aidara

Tournoi de COTIF Espagne : Vincent Rotureau limogé après la contreperformance des U-20

COTIF

La Mauritanie sort du tournoi amical de COTIF pour les moins de 20 ans. Après 4 défaites en 4 matchs, 8 buts encaissés, 2 buts marqués et ZERO point au compteur, les Mourabitounes juniors ont réalisé leur plus mauvaise performance dans cette compétition organisée chaque année en Espagne. Après le dernier match disputé samedi 30 juillet dernier contre la modeste équipe de Bahreïn et qui s’est soldé par une défaite, 1-2, l’entraîneur des Mourabitounes juniors, le Français Vincent Rotureau, a été limogé par la Fédération mauritanienne de football.
Une sanction qui serait venue pour amortir le choc des critiques qui ont inondé la toile et dont les vagues pourraient emporter d’autres membres du staff technique.
En effet, beaucoup ont reproché à l’entraîneur français son manque de clairvoyance après la première défaite contre le Vénézuela (0-2). Une chaude dispute l’aurait même opposé à son adjoint mauritanien Moustapha Sall qui avait suggéré le changement de classement, car beaucoup de joueurs, comme El Hacen El Id, Dellahy ou encore Ali Abeid, avaient montré leurs limites. Mais Vincent Rotureau persiste et signe en alignant, défaite après défaites, d’abord devant l’Espagne (0-3), puis les Etats-Unis (0-1) et enfin Bahreïn (1-2) les mêmes joueurs et le même classement.
Avec un gardien de but aussi nul que Ould MBareck,  à l’origine de la plupart des buts encaissés par l’équipe, une défense poreuse et une attaque maladroite et inefficace devant les buts, les adversaires des U-20 de la Mauritanie avaient tôt perçu dans cette équipe le maillon faible du groupe. A part deux ou trois individualités, notamment le jeune Teguedi qui fut le meilleur Mourabitoune, tout le reste de l’équipe est passé complètement à côté de la plaque.
Cette grande performance du jeune Téguedi n’a d’ailleurs pas échappé à l’équipe Levante D qui a décidé de le recruter aux termes de cette première phase du tournoi.
Les Mauritaniens sortent ainsi penaud d’un tournoi où ils ont fait de la simple figuration, servant de punching-ball aux autres équipes du groupe.
Pour la FFRIM, c’est une véritable douche froide et une gifle qui vient s’ajouter à l’échec des équipes nationales mauritaniennes dans les tournois régionaux et continentaux qu’ils ont disputé cette saison, malgré les dépenses colossales qu’ils ont coûté à la collectivité.
Un seul match, devant l’Afrique du Sud, comptant pour la CAN-2017 où la Mauritanie est d’ores et déjà éliminée, meuble l’agenda de la FFRIM. D’où les questions qui se posent déjà quant au sort qui sera réservé à Corentin Martins, après cette échéance, car c’est un entraîneur désœuvré pour plusieurs mois que la Mauritanie continuera à payer.

Cheikh Aidara


Sommet arabe de Nouakchott : après la fête, l’heure des comptes

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Avec un actif assez peu consistant sur le plan politique et diplomatique, et un passif assez lourd, l’après-Sommet arabe de Nouakchott continue de traîner sa gueule de bois. A l’heure des comptes, toutes les fourmis et les abeilles ouvrières qui avaient travaillé dur pour la réussite de la fête attendent toujours leurs récompenses.

Sitôt les rideaux du Sommet de la Ligue Arabe à Nouakchott tombés, des dizaines de chauffeurs ont pris d’assaut les grilles de la Présidence de la République pour réclamer leurs dus. Dans le registre des services non payés, ils semblent partager le sort des dizaines de journalistes et de techniciens des médias publics, El Mouritaniya, Radio Mauritanie et Agence mauritanienne d’informations, qui n’ont reçu le moindre khoums à la fin d’un évènement pour lequel ils ont pourtant été mobilisés pendant plusieurs jours et plusieurs nuits. Ils ont tous ainsi sacrifié sommeil et repos, loin du cocon familial, pour assurer la réussite de la 27ème session de la Ligue Arabe de Nouakchott.

«On nous ballote d’un responsable à l’autre, chacun refuse la patate chaude des indemnités et à ce jour, nous ne savons à quel Saint nous adresser » avoue un journaliste qui a été consigné pendant quelques jours à l’aéroport pour retransmettre en direct l’arrivée des délégations.

Alors que des sources parlent de nouveaux décomptes qui tendraient à revoir à la baisse toutes les factures initialement prévues, le sort de plus de deux milles chameliers mobilisés par le ministère de la Culture et de l’Artisanat pour la bagatelle de 180 Millions UM semble d’ores et déjà scellé. L’Etat ne leur versera la moindre ouguiya. En sus de la colère homérique du chef de l’Etat, Mohamed Abdel Aziz, qui l’aurait savonné, selon quelques confidences, face à cette dépense de prestige jugée inutile, le ministre Mohamed Lemine Ould Cheikh devra se débrouiller avec sa commande.

Il paraît, selon plusieurs sources de presse, que certains émirs et chefs d’Etat, comme l’émir du Koweït et le président Idriss Déby du Tchad, ont été très généreux avec le personnel qui a été mis à leur service. Ainsi, si certains parmi ce personnel ont eu la malchance de servir des hôtes qui se sont contentés de mots gentils à leur égard, d’autres ont eu des fortunes différentes.
Le personnel qui était affecté auprès de l’émir du Koweït (agents du protocole, sécurité, garçons, chauffeurs…) aurait reçu par exemple entre 5.000 et 1.000 dollars chacun. Certains prétendent que le double en euros a été offert par le président Déby. Les moins fortunés du personnel affecté auprès des délégations auraient perçus entre 300 et 500 dollars U.S. Mais les moins chanceux n’auraient reçu que des «Incha’llah, à la prochaine fois » stériles.

Bien que ces dons et ces largesses sont d’un usage très courant dans les sommets de ce genre, nos officiers auraient administré aux délégations arabes une bonne leçon de droiture et d’éthique militaire, en refusant tout simplement de prendre les montants qui leur étaient offerts ?

Par delà ces exceptions qui font honneur à nos forces armées et de sécurité, certains se sont demandé si cette rétraction des autorités à verser au personnel mobilisé les primes qui leur ont été promus n’est pas due aux largesses qui lui ont été accordées par les délégations hôtes ? Ainsi, il court la rumeur selon laquelle les chauffeurs mis à la disposition des délégations devaient percevoir la somme de 50.000 UM par jour.

Les autres prestataires attendent encore leur facture. Il s’agit de certains fournisseurs, de quelques hôteliers ainsi que de certains propriétaires de villas et des restaurateurs.
Selon plusieurs observateurs, l’échec plus ou moins consommé du Sommet de Nouakchott, marqué par l’absence de quatorze chefs d’Etat arabes, dont des poids lourds comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, ou encore la Palestine, ajouté au caractère péremptoire et non inédit de la «Déclaration de Nouakchott », auraient pesé lourdement sur l’humeur du président Mohamed Abdel Aziz. Les autorités auraient considéré que le sommet arabe qu’ils ont organisé ne méritait pas en fin de compte, toutes les dépenses faramineuses qui étaient prévues. La déception semble avoir pris le pas sur l’enthousiasme qui avait précédé la tenue du Sommet.

Beaucoup devront ainsi payer la facture salée de cette désillusion, aussi bien le personnel de terrain que certains ministres dont l’excès de zèle pourrait bien se retourner contre eux.


Sommet arabe de Nouakchott : après les lumières de la fête, l’obscure réalité nationale

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Après avoir plané quelques jours sur le toit du monde arabe, l’atterrissage sur le sol de l’amère réalité s’annonce rude pour les Mauritaniens. Il y a en effet ce blocage politique qui tarde à se résorber, ces procès en cascade qui s’annoncent contre des détenus d’opinion et des Trésoriers généraux, cette  crise latente aux frontières Nord et Sud du pays, la gestion diplomatique d’un après sommet aux retombées encore incertaines.

Nouakchott a vécu pendant plusieurs jours sous la fièvre du Sommet arabe, tenu le 25 juillet dernier. Pendant cet évènement, le souci de réussir cette rencontre inédite, première du genre depuis l’accession de la Mauritanie à la Ligue Arabe en 1974, avait tu toutes les dissensions. Jamais en effet, circonstance n’a fait l’objet d’une trêve aussi totale. Les revendications sociales et politiques se sont tues. Ni les militants d’IRA, encore moins ceux du Mouvement du 25 février, dont plusieurs de leurs camarades étaient pourtant détenus n’ont organisé de manifestations. Les partis politiques de l’opposition ont également rengainé leur hostilité au pouvoir. Tous ont souhaité la bienvenue aux hôtes de la Mauritanie, enterrant la hache de guerre jusqu’au départ de tous les invités.
Aujourd’hui que l’immense tente du Palais des Congrès qui avait servi aux travaux de la 27ème session du Sommet Arabe, a été pliée, sans qu’un mariage collectif n’y soit organisé selon le vœu de plusieurs centaines de jeunes filles célibataires, l’amère réalité de la situation rattrape les Mauritaniens.
En effet, la  crise politique reste toujours insidieuse. Les démarches entamées pour la tenue d’un dialogue politique inclusif sont encore au point mort. Les frères ennemis de la scène politique nationale, le pouvoir et son opposition radicale, reprendront certainement leur manœuvre et leur tactique d’usure pour une recomposition future des rapports de force. Aux derniers développements de cet imbroglio politique, la promesse des autorités d’organiser au plus vite le dialogue tant attendu avec les forces disponibles. Il était question d’accords secrets avec certains partis membres de l’opposition pure et dure regroupés au sein du FNDU (Forum national pour la démocratie et l’unité).
Ce projet, selon des sources proches du pouvoir, reste sur l’agenda prioritaire des autorités en place.
Mais en sus de la dimension politique des crises multiformes qui secouent le pays, certains observateurs évoquent également la grogne sociale née des démêlés des autorités avec certaines entreprises étrangères dont Tasiast. Aux dernières nouvelles, un deal aurait été trouvé avec l’entreprise minière qui exploite un gisement d’or au Nord de Nouakchott. Une Mauritanisation des postes sur deux ans de 80% des postes jadis occupés par des expatriés aurait été convenue.
Il y a surtout ce procès de 13 membres du bureau exécutif d’IRA, prévu le 3 août prochain, qui s’annonce chaud, car l’organisation antiesclavagistes semble avoir lancé un appel à ses troupes. L’arrivée prévue ce jour, lundi 1er août 2016 du président et du vice-président du mouvement, Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan de retour d’une tournée d’un mois aux Etats-Unis d’Amérique, pourrait bien donner un avant-goût de cette mobilisation populaire. Un collectif de 40 avocats se serait d’ores et déjà constitué pour la défense des prévenus.
Il y a également ce procès des militants du M25 (Mouvement du 25 février) arrêté à la suite de l’incarcération d’un de leur camarade, un jeune journaliste condamné à 3 ans de prison pour avoir jeté sa chaussure sur le ministre porte-parole du gouvernement au cours d’un point de presse hebdomadaire.
Il y a surtout ce procès en préparation à Zouerate qui concerne plus d’une dizaine de Trésoriers régionaux accusés de détournements de deniers publics et de fautes de gestion. Regroupés d’abord à la prison civile de Nouakchott, ils ont été par la suite transférés à plus de mille kilomètres au Nord de la capitale, à Bir Moghreïn. Leurs familles organisent de temps en temps des manifestations pour protester contre cet éloignement qui les prive des droits de visite.
A côté de ses dossiers internes qu’il est amené à gérer ces jours-ci et dans les mois qui s’annoncent, le pouvoir mauritanien devra faire face également à la crise diplomatique persistante avec le Royaume du Maroc. L’organisation du dernier sommet arabe à Nouakchott, marqué par l’absence du Roi Mohamed VI qui s’était fait représenter par son ministre des Affaires étrangères, aurait davantage creusé les dissensions entre les deux pays. Sur ce point, la presse marocaine ne cesse de se donner à cœur joie d’évoquer la victoire du Royaume sur la Mauritanie, cette dernière s’étant précipité selon elle à capter la patate chaude d’un sommet arabe que le Maroc avait refusé d’abriter, conscient de son échec prévisible.
A côté de la crise diplomatique avec son puissant voisin du Nord qui s’exacerbe de jour en jour, la Mauritanie devra probablement aussi régler son petit différend avec le Sénégal au Sud. Des milliers de têtes de camelins auraient été refoulés par les Sénégalais, violant ainsi, selon la partie mauritanienne, les accords liant les deux pays relatifs au droit de pâturage de ses troupeaux sur son sol.
La Mauritanie devra surtout rattraper quelques ratés diplomatiques consécutifs à l’absence de deux grands invités dont la présence était très attendue au Sommet arabe de Nouakchott. Il s’agit du Roi Selman d’Arabie Saoudite qui avait pourtant soutenu et appuyé financièrement mais aussi diplomatiquement la tenue du sommet. Alors qu’il était en vacances à Rabat, à deux heures de vol de Nouakchott, il annonça son désistement. C’est aussi le cas du Général Abdel Fetah Sissi, président d’Egypte, qui non seulement a décommandé à la dernière heure sa venue pourtant très programmée en Mauritanie, mais dont la presse a inventé un attentat qui devait le viser durant sa présence à Nouakchott.
L’image du pays s’est ainsi retrouvée sérieusement malmenée par la presse égyptienne, mais aussi par plusieurs stations de télévision à travers le monde arabe. En cause, non pas l’organisation du sommet, qui a été unanimement appréciée, mais surtout sur son timing, eu égard à la situation désastreuse du monde arabe, marqué par les divisions fratricides, les conflits confessionnels et l’éloignement de la question palestinienne du centre des préoccupations.


