilaya de Dakhla- Nouadhibou par six commandants de cercles, dix huit gouverneurs, un délégué régional et succédé par un Waly.  Une mine d’informations utile qui pouvait alimenter  et enrichir le récit d’un << anthropologue de l’administration mauritanienne >>.

Cette contribution s’intéresse à un fait précis, relatif à l’attribution de terrains à usage d’habitation, que l’auteur s’est attribué à tort en revendiquant sa <<paternité>>.

A.S.E, profitant d’un lotissement qui venait de s’achever, décida selon ses termes, de procéder à une distribution de terrains à usage d’habitation <<en corrigeant les injustices chroniques dont souffraient les autochtones. >>  Et d’ajouter, que << c’est pour la première fois que ces autochtones bénéficiaient d’attributions de parcelles dans des conditions équitables. >>.

C’est le lieu de rafraichir la mémoire du gouverneur qui a rompu le silence,  pour rappeler, que le premier  développement du plan directeur urbain de la ville de Nouadhibou, fut initié par l’un de ses prédécesseurs. C’était en 1985. A cette date là,  la ville de Nouadhibou était limitée au Nord par le Château d’eau. Le Fort Le Rumeur, actuel camp de la garde nationale, l’aéroport et les infrastructures de l’ASECNA constituaient l’extrémité  Nord- est de la ville.  Toutes les surfaces habitables de la baie du lévrier étaient occupées illégalement par des bidonvilles formés de baraques précaires en tôles ondulées.

Des tentatives de lotir et  de morceler les zones occupées par les baraques eurent lieu sous l’autorité administrative du gouverneur, le regretté commandant Diallo Mohamed, en 1979 et, en 1980,  durant le passage du gouverneur, le regretté Mohamed Ould Boubacar.  La plus part des bénéficiaires des attributions de terrains à cette époque n’ont jamais pu jouir de leur concession provisoire, en raison du fait que ces lotissements n’ont jamais été  intégrés au plan directeur de la ville et déclarés d’utilité publique en Conseil de Ministres. En jargon urbanistique, ces zones n’ont jamais été officiellement bornées. Cela, a crée une situation de litiges inextricables à laquelle aucune solution de compensation n’a été trouvée malgré les opportunités  d’agrandissement urbain de la ville intervenues  et de distributions de terrains effectuées par les gouverneurs qui se sont succédé.

Sur le plan des infrastructures routières, il n’existait que deux voies bitumées : le Boulevard médian et le boulevard maritime. Le mérite  du projet de l’extension de la voirie  de Nouadhibou revient au remarquable administrateur, le regretté Bamba Ould El Yezid, un autre prédécesseur du gouverneur A.S.E. Sous l’autorité administrative du gouverneur Bamba, une route bitumée prolongeant le boulevard médian d’environ 7 km fut  construite en 1984.

 

Au-delà,  du camp de la garde nationale, se situe l’Agueguer,  terrain très accidenté, sablonneux et caillouteux  prisé par les chacals. C’était un véritable no man‘s land  qui finissait à l’embouchure de la zone << Bouchon>> célèbre par sa ceinture de mines explosives, dernière trace de la guerre du Sahara.

Ce sinistre état des lieux est à l’origine de la première et plus grande opération d’aménagement, de lotissement et de recasement des populations qu’a connu la ville de Nouadhibou. Les Quartiers de l’ilot A, ext P1, P2, P3, P4  communément connus sous les patronymes de robinet ou bornes fontaines, 1,2, 3, 4,5 sont crées.

Les autorités administratives d’antan sous la houlette d’un administrateur sage, un homme de Dieu et des lois, Dah Ould Cheikh, avaient procédé au déplacement des habitations précaires au site des zones nouvellement aménagées, tout en respectant les soucis d’équité et de justice sociale. De mémoire de stéphanois, l’opération s’était déroulée en toute  transparence. C’était le premier début d’un réel habitat évolutif de la ville de Nouadhibou.

