Faty

Dis-moi quel animal tu es, je te dirais quelle femme tu fais

Ce billet est le premier tandem – si je peux le nommer- ainsi que je réalise avec René Mouna, mondoblogueuse tchadienne, suite à une publication sur Facebook et qui m’a fort intéressée : en Afrique, il arrive de donner des noms d’animaux à des femmes selon leur comportement.

Oui Faty la malienne a raison, ceci est mon premier billet commun avec une mondoblogueuse. Tout est parti d’un fait qui aurait été banale si cela ne m´a pas interpellé.  Je suis allée rendre visite à une famille amie à la mienne. Le fils aîné rentré des études t venu lui aussi dire le bonjour à ses parents. Au moment de quitter, le père le bénit en ces termes «mon fils, que Dieu te donne une femme mouton». Le fils transformé par l´école des blancs demande à son père avec un air ébahi «c´est quoi une femme mouton papa ?» et la mère tout calmement de répondre «oui mon fils, ton père a raison. Il te faut une femme mouton qui te sera soumise  car une femme cabri est très indocile». J´aurais pouffé de rires si je ne connaissais pas l´état de santé mentale de la famille. Je ne pouvais imaginer que de grandes personnes raisonnables, respectées et sains d´esprits que je connais tiennent de tels discours dans leurs intimités.

Une femme dans la conception traditionnelle de l´Africain et du Tchadien doit être le mouton de Noel ou de tabaski qui subit coups, injures, injustices et inégalités sociales sans broncher pour dire qu´elle est brave d´où le sens même de l´excision (endurcir sans crier ni pleurer). Elle doit être le mouton du nouvel an qui suit son maître qui lui dicte ses humeurs, humours, lui sers ses caprices qu´elle, en bonne femme, assumer sans répondre. Elle doit accepter les infidélités du mari-dieu sans demander les explications avec la sagesse d´une femme respectueuse. Elle doit bon gré mal gré en bonne femme-mouton se plier aux exigences malsaines de la belle-famille qui fait la pluie et le beau temps dans son foyer, la réprimande pour une rien, se plier et avaler leurs messes basses.

Dépassée, je postais la phrase sur mon Facebook. L´article a ainsi germé

Faty répondit en premier avec bien d´autres noms d´animaux que jusque-là je ne pouvais imaginer qu´on puisse l´attribuer à la femme ; cet être sensible et plein de douceur. Selon Faty, La femme joue un rôle important dans la société africaine. Si dans certaines de nos contrés, elle jouit d’un respect, dans d’autres, nous remarquons surtout un comportement réducteur à la maternité et au mariage. Au Mali, la place et le concept du rôle de la femme dans la société dépend fortement de l’ethnie, n’empêche, ces sobriquets peu  glorieux sont présents un peu partout. Ils sont présents parfois dans les langues, certaines femmes même  les utilisent contre d’autres femmes, sans se rendre compte qu’une généralisation est fort facile. Elle raconte :

Mon plus lointain souvenir sur le sujet remonte au Niger et à un prêcheur- dont j’ai oublié le nom- qui parlait de l’importance du choix d’une campagne est délicat pour un homme, car il affirmait « le meilleur  « objet » qu’un homme puisse posséder est sa femme, le pire aussi est aussi sa femme ». Il conseillait ainsi de prêter attention au choix et  comme indication il donnait les types de femmes qu’on rencontre en se donnant des noms d’animaux.

–              « la femme chèvre »  est cette dernière qui parle haut.

–              « L’ânesse » celle  qui n’avancera qu’avec le bâton

–              « la chienne » est une femme dévergondée qui appartient à tous les hommes et qui te trompera toujours

–              « La poule » est cette ingrate qui ne sera jamais satisfaite

–              La « femme-mouton » toujours docile

Mon premier réflexe a été de me renseigner sur la véracité de ces propos une fois rapportés à l’islam. Je suis enseignante dans un institut de formation de maître franco-arabe.  Même si je fais l’objet de discrimination de la part de certains de mes collègues par ma seule présence dans leur salle de profs, je peux me vanter de disposer d’un chapelet de connaisseurs de l’islam qui répondent aisément à mes questions sur l’islam.

La femme dans les religions monothéistes

J’ai choisi le plus démocrate parmi eux, mon ami et collègue Youssouf Mossa, professeur de littérature qui est également imam d’une mosquée à l’hippodrome (un quartier de Bamako) en plus d’être aussi blogueur.

–              «  Youssouf, est qu’on traite la femme de noms d’animaux dans le coran ? »

–              «  NON !, la femme est fortement  respectée dans le coran. Ce respect est tel qu’on ne donne même pas son prénom que lorsque c’est fortement nécessaire. Pour protéger son honneur. Dans beaucoup de cas, tu remarqueras qu’on écrit « une femme », pas parce que le nom n’était pas connu mais par respect.  Ce n’est que lorsque c’est extrêmement nécessaires  et en bon exemple qu’on donne les noms comme celui de Aïcha (la femme du prophète Mohamed, paix et salut sur lui) ou Mariam (Marie, la mère de Jésus). Elle ne peut être confondue ou traitée par un nom d’animal.

Faty a raison de chercher la place de la femme dans le monde croyant. Il est vrai que la religion accorde une place importante à la femme, et ce, depuis la création avec Eve comme l´aide semblable à Adam. Cependant beaucoup d´hommes aujourd´hui se base sur les livres religieux pour assujettir la femme. Même les chrétiens ne s´en épargnent pas. Leur verset favoris est « femme soit soumise à ton mari (… )» et aucun homme ne va jusqu´à fin de ce verset qui recommande à l´homme de respecter et d´aimer sa femme au point de pouvoir se sacrifier pour elle. Que c´est merveilleux de lire sa Bible ou son Coran avec un ciseau en main. Les textes deviennent des prétextes et la soumission de la femme un devoir réligieux.

Au final, il  faudrait juste comprendre que ces comparaisons animalières viennent surtout de la tradition africaine. Que dis-je ? Pas seulement africaine, ces expressions sont présentes aussi dans la langue française.

–              La grue n’est-elle pas une prostituée?

–              La  bécasse = une  sotte, nigaude, véritable buse (encore un autre animal)


IBK, investi président du Mali pour 5 ans

credit photo: Moussa Kalapo
Crédit photo : Moussa Kalapo.

19 septembre 2013 : date importante dans l’histoire du Mali. Une vingtaine de présidents sont à Bamako pour  la cérémonie solennelle d’investiture de Ibrahim Boubacar Keita suite à son élection à la présidence de cet  Etat de l’Afrique de l’Ouest qui était devenu le sanctuaire de islamistes narcotrafiquants en avril 2012.

credit photo: Moussa Kalapo
Crédit photo : Moussa Kalapo.

Jamais le Mali n’a eu à accueillir autant de prestigieux hôtes : le roi du Maroc, une vingtaine de présidents africains et leur chef suprême (franchement), le président de la République française le socialiste François Hollande et un parterre de prestigieuses personnalités représentant toutes les organisations internationales imaginables. Bamako est devenue   «the  place be » to day.

Les sourires satisfaits étaient sur toutes les lèvres.  Et pas seulement sur les lèvres. Celui du président tchadien est bien excusable, car ce pays d’Afrique de l’Est qui est plutôt frontalier avec le Niger que le Mali n’a ménagé aucun effort dans la lutte pour chasser les occupants du Mali. Combien de Tchadiens ont perdu la vie dans ce grand désert que même nos soldats craignent (et ne connaissent pas en réalité, car délaissé aux trafiquants suite aux accords de « paix » précédents ?).

Je me demande si un culte du tchadien ne va pas naître au Mali. En tout cas il est naissant à Gao. Idriss Déby Itno, nous aurait insultés aujourd’hui, nous n’aurions rien dit je pense. D’ailleurs cela aurait bien étonné, car le président tchadien est à Bamako pour jouir des égards que lui a valu son intervention au côté de Serval  dans les montagnes des Ifoghas.  C’est bien que le rendez-vous du stade du 26 mars concorde avec la fronde de soldats tchadiens qui réclament soldes en retard et relève.  Quand les Tchadiens sauvaient la mise aux troupes en attente (un nom qui leur va bien !) de la Cédéao, la  Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (qui n’arrivaient pas à sortir des conférences des hauts gradés des armées pour intervenir concrètement, sans l’intervention, je ne veux pas dire l’aval de la France), ils applaudissaient à la ronde non ?

https://youtu.be/EXRK7QrUrVc

Maintenant, ce que tout le monde taisait saute à l’œil nu : les troupes de la Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) laissent le plus dur du terrain (le désert) aux Tchadiens (qui en sont les connaisseurs) sans leur donner leur dû. Pendant que les troupes burkinabè, togolaises, nigériennes, sénégalaises sont dans les centres urbains et profitent des avantages de leur mission (femmes et alcool) les Tchadiens restent dans la poussière, la solitude, les scorpions et les belliqueux touaregs de l’Adrar des Ifoghas. Je me laisse aller à chanter l’éloge de cette armée comme leur première dame Hinda Déby, le 8 mars dernier :

Soldat du Tchad, enfant du Sahara
Soldat du Tchad, enfant des tropiques
Fier guerrier, même sur les terres étrangères
Le voilà présent à l’appel du secours

Au premier péril, il mit ses mains !
Au second, il posa ses pieds
Il confondit les balles aux gouttes de pluie
Il assimila les bombardiers aux corbeaux

Là où l’armée française hésita
L’armée tchadienne s’y engagea
Là où l’armée malienne recula
L’armée tchadienne avança

L’Adrar des Ifoghas vibra de peur
Les djinns d’Igharghar vidèrent les lieux
Le cri du guerrier tchadien y élut domicile
Le fracas de ses armes tétanisa les environs

Abou Zeid croisa son destin tragique
Belmokhtar ne put fuir le sien analogue
L’antre des djihadistes changea de maître
Le guerrier Tchad investit le sanctuaire

L’aura guerrière du Tchadien est séculaire
Ce fut le Tchadien qui libéra le camp Kouffra
Ce n’est pas le général Leclerc qui démentira
Car le Tchadien était aussi de la 2e division blindée

L’ANT à l’assaut de Ouaddi-Doum
L’ANT à l’attaque de Bir-Koran
L’ANT à la prise de Maten-El-Serra
L’ANT à la conquête d’Aouzou

Les Bambara retiendront un nom : Tchadien
Les Songhoï chanteront pour le Tchadien
Les Mandingue se souviendront du Tchadien
Les Touaregs s’inclineront devant son passage

La Cédéao deviendra humble devant le Tchad
Les Africains de lOuest liront nos leçons de guerre
Car le soldat tchadien n’est pas un bidasse de salon
Moins encore un brut de cabaret

Aujourd’hui, le Tchadien a défendu l’Afrique
Demain, il défendra le monde
En attendant, gloire à nos martyrs
Et bientôt, le retour triomphal au bercail

Par Djiddi Ali Sougoudi

Ce jeudi, les rues de Bamako sont plutôt désertes, fraichement toilettée pour ses illustres hôtes arborant des drapeaux vert,jaune, rouge (celui du Mali) dans les axes principaux et les grands monuments et cachant ses parties nauséabondes et ses rues impraticables.

La star était encore Hollande, le président français, même si la ferveur n’est plus au rendez-vous. Maintenant les Français ne sont plus perçus comme les sauveurs qui ont chassé l’ennemi, mais  nous assistons plutôt à un retour en arrière.  C’est cette France qui soutient les rebelles touaregs contre Nous (les Maliens en général) qui permet au MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) de se promener avec un drapeau séparateur et indépendantiste et poussant des enfants à caillasser les voitures de l’armée malienne sans mot dire). Ceux qui ont baptisé leurs enfants François Hollande ne les rebaptiseront pas, mais ils hésitent certainement quant au nom sur l’acte de naissance (au Mali, on met du temps pour l’établir quand on le fait).

Hollande a eu un discours plutôt apaisant, rassurant, qui a conforté mon premier sentiment quand je suis entrée à Gao : le nord du Mali ne nous appartient plus, les Français ont remplacé les pseudo-djihadistes et ne partiront pas d’aussitôt. L’inauguration d’un puits par Serval dans une mosquée à Gao a conforté ce sentiment. Aujourd’hui, Hollande nous a rassurés (si l’on veut)  en affirmant dans son discours « La France sera là pour vous accompagner, pour le développement, pour l’Etat, la démocratie, pour la réconciliation ». Bon j’en oublie certaines parties de son discours du genre « Nous avons gagné cette guerre, nous avons chassé les terroristes, nous avons sécurisé le Nord ».

Venant fraîchement de Gao, je vous dirais que ces propos sur la sécurisation du Nord  sont nettement du ressort du chauvinisme. Les postes de contrôle sont laissés aux troupes maliennes qui sont encore égales à elles-mêmes.  Ils oublient la situation et l’état de guerre pour la recherche du gain facile. Je déplore une fouille des passagers qui est plus qu’approximative. Pas de fouille réelle des bagages. Pas de vrais contrôle d’identité. Il suffit d’avoir une carte d’identité en règle pour passer quelle que en soit la nationalité. Même pas de regard inquisiteur.  Que de militaires  (en permission certainement) à la recherche d’occasions (gratuites) pour rentrer en famille. Peut-être prêtent-ils oreilles aux conversations ou espionnent-ils les passagers ? Moi je n’ai nullement été rassurée en tout cas !

IBK, habillé d’une veste (au détriment de ses traditionnels habits en bazin trois pièces qui portent son nom) nous a encore servi le même discours du Mali reconnaissant, qui est cette fois dûment tourné vers une démocratie véritable, qui luttera contre la corruption, même si, nous n’avons pas pu faire le constat du début. A Bamako, toutes les arnaques continuent…c’est encore le MÊME MALI jusqu’à présent, peut-être que je devrais attendre un peu…

La paix et la réconciliation ont occupé aussi une grande place. J’espère que pour la réconciliation, le script, que nous soupçonnions d’avantager les Touaregs  (minoritaires) et de leur accorder une autonomie malgré les affirmations insistant dans le sens contraire sera abandonné.

Les regards sont surtout focalisés sur ces Touaregs et leurs revendications au détriment des vouloirs des populations majoritaires du nord du pays qui ont été les victimes de choix pendant cette occupation. Je ne sais pas pourquoi je pense à un adage que ma maîtresse  disait au CM1  » ce sont les bidons vides qui font du bruit« .

crédit Photo: Moussa Kalapo
Crédit Photo: Moussa Kalapo.

La réconciliation dépasse le niveau de ces tractations politiciennes entre des leaders politiques. Il y a ceux qui sont restés ont été victimes de viol, vol, amputation, humiliation et les autres qui sont partis craignent la vengeance et l’amalgame (ils sont pour l’Azawad quand ils ont dans les camps de réfugiés, mais pour le Mali quand ils sont au Mali).

 

 

 


C’est parti pour le changement au Mali

crédit photo: maliactu.com
crédit photo: maliactu.com

C’est ce qu’on penserait de prime abord après la nomination d’Oumar Tatam Ly au poste de premier ministre par le président Ibrahim Boubacar Keita. Pratiquement toute la communauté internationale retenait son souffle, dans l’attente du gouvernement. alors pour la malienne au patriotisme débordant,  c’est matière à billet…

Les amis et connaissances savent que je ne suis pas  fan de l’ORTM (office de radio diffusé et télévision du Mali). Comme Boubacar Sangaré, je pense que cet organe de presse est resté figé dans l’histoire et continue à être seulement l’outil de propagande de l’Etat de la période des  indépendances.

Tu es journaliste, engagé ou presque ? Tu n’y travailleras pas. Tu veux gagner seulement ton pain en faisant un métier que tu aimes, le journalisme ? tu ne serais certainement pas de ces fervents adeptes du journalisme alimentaire !

Donc quand cette télé -que j’aime tant-donna la liste des membres du premier gouvernement d’IBK, je regardais autre chose – sincèrement ? Les dessins animés-.  C’est par un truchement spécifiquement malien que j’ai appris la nouvelle.

C’est le coup de fil reçu par un visiteur de ma sœur que j’appris la nouvelle, juste après la prière de l’asr, vers 16 h 15.

A la malienne.

L’appelant lui annonçait que son parent qui était au gouvernement  de transition gardait sa poste.  Ce dernier appela  aussitôt le ministre en question en direct -dans notre salon hein ! – pour le féliciter.  L’appel ne passa pas, mais le ministre le rappela aussitôt – car c’est son neveu- et il reçut les bénédictions – en direct aussi hein ! – : « Que Dieu te donne santé  et prospérité dans ce travail, on t’a changé de poste ? Oui, mais ce n’est pas facile, l’essentiel est d’y rester. »

Dans un souci d’anonymat, je ne vous dirais point l’ancien poste ni le nouveau  du ministre en question, je sais que pratiquement tous ont eu ces genres de conversation avec leurs parents, ils sont (6) six. Les parents des nouveaux ont agi ainsi, aussi.  Au moins 34 bœufs ont été égorgés dans la ville de Bamako, cette nuit en guise de sacrifice. Les parents invités ou acceptés sur les lieux sauront qu’ils pourront revenir demander audience et espérer. Hé Mali !