Les ratés du sommet arabe de Nouakchott

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Des incidents et clashs diplomatiques, le sommet de la 27ème session de la Ligue Arabe tenu à Nouakchott le 25 juillet 2016, en a connu. A commencer par les propos irrévérencieux et irrespectueux du ministre libanais de la Santé, Abou Farour. Ce dernier avait déclaré à un journaliste libanais que la Mauritanie n’était pas prête pour accueillir le sommet, par manque d’infrastructures et par insalubrité, et que partant, toute la délégation allait passer la nuit à Rabat, pour ne rejoindre Nouakchott que le jour du sommet. Ses hôtels seraient infestés de rats et de cafards.
Cette déclaration avait suscité moult réactions, non seulement de la part des Mauritaniens, mais aussi de la part des Libanais eux-mêmes, de leurs médias, de leurs organisations de la société civile et de leur opposition, ainsi que de la part de la colonie libanaise résidant en Mauritanie. Tous ont adressé leurs sincères regrets aux autorités et au peuple mauritanien. Ils se sont démarqués par rapport à de tels propos, se demandant comment le Liban, réputé être le dépotoir du monde avec un gouvernement d’incompétents et de corrompus, osait-il donner des leçons de salubrité à la Mauritanie, dont la capitale selon eux est marqué par un haut degré de propreté et de salubrité.
Il y a surtout, cette brève présence de l’Emir du Qatar qui n’a passé que deux heures d’horloge à Nouakchott, juste le temps d’assister à l’ouverture du sommet. Il paraît que cela était prévu dans le programme, et qu’il devait juste faire acte de présence puis s’envoler pour une tournée dans les Amériques.
La presse égyptienne proche du pouvoir a également attaqué la Mauritanie, pour justifier le désistement à la dernière minute du président général Abdel Fetah Sissi. Ce dernier aurait renoncé à sa présence au Sommet de Nouakchott parce qu’un complot visant à l’assassiner était planifié. La Mauritanie fut ainsi décrite comme un pays extrêmement dangereux et son dispositif sécuritaire assez inexistant pour éviter le pire.
Autre incident, les échauffourées entre la sécurité mauritanienne et celle du représentant irakien à l’entrée du pavillon où devait se tenir le sommet arabe.
Il y eut surtout ce blocage des journalistes de la presse indépendante ainsi que des correspondants locaux  et étrangers de chaînes internationales, dûment accrédités, et qui ont été empêchés de couvrir l’ouverture officielle du sommet arabe à Nouakchott. Une première dans les annales des couvertures dans les rencontres internationales.
Il y a eu surtout ce ciblage des journalistes qui doivent assister et poser des questions lors des différentes conférences de presse organisées en aval et durant le sommet arabe de Nouakchott.
Il faut ajouter à ce tableau peu reluisant, les ratés de la télévision nationale, El Mouritaniya, notamment lors de la retransmission en direct des travaux de la 27ème session du Sommet arabe.
Les unités des forces de l’ordre déployé sur le terrain pour assurer la sécurité du sommet ont également souffert de négligence. La faim et l’usure furent leur lot pendant ces journées de rude labeur.


Procès des militants d’IRA : Le 3 août, un jour de mobilisation sur 3 continents

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Que cela soit à Nouakchott, ou dans plusieurs capitales européennes et américaines, les militants d’IRA ont appelé à la mobilisation pour exiger la libération de leurs 13 camarades incarcérés depuis près d’un mois et dont le procès s’ouvrira le 3 août 2016.

Partout, que cela soit à Nouakchott, à Genève, à Munich, à Paris, ou à Washington et dans plusieurs villes américaines où se trouvent actuellement leur président et vice-président, les militants de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA) sonnent la mobilisation de leurs troupes. Le 3 août 2016 s’ouvre ainsi devant la cour criminelle de Nouakchott, le procès de 13 éminents membres du bureau exécutif de leur mouvement. Balla Touré, Hamady Hamady, Diop Amadou Tijane, Abdallahi Matallah Seck, Moussa Birame, Ahmed Ahamdy et leurs autres camarades, ont été inculpés de flagrance par le procureur Cheikh Taleb Bouya Ahmed pour «attroupement armé », «violences à l’égard d’agents de la force publique », «rébellion » et «appartenance à une organisation non enregistrée ».
Les avocats de la défense dénoncent une violation des procédures judiciaires du début à la fin et évoque un dossier vide. D’abord, les détenus ont été arrêtés en dehors du lieu où se sont déroulés les évènements dans lesquels ils sont impliqués, notent-ils, certains vingt-quatre après les incidents, d’autres plusieurs jours après. Ce qui selon eux, met à l’eau l’enquête de flagrance ouverte par le procureur. Les avocats dénoncent également des arrestations et des perquisitions sans mandat d’un juge ainsi que des gardes-à-vue en dehors des procédures légales, aussi bien dans la durée, que dans l’exigeante présence des avocats et des familles dans les premières heures de détention comme l’exige la loi.
Ensuite, soutient certains milieux proches des prévenus, des actes de torture inhumains et dégradants ont été commis sur eux, alors que la Mauritanie a ratifié tous les instruments internationaux interdisant la torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants, créant dans la foulée un Mécanisme national de prévention contre la torture.
Ainsi, Abdallahi Matallah Seck, Balla Touré, Moussa Birame et Amadou Tidjane Diop ont été interrogés selon leurs familles, la nuit, privés de sommeil, d’accès aux sanitaires, aux douche ainsi qu’à un médecin. Pieds et mains liés dans des positions douloureuses pendant des heures, suspendus par des cordes, les menottes trop serrées. Le troisième vice-président Diop Amadou Tidjane a été déshabillé, insulté et menacé de mort pendant son interrogatoire. Il s’est vu forcé de manger quelques repas agrémentés de sable sans pouvoir boire de l’eau.
Ainsi,  les commissaires principaux El Hadi et Ahmed Baba Ahmed Youra, l’inspecteur de police Hassane Samba, les officiers de police, Alioune Hassane et Lemrabott, le brigadier chef Didi ainsi que les brigadiers Ould Amar et Oumar NDiaye auraient participé avec d’autres personnes non identifiées aux actes de torture à l’encontre des militants.
Boubacar Ould Messaoud, président de SOS Esclaves et membre du Mécanisme national de prévention contre la torture s’est vu refusé une visite des prisonniers malgré une demande officielle. Les demandes des avocats de faire expertiser les traces visibles de sévices ont été refusées.
En prélude au procès du 3 août 2016 à laquelle il déclare participer, le président d’IRA, Birame Dah Abeid, actuellement en tournée aux Etats-Unis, a lancé un appel à la mobilisation de toutes les coordinations de l’intérieur de la Mauritanie.
Il faut rappeler que l’arrestation en masse des militants d’IRA est intervenue après les incidents du 29 juin 2016, lorsque sous la menace d’une expulsion collective dans un squatt sis à l’hôpital ophtalmologique Bouamatou, les occupants ont confronté les forces de police. Plusieurs blessés des deux côtés, un car de la police brûlé et des arrestations au sein des manifestants. Selon les sources présentes lors des incidents, aucun des membres d’IRA aujourd’hui incarcéré, n’était présent sur les lieux des affrontements.
Pour certains observateurs, les autorités mauritaniennes ont voulu profiter de l’occasion pour décapiter le mouvement IRA qui «dérange l’ordre établi, pour sa lutte contre l’esclavage et le racisme d’Etat en Mauritanie».


27ème session de la Ligue Arabe à Nouakchott : gros préparatifs et petit Sommet

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Le 27ème Sommet ordinaire de la Ligue Arabe s’est finalement tenu en une journée au lieu de deux, le 25 juillet 2016. La Mauritanie a su relever le défi de l’organisation et de la sécurité, même si sur le plan de la représentativité et des résolutions finales, les avis sont partagés. Entre le satisfecit des uns et les remontrances des autres, Nouakchott peut s’enorgueillir, après 43 ans de présence au sein de la Ligue, d’avoir été l’espace de quelques jours, la capitale du monde arabe.

Les travaux du 27ème sommet ordinaire de la Ligue Arabe ont finalement été bouclés en une journée, le 25 juillet 2016, alors qu’ils étaient prévus pour deux jours. Selon certains observateurs, ce raccourci de dernière heure, ainsi que la faible représentativité qui a marqué le sommet de Nouakchott, sonnent le glas d’une Ligue Arabe dont les rêves ultimes semblent avoir été enterrés dans cette immense khaïma blanche dressée dans l’enceinte du Palais de Congrès pour la circonstance.
D’où le peu d’intérêt qui a été accordé à la résolution finale dite «Déclaration de Nouakchott » qui, hormis la condamnation des interventions iraniennes dans les affaires intérieures des Arabes, n’est qu’un remake des vieilles résolutions que la Ligue à l’habitude de reconduire à chaque session sans espoir.

Le défi de l’organisation
Quelques 90 milliards d’UM auraient été consacrés à l’organisation du sommet de Nouakchott, avec une forte contribution de certains pays arabes comme le Qatar, l’Arabie Saoudite, ou encore les Emirats Arabes Unis.

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Plus d’un milliers d’invités, entre journalistes étrangers, délégués et responsables des pays invités, ont débarqué ainsi dans une ville de Nouakchott complètement rénovée dans sa partie nord. Si les organisateurs chargés de la logistique peuvent tirer un certain satisfecit sur le plan du logement, du transport et du couvert des hôtes, des critiques acerbes ont été adressés à la commission chargée de la communication. En effet, des centaines de journalistes de la presse indépendante mauritanienne ainsi que plusieurs correspondants étrangers ont été empêchés de couvrir l’ouverture officielle du sommet. Ils ont dû se rabattre dans la salle  des médias pour suivre les travaux à la télévision mauritanienne qui avait fait les siennes ce jour-là comme par hasard. Entre coupures incessantes du son et de l’image, les journalistes confinés à suivre les débats indirectement ont eu du mal à faire leur travail. Cela sans compter des poussées de zèle qui se sont traduites par le retrait d’accréditation à des médias locaux, en plus du clientélisme qui a caractérisé l’octroi des badges. Le hic, ce sont ces conférences de presse téléguidés où la commission faisait le choix de ses intervenants. Même les débats à la télévision nationale et à la radio étaient soumis à un minutieux tri du «gendarme de la commission de communication ». Une situation de fait qui, selon plusieurs observateurs, ne manquera pas de porter une tâche d’huile sur l’image que la Mauritanie voulait se faire à l’extérieur en profitant de la présence d’un nombre aussi important d’éminces grises de la presse internationale.

Réussite en deçà de Nouakchott, échec au-delà…
«Le Sommet de Nouakchott est une réussite ! » C’est la phrase que tout véritable patriote devra scander. Malheur à celui qui s’y dérobe. Il sera déclaré illico presto ennemi de la Nation.