Cette action de grande envergure fut poursuivie par son successeur  l’administrateur d’obédience souffiste, le regretté Sidi Mohamed Ould Mohamed Lemine disparu au cours de son deuxième séjour à Nouadhibou dans un avion militaire en 1992, en partance pour Zouerate, son nouveau lieu d’affectation. S.M.M.LEMINE continua, en étroite collaboration avec la commune le projet d’agrandissement de la ville et ses infrastructures routières. Au moment  de l’achèvement technique de l’opération de l’extension du lotissement, S.M.M.Lemine quittait son poste sans pouvoir  procéder à une attribution de terrains.

La seconde plus grande opération fut prise en charge par le successeur d’A.S.E, le regretté administrateur civil Abderrahmane Ould Dah. Le Wali Abderrahmane Ould Dah procéda à la désignation d’une commission consultative présidée par le jovial administrateur civil Abellahi Salem Ould Haye, Hakem de la Moughata de Nouadhibou, chargée de proposer une liste de bénéficiaires de terrain dans la zone à habitat évolutif. Une standardisation des adresses fut effectuée grâce à la collaboration d’un bureau d’études de la place financée par la commune qui a permis de regrouper les demandeurs suivant leur type d’activités. Sur la base de 14522 demandes, des quotas ont été codifiés et retenus pour chaque groupe. Une marge de 10 % a été réservée aux règlements des litiges. Aussi, un traitement particulier a été donné à la demande officielle du personnel de la SNIM-SEM omis des distributions antérieures.  Les quotas retenus ont visé l’objectif de 6000 lots disponibles.  Il est à rappeler que la SNIM-SEM avait collaboré à la finalisation du lotissement par le prêt d’un appareil Dystomat et la mise à la disposition d’un technicien qualifié au profit de l’administration pour les besoins de l’opération.

Etant donné que l’administration est une continuité ; que tout successeur peut s’approprier dans l’intérêt public toute action antérieure ;  que toute  activité publique est un acquis qu’il faut préserver et améliorer dans l’intérêt général ; n’est-il pas légitime de se poser des questions sur cette partie du bilan que le Gouverneur A.S.E s’est approprié ?

Est- ce une raison de dénigrer  le mérite  de ses prédécesseurs et ses successeurs ?

Est-ce bien possible pour un administrateur, quelques soient ses compétences et ses moyens, de  réaliser un  tel actif, en un  temps aussi bref (moins de six mois) et de surcroît, s’affrontant à une situation conflictuelle   ?

Le récit invoqué de cette étape, de l’itinéraire riche, de l’administrateur,  comporte quelques << inexactitudes>>. L’opération de distribution de terrains effectuée était entachée d’irrégularité et n’avait pas été exempt des <<pratiques antérieures faisant du domaine public un fonds de commerce et de publicité>> telles  que décriées par le Gouverneur A .S.E .

Malgré cela,   l’administrateur A.S.E, écrivain captivant, de vaste culture, traditionnelle et moderne, a assuré son devoir de restitution, en mettant du sel dans son écrit. Mais il a aussi, par moments, mis du  vinaigre.

Du reste, comme l’a si bien dit l’analyste Mohamed Yehdih Ould Breideleil , en guise de témoignage : << on peut ne pas partager certaines appréciations ou certaines remarques, mais cela n’enlève en rien l’objectivité, en tant que disposition de l’esprit qui enveloppe le texte. >>

Un adage pertinent nous enseigne que chaque page qu’écrit un auteur est une nouvelle leçon dans l’art d’écrire…. Abdallah Sidya Ebnou est un écrivain de grande qualité, désopilant par son humour ravageur. Son ouvrage qui restitue sa mémoire et sa vaste expérience doit donner l’exemple et ouvrir la voie à d’autres, qui ont également tant de choses à raconter.

Quarante ans au service de la Mauritanie, est loin d’être une petite promenade, c’est un long voyage dans l’histoire, en dents de scie, de l’administration mauritanienne, de l’indépendance à nos jours, que tout administrateur doit revisiter….