Au Mali, être membre d’un gouvernement, c’est avoir une clé d’entrée dans les caisses d’état et y puiser pour les besoins  de qui vous voulez , à satiété. De l’indépendance, à nos jours, tous les ministres se sont servis sans être inquiétés. Le pays est dans des difficultés, mais on dirait que  le même état d’esprit  demeure… subsiste.

Du  gouvernement de transition qui vient de rendre son tablier,  nous savions – sans rien dire même si nous le désapprouvions- que la junte y faisait la pluie et le beau temps.  Mais comme son leader semble avoir une main mise sur l’armée, je me tais, tais ma déception envers mes compatriotes qui voient un héros en lui. J’ai bien peur de voir le scenario d’ ATT (Amadou Toumani Touré), libérateur du peuple se répéter. Il est important que « IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) décide de rentrer dans l’histoire africaine  »disait Sylvia Watt , juste hier.  En tout cas, les généraux n’ont pas besoin de démissionner pour se présenter aux élections…alors Maliens tenez-vous-le pour dit!

Une junte des plus incroyables qui s’en sort des mieux, après avoir précipité le pays aux mains des faux fous de Dieu, trouvant des excuses à la débandade des militaires maliens (pas d’armements,  pas d’hommes en renforts, rebelles privilégiés, corruption dans l’armée, pas de formation…) et mettant tout sur le dos du président ATT- pas aussi innocent en réalité-

Pratiquement les ténors de la junte ont utilisé la courte échelle que nous Maliens aimions tant : tu fais des frasques, mets ton pays à genoux et te voilà général ou titulaire d’un poste de ministre, à vie ?- parce que tu as su –et osé-  annoncer  les résultats du deuxième tour de l’élection présidentielle dès le premier tour. Hum…Mali. Changement viendra-t-il un Jour ?  So te pan, a den ka gunuma dit le proverbe bambara, quand un cheval bondit, sa progéniture ne peut ramper. Il y une culture du «  je profite de mon poste » au Mali auquel il est important que nous mettions fin.

Un gouvernement «  jugé » aussitôt pléthorique par tous ceux que j’ai interrogé (je vous assure qu’ils sont nombreux et que j’y ai dépensé mes sous d’enseignante qu’on dit radine). Pas moins de 34 ministres  et de nouveaux – et peu singuliers –ministères : urbanisme et politique de la ville, un ministère de la réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord.

Il y a  aussi les ministres délégués auprès des autres ministres –lucarnes ? Je ne saurais m’avancer –

Un gouvernement surprenant ? NON. Personne ne peut le dire. C’est la même ligne qui continue son tracé dirais-je. Il y a  ceux qui ont soutenu le candidat IBK, il y a ceux qui doivent continuer la besogne –suivez mon regard – déjà commencée pendant la transition, un ancien rebelle, et pour couronner le tout peu de femmes : 11% – de quoi rendre le défenseur des femmes Aphtal Cissé rose de colère-

Trêve de présentations voici la liste des membres de ce gouvernement:

  1. Ministre de la Justice, Garde des sceaux : Mohamed Aly Bathily
  2. Ministre de la Défense et des Anciens combattants : Soumeylou Boubèye Maïga
  3. Ministre de la réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord : Cheick Oumar Diarra
  4. Ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale : Zaraby Sidi Ould Mohamed
  5. Ministre de l’économie et des finances : Madame Bouaré Fily Sissoko
  6. Ministre de la sécurité : Colonel Sada Samaké
  7. Ministre du développement rural : Dr Bocary Téréta
  8. Ministre de l’administration territoriale : Général Moussa Sinko Coulibaly
  9. Ministre  du plan et de la Prospective : Cheickna Seïdy Diawara
  10. Ministres des domaines de l’Etat et des affaires foncières : Tiéman Hubert Coulibaly
  11. Ministre du commerce : Abdel Karim Konaté
  12. Ministre de la fonction publique : Bocar Moussa Diarra
  13. Ministre de l’environnement et de l’assainissement : Ousmane Ag Rhissa
  14. Ministre de l’équipement et des transports : Colonel Abdoulaye Koumaré
  15. Ministre du travail et des affaires sociales et humanitaires : Amadoun Konaté
  16. Ministre du logement : Mohamed Diarra
  17. Ministre de l’urbanisme et de la politique de la ville : Moussa Mara
  18. Ministre de la promotion de la femme, de la famille et de l’enfant : Madame Sangaré Oumou Bah
  19. Ministre de l’éducation nationale : Madame Togola Jaquéline Togola
  20. Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Moustapha Dicko
  21. Ministre de la santé et de l’hygiène publique : Ousmane Koné
  22. Ministre de l’énergie et de l’hydraulique : Frank Aly Keïta
  23. Ministre de la culture : Bruno Maïga
  24. Ministre de l’emploi et de la formation professionnelle : Ousmane Bany
  25. Ministre de l’artisanat et du tourisme : Madame Berthé Aïssata Bengaly
  26. Ministre de l’industrie et des mines : Dr Boubou Cissé
  27. Ministre des Maliens de l’extérieur : Dr Abdrahamane Sylla
  28. Ministre de la communication et des nouvelles technologies de l’information : Jean Marie Sangaré
  29. Ministre de la jeunesse et des sports : Me Mamadou Gaoussou Diarra
  30. Ministre délégué auprès du Ministre de l’administration territoriale, chargé de la décentralisation : Malick Alhousseini
  31. Ministre délégué auprès du Ministre du développement rural, chargé de l’élevage, de la pêche et de la sécurité alimentaire : Nango Dembélé
  32. Ministre délégué auprès du Ministre de l’administration territoriale, chargé des affaires religieuses et du culte : Thierno Oumar Hasse Diallo
  33. Ministre délégué auprès du Ministre de l’économie et des finances chargé du budget : Madani Touré
  34. Ministre délégué auprès du Ministre de l’économie et des finances chargé de la promotion des investissements et de l’initiative privée : Moustapha Ben Barka

Maintenant le challenge direct qui attend le président est la suite des accords de Ouagadougou, qui, étaient forts prometteurs pour les séparatistes, indépendantistes doublés de bandits de grands chemins, maitres en enlèvement de touristes  et de voitures, de viol, spécialistes des retournements de situations et de désaveux d’accord :  Le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad).

We are waiting…what will we see ?

 

 

 


A vol d’oiseau vers Mamady Keita

Après les portraits de Serge Katembera et de Boubacar Sangaré, ma série de portraits de Mondoblogueurs continue.

Mamady KeitaJe vous présente aujourd’hui un autre jeune du continent, autant prometteur. Une autre vie, une autre réalité, un autre combattant et un espoir pour son pays et notre continent : Mamady Keita,  le jeune étudiant guinéen perdu dans le climat plein de contraste de l’Ukraine.

La phase du Liebster Blog Award a bien permis de se faire une idée sur les  personnalités des mondoblogueurs qui ont accepté de se plier au jeu ( tant qu’ils n’ont pas essayé de jouer au malin !). Ce n’est pas pour me jeter des fleurs (au risque de me casser la caboche), mais je pense que ces portraits n’ont rien à voir. Ce n’est pas de l’introspection nombriliste, ni une exposition du meilleur profil de soi. En tout cas à mon humble avis !

Mamady Keita. KEITA  est un nom bien prestigieux au pays mandingue, les  Djelis ne lassent pas de chanter le nom de Simbo. Celui des  descendants de Soundiata Keita, grand roi qui fonda l’empire du Mali, le grand chasseur, le grand sorcier. L’homme généreux qui marcha après son septième hivernage et vengea les injustices faites à sa mère Sogolon.

« Naré Magan Diata. Sogosogo Simbo Salaba… héros aux noms multiples » dixit les griots. Je ne suis pas griotte mais je me plais à vous parler de celui qui m’a toujours appelé grande sœur. Un garçon sérieux  qui a facilement des fous rires, propriétaire d’un petit calepin qui en a aiguisé des curiosités (coucou Madame caraïbe de Mondoblog) dans lequel il note absolument tout.

C’est un garçon bien grand au regard empli de malice avec une petite touche de tristesse dû à la solitude de l’Ukraine (certainement). Il a 22 ans et étudie les mines  dans cette ville lointaine d’Ukraine  dont je prononcerai difficilement le nom (heureusement que c’est un portrait écrit !) , Dnipropetrovsk. Encore un autre citoyen du monde! Atypique ! D’où mon intérêt pour lui. Son blog  est une sorte de jardin secret qu’il cultive avec amour et évoque les sujets qui lui tiennent à cœur. Ses sujets de prédilection  sont relatifs à sa Guinée natale et à l’Ukraine qui n’est pas aussi accueillante, mais il évoque également des choses beaucoup plus gaies comme le football (c’est un grand supporter de Barcelone FC j’en suis bien contente, pour une fois que j’en rencontre parmi les Mondoblogueurs !), de journées culturelles dans son université, de ses voyages, de ses rencontres.

Mamady est de confession musulmane, d’ailleurs son vœu le plus cher est de faire faire le voyage à la Mecque à ses deux parents. La consommation de l’alcool est banni chez le musulman et Mamady fait de son mieux pour échapper à  la tentation, étudierait-il au Cameroun, il aurait senti le même dépaysement (suivez mon regard…) sur ce plan. A cela il faudra ajouter le racisme qui fait de ces jeunes Africains des cibles pour les groupes xénophobes du coin. Mais heureusement, « les Africains sont bien plus forts  et ne se promènent jamais seuls », sans chercher à être raciste hein !

Je pourrais aussi citer les problèmes liés à l’alimentation, au climat, aux langues, aux finances, au ramadan….

Vous devez le soupçonner et c’est une réalité, mais la vie d’un étudiant africain, noir, musulman est difficile, pleine de contraintes et de privations.  Mais l’espoir de revenir servir son pays et participer au développement de ce dernier aide beaucoup Mamady à relever le défi et à rester fidèle aux traditions dans lesquels il a été élevé, gardant son amour pour sa famille, sa culture, la cuisine, la musique, sa patrie (je ne voudrais pas citer les délestages si fréquents à Conakry) intacts. Il est plein d’espoir pour son pays, sa citation préférée est  « à cœur vaillant on peut déplacer des montagnes. C’est en quelque sorte mon credo de tous les jours. J’espère une fois mes études terminées pouvoir faire bouger ou aider à changer les choses ne serait-ce que dans mon quartier, ma ville, et pourquoi pas dans mon pays. »

La vie de Mamady est aussi teintée de solitude. Une solitude que Mamady essaye de noyer (pas dans l’alcool vous le savez déjà !) dans le cinéma, l’écoute de la musique, le sport, la lecture et le blogging.  Qui pourra croire que cet étudiant en mines, donc matheux, a toujours rêvé de devenir journaliste ? Que son premier métier était celui de reporter ?  Personne.   Il s’est apprêté à mon questionnaire avec gentillesse.

1.     Présente-toi

Bonjour, je suis Mamady Keita, je suis étudiant à l’université nationale des Mines de Dnipropetrovsk, c’est au centre de l’Ukraine. Cependant je tiens aussi un blog sur la plateforme Mondoblog de l’Atelier des Médias. Mon blog s’appelle A vol d’ oiseau et je l’alimente souvent après mes cours ; pendant mes heures creuses, car écrire à toujours été ma première grande passion.

2.     Tu es étudiant en Ukraine, peux-tu nous parler de ce pays ?

L’Ukraine est un jeune pays d’Europe de  l’Est car il n’est indépendant que depuis 1989. C’est le pays des extrêmes. Tenez par exemple, lorsqu’on prend le climat en hiver, il fait très très froid et en été la chaleur est caniculaire. Les températures vont parfois au-dessus de 40 degrés en été et en hiver avoisinent parfois les moins 30 degrés. Le pays compte beaucoup d’immeubles modernes, mais aussi assez d’infrastructures qui ont plus de cent ans. Tous les jours on vit de nouvelles expériences, on fait de nouvelles rencontres, on découvre de nouvelles choses, on affronte de nouveaux obstacles. Mais, à force de n’avoir pas toujours le choix on finit par s’y habituer.

3.    Quelles sont les difficultés que tu y rencontres ?

Elles sont nombreuses les difficultés. Elles sont principalement liées aux différences de cultures avec mon pays natal la Guinée, mais aussi de langues ou au coût de la vie qui est vraiment cher surtout il y a très peu de boulot étudiant. On parvient à tenir surtout grâce à l’aide de nos parents.

4. L’Afrique y est-elle présente ?

A part quelques étudiants et des expatriés en quête d’une vie meilleure, l’Afrique n’est pas du tout présente ici. Il faut dire que l’Ukraine et l’Afrique coopèrent essentiellement dans les domaines commerciales et de l’éducation.

  5. Etes-vous bien intégré en Ukraine ?

A mon avis le plus important en matière d’intégration c’est d’être respectueux envers les lois du pays d’accueil, mais aussi être surtout respectable. Pour le reste, c’est la routine. La vie hors du pays natal exige toujours beaucoup de sacrifice sur tous les plans (alimentaire, culturel…), mais il faut l’accepter et considérer que c’est pour un temps bien déterminé. Ensuite tout redeviendra normal une fois de retour au pays natal.

6.   Quels sont les problèmes que vous y rencontrez ?

Les problèmes ils sont nombreux, car contrairement à ce que l’on peut imaginer lorsque l’on se trouve en Afrique par exemple la vie est très dure ici. Il n’y a pas de travail et même quand on se démerde pour en trouver c’est souvent très mal rémunéré. Bien que les problèmes de racisme ont considérablement diminué, il y a encore des amis qui en sont victimes, ils subissent des injustices, se font tabasser ou injurier. Mais face à tous ces problèmes nous avons formé plusieurs associations qui défendent nos intérêts parfois mieux que les consulats et les ambassades souvent immobiles.

7.    Quel est ton lien avec ton pays d’origine la Guinée ?

Bien que je sois à des milliers de kilomètres de mon pays natal, je pense à la Guinée tous les jours. Je suis l’actualité sociopolitique, économique et culturelle de très près. Je pense aussi tous les jours à mes parents, mes frères et sœurs bref à toute la grande famille, mais aussi les amis. S’ils lisent cette interview j’aimerais qu’ils sachent tous que même si je suis très loin d’eux je les aime du plus profond de mon cœur.

8. Comptes-tu y retourner aussitôt les études terminées ?

A la fin de mes études je crois que je rentrerai très vite en Guinée, car on a plus besoin de moi là-bas que n’importe où ailleurs. Je rentrerai pour apporter mon grain de sel, ma modeste contribution à la construction et au développement de mon pays. C’est la chose qui me tient le plus à cœur. Peu importe à quel niveau ce sera, je répondrai présent comme j’ai vu mon père toujours le faire. Ceci est un choix dont je serai toujours prêt à assumer les conséquences au cas où il y en aura.

9. Peux-tu nous faire une analyse de la situation politique actuelle de la Guinée ?

Malgré que les militaires ont rendu le pouvoir aux civils à travers une élection présidentielle qui a porté au pouvoir l’actuel président de la République le professeur Alpha Condé, la Guinée peine toujours à organiser des élections législatives censées définitivement mettre fin à la transition politique créée par le coup d’Etat du Capitaine Moussa Dadis Camara en décembre 2008. Et pour cause le pouvoir et l’opposition guinéenne mettent leurs intérêts partisans au-dessus de tout, cela parfois au détriment de la stabilité. Cependant l’accord qui vient d’être signé le 3 juillet dernier entre les deux parties ouvre à mon avis une lueur d’espoir. Cependant cet espoir ne m’empêche pas d’être prudent car le plus dur reste à venir, je pense à la phase d’application de cet accord qui a trop longtemps été attendu. J’espère que la classe politique fera vraiment preuve de responsabilité en appliquant cet accord qui permettra à la Guinée d’en finir avec cette transition qui n’a que trop durer. Cela permettra aussi le retour en masse des investisseurs pour que la Guinée connaisse enfin le développement cela près de 55 ans après son indépendance.