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C’est ce terrible terrorisme intellectuel que certains veulent imposer à la postérité, sans parcimonie, sans mais…Certes, si le sommet peut-être qualifié de réussi parce que des délégations arabes sont venues à Nouakchott, ont été logées confortablement dans le peu d’hôtels dont on dispose et dans des villas de luxe loués à prix d’or, si elles ont bien été accueillies, ont mangé à leur faim, bu à satiété et ont été gratifiées du folklore local…certains observateurs concèdent que dans ce cadre, le sommet de Nouakchott peut-être qualifié dans une certaine mesure de réussite. Mais,  selon le baromètre d’autres analystes, le sommet arabe de Nouakchott a été un cuisant échec.

Les partisans d’un sommet réussi

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Selon Mohamed Vall Ould Bellal, ancien diplomate et opposant invétéré du régime, le sommet de Nouakchott a eu le mérite d’avoir corrigé l’image stéréotypée que les Arabes avaient de la Mauritanie, tout en démontrant sa capacité à souder les rangs des Arabes. «Il s’agit d’un acquis dont tous les Mauritaniens rêvaient depuis des décennies » a-t-il précisé. D’après lui, la Mauritanie a surtout su prouver au monde qu’elle pouvait organiser des sommets, soulignant que la «Déclaration de Nouakchott » a évité les divergences et a abouti à un consensus autour des points qui ne fâchent pas. Ce serait justement parce que la déclaration finale ne répondait pas à leurs ambitions, que plusieurs chefs d’Etat auraient choisi, selon Ould Bellal, de s’absenter du sommet de Nouakchott.
Pour le journaliste Ely Abdallahi, «il y a eu unanimité autour de la majorité des points soulevés au cours de la rencontre » et que «par-delà l’aspect doctrinal, ce qui importe le plus pour les Mauritaniens, c’est que tout, vraiment tout, s’est finalement bien passé ». Pour avoir couvert plusieurs sommets arabes, Ely Abdallah considère que «dans l’ensemble, cette rencontre de Nouakchott n’a rien à envier à celles qui l’ont précédée. «Pour un coup d’essai, souligne-t-il, le sommet de Nouakchott est un coup de maître ».

«Le Sommet est un échec »
Cependant, il y a un autre son de cloche. Pour Noura Mint Deye, la Noria du RFD, principal parti de l’opposition, «le sommet de Nouakchott est un échec», citant les ratés de la télé nationale dans la retransmission en direct de l’évènement et l’exclusion des journalistes, «sans compter l’abrègement du sommet et ses résolutions qui ne répondent pas aux aspirations des peuples arabes ».

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Pour Lô Gourmo Abdoul, cadre du parti UFP, autre parti de l’opposition, «notre seul exploit est de nous être porté candidat après la défection marocaine » mais que «tout candidat pouvait être reçu ». Selon lui, «ce sommet ne laissera aucune trace dans l’histoire diplomatique arabe, puisqu’aucun vrai sujet qui touche réellement au monde arabe n’a été abordé sur le fond, vu le temps consacré aux dispositions (moins d’une journée) sur les deux jours initialement prévus, et vu le niveau de la participation ». Il considère que «le monde arabe n’est pas sorti plus uni et plus apte à faire face aux défis communs » et qu’il «ne pouvait en être autrement, puisque les principaux protagonistes du théâtre géopolitique arabe étaient purement et simplement absents, y compris le Général Sissi et le Roi d’Arabie Saoudite, amis du régime (celui de Mohamed Abdel Aziz) et poids lourds du monde arabe ». Or, selon Lô Gourmo, « c’était là le vrai enjeu d’image ou de prestige de ce sommet pour Mohamed Abdel Aziz et c’est sur ce point précis que notre ministre des Affaires étrangères, aurait dû se montrer moins dithyrambique et même plus silencieux, lui qui a comparé la tenue de ce sommet arabe en Mauritanie au jour de l’indépendance nationale ».
Pour une partie de la presse internationale, «quatorze chefs d’Etat absents, et aucun poids lourd du monde arabe présent au sommet de Nouakchott, ont désaffecté une rencontre qui laissait peu d’espoir à des résultats concrets ». Maroc, Arabie Saoudite, Jordanie, Egypte, et même Palestine étaient inscrits aux abonnés absents lors de cette 27ème session de la Ligue Arabe.
Finalement, les seules délégations au niveau le plus élevé qui ont répondu présentes à Nouakchott étaient l’Emir du Koweït et celui du Qatar qui a juste assisté à l’ouverture du sommet sans prendre la parole, avant de quitter au bout d’une heure de temps, les chefs d’Etat du Soudan, du Comores, de Djibouti et du Tchad, dont le président a été invité en sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine. Ainsi, de ce point de vue, l’échec de la rencontre de Nouakchott serait dû au temps inopportun qui a été choisi pour la tenue d’un tel sommet où les Arabes sont profondément divisés, mais aussi pour ne pas froisser le Maroc.
Même son de cloche pour RFI qui titre sur «un sommet arabe en demi-teinte»  qui s’est «résumé à un après-midi de débats sans décisions importantes ».  Désillusion ainsi pour la Mauritanie qui «avait voulu faire de ce sommet son grand retour sur la scène arabe ».


Après Rabat, l’axe Nouakchott-Dakar s’embrouille

AZIZ MACKY

L’axe Rabat-Nouakchott s’est embrouillé depuis quelques années, ponctué d’échanges peu gracieux entre les autorités du Royaume Chérifien et les autorités mauritaniennes, dont le dernier acte est le refus du président Mohamed Abdel Aziz de recevoir deux émissaires du Roi Mohamed VI, si l’on en croit des sources de presse marocaine. Allié fidèle du Maroc, le Sénégal aurait-il choisi d’assombrir les nuages de ces relations avec la Mauritanie ?

 

L’expulsion de milliers de têtes de bétail mauritaniens en transhumance au Sénégal, suite à une décision unilatérale des autorités locales qui a complètement pris de court leurs homologues mauritaniens, marque le début d’un noircissement des nuages dans le ciel des relations sénégalo-mauritaniennes pourtant décrites encore récemment comme exemplaires et historiques. Réponse du berger à la bergère, les autorités mauritaniennes s’apprêtent elles aussi à rendre aux Sénégalais la pièce de leurs monnaies. En effets, le pouvoir de Mohamed Abdel Aziz préparerait sa riposte, avec le renvoi programmé de plusieurs centaines de pêcheurs sénégalais qui exerçaient jusque-là paisiblement leurs activités en Mauritanie. La décision pourrait être exécutée juste après le Sommet de la Ligue Arabe que Nouakchott abritera du 25 au 26 juillet 2016.
Last but not the least, la réintégration du Maroc et le renvoi de la République arabe sahraoui de l’Union Africaine, soutenue par Dakar et refusée par Nouakchott, marque une autre phase de rupture dans les positions diplomatiques entre les deux pays, qui ont toujours pourtant veillé à la concordance de leurs points de vue sur les questions régionales et internationales.
Aussi, les observateurs cherchent encore à comprendre-la raison d’une telle escalade de la part des autorités sénégalaise, et surtout pourquoi maintenant. Le Maroc frustré par la tenue à Nouakchott d’un Sommet arabe où il s’est auto-exclu a-t-il pensé pouvoir étrangler la Mauritanie en lui créant une tension dans ses frontières Sud ? Les autorités sénégalaises ont-elles voulu exprimer leurs soutiens au Royaume Chérifien dans son bras-de-fer avec la Mauritanie, en lui prouvant l’excellence de leurs relations privilégiées ? Ont-elles voulu répondre aux exactions commises contre leurs concitoyens résidant en situation irrégulière en Mauritanie, prenant au sérieux les informations sur des traitements indécents qui leur auraient été infligés?
Selon un haut responsable qui a préféré garder l’anonymat, «le renvoi par les autorités sénégalaises de plusieurs milliers de têtes de bétail qui étaient en transhumance régulière sur le territoire sénégalais, selon les accords entre les deux pays, est un acte de belligérance ». Selon lui, «les autorités mauritaniennes ont pourtant toujours fermé les yeux sur  les activités subversives menées sur le sol sénégalais par des groupuscules agissant contre le gouvernement de la Mauritanie, sans qu’on ait cherché à nuire aux intérêts du Sénégal ».
Beaucoup de citoyens interrogés regrettent l’escalade naissante entre la Mauritanie et le Sénégal, considérant que cette situation nuit en premier lieu aux populations des deux pays. En effet, les échanges sociaux et économiques pâtiraient de la dégradation des relations entre Nouakchott et Dakar, si l’on évalue le nombre de voyageurs et de marchandises qui transitent par le bac de Rosso et le poste-frontalier de Nouadhibou.
Le renvoi des troupeaux mauritaniens du Sénégal et celui des pêcheurs sénégalais de Mauritanie, pourrait évoluer vers des situations encore plus dramatiques, eu égard au nombre important de Mauritaniens vivant au Sénégal, y étudiant ou s’y rendant pour des soins ou des activités commerciales, sans compter les institutions financières et les entreprises créées par le privé mauritanien au Sénégal. Vice-versa, c’est la vie et la tranquillité de milliers de Sénégalais vivant en Mauritanie qui pourrait être compromise, selon les observateurs.
Quid de l’exploitation commune des réserves de gaz trouvées dans les frontières maritimes communes et que les deux pays devaient gérer d’un commun accord ?  Beaucoup s’inquiètent en effet de cette querelle politique naissante sur la gestion des ouvrages communs et le partage paisible des richesses bipartites.


Coup d’Etat : les Mauritaniens sont-ils prêts à défendre leur démocratie ?

AZIZ ERDOGAN

Dans la nuit de vendredi à samedi dernier, un groupe de soldats rebelles a tenté de s’emparer du pouvoir en Turquie. C’était sans compter avec le peuple turc, fidèle au président Erdogan mais surtout aux acquis de la démocratie dans leur pays. Ils ont pu empêcher le renversement anticonstitutionnel, contribuant grandement au rétablissement de l’ordre. Le président Mohamed Ould Abdel Aziz et la démocratie mauritanienne pourront-ils bénéficier des mêmes soutiens contre une éventuelle tentative de coup d’Etat ?

La tentative de coup d’Etat en Turquie n’aura duré que l’espace d’une soirée.  De fait, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, très populaire, laissé libre de ses mouvements, a réussi à exhorter ses partisans à s’insurger contre ce coup de force, par un appel à partir de son iPhone.

