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Covid variant Delta : chronique d’hospitalisation du 25 août 2021. Episode 1.

En août 2021, j’ai eu la Covid-19 variant Delta. En ces jours de pic de nouveaux cas dûs au variant « Omicron », j’ai décidé de vous partager les six semaines les plus longues et les plus douloureuses de mon entière existence au sein du service des Maladies Infectieuses et Tropicales (SMITT). Ce mal est sérieux et il ne faut pas attendre de le vivre pour être prudent et appliquer les mesures barrières.


Le pays va mal

« Le pays va mal » est une chanson de l’artiste Tikken Jah. Cette chanson qui lui a ouvert les portes du succès et l’expulsion de la Côte d’Ivoire. C’était au temps de l’ancien président de la république Henri Konan Bedié. Aujourd’hui, je reprends ce titre pour m’exprimer sur la situation de crise qui couve dans mon pays

Le pays va mal

Les ivoiriens ont toujours été un peuple pacifique et accueillant. De nombreuses nationalités ce sont installées dans le pays à la recherche d’un mieux vivre. Et pendant des années, les choses se sont bien passées à l’exception de quelques situations entre autochtones et étrangers en majorité à l’ouest du pays.

Aujourd’hui, après de multiples crises, on peut dire que la Côte d’Ivoire a mal. Le pays ne se remet pas de toute cette haine, de tout ce sang versé. Et aujourd’hui plus que jamais, le contrôle des choses semblent partir dans tous les sens.

Le peuple en a marre des attitudes déplorables des maires qui au lieu de penser au bien être de la population decident de brûler les marchés pour se faire réélire, marre des gens qui s’arrogent des terres et en viennent aux armes pour les maintenir, marre de voir les biens octroyés aux étrangers au détriment des fils du pays

On crit à la xénophobie, on crit à la haine de l’étranger. De biens grands mots quand il y a tout simplement un ras le bol justifié. Les ivoiriens sont fatigués de passer au second plan dans les priorités des dirigeants, fatigués d’espérer un mieux être qui ne vient pas.

Le pays va mal et c’est triste pour ce potentiel immense qu’il a. C’est triste pour ces habitants, triste de voir à quel point leur vie ne compte pas. 

Mais, même au plus sombre, que l’ivoirien, l’ivoirienne se souvienne de qui il est. Il est un humain plein d’amour pour autrui, qu’il se souvienne et qu’il ne se perde pas.

Parce que, au plus mal, la lumière est celle qui permet de se relever, de reconstruire, de survivre.

 


Mon premier dépistage

Centre d’hygiène ou clinique près de chez moi ? Je pèse le pour et le contre pour une décision très importante : mon premier dépistage.

Assise à la maison je ne suis pas certaine du lieu où je vais faire ces analyses. Le centre d’hygiène, le CHU ou la clinique près de chez moi ? Les deux premières options sont gratuites, mais je peux tomber sur un rang et perdre une partie de la journée. En même temps, il faut dire que se lever comme ça pour découvrir sa sérologie, ce n’est pas évident du tout.

Je finis par prendre mon courage à deux mains et je me rends à la clinique. Il faut tout prévoir, je vais loin de chez moi et en cas de résultat positif, comment je fais pour revenir et tout lol (j’ai ce problème-là, envisager le pire). Donc la clinique est l’option la plus sûre. Je débourse la somme requise et je me rends à l’infirmerie pour le prélèvement de sang.

Je fais d’une pierre deux coups en demandant à ce qu’on détermine ma glycémie parce que le diabète tue également et bien plus que le VIH ces derniers temps, je préfère être sûre de tout.

Le prélèvement est la partie la plus terrifiante. Grande que je suis, j’ai une peur bleue des aiguilles. Je tremble de partout et j’ai vraiment du mal à faire confiance à l’infirmière. Elle finit par effectuer le prélèvement tant bien que mal en me chahutant grave.

On me demande ensuite de m’asseoir dans le hall et d’attendre les résultats.

C’est là que la peur des aiguilles va sembler ridicule lol. L’écran de télévision qui est dans la salle n’arrive pas à captiver mon attention. Je suis les déplacements de toutes les infirmières dans le hall et j’ai l’impression que leurs regards sont chargés de non-dits.

Je suis terrifiée, glacée et prête à abandonner les résultats pour privilégier l’ignorance.

L’infirmière qui s’est occupée de mes prélèvements sort enfin de la salle. Elle porte une enveloppe fermée. Je manque de m’évanouir. Des pensées sombres m’habitent. Si j’ai le VIH qu’est ce que je vais devenir … (je ne vous dirai pas les solutions que j’ai trouvées, vaut mieux éviter)

Elle s’assoit à côté de moi, me prend la main et me murmure à l’oreille : tout va bien, glycémie comme sérologie c’est ok. J’ouvre l’enveloppe pour être sûre (il faut dire que j’ai du courage maintenant).

Je sens comme un allégement de mon corps et je manque de voleter dans la salle. Je n’ai pas le sida ! Je n’ai pas le diabète ! Dans ce monde si sombre Dieu a eu pitié de son enfant !

Je sors guillerette de la salle, l’enveloppe en main et le sourire aux lèvres. Je ne suis pas malade. Je n’ai pas le VIH.

Le test permet de connaître son statut, de prendre des rétroviraux pour avoir une vie normale, mais surtout de sauver des vies. Avoir le VIH et l’ignorer c’est peut-être transmettre ce virus à d’autres.