10.   Les jeunes Africains peuvent-ils croire en un avenir meilleur ?

Les jeunes Africains ne doivent pas s’assoir et attendre les opportunités venir à eux, mais ils doivent aller chercher et retrouver ces opportunités partout où elles se cachent. Ce que je suis en train de vous dire est loin d’être un vain discours, j’y crois et je l’ai vécu. Tenez par exemple il y a un peu plus de 3 ans j’étais à Conakry. C’était les vacances, donc je passais mes journées entières à la maison en compagnie des autres jeunes parfois plus âgés que moi dans le quartier autour de tasses d’Attaya (thé).Un jour je me suis levé et je suis allé voir le directeur de publication du Groupe de presse l’indépendant-le Démocrate, je lui ai expliqué qu’écrire, témoigner était ma passion. Il m’a répondu que ça ne suffisait pas pour travailler dans un grand journal comme le sien. Je l’ai supplié de me donner juste une semaine pour le prouver que je pouvais être à la hauteur de sa confiance. Il m’a donné une chance et au bout de deux semaines je produisais tellement qu’il m’a proposé un contrat. Pendant ce temps mes amis parfois des diplômés en journalisme, en lettres modernes continuaient à préparer leur attaya sous « l’arbre à palabres » tout en se plaignant du manque de boulot. Je ne gagnais pas des millions avec mon petit travail de jeune reporter, mais au moins ça me permettait de ne plus demander le petit déjeuner à Papa et à Maman etc…Je crois que le temps est venu que les jeunes Africains croient en eux-mêmes. Il faut aller vers l’Etat et les entreprises, car les cinquante dernières années nous ont prouvés qu’ils (l’Etat et les entreprises) ne viendront jamais nous chercher sur nos lits pour nous proposer du travail bien rémunéré. Je dirai pour finir qu’il faut aussi que nous pensons à être deux fois plus compétents que la normale et cela passe par la formation, la lecture etc…

11.   Quels sont tes loisirs ?

J’aime beaucoup jouer et regarder des matchs de football. Je passe aussi beaucoup de temps à regarder des films ou écouter de la musique. Parfois je vais me promener sur les bords du Dniepr le fleuve qui a donné son nom à la ville où j’habite actuellement en Ukraine : Dnipropetrovsk.

 

Crédit Photo: Faty
Crédit Photo: Faty

 

 


Le poulet aux plumes #3

Après un voyage retour vers Gao beaucoup moins mouvementé à bord de la voiture particulière d’un projet de développement, me voici dans la cité des Askia à mener une vie de ménagère encore deux mois avant la reprise des cours à Tombouctou ‘’inchallah’’.

Je retrouve Gao et son délestage. Pas  d’électricité le jour, Oui ! Deux nuits sur trois ? C’est ce qui est dit mais ce n’est  jamais effectif. Je suis là depuis vendredi et ce n’est que ce dimanche nuit l’énergie du Mal Mali nous envoya le précieux sésame.

Je me dis « vite, branche ton téléphone » je pourrais travailler avec la vieille dame (mon ordinateur) et coucher (pas accoucher car l’exercice est beaucoup moins douloureux !)peut être un article. Mais il me faut d’abord finir le diner ; surtout que nous avions des invités.  A peine une heure de temps et c’est le noir… je veux dire le clair de lune … coupure ! Dans une heure l’électricité reviendra certainement.  Je me demande quand est-ce que je mettrai cet article en ligne, l’envoyer à la ravissante Raphaëlle Constant ? Elle est en vacances… vaut mieux attendre…attendre n’est pas un poids dit le proverbe…  et puis…tout ce qui fait le pourtour d’une maison fini par entrer  par la porte alors… dit un autre proverbe.

N’empêche, Je suis bien pressée de vous parler de cette nouvelle façon de cuisiner le poulet que j’ai découvert à Gao mais il me faudra attendre le bien vouloir de l’EDM (énergie du Mali). L’électricité est bien revenue une heure plus tard, mais il me faut prendre  mon mal en patience, dompter mon instinct de konghosseuse. Ce n’est qu’une fois débarrassée de toutes mes corvées d’africaine au foyer que je pu me consacrer à ma passion.

Ce billet s’ajoute bien volontiers au deux premiers de la série sur les femmes maliennes même si l’auteure de la recette n’a point atteint l’âge d’être une femme. Mais elle nous amène à parler d’un autre fait de notre société que je ne peux que dénoncer : le mariage précoce. (Même s’il n’est pas forcé dans ce cas)

C’est une heure après mon arrivée à Gao que j’ai entendu parler de cette recette qui me fit penser à Aurore (à cause de son poulet bicyclette ?).

C’est l’histoire d’une fillette qui ne doit pas avoir 13ans qui a convolé en justes noces avec un homme de l’âge de son père pour en être la seconde épouse.  Elle était consentante, dit-on et bien contente de se marier à celui qui lui donnait  autant d’argent de poche qu’elle voulait. Celui qui acheta le téléphone (chinois) pour jouer la musique qu’elle désirait tant.  Elle sourit avec béatitude lorsqu’on l’appelle «  waye hidjo » « la jeune mariée » bien  qu’elle n’en donne pas l’image.

Mais est-elle en âge de comprendre les dangers d’une grossesse à cet âge ?

Une jeune mariée en pays songhaï porte des habits neufs, amples, est tressée avec art et  surtout reste un bon moment sans sortir. Ce n’est pas le cas de Madame… (Appelons là Madame Z, pour ne pas dire X qui pourrait faire penser à mal) qui aime encore faire ce que toutes les petites filles du monde, je veux dire africaines ce sont elles que je connais le plus : jouer et se promener avec ses amies du même âge.

Donc bien que ses parents l’eussent donné en mariage, Madame Z n’est pas du moins consciente que son statut en société a changé bien qu’elle sourit à son nouveau nom. Elle ne semble pas. Non. Elle ne connait pas la signification du mot bien qu’ayant déménagé chez lui, elle ne fait pas encore.  Et personnellement je me suis posée des questions sur l’identité et le poids du cerveau de ses deux parents réunis (plus petit que celui de madame Z en tout cas !) surtout sa mère. Bien après je me demandai si la mère n’avait elle-même pas été mariée au même âge. Car, dans ce bas pays on marie les filles avant qu’elles ne soient pubères.  D’ailleurs, ma voisine n’est pas très contente de sa fille Nanna, du même âge que Madame Z   qui a refusé un mariage du même genre. Si elles étaient  scolarisées, elles auraient eu un prétexte. Mais la scolarisation et la rétention de la petite fille à l’école n’ont  pas un bon taux au Mali. Les parents pensent que le mariage est le meilleur des moyens de les protéger de la débauche et des grossesses prématurées. Quand, les petites filles font comme Madame Z et apportent un homme prêt à les épouser, ils sont contents, que dis-je ils en sont ravis, heureux…Ils en sautent de joie.

Madame Z ne sait pas ce qu’est le mariage, elle n’en connait pas les contraintes pour une femme en Afrique. Il faut non seulement faire le ménage (toute seule hein ! au pire tu peux avoir une aide-ménagère) mais aussi accepter d’être aux ordres d’un mari à qui tu dois respect.

Sa vie est plutôt joviale  chez ses parents, jusqu’au jour où son mari décida de lui faire passer un petit test (au bout d’un mois de mariage et de stage chez sa maman) en lui       apportant deux poulets à cuire pour le déjeuner.

Madame Z n’ayant pas encore eu le temps de se mettre à côté de sa maman pour apprendre à faire la cuisine ou le ménage fut dans l’embarras pour préparer le mets de son mari chéri en l’absence d’une mère pas très futée aussi.

Heureusement que le dégustateur de poulet prit le soin d’égorger les poulets avant de les lui laisser. Car après un tour au marché pour acheter des condiments sans grand choix, Madame Z  parvint à faire du feu bon gré malgré et après  les condiments, les poulets lavés dans un grand seau d’eau atterrir dans la grande marmite. Sans les plumer !

Ce sont deux de ses amies, qui ne l’avaient pas vu depuis le matin qui vinrent la trouver fort occupée.

–          Qu’est-ce que tu prépares ?

–          Des poulets

Aussitôt l’une ouvrit la marmite.

–          Mais comment tu es en train de faire ?

–          J’ai mis les condiments et les poulets

–          Mais il y a les plumes !

–          Oui, je les ai bien lavés.

–          Tu es folle ? on enlève les plumes, elles sont sales

–          « Macine waye hidji tini »? tu es quel genre de jeune mariée ? lui dirent-elles en éclatant de rire.

Mais elles firent descendre la marmite et plumèrent les poulets déjà embués de tomates et autres épices. Mais il fallait être courageux pour le manger. Les fillettes se sont bien amusées avec sans prendre le soin de se laver les mains.

Quand à Madame Z,  Elle ne sembla même pas comprendre la portée de sa recette si innovante.

Lorsqu’on me la montra aujourd’hui au marché je compris. C’est vraiment une fillette.  Sans poitrine. Maigre. Joyeuse.  Présentement madame Z est en apprentissage chez sa propre maman. Je me demande quand est ce qu’elle sera jugée apte pour avoir son foyer, dans deux ans ? Trois ? Elle aura au pire 16 ans. Encore petite !

On ne rit que de malheur, dit un autre proverbe djerma…faut-il donner cette recette à toutes les petites filles qui se retrouveront dans cette situation ?

Il faudrait surtout pour  la reconstruction, que  nous  prenions en compte la scolarisation de la fille. L’école et l’éducation sont les meilleurs moyens d’échapper à une vie entière de peines et de corvées. Il ne faudrait pas  oublier l’apport de ces jeunes une fois alphabétisées au développement de la région et du pays tout entier.

Voyons l’exemple des premières filles scolarisées d’Afrique : Madame Jeanne Martin Cissé de la guinée,  Awa Keita, Sira Diop du Mali, elles ont participé au mouvement libéral de l’Afrique en luttant pour son indépendance.

 


La leçon malienne

crédit photo: malijet.com
crédit photo: malijet.com

Le président de l’URD, Soumaïla CISSE, classé 2ème au premier tour des élections présidentielles du Mali, le 28 juillet avec plus de 19% des suffrages exprimés vient de reconnaitre la victoire de son adversaire IBK au second tour.
Il semble que le pays est arrivé à amorcer une marche vers la normalité…

Je ne crierais pas vive IBK comme d’autres depuis dimanche! mais je respecte fort le nom KEITA.
KEITA est un nom lourd de signification dans notre histoire. Soundiata Keita a créé l’empire du Mali, Modibo Keita est le premier président de la République, Salif Keita notre premier footballeur de renom… Je pourrais en citer encore d’autres:  le chanteur Salif, keita, l’ancien Barcelonais Seydou Keita, le champion du monde de Taekwondo Daba Modibo Keita aussi!
Que ce soit un Ibrahim Boubacar keita qui soit élu président du Mali pris entre Serval, Misma, la junte et le peuple plein d’espoir… Nous devons nous réjouir;

C’est un tournant décisif certainement!
Je garde l’espoir… j’ai foi en mon pays, d’où un billet aux couleurs du drapeau malien.

Un proverbe Bambara dit : « Allah minè djon tè malo », Celui qui croit en Dieu ne sera jamais humilié.

Bien le bonsoir les amis


Lettre ouverte d’une malienne au futur president du Mali

credit photo: abamako.com
credit photo: abamako.com

Excellence Monsieur le président

C’est le cœur plein d’espoir que je vous écris cette lettre. Je sais, vous ne me connaissez pas, mais bon je suis juste une jeune malienne qui ne veux garder  que l’espoir et crois à un avenir rayonnant pour son pays malgré les mésaventures que nous avions connus  depuis notre indépendance en 1960. Je sais que la campagne électorale sera fermée ce soir et que les dés sont déjà jetés.

Monsieur le président, quel que soit votre nom, je n’ai pas voté pour vous, sachez-le. Pas parce que j’ai mis un bulletin blanc dans l’urne  comme j’en avais l’intention, ou parce que je ne comprenais rien à la procédure de vote comme beaucoup de mes compatriotes.

NON, je n’ai pas voté parce que je fais partie de ces milliers de maliens qui ont pris la poudre d’escampette vers le sud lorsque leurs villes ont été occupées par des barbus maigrichons et analphabètes qui prônaient une autre charia.

Ces déplacés qui ont acquis le titre de réfugiés dans leur propre pays. Et avec le privilège de devenir invisible. En effet, mon président, j’ai l’impression de ne pas exister.  De n’avoir plus les mêmes droits que les autres maliens. Bien sûr,  je continue à percevoir mon salaire d’enseignante mais encore… c’est à peine si j’arrive à m’en sortir avec toutes ces dépenses et la responsabilité de la capitale : Nourriture, loyer, transport, santé. Nous n’étions pas habitués à cela dans notre  « nord », je ne veux pas dire notre brousse  comme pensent beaucoup d’autres. Nous y étions bien, et là-bas nous étions des citoyens à part entière qui pouvions voter quand l’occasion se présentait.

Monsieur,  je ne veux pas du tout m’épancher sur votre passé, que ce soit celui d’un premier ministre  qui supprima la bourse des collégiens durant son mandat ou d’un ancien ministre des finances originaire justement d’un nord qu’il semble l’oublier. Mais prennez en compte la souffrance de ces déplacés qui ne veulent que la « paix » pour retrouver leurs terres et leurs occupations d’antan.

Mon président, ne soyez pas comme tous ces candidats à la présidence qui nous ont promis le changement  pour mettre en place un savant système de corruption et favorisant le népotisme qui a mis les jeunes du pays sur les routes clandestines de l’immigration. J’espère que cette fois-ci le discours envers les jeunes ne sera pas seulement feux de paille ayant pour but de les pousser seulement à vous accorder leur voix.

J’espère qu’une refonte du système éducatif sera votre chantier. Nous en avons besoin. L’école malienne est à genou. Les écoles privées qui ne pensent aux subventions de l’état au détriment de la qualité dès l’enseignement fleurissent chaque jour aux cotés de celles élitistes que seuls les enfants de riches, vos enfants peuvent fréquenter. Je vous en prie, ayez pitié de ces milliers de paysans, analphabètes qui pensent plus à la main d’œuvre dont ils ont besoin pour l’agriculture aux techniques archaïques qu’ils pratiquent, qu’à inscrire leurs enfants à l’école.

Mon président, surtout pensez à la femme malienne. Qu’elles soient rurales ou citadines, aidez-les à s’extirper de pratiques obscurantistes comme l’excision et le mariage forcé pour lui permettre aussi de participer au développement de son pays ; un citoyen  qui aura étudié, qui  se sera forgée une opinion et s’en remettra aux décisions des hommes.  Je ne suis pas un dragon du féminisme qui voudrait couper la tête de tous  les hommes, responsables de leurs malheurs, non, je suis juste une jeune malienne engagée pour son pays.  Qui voudrais que vous permettiez aux femmes d’être des acteurs du développement, d’être  députés, maires, directrices, PDG .

Parce que ressortissante du nord du pays, je ne vous dirais pas de penser  au développement du nord, non, je suis malienne, j’ai parcouru le pays, et je sais que le sud n’est pas plus mal loti que le nord. Je sais que certaines idées divulguées dans ce sens pour justifier cette rébellion ne sont pas fondées.

Moi ce que je voudrais, c’est que vous combliez ce fossé qu’ils veulent creuser entre le nord et le sud du Mali par le racisme ou la religion.

Monsieur, je tiens à ma nationalité, à l’unicité de mon pays plus que tout. Comme tous les vrais maliens. Comme vous j’imagine. Je vous fait confiance pour empêcher à ces séparatistes qui ne sont en réalités que des commerçants qui troquent facilement la Kalachnikov contre une guitare, si ce n’est un micro, de faire reprendre à notre pays  un nom presque oublié : Soudan. Le soudan du nord et celui du Sud existe déjà, s’en ai assez. Le Mali est un et indivisible. Faites-le leur savoir. Monsieur.

Ils veulent l’autonomie ?  Je ne sais pas ce que vous dites sur ce sujet dans votre programme, mais la décentralisation, la démocratie, la liberté d’expression n’est-elle pas une autonomie ? Sachez –le, moi et beaucoup de maliens vous en voudrons si jamais,  vous vous hasardez à tomber dans le même piège que le président qui vous a précédé et dont il est inutile de dire le nom. La moindre faveur en leur égard se retournera en votre défaveur et pourra servir à vos adversaires des élections prochaines. Nous ne voulons plus d’eux dans notre armée. Ils veulent des avantages ? Qu’ils laissent tomber les armes pour se consacrer aux activités qui connaissent et qui peuvent  leurs rapporter des revenus : l’élevage, le commerce, la musique, l’hôtellerie. Qu’ils oublient le trafic de drogue et la politique du peuple martyre.  Le peuple touareg n’a que trop souffert . Il  aspire à la tranquillité  et à la paix pour jouir des bienfaits du  désert  et leurs troupeaux du pâturage.

Mon président je ne sais pas comment vous allez vous en prendre, mais je vous en prie,  faites renaitre notre armée de ses cendres.  Oui, cette armée qui a fait objet de tellement de railleries (de part aussi hein !) dont vous serez le maitre, doit être le garant de notre souveraineté. Je ne voudrais plus jamais entendre dire que nos soldats ont replié, qu’ils ont été massacrés par des rebelles mieux armés, qu’ils ont fait un coup d’état ou pire qu’ils se sont entretués  comme nous l’avons vu  faire les bérets vert et rouge. Plus de sous-couvert pour les recrutements et plus de junte qui jouit de privilèges de chef d’état et nous oblige à nous arrêter aux feux de signalisations à chaque passage.