S’étant assurés la plupart des forces mobiles de l’armée, les insurgés militaires turcs avaient compté sans la volonté du peuple, lequel allait sortir en masse dans les rues pour soutenir l’ordre constitutionnel démocratique et le pouvoir présidentiel. Ainsi, au lieu de gagner en force au cours de la soirée, les conjurés se sont retrouvés face à une résistance populaire de plus en plus massive, qui fera plus de 300 morts dans les rangs des civils. Une telle situation peut-elle survenir en Mauritanie ?
En fait, au lendemain de la déroute des insurgés de l’armée turque dans leur tentative de prendre le pouvoir à Ankara, les observateurs mauritaniens ont tous eu une pensée pour la Mauritanie. La question posée était de savoir si le président Mohamed Ould Abdel Aziz et les acquis démocratiques de la Mauritanie allaient bénéficier de la même solidarité populaire que celle qui a été observé en Turquie ? Il faut dire que Ould Abdel Aziz et Erdogan ont des dispositions identiques et une conception semblable de ce qui fait la République islamique. Leur construction d’un pouvoir autoritaire étant la même, ils ont démontré par le passé que si les élections sont parfaitement comprises et grandement valorisées dans leur conception de la démocratie, ils n’en font pas grand cas. Pour autant, ce qui est valable pour Erdogan , qui compte de nombreux détracteurs, ne l’est pas forcément pour Ould Abdel Aziz, lequel n’avait pas bénéficié des mêmes égards que son homologue  alors que Nouakchott vivait une situation identique à celle d’Ankara vendredi dernier.
Tout le monde se rappelle que dans la soirée du 22 décembre 2012, alors qu’il se trouvait en convalescence  en France suite à une balle perdue qu’il avait reçue, le président Ould Abdel Aziz avait été suppléé dans ses fonctions par son camarade Ould Ghazouany, Chef d’état major des forces armées. C’était du moins, la nouvelle qui avait couru dans les rues de la capitale. Klaxons, feux d’artifice, mouvements de foule avaient accompagné cette information qui s’avéra par la suite fausse.
A l’époque, la rue à Nouakchott avait salué la rumeur du coup de force. Elle avait agi comme par le passé, en apportant d’emblée son soutien à ceux qui étaient sensés représenter le pouvoir du moment. En effet, depuis 1978, l’attitude des populations mauritaniennes a toujours été la même, en cas de changement de régime, s’aligner du côté du plus fort dans un élan d’opportunisme devenu la marque déposée d’une certaine nomenklatura présente autour de tous les pouvoirs qui se sont succédé jusque-là. Ce fut le cas lors du coup d’Etat contre Ould Haïdalla en 1984, puis lors du renversement de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya en 2005, et même lors du coup d’Etat avorté de 2003, celui des Cavaliers du changement. A chaque fois, les populations se sont d’emblée démarqués du pouvoir en place pour soutenir les insurgés, quels qu’ils soient.
Ce scénario peut-il se répéter aujourd’hui si un coup d’Etat militaire visait le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Le peuple mauritanien serait-il prêt, dans toutes ses composantes, y compris dans son opposition la plus radicale, à défendre la légalité et les institutions constitutionnelles ? Nul ne sait !
Ce qui semble être toutefois sûr, c’est que le président Mohamed Ould Abdel Aziz semble s’être forgé une popularité au sein d’une certaine frange, notamment la nouvelle classe de la bourgeoisie locale. Certains trouvent cependant que cette popularité s’est faite au détriment de la classe des anciens riches, qui continueraient à se sentir persécutés sous son régime. Ould Abdel Aziz s’est aussi attaché les services de l’armée nationale qu’il a remis sur les rails en réhabilitant le statut de ses officiers et en dotant ses unités opérationnelles d’une nouvelle force logistique.
Seulement, beaucoup pensent qu’il n’a pas fait que des heureux. S’autoproclamant président des pauvres à l’entame de son premier mandat en 2009,  il a fini par perdre la bataille sociale, celle de la lutte contre la pauvreté et les inégalités. Mal lui en prendra d’ailleurs, puisqu’il finira par creuser le fossé entre riches et pauvres, avant de rendre «tout le monde pauvre » dans un pays qui regorge de richesses incommensurables. Il a été incapable, selon l’écrasante majorité des avis, à conduire le pays vers l’opulence et à juguler la crise économique dans laquelle la Mauritanie est plongée depuis sa prise de pouvoir en 2008. Sur le plan politique, les relations ne sont pas des meilleures entre les partis de l’opposition et lui. Sur le plan social, jamais le péril communautaire n’a été autant vivace avec les persécutions des militants d’IRA et des haratines, la mise à l’index des populations du fleuve et des leaders des Flams, la stigmatisation des forgerons et des classes serviles.

Ainsi, si d’aventure il connaissait la même situation que son homologue turc, le président Ould Abdel Aziz pourrait bien voir une partie de la rue venir à son soutien. Le reste des populations devrait attendre et regarder la situation se développer, pour réagir. La question qui se posera sera alors de savoir si ceux-là qui sortiront auront la même conviction, la même verve que les soutiens d’Erdogan. Et surtout, s’ils seront assez tenaces, assez engagés et assez courageux pour poursuivre leur combat jusqu’au bout.


Arrestation des leaders d’IRA : les militants anti esclavagistes dénoncent une décennie de persécutions

IRA en IMAGE

Plus d’une dizaine de personnes, tous membres de l’association anti esclavagiste IRA, dont une bonne partie du bureau exécutif, ont été déférées, entendues puis placées à la prison centrale par le Parquet de Nouakchott-Ouest, mardi 12 juillet 2016. Rébellion armée contre une force publique, manifestation non autorisée et appartenance à une organisation non reconnue, le tout élevé au flagrant délit, constituent entre autres les charges retenues contre elles. Mais, selon les militants du mouvement IRA, le déroulé des faits rapportés par plusieurs sources de presse et la déclaration de certains avocats sont explicites. «Les arrestations des militants ainsi que leur déferrement se sont déroulés en violation flagrante des procédures judiciaires, si elles ne frisent l’affabulation qui cache mal une persécution menée depuis des années contre une organisation dont le seul tort est de s’attaquer à l’esclavage et au racisme d’Etat en Mauritanie ». Ils estiment que «la cabale menée tambour battant contre IRA ne serait que les prémisses d’une opération d’envergure destinée à décapiter et à éradiquer une ONG antiesclavagiste qui a bâti sa renommée nationale et internationale sur sa lutte pacifique et sans complaisance pour l’égalité et la justice sociale en Mauritanie».

Après plusieurs jours d’incarcération dans des conditions jugées illégales par plusieurs organisations internationales, comme Amnesty International, dans des communiqués publiés à l’occasion et qui soulignent l’absence de charges, de contact des détenus avec leur famille ou leur avocat, plusieurs cadres et militants d’IRA ont été déférés selon certaines sources aux environs de 4 heures du matin, le mardi 12 juillet 2016, au Palais de justice pour être entendu par le Procureur de la République de Nouakchott-Ouest. Un interrogatoire qui aurait duré plusieurs heures et aux termes duquel, ils ont été inculpés et incarcérés à la prison centrale. Selon Me Ebetty, l’un des avocats du mouvement, «je croyais que ce genre de procédure était dévoyé dans mon pays ». Une fois de plus, l’avocat déplore un dossier vide, mais dénonce surtout le caractère affabulateur de la flagrance évoquée par le Parquet, car «les personnes inculpées n’ont pas été prises la main dans le sac, mais arrêtées plusieurs heures voire plusieurs jours après les faits incriminés, chez eux ou dans la rue» a-t-il fait remarquer.

Le mouvement IRA est presque né avec l’arrivée de l’actuel régime au pouvoir en 2007. D’emblée, ses initiateurs ont placé leur lutte contre l’esclavage sur un modèle inédit, un tantinet provocateur, anticonformiste, voire même selon certains observateurs, un brin insolent avec une forte dose de communautarisme. Loin d’être la première organisation à défendre la cause des esclaves ou de leurs descendants, les Haratines, IRA est la première, selon ses membres, à s’attaquer frontalement au système dominant, accusé d’avoir fait main basse sur tous les leviers du pays, les fonctions politiques, administratives, militaires et économiques. Son idéologie est basée sur la refondation complète du système en place, basée sur l’émergence d’une société égalitaire caractérisée par l’équité et la citoyenneté.
Face à cette nouvelle force sociale dont la popularité allait crescendo à coups de slogans révolutionnaires, d’emprisonnements et de coups de théâtre dans la dénonciation, les militants d’IRA se sont plaints des scénarii mis en place par le pouvoir actuel pour contenir leur organisation naissante.
Ils accusent ainsi les Renseignements généraux (RG) d’avoir déployé plusieurs scénarios, dont les défections individuelles ou de masse provoquées à dessein pour débaucher les militants et les cadres d’IRA, avec forces promesses sociales ou pécuniaires. Mais ces défections provoquées n’ont pas pu entamer, selon eux, l’ascension antiesclavagiste dont les rangs s’agrandissaient de plus en plus.
Puis vint la période d’accalmie au cours de laquelle, selon les partisans d’IRA, «le pouvoir chercha à flirter avec les dirigeants du mouvement dont l’aura internationale prenait de l’ampleur ». C’est la période au cours de laquelle, les services de l’ordre et l’administration territoriale avaient coopéré selon eux avec le mouvement, dans ces campagnes de dénonciations, «même s’il n’y avait pas de condamnation pour les esclavagistes ni de réinsertion sociale pour les personnes ou les familles libérées de leur joug » estiment-ils.
C’est l’époque des tournées régionales et des meetings populaires qu’IRA initiera sur l’ensemble du territoire mauritanien. Le phénomène «Birame» s’installa avec la peur née au sein des familles par rapport aux bonnes mineures issues de la couche harratine. Les partisans d’IRA pensent que leur lutte contre l’esclavage a permis des avancées importantes sur le plan institutionnel et juridique, notamment l’adoption de la Loi de 2007 criminalisant l’esclavage en Mauritanie, la feuille de route contre l’esclavage et ses séquelles sous la supervision du Rapporteur des Nations Unies pour les droits de l’homme, sa criminalisation dans la loi fondamentale comme crime contre l’humanité, la création de l’agence Tadamoun, l’institution de tribunaux spéciaux pour le jugement des affaires liées à l’esclavage, etc.
Mais IRA et ses partisans déclarent avoir toujours regretté l’absence d’application des textes et dispositions juridiques, soulignant que «toutes les personnes traînées devant les tribunaux pour actes esclavagistes n’ont jamais été poursuivies ; les rares déferrées devant les juges jouissaient d’une liberté dès la première comparution et celles ayant séjourné en prison l’ont été pour quelques jours, avant d’être libérées et absoutes ». Ils ont également dénoncé l’indifférence des pouvoirs publics par rapport aux victimes d’esclavage, lesquels selon eux, ne disposent une fois libérées, ni d’indemnisation ni de plan de réinsertion sociale. «Pauvres, déboussolés et sans aucune expérience d’une vie de liberté, ils vont grossir les rangs des miséreux dans les taudis malfamés des villes urbaines, notamment Nouakchott » selon les cadres du mouvement IRA.
Par contre, s’indignent les antiesclavagistes, «les incarcérations, les brimades policières et les emprisonnements sont notre lot quotidien, face à un système multiséculaire nourri à la sève de la domination et de l’exploitation ».
Ainsi, la lune de miel entre le pouvoir et IRA n’aurait duré, selon certains spécialistes de la question esclavagiste en Mauritanie, « que le temps d’une prestation locale pour contenter la communauté internationale ». Très vite, selon eux, le cours naturel des relations entre le pouvoir et IRA prit son réel visage, celui d’une inimitié sans accalmie qui connut son point culminant avec le fameux autodafé des livres malékites en 2012. Pour beaucoup, cette offense religieuse était synonyme de condamnation à mort définitif pour un mouvement cloué au pilori. Accusé déjà d’accointance avec l’ennemi extérieur, de raciste, de radical, de pourfendeur de l’unité nationale et de la cohésion sociale, IRA se verra greffer le titre d’organisation apostat et condamné à mort. Curieusement, l’autodafé des livres malékites, considéré par la grande masse comme une hérésie impardonnable, ouvrit les débats sur la licité ou l’illicité du geste, ce qui permit d’atténuer son ampleur. Incarcérés à la suite de cet évènement, Birame et quelques uns de ses amis furent libérés et accueillis comme des héros. Leur geste fut salué par plusieurs prix internationaux, dont celui des Nations Unies. Au lieu d’être diminué, IRA sortit de l’épreuve encore plus populaire.
A l’élection présidentielle de 2014, face au boycott de l’opposition et l’absence de vrais challengers, le pouvoir sous la pression ou la suggestion de ses partenaires internationaux, permit à Birame Dah Abeid, président d’IRA, de briguer la magistrature suprême, question de donner un semblant de crédibilité au scrutin, avait-on soutenu. Ce test de popularité, perçu par les détracteurs du dirigeant antiesclavagiste à l’époque comme une occasion rêvée pour lui démontrer son impopularité, fut la grande surprise de cette élection. Le candidat d’IRA obtint le deuxième meilleur suffrage derrière le chef de l’Etat sortant.
Devenue une personnalité internationale de premier rang, reçue par des chefs d’Etat et des parlements partout en Europe, auréolés de  plusieurs prix internationaux, dont celui des Nations Unies pour les droits de l’homme et une place de nominé pour le Nobel de la Paix en 2015, Birame Dah Abeid et son mouvement devenaient une force sociale montante en Mauritanie. La connexion de l’élément harratine à l’élément négro-africain au sein d’IRA, déjà classé comme une organisation radicale hostile à la communauté maure, allait cependant renforcer l’inquiétude du pouvoir à Nouakchott. Son démantèlement relevait désormais de la raison d’Etat.
Les partisans d’IRA accusent ainsi les RG d’avoir infiltré leur mouvement, et d’avoir exploité les sorties intempestives d’un de ses taupes, pour construire un plan de déstabilisation pour mater le mouvement au moment où ses leaders se trouvent à l’étranger.
Selon l’analyse d’un observateur averti de la scène, les informations fournies aux RG pour décapiter IRA, ne peuvent avoir rien d’inédit, car aussi bien la composition du bureau exécutif d’IRA, l’identité de ses dirigeants et de ses militants, ainsi que ses sources de financement si elles existent, étaient déjà connus des services de l’ETAT.
Ils trouvent l’arrestation menée actuellement contre les leaders d’IRA comme ayant été mal conçue et mal ficelée, tant dans sa forme que dans son contenu.
Le déguerpissement des 429 familles de la gazra sise à l’hôpital Bouamatou, le 29 juin dernier, et la résistance des habitants qui s’était soldée par des blessures dans les rangs de la police, utilisé comme justificatif pour impliquer IRA, est en effet considéré par plusieurs observateurs comme un amalgame judiciaire que n’importe quel avocat peut déjouer sans grande peine
La grossièreté des reportages consacrés par les médias d’Etat par rapport à ces incidents, la vaste campagne de diabolisation et d’appel à la haine relayée par plusieurs sites électroniques et les réseaux sociaux, seraient assez grossiers pour ne pas nourrir les suspicions sur les charges retenues contre les détenus.
Certains sont allés jusqu’à lier la persécution menée contre les dirigeants d’IRA aux prix décernés le même jour à Birame Dah Abeid et à son mouvement à Washington, notamment le prix Heroes des combattants contre l’esclavage décerné par le Secrétaire d’Etat américain aux affaires étrangères, John Kerry. Beaucoup d’observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à croire que cette avalanche de prix américains, si l’on cite en plus le Prix Lawson à Boston, aurait déclenché l’ire des autorités mauritaniennes et forgé leur détermination à en finir une bonne fois pour toute avec IRA. D’autres y voient un message clair adressé aux dirigeants américains. Les partisans d’IRA payent ainsi la colère de Nouakchott contre Washington