Rejoignons l’appel du regretté Mohamed Saïd Hamody : Au suivant !


Journée de lutte contre la malnutrition : «assurer aux enfants un bon départ dans la vie !»

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«Assurer aux enfants un bon départ dans la vie ! », alors que s’ouvre à Rio de Janeiro les Jeux Olympiques, cette maxime aurait pu inspirer la journée consacrée à la lutte contre la malnutrition qui a été célébrée le 5 août dernier par la société civile mauritanienne dans les locaux de l’ONG AMAMI, à Bouhdida. En pleine période des JO nous pourrions dire qu’un enfant bien nourri aujourd’hui fera un bon athlète demain !

«Mobilisation de la société civile pour des engagements politiques forts en faveur de la nutrition» : tel est le thème choisi en cette journée du  5 août 2016 consacrée à la lutte contre la malnutrition par la coalition des ONG mauritaniennes formant le mouvement SUN-Mauritanie. Une conférence de presse a été organisée à cet effet, présidée par Moulaye El Mehdi Ould Moulaye Zeine, en présence des partenaires engagés dans la thématique de la nutrition, notamment ACF et World Vision, ainsi que le président de la Plateforme de la société civile, Mohamedou Ould Sidi et quelques activistes.

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La société civile mauritanienne s’est engagée au cours de cette journée à renforcer le plaidoyer pour une plus grande allocation budgétaire à la nutrition (moins de 1% du budget de l’Etat actuellement), conformément aux obligations internationales auxquelles l’Etat mauritanien est astreint. Il s’agit en particulier de l’Appel de Dakar du 4 mai 2016, lancé par la société civile dans dix pays d’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, Sénégal et Sierra Leone) en plus du Tchad et de Madagascar.
Parmi les 8 points sur lesquels la société civile africaine s’est engagée, la création d’espaces de dialogue multi-acteurs d’ici 2018, le suivi budgétaire de la nutrition, la mobilisation des ressources, la mise en place d’un comité de veille citoyen pour le respect de engagements de l’Etat en faveur de la nutrition d’ici 2018, le lancement d’une campagne plaidoyer dans les 11 pays de la sous-région.

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Les participants à la rencontre se sont cependant alarmés de la situation catastrophique de la malnutrition en Mauritanie, appelant le gouvernement à renforcer ses mécanismes de lutte. S’ils se sont félicités de l’engagement politique des autorités à améliorer la situation nutritionnelle à travers, notamment, l’examen en cours du Plan de réponse stratégique à caractère humanitaire pour la période 2014-2016, ils ne s’en sont pas moins inquiétés face à l’absence d’une volonté financière de l’Etat. D’où l’ambition de la société civile à impliquer davantage l’ensemble des acteurs nationaux, en particulier les parlementaires et les médias. Dans la foulée, l’Association des journalistes mauritaniens en Santé-Nutrition a été créée au cours de cette rencontre, son objectif global est de participer à l’élan de plaidoyer lancé pour lutter contre les problèmes de santé et de malnutrition. Il faut rappeler que la journée organisée par la société civile s’est déroulé en présence du Directeur régional à l’Action Sociale et Sanitaire (DRASS) de Nouakchott-Nord et du Directeur adjoint chargé des relations avec la société civile, en présence des partenaires internationaux, «Action Contre la Faim (ACF)» et World Vision notamment.
Pour une population de 3, 3 millions d’habitants, la Mauritanie est classée parmi les pays où la malnutrition dans ses différentes formes et degrés (malnutrition aigüe et malnutrition sévère) est la plus élevée. En effet, 0,53 millions de Mauritaniens dépendent d’une aide alimentaire, soit 16% de la population totale, avec 141.000 de malnutris et 190.000 personnes en situation d’insécurité alimentaire (selon les dernières enquêtes : SMART 2013 et SMS 2013). Plus alarmant, 20% des enfants mauritaniens de moins de 5 ans sont malnutris, dépassant ainsi les seuils fixés par l’OMS. Plus de 180 millions de dollars U.S devront ainsi être mobilisés, selon les partenaires, pour venir à bout de ce fléau.

