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Remise du Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’expression Francophone 2012

À l’occasion du Salon International du Livre d’Abidjan 2013, le trophée de la sixième édition du Prix Ivoire pour la Littérature Africaine Francophone a été remis à la camerounaise Hemley Boum pour son roman « Si d’aimer… ».

    La Côte d’Ivoire vient de vivre un événement culturel de taille. Il s’agit de la tenue du Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) 2013. En effet, du 12 au 16 novembre, s’étaient retrouvés, au Palais des sports de la commune abidjanaise de Treichville, les acteurs de l’univers du livre : éditeurs, libraires, écrivains et amateurs de littérature. Cette sixième édition du SILA, dont le Maroc a été l’invité d’honneur, avait pour thème : « Livre, dialogue des cultures et émergences ». Le dîner-gala de clôture du salon a eu lieu le samedi 16 novembre dans le splendide cadre du jardin du Golf hôtel à la Riviera-Cocody.  Pour respecter la tradition du SILA, c’est à ce dîner-gala que l’Association Akwaba Culture avait fait connaître au grand public le lauréat du Prix Ivoire pour la littérature Africaine d’Expression Francophone.

Peinture évoquant le SILA 2013, Crédit photo Missa cc.
Peinture évoquant le SILA 2013, Crédit photo Missa cc.

    Pour mémoire, ce Prix Ivoire a été crée par l’Association Akwaba culture en 1998. Selon Mme Isabelle Kassi Fofana, la présidente actuelle de l’association, ce Prix Ivoire se veut « un prix africain de littérature destiné à récompenser un auteur africain pour l’une de ses œuvres ». C’est ainsi que le pré-jury du Prix avait réceptionné,  pour cette sixième édition, 34 œuvres littéraires venant de 13 pays africains. Sept ouvrages sur les trente-quatre (soit 20%) avaient été retenus pour concourir à ce prestigieux prix. Il s’agissait de : « Je te le devais bien » de l’Ivoirienne Flore Hazoumé, « Le Jardin d’Adalou » de Josette Desclercs Abondio, une autre Ivoirienne, « La vierge de New-Bell » de Marcel Nouago Njeukam du Cameroun, « La bouche qui mange ne parle pas » du Gabonais Janis Otsiemi, « Si d’aimer… » de la Camerounaise Hemley Boum, « Sortir de l’impasse » du Guinéen Mamadou Aliou Bah et « Le cap des trois fourches » de Badia Hadj Nasser du Maroc.

Logo d'Akwaba Culture
Logo d’Akwaba Culture

    Pour cette sixième édition, le prestigieux Prix Ivoire pour la littérature Africaine d’Expression Francophone est revenu à la romancière camerounaise Hemley Boum pour son œuvre romanesque « Si d’aimer… » publiée en 2012 aux éditions « La Cheminante ». Grâce à son personnage principal Céline – une prostituée de luxe – et de bien d’autres personnages, notre lauréate aborde la question du VIH/SIDA au sein de la culture et de la société camerounaise. Romancière mais aussi anthropologue, épouse et mère de deux enfants, Hemley Boum n’est pas à sa première production littéraire, et probablement pas à son dernier prix. En effet, en 2011, à L’Harmattan, elle publiait son premier roman « Le Clan des femmes ».  Il importe également de noter que son second roman « Si d’aimer… » fait partie des dix ouvrages en compétition pour le célèbre Prix Ahmadou-Kourouma (2013) du Salon international du livre et de la presse de Genève.

    Nous souhaitons un plein succès à Hemley Boum et que vive le Prix Ivoire pour un rayonnement de plus en plus grand de la littérature africaine.


Attention, à vos livres !…Prêts…

Libre propos sur la littérature.

Logo SILA 2013, Crédit photo Missa.
Logo SILA 2013, Crédit photo Missa.

    Attention, à vos livres !…Prêts…, lisons !