Expulsion de Tariq Ramadan : une visite jugée inappropriée Mauritanie

TARIQ RAMADAN

Le célèbre prédicateur suisse d’origine égyptienne, Tariq Ramadan, a été arrêté à l’aéroport de Nouakchott puis expulsé vers le Maroc. Il venait de débarquer d’un vol de la Royal Air Maroc le samedi 16 juillet 2016. Tariq Ramadan était invité par deux associations mauritaniennes pour animer une série de conférences qui devaient s’achever le 20 du mois courant. Aucune explication officielle n’a été donnée par rapport à son expulsion, mais la plupart des observateurs pensent que sa visite, à quelques jours d’un important Sommet de la Ligue Arabe à Nouakchott, était inappropriée eu égard à ses démêlées avec certains pays hôtes de la Mauritanie, tels que l’Egypte et l’Arabie Saoudite.

Beaucoup pensent que l’expulsion de Tariq Ramadan, le  célèbre  prédicateur suisse, était prévisible. Son arrivée en Mauritanie le samedi 16 juillet dernier en provenance du Maroc, alors que se prépare un Sommet historique de la Ligue Arabe à Nouakchott, aurait mis les autorités locales dans un véritable embarras. En effet, l’islamologue d’origine égyptienne qui est connu pour ses idées progressistes et son talent d’orateur hors pair, est un pourfendeur né des régimes arabes dictatoriaux, comme l’Egypte, et des monarchies royales du Golfe, en particulier le Royaume wahhabite d’Arabie Saoudite. Honni aussi bien par les Saoudiens que par le pouvoir au Caire, son séjour en Mauritanie aurait pu compromettre l’arrivée programmée du Roi Selman et du président Abdel Vetah Essissi, entre autres dirigeants arabes . Des risques que le pouvoir mauritanien ne tenait nullement à prendre.
Aussi, dès son débarquement, il a été arrêté à l’aéroport puis renvoyé le lendemain vers le Maroc. Le Professeur Ramadan qui dirige plusieurs chaires d’universités, notamment au Royaume Uni et aux Etats-Unis, a profité de son internement forcé à l’aéroport Oumtoumsy de Nouakchott pour poster une vidéo sur sa page facebook. Selon lui, son interdiction d’entrée en territoire mauritanien pourrait avoir été commanditée par Paris ou par Riadh et qu’il trouve incompréhensible qu’une République Islamique comme la Mauritanie puisse l’expulser alors qu’il était venu animer des conférences religieuses sur la radicalisation, sur la justice et la paix sociale. Il a appelé les Mauritaniens à poursuivre la lutte contre l’esclavage, le racisme et les discriminations. Il était l’invité de l’association Main dans la Main de l’Imam Sarr et l’association La Marmite du Partage de Khally Diallo.
Cet incident a été diversement apprécié par l’opinion publique nationale. Beaucoup ont dénoncé l’expulsion de Tariq Ramadan, estimant que ce geste était contraire aux valeurs d’hospitalité du peuple mauritanien. D’autres ont évoqué les bénéfices que les Mauritaniens auraient pu tirer des conférences de cet illustre islamologue, rendu célèbre par ses confrontations télévisées avec des célébrités françaises, comme Nicolas Sarkozy et Manuel Valls. Tariq Ramadan est surtout apprécié pour ses idées et ses capacités oratoires, qui ferait peur à certains européens qui le trouvent trop brillant pour un musulman et à certains Etats arabes qui le considèrent comme un dangereux réformateur. Ainsi, ceux que l’expulsion de Tariq Ramadan ont révolté estiment que la décision des autorités mauritaniennes est mal placée d’autant plus que la vidéo qu’il a placée sur sa page facebook a été visionnée par plus de 3.000 personnes en quelques heures, alors que son audience en Mauritanie était estimée à 2.000 auditeurs.  Ils estiment que dans un monde globalisé comme celui d’aujourd’hui, interdire l’accès des territoires à des penseurs comme Tariq Ramadan est un geste puérile, car rien ne peut arrêter mes idées de franchir les frontières.
En revanche, il y a ceux qui ont salué l’expulsion de Tariq Ramadan, voyant en lui un frère musulman proche des islamistes de Tawassoul et dont la présence en Mauritanie pourrait nuire aux intérêts du pays, notamment dans ses relations avec certains pays arabes, comme l’Arabie Saoudite et l’Egypte.
A noter que la Mauritanie est le 8ème pays arabe musulman à avoir interdit l’accès de son territoire à Tariq Ramadan.


Evènement du KSAR : «Les RG ont utilisé des malfaiteurs pour tremper IRA»

heurts ksarences

Si les autorités mauritaniennes ont vite accusé le mouvement IRA et ses membres d’être à l’origine des violences qui ont émaillé le déguerpissement des habitants du squat sis à l’hôpital Bouamatou, la cellule de communication du mouvement IRA accuse elle directement les Renseignements généraux mauritaniens (RG) d’être derrière ces graves incidents. Les observateurs trouvent que les autorités administratives de Nouakchott sont allés vite en besogne en s’immisçant dans un dossier pendant devant la justice et en désignant publiquement des coupables sensés pourtant être innocents jusqu’à ce qu’une cour régulièrement constituée ne se prononce sur leur cas, comme le stipule la Constitution mauritanienne.

De violents heurts ont opposé le 29 juin 2016 un groupe d’individus masqués à une force de police venue exécuter un ordre de déguerpissement de quelques familles qui squattaient depuis des années un terrain privé. Un car de la police a été brûlé durant l’incident et plusieurs autres véhicules appartement à des particuliers ont été également endommagés. Dans la foulée, plusieurs policiers ont été pris à parti par les manifestants armés de pierres et d’armes blanches, selon le témoignage des policiers dont certains éléments ont été grièvement blessés. Vingt-quatre heures après cet évènement, la police a procédé à l’arrestation de plusieurs dirigeants et membres du mouvement IRA (Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste).

La version des autorités
Selon la version officielle, un terrain appartement à un homme d’affaires a été squatté par des centaines de familles de la communauté harratine, il y a de cela plusieurs décennies. Ce terrain était destiné à un complexe hôtelier. Le projet n’a jamais eu lieu, et le propriétaire a finalement morcelé ce vaste espace situé en face de l’hôpital Bouamatou qu’il aurait vendu en lopins de terres. Soucieux de présenter une image moins reluisante de la Mauritanie à quelques encablures d’un Sommet arabe extraordinaire, les autorités auraient décidé de faire déguerpir les familles installées. Un deal aurait ainsi été conclu aux termes duquel les habitants seront déplacés vers une zone périphérique de Nouakchott en contrepartie de lopins de terre qui leur seront attribués plus une compensation financière symbolique. Un montant de six millions d’ouguiiyas aurait été remis à des représentants des familles. Seulement, il semble qu’une partie d’entre elles n’étaient pas au courant au deal et n’a reçu ni compensation ni lopin de terre. Une autre version soutient que toutes les familles recensées dans le squat ont bénéficié des mêmes égards.
Le 29 juin, le préfet du Ksar accompagné de techniciens et d’éléments de la police est accueilli par une foule de jeunes en colère. Une violente altercation s’en était suivie au bout duquel des policiers auraient été pourchassés, bastonnés, blessé. Un car de police fut incendié et des véhicules privé endommagés.
Le lendemain, la police arrête le 3ème vice-président d’IRA, Diop Amadou Tijane à son domicile qui sera perquisitionné et ses ordinateurs emportés. Six autres éléments du mouvement seront également appréhendés chez eux. Le 1er juillet, c’est au tour de Balla Touré, Secrétaire aux affaires extérieures d’IRA, d’être arrêté.
Dans son JT de 20h 30 ; la télévision publique accorda une grande tranche à l’évènement, fait parler les populations et le Wali de Nouakchott-Ouest. Ce dernier accuse sans ambages le mouvement IRA d’être à l’origine des évènements. Il précise que Diop Amadou Tijane  Ballé Touré et les autres responsables d’IRA avaient mené la fronde et qu’ils ont été arrêtés sur les lieux.
Le même jour, les autorités administratives procédèrent au transfert des familles au quartier Dubaï situé à l’entrée de la commune de Toujounine, sur la route de l’Espoir. Quelques 429 familles sont concernées par le déguerpissement-relogement.
Les détenus d’IRA ont été conduits dans des destinations inconnues. Ainsi, le pouvoir mauritanien se trouve de nouveau confronté au mouvement IRA un mois après la libération de ces deux leaders, Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan, respectivement président et vice-président de cette association qui œuvre dans la lutte contre l’esclavage et le racisme. Au moment des faits, les deux leaders précités étaient en tournée aux USA où le Département d’Etat venait de leur décerner le Heroes Award pour leur combat. Auparavant, le mouvement avait reçu à Boston le Prix Lawson James 2016.

Les RG ont tout manigancé
«La mise en scène est tout simplement grotesque » affirme Hamady Lahbouss, conseiller du président Birame Dah Abeid et responsable de la communication du mouvement IRA. Selon lui, ni Diop Amadou Tijane, ni Balla Touré, ni aucun des membres d’IRA arrêtés ne se trouvaient sur les lieux où s’étaient déroulés les incidents du Ksar. Ainsi, le mouvement IRA voit dans les évènements passés la main des RG pour mater l’organisation, agacé qu’elles sont par la cérémonie de remise du Prix des héros contre l’esclavage et la traite que le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, John Kerry a remis personnellement à Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan.
«Le mouvement IRA, et les autorités mauritaniennes le savent plus que quiconque, n’a jamais agi avec violence et les incidents qui se sont déroulés au Ksar ne portent nullement sa signature » a précisé Hamady. Selon lui, les hommes enturbannés qui étaient à l’origine des graves évènements du Ksar sont des multirécidivistes à la solde des RG. «Rappelez-vous de la manifestation des jeunes du M 25 février lorsqu’ils se sont vus en 2012 confrontés à des bandits utilisés par ces mêmes services de l’Etat » a-t-il ajouté.
Selon les responsables d’IRA, le pouvoir mauritanien a utilisé ces malfaiteurs pour s’en prendre de nouveau à IRA. La tournée de Birame Dah Abeid à Dakar et ses interventions dans les médias sénégalais, n’ont pas été au goût du régime en place. «La colère des autorités a été exacerbée par les trophées que le mouvement vient d’obtenir aux Etats-Unis à quelques jours d’intervalle. D’abord le Prix Lawson James 2016 pour le combat non-violent décerné par le Centre international sur la résolution Non-violente des conflits à Boston, et ensuite, le Prix des Héros contre l’esclavage et la traite délivré par le gouvernement américain à Birame Dah Abeid et Brahim Bilal Ramadan ».
Hamady a également relevé la contradiction flagrante contenue dans le déclaration télévisée du Wali de Nouakchott-Ouest qui a attesté que les personnes arrêtées l’ont été sur les lieux, alors que tout le monde sait qu’ils ont été cueillis un par un dans leur domicile. «Pourquoi la police n’a pas arrêté les gens qui étaient à l’origine des violences sur les lieux où elles se sont produites ? » s’est-il demandé. Selon lui, la volonté du pouvoir d’en découdre avec IRA est claire, soulignant que les évènements du Ksar n’étaient qu’un scénario mal ficelé dont les victimes sont malheureusement de pauvres policiers.
Beaucoup au sein du mouvement trouvent que le jeu des autorités est si grotesque qu’elles ont dévoilé leur intention en accusant directement IRA avant même que la moindre enquête ait été diligentée pour situer les responsabilités. «L’accusation publique du Wali de Nouakchott-Ouest contre IRA porte en elle-même les dessous de cette scabreuse affaire » a noté Ould Lehbouss. Selon  lui, il n’appartient pas à l’administration de juger qui est coupable ou non, mais à la justice, or celle-ci ne s’est pas encore prononcé sur le dossier, a-t-il fait remarquer.
Birame Dah Abeid, son épouse ainsi que Brahim Bilal Ramadan et Dado Kane doivent regagner Nouakchott d’ici le 3 juillet selon les sources du mouvement. Les observateurs s’attendent à ce qu’ils soient arrêtés dès leur arrivée à l’aéroport international Oum Tounsy.