Alors, faites comme moi, faites votre test, sauvez votre vie, sauvez d’autres vies.


Équilibre précaire des forces #MondoChallenge

J’adore les challenges de Mondoblog. Quand j’en vois, je ne peux pas m’empêcher de me jeter dedans pieds et poings liés et je suis souvent vénère quand je ne suis pas la plus rapide. Cette fois-ci pourtant, je ne suis pas si contente. La thématique (« Le monde n’est pas si sombre ») est difficile à aborder parce que je suis pleine de colère depuis longtemps et que pour moi ce monde est sombre. Assise à la table à manger avec mes frères et sœurs, j’essaye d’écouter leurs arguments positifs à l’endroit de ce monde qui pour moi part en couille. Il faut bien pourtant que je mette de l’eau dans mon vin et que de cet équilibre précaire des forces, je sorte quelque chose de positif.

Quand on regarde les informations aujourd’hui, on se rend compte que chaque jour à son lot de peines. On est abreuvé de renseignements critiques qui frappent soit une personne, soit un groupe de personnes, soit un pays. On est saturé d’événements négatifs au quotidien. Attentats par-ci, inondations par-là, guerres, meurtres, assassinats, décisions politiques négatives pour l’avenir de la planète. On se demande si cela vaut la peine de se lever le matin et de vaquer à ses occupations.

Chez moi

J’aimerais dire que chez moi, les choses sont différentes, mais que nenni ! Cherté de la vie grandissante, dégradation des voiries à peine construites, grèves intempestives, enfants en conflit avec la loi (criminels armés de couteaux et machettes qui dépouillent et tues les gens sans état d’âme et à qui l’on trouve des excuses parce que ce sont des « enfants »), gangs en moto, braquages, meurtres et surtout aucune action allant dans le sens d’arranger les choses.

Je ne vais pas ajouter l’instabilité politique vu que ça c’est le quotidien et l’expression on ne sait pas où l’on va est devenu en quelque sorte un mantra.

Dans ce contexte, on aimerait vraiment positiver, on aimerait se dire que le monde n’est pas si sombre. Et quand on cherche bien, on trouve finalement quelques points positifs qui arrivent à tenir les coudées franches à cette avalanche de négativités.

Équilibre précaire des forces

Le monde a toujours eu sa part de noirceur et sa part de lumière. Les forces du bien et du mal se sont toujours opposées et le bien a toujours triomphé. Ce malgré d’âpres combats où parfois l’on a eu l’impression que tout était perdu (les guerres mondiales, la guerre froide, la peste, l’esclavage, la colonisation, Ebola, la supposée fin du monde…). Il y a certes encore des habitudes qui ont la vie dure comme « l’indépendance », autre version de la colonisation, le trafic d’êtres humains synonyme d’esclavage… Mais on peut dire que de tout temps et encore aujourd’hui le bien met la pâtée au mal.

Seulement, aujourd’hui plus qu’hier, ce ne sont pas que nos petites personnes qui sont à prendre en compte dans ce combat, mais également notre chère planète. Cette chère sphère si accueillante en a un peu marre de notre comportement et se révolte, s’insurge. Et le pire c’est que ce n’est pas une crise genre saute d’humeur mais une conséquence de notre inconscience. Elle souffre par notre faute, et ne peut contrôler les réactions qui s’ensuivent (coulées de boues, inondations, fonte des calottes glacières…).

Le monde n’est pas si sombre

Equilibre précaire des forces est un article sur le monde n'est pas si sombre du blog cultik pour mondoblog dans le cadre du #MondoblogChallenge
Monde par 1588877 via Pixabay CC

Dans ce combat-là, on ne peut parler de forces du mal ou du bien. On parle de pérennité de toutes ces forces parce que faisant partie de nous. On parle de survie de l’humanité. Il y a des personnes qui se battent jour et nuit pour que ce monde demeure et accueille d’autres générations d’humains. Ces personnes pourraient être individualistes et pourtant non. Elles pensent au monde, sans distinction de race. Elles se battent contre des gouvernements, contre des institutions et ce jour et nuit. Parce que ce monde est ce que nous avons tous en commun et s’il disparaît, on ne se posera plus de questions, ce sera la fin.

A cause de ces personnes là, ce monde n’est pas si sombre, il est rayonnant.

Comme je me le dis souvent (et je sais que c’est vrai), il suffit d’une personne pour changer les choses, équilibrer les forces. Seras-tu cette personne là ?


La paix, cet état si fragile #MondoChallenge

« La paix n’est pas un vain mot mais un comportement à apprendre à nos enfants, on veut repartir à zéro, on veut oublier le chaos mais comment ? Je vous dis qu’il faut pardonner, pardonner sans hésiter. Se réconcilier, pour éviter le sang versé… » Quand je pense à la paix, je pense instantanément à cette chanson de O’nel Mala un chantre chrétien ivoirien.

La paix, cet état si fragile

article sur la paix pour le mondoblog challenge par cultik bamba aida marguerite
paix par MK817 via Pixabay CC

La paix est en chacun de nous. Pour moi au delà du comportement, c’est la lumière qui côtoie l’ombre. Parce qu’en chacun de nous il y a cette part de lumière et cette part d’ombre. Il arrive que la lumière nous emplisse totalement ou en grande partie et que l’ombre ne soit plus qu’une tache au loin. Mais il arrive aussi que l’ombre prenne le pas. Ce combat est intérieur et en chacun de nous. À la différence de l’ombre, la lumière ne se partage pas aisément.