Mon président, le chantier est fastidieux, mais je crois en Dieu, je crois en vous. Je serais là, à chaque tournant de votre pouvoir pas pour vous juger, mais juste parce que le Mali est mon pays et je veux y rester et y vivre.  Mon vote aux prochaines élections présidentielles dépend de vos réalisations durant ce mandat si délicat.

 

credit photo: maliactu.net
credit photo: maliactu.net

 


28 juillet 2013, jour de vote à Gao

« Don ka djan’ a sebali tè » quelque que soit la longueur de la nuit, le soleil fini toujours par se lever, disent les proverbes du bambara au français.

Les élections présidentielles si clamés et vus comme imposées au Mali malgré les protestations du président par interim Dioncounda Traoré ont lieu aujourd’hui 28 juillet 2013 partout au Mali. C’est à n’en pas croire ses yeux car la partie nord du pays a été longtemps occupée par multiples groupes qui se donnent et s’affilent à l’islam.( laissez-nous en douter).

Ce jour tant attendu m’a trouvée à Gao et me voilà devant; en train de vous conter l’evènement contre vents( réellement hein!  la nature semble s’etre rendue compte qu » il y avait quelque chose à emporter) et coupures d’électricité ( en réalité le terme de coupure ne convient pas à Gao car en fait il n’y a pas d’électricité, c’est parfois qu’il vous arrive d’en avoir et toujours la nuit.)

La campagne m’avait permise de savoir que les femmes allaient jouer un rôle important dans l’évènement vu les abus dont elles ont fait l’objet pendant le joug du MUJAO (qui rime étonnement avec Gao) mais non, fières, elles continuent à porter leur voile;assurément pour démentir certain reportages de l’après libération où on voyait des femmes se dire libres et enlever leur voile.

Des propos d’un délégué de la CENI du  centre du Château, il faut souligner une grande affluence  de la population.   Je ne le démentirai pas. mais j’ai surtout remarqué cela, doublé d’une grande confusion chez les votants.  En effet, beaucoup ne savaient pas vers quel bureau de vote de diriger.

Les populations des régions qui étaient occupées depuis avril 2012 ne recevaient plus la télévision nationale, donc pas d’information concernant le scrutin et la nouvelle carte de vote NINA.  C’est ainsi que  le gardien à qui sa femme expliquait qu’il lui fallait chercher  sa photo parmi les papiers qui étaient collés dans la grande salle et ensuite  choisir la personne de leur choix (il s’agit de la photo d’une personne souriante qui a des lunettes et est placée en première position sur la grande feuille) et de poser une marque sur le côté.  « Mais pourquoi vais-je voter pour la photo de quelqu’un d’autre alors qu’il y ma photo ? Je ne peux pas voter pour moi-même ? »  A-t-il dit pince sans rire.

Baba (c’est son nom) n’est pas seul dans cette position. Nombreux sont les électeurs qui ne pouvaient pas  s’orienter dans le centre du château où je me suis rendue. Pas pour voter. Je vous l’avais dit je pense, je ne figure pas sur la liste de Gao. Mais observer ne me fera point de mal.  Les femmes en mal de renseignement sont assises à même le sol devant la salle d’affichage des listes d’électeurs.

Blogger permet aussi de sentir ce plaisir viscéral d’appartenance à une nation. La vision de tellement de voile dans  cette école pour ce vote m’a fait quelque chose que je vous décrirais difficilement une sorte de nœud au ventre avec une sorte de gout salée à la bouche avec une sorte de joie mêlé à de l’espoir.

J’y suis allée à une heure d’affluence des femmes en ce mot saint du ramadan. Vers 14h.  Une heure où les femmes pouvaient prendre du repos entre le repas des enfants qui ne jeunent pas et le début de la cuisine des nombreux repas pour la rupture du jeûne.

La première vieille que je rencontrai fut la première personne que j’interrogeai :

«  bonjour maman, tu as voté ? »

« bonjour. Non je n’ai pas voté »

« pourquoi ? »

« je ne sais pas où je dois voter »

« Tu as ta carte NINA ? »

« Oui elle est avec moi »

« As-tu voté dans le passé ? »

« Il y a longtemps,  l’année où ou j’ai eu mon dernier enfant j’ai voté pour Alpha Oumar Konaré »

«  Et cette fois-ci ? »

«  Je vais voter pour que Mali sorte des problèmes et qu’on retrouve la paix enfin à Gao et partout dans tout le Mali »

Je l’ai aidé à retrouver sa salle avant de me diriger vers le bureau de vote N°3 où j’apercevais une connaissance faisant le rang : occasion rêvée pour prendre la photo témoin d’une femme  glissant sa feuille dans l’urne.  Il ne me reste que 4% de batterie pour ma wiko, mais j’insistai quand même et eus la photo. Maintenant il me faudra me fier à mes yeux et à mes oreilles.

Je vis des choses pas très catholiques qui se passaient sous un arbre. Mais c’est juste à côté des forces de l’ordre qui étaient plus disciplinés que les gens autour. Arme plantée au sol, le policier de l’entrée semble rêver d’un plat de riz au gras avec son regard vide. L’autre a la tête baissée et est figé. Ce n’est que lorsqu’il interdit  à un enfant qui tenait une grande tasse certainement remplie de nourriture que je compris qu’il était bien vivant.

C’est  aussi  quelque que vous ignorez certainement mais les votes ressemblent à une grande fête pour les maliens… euh je veux dire les maliens qui font de la politique.  Les  partis accompagnent les électeurs jusque dans les bureaux de vote en leur apportant à manger et à boire. C’est à en croire que peu de votants  jeunent car les tasses étaient plutôt grandes.

Une vieille voiture assure le transport des électeurs qui habitent loin. Une voiture blanche surmonté d’une arme porte UN (nations Unis). Un casque bleu se trouve sur le toit.  Que de Délégués et d’observateurs ! S’ils votaient tous, les résultats en changeraient.

Cette fois-ci je vous propose des photos en lieu et place de mon long discours (j’allais dire bavardage, mais s’en est jamais… n’est pas Ibohn ?)

Reste à voir ces résultats qui contiennent l’espoir de tout un peuple.

 Enfin on aura la paix pense-t-on à Gao.


Prenez de l’argent et votez pour moi…

C’est le slogan de La campagne électorale  de cette période « exceptionnelle » (comme se targe de le répéter tout le monde entier vis-à-vis du Mali).Pourquoi ? Je constate le  même défilé des directeurs de campagne vers  les associations féminines des quartiers pour leur offrir polo, argent, pagne, sucre, céréales… Au lieu de présenter un programme en bon et du forme.

Déjà à Bamako, je plaisantais avec ma belle-sœur Mamou à ce propos : elle est dans le bureau constitué en vue des élections. Elle dit vouloir voter pour IBK et  elle est bien silencieuse quand je lui demande les couleurs du parti pour lequel elle était sensée militer. Il faudra qu’elle en finisse avec tous les repas qu’elle doit préparer pour la rupture (j’allais écrire coupure comme c’est le mot qui correspond au même terme dans nos langues nationales) et de vendre ses beignets  et la glace.

A Gao, la réalité est la même, avec une plus grande ferveur, car les femmes de Bamako sont un peu négligentes cette fois-ci. Les jeunes semblent  plutôt sceptiques. Beaucoup ont été retiré les cartes NINA, mais  hésitent quant au choix. D’autres, ne pourront point voter même s’ils le voulaient car déplacés de guerre, ils n’ont pas les moyens de rejoindre les localités dans lesquelles ils ont été inscrits.

Où n’en voient pas la nécessité comme moi. Longtemps, je prenais comme prétexte la non-réception de ma carte NINA. Mais mon beau-frère me l’a envoyé à Bamako  juste avant que je ne largue les amarres. Je n’ai voté qu’une fois, j’avais 18 ans et étais pressée d’accomplir ce geste citoyen qui me donnait du baume au cœur. C’était  dans une école du Niger.  Depuis, je suis arrivée au Mali. Je l’ai découvert. J’ai perdu mes illusions. Je n’ai plus voté.  Je m’étais laissée aller vers le parti de celui pour qui j’avais voté : l’ADEMA, le parti de l’abeille. Par parce que j’aime les insectes ou par gout pour le miel. Non. Parce que j’étais (suis-je encore ?) de conviction socialiste. Mais…

Plus de mais possible une fois ma carte NINA en main. Il faut que je fasse un choix et que j’aille voter.

Voter ? Balivernes… Qui choisir parmi tous ces… (Florian mon frère donne-moi un mot pour qualifier ces gens). Je ne vois absolument pas lequel de ces candidats pourrait faire mon affaire et l’affaire de mes compatriotes.   Ceux du FDR (le front du refus) formé après le putsch du 22 mars ? Jamais ! Ce ne sont  que les dignitaires de pouvoir depuis belle lurette(je ne veux pas écrire ATT car ATT les a trouvé aux commandes et a fait son commerce avec eux). Je les connais tous et pourrait émettre un chapelet de choses à leur reprocher. Les autres je ne les connais pas et sachant que ce ne sont que des maliens (oui les mêmes maliens qui ne pensent à profiter et faire profiter leurs parents, j’en suis une hein ! j’en suis même fière d’avoir cette nationalité !).

Je ne suis pas contente d’étaler un découragement civique, mais vous en avez entendu parler  certainement : peu de maliens voteront. Les taux des scrutins passés n’ont jamais atteint 40%.

Je le disais à Aphtal, dans le silence de son bruit, quand il publiait son billet confession sur son choix de ne pas voter.

Je voterai bien maintenant. Un bulletin blanc pour dire NON à cette imposition. Mais pour les mêmes raisons que nombre de déplacés du nord vers le sud, je ne voterai pas. Etant à Gao, je ne voterai pas. Pour pouvoir le faire il me faudrait rejoindre Tombouctou et aller dans le bureau de vote du quartier sankoré où figure mon nom sur la liste électorale et d’où ma carte NINA a été retirée.

En plus le président de ma république personnelle, ministre de l’administration du territoire et des finances est à Gao. J’y suis.

Cependant les femmes de Gao font la course aux pagnes et aux dons des partis politiques. Ma voisine se décarcasse comme un beau diable, sans rien avoir en retour. Elle m’a d’abord parlé d’une première somme de 50.000 F qu’elles auraient eu du bureau de campagne d’un parti aux couleurs. Ensuite  il y a eu les pagnes et une autre somme de 50.000F et un sac de sucre de 50 kg.  Elle n’a eu qu’un Kg de sucre.   Mais pourtant elle a bien donné sa carte d’identité  et sa carte NINA pour qu’ils en relèvent les numéros et les lui ramènent. Je lui bien expliqué qu’elle n’aurait pas dû. Mais  comme elle, beaucoup de maliens ne sont pas instruits et les niveaux d’analyse ne sont pas aussi haut. Je me suis contentée de ricaner en entendant le leader du même parti crier au risque de fraude organisée.

Oh les politiciens.

J’ai posé la question « pour quel parti tu vas voter ?» Pour me faire une idée des tendances.

Je l’ai surtout posé à des femmes et des villageois.  Des personnes qui votent pour  des raisons différentes des nôtres.

Une première femme, interrogée à l’entrée de Gao, quand elle me montra fièrement sa carte NINA me donna une réponse fort édifiante sur les conditions des femmes ici. Elles sont libres c’est vrai, elles vont et viennent, portent librement le voile maintenant mais restent complètement sous contrôle de leur mari ou de leur frère.

  • « je ne sais pas d’abord.  Je suis de retour d’une visite chez mon frère. Lui et tout notre village votera pour l’abeille. Maintenant je vais chez mon mari et je ne sais pas pour quel parti il votera. Comme je suis inscrite là-bas, j’attends d’entendre ce qu’il me donnera comme consigne ».
  • «  quel est ton propre choix ? »
  • «  je n’ai pas de choix, ce que mes hommes me diront de faire suffira »
  • «  toi tu ne voteras pas pour celui que ton mari va te recommander ? » me dit-elle
  • «  mon mari ne me le dira même pas car il sait que je ne le ferai pas. »
  • «  je serai seule dans l’urne. Si je veux je crache dans l’enveloppe avant de mettre dans l’urne » même quand mon mari était sur une liste aux législatives je n’ai pas voté.
  • «  vous êtes les femmes de  maintenant et vous êtes en ville. Nous ne pourrions pas faire ça tu sais » me dit-elle en s’éloignant, voyant déjà un diable en moi.

 

Si j’étais à Tombouctou, je n’aurai eu aucun mal à être le délégué d’un parti, vu mon niveau d’étude, mais à Gao, dans ce quartier reculé du château. Mais j’irai bien faire un tour des bureaux de vote du quartier avec ma voisine qui est déjà une bonne amie.Si d’ici là j’arrive à avoir une plaque solaire pour charger mon wiko. En tout cas je compte sur l’aide ma communauté notamment  Limoune, Bouba 68, Michel, Boukary Konaté… pendant que j’entends un avion faire une ronde. Je pense à ces films en noir et blanc que je regardai sur Télé Sahel sur le Royal Air Navy… le bruit des avions d’Hitler.

Bien le bonjour !

 


Les amis, je suis à Gao

 

Credit photo: Faty
Credit photo: Faty

J’ai quitté Bamako dans les mêmes conditions que tous les déplacés du nord du Mali : Difficiles.

C’est en croire que les compagnies de transport se moquent de nous. Au pire, ils nous prennent pour du bétail.   J’étais en partance pour Gao. Le billet m’a coûté les yeux et le nez de la tête. En plus je n’ai pas droit amener une seule chemise  (je veux dire un pagne car je ne porte pas de chemise) avec moi. Il m’a fallu payer  l’équivalent du prix du billet pour qu’une partie de mes bagages puissent me suivre après un effort que vous aurez du mal à imaginer. Mais je vous raconte : j’étais convoquée à la gare de cette compagnie qui a pour effigie une chamelle (ou c’est un chameau ?) à 10h. J’y suis arrivée bien à l’heure, voulant respecter mon statut de « ponctualité personnifiée ». Mais la place était déjà bien prise par des bagages de tous genres : des sacs de voyage, des valises, des sacs de riz remplis d’autres choses quand ce n’est pas du riz et du sucre, des balluches gigantesques…

Il faut dire que la blogueuse en situation  que je suis est aussi surchargée : deux valises et deux sacs.  Un agent de la compagnie les marquèrent sans parler argent. J’en fus étonnée car d’habitude c’est ce dernier qui prenait les frais de transport des bagages. Une connaissance  de Tombouctou qui partait bien à Tombouctou et comptait descendre à Douentza, me dit que la compagnie ne prenait plus de frais pour cela. Hum… attendre n’est pas un poids dit un proverbe Djerma.

En effet, il a fallu attendre vers midi pour les entendre nous dire d’embarquer les bagages.  Un monsieur qui semble être le convoyeur contrôlait que tout bout de voyage passait par un certain Mohamed, un jeune arabe qui parlait bien le sonrai de Gao. Ce dernier ne voyait que les voyageurs qu’il semble connaitre mais ne se gênait pas pour fixer des sommes faramineuses pour ces bagages.

« Seuls les sacs de voyage et les valises doivent embarquer, les sacs doivent aller par le camion qui partira demain » disait la consigne. Mais Mohamed fit embarquer plus que des sacs, des grandes tasses attachées dans des draps. Mais je vous assure je me suis débattue comme  diable pour me retrouver nez à nez avec mes bagages dehors. Car ne pouvant pas réussir l’exploit de les porter tous ensemble et surtout de les faire embarquer d’un coup comme ceux qui maintenant sont tranquillement assis dans le car que le chauffeur fait ronfler d’ailleurs. L’énervée grave.

Quand je dis à Mohamed en sonrai « donc celui qui ne te connait pas ne doit pas acheter un ticket dans ta compagnie », le convoyeur m’entendit. Mohamed  se contenta d’essayer de chercher  une place pour la Nième baluche d’une vieille dame de sa connaissance. Il ouvrit un coffre qui était rempli de sacs de tout genre. Le convoyeur vint s’arrêter. Je me mis à protester de plus belle.

«  Donc je ne partirai… c’est la première fois que je voyage par cette compagnie, je crois que ce sera la dernière ! Une fois n’est pas, que dis-je n’est jamais coutume. » Le convoyeur réagit comme je m’y attendais.

« Mais c’est rempli des sacs de sucre, faites sortir ces sacs et mettez les valises de la dame. Ils partiront par le camion ».  Le Mohamed continuait à pousser son sac pour qu’il entre. Le monsieur le lui tira des mains et ordonna à un apprenti de tout débarquer.

« Madame payez la somme qu’il vous a dit de payer. »

« Mais il ne m’a pas parlé depuis l’aube que je suis  là ! C’est combien ? Mohamed. »

« 15.000 » « pour mes habits seulement ? Ok je paye, de toute manière c’est juste ce moment, quand nous aurions tous rejoints notre nord, nous verrons à qui vous allez faire ça ! ».