    Ah ! Que croyez-vous ? Que j’allais vous laissez lire seul.

    Tous, nous sommes bel et bien concernés par la lecture…par l’écriture aussi d’ailleurs ! En témoigne ce billet, rédigé entre 00h et 02h du matin avec des paupières qui s’appesantissaient de plus en plus. J’espère en tout cas que ces libres propos  ne vont pas vous causer une indigestion, ne sait-on jamais ! Nietzsche ne souhaite-t-il pas à ses lecteurs, « bonne mâchoire et bon estomac». « Et si tu digères mon livre, ajoute-t-il, tu t’entendras certes avec moi » (Nietzsche, Le Gai Savoir). Hum ! Hum ! Je vous encourage tout de même à poursuivre la lecture.

    Nous voici à pratiquement une semaine de la clôture du Salon International du Livre d’Abidjan, le SILA 2013 (du 12 au 16 novembre). Tôt le matin du mardi 12 novembre, ayant des courses à faire du côté de la commune de Treichville (à Abidjan) où se tenait ce Salon, je comptais donc profiter de l’occasion pour m’y rendre. En fin de matinée, me disant que le Salon était déjà ouvert, je me rends donc au Palais des sports de Treichville qui a servi de cadre pour la tenue du SILA 2013. À ma grande surprise, l’ouverture du salon était fixée en début d’après-midi. Zut ! J’ai donc dû patienter un tout petit peu. Dans l’imposant cadre du Palais des sports, spécialement décoré pour l’occasion, j’ai pu réfléchir un tant soit peu à mon rapport à la littérature.

Palais des sports de Treichville, par Zenman, via Wikipedia,cc.
Palais des sports de Treichville, par Zenman, via Wikipedia,cc.

    Qui eut cru que je me passionnerai un jour pour la lecture ! Moi qui au lycée m’étais très vite détourné des matières littéraires que je trouvais trop abstraites et subjectives pour m’intéresser davantage aux matières scientifiques, manifestement plus objectives à mon entendement. Erreur de jeunesse, erreur de lycéen. Je n’ose pas imaginer le nombre d’élèves qui présentement procèdent à ce tri peu judicieux pour leur formation, entre les disciplines scolaires qui leur sont proposé. Un tri peu avisé dans la mesure où, il réduira pour certain leur capacité rédactionnelle, pour d’autres leur culture générale et pour tous, il sera une source de lacunes. Si la jeunesse savait que… la compétitivité dans le monde du travail nécessite une excellente aptitude à s’exprimer aussi bien oralement qu’à l’écrit…

Logo de Médecine rouge de la faculté de Médecine Strasbourg, via Wikipedia,cc.
Logo de Médecine rouge de la faculté de Médecine Strasbourg, via Wikipedia,cc.

    De l’eau à coulé sous le pont, le temps a fait son effet, mon regard sur la vie et sur la littérature, au fil des expériences et des rencontres a évolué… Maintenant, les études scolaires achevées, une longue formation universitaire dans les Sciences médicales menée jusqu’au bout,  avec un regard neuf, je découvre le charme de la littérature. Je suis presque porté, en pensant à la littérature, à paraphraser le sage d’Hippone (saint Augustin) et, à la qualifier de beauté ancienne et toujours nouvelle que j’ai mis du temps à aimer.  Ma porte d’entrée dans cet univers littéraire a été celle de l’amitié, de l’amitié pour la sagesse. Cette porte une fois ouverte, je me trouve désormais plongé avec enthousiasme et irrémédiablement dans un univers où, usant de lettres, de mots, de phrases et de textes, l’on exprime des sentiments, des convictions, des doutes, des visions du monde… en un mot : des pensées, avec rythme, règles, harmonie et beauté. Vraiment ! Qui l’eut cru ? Pas moi en tout cas. Qui pourrait d’ailleurs anticiper ou même imaginer toutes les surprises que la vie lui réserve. Marquez une pause et pensez un instant à tous ces tournants presqu’inattendus de votre vie. Vous voyez ! C’est bien ce que je disais, les surprises ne manquent pas.