Comme John Lennon l’a dit dans sa chanson Imagine  » i wonder if you can… » parce qu’il existe des êtres qui ne sont que lumière et d’autres qui ne le sont pas et qu’on ne peut pas changer. La paix est un état si fragile, telle une flamme de bougie cet état vacille souvent et on a peur de le perdre pour de bon. Mais il y a toujours une personne qui rallume la flamme, qui nous fait comprendre que la paix n’est pas une chimère : elle existe bel et bien.

Ça commence avec toi

Ok, ça ressemble à un slogan de mauvais goût et pourtant… la paix commence avec toi. Tous les combats pour maintenir la paix, créer un climat stable, sauver des vies ont toujours debutés avec une personne. Un personne qui a décidé de ne pas céder à l’appel de l’ombre souvent au prix de sa vie. Une personne qui a dit « moi je ne prendrai pas les armes, moi j’utiliserai ma voix, j’utiliserai la lumière qui est en moi en espérant qu’elle soit assez puissante pour repousser l’ombre ». Parks, Luther King… ils ont décidé d’être cette lumière, d’être des représentants de la paix, d’incarner la paix dans leur communauté. Ils ont montré que même pour des combats justes il ne fallait pas verser dans la colère, pas verser le sang.

Pour maintenir la paix -cet état si fragile- dans notre cercle restreint, notre communauté, d’autres communautés dans le monde… il faut commencer par se laisser emplir par la lumière,  laisser refléter la lumière, adopter un comportement et le faire adopter autour de nous. C’est un combat de longue haleine, un combat permanent, le combat de l’humanité.

Ce combat, es-tu prêt à le mener ?


En quête de renouveau #MondoChallenge #LaRentréeDesClasses

Septembre, mois par excellence de la rentrée et période de renouveau pour moi. Chaque année, en Septembre, je m’assois et je fais le point sur ma situation. On me dit souvent que ce n’est pas la fin de l’année et que je me précipite pour faire le bilan un peu tôt mais moi, j’aime ce mois. Et en ce mois de Septembre 2017 je suis en quête de renouveau.

Ma conception de la rentrée

Quand certaines personnes pensent fournitures scolaires, scolarité, rentrée des classes, enseignements, cours, emploi du temps… moi, je pense objectifs pour l’an prochain. Je me pose cette question : qu’est ce que je veux pour l’année à venir ? 

renouveau par Kelin via Pixabay CC
renouveau par Kelin via Pixabay CC

Quel objectif en cette rentrée ?

Cette année la réponse est la quête de renouveau.

J’ai passé le cap de la trentaine sans enfants, sans époux, sans emploi fixe, sans stabilité et sans sécurité. C’est le bilan qui est ressorti de mon introspection. Je suis pleine de ressources, je retombe toujours sur mes pieds même dans les pires situations mais cela ne suffit pas.

En cette rentrée, je veux que ma vie change. Je veux un renouveau. Je veux partir d’un bon pied et me réaliser enfin. Parmi ce qui me manque, ce qui compte vraiment pour moi c’est cette stabilité en terme d’emploi.

Autant j’aime la liberté, autant je me dis que parfois il faut faire des concessions pour se donner la chance d’un jour, vivre cette liberté sans frein. Je suis prête à faire ces concessions, prête à mettre entre parenthèse le freelance et poser mes fesses sur une chaise en face d’un bureau.

Le second point le plus important est de retrouver le silence. Le silence est pour moi source d’inspiration, de productivité. Je l’ai perdu avec le décès de mon père l’an dernier. Ce silence, je veux le retrouver. Cela implique un grand saut dans l’inconnu mais aujourd’hui je pense être prête. Prête à faire ce qu’il faut pour retrouver le silence. Prête à trouver mon nouveau chez moi, ce havre de paix et de silence.

Bref, en cette rentrée, je suis en quête de renouveau et je compte tout faire pour mener cette quête à bien !


Au bout de la course

Au bout de la course, le contexte

Je suis particulièrement épuisée ce soir. Entre les cours et mes courses, je n’ai qu’une seule envie, rentrer chez moi. Je me dirige sur le trottoir afin d’arrêter un taxi. La négociation est âpre. Il faut dire que dans la zone, à cette heure, ce n’est pas évident. Avec les embouteillages, les prix qui me sont proposés sur une si courte distance, sont faramineux.

Pourtant, avec mes affaires dans les bras et cette fatigue dans les pieds, je n’ai pas trop le choix. Un taximètre finit par accepter la somme que je propose et je ne peux m’empêcher de le remercier avec effusion. Je m’effondre sur le siège arrière avec mes sacs et je soupire d’aise. Il faut dire que je commençais à avoir mal aux pieds.

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Tristesse par NoSkill1343 via Pixabay CC

La situation

La nuit est tombée depuis déjà quelques minutes et les raccourcis qu’on emprunte pour éviter les embouteillages sont de plus en plus sombres. Je ne m’inquiète pas, vu qu’on ne va pas y passer la nuit.

Au détour d’une ruelle, le taximètre range le véhicule en s’excusant. Il a envi d’uriner. Je lui fais signe que je comprend et attend patiemment qu’il revienne prendre le volant. Plongée dans mes pensées, j’avoue que je somnole un peu. Je suis donc prise de surprise quand la portière arrière du véhicule s’ouvre brutalement et que le taximètre si sympathique quelques instants plutôt me menace avec une machette.