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Il est établi que la malnutrition constitue un fardeau social qui pèse lourd dans les économies des pays en développement. Selon les experts, un enfant malnutri a peu de chances de réussir dans les études,  il aura aussi de grandes difficultés à contribuer, une fois adulte, au développement de son pays. Il peut, moins encore, devenir un bon athlète, à l’heure où les pays rivalisent de performances physiques. Les J.O de Rio de Janeiro qui se sont ouverts le 5 août offrent aux différentes nations du monde l’opportunité d’assurer à leur jeunesse un bon départ dans la vie !


Mauritanie-Israël : l’impossible amour ?

 

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«Netanyahou n’est habile que dans la tuerie, la manipulation et le mensonge». Ce témoignage sévère du président Mohamed Abdel Aziz sur le Premier ministre israélien, livré dans une interview publiée par le célèbre périodique égyptien «Al Ahram» en marge du Sommet Arabe de Nouakchott le 25 juillet dernier, pourrait démentir les rumeurs d’une relation secrète entre la Mauritanie et Israël entretenues par certains milieux. Cette attitude des autorités mauritaniennes tranche cependant avec celle d’un monde arabe de plus en plus porté vers un rapprochement avec Tel-Aviv. Pour des considérations géopolitiques, surtout sécuritaires et économiques, la Mauritanie ne pourrait-elle pas de nouveau succomber aux charmes de la normalisation ?