Une affiche du SILA 2013, Crédit_photo Missa,cc.
Une affiche du SILA 2013, Crédit_photo Missa,cc.

    Lire mais aussi écrire.

    Ma vie, autant que la vôtre, est non seulement unique mais aussi une histoire sacrée. Écrire est un moyen, non des moindres, pour nous permettre de nous édifier et de partager à nos frères en humanité un pan de nos pensées, de nos expériences, de notre vie. Pour ce faire, une bonne part de notre effort consistera à oser nous exprimer, par la parole ou par l’écrit. Cependant, gardons à l’esprit qu’« ici, comme toujours dès qu’il s’agit d’effort, les puissances se liguent pour nous empêcher, les meilleurs comme les médiocres ». Or, « il existe une différence infinie entre le plus mauvais des brouillons et l’idée pure inexprimée » ;  « chez les conquérants, on ne sait pas s’il faut admirer davantage leur victoire ou l’art de parler de cette victoire ». C’est avec ces propos de l’Académicien Jean GUITTON (tirés de son livre : Le travail intellectuel) que je vais devoir demander la route…

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    Alors, attention !  À vos stylos, prêts…

 


En Côte d’Ivoire, le Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) 2013 a tourné sa dernière page.

Il s’est tenu, au Palais des sports de Treichville, du 12 au 16 novembre  le Salon International du Livre d’Abidjan (SILA) 2013. Le Maroc était l’invité d’honneur du salon.

Palais des sports de Treichville, par Zenman, via Wikipedia,cc.
Palais des sports de Treichville, par Zenman, via Wikipedia,cc.

    Au Palais des sports de Treichville, s’est tenu du 12 au 16 novembre le SILA 2013,  le Salon International du Livre d’Abidjan. Cette sixième édition du SILA, avec pour thème : « Livre, dialogue des cultures et émergences », a été une occasion favorable pour célébrer la coopération culturelle africaine. Dans cette logique, le Maroc, par l’entremise de ses éditeurs et de ses écrivains contemporains, était l’invité d’honneur de ce salon. Saisissant l’opportunité qu’offrait la cérémonie d’ouverture de ce salon, le ministre ivoirien de la Culture et de la Francophonie, M. Maurice Kouakou BANDAMA, qui avait à ses côtés son homologue marocain, M. Ahmed Amine SBIHI, a fait savoir que ce salon était une occasion favorable pour tirer des leçons de l’expérience marocaine dans le domaine de l’édition afin de contribuer à l’expansion de l’industrie du livre en Côte d’Ivoire. Aussi, M Maurice BANDAMA, en présence de la ministre ivoirienne de l’Éducation Nationale et de l’Enseignement Technique, Mme KANDIA Camara, avait réaffirmé « l’engagement de son département à défendre le livre et à faire en sorte que le livre soit partout sur le territoire national pour être plus proche des populations » (site du gouvernement).

    Les populations ! Elles étaient massivement attendues afin de prendre part à cette rencontre du livre ; cela d’autant plus que la rentrée scolaire en Côte d’Ivoire a eu lieu il y a peine deux mois et que la rentrée universitaire est prévue pour cette seconde moitié du mois de novembre. Eh bien ! Elles ont répondues comme elles ont pu. Je crois tout de même que l’affluence des visiteurs a été considérable ; d’autant plus que la journée du vendredi 15 novembre avait été fériée, journée nationale de la Paix obligeant. Mais à ce sujet, les libraires vous feront un bilan plus pragmatique.

un stand avant la cérémonie d'ouverture du SILA 2013, crédit photo Missa.
un stand avant la cérémonie d’ouverture du SILA 2013, crédit photo Missa.