L’acte

Je prends quelques instants à comprendre avant de me rendre compte qu’il est vraiment en train de me menacer. Je lui tends mon sac et mes sachets pensant à un braquage. Il repousse ce que je lui tend et me demande d’ôter mes vêtements. Mon sang se glace. Vais-je mourir comme ça dans cette ruelle ? Je n’arrive plus à ouvrir la bouche. Je tremble comme une feuille. Il faut que je m’exécute si je ne veux pas que les choses s’empirent. Au bout de quelques minutes je suis nue sur le siège arrière du véhicule. Il ouvre sa braguette…Je comprends, j’étouffe un sanglot et tente de sortir du véhicule, mais la portière qui me donne dos est verrouillée. Il faut que je tente le tout pour le tout en essayant de passer à l’avant mais je me prend des coups et je finis par m’écraser…

Au bout de la course…je me suis faites violer.


Dose de rivo pour partenaire vigoureux

La soirée fatidique

Le viol

Le réveil


Un train parce que tu fais le malin

Un train, l’acte

 

 


Je te veux ou l’esclavage moderne volontaire

En amour, on a tendance à toujours vouloir ce que l’on ne peut obtenir. C’est incompréhensible et pourtant c’est comme ça. L’expression je te veux moi non plus prend tout son sens. Je te veux et toi me veux-tu ?

Je te veux ou l’esclavage moderne volontaire

Je me suis souvent retrouvée dans ce cas de figure où c’est moi qui veux et l’autre non ou c’est moi qu’on veut et moi pas. Ce jeu est souvent jouissif quand le désir vient de l’autre et qu’on sait pertinemment qu’on ira jamais dans son sens. Pourtant, on ne le lui dira pas. Se donnant des excuses comme quoi on ne souhaite pas blesser ou encore on ne sait pas sous quel angle aborder les choses. Ce qu’on ne dira pas c’est qu’au fond de nous cela nous plait de voir cet intérêt et même si il n’est pas partagé on aime bien avoir l’argent du beurre, le beurre et la laitière.

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Prison par Engin Akyurt via Pixabay CC

Je te veux c’est l’histoire que beaucoup de nous avons connu et connaissons encore. Il s’agit de se retrouver plus bas que terre sans s’en rendre compte. Je te veux et je ferai tout pour t’avoir peut aller jusqu’à ce renier soit même pour entrer dans un canevas qui pourrait permettre d’atteindre cet objectif qui pourtant s’éloigne à chaque étape franchie. On n’avance jamais. Et le pire, c’est qu’on ne s’en rend pas compte. Ou on s’en rend compte trop tard au moment où on a atteint ses limites et qu’on existe plus.

On pourra dire qu’il faut prendre du recul, décider de couper mais c’est facile dans la bouche pas dans l’exécution. Les gens diront tu n’es pas fort (e) sinon tu aurais coupé depuis. Ces gens la ne savent pas.

Sortir de cet esclavage moderne volontaire demande surtout la bienveillance de celui ou celle qui a le contrôle. Ce jeu peut durer des années. Mais si il y a mansuétudes dans ce cas, les choses peuvent s’arrêter et ce qu’on peut considérer comme la fin du monde (la fin de ce jeu) est en fait le salut.

A partir de là, il faut juste puiser dans le peu de force qui reste pour remonter la pente et surtout accepter qu’il y aura des séquelles et accepter de vivre avec.

 


Ces participants qui ont faim aux jeux de la francophonie

Les jeux de la francophonies sont sur le sol ivoirien et la ville de même que les informations tournent autour de cet événement qui est une belle opportunité pour mon pays.

Je ne me suis pas particulièrement intéressée aux jeux de la francophonie vu que j’ai tellement de choses à faire et que me mettre d’autres charges en plus serait du suicide. Pourtant, en tant que blogueuse foodie, on m’a confié la tache de communiquer sur un restaurant présent aux villages de la francophonie au palais de la culture.

Dans le cadre donc de ce travail, je me suis rendue au restaurant pour faire des shoots et prendre des notes pour avoir des éléments sur lesquels communiquer sur la durée des jeux.

Ces participants qui ont faim aux jeux de la francophonie

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Assise à une table, je me suis retrouvée très vite avec des voisins venant d’un autre pays que je ne citerai pas. Il y avait environ 10 jeunes gens venus participer aux jeux de la francophonie. Installés à une grande table près de moi, ils regardaient le menu avec envie et ne se décidaient pas à commander. Moi, j’étais à mon énième plat et je n’en pouvais plus. Devant mon plat de frites, je séchais grave.

C’est là, que l’une des jeunes dames de la table des participants étrangers c’est tourné vers moi et en chuchotant m’a demandé si je comptais finir mon plat de frites et si non est ce que je pouvais le lui remettre ?

Je n’ai pas hésité une seconde à lui remettre mon assiette qu’elle a partagé avec ses amis. Je devais recevoir un autre plat que j’avais annulé parce que je ne pouvais plus manger et j’ai regretté parce que je pouvais remettre ce dernier plat à cette table. L’un des jeunes hommes m’a demandé si j’étais ivoirienne. J’ai hoché la tête. Il m’a remercié pour ma générosité de même que toute la table. Ils ont trouvé dommage que j’ai annulé le dernier plat qui leur aurait bien servi.