C’est en sueur que j’entrai dans le car qui s’apprêtait d’ailleurs à partir.  Le convoyeur est juste derrière moi. « Il n’y pas de place » me plaignis-je.

Il me fit asseoir et me dit en plaisantant. «  Toi si tu ne fais pas attention, tu vas payer le cola ».

Et me voici en route pour Gao. Du moins le croyais-je car nous ne sortîmes pas de Bamako que nous respectâmes la tradition avec ces compagnies : panne.

La voiture ne pourra pas nous amener à Gao. Je fis cette conclusion en voyant le chauffeur et ses apprentis s’éloigner du véhicule après avoir tenté une réparation pendant une quinzaine de minutes. Au bout d’une heure. On me donna raison car un monsieur (certainement un enseignant car parlant beaucoup et ayant des lunettes) vint annoncer la nouvelle. Ce n’est qu’au bout de 5h de temps que le bus de rechange arriva.

Quelle aubaine. Je vais en profiter pour changer de la place car le voisin avait encombré la mienne de bidons de 20 litres vides. Je veillai au transfert de mes bagages avant de me chercher une bonne place. Ceux qui perdirent leurs places cherchèrent à faire une fronde. Mais je me contentai juste de suivre d’une oreille discrète, sachant que je ne laisserai la mienne pour personne.

Le trajet a été plutôt tranquille, ponctué  de contrôle d’identité aux différents postes de  sorties et d’entrées. Rien de changé à par le nombre des hommes en uniformes.  Ceux qui n’ont pas de pièces d’identité continuent à payer les mêmes 500 F CFA sans reçu.  Il a y juste une étrangère qui devrait être camerounaise ou ghanéenne à qui ils demandent chaque fois le carnet de vaccination sans pousser le contrôle jusqu’à lire la date du dernier tampon.

Beaucoup de villes traversées. Fana, Ségou, Bla, San, Sévaré. La présence militaire augmente au fur et à mesure qu’on approche du nord.  Je n’ai pu faire un constat concernant la ville de Konna car nous l’atteignîmes en pleine nuit. Avec ma si grande vision, c’est à peine si je voyais le bout de mon (joli !?!) nez.

credit Photo: Faty
credit Photo: Faty

« La frontière du Mali » dixit un officier malien, en Novembre quand je partais à Tombouctou, en pleine occupation.  Les militaires maliens qui y étaient avaient une férocité indescriptible. Ils ont failli me manger pour mon appareil photo à l’aller et au retour mes bagages et ceux des autres voyageurs ont été fouillés pièce par pièce. Le militaire chargé de la besogne en profitait d’ailleurs pour nous crier dessus et donner des coups de rangers dans les valises ouvertes.

« Ce n’est pas nous votre problème, allez-vous en prendre aux maigrichons barbus qui vous ont chassé du nord, au lieu de nous enquiquiner ici ! » avais-je pensé à l’époque.

Mais à Douentza,  je pus faire mon premier rapport : la ville est hyper militarisée maintenant.

en route vers Gossi
Crédit photo: Faty

En Novembre 2012, la ville était sous contrôle du MUJAO (Mouvement pour l’Unicité du Jihad en Afrique de l’Ouest). Je me rappelle que nous nous (les femmes du voyage) étions déjà ensevelies dans nos voiles intégrales que j’hésite à appeler Burka car faites en voiles légères et de couleurs chatoyantes. Là , plus d’obligation, mais j’ai mon voile quand même. Je le portais bien avant que ces bandits se rassemblent pour prôner « leur charia particulière ».

Au poste de l’entrée de la ville, il y avait un pickup et quelques jeunes recrus « peulh et haoussa du Nigéria » avais-je constaté.

Maintenant, ce sont des maliens. Ils ont arrêté à l’entrée du car et tu donnes ta carte d’identité pour sortir. Celui qui semble commander se fait appeler « français » par les autres. Il est mince. Droit. La mine renfrognée. Un français. Un français ? Qui sourit dès qu’on leur remit la somme de ceux qui n’ont pas de cartes d’identité. Un malien. Je souris et secoua la tête (encore ! c’est un geste que j’exécute chaque fois que je ris jaune, quand j’ai mal pour mon pays.)On  n’en finira jamais avec cette corruption ! En pleine guerre, ils pensent encore à se mettre les sous des pauvres citoyens dans les poches.

Cette fois-ci que de militaires : des bérets verts, des casques bleus,  des maliens, des tchadiens  et quelle nationalité encore ? Un béret rouge stoïque, se tient comme un robot. Il semble attendre notre départ pour nous accompagner.  Que de voitures militaires. De longs véhicules marquées de l’insigne « UN ». Mais aussi des voitures de la campagne électorale bariolées aux couleurs des candidats et de leurs partis.  Une femme qui passe sur une belle Djakarta bleue neuve. Oh, la liberté est vraiment dans cette contrée !

Le reste du chemin jusqu’à Gao fut ponctué  par ces contrôles plus que légers ; juste pour détecter les fautifs qui ne l’ont pas. C’est comme s’ils ne savaient pas qu’il y a eu une pénurie de papier pour confectionner le fameux sésame qui semble représenter un certificat de non adhérence à la rébellion.

 

Le poste de Gao ne s’est présenté que vers 17h.  C’est bien différent. Le car s’est rangé sur le côté. Nous nous regroupions devant un premier militaire qui nous demande de passer présenter nos pièces à un autre à 5m. Je demande s’ils pratiquent une fouille au corps.

« Non » me répondit une femme qui semble avoir plusieurs fois fait le trajet.

«  Ça se faisait pendant les premiers jours de la reprise de la ville car on craignait ce qui se font sauter. Ils contrôlent juste les hommes.

« On regarde aussi si toutes les femmes sont des femmes. » dit une autre. Nous avons marché 100m pour être rejoints par le car et traverser rapidement le pont Waberia.

Dès les abords du pont, je pus capturer  par une première photo la place importante des femmes dans la vie de cette ville historiquement songhoï.


Ca bouge encore à Bamako

Aujourd’hui 15 juillet 2013, je me suis réveillée bien tôt ; c’est à en croire que je n’étais pas sur pieds dès 4h45h du matin pour le repas prémices du jeun musulman. En plus, j’ai dû regarder la télé une bonne trentaine de minutes pour pouvoir faire la première prière réglementaire avant de me coucher. Bon, « toute femme africaine doit se lever tôt » disent les bambaras. Ont-ils raison ?

Aujourd’hui je passe mon dernier jour à Bamako. J’ai tout mis sur pieds pour mon voyage à Gao. Le billet du car a été acheté il y a une semaine. Les valises sont prêtes. Il me reste plus qu’à retirer mes derniers sous de la banque pour ne pas partir les mains vides car je n’ai pas lésiné sur les dépenses.

Donc j’étais devant la banque avant l’ouverture, en partant déjà j’avais remarqué cette affluence des étudiants devant l’ENSUP, juste à la descente du pont Fahd. Cela m’avait un peu intriguée car je savais que les professeurs de l’enseignement supérieur avaient déclenché une grève illimitée pour revendications auxquels je ne m’intéresse plus. C’est ainsi depuis que j’étais étudiante j’ai connu deux années blanches dans mon cursus scolaire « grâce » à ces professeurs du Niger au Mali.

Etant l’une des premières dans la banque, j’ai pu effectuer l’opération de retrait bien vite et reprendre le chemin du retour, déjà que je ciel menace !

Arrivé au niveau du ministère des finances et de l’économie, les premiers signes d’un mouvement estudiantin me parvinrent : les voitures partant par là-bas bougeaient lentement.

Quelques mètres au ralenti me permirent de comprendre. Une marche des étudiants contre la violence policière.  Les pancartes en attestaient. Les voix aussi. Une voix fine de femme qui tranchait des autres me fit sourire : ça me plait, des femmes en action.

Credit Photo: faty
Credit Photo: faty

C’est l’occasion rêvée pour mettre en action la partie de la formation qui porte sur le blogueur en situation. Mais c’est bien difficile de conduire une moto et de prendre une photo avec mon wiko en plus. Je risque de le voir se fracasser contre le bitume.  Pas la peine. Je décide d’avancer. Une marche en deux parties. Les motos cyclistes devant les piétons. Les policiers anti-émeute qui ont l’habitude de les escorter ne sont pas là ! Est –ce parce que les pancartes dénoncent la violence policière ? Hum…. Ça va chauffer.

La dernière fois, c’était juste la semaine dernière des troupes de policiers « fous » (c’est le seul qualificatif que j’ai pu leur trouver)  c’étaient pris à des étudiants qui faisaient un sitting contre la grève des professeurs qui nuit à leur avenir. Des  étudiants frappés, bastonnés jusqu’au sang. J’ai entendu parler de deux morts. Leurs motos qui étaient au parking ont été cassées et brulées, des bâtiments de l’université mêmes ont été saccagés  par…cette furia policière. C’est à ne rien comprendre, quand tu regardes la télévision nationale : pas un mot. C’est à en croire que nous ne sommes pas sur les terres : le Mali.

Pour monter sur le pont, il faut prendre une petite aile qui tourne vers le fond de la nouvelle cité ministérielle qui porte le nom significatif de Malybia. Et là, que vois-je ? Un véritable bataillon de policier qui semble être commandés par une femme.  Matraques et lanceurs de bombes lacrymogènes à point. Surement prêts à foncer sur les étudiants. La rage me prend contre le pouvoir. Et on targe à dire que le Mali est une démocratie ? L’envie d’écrire une autre lettre au président par intérim Dioncounda Traoré me prit. «  Ça ne sert à rien, me dis-je aussitôt, il ne la lira pas. C’est une Autriche. Tous les maliens sont des autruches. » Ils ne voient que ce qui les arrangent.

J’accélère sur mon allure pour arriver vite à la maison et écrire cet article. Ces militaires, ces policiers nous emmerdent. Je suis presque fâchée.

Crédit Photo: Faty
Crédit Photo: Faty

Mais ma surprise est encore plus grande lorsque j’arrivai au milieu du pont qui semble avoir un problème. Un accident grave sur le pont ? Non les voitures sont ralenties par quelque chose.  Je me faufile rapidement avec ma  moto entre les voitures et là surprise : ce sont d’autres étudiants (quittant certainement la colline du Savoir de Badalabougou) qui sont sur le pont. Ils sont encadrés par une trentaine de policiers anti-émeute qui ne leur empêche pas de progresser (heureusement). J’ai envie de jeter ma moto ou de la garer.  Pas moyen. Je m’arrête un court instant pour prendre quelques photos. Une voiture derrière moi klaxonne fortement derrière moi. C’est certainement un taxi qui s’énerve contre moi. Je me retourne. Oui ! J’ai bien deviné. Je jette mon wiko dans mon sac accroché au guidon de ma moto et avançai rapidement.

La montée du pont est complètement bloquée par cette marche.

Crédit Photo: faty
Crédit Photo: faty

IMG_20130715_0909559h est l’heure où les maliens partent au travail. Beaucoup de voitures. Que de motos. Certains, empressés s’énervent d’autres discutent derrière les vitres. Je suis sure que beaucoup adhèrent aux idées des étudiants. Mais que faire ? Aucun malien n’est prêt à faire quelque chose pour que les choses changent. Un véritable peuple de béni oui-oui.  Personne pour dénoncer quelque chose !

Je dépasse deux grandes pancartes des candidats à la présidentielle. Les mêmes promesses. Les mêmes mensonges. Une première promets la réalisation de 500.000 projets de femmes en posant avec des vieilles femmes certainement des rurales (il a dû leur donne juste quelques sacs de céréales) je secoue la tête et tourne.

Une centaine de mètres plus loin, un autre candidat, d’autres promesses, cette fois-ci la pose est faite avec des enfants.

Crédit Photo: Faty
Crédit Photo: Faty

Pauvre Mali !

 

 

 


Petit accident entre femmes

crédit Photo: Faty
crédit Photo: Faty

Bamako est une ville très particulière quand on se réfère à la circulation routière. Le nombre des motos étonnera celui qui vient d’autres cieux (à part Ouagadougou qui est pareille). L’étonnement ne serait pas dû aux couleurs variantes (et parfois criardes) des motos, à la vitesse frénétique des conducteurs (mais possible), ni à leur coiffure à la Balotelli. Non, ce sont les conductrices qui détonnent à Bamako.

Ici, les filles sont folles de motos et c’est de l’euphémisme. Tu veux draguer une jeune midinette à Bamako ? Tu as intérêt à avoir une belle Djakarta qu’elle pourra enfourcher quand elle le voudra.  Si elle est gentille elle te le laissera et exigera tu lui en achète, sinon mon ami,  tu es mal barré.  Tu es chanceux si tu parviens à te trouver une copine aux parents assez riches pour lui en acheter une.

Il n’y a pas d’âge ou de type de femmes pour conduire une moto. Toutes en conduit. Les adolescentes, les femmes jeunes, moins jeunes, grandes, courtes, grosses, noires, blanches ou sérieusement dépigmentées.

Il n’y pas aussi de métier pour cela, à part qu’il est possible de croiser des femmes travaillant pour des projets en brousse conduire des DT, des motos de 125cm tout-terrain, ou d’autres motos qui sont vues comme masculines.

Hier en revenant d’une course en ville, j’ai assisté à un accident des plus étonnants. Au lieu de créer la compassion, il faisait plutôt rire les passants.

Une fille élégante, vêtue d’un pantalon noir collant à ses jambes fines et d’un joli body orange agrémenté de grands verres fumés et d’une chevelure longue et châtaigne venait à toute allure. Elle avait une passagère qui semble être sa sœur (à cause de leur ressemblance) derrière. Une autre fille, tout autant élégante, avec un habillement fort ressemblant à celui de la conductrice, à part les couleurs qui sont différentes, arrêtée sur  le bord droit du goudron voulu traverser juste au moment où la moto arriva à son niveau.

Le choc entre la piétonne et l’engin était pratiquement inévitable. La conductrice freina brusquement, évita la passante mais s’écrasa sur le côté. Les deux tombèrent justement sur la passante. Elles se relevèrent ensemble. Plus de peur que de mal, semble-t-il, mais juste à côté de la moto une perruque. La conductrice et la passante sont têtes nues.  Toutes deux coiffées comme des garçons. Des élèves policières ? en tout cas cette coiffure n’est pas commune pour une femme au Mali, même si elle est fréquente en Côte d’Ivoire ou dans d’autres pays limitrophes. Elles portent toutes deux des perruques. Donc il en manque une.

Non ! la passagère de la moto avait récupéré la perruque de sa sœur pendant que celle-ci essayait d’extirper sa jambe d’en dessous. L’habillage en plastique a pris un sérieux coup et des morceaux trainent sur la chaussée. Les femmes se mirent aux bords pour se disputer pendant que les passants regardent la perruque en riant.

 


Fin des cours à Bamako,Tombouctou j’arrive…

 

Credit Photo: Faty
Credit Photo: Faty

 

C’est le même rituel depuis que l’enseignement normal existe. Le CFTQ est la place to be, pour tout enseignant  de l’enseignement normal, par amour du devoir bien fait, peut-être mais c’est surtout  pour les indemnités auxquelles ces corrections donnent droit. En effet nous ne sommes plus aux années de Moussa Traoré, Où la correction d’une feuille coutait à peine 100 FCFA. Maintenant elles rapportent des sommes rondelettes si le lot de feuille corrigé est important : 460 FCFA par feuille.  Quand on connait l’attrait de l’enseignant pour l’argent !

Je suis de l’exercice depuis juillet 2008, j’ai bien failli ne pas y être l’année dernière  avec la disparition de mon nom des proposés à la correction (je me demande si mon nom n’est pas tombé dans le fleuve pendant notre repli stratégique vers Bamako). Avoir aidé au travail administratif et joué le rôle du directeur des études jusqu’à la veille de la rentrée scolaire 2012-2013 ne m’ont en rien servi. Quand tu es une femme, dans un monde d’arabisant, reste à ta place. Tu as plus de chance de t’attirer leurs courroux que d’être proposée à un poste de responsabilité. J’en ai fait l’expérience. Pas si triste que ça ! C’est une autre leçon de la vie. Ce ne sont pas seulement les voix du seigneur qui sont impénétrables, ceux du monde des enseignants maliens aussi !

Cette année encore nous revoilà sur les bancs si peu confortables de cet établissement privé qui s’étend sur deux étages comme un château-fort, d’un blanc sale bien sale.  Le roi qui règne sur ce royaume s’appelle Amadou Alpha, du CECE (centre des examens et concours de l’éducation) . Un homme d’une rigueur bien exemplaire, si ce n’est cela j’imagine la cacophonie qui règnerait. D’aucuns sont prêts à tout pour mériter son estime pour être toujours convoqué.