    Parlant de libraire, les éditeurs et libraires étaient bien au rendez-vous, pouvait-il en être autrement. De nombreuses maisons d’édition d’ici et d’ailleurs étaient valablement représentées à cette rencontre avec des stands garnis et même très bien garnis. Je profite de l’occasion pour saluer particulièrement la si jeune – 11 ans d’existence – et pourtant si dynamique « Éditions Éburnie ». Une panoplie d’ouvrages littéraires était mise à la disposition des visiteurs. Des œuvres littéraires aussi bien en français qu’en d’autres langues. Malheureusement, tous les domaines du savoir n’étaient pas représentés … comme si, la Semaine du livre n’était que l’affaire « des littéraires » ; et pourtant bien des visiteurs de ce salon étaient des intellectuels polyvalents.

    Quant aux écrivains, toutes « les catégories » d’écrivains se trouvaient au rendez-vous. D’abord, la catégorie de ceux qui ont déjà écrit et publié un ou plusieurs ouvrages : Fatou CISSÉ, Tiburce KOFFI, Venance KONAN, Regina YAOU, etc. Ensuite, celle de ceux qui ont écrit et n’ont pas encore été publié : une bonne partie des participants à l’atelier du vendredi – « Rencontrer son premier éditeur ».  Et enfin, l’immense groupe de ceux qui n’ont encore rien écrit, donc n’allez pas leur parler de publication, mais qui, je ne sais pas s’il faut dire rêvent ou ambitionnent – choisissez –  de le faire : moi… J’oubliais ! Il y aussi la catégorie de ceux qui n’ont pas écrit et qui n’y pensent même pas. Dans laquelle des catégories puis-je vous situez ?  (Répondez en laissant un commentaire, merci). Tous les goûts sont dans la nature.

Affiche de libraire au SILA 2013, Crédit photo Missa.
Affiche de libraire au SILA 2013, Crédit photo Missa.

    Les prix ! Ah ! Ces prix de livre qui parfois nous ôtent toute envie de lire… Et bien ! Ils étaient là aussi. Et franchement, il faut reconnaitre que des réductions significatives étaient attendues par les populations. Mais ! En vain. Même si des goûts, des couleurs et des prix (qui, avec toutes ces crises économiques, méritent désormais leur place dans cet adage) il ne faut surtout pas discuter, je suis quelque peu resté sur ma faim ; car, objectivement, le prix des livres au Salon étaient assez proches des prix de vente ordinaire en librairie.

    Je crois que j’ai fait le tour des participants à cette Semaine du livre : les officiels, la population, les éditeurs, les libraires, les écrivains – toutes catégories confondues – et même les prix. Zut ! Les pirates ! Comme d’habitude, ils n’étaient pas visibles mais certainement présents, probablement camouflés, confondus aux visiteurs. Se prononçant sur le phénomène du « piratage », M Guy LAMBIN, Directeur Général de NEI-CEDA Édition soutenait que : « c’est par des actions conjuguées des pouvoirs publics et des entreprises privées (…), que nous pourrons combattre ce phénomène très préjudiciable à toute la chaîne du livre, de l’auteur, à l’éditeur et au distributeur… » (cf. le Programme complet et détaillé des activités du salon). Oui, il faut combattre toutes formes de contrefaçon ; cependant, il faut reconnaitre que parfois, la population, celle des lecteurs, qui ne figurait pas dans les maillons de la chaine du livre de M Guy LAMBIN, grâce à ces contrefaçons  a accès, à des prix relativement plus bas, à certains ouvrages. Il faut donc combattre la contrefaçon mais aussi œuvrer efficacement à rendre le prix des ouvrages accessible à une population qui n’est pas toujours nantie.

    Le dîner de clôture du SILA 2013 a eu lieu dans le splendide cadre du Golf Hôtel d’Abidjan et là, le Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’expression Francophone, fut remis à la camerounaise Hemley BOUM, pour son œuvre romanesque « Si d’aimer… » (Ed. La Cheminante, 398 p). Toutes nos félicitations donc à Hemley BOUM. Et que vivent le SILA et « l’après-SILA ».