Je suis triste de voir que des pays peuvent envoyer leurs citoyens à des jeux avec le stricte minimum sans penser au fait que pour réussir parfois il faut avoir le ventre plein. Ce restaurant a des couts vraiment acceptable mais pour ces participants la, c’était trop et c’est déplorable vraiment.

Courte et attristante est mon expérience de ces jeux de la francophonie.


Insécurité à Abidjan : j’en ai fait l’expérience

Abidjan fait partie des 10 villes les plus dangereuses au monde. Apparemment, l’insécurité est quotidienne. Je l’ai lu quelque part, un jour, sur Internet. Je me souviens d’avoir ri. Pour moi, cela ne pouvait être vrai. Et puis, il y a eu cette nuit là…

Ce soir là, je suis particulièrement épuisée. Je viens de rentrer du travail et je trouve mes frères et sœurs devant la télévision. Ils regardent un film très bruyant.

Je m’installe, avec une tasse de tisane, et je sors mon ordinateur pour travailler. Le film prend fin. Les plus jeunes montent. Moi, je demande à ma sœur si elle veut découvrir une nouvelle série. Elle me répond que son fiancé va passer mais qu’on va regarder la série après peut-être. Je finis donc mon travail et, tandis qu’elle accueille son petit ami, je monte prendre une douche.

Il est environ minuit lorsqu’on se met devant la série. Le premier épisode laisse ma sœur sur sa faim. On se donne donc rendez-vous le lendemain pour la suite. A ce moment-là, j’ignore que c’est la dernière fois que je vois mon ordinateur.

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Lion par AlexMcII via Lifeofpix CC

Au milieu de la nuit, un cri déchirant me réveille brusquement. Mes sœurs tremblent d’effroi dans leurs lits. Je ne comprend pas trop ce qui se passe. Je me redresse et je les interroge. Elles me répondent qu’il y a un bandit dans la chambre. Je regarde la porte : elle est ouverte. Dehors, c’est le noir absolu mais dans cette obscurité, se trouve une personne étrangère à notre maison, une personne qui menace notre sécurité, nos vies.

Notre cadette prend son courage à deux mains et se lève pour essayer de refermer la porte. L’intrus entre alors dans la chambre et tente de saisir ma sœur.

La peur est un sentiment complexe mais un sentiment qui donne des ailes et efface la mémoire. Je sais que l’une de mes sœurs a crié : il est armé. Après ça, notre cerveau c’est fermé. Si nous avons vu le visage de l’individu, il l’a effacé de notre mémoire.

Je sais que j’ai hurlé, appelant notre frère de toute mes forces. Ma sœur cadette par contre a essayé de retrouver le numéro de la police mais dans la peur, on n’est pas capable de grand chose.

Nos cris ont, heureusement, chassé l’individu, qui a préféré éviter de se faire arrêter. Il est parti avec mes deux ordinateurs dont un MAC, nous laissant la vie sauve et une impression de viol. Ça aurait pu dégénérer, ça aurait pu être pire, on aurait pu perdre la vie.

Cela nous a terrifiés : notre havre de paix avait été souillé. Et dire que nous avons une équipe de sécurité qui est supposée empêcher ce genre de choses ! 

 


Egalité des sexes : ils l’attendaient

Il y a quelques années, les règles changeaient dans le carnet de mariage ivoirien. Le foyer n’était plus soutenu que par l’époux. Les femmes avaient leur rôle à jouer dans la bonne avancée du foyer, autant financièrement que moralement. Egalité des sexes, pourquoi je pense qu’ils (les hommes) l’attendaient…

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La lutte pour l’égalité des sexes avait porté un de ses fruits. Je me souviens de l’annonce de cette nouvelle qui avait reçu des acclamations massives de la gent masculine qui voyait ainsi l’atténuation de leur responsabilité dans le couple.

Du jour au lendemain, il faut dire qu’ils l’attendaient, les choses ont changé dans certains foyers. Pour ces hommes qui peinaient à tenir le foyer, quelle aubaine ! Les taches ont été scindées en deux. Les femmes devaient faire leur part, mais en plus garder cette humilité et ce respect de l’époque où elles ne contribuaient pas.

Oh combien de fois, j’ai lu dans des groupes en ligne, des plaintes de ces femmes bafouées dans le foyer ! Elles devaient contribuer, être humbles, aimantes, et en plus supporter les caprices, les trahisons, les tromperies.

Cette loi a aussi changé les manières de courtiser une femme dans mon pays. Aujourd’hui, la première question d’un homme, c’est si tu travailles ? Si oui, où ? Si c’est libéral, on te demande si tu as une autre activité en plus. Sinon on te demande plein d’explications sur ton travail et quand tu poses les mêmes questions en retour, là tu n’as presque pas de réponses.

Tu dois justifier que tu mérites qu’on fasse attention à toi. Sérieux ?

Dès qu’un homme commence à me poser ce genre de questions, je ne réponds plus. Et surtout, je ne donne pas mon contact. Je considère que lorsqu’une personne nous plaît ce n’est pas pour les moyens, mais pour le cœur. Ramener tout à l’argent et se demander si cette femme pourra payer le courant, l’eau, canal ou internet, avant de décider si oui ou non on veut s’engager, c’est malsain.

C’est malheureusement ce que ce changement dans le carnet de mariage a occasionné. Et, apparemment ils attendaient ce moment avec impatience vu qu’ils l’ont saisi à bras le corps.