La fédération mauritanienne de football innove par la base

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La 16ème Assemblée générale ordinaire de la FFRIM (Fédération mauritanienne de football) du vendredi 24 juin 2016 a réservé des surprises de taille. Les dirigeants du football semblent avoir opté pour le renforcement des clubs et des ligues régionales, pour booster le championnat national et établir un partenariat d’un type nouveau entre les acteurs de terrain et leurs instances supérieures. Désormais, les résultats des clubs et les dividendes qu’ils engrangeront seront jaugés à l’aune de leurs performances. Les détails du programme ambitieux de la FFRIM pour la saison 2016-2017 ont ainsi été étalés dans trois rapports, le rapport administratif et l’ambitieux projet de la fédération, présentés tous les deux par le président Ahmed Ould Yahya, et le rapport financier exposé par son vice-président, Pape Amghar Dieng.

C’est aux environs de 23 heures, ce vendredi 24 juin 2016, correspondant à la 18ème nuit du mois de Ramadan de l’an 1437 de l’Hégire, que s’est ouverte dans l’amphithéâtre de la FFRIM, la 16ème Assemblée Générale de l’instance dirigeante du football mauritanien. Le programme fourni de la soirée, exposé par le Secrétaire général de la fédération Ahmedou Ould MBeïrick annonçait déjà une très longue nuit.
Etaient présents, les membres de la FFRIM, notamment son président, Ahmed Yahya, ses vice-présidents, Moussa Khaïry, Massa Diarra et Pape Amghar Dieng, les présidents de clubs de 1ère division et les présidents de ligues régionales, ainsi que deux représentants du ministère de la Jeunesse et des Sports, Mohamed Boïbeni, directeur des Sports et Bâ Aliou Gata, conseiller technique du ministre.
Côté représentants des clubs, trois absences étaient notées, la Police, la SNIM et Toujounine, alors que sur les 16 ligues régionales, seul le représentant du Hodh Gharbi était aux abonnés absents. Le quorum étant atteint, l’AG pouvait se tenir et délibérer ainsi valablement.

Rapport du président de la FFRIM
Après le discours d’ouverture prononcé par Bâ Aliou Gata dans lequel il a réitéré l’engagement du département des Sports et celui du gouvernement dans l’appui à la FFRIM, l’assistance devait suivre l’exposé d’Ahmed Ould Yahya.

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Dans son rapport, il a d’emblée annoncé deux bonnes nouvelles. La première concerne la nouvelle clé de répartition des prix pour le championnat au prorata des places obtenues par chaque club, avec 17.500.000 UM pour le premier, un montant qui décroît crescendo jusqu’aux deux clubs relégables (le 13ème et le 14ème) qui recevront tout de même 5 millions d’UM chacun. La deuxième bonne nouvelle est l’allocation d’un salaire pour les Secrétaires généraux des ligues régionales et le loyer de leur siège.
Le président a salué les performances enregistrées par les différentes équipes nationales durant leur participation aux compétitions internationales, avec l’honorable participation des Séniors à la CAN 2017 et celle des U-23 ainsi que des U-20. Selon Ahmed Yahya, l’ambition est de relever le niveau du championnat national de 1ère division, en aidant financièrement les clubs, mais surtout en les incitant à mettre en place une politique de marketing pour s’attirer des sponsors.
La FFRIM a également développé, selon Ould Yahya, plusieurs programmes de formation de haut niveau au profit des cadres administratifs de la fédération, mais surtout en direction des techniciens, notamment les entraîneurs, les arbitres et les médecins sportifs. La FFRIM a pour ambition, dira en substance Ahmed Ould Yahya, de «faire du championnat de 1ère division mauritanien, l’un des plus forts du continent et d’inscrire nos équipes nationales parmi les plus performantes au niveau mondial».
Il a par la suite félicité le triple champion de la Mauritanie, le FC Tevragh-Zeine qui a raflé la Super Coupe, le Championnat national et la Coupe du Président de la République, mais aussi l’ASAC Concorde, vice-vainqueur de la Coupe nationale et le FC Nouadhibou, vice-championne.
Passant en revue le rapport d’activité de la FFRIM depuis sa 15ème Assemblée générale ordinaire tenue le 5 juin 2015, Ahmed Ould Yahya a rappelé, sur le plan administratif et institutionnel, le renouvellement des instances qui s’est soldé par l’élection d’un nouveau bureau et la création récente de trois ligues régionales à Nouakchott suite au dernier redécoupage administratif de la capitale, mais aussi l’élaboration de manuels de procédures administratives et financières.
Sur le plan des infrastructures, il a noté la construction du stade de Zouerate, la réhabilitation du stade de Nouadhibou et celui de l’Académie ainsi que les deux pelouses qui sont prévues pour le stade Cheikha Ould Boïdiya de Nouakchott.

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Sur le plan de l’organisation des compétitions, il s’est félicité du bon déroulement des compétitions nationales, la Super Coupe, le championnat national, la Coupe nationale, le championnat de 2ème division, avec la montée en première division des équipes, Jeunesse de Riadh et Deuz.
Ahmed Yahya a également fait remarquer que le nombre de licenciés est passé de 2000 avant l’arrivée de la nouvelle équipe à environ 11.400, passant de 10.723 en 2015 à 11.342 en 2016.
Le président de la FFRIM s’est aussi félicité du développement du Futsal et du foot féminin, ce dernier étant pris en charge par le programme FIFA «Live Your Goals », mais aussi l’ancrage du FFRIM Awards, devenu une actualité de première plan avec la participation de pays frères et de stars du foot africain.
Ainsi, le début du championnat des U-17, prévu le 10 juillet prochain, ne serait à ses yeux que la concrétisation de l’obligation faite aux clubs de se doter d’équipes de la catégorie.
Autre réalisation phare de la FFRIM qui fait sa fierté, le travail abattu par le la FFRIM TV avec 120 vidéos d’archives des compétitions nationales et même internationales où les équipes mauritaniennes ont été engagées.
Parmi les réalisations dont se vante également la fédération, les partenariats qu’elle a pu tisser avec des institutions aussi prestigieuses que la Mauritel, sponsor officiel, mais aussi avec l’UNICEF et tout dernièrement avec la banque Attijara-Wafa Bank. Il se dit également honoré d’apprendre que le FC Tevragh-Zeina compte participer à la prochain Coupe Arabe. «Grâce à notre classement FIFA, FC Tevragh-Zeine jouera directement dans le 2ème tour, sautant ainsi le 1ère tour réservé aux nations les moins bien classées, comme Djibouti, Somalie, Comores… » devait ajouter Ould Yahya.
Enfin, il s’est félicité de la gestion rigoureuse des fonds de la FFRIM attestée par le bureau international KPMG qui avait épluché ses comptes pour vérifier non seulement la bonne utilisation des fonds alloués par la FIFA, mais aussi ceux en provenance de diverses sources.

Rapport financier
Le budget 2016-2017 de la FFRIM s’équilibre en dépenses et recettes à Un milliard cent vingt-huit millions huit cent cinq milles cent trente cinq ouguiyas (1.128.805.135 UM), selon Pape Amghar Dieng, vice-président et financier de la fédération.

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L’Etat mauritanien est ainsi le premier appui du football national avec 761.914.389 UM représentant sa subvention accordée aux équipes nationales (équipe A, U-20 et U-17), soit 67,5% du budget. La FIFA appui la FFRIM avec une subvention de 116.747.592 UM, plus un bonus de 52.843.995, représentant respectivement 10,34% et 4,68% du budget. Les autres recettes sont formées par les recettes du sponsor Mauritel (plus de 67 millions UM), les billetteries, les espaces publicitaires, les recettes d’Attijari-Bank (10 millions UM)…

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Les dépenses soutenues par la FFRIM sont légèrement supérieures aux recettes, car elles s’élèvent à Un milliard cent vingt-deux millions neuf cent cinquante six ouguiyas (1.122.019.956 UM).
Les équipes nationales absorbent 67,91% des dépenses (761.914.389 UM), les autres dépenses concernant le fonctionnement de la fédération (13.602.780 UM) et les compétitions nationales (55.026.565 UM).

Soutien aux clubs et aux ligues
Dans sa nouvelle politique de soutien aux clubs et aux ligues régionales, la fédération a décidé d’allouer aux clubs la somme de 114.250.000 UM et aux ligues, le montant de 25.200.000 UM, tout en relevant à 10 Millions d’UM le prix accordé au vainqueur de la Coupe nationale de football.
Ces allocations sont cependant soumises à des contrats obligations, ainsi qu’au principe de la dépense justifiée. Ainsi, tout club qui signe forfait sera financièrement sanctionné. La FFRIM a également mis fin aux payements par cash ou par chèque. Chaque club ou ligue est tenu d’ouvrir un compte sous une double signature et ne recevra plus l’aide de la fédération que par virement bancaire.

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Chaque club devra aussi se doter de deux équipes U-17 et U-15, et s’attacher les services d’un entraîneur détenteur au moins d’une licence C de la CAF pour l’équipe A, d’un entraîneur de niveau fédéral 1 et fédéral 2 pour les deux catégories inférieures. En plus, les clubs sont tenus de faire figurer au moins deux jeunes de moins de 20 ans dans leur feuille de match au cours des compétitions disputées par leur équipe A

Cheikh Aidara


Mauritel et Tasiast : Une sordide chasse aux investisseurs étrangers

 

nouakchott

Pour certains observateurs, la politique d’investissement en Mauritanie est pleine de paradoxe. Au moment où des milliards d’ouguiyas sont dépensés dans des forums pour attirer les capitaux, ils trouvent que les investisseurs étrangers une fois établis en Mauritanie se trouvent confrontés à des tracasseries administratives, si ce n’est à la rupture de leur contrat, comme ce fut le cas avec Pizzorno.

 

La société Tasiast Mauritanie, filiale de Kinros Gold Corporation qui exploite depuis 2010 une mine d’or à ciel ouvert au Nord de Nouakchott semble en difficulté avec le gouvernement mauritanien, tout comme la Mauritel Mobile, société mixte mauritano-marocaine de téléphonie mobile. Ces deux sociétés ont été visées par des inspections diligentées par la Direction du Travail qui leur reproche d’employer un personnel étranger sans titre de travail ou dont les titres ont expiré.