Avant cette crise du nord et notre (nous enseignant, élèves-maitres, administration de l’IFM Hégire de Tombouctou) fuite en avant vers Bamako, la correction était bien intéressante car en plus des frais de séjour, nous profitions d’une somme forfaitaire pour le transport (des mois après hein !). Mais notre déception a été grande de constater en juillet dernier que la décision de relocalisation de notre établissement à Bamako nous privait de ce que nous voyions comme des avantages. Quelle frustration de voir ceux qui viennent de Kati en profiter, mais c’est le Mali… tout s’y fait et se cautionne. Cette année, mon jeune collègue qui en est à sa première correction a bien haussé la voix en répétant «  et ceux qui viennent de Tombouctou ! ». Silence. Pas une réplique. Sa voix a bien résonnée, emplissant la salle. Les agents du CECE chargés de cette besogne s’en sont allés sans lui répondre. «  Cela veut dire que c’est une cause perdue Birma ! Ils t’entendent bien,  c’était pareille l’année dernière » lui dis-je.

Je suis bien professeur de psychopédagogie, mais j’ai toujours été de la commission LMP (législation scolaire et morale professionnelle)-philosophie-ECM (éducation civique et morale). Ces deux dernières années il faut reconnaitre que le nombre des correcteurs a bien augmenté, faisant fondre nos gains comme peau de chagrin.

Les sujets de cette année même certains de philosophie, cadrent plutôt avec l’actualité.  « La religion ne peut-elle se propager que par la violence ? »,  « Nous sommes responsables de nos actes mais pas du destin », bien qu’il y ait eu les sempiternelles sujets sur la relation philosophie-religion-science société-pensée.

Les sujets de législation scolaire et Morale professionnelle LMP, s’articulent autour du comportement adéquat pour un enseignant, soit à l’école, en société, avec son employeur, ses droits, ses devoirs… Le sujet 2 de l’examen de passage de la 2ème à la 3ème année de l’IFM hégire s’intitulait : « la législation scolaire constitue un guide pour l’enseignant » explique cette pensée et donne des exemples dans la vie de l’enseignant permettant de l’illustrer.

Sujet bien abordable dirait qui connait le contenu du cours que nous avons vu en classe. Mais je suis bien désolée de vous dire que mes élèves ne pourront pas  bien le traiter car ils se buteront à des mots qui sont bien ‘’durs ‘’ pour leur niveau en français.  Il  s’agit de « guide » et « illustrer » les mots clés du sujet.

Le système ne me permet même pas d’avoir à corriger leurs copies d’examens, mais il faudrait bien expliquer aux autres correcteurs les difficultés que mes élèves ont en français (en arabe aussi d’ailleurs, les élèves maliens ont tous des difficultés dans tous les domaines conséquence d’un niveau bas qui ne cesse de s’affaisser.

Le sujet1 des élèves en passage en 3ème année généraliste  niveau DEF  évoque la conscience professionnelle chez l’enseignant qui serait le résultat d’un certain nombre de critères que l’élève-maitre doit décrire et donner les critères.

L’Education Civique et Morale ECM s’articule, lui, autour de la démocratie, la dictature,  la patrie, la nation, la famille, la corruption, les obstacles au développement, la liberté, la justice, la tolérance…

J’ai eu à corriger en ECM un sujet très intéressant qui renseigne sur la panne de patriotisme que connait le Mali. Le Sujet annonce ceux qui disent « j’aime ma patrie, je l’adore, je la chéris » ne sont pas forcément les plus grands patriotes et demande aux candidats de dire ce qu’est le vrai patriotisme.

Et là, les amis, la catastrophes.  Ils donnent bien facilement la définition de la patrie qu’ils doivent avoir bien écrit sur leur bout de « djinns » en rentrant en classe, mais c’est tout !

Quand il s’agit de donner les critères d’identification du patriotisme, ils vont s’enliser dans des discours creux, parfois insensé qui vont de refus du chauvinisme à la glorification du néocolonialisme, ainsi, je n’ai pu m’empêcher de retenir cette phrase « je félicite les français car ils ont nous sortis dans l’obscurité. Les griots de notre patrie ont organisés une chanson pour les français car la colonisation de notre patrie a été bien fait et la démocratie et les gens sont content nous avons nommé un président. Le patriotisme est l’ensemble des citoyens qui aiment sa patrie ».

3jours de dur labeur pour en finir avec toutes les feuilles, ceux qui ont fini les premiers aidant les autres pour que nous « puissions avoir notre argent rapidement ». La récolte n’a pas été aussi bonne. Mais vivement la correction de l’année prochaine. Cette fois-ci j’espère que nous ne serions pas résident de Bamako. Oh que Tombouctou me manque…

c’est la rumeur qui nous annonce que la rentrée scolaire aura lieu à Tombouctou, d’ailleurs personne ne m’a officiellement informé en avril quand je venais reprendre les cours à Bamako… peut-etre que je fuyais les fouets?

 

 

 

 

 

 


Boubacar Sangaré, l’etudiant malien

Certains seront tentés de se poser une question sur la motivation de tels portraits de ma part. Qui sont ces jeunes gens (ils penseront inconnus) que j’expose, (les plus méchants penseront au verbe flatter) ainsi ? Ils représentent tous simplement mon espoir pour l’Afrique. Un avenir constructible, une lueur qui deviendra lumière et éclairera le chemin de notre continent. Je crois en eux, en la jeunesse Afrique …pourquoi pas vous ?

Le premier a été l’infatigable Serge katembera, le citoyen du monde prêt à tout pour son pays : la République Démocratique du Congo. L’aventure continue et cette fois-ci je vous présente Boubacar Sangaré, l’étudiant malien. Un autre mondoblogueur ! Le plus calme de tous pourrais-je dire.

Boubacar Sangaré est étudiant en 2ème année Lettres Modernes  FLASH (Faculté de Lettres, Langues, Art et sciences Humaines de Bamako), il est aussi journaliste et blogueur. Un autre citoyen du monde, soucieux pour son pays, animé d’un patriotisme bien rare chez les jeunes maliens de nos jours, aussi.

Boubacar Sangaré est un jeune peulh, originaire de la région de Mopti. Musulman, son nom fait certainement penser à Oumou Sangaré, la diva du Wassolo. Bouba (c’est ainsi que je l’appelle) est aussi engagé qu’elle mais lui se sert de son extraordinaire plume pour exprimer toute sa hargne, son envie, ses déceptions, son scepticisme parfois quand ce n’est pas de l’espoir pour son pays et son continent.

Son jeune âge, 22 ans, n’en fait pas un novice, mais au contraire, je vous souhaite juste de le rencontrer pour vous rendre compte qu’il n’est pas grand que de taille. Il en a beaucoup étonné par sa maturité précoce et son expression quelque peu tranchante quand il parle politique « La paix ! La paix ! La paix : elle est et a toujours été au Mali. Elle est juste sous nos pieds, enfouie dans l’inconscience et la bêtise des hommes dont les comportements amoraux ont conduit ce pays dans la marée enlisante des incertitudes » et si douce quand il évoque ses états d’âme, il écrivait notamment à Dakar d’un ton presque poétique, teinté d’un humour filtré « Bientôt, tous ces sourires qui rayonnaient des visages si beaux ne seront qu’un point noir. Des sourires légendaires. Bientôt, nous allons tourner le dos à Dakar. Dakar et son froid. Dakar et ses belles filles qui jouent les « Leuk-le-lièvre »…Dakar et ses chauffeurs de Taxi qui feraient mieux de rouler avec une carte de la ville avec eux…». Quelle contraste, direz-vous !

Mais ce Bouba m’a impressionné le premier jour que je l’ai rencontré et je l’ai immédiatement adopté comme le frère que j’ai perdu (d’ailleurs, il s’appelait Boubacar aussi). C’était au centre culturel français du Mali, en préparatif de notre voyage sur Dakar. Il a suffi d’une seconde pour sympathiser et commencer à blaguer (j’ai failli écrire blogueur, nous aimons tellement cela). A la fin de la conversation nous voilà en train de rentrer ensemble à la maison, sur ma moto. Depuis j’ai eu un chauffeur de moto attitré qui ne me dit jamais non quand j’ai besoin de lui pour échapper à la circulation monstre de Bamako.

L’étudiant malien ! Est-ce sa grande taille qui m’a plu ? Ou son sac à dos de couleur orange qui doit peser une tonne car rempli de livres ? Oui, mais il y a autre chose en plus…sa culture et sa gentillesse sans commune mesure. Il ne m’a jamais dit non, lui arrive-t-il de dire non ? Ce garçon est fort étonnant.

Son blog, qui lui valut d’être sélectionné parmi les 20 meilleurs blogueurs de la saison 2 de Mondoblog et lui permit d’être de la formation de Dakar durant le mois d’Avril, est son podium.

Le contenu cadre bien avec le personnage. Vous verrez, Bouba dénonce le système éducatif malien qui ne fait que se nécroser d’année en année, « qu’on se le dise, l’étudiant malien n’est pas ce qu’on pense » dit-il presque à pleins poumons, comme un cri sorti de ses entrailles. Les bourses si nécessaires mettent plus de 5mois  avant d’être perçues, des professeurs qui perçoivent impunément des sommes pour faire passer les plus riches, organisent des cours privés à l’approche des examens qui ne disent pas leurs noms…etc.

Il n’hésite pas à parler de la puissante Association de Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) qui fait sortir des milliers de militants incrédules dans les rues pour participer au jeu politique, des syndicats des enseignants qui décrètent des grèves irraisonnées si ce n’est une rétention des notes. Pauvre étudiant malien !

Journaliste dès sa terminale, Boubacar n’est pas particulièrement tendre avec les journalistes maliens qu’il accuse d’avoir dénaturée la profession en devenant des mercenaires de l’info, juste par souci de per diem quand on sait que c’est un métier qui ne nourrit pas son homme  au Mali « c’est grimper à l’arbre de la naïveté  que d’espérer vivre du métier de journaliste »

Il n’est pas particulièrement tendre avec la télévision nationale ORTM  (comme moi d’ailleurs) qu’il clash dans un article récent. N’importe qui est journaliste au Mali.

Il collabore avec plusieurs publications maliennes notamment les journaux  » le flambeau » et  « pays ».

Boubacar est un passionné du monde arabe, dont il discuterait pendant des heures, sans se lasser. Son (pas lui-seul, mais notre) amie Limoune (une autre mondoblogueuse que je vous ferais bien connaitre si elle y consent) en a fait l’expérience.  Bien étonnée de voir un jeune malien parler si aisément de la révolution tunisienne, d’Ennahda, de la Tunisie du temps de Ben Ali. Et pas seulement de la Tunisie, Boubacar s’intéresse à tout le Maghreb, s’attachant même à ses écrivains qu’il affectionne particulièrement.

Mais n’allez pas croire qu’il en rejette l’Afrique noir, son livre  préféré est « l’étrange destin de Wangrin » de Hampaté Ba, il en tire son humilité et son élégance qui « consiste à ne jamais dire de bien de soi, à ne jamais se vanter de ses bienfaits et au contraire à  se rabaisser, a s’attribuer les pires défauts ». Ainsi, il se décrirait comme un timide (encore un) maladif, renfermé, qui n’a jamais dansé, d’ailleurs il n’a jamais mis pieds dans une boite de nuit (oui, c’est possible). Il aime la lecture, la musique, les jeux vidéo, le football. C’est un grand supporter du Réal Madrid (notre point de discorde) qui chatte peu et tweete encore moins.

L’interview aidera certainement à mieux  le cerner :

1.      Présente-toi parle nous de toi, tes études, tes distractions, tes hobbies

Je réponds au nom de Boubacar Sangaré. Je suis journaliste-blogueur, et Etudiant en Lettres modernes à la Faculté des Lettres, Langues et des Sciences du Langage de Bamako. J’aime l’écriture, la lecture. Et, jeunesse oblige, je joue au football.

2.      Peux- tu nous parler de ton cursus scolaire

Mon père m’a inscrit à l’école privée ‘’Avenir’’ de kalaban-coro, un matin de l’année 1998. J’y ai obtenu le  Certificat d’Etudes Primaires (C.E.P) en 2004 et le Diplôme d’Etudes Fondamentales (D.EF) en 2007. Ensuite, je suis entré au Lycée Tamba Doumbia de Kalaban-coro où j’ai obtenu le baccalauréat en 2010 avec la mention Assez-bien (13,35), ce qui a été une déception pour mes enseignants, mes parents et moi aussi. J’étais un élève brillant. Cette déception s’est accentuée surtout lorsque ma demande de bourses pour aller étudier à l’extérieur, notamment dans un pays du Maghreb, a subi un échec. Je voulais partir, fuir ce système voulu et planifié par les plus hautes autorités pour ‘’formater’’ des savants. Mais, je suis toujours là, en train de lutter contre le système. Quand je me souviens de cette période, la colère m’obscurcit les yeux. C’est l’un des moments de ma vie dont je n’aime pas me souvenir…

3.      Tu es aussi journaliste quel ton avis sur ce métier au Mali

Pour qui connait le quotidien de la presse au Mali, il n’est pas besoin de longues démonstrations pour dire qu’il est extrêmement difficile de vivre de ce métier. Et, dernièrement, j’ai écrit un billet qui touche à ce sujet. En effet, au nombre de cette montagne de gazettes au Mali, rares sont ceux qui payent leurs journalistes ; le plus souvent seuls 3 à 4 journalistes sont salariés et les autres vivent dans la débrouille…malgré qu’ils fournissent régulièrement des papiers. La conséquence est qu’ils vont se retrouver dans l’obligation de faire tous les jours une chasse à l’argent, et cela souvent au mépris de toute déontologie. Pour faire court, je dirais que c’est un métier qui n’a pas la considération requise ; le journaliste est devenu celui qu’on poursuit de sa haine même s’il dit la vérité, qu’on accable d’insultes et qu’on accuse à tout bout de champ d’avoir été soudoyé pour commettre tel ou tel article. Aussi, ce métier ne paye pas parce qu’on est dans un pays où les gens sont allergiques à la lecture, d’où la fameuse boutade « si tu veux cacher quelque chose au malien, mets dans le livre » Quand dans un pays, la jeunesse elle-même fait du livre son ennemi numéro un, quelle prise de tête ! On ne paye un journal que lorsqu’on y fait l’objet d’un article insultant, histoire de découvrir qui en est l’artisan et chercher à le lui faire payer…Un jour, une étudiante m’a dit avec une complaisance insupportable qu’elle préfère payer de la boisson à 250 FCFA que le journal « Le Flambeau » auquel je collabore et qui ne coute que 100 francs dans les espaces universitaires et scolaires. Je n’en revenais pas ! C’est dire, encore une fois, combien il est difficile d’être journaliste au Mali !

4.      Quelle est ton analyse sur la situation sociopolitique du Mali

Je ne suis ni politologue, ni sociologue mais tout ce que je peux dire c’est que le Mali est en train d’écrire une page des plus lamentables de son histoire. Voilà un pays dont tout le monde disait qu’il est un modèle, en termes de démocratie surtout. Voilà un pays qui était envié pour la stabilité sociopolitique qui y régnait. Et dire qu’il a suffi juste d’un foireux coup d’Etat et d’une rébellion armée pour qu’il succombe, il y a vraiment de quoi être déboussolé ! Pour ma part, je dirais que ce qui arrive au Mali aujourd’hui n’est rien de moins que le résultat de 20 ans de mauvaise gouvernance et de mauvaise pratique de cette démocratie qu’on brandie aussi à toute occasion comme une panacée, alors qu’elle est loin d’en être une ! Le fait est que, après la révolution du 26 mars 1991 qui a mis fin au régime monolithique du Général Moussa Traoré (qui a dirigé le pays de 1968 à 1991), les « démocrates » qui sont venus au pouvoir ont été pires que ceux qu’ils ont remplacés. Et c’est à partir de cette période qu’on a jeté les bases de la domination d’une minorité riche sur une majorité pauvre. Cela est un rappel toujours utile, même si on ne le dit pas assez. Et ceux qui sont nés dans l’aurore de cette démocratie malienne, comme moi, n’ont connu que corruption, népotisme, favoritisme, piston et kleptocratie. Les systèmes éducatif, culturel et sportif ont volé en éclats. Ces phénomènes qui ne vont pas avec la démocratie se sont ancrés même dans l’armée, au point qu’on y entrait plus par le mérite mais par favoritisme, par le piston. Il ne faut s’attendre qu’à un tel effondrement dans un pays où les premiers et les méritants sont les derniers. Et, sans craindre de se tromper, ceux qui ont trouvé la mort ainsi que ceux qui continuent de se battre au Nord du Mali appartiennent à la catégorie des soldats qui sont entrés dans l’armée par conviction, sinon les pistonnés ont pris la clef des champs depuis les premières heures de la guerre et ont fait leur deuil de l’uniforme. Le Mali n’avait pas d’armée ; et même s’il en avait une, elle était facultative. Ce pays n’avait pas les éléments fondamentaux d’un Etat moderne. La puissance d’un Etat se mesure surtout à l’aune de l’état de son système éducatif, son armée… Et, encore une fois, contrairement à une idée reçue, la situation qui prévaut au Mali ne pose pas seulement une question de rébellion, de coup d’Etat ou de terrorisme, c’est aussi un problème de vacuité politique et d’une faiblesse de l’Etat malien.