Égalité des sexes, moi je dirais surtout suprématie d’un sexe, mais bon…


La soupe Pasta e Fagioli efface les barrières sociales

La soupe Pasta e Fagioli est une soupe à base de pâtes et de haricots. Ce plat est à la base un plat de pauvre parce que ne contenant pas de viandes (cucina povera). Certains ingrédients sont incontournables comme les haricots blancs et les macaronis. Mais, la recette a plusieurs déclinaisons et peut être consistante ou en soupe. La soupe Pasta e Fagioli efface les barrières sociales, je vous raconte pourquoi !

Il y a longtemps, avant ma naissance, mon père était étudiant en architecture à Florence en Italie. Les conditions de vie étaient difficiles, vraiment difficiles et à un moment, il est tombé malade. Il a eu un infarctus et il a subi une opération à cœur ouvert (il a gardé une cicatrice qui traversait son tronc de manière horizontale).

Il a failli y passer et les médecins ont dit que s’il était encore en vie, c’était un miracle. Il a gardé le lit presque un an dans un hôpital public où il avait comme voisin de vieux Italiens. Ces vieux y étaient pour une raison ou un autre, mais surtout parce qu’ils n’avaient plus d’enfants ou que ceux-ci ne pouvaient plus prendre soin d’eux.

Les Italiens ont pendant longtemps eu du mal avec les gens de peau noire, c’est bien connu. Il y a quelques exceptions bien sûr. À cette époque, c’était pire qu’aujourd’hui. Mon père en savait quelque chose en tant qu’étudiant.

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Quand il s’est réveillé après l’intervention. Il s’attendait à vivre un grand moment de solitude au sein de cet hôpital, parce qu’entouré d’Italiens. C’est dans la salle commune en prenant sa première bouchée de Pasta e Fagioli avec des personnes qui comme lui souffraient de maux que les barrières sociales ont été balayées. Ils étaient tous semblables dans cette salle, dans cet hôpital. Ils étaient seuls et luttaient pour survivre.

Ce moment chaleureux où chacun prenait une bouchée de soupe et parlait de sa vie était le rayon de soleil dans l’océan terne de leur existence. Ils partageaient tout, leurs souvenirs, leurs peines, leurs espoirs, leurs histoires.

Il faut souvent peut pour que l’amour prenne les cœurs et que les couleurs se dissipent. Mon père a vécu cela. Il a découvert qu’une soupe, La Pasta e Fagioli, était un pont entre les cultures.


Ces attitudes des taximètres qui « chauffe coeur » à Abidjan

Depuis que je suis assez grande pour me déplacer seule, j’ai toujours emprunté des taxis à défaut de profiter de la voiture de ma mère ou de mon père. Je suis donc une rodée dans ce domaine et la négociation ou « arrangement » avec les taximètres, comme on le dit ici n’a plus vraiment de secret pour moi.

Je devrais donc avoir fait le tour de la chose depuis et ne plus être surprise, mais chaque jour, je découvre que les taximètres d’Abidjan ont plus d’un tour dans leur sac et que même quand on pense qu’on a tout vu, on est loin du compte. Vous allez donc découvrir juste en bas, ces attitudes des taximètres qui « chauffe cœur » à Abidjan.

Quand ils veulent causer et vous non.

  • Maman bonjour on dit quoi ?

Quand j’entends cette phrase, je sais que le trajet sera long et ponctué de diverses plaintes ou d’histoires ou même de tentative de discussion. Dans ce cas, je prends mes écouteurs et je me coupe du monde pour faire comprendre que je ne suis pas prête à discuter. C’est là que :

  • ils mettent la radio et mettent le son à fond

Dans ce cas, je suis bien obligée de ranger mes écouteurs vu que je ne veux pas me détruire le tympan en les suivant sur ce chemin. Dès que c’est fait, subitement, ils n’ont plus envie d’écouter la musique, et ils entament la discussion.

  • Quand ils n’ont pas de radio, ils allument le lecteur audio de leur smartphone

Parce que j’écoute la musique et que je refuse de discuter, il faut montrer que le smartphone a aussi un lecteur audio et que je ne suis pas la seule. Vu que le son n’est pas aussi puissant que celui d’une radio normale, ils rajoutent en chantant à tue-tête.

 

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Taxi d’Abidjan par Kokotaboy via Panoramio CC

Quand ils n’aiment pas l’arrangement, mais vous prennent quand même.

Je n’ai jamais compris cette attitude. Normalement quand on n’est pas d’accord on n’est pas obligé d’accepter. Ils disent oui, mais au fond ils sont en colères et c’est là que  :

  • ils filent à toute allure et tombent dans tous les trous

OK, parce que la somme que je donne ne plaît pas, je vais avoir le vertige, je vais avoir mal au ventre et je vais me choper des maux de reins. Je me demande pourquoi est-ce qu’ils acceptent s’ils savent que ça ne les arrange pas.

  • Ils disent « tcrhoouuu » (insulte de chez nous) jusqu’à la destination

Ce genre de comportements sérieux, ça me peine. J’ai dit mon prix et je pense qu’on a le choix ou de dire oui ou dire non alors pourquoi dire oui et m’abreuver d’insultes sur des kilomètres.

Quand ils ont des problèmes et que vous devenez une sorte de « messie »

Je me souviens d’être montée dans un taxi une fois et le monsieur m’a dit avec un air très sérieux :

  • maman c’est toi que j’attendais.