 

Tasiast ou le spectre de la nationalisation

Implantée en Mauritanie depuis 2010 avec un capital à 100% propre, Tasiast Mauritanie, filiale du géant Kinros Gold Corporation qui fait travailler 2.600 personnes, dont 88% de Mauritaniens, est accusé par la Direction du Travail et ses inspecteurs, d’employer un personnel étranger sans titre de travail, violant ainsi la législation en vigueur en Mauritanie. Certaines sources parlent de retrait de licence de travail visant le personnel expatrié. Cette mesure qui fait suite à un arrangement récent entre la direction de Tasiast et son personnel local après une grève de plus de deux semaines, est perçue par des sources proches de la société comme une machination bien orchestrée aux desseins encore inavoués. Selon ces sources, s’il ne s’agissait que de remettre en règle les expatriés qu’elle fait travailler, le problème ne se poserait pas. Seulement, selon elles, «le gouvernement mauritanien chercherait à les remplacer par un personnel mauritanien sans qualifications équivalentes, si ce ne sont des opérateurs proches du pouvoir, dans une approche de récupération, prélude à une nationalisation inéluctable ». Ce qui violerait à leurs yeux la convention d’établissement de la société qui a déjà investi 600 millions de dollars US (900 milliards d’UM) dans l’exploitation de la mine de Tasiast. Auparavant, Kinros avait racheté la mine à Red Back Mining en août 2010 moyennant la bagatelle de 7,1 milliards de dollars U.S, avant de faire face à des procès au Canada et aux Etats-Unis, l’obligeant à débourser 12,5 milliards de dollars aux actionnaires canadiens et 33 millions de dollars aux actionnaires américains en échange de l’abandon des poursuites.
Par la suite, Kinros fera l’objet en 2014 de poursuites pour corruption suite à une enquête de la SEC. Il fut question de l’implication du pouvoir mauritanien et du président Mohamed Abdel Aziz ainsi que ses proches dans cette affaire de corruption. La société était accusée de rémunérer directement les agents des douanes et les gendarmes impliqués dans la protection du site, ainsi que plusieurs proches du président Mohamed Abdel Aziz qui occupent des postes juteux au sein de l’entreprise. Mais selon d’autres sources, ces pratiques seraient bien antérieures à l’acquisition par Kinros de la mine de Tasiast.
Toutes ces affaires scabreuses se seraient ajoutées au phénomène récent de la ruée vers l’or de l’Inchiri pris d’assaut par des milliers d’aventuriers mauritaniens.La convoitise de ces richesses incommensurables aurait aiguisé certains appétits qui viseraient directement l’appropriation pure et simple de la mine d’or.
Résultat, Tasiast a suspendu l’exploitation de l’usine, donné congé à ses travailleurs mauritaniens et rapatrié son personnel étranger, en attendant de régler son différent avec le gouvernement. Ainsi, «ce subit regain de légalité affiché par la Direction du Travail connu jusque-là pour son laxisme en matière de législation ne serait qu’un prétexte pour parer du sceau de la légalité une opération d’absorption visant à dépouiller une multinationale » selon les sources proches de Tasiast.
Pour l’Etat mauritanien, par le biais du Directeur général du Travail, Hamoud Ould TFeïl, qui s’est fait inviter sur plusieurs plateaux de télévision locale pour éclairer l’opinion, «les inspections qui ont eu lieu auprès de Tasiast, entrent dans le cadre des missions de routine dévolues au département et dont l’objectif est de contrôler la conformité des entreprises exerçant en Mauritanie avec la législation du travail en vigueur dans le pays ». Il s’est même dit étonné de l’ampleur prise par ces démarches administratives normales, alors que selon lui, «plusieurs autres sociétés ont subi ces mêmes mesures »

Mauritel ou le syndrome d’une crise diplomatique latente

Les autorités marocaines et mauritaniennes ont beau vanté la bonne entente qui règne entre les deux Etats, les incidents répétés entre les deux pays ne cessent de leur apporter un cinglant démenti, selon plusieurs observateurs. Ainsi, la récente descente des Inspecteurs de travail à la Mauritel, et le renvoi du personnel marocain, hormis le directeur général, le directeur administratif et financier ainsi que le comptable, ne serait qu’une des facettes du bras-de-fer qui oppose depuis plusieurs années Nouakchott et Rabat. A l’inverse, estiment les observateurs, exportateurs et transporteurs mauritaniens sont en bute depuis des années à des tracasseries administratives à la frontière marocaine, dont les autorités auraient même pris le malin plaisir de relever à la hausse le coût du dédouanement ainsi que les conditions d’accès à leur territoire.
Opérateur historique de la téléphonie mobile en Mauritanie, la Mauritel est née de la scission en 1999 de l’Office mauritanien des Postes et Télécommunication. Elle est filiale de Maroc Telecom et détient depuis 2001, 51% du capital avec un parc de 1,5 millions d’abonnés en Mauritanie (chiffres de 2010).L’Etat mauritanien détient 46% du capital et le personnel de l’entreprise 3%.
Par delà la chasse aux employés marocains de la boîte, le gouvernement mauritanien réclamerait la nationalisation des postes, estimant que certains d’entre eux, eu égard à leur caractère sensible, doivent être dévolus à ses nationaux pour une question de souveraineté et de sécurité nationale.
Cependant, selon certains observateurs, ni dans le cahier des charges de Mauritel pour l’établissement et l’exploitation d’un réseau de télécommunications cellulaires ouvert au public de norme GSM en Mauritanie en date du 18 juillet 2000 et ses 4 annexes, ni dans la consultation publique sur le renouvellement des licences GSM de Mauritel établi par le Conseil national de l’Autorité de Régulation couvrant la période août 2014-septembre 2015, la gestion du personnel de la société n’occupe une rubrique spécifique, ni n’est mentionnée nulle part.
Aussi, l’étonnement est-il grand face aux mesures prises par la Direction du Travail d’imposer la mauritanisation des postes, comme si derrière ces manœuvres, se cacherait une probable tentative de nationalisation, estiment plusieurs sources. Ainsi, la Direction du Travail et ses limiers ne seraient que le fer de lance d’une politique ourdie dans ce sens et qui utiliserait l’arme de la légalité pour satisfaire ses desseins. Certains n’hésitent pas à comparer ces manœuvres destinées à l’usage détournées des organes de contrôle, aux «missions spéciales de l’IGE» ou des «agents du Fisc», deux « chiens de garde » que l’Etat mauritanien lâche contre les « récalcitrants ».

Effaroucher les IDE
Les déboires actuels de Tasiast Mauritanie et de la Mauritel Mobile constitueraient un mauvais signe pour l’avenir de l’investissement direct étranger (IDE) en Mauritanie, au moment où le pays déploie des trésors de charme pour attirer le capital international, aux yeux de plusieurs observateurs. Ainsi, l’échec des forums initiés à coût de millions de dollars, que cela soit à Nouakchott, au salon de Nouadhibou, aux forums de Dubaï et de Paris, dans lesquels le président Mohamed Abdel Aziz s’est personnellement investi, serait dû au sort peu enviable qu’ont connu des investisseurs étrangers en Mauritanie.
Ainsi, le séminaire organisé en mars 2015 par le Ministère des Affaires économiques et du développement, en collaboration avec le PNUD, face à la débandade des sociétés étrangères en Mauritanie n’aurait servi à rien. Non seulement, il n’aurait pas permis de trouver preneur après le départ du géant australien Glencor et de sa succursale SFER après la chute du fer, avec l’abandon du grand projet ASKAF et la bagatelle de 1 milliard de dollars US d’investissement, mais ce séminaire n’a pas non plus permis de faire venir les IDE à Nouadhibou, malgré les avantages de sa Zone franche industrielle.
Pourtant, la Mauritanie a mis en place un cadre juridique et institutionnel incitatif à l’IDE, mais le respect des clauses de partenariat obtenu par les investisseurs qui décident de s’installer, bute souvent sur des contingences politiques imprévues. C’est ce qui aurait scellé le sort de la société française de ramassage et de traitement des ordures, Pizzorno, qui a dû arrêter ses activités en Mauritanie en 2014, après 7 ans d’exploitation. Certains titres parleront de « racket déguisé » dont la société serait victime en Mauritanie. L’entreprise française avait déploré un cumul de redevances qui avait atteint 4,8 milliards d’UM (13 millions de dollars U.S), représentant les impayés que le gouvernement mauritanien s’entêtait à ne pas lui payer.


Patronat mauritanien : L’Etat veut placer ses pions

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Le gouvernement mauritanien aurait entamé une procédure au noir pour destituer le président du Patronat mauritanien. Une manœuvre décriée par les syndicats et les partis de l’opposition qui dénoncent une immixtion illégale et antidémocratique de l’Exécutif dans le fonctionnement des associations.

Dans un communiqué publié récemment, le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) qui regroupe les partis de l’opposition dit radicale se sont insurgés contre les tentatives du pouvoir en place «de tordre le cou à la loi » en tentant par des voies illégales le limogeage du président de l’Union du Patronat Mauritanien, Ahmed Baba Ould Ezizi, élu démocratiquement à ce poste il y a un peu plus d’un an. L’opposition appelle le pouvoir à un plus grand respect de la Constitution mauritanienne qui garantit le libre exercice des syndicats, dénonçant les pressions et menaces exercées sur les organisations patronales et les présidents des fédérations pour destituer leur président.
Il serait reproché à ce dernier d’avoir refusé l’immixtion des autorités tentant à imposer aux fédérations patronales le choix de leurs propres hommes, parmi eux d’anciens officiers de l’armée à la retraite. Le discours de Ahmed Baba Ould Ezizi à la Chambre de Commerce relatif au climat des affaires et la situation difficile du secteur privé, évoquant au passage les mesures coercitives sur le privé mauritanien n’aurait pas été également au goût des autorités.
Le FNDU a aussi fustigé le clientélisme et le népotisme dans l’octroi des marchés publics, notamment les privilèges donnés à des arrivistes au détriment des véritables opérateurs économiques.
Ainsi, le ministère du Commerce aurait été particulièrement sollicité dans ce bras-de-fer. Des sources affirment que le département aurait demandé aux membres du Patronat de dénicher un prétexte juridique quelconque pour justifier la tenue d’une Assemblée générale élective destinée à dégommer avec le vernis de la légalité l’actuel président. Sur la même lancée, le ministère des Affaires étrangères aurait signifié à son homologue italien que le sieur Ahmed Baba Ould Ezizi n’est plus accrédité en Mauritanie pour les charges de consul honoraire de l’Italie. Cette mesure diplomatique ajoutée aux manœuvres du ministère du Commerce et les pressions de la Primature concourent tous à la prise de contrôle par l’Exécutif de l’Union du Patronat mauritanien.


Chasse aux ressortissants africains : Tous les corps constitués s’y mettent

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Gendarmes, policiers et agents de la Sécurité Routière ont été lâchés dans une chasse effrénée contre les ressortissants africains à Nouakchott. Un contrôle sur pièces et sur faciès pour vérifier la conformité de ces personnes aux dispositions légales en vigueur en Mauritanie qui obligent tout étranger à se soumettre à l’enrôlement biométrique et l’obtention du titre de séjour. Ces contrôles inopinés n’épargnent ni les domiciles ni les lieux de travail des ressortissants étrangers qui sont traqués jusqu’à leur denier retranchement. Tout étranger pris sans son titre de séjour est directement acheminé vers le commissariat de Bagdad, où après les formalités d’usage, il est refoulé vers son pays d’origine.
Les plaintes sont ainsi pléthoriques dans ce cadre, plusieurs étrangers pris dans les nasses de ces contrôles se plaignent d’abus. Des ressortissants mauritaniens d’origine négro-africaine, sont souvent pris également comme cibles. Ils sont obligés d’exhiber leur pièce d’identité nationale ou se le faire apporter au lieu de détention pour étrangers. Ce qui conduit souvent à des frustrations et à des altercations qui viennent s’ajouter, selon certains d’entre eux, aux nombreux abus qui accompagnent les rafles intempestives.
Beaucoup d’observateurs se plaignent ainsi de la politique de deux poids deux mesures dans l’application de la loi. Au moment où les ressortissants africains originaires des pays au Sud du Sahara sont traqués sans ménagement, ils trouvent que cette même campagne épargne les ressortissants arabes du Maghreb et de l’Orient. Ajoutés à cela, les observateurs soulignent que la traque des étrangers ouest africains aboutit souvent à des drames comme celui du jeune Mody Coulibaly qui, lors d’un contrôle dans un chantier de construction, avait trouvé la mort en sautant du haut d’un bâtiment en construction.
La situation des étrangers semble même s’être empirée. Récemment, plusieurs d’entre eux se sont plaints auprès de la Direction de l’Etat-civil qui les oblige dorénavant, en plus des redevances exorbitantes (30.000 UM) qu’elle leur exige, l’obligation d’un titre de travail auprès de l’Inspection. Et entre les deux, les étrangers se voient ballotés à longueur de temps, ce qui leur fait perdre du temps et de l’argent, l’Inspection du Travail se disant incompétente et renvoyant les demandeurs à la Direction du Travail. Si ce sont surtout les étrangers employés dans le privé qui en souffrent, les étrangers installés à leur propre compte (restaurateurs, autres métiers) n’y sont pas encore soumis.