    Alors, attention, à vos livres !…Prêts…

Suivez-le-livre-SILA-2013-Crédit-photo-Missa.
Suivez-le-livre-SILA-2013-Crédit-photo-Missa.


La Côte d’Ivoire accueille le colloque international : « Renaissance africaine et afrocentricité ».

Le samedi 26 octobre s’est tenu à Abidjan en Côte d’Ivoire un colloque international portant sur le thème : « Renaissance africaine et afrocentricité ».

Drapeau du Panafricanisme, par Xamayca, via Wikimedia Commons, cc
Drapeau du Panafricanisme, par Xamayca, via Wikimedia Commons, cc

   Dans la mouvance de cette année 2013 proclamée par l’Union Africaine année de «La renaissance africaine et du panafricanisme», s’est tenu, le samedi 26 octobre, à  l’université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) de Cocody/Abidjan un colloque scientifique international sur le thème : « Renaissance africaine et afrocentricité ». Cette rencontre a été une occasion propice au brassage d’idées à même de participer à l’essor des peuples africains.

Fontaine devant la présidence de l'université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan (Côte d'Ivoire), par Serein, via Wikimedia Commons, cc
Fontaine devant la présidence de l’université Félix Houphouët-Boigny à Abidjan (Côte d’Ivoire), par Serein, via Wikimedia Commons, cc

    En effet, selon le professeur BOA Thiémélé Ramsès, président du comité scientifique de ce colloque, l’objectif général était de « réfléchir aux méthodes et moyens de faire de la Renaissance africaine et de l’afrocentricité le fondement d’une articulation nouvelle de nos cultures et de nos espérances ». D’une façon plus spécifique, il s’agissait non seulement de mettre en évidence le rôle, nullement négligeable, des peuples négro-africains dans l’édification de l’héritage intellectuel universel, mais aussi d’amener les décideurs politiques et la communauté scientifique à percevoir l’utilité d’intégrer les grandes œuvres africaines, si souvent peu ou mal connues, dans les programmes scolaires et universitaires. Il s’agissait aussi bien de valoriser les langues africaines que « d’entretenir les liens culturels et humains avec les frères et sœurs  de la diaspora ».

    Pour atteindre leurs objectifs, les organisateurs de ce colloque ont fait appel à des universitaires et des intellectuels de renom et de divers horizons. C’est ainsi que les deux principales conférences portant sur « Les ingrédients nécessaires de la Renaissance africaine » et « L’impératif afrocentrique pour la Renaissance africaine » ont été tenues  respectivement par le Dr MOLÉFI Keté Asanté et le Dr AMA Mazama. Tous deux enseignants à la Temple University aux États-Unis. En appui à ces deux conférences, dix-sept communications ont été exposées par des intellectuels et universitaires de la Côte d’Ivoire.

Africains en marche, The Yorck Project, via Wikimedia Commons,cc
Africains en marche, The Yorck Project, via Wikimedia Commons,cc

    Ce colloque a permis, d’un point de vue réflexif, d’articuler la Renaissance africaine et  le concept d’afrocentricité. En effet, l’Africain contemporain perçoit la Renaissance africaine comme un appel à l’éveil de sa conscience. Ceci dans le but de s’approprier son histoire et de lui donner un sens édifiant qui transcende les événements douloureux de son passé et qui soit à même de lui permettre de se projeter dans l’avenir. Fort d’une telle ambition, il peut reconnaître l’afrocentricité comme étant une « théorie opératoire » adéquate, une voie appropriée pour la réalisation de cette renaissance, de cet éveil de sa conscience. Et ce, dans la mesure où l’afrocentricité se veut être une réévaluation de la présence au monde de l’Africain, non plus d’un point de vue exogène, mais bien à partir du regard de l’Africain lui-même. Car, l’Africain, dans la vision afrocentrique, n’est plus un élément passif, excentré, mais plutôt l’acteur de son histoire et de l’histoire de la civilisation universelle. Élargissant cette perspective historiciste, le Dr AMA Mazama soutient que « …la recherche afrocentrique reflète l’ontologie, la cosmologie, l’axiologie et l’esthétique africaine : cette recherche doit toujours nous prendre comme référent ultime afin d’être afrocentrique… » (L’impératif afrocentrique, Paris, Éditions, Menaibuc, 2003).