(pourquoi toujours on me dit maman !). Il avait déjà parlé, mettre mes écouteurs aurait été un manque de respect. J’ai dû écouter une histoire très sexuelle et donner mon avis. Ce n’était pas de la rigolade vu que le monsieur semblait réellement souffrir avec sa femme. Ils ont souvent des problèmes avec leurs épouses sûrement à cause du fait qu’ils sont tout le temps sur la route et que rester assis trop souvent diminue les compétences sexuelles (c’est ce que j’ai cru entendre).

Je pourrais citer bien d’autres exemples par exemple : quand ils ont le béguin pour toi, quand vous n’êtes pas de la même confession en période de carême… Mais je vais m’arrêter là

Et vous ? Quelles sont ces attitudes des taximètres ou autres transports en commun qui vous énervent ?


Apprendre à aimer à nouveau

La rupture

Il y a 3 ans, ma vie basculait. Après trois années de relations, je quittais celui que je pensais être mon futur époux. J’abandonnais la relation, je jetais l’éponge. L’on pourrait penser que c’est moi qui remportais cette bataille. Mais non, j’en sortais perdante, j’en sortais brisée. J’avais en main les morceaux épars de mon cœur en lambeaux et je ne savais comment les rassembler de manière cohérente. Je ne savais comme apprendre à aimer à nouveau.

La renaissance

Douleur, colère et échec assemblé m’ont fait sortir, telle l’essence sur le feu de la torpeur douce et amère dans laquelle je me complaisais pour me pousser à écrire à nouveau. Ma vie prenait un autre tournant, celui de blogueuse. Que d’aventures depuis dans ce domaine, que de choses apprises, d’expériences vécues bonnes comme mauvaises, mais surtout de victoires sur mes limites ! Cette épreuve qui m’avait brisée était l’épreuve qu’il fallait pour que ma vie prenne le bon chemin.

Le manque

Mais le travail n’est pas tout et ces trois années n’ont été que cela. Pour certains, je m’amuse plus que je ne travaille vu que mon blog le plus populaire m’offre la possibilité de déguster d’excellents mets. Ce que j’avoue apprécier énormément. Pourtant, je ressens ce manque. Et souvent, j’ai la nostalgie de cette époque où j’étais en couple.

Je suis sortie de l’histoire avec la peur atroce de faire confiance à nouveau. Je n’arrive pas à croire en ce qu’on me dit, je n’arrive pas à me laisser aller. Cela se conclut souvent par des prémices de relations qui n’aboutissent pas. J’ai bien essayé de mettre ma peur de côté. J’ai bien essayé de lever les épaules et d’aller au front la tête haute. Mais dès que je me retrouve en face d’un hypothétique partenaire, je n’ai qu’une seule envie fuir et vite.

Récemment, une aînée me disait que je devais cesser d’essayer de me mettre en couple parce que j’avais un travail personnel à faire sur moi même. Je devais régler plein de choses avant de pouvoir donner mon cœur sinon je ne ferais que faire souffrir et ça finirait comme la relation précédente, c’est-à-dire mal.

C’était direct, et j’avoue que je me suis sentie mal. Tout le monde ou presque est en couple. Les gens ont plein de problèmes, mais cela ne les empêche pas d’entretenir des relations. Pourquoi devrais-je attendre de guérir de quelques maux ? Surtout que je ne sais pas combien de temps cela me prendra. Après, je lui ai donné raison. Je n’étais pas prête. Je rêvais d’une idée idyllique du couple, mais ce n’était que cela. Du rêve à la réalité, il y avait un grand fossé.

J’aime à nouveau

 

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Couple par Pexel via Pixabay CC

Et puis, un nouveau changement est intervenu dans ma vie. Un événement insignifiant, faisant partie de la routine qui pourtant s’est avéré, comme la pierre qui terrassa goliath, déterminant. Tout d’un coup, mon cœur a recommencé à battre. C’est une image bien sûr, s’il ne battait pas je serais morte depuis. Mais je suis certaine que vous me comprenez. Mon cœur a pris des couleurs se teintant de vermillon. Et ma peur a fondu comme neige au soleil.

Je ne pensais pas aimer à nouveau, j’apprends


Mon premier Ramadan

Je me souviens de mon premier ramadan comme si c’était hier.
Je décide dans cet article de partager ce souvenir avec vous.Une soirée, il faisait chaud, terriblement chaud. Je devais avoir 9 ou 10 ans. J’étais assise dans la cour avec ma petite sœur, nous étions en train de jouer dans le sable. Papa était dans le salon et regardait la télévision tandis que maman était dans la cuisine avec la fille de maison à confectionner le repas.

Tout à coup papa éteignit la télévision et nous appela ma sœur et moi. Je me suis dit qu’il voulait nous raconter une histoire. Il a ce don pour conter. Je pris ma sœur par la main et nous voilà dans le salon. Papa n’avait pas la mine des bons jours et je me mis à réfléchir rapidement à la raison de son mécontentement. Je passais donc en revue toutes les bêtises que j’avais pu faire ces derniers jours mais je ne trouvais rien qui puisse le mettre en colère.

La décision

Il nous demanda de nous asseoir. J’avais les mains moites. Ma sœur, elle,  était trop jeune pour être inquiète. Papa se tourna vers moi et je déglutispéniblement.

  • Mamie (c’est mon petit nom), sais-tu que c’est le ramadan demain ?