C’est le 5 mars 2009 que l’ambassade d’Israël à Nouakchott avait fermé définitivement ses portes, après un ultimatum de 48 heures lancé par les autorités mauritaniennes à son personnel de quitter le territoire. La décision sera confirmée par le Ministre israélien des Affaires étrangères à l’AFP, après la mesure prise le 16 janvier 2009 par la Mauritanie de suspendre ses relations avec Israël. Ainsi prenaient fin dix ans de relations diplomatiques controversées et désapprouvées aussi biens par la rue mauritanienne que par le monde islamique.
A l’époque, le nouveau pouvoir à Nouakchott, soumis à un embargo international après le coup d’état contre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, aurait cherché par cette décision à se venger, d’une part, des Etats-Unis et de l’Europe, mais aussi d’Israël, qui s’étaient particulièrement distingués dans leur condamnation du putsch, et d’autre part, rompre l’isolement de la Mauritanie au sein de la Ligue Arabe. Il y a ceux qui ont évoqué la pression du guide libyen Mouammar Kadafi dont la visite programmée en Mauritanie, avec dans ses valises des projets faramineux et des milliards de dollars, aurait été considérée comme incompatible avec la présence d’une ambassade israélienne à Nouakchott. Celle-ci a d’ailleurs été rasée peu de jours avant son arrivée. Sur le plan national, cette décision a eu l’avantage pour le nouveau pouvoir de desserrer l’étau de la contestation populaire après le putsch qu’il venait de perpétrer «contre un président démocratiquement élu » et qui servira pendant plusieurs moins de turboréacteur aux forces de l’opposition. D’où l’hypothèse que la rupture avec Israël répondait surtout à des visées électoralistes pour la légitimation d’un pouvoir confisqué par les armes et qu’on se préparait à blanchir par le scrutin présidentiel de juillet 2009. Pour le président Ely Ould Mohamed Vall et les câbles de WikiLeaks, «le président Mohamed Abdel Aziz, a rompu ses relations avec Israël pas pour l’intérêt de la Mauritanie, mais pour des considérations personnelles ». Selon ses deux sources «il voulait simplement renforcer son régime et sortir de la crise politiquée née du putsch du 6 août 2008 ».
Certes, la Mauritanie de Mohamed Abdel Aziz avait estimé que ces relations tissées dans le sillage des Accords d’Oslo en  1999 et signées en Espagne, n’avaient pas permis d’obtenir des avancées sur le dossier palestinien et n’avaient rien apporté à la Mauritanie, ni sur le plan économique, politique ou diplomatique, hormis un centre d’oncologie à moitié achevé et l’expertise israélienne dans certains domaines limités comme la santé et l’agriculture.
Mais entre 2009 et 2016, la situation des relations internationales a beaucoup changé et les dissensions régionales imposent de nouvelles règles de jeu. La question palestinienne n’est plus centrale dans la conception actuelle des rapports de force au Moyen-Orient. Le curseur des hostilités a beaucoup bougé. Israël n’est plus l’ennemi désigné du monde arabe, mais le péril iranien. D’où certains rapprochements encore inimaginables il y a quelques années, comme ceux qui sont en train de naître entre Riadh, capitale du monde islamique et pivot du monde arabe avec Israël. Les relations secrètes entre les deux capitales sur le plan du renseignement et de la coopération sécuritaire tendent ainsi de plus en plus à sortir au grand jour. En juin 2015, l’ancien conseiller du gouvernement saoudien, Anwar Eshki apparaît pendant un évènement avec Dore Gold, quelques jours avant que ce dernier ne prenne la direction générale du Ministère israélien des Affaires étrangères. En mai 2016, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Netanyahou, Yaakov Amidror, avait discuté des sujets régionaux avec le prince saoudien Turki al Faiçal, ancien chef des renseignements du régime, lors d’une rencontre à l’Institut de Washington pour la politique du Proche-Orient.
Ce rapprochement entre l’Arabie Saoudite et Israël a été d’ailleurs récemment fortement critiqué par Hassane Nasrallah, le leader du Hezbollah libanais, qui qualifie de «catastrophe » une normalisation entre Israël et l’Arabie.
Aujourd’hui, pratiquement toutes les capitales arabes entretiennent des relations plus ou moins secrètes de coopération avec Israël, notamment dans la guerre en Syrie et au Yémen. La menace de l’Iran Chiite semble pour le moment primer sur l’hostilité arabo-israélienne. Mais la Mauritanie semble encore s’accrocher aux antiques schémas populistes à l’heure où les enjeux transcendent le nationalisme sentimental, selon un observateur qui estime que l’hostilité envers Israël, principal allié des Etats-Unis et de l’Europe, dessert davantage le pouvoir mauritanien. D’ailleurs, le président Mohamed Abdel Aziz l’a reconnu dans l’interview accordée à «Al Ahram». Il attribue ainsi l’offensive faite contre son régime dans le domaine des droits de l’homme comme une conséquence de cette rupture diplomatique avec Israël. D’autres y ajoutent l’embargo économique non déclaré contre la Mauritanie, à travers certains médias internationaux qui décrivent le pays comme peu sûr sur le plan sécuritaire, pour décourager le tourisme et l’arrivée d’investisseurs.
Les rapports tendus avec le Maroc voisin n’arrangent pas les choses, si l’on constate les relations de plus en plus dynamiques entre Rabat et Tel-Aviv. Le Mossad israélien, classé comme premier service de renseignement au monde, est surtout connu pour sa puissance déstabilisatrice. Mais selon plusieurs analystes, ni les Etats-Unis encore moins l’Europe ne chercheront à déstabiliser la Mauritanie, eu égard au rôle central qu’elle joue dans la lutte contre le péril terroriste au Sahel. Une Mauritanie déstabilisée et contrôlée par les forces terroristes, équivaudrait à livrer toute l’Afrique de l’Ouest aux extrémistes islamistes. Un scénario catastrophe qui constitue selon beaucoup d’observateurs l’arme de dissuasion dont dispose la Mauritanie pour repousser toute action internationale subversive. Dans cette perspective, le renseignement israélien continuerait toujours, selon quelques sources, à flirter avec à son homologue…mauritanien, via de secrets briefings dans la capitale sénégalaise.