    Certes, l’Afrocentricité implique une recherche et une affirmation de l’identité africaine ; mais elle est toutefois aux antipodes de tout repli identitaire, de tout appel à la haine, à la soif de pouvoir, à la rapacité ou à la violence. En d’autres termes – ou dans une autre langue –, « Afrocentricity does not convert you by appealing to hatred or lust or greed or violence » (Dr MOLÉFI K., Afrocentricity. The theory of social change, African American Images, Chicago, Illinois, 2003). Ainsi, la recherche afrocentrique se veut-elle une tentative de pluralisation de la pensée dans laquelle l’Africain à la possibilité « d’instituer une nouvelle historicité porteuse d’avenir et de vérité sur [lui] » (Pr BOA T.) et partant sur l’histoire universelle.

Mère et enfant. Bois, plateau Dogon (Mali), XIVe siècle, Former collections of Maurice Nicaud and Hubert Goldet, par Jastrow, via Wikimedia Commons, cc

    Vivement que les « utopies mobilisatrices » proposées à ce colloque soient prises en considération par les hommes politiques et autres leaders d’opinion pour le bien-être de l’homme africain et donc de l’humanité tout entière.

 

Lire le rapport final du colloque.

Le colloque a été organisé conjointement par le département de philosophie et le Bureau des doctorants en histoire de l’UFHB en collaboration avec le Centre de recherche Kemetmaat association et la division abidjanaise de l’Afrocentricity international,

 


Côte d’Ivoire : Nécessité d’une émergence de la bioéthique.

Scène medicale par Petro Sancto Bartoli, via Wikimedia Commons
Scène medicale par Petro Sancto Bartoli, via Wikimedia Commons     

       Réfléchir afin de codifier l’attitude de l’homme relative aux questions liées à la vie, à la santé, à la maladie et à la mort semble accompagner l’humanité dans son évolution. C’est dans une telle dynamique que, depuis les années 70, la recherche et le développement techno-scientifique dans le domaine biomédical ont entraîné l’émergence, dans les pays du Nord, de la bioéthique. La bioéthique étant alors considérée comme une réflexion éthique sur l’attitude de l’homme contemporain dans les sciences de la vie et de la santé.

       Pendant qu’en occident, les questions dites de bioéthique donnent naissance à des débats sociétaux et à des dispositions pratiques, en Afrique subsaharienne, particulièrement en Côte-d’Ivoire, l’absence de tels débats donne l’impression qu’il n’y a nullement besoin de cette discipline. Serait-ce qu’on n’y trouve aucun fait (ou comportement) dans le domaine de la santé qui nécessiterait une réflexion éthique des acteurs du système de la santé ou des observateurs de la société ? Avons-nous donc atteint la perfection de l’agir moral dans le domaine de la santé en Côte-d’Ivoire ?