Indépendance de la justice en Mauritanie : les magistrats haussent le ton…

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Jusqu’à présent, l’appel pour une plus grande indépendance de la justice en Mauritanie provenait du camp des opposants, alors que le pouvoir en place, quel qu’il soit à travers l’histoire politique nationale, a toujours chanté un Etat de droit, tout juste sortie de son imagination. Aujourd’hui, la réalité amère au sein de cette institution vitale pour la paix civile et le développement socio-économique est décriée de l’intérieur. Le club des magistrats vient en effet de publier un communiqué dans lequel il interpelle le président de la République pour le respect de l’indépendance de la justice en Mauritanie.

Le club des magistrats mauritaniens semble être inquiet face aux manœuvres dilatoires du ministère public, donc de l’Exécutif, tendant à intimider les juges par l’envoi délibéré et ciblé de l’Inspection générale d’Etat (IGE). C’est le cas pour les inspections diligentées auprès de la Cour pénale et de la Chambre correctionnelle après le tribunal d’Appel de Nouakchott-Ouest et ce, juste après les sentences qu’elles viennent de prononcer ;  comme ce fut aussi le cas pour la Cour d’Appel de Kiffa qui reçut l’IGE juste après son verdict réfutant la saisie d’un bus dans le cadre d’une affaire de drogue.

Les magistrats trouvent qu’au lieu d’envoyer les inspecteurs d’Etat pour intimider les juges, le ministère public, s’il se sent frustré par le rejet de ses réquisitoires et de ses preuves dans certains cas, doit contrer les décisions judiciaires émanant des cours et tribunaux en suivant les procédures légales et judiciaires prescrites par la loi, c’est à dire en faisant appel plutôt que d’utiliser l’intimidation. Un tel état de fait ne conduira selon eux qu’à travestir les jugements et pousser les magistrats, sous l’effet de la pression et de la peur, à prendre des décisions injustes et contraires à la loi. Ils ont rappelé à cet effet le serment fait par le président de la République lors de l’ouverture de l’année judiciaire 2016 dans lequel il a déclaré qu’il ne ménagera aucun effort pour garantir l’indépendance de la justice, améliorer les conditions de travail de ses agents, rapprocher la justice des justiciables par la simplification des procédures, et enfin de veiller au respect et à l’application de ses sentences. L’occasion pour les magistrats de rappeler au Ministère de la Justice le respect des engagements pris par la plus haute autorité du pays et de veiller à leur ordonnancement, en respectant le principe de séparation des pouvoirs, de l’indépendance du juge par rapport à ses arrêts dans le respect de la loi et de sa conscience professionnelle, loin de toute ingérence et de toute immixtion dans ses décisions.

Aussi, les magistrats voient-ils d’un mauvais œil l’envoi par le ministère de la Justice de ses inspecteurs pour enquêter et contrôler les décisions prises par les instances judiciaires en totale contradiction avec les principes d’un Etat de droit respectueux du pouvoir de ses juges, de leur indépendance et de leur probité.Cette critique interne des magistrats sur l’immixtion flagrante du pouvoir exécutif dans leur domaine de compétence vient ainsi corroborer les critiques que les différents bâtonniers de l’ordre des avocats ont toujours reprochées au système judiciaire mauritanien. Beaucoup lient ainsi certaines décisions prises contre tout entendement par la justice dans plusieurs affaires comme le fait du Prince.
Il en est ainsi dans des affaires où des hauts fonctionnaires ou encore des hommes d’affaires ont été mêlés et dont les péripéties semblent avoir été tissées en dehors des tribunaux  (les magistrats n’ayant été utilisés dans beaucoup de cas que comme de simples faire-valoir, chargés d’appliquer des décisions prises en «haut lieu »). Il en est de même pour des cas ayant touché des hommes politiques ou des défenseurs des droits humains. Des décisions judiciaires anachroniques prises en dehors des débats juridiques en audience. Des sentences émanant des plus hautes instances judiciaires jamais appliquées par l’Exécutif, tant bien même que les charges de la preuve lui sont défavorables.

Face au danger de la manipulation de la justice à des fins personnelles, pour la paix civile, l’alarme ne cesse d’être sonnée aussi par les milieux économiques. Ils expliquent l’absence de l’investissement direct étranger massif en Mauritanie par la déliquescence de son système judiciaire, marqué par la corruption, et par son contrôle par l’Exécutif.


L’après-Aziz enflamme déjà la lutte successorale

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Depuis que le président Mohamed Abdel Aziz a déclaré qu’il compte délaisser le pouvoir conformément à la Constitution dès la fin de son dernier mandat en 2019, les cartes se sont embrouillées au sein de sa majorité. Le départ du «protecteur et pourvoyeur des privilèges indus» sème déjà la panique au sein d’une constellation de satellites dont la chute galactique pourrait être provoquée par l’extinction quasi certaine du «Pôle» gravitationnel. La guerre fait ainsi rage au sein du cercle du pouvoir, pour la succession au trône, si ce n’est la course divinatoire vers le probable prochain maître à suivre.

Le bras-de-fer entre les Sénateurs frondeurs et le pouvoir en place revêt un caractère assez inédit pour ne pas attirer l’attention des éditorialistes. Cette situation serait tout simplement inimaginable si la fin inéluctable du pouvoir de Mohamed Abdel Aziz ne constituait pas un fortifiant assez puissant pour signer déjà les prémisses d’un désarrimage latent. Ainsi, ce ne serait pas tout simplement la déclaration de Néma sur la suppression de leurs charges qui serait directement en cause dans la fronde persistante des sénateurs de l’UPR et de toute la majorité, encore moins la sortie assez gauche de leur propre camp à leur égard. Mais bel et bien, le fait que d’ici trois ans au maximum, ils n’auront plus de compte à rendre aux cercles de ce pouvoir-là, mais probablement à leurs successeurs. Si l’opinion semble jusqu’à présent indifférente aux intrigues de palais qui se déroulent dans les coulisses, si ce n’est pas pure ignorance, les spécialistes des croche-pieds politiques ainsi que les proches des hautes sphères ne sont pas dupes. Le compte à rebours pour la prise de la «Bastille présidentielle » aurait bel et bien commencé, sans que les cartes des jeux n’échappent ni totalement ni en partie à Mohamed Abdel Aziz, ni à l’armée qui veille au grain.
Beaucoup au sein du pouvoir reste ainsi persuadé que la distribution des prochaines cartes se concoctera dans les cuisines intérieures du palais présidentiel. La fronde actuelle des sénateurs ne serait dans ce cadre que l’une des facettes de cette bataille de positionnement. Nombreux sont ceux qui sont aujourd’hui persuadés que, derrière cette fronde se cache des «tireurs de ficelles invisibles». C’est ce que certains éditorialistes Outre-mer appellent déjà la «guerre des tendances» au sein du pouvoir. Les Sénateurs viennent ainsi de déclarer dans un communiqué que leur fronde n’est pas prête de s’éteindre, «sauf si les causes qui les ont créées sont résolues ». Les exigences semblent énormes pour des parlementaires habituées jusque-là à obéir au doigt et à l’œil. D’où leur vient ce courage soudain, qui les pousse ainsi à demander à Mohamed Abdel Aziz de revenir sur sa décision de dissoudre le Sénat et de limoger les responsables du parti-Etat, dont des membres du gouvernement, qui ont osé battre campagne pour les dénigrer publiquement ? Téméraire est aussi leur refus de rencontrer le président du parti, Sidi Mohamed Maham, malgré son insistance, poussant l’audace jusqu’à boycotter pendant plusieurs jours, les lois présentées par le gouvernement, avant qu’ils ne sursoient à cette démarche, au nom selon eux «de l’intérêt supérieur du peuple mauritanien ».
Mais les observateurs sont persuadés que derrière les prétextes apparents des Sénateurs se cachent en réalité une sourde bataille des courants antinomiques qui minent la majorité dont l’unité apparente ne serait que pure façade. Une sorte de chantage fomentée par les tenants de la Chambre des «Lords mauritaniens », pour garantir leur pérennité après l’ère Aziz ou leur recasement spatio-temporel dans les arcanes du pouvoir une fois leur planque douillette rangée aux oubliettes de l’histoire.
L’idée dominante reste cependant cette frénétique bataille des héritiers qui met à nu la fragilité du système politique mauritanien relatif à la conservation et à la transmission du pouvoir. Ce système rédempteur qui explique les intrigues par lesquelles se font et se défont les partis au pouvoir en Mauritanie lesquels, sitôt leur fin annoncée, voient leurs ouailles s’éparpiller aux quatre vents à la recherche de la prochaine prairie aux opportunités. Le dilemme est assez profond entre les jeteurs de cauris qui ne savent s’il faut encore faire plus d’allégeance à Mohamed Abdel Aziz, persuadé qu’ils sont, qu’il détient les cartes de la distribution politique à venir, ou s’il faut chercher dans le cercle de l’opposition radicale, le prochain successeur, en cas de transparence forcée qui accompagnera l’élection présidentielle en 2019.
La présente bataille politique occupe si intensément le pouvoir et sa majorité, qu’elle semble avoir rejeté dans les ornières un dialogue politique national que Mohamed Abdel Aziz avait pourtant prévu d’organiser au plus tard à la fin du mois de mai début juin passé.

 

 


Solidarité islamique : doit-on continuer à coopérer avec la Chine ?

OUIGHOURS

La Chine Populaire interdit à sa population musulmane, notamment dans le Xinjiang où vivent 10 millions de musulmans ouïghours, de jeûner le Ramadan et de fréquenter les mosquées. La fraternité confessionnelle islamique étant plus sacrée que la fraternité sanguine, certains se demandent si des pays musulmans comme la Mauritanie, ont le droit de commercer avec des pays comme la Chine qui persécutent leur population musulmane et leur refusent le droit d’exercer leur culte.

Cela fait des années que les dix millions de musulmans Ouïghour de la province chinoise de Xinjiang vivent sous la persécution d’un régime communiste qui ne leur reconnait pas la liberté de culte. Le jeûne du mois de Ramadan est le pilier le plus visé par les interdits du pouvoir central. Des fonctionnaires font le tour des foyers et forcent les populations musulmanes à consommer aliments et boissons sous la coercition.
Pourtant, la Chine entretient des relations privilégiées avec le monde musulman, et ce dernier, selon quelques observateurs, semble jusqu’à présent indifférent au sort de ses frères persécutés en Chine. Mais de plus en plus, les pressions s’exercent sur Pékin par quelques pétromonarchies du Golfe dont l’influence est loin d’être négligeable. C’est ainsi que cette année, un léger fléchissement semble être observé, car l’interdit au jeûne ne semble toucher que les fonctionnaires, les étudiants et les mineurs. Interdit a été aussi lancé aux restaurateurs de la région de fermer leur échoppe pendant le jour.
Il faut dire que les tensions sont chaudes entre Pékin et le Xingjiang. Plusieurs attentats perpétrés dans la capitale sont toujours imputés aux Ouïghours qui luttent depuis des années pour l’indépendance de leur province. Plusieurs organisations des droits de l’homme ne cessent également de condamner les restrictions religieuses et culturelles exercées contre les minorités musulmanes en Chine.
Ainsi, avant même l’entame du mois de Ramadan, des circulaires administratives ont intimé l’ordre aux musulmans chinois de ne pas jeûner. Une de ces circulaires, en date du 2 juin 2016, stipule que « les membres du parti, les responsables publics, les fonctionnaires du secteur public, les étudiants et les mineurs musulmans sont interdits de jeûne de Ramadan et de toute manifestation à caractère religieux. Les restaurants ne doivent pas fermer leurs portes ». Il leur est aussi interdit pendant ce mois béni de fréquenter les mosquées pour la prière collective.