Je ne savais pas que c’était le lendemain, mais je savais ce qu’était le ramadan : une période où mes parents ne mangent pas de toute la journée, et le soir, il y a plein de choses sur la table ! Il y a de la bouillie, des beignets, des plats qu’on ne mange pas d’habitude. C’est une période que j’adore !

  • Ah bon ! c’est demain ?
  • Oui, et cette année je pense que toi et ta sœur êtes assez grandes pour commencer le jeûne.
  • Le jeûne ?
  • Oui Mamie, le jeûne. Cela fait partie du mois de ramadan, c’est la période de privation pour se purifier et se rapprocher de Dieu. En plus des prières quotidiennes, on mange à 4 h du matin et on ne mange plus ensuite jusqu’à 18 h.

J’eu subitement mal à la gorge. Les bouillies, les beignets, les bons plats oui. Mais ne pas manger ? Nous sommes encore des enfants ! Pourquoi nous faire ça ? Mais à ce moment là je ne peux pas lui poser de questions. J’ hochais alors la tête et pris ma sœur par la main pour retourner dans la cour. L’esprit n’était plus au jeu hélas ! Demain, je n’allais pas manger de la journée. Cela me rendait triste.

J’entendis papa dans la maison faire les recommandations à maman. J’avais le cœur lourd. Quand il fut l’heure d’aller au lit, j’eus du mal à dormir. Je me tournais et me retournais. Je devais demander pardon. Je le ferai à 4 h du matin quand maman viendrait nous réveiller.

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Ramadan par Strecosa via Pixabay CC

Ce jour là

À 4 h, en face d’une bouillie de mil bien chaude, j’oubliais de demander pardon. Il faut dire que je ne me souvenais que vaguement de cette décision prise la veille par papa. J’avalais goulûment la bouillie avec ma sœur. Ensuite, nous sommes retournées au lit. Nous pouvions faire la grasse matinée car le lendemain il n’y avait pas école.

J’ouvris les yeux à 10 h et je pris ma douche. Ma sœur se réveilla juste après moi. On passa le reste de la matinée à regarder la télévision. Enfin, midi sonnait. Je me rendis donc à la cuisine pour demander ce qu’on allait manger et là, la fille me répond qu’elle n’a rien préparé. J’étais très étonnée. J’ai donc demandé pourquoi, elle me dit que c’était le ramadan et qu’on mangerait à 18 h seulement.

Au salon, ma sœur pleure déjà. Elle a faim et moi aussi. Je lui expliquais les raisons de ce « non déjeuner » mais je n’étais  pas sûre qu’elle comprenne mes propos. Elle comprend juste qu’on ne mange pas et elle pleure de plus belle. De mon côté, mon estomac se mit à grincer tels les gonds d’une armoire mal huilée. Nous n’avions tout à coup plus goût à rien. Nous voulions manger et puis c’est tout. Il fallu pourtant attendre 18 h.

Au final

À 13 h, la fille de maison pris pitié. Elle ne supportait plus les pleurs de ma sœur. De ce fait, attendrie, elle nous tendit deux plats de riz. Je me jetais sur le mien comme une affamée et le dévorais d’une traite. Ma sœur n’était pas en reste.

Finalement nous avons passé ce mois de ramadan à manger normalement ! Mon premier ramadan fut donc un échec. Cependant, cette année là, j’appris personnellement une chose nouvelle et essentielle : le sens de la privation. 

 


Aida Marguerite Bamba, qui es-tu ?

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La question

Je me souviens de cette question posée par une coach lors d’un évènement Google, un après midi au Sweet Garden, un restaurant situé à Abidjan à la Riviera II.

Sur le coup, je n’ai su quoi répondre. Toutes les personnes présentes avaient une réponse. Moi, je n’en avais pas. Je n’ai pu que répéter mon nom.

  • Je suis Aida Marguerite Bamba, c’est tout ce que je peux dire. Ai-je répondu ce jour-là.

Etat d’âme et introspection

Au fond de moi, j’ai ressenti une douleur ou plus précisément un mal-être. Il faut dire que je ne me suis jamais vraiment posé cette question. Je peux disserter des heures sur la transformation industrielle de matières premières, sur la création d’une nouvelle, sur la gestion d’un blog, sur la gestion de comptes sociaux, sur la vie, sur l’espace, sur la musique. Je peux aborder une pléiade de sujets, mais je ne sais pas qui je suis.

Ce jour-là, du Sweet Garden, je suis rentrée chez moi et j’ai fermé les yeux pour me remémorer mon passé pour essayer dans ces pans de souvenirs de trouver assez de substances pour me définir et pour que demain face à cette question, je réponde d’une voix forte : je suis…

Dans ces segments du passé, je me suis vue enfant, turbulente, comique, toujours en quête d’amis. Je me suis vue partageant mes repas, mes conseils, mes affaires, mon sourire, donnant mon cœur à deux mains. Je me suis vue, moquée, battue, blessée, étouffée, rejetée, brisée, entourloupée. Je me suis vue m’accrochant tel un naufragé à une planche de bois en plein océan révolté. Je me suis vu le regard au ciel criant à cette entité qui nous dirige tous mon désarroi, ma solitude.

Aida Marguerite Bamba, qui es-tu ?

À la fin de cette introspection, j’ai trouvé une réponse. La mienne n’est pas aussi belle que celles que j’ai entendues, mais c’est ma réponse.

  • Et toi, Aida Marguerite Bamba, qui es-tu ?
  • Je suis une survivante.