Radiothérapie chez une femme par Rhoda Baer, via wikipedia.fr bis
Radiothérapie chez une femme par Rhoda Baer, via wikipedia.fr

       Loin de là! Certes, le développement techno-scientifique en Côte-d’Ivoire n’ayant pas la même ampleur que dans les pays occidentaux, il va de soi que certaines questions de bioéthique ne s’y posent pas. Il en va autrement lorsque nous portons notre attention vers les pratiques cliniques quotidiennes et les questions éthiques qu’elles devraient soulever : grève des médecins sans service minimum, pratique illégale de l’avortement dans certaines structures publiques, transfusion de sang dit « sécurisé », abandon de patient grabataire dans les hôpitaux par leurs parents…

       Il existe certes des dispositions déontologiques et juridiques relatives à certaines de ces situations. Mais, du fait de leur ancienneté et de l’évolution de la société Ivoirienne, se pencher de nouveau sur ces dispositions se trouve être nécessaire. Comme le rappelle la philosophe Anne Fagot-Largeault, « les problèmes de bioéthique (…) ne sauraient être considérés comme réglés une fois pour toutes. Chaque génération a la tâche de les reprendre, patiemment, inlassablement  ». Ne pas actualiser la réflexion éthique médicale contemporaine en Côte d’Ivoire, en l’inscrivant dans le contexte plus large de la pensée bioéthique, serait abandonné les acteurs du système de santé ivoirien à un subjectivisme arbitraire.

Chu de Cocody à Abidjan (Côte d'Ivoire) par Zenman , via wikipedia.fr
Chu de Cocody à Abidjan (Côte d’Ivoire) par Zenman , via wikipedia.fr

       Pour preuve, l’avis partagé des médecins quant au respect du caractère absolu du secret médical dans le cadre de l’infection au VIH. En effet, interroger les prestataires de soins sur leur attitude dans la situation clinique particulière, mais non exceptionnelle du patient séropositif qui refuse de faire part de son statut sérologique à son partenaire, l’exposant éventuellement au VIH, révèle que certains médecins soutiennent le caractère absolu du secret médical ; d’autres envisageraient enfreindre cette norme déontologique dans la mesure où le partenaire est connu d’eux. A ce propos, le code de déontologie des médecins, datant de Juillet 1962, bien avant la découverte du VIH, soutient que le secret professionnel s’impose à tout médecin, sauf dérogation de la loi ; lesquels dérogations ne prenant pas en compte l’infection au VIH apparu dans les années 80. Or, depuis 2001, l’ONUSIDA a proposé une ligne directrice, revue et corrigée  en 2004, qui autorise le médecin, en suivant une procédure bien définie, à informer le partenaire exposé sans le consentement du client index, si ce dernier refuse de le faire. La prise de position des penseurs du système de santé ivoirien vis-à-vis d’un tel texte se fait attendre. Pour des raisons très compréhensibles, l’attention des acteurs du système de santé étant portée sur les aspects techniques et socio-économiques de la lutte contre la pandémie du SIDA, très peu de réflexion éthique ont été menée afin de se prononcer sur de pareilles situations cliniques contemporaines qui échappent aux textes anciens. Il faut toutefois noter les efforts consentis pour que se développe la prévention positive du VIH/SIDA

Carte de la Côte d'Ivoire par Idarvol, via wikipedia.fr cc
Carte de la Côte d’Ivoire par Idarvol, via wikipedia.fr cc

       Grand est le besoin de développer en Côte-d’Ivoire une réflexion bioéthique qui, sans négliger les positions et avis éthiques prononcés sous d’autres cieux, puisse permettre de donner des orientations pratiques déterminées par la réalité locale, contemporaine. Comme le rappelle l’anthropologue Laurent Vidal, « la double prise en compte de l’universel et du contextuel, non seulement n’est pas contradictoire, mais indispensable ». Notons toutefois que des efforts – encore insuffisants – sont faits pour promouvoir la bioéthique en Côte-d’Ivoire. Dans ce sens, il fût créé en  2009, une Chaire UNESCO de Bioéthique à l’Université de Bouaké (Sud-ouest de la Côte-d’Ivoire), tenue par le Pr Poamé Lazare. Vivement que le Conseil Consultatif Ivoirien de bioéthique se fasse entendre et sorte les ébauches de réflexion bioéthique dans le contexte ivoirien du cadre académique.

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