 5.      Et cette date impérative du 28 juillet pour les élections présidentielles?

Il est n’est plus besoin, à mon sens, de perdre son temps à rappeler qu’il sera difficile de respecter cette date imposée aux autorités maliennes de transition par la communauté internationale, et surtout la France. Témoin la mise en garde du président français M. Hollande qui a déclaré qu’ « ils » seront intraitables sur le respect de cette date. Preuve aussi que le Mali n’a pas le choix, n’a aucune autonomie de décision et donc est obligé de se laisser téléguider comme on conduit un bœuf de labour au champ. Sinon il est clair que les difficultés évoquées par le président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (ceni) ne sont pas anodines : retard pris dans la production, donc dans la distribution des cartes, la situation à Kidal, le cas des personnes déplacées… Mais ce qui est déroutant dans l’affaire, c’est que le président de la ceni est le seul à faire cas de ces difficultés !

6.      Ton pronostic?

Question difficile. Non, la seule chose qu’on peut dire c’est que dans cette élection vainqueur soit le peuple et donc la démocratie. C’est tout ce qu’on peut dire.

7.      Je te sais maghrebophile, peut-on connaitre ton analyse du printemps arabe

Oui, bien sûr, j’aime beaucoup le Maghreb. C’est une région à laquelle je me suis intéressé grâce surtout à un journaliste, Akram Belkaïd, qui a fini par devenir un ami. A propos du « Printemps Arabe », tout ce que je peux dire c’est que ça été un vaste mouvement de contestation qui a secoué beaucoup de pays du monde Arabe. On sait que le mouvement a démarré en Tunisie avec le suicide du jeune Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, le 10 décembre 2010. Des manifestations ont éclaté avec comme slogan « Dégage ! » lancé contre le président Zine El Abidine Ben Ali. En Egypte, les révolutionnaires ont repris le même slogan. Au Bahreïn, le soulèvement a échoué et ainsi qu’au Yémen où le dictateur Abdallah Saleh a réprimé la contestation avant de finir par démissionner, si mes souvenirs sont bons, le 27 février. Mais ce qui est frappant, c’est que ces révolutions ont des causes communes qui sont, entre autres, les dignités bafouées, la kleptocratie, le mauvais partage des richesses, manque de liberté politique et individuelle… En Syrie, la révolution est toujours en cours et le régime d’Assad continue de faire des milliers de morts. En Libye, Kadhafi a été tué. La révolution a viré à une guerre civile entre la Jamahiriya de Kadhafi et les rebelles du Conseil National de Transition aidés par une intervention internationale sous mandat de l’O.N.U. Ce qui m’amène à préciser une nuance de taille qui est entre ce qui s’est passé en Libye et ce qui s’est passé en Egypte et en Tunisie. Le fait est qu’en Egypte et en Tunisie, ce sont les peuples qui ont conduit les dictateurs Ben Ali et Moubarak à quitter le pouvoir, mais en Libye le CNT n’est qu’une création de l’occident.

8.      l’islam fondamentaliste est-il une menace pour les pays qui ont connu le printemps arabe?

Je ne suis pas sûr que l’islamisme soit une menace pour ces pays. Le problème est que ces pays du monde arabe se trouvent dans une situation cornélienne : comment faire avec l’islam au moment où les peuples aspirent à plus de démocratie, à la modernité, à plus d’égalité, même entre hommes et femmes ? C’est là une question d’importance à laquelle il n’est pas banal de répondre. Dans des sociétés majoritairement musulmanes, il est impossible de parier sur une disparition de l’islamisme, d’autant plus qu’elles restent conservatrices dans les comportements. Par exemple, au Mali comme en Algérie ou en Tunisie, deux jeunes appartenant tous à des familles musulmanes peuvent vivre longtemps dans le concubinage (ce qui ne cadre pas avec les prescriptions de la loi islamique), mais pour se marier, les parents vont se modeler sur les règles qui régissent le mariage dans l’islam !  Il faut aussi ajouter que la pire des solutions, c’est de vouloir éloigner les islamistes du champ politique ou de refuser de prendre contact avec eux. Et les algériens connaissent bien cette question, car chez eux elle a conduit tout droit à la guerre civile avec l’annulation des législatives remportées par le Front Islamique du Salut (F.I.S). Et aujourd’hui encore, ils sont divisés sur cette question : pourquoi l’armée a annulé ces élections ? Pourquoi n’avoir pas laissé le FIS faire ses preuves ? Mais, il faut éviter d’être naïf, car personne n’est sans savoir que ces formations islamistes n’ont vraiment pas les capacités et les idées requises pour gérer des pays qui se veulent laïcs. Et c’est là qu’on touche à l’une des questions que soulèvent ces partis qui se réclament de la mouvance des « Frères musulmans ». Une fois arrivés au pouvoir, ces partis islamistes se montrent rétrogrades tant sur le plan des mentalités que sur le plan de l’exercice du pouvoir. Ils affichent une volonté de régner sans partage et ne supportent pas d’être critiqués ni par l’opposition ni par la presse. Donc, on peut bel et bien accepter de partager le champ politique avec les islamistes et, dans le même temps, faire confiance au peuple qui sait mieux qui il lui faut au pouvoir.

9.      Et le cas de la Syrie?

Ce qu’il faut déplorer en Syrie, c’est le fait que la révolution n’appartient au peuple syrien, beaucoup d’autres puissances sont impliquées, les Etats-Unis et la France en tête. Aussi on ne saurait oublier le fait que les rebelles de l’Armée Libre Syrienne sont soutenus par des pays comme le Qatar et l’Arabie saoudite qui tirent les ficelles. Mais ce qui est sûr, c’est que le régime de Bachar Al Assad va finir par tomber.

  1. 10.  Parle-nous de tes auteurs arabes préférés

yasmina-khadraBon, au vrai, je n’ai pas une connaissance bonne de la littérature arabe. Au Maghreb, j’ai lu quelques écrivains tels que Yasmina Khadra (son vrai nom est Mohamed Moulssehoul) qui est algérien comme Mohamed Dib aussi dont j’ai lu le roman ‘’Et si Diable veut !’’, et le marocain Abdelhak Serhane. Je lis aussi l’écrivain Akram Belkaïd, qui est l’un des fins analystes du monde arabe.

11.  Ces auteurs sont-ils engagés?

Oui, ils le sont. Concernant Akram Belkaïd que je connais le mieux, il suffit de lire son essai « Un regard calme sur l’Algérie » pour saisir le degré de son engagement. Ils y dénoncent des phénomènes comme la corruption, le népotisme, le piston…, s’attaque à des personnalités politiques, des militaires, à la colonisation…

12.  Quels sont tes mentors?

Il y a un oncle journaliste Amadou Sidibé qui travaille au quotidien « Les ECHOS » où j’ai aussi écrit à un moment donné, et ma mère aussi à qui je dois tout. Mais le plus important est Akram Belkaïd que je prends pour modèle et qui sait bien me conseiller aussi. Même si nous sommes l’un aux antipodes de l’autre : lui vit à Paris et moi à Bamako.

13.  As-tu un message à passer la jeunesse africaine?

Le seul message que j’ai à adresser à la jeunesse africaine, c’est de se battre, lutter pour prendre sa revanche sur le sort injuste que l’histoire lui a fait.


Serge Katembera, un avenir sûr pour l’Afrique

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Serge Katembera est Congolais, né en France et étudiant au Brésil. Ce jeune homme agé de 27 ans est devenu un franc fan de son pays d’acceuil, amoureux du Brésil, du football (qu’il aimait avant d’y aller hein!), du portuguais (qui au lieu d’etre un obstacle lui a servi d’alibi pour s’intégrer facilement, sa cuisine,  sa musique dont « les styles variés », est fascinante.

Je l’ai connu par le biais de Mondoblog. Cette plateforme de blogueurs francophone supportée par l’atelier des médias (une émission web participative) de RFI  imaginée par Phillipe Couve et Cédric Kalondji (congolais, grande référence en matière de blogging en Afrique)

Grand amateur de lecture, des livres aux sites internet en passant surtout pas les blogs en français, anglais,portugais; Serge souffre de l’internet addict (je me demande s’il le sait), lisant (je suis sure) la majorité des blogs de la plateforme et donnant chaque fois des commentaires des plus pertinents.

Et pas que  les blogs de mondoblog! Cela fait voir son intérêt sur ce qui se passe un peu partout sur la terre et sa capacité à développer une opinion.

J’ai rencontré le jeune homme à la tignasse à Dakar, pendant la formation organisée pour les mondoblogueurs lauréats au concours. Il discute beaucoup avec, les autres, mais pourtant le jeune homme est timide, calme. Moi je le dis même sage. Il n’a pas ce gout prononcé des jeunes pour la fête à outrance, même s’il avoue trop boire. Je vous rassure tout de suite, c’est un garçon sérieux qui parlerait politique et philosophie pendant des heures tellement cela le passionne.

Un tour sur son blog Carioca Plus, vous permettra certainement de comprendre le goût prononcé de Serge pour le Brésil, le football et la politique. Le “football serait un atout politique affirme-t-il en titre d’un article de la Chronique du Mondial en prévision de la coupe du monde qui aura lieu au Brésil.

C’est une intéressante tribune qui permet de voir les talents de journaliste.  Carioca Plus est une sorte de pont que Serge a su ériger entre l’Afrique et le Brésil. Je me rappelle de son insistance, sa protestation quand je me suis permise de mettre Audrey Pulvar dans mon classement des 7 femmes marquant l’an 2012, me conseillant (pour ne pas dire me recommandant) de mettre (à juste titre) Dilma Rousself ou Fatou Bensouda à la place.

Son blog m’a tenu en haleine (comme beaucoup de ses lecteurs) ces derniers jours, car l’étudiant en sciences politiques ne pouvait s’empêcher de sortir dans la rue pour photographier,écouter, crier, marcher mais aussi analyser cette réaction inattendue du peuple brésilien contre d’abord l’injustice sociale. Mais Serge a autant parlé des dérives et du risque de dénaturation et d’un détournement du mouvement spontanée populaire.

Serge Katembera est un citoyen du monde, il se voit comme un pionnier et écrit “partir de chez moi à 22 ans n’est pas facile surtout si cela signifie traverser  l’atlantique  dans une aventure digne du capitaine Cortès. C’est l’expérience suprême d’une vie de découverte, d’apprentissage et d’humilité à laquelle aucun jeune du 21ème siècle ne devrait déroger”. Ne soyez par étonné qu’il sache chanter les hymnes nationaux de l’Italie, la Marsaillaise,l’hymne congolais, celui du Portugal, du Brésil et de l’Allemagne.

La vie d’etudiant au brésil à permis à ce jeune francophone de se lier avec des jeunes africains lusophones qu’il estime laissé pour compte faute d’une identité linguistique avec  le reste du continent, decouvrant une autre Afrique,d’autres réalités, notamment leur cuisine,encore!.

A cela il faut ajouter l’amour du cinéma, la musique et un amour pour son pays le Congo qui est surtout present sur son autre blog qu’il a appelé le blog de Serge Katembera. Il y parle de toute son ambition pour son pays en proposant de prendre exemple sur le Brésil. Serge est auteur d’articles publiés dans des révues académiques brésiliennes.

Pour bien cerner ce jeune homme qu’on peut qualifier d’exemplaire, je vous propose de suivre cet interview:

1.   Peux-tu te presenter?

Je m’appelle Serge Katembera, je suis diplomé en journalisme et actuellement étudiant chercheur en sciences politiques à l’Université Fédérale de Paraïba au Brésil.

2.   Quelle est ton cursus scolaire?

Je n’ai pas fait d’école maternelle, je ne m’en rappelle pas vraiment d’ailleurs. Je sais que je n’aimais pas trop aller à l’école maternelle, probablement parce que je préférai rester près de ma famille. Après, je suis allé dans des écoles privées sans être très brillant je crois. Ce que je garde en ma mémoire c’est mes études secondaires dans une école catholique de la congrégation des Frères de Saint Joseph. Je ne suis pas catholique, mais j’y ai appris les Avé Maria et Notre père… mais également la discipline personnelle qui allait faire de moi un étudiant plutôt correct. J’ai fait des études en journalisme pendant trois ans et j’ai obtenu ma licence à l’IFASIC en RDC, avant de réaliser mon rêve c’est-à-dire étudier dans une université internationale. En septembre, j’aurai mon diplôme en Science politique. J’écris notamment un mémoire sur la “transition politique et la consolidation de la démocratie en RDC”.

3.   Quel est le thème de tes études et quels sont les diplômes que tu as obtenus ?

Mes premières études universitaires sont en communications et journalisme, alors là c’est une passion car j’ai par la suite écrit un article scientifique sur le theme “société d’information”. Par la suite, je suis allé au Brésil, à Paraíba, pour faire science po à l’Université Fédérale de Paraíba (João Pessoa). Une excelente université qui m’a beaucoup formé notamment grâce aux contacts personnels que j’ai eu avec des nombreux professeurs de qualité venus du monde entier, comme par exemple l’anarchiste de l’université de Saint-Ethienne Daniel Colson, ou le spécialiste en Montesquieu de l’’Université de Chicago Philippe Desein.  Évidemment, j’ai eu d’excellents professeurs brésiliens.

4.   Penses-tu arreter tes etudes après tes études en sciences politiques ?

Je compte faire mon doctorat et même un post-doctorat, mon milieu c’est l’université, c’est un espace qui me permet de penser le monde, de le comprendre avec ses nombreuses mutations.

5.   Comment se passé tes études au Brésil?

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Mes études se sont bien passé jusqu’ici parce que je me suis imposé une discipline à laquelle beaucoup ne sauraient se soumettre. Pendant mes deux premières années d’études, je sortais peu, j’étudiais trop et oubliais de m’occuper de mon corps (c’est importante, car il faut garder une bonne forme physique… ). J’ai publié quatre articles scientifiques dans plusieurs revues universitaires latino-américaines et brésiliennes lors de ma licence, j’ai participé à des groupes de recherche dans l’université. En fait, j’ai vraiment profité de mes années d’études. Il y avait également les fêtes estudiantines.

 

6.   Que retiens-tu le plus de ce pays ?

Ce que je retiens des brésiliens et de leurs pays c’est leur force intérieure et cette volonté de changer leur destin. C’est peut-être de la mégalomanie comme quand ils ont décidé de créer Brasília en 5 ans, mais cela a marché grâce au génie de l’architecte Oscar Niemeyer. Je suis tombé amoureux de la samba et des nombreux artistes brésiliens comme le chanteur Cazuza (décédé du Sida, c’est un de mes héros). Aujourd’hui le Brésil montre la voie à tous les “pays du sud” leur disant qu’il est possible de se dépasser et de s’inviter dans le concert des nations. Il y a um dicton très célèbre au Brésil devenu la phrase de l’ancien joueur de football et entrainneur Mario Zagalo qui dit: “vocês vão ter que me engolir” c’est-à-dire en gros que “vous serez obligé d’accepter ma présence parmis vous”. C’est un bon état d’esprit. Les brésiliens sont comme ça.

7.   Après les études comptes-tu repartir au Congo ou en France  ou rester au Brésil?

Ça depend, pour rentrer au Congo je dois avoir des bonnes opportunités à la mesure de mes études et de mon investissement personnel. C’est pareil pour la France.

8.   Serge coté jardin?

Pour la famille, j’ai um frère qui vit à Curitiba au Sud du Brésil, un autre au Congo et d’autres en Inde, en Ukraine. Et puis, j’ai une unique soeur.

9.   Qui est ton mentor?

j’ai plusieurs mentor mais le plus important c’est sans aucun doute mon père, je travaille dure pour l’égaler ou le dépasser sinon je n’aurai rien réalisé dans la vie. Et puis il y a une professeur de Science politique ici dans mon université qui m’a orienté quand je suis arrivé, c’est ma marraine intellectuelle et mon exemple. Elle est également une grande amie.

10.       Quelles sont tes distractions?

Alors, dans mes heures libres, j’aime voir les matchs de football d’Arsenal même si on ne gagne plus assez, le cinema est une vraie passion. J’essaye toujours d’acheter des vieux films ou de les télécharger pour savoir un peu ce qui s’est fait de bon dans le cinema. J’ai par exemple ma propre collection d’Alfred Hitchcock. Après, il y a la literature russe, française. Et tous les jours je cherche à découvrir des nouveaux artiste du jazz, le dernier en date est l’américain Grégory Porter.J’aime écrire mais par dessus tout j’aime les débats. J’ai fait partis des groupes de culture générale à l’école. Alors lorsqu’à un momment de ma vie je me suis senti sans interlocuteurs, j’ai décidé de créer un premier blog, assez amateur, mais à mon image. Là j’ai appris pas mal de techniques, ensuite est venue l’aventure Mondoblog, je l’ai embrassé et je ne regrette rien. J’ai un projet personnel que je souhaite faire passer à l’université et qui aboutira sur une étude approfondie de la plateforme. Enfin, si tout va bien…

11.       Que penses-tu de l’afrique de maintenant

Je n’aime pas trop penser à l’Afrique, cela fait trop mal car on n’avance pas assez vite. Les jeunes n’ont plus d’espoir. Je suivais un réalisateur africain qui disait que les africains préfère « se suicider » en allant en Europe que de continuer de vivre dans leurs pays. Si mon pays pouvait me donner des conditions réelles pour m’épanouir j’y retournerai sans problème, mais ce n’est malheureusement pas le cas.

12.       Peut-on esperer pour le continent?

Je ne condamne pas les jeunes africains, je mets tout la responsabilité, je dis bien toute,  sur nos dirigeants. Mon passage à Dakar en avril dernier m’a permis d’avoir quelques espérances pour le continent. Beaucoup de gens essayent de bouger les choses, de dynamiser la vie économique avec différents types d’innovation. Mais le gros problème demeure la démocratie. Quand les gens disent qu’il faut une démocratie à l’africaine, c’est un leurre. Le changement viendra par les jeunes mais par cette jeunesse issue de l’oligarchie au pouvoir depuis l’indépendance. Dans mon pays, les mêmes familles dirigeantes depuis l’indépendance, les coups d’Etat ne changent que les familles à la tête de l’Etat.

13.       Quel homme politique admire- tu le plus en afrique ? Dans le monde ?

En Afrique j’aime beaucoup Lumumba. J’ai également beaucoup d’admiration pour Nelson Mandela, mais les gens s’attachent au mythe et ignorent qu’en Afrique du Sud les noirs sont encore des esclaves. Je l’ai remarqué il n’y a pas si longtemps lors de mon passage à Joanesbourg. Dans le monde, j’aime beaucoup un italien malheureusement décédé, Norberto Bobbio par la portée de sa pensée politique, c’était un intelectuel comme on en trouve plus aujourd’hui. Et puis, je m’inspire beaucoup de Camus par son courage. J’aime beaucoup sa phrase qui dit “entre ma mère et la liberté, je choisis ma mère”. J’ajouterai sans hésitation Lula da Silva pour tout ce qu’il a représenté pour son pays, c’est très symbolique qu’un ouvrier soit parvenu à occuper la présidence brésilienne. Enfin, il faut rendre hommage à Hugo Chávez, un homme qui savait écouter son peuple et voulait éradiquer les inégalités dans son continent, c’est ça l’idéal suprême de la Gauche.

 

 


Je suis tombouctienne, j’ai un mari secret #2

Credit Photo: Faty
Credit Photo: Faty

Episode 2 de ma série sur les femmes maliennes. Aujourd’hui  j’ai décidé de vous parler d’une pratique que je n’ai cessé de dénoncer depuis que je l’ai apprise : Le mariage secret. C’est une spécialité de Tombouctou comme le Toukassou ou le Fakouhoye (des plats sonrais).

Je ne sais pas si cela se fait ailleurs, mais nulle part au Mali cela ne se pratique, d’ailleurs beaucoup de maliens du Sud ignorent cette coutume si avilissante pour la femme. En effet, pour continuer à pratiquer la polygamie sans pour autant offenser leurs femmes, les hommes, à  Tombouctou (qui ne doivent pas être aussi fiers d’eux !)ont pu trouver une pirouette : prendre une seconde femme à l’insu de la première femme qui peut  ignorer cette situation toute sa vie. Dans beaucoup de cas c’est au décès du bon viveur (le mari) que l’on découvre le pot aux roses.

Les enfants des deux mariages sont obligés par la loi (islamique ?) à partager l’héritage. Les femmes ne peuvent que se résigner et porter leur habit (bleu) de veuve.  Mais laquelle des deux faut-il plaindre ?

La première femme que son mari craignait et ne voulait offenser ou la seconde qui a accepté de vivre cachée, sans aucun droit, ne profitant que d’instant volées à la première ?

Je me rappelle la furie de mon amie la comédienne malienne Mariétou Kouyaté qui s’offusquait du trop-plein d’exigences et des dépenses du mariage sonrai. «  Mais Titty, fait quelque chose pour qu’on démunie les dépenses et que les filles puissent se marier, c’est trop cher-là ! »

« Mariétou, je voudrai bien mais que pourrais-je ?, en plus tout le monde ne se marie pas ainsi à Tombouctou, il y a tout type de mariage. Il y a même des mariages secrets. ». Quand j’eus à lui expliquer qu’il y avait des femmes qui se mariaient à des hommes qui se cachent pour leur rendre visite, elle est tombée des nues ! Pas possible ! Mais comment une femme peut accepter cela ? Ce sont des esclaves ? Elles font ça par amour ? Mais les hommes qui font cela sont des lâches ! Mon Dieu ! Un homme du Sud ne ferrait jamais ça (et pas pour les bonnes raisons hein !)

Si au nord, on y verrait une crainte de la première femme, au sud les femmes ont autant d’importance que le bétail. Excusez-moi si le mot s’il vous choque, mais je ne vous conseille pas de vous rendre dans les régions agricoles du Mali. Vous vous rendrez compte que ce sont les femmes qui abattent la majeure partie du travail des champs tout en faisant les travaux ménagers.

Les efforts du bon monsieur s’arrêtent avec l’hivernage, aussitôt la récolte faite les activités principales consistent à mettre la bonne femme enceinte et à  bronzer (si c’est possible) sous l’arbre à palabres.  C’est à elle de tirer le diable par la queue pour trouver de quoi nourrir ses enfants en faisant les cultures de contresaison et autres activités sources de revenus, notamment le petit commerce.

Le rituel est entouré d’une sorte de mystère. Les femmes n’y assistent pas contrairement au mariage religieux (islamiques je précise) normaux, l’endroit même où il est célébré est secret est différent de la mosquée. Même  s’il arrive qu’il soit fait à la mosquée ce n’est pas à une heure de prière.  Cela se eut se faire dans une concession en présence du marabout qui scelle l’union et des témoins  des deux parties. Ils sont tenus au sortir de la cérémonie d’en informer les deux premières personnes qu’il  rencontre.  Cette petite coutume enlevé un peu car il peut arriver que les témoins ne croisent personne pu voient une personne qui sait garder le secret jusqu’au jour où l’un des conjoint mourra. Il témoignera de la véracité de l’union si celle-ci est contestée par la première épouse bafoué, et que les témoins du mariage ne sont plus vivants.

Il serait facile de juger ces femmes qui acceptent se  marier de cette manière, mais il faut comprendre que dans certains cas la femme se débrouille elle-même pour rendre l’union publique en en parlant autour d’elle. Je me rappelle du mariage secret d’une amie, que dis-je une camarade, car bien qu’ayant discuté avec elle, elle s’est tu sur son union futur avec un copain que tout le monde lui connaissait. Le jour où son « mariage  dit secret » a été célébré, la nouvelle s’est propagée dans la ville.  Deux semaines après elle nous en informait de vive voix et nous amenait notre « alada ». Le mot veut dire tradition ou coutume.  Quand une jeune fille se marie à Tombouctou, le mari doit un repas aux amis de cette dernière.  Cette somme qui était modique a été exagérée de nos temps et le minimum exigé est 100.000 F CFA plus quelques casiers de boissons. Plus le mari est riche, plus il en donne et fait le prestige de la femme. Tu entendras dire à Tombouctou, après un mariage les amis de la marier dire que « nous avons 200.000 F CFA, nous sommes forts (yen Ngo fore) ».

Mais je devrai aussi préciser que ce sont les amis du marié qui donnent cette somme aussi. S’il n’a pas d’amis, il lui faudra économiser longtemps pour se marier à la régulière, car en plus de cela il ne faut pas oublier la valise de la mariée qui devrait comprendre chaque élément  quadrillé : boubou en Bazin riche, pagne wax, uni wax, chaussures, foulards, boucles d’oreille, dizaine de slip et d’autres babioles nécessaires à une femme.

A cela, il faut ajouter le prix des condiments pour la famille de la mariée et sa propre famille, un sac de riz, la robe de la mariée, un bijoux en or et une vache pour les mamans de la mariée…

C’est à n’en pas finir, d’où la colère de Mariétou Kouyaté qui ne comprenait pas cette coutume tomboctienne qui consistait à toujours remettre une grande somme d’argent à toute personne qui vous amène un présent.

Avant, la vache et l’or était donné en cadeau à la jeune mariée trouvée vierge après la  parade nuptiale. Maintenant, épouseras-tu une femme mère de plusieurs enfants,  tu ne dérogeras pas à cette coutume. Ou tu te marie incognito : juste une petite cérémonie à la mosquée et on t’amène ta femme sans bruit.

Tombouctou est surnommée la mystérieuse, c’est à juste titre les amis.


Le Lycée des jeunes filles de Bamako,toute une histoire #1

L’idée des billets croisés sur les conditions de la femme de l’Afrique à la Guadeloupe vient de la grande bloggeuse camerounaise Danielle Ibohn. Elle n’a pas hésité à me proposer le travail bien qu’elle sache que je ne l’affectionne pas particulièrement. Je trouvais que les styles disparaissaient sous la plume du coordinateur. Mais il faut dire que le dernier billet commun des mondoblogueurs sur les embouteillages en Afrique a apporté un grand démenti à mes propos.

Cette fois-ci ce sont mes consœurs Mylène Colmar et Limoune, mon reflet ,que des mondoblogueuses que j’apprécie (mais les autres ne pensez pas que je ne vous aime pas hein nous sommes ensemble dans l’empowerment Feminism, des femmes battantes et entrepreneuses) !

Je vous réserve ainsi une série de billets qui vont du portrait au reportage en passant par les anecdotes qui donneront certainement du piment aux choses.

Mon premier article porte sur le lycée des jeunes filles de Bamako qui a été dernièrement baptisé lycée Ba Aminata Diallo. Il a failli en devenir mixte.

J’ai découvert ce lycée pendant les examens de passage de mon institut L’Hégire. J’y étais affectée au secrétariat au dépend de la surveillance. Mais depuis que les chefs sont au courant de mes aptitudes en informatique plus questions de surveiller pour moi. Bon…c’est un peu plus reposant si l’on ne considère pas la concentration et le sérieux dont il faut faire montre au secrétariat. Une feuille de composition disparait? Il faudra la retrouver; il faut qu’elles soient toutes signées par les deux surveillantes et l’élève.

J’ai mis à profit les temps morts où les élèves composent pour avoir des conversations avec la vice-présidente qui justement est sortante du lycée et la surveillante du moment.

C’est une grande dame, ancienne sportive, d’une grande gentillesse et à un franc parler inégalable.  J’ai eu plusieurs entretiens avec elle et elle n’a pas hésité à me donner conseil et à m’encourager dans le blogging. J’ai pu parler de la vie passé du Lycée avec elle, mais aussi le proviseur (j’allais écrire directrice tellement le terme est fréquent dans la vie de cet établissement typiquement féminin et aussi Rokia Doumbia qui y est professeur d’économie familial.

 

Le Lycée des jeunes filles  de Bamako

Crédit photo: faty
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  1. Présentation

Lorsque vous dépassez le grand portail en grille de l’entrée, un jardin ceint de grands arbres vous accueille. Une grande bâtisse vous fera face. Elle était surnommée « la grande mosquée », ce n’est pas le premier des surnoms dans ce lycée des plus atypique. Vous le verrez bien en continuant votre lecture. C’est un bâtiment à deux étages datant de la période précoloniale. On ne priait pas le vendredi  dans cette « grande mosquée » car elle servait de salles de classe, de direction, de salle des professeurs, du labo de biologie et de bibliothèque. Je vous signale que c’est le laboratoire de biologie qui nous a accueillis pendant une semaine  pour nos examens de fin d’année.  La cour est grande  et entretenue, avec des rangées de grands divers, sous les lesquels sont déposées des chaises en béton.

A l’est se trouve les logements de la directrice et de la surveillante, un bloc construit après l’indépendance sert à l’administration. A son opposé, une autre bâtisse servant de salle informatique et de logement pour le censeur.

Credit photo: Faty
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A l’ouest, se trouve un autre bloc  qui était surnommé « petit Paris ». Il comprend des salles de classe, le laboratoire de physique-chimie et la salle PELF (pôle d’d’excellence pour la langue française) réalisé par le projet français de renforcement.

Au nord, c’est « grand Bassam », un grand bloc qui jadis servi de dortoir. Il y a un grand mur appelé d’antan le couloir de la mort, car les lycéennes faisaient le mur après leur sorties clandestines.

« Beaucoup s’y sont blessées car c’est un mur long pour des filles. Nous l’empruntions pour sortir après la condamnation des portes par les surveillantes après 22h. » Me confia la surveillante elle-même sortante du LBAD.

  1. Historique

 

credit photo: Faty
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Cet établissement a un lien profond avec la colonisation que je ne peux m’empêcher de surligner (je ne dis pas souligner car je trouve le mot bien faible et un peu faible pour évoquer une … (comment l’appeler ?), un fait qui a éviscéré l’Afrique pour l’en attacher à la France pour le Pire et le meilleur ?

Comme nous sommes en histoire, remontons dans le temps. De 1856 à 1920, les colons ne cherchaient à former les « indigènes » pour qu’ils leur servent d’auxiliaires dans l’administration afin de les aider à assoir leur commandement. Nous connaissions certainement tous le but de l’envahissement français en ce temps : mettre sur pieds les voies et moyens pour acheminer les richesses de la colonie (le Mali) vers la France. Mais aussi divulguer la langue et la civilisation française. Tâches dûment remplies je crois ! L’OIF (organisation internationale de la francophonie) nous le démontre.

 

credit photo: Faty
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A  cette époque, l’école primaire délivrait un certificat d’études primaires élémentaires CEPE. Beaucoup y arrêtaient. Les quelques-uns qui continuaient leurs études allaient à l’Ecole Primaire Supérieure (7ème à 9ème année). Et très très peu aboutissaient dans les écoles fédérales au Sénégal telles que l’Ecole Normal William Ponty à Gorée ou Sébikotane, l’Ecole de Médecine de Dakar ou l’Ecole Normale d’Instructrice à Rufisque, toujours au Sénégal. Je ne crois pas que ce soit le fait du hasard hein ! D’ailleurs le hasard est facilement réfutable, même si les coïncidences existent. Hum…

S’il faut considérer l’emprise de la tradition et le refus total du colon et de sa civilisation, le taux de scolarisation était très bas à cette période. Celui des filles était plus bas que terre : 1% des filles inscrites arrivaient en CE2 (4ème année fondamental), quelques rares combattantes (je crois qu’elles méritent largement ce titre) arrivaient au CM1 et au CM2 (5ème et 6ème année) se font engager comme monitrices d’enseignement ou infirmières quand elles obtenaient le CEPE. Celles qui continuaient les études  allaient au foyer des métisses (nom évocateur non ?) pour y préparer le concours d’entrée aux Ecoles fédérales d’institutrices de Rufisque ou des Sages-Femmes de Dakar pour 4 ans. Les passantes du concours étaient rares.

Pour se faire une idée sur ce faible taux de scolarité des filles, sachez que l’effectif total des soudanaise (ancien Mali) dans à L’ENA de Dakar, de 1938 à 1956 a été seulement de 45 élèves en 17 ans.

Ce constat a poussé le colon à réviser son système dans son empire colonial. Des cours normaux de filles, puis des collèges modernes des filles sont créés partout en Afrique Occidental française (AOF).  Celui du soudan français actuel Mali fut implanté à Markala (une ville située dans la région de Ségou où la France a construit un grand barrage hydraulique en usant de travaux forcés).

Les filles entraient en 1ère année âgées de 14 à 17 ans.

Le collège Moderne des filles de Bamako vient consolider un nouveau système qui se veut complet et permet aux filles d’aller à l’université après l’obtention du Baccalauréat.

En somme ; le LBAD, Collège Moderne des jeunes Filles de Bamako de son premier nom a été inauguré le 04 février 1951par des colons fiers de leur œuvre civilisatrice en la personne du président de l’Assemblée de l’Union française M. Fourcade, accompagné de M. Béchard, haut-commissaire de la République AOF résidant à Dakar, M. Louveau, gouverneur du Soudan français, M. Camerlynck, recteur de l’académie  de l’AOF résident à Dakar et enfin M. Monnier, inspecteur d’Académie du Soudan français.

Il faudrait retenir aussi la présence d’un seul officiel du côté des « indigènes » (ou je devrais dire des autochtones ?) M. Tidiani Faganda Traoré, président  du conseil général du Soudan. La foule de soudanais était nombreuse.

A son ouverture, le collège comptait seulement 25 élèves de la 6ème à la 4ème  et la 3ème ne comptait que 7.

Le régime était l’internat et accueillait des filles qui venaient de toutes les régions avec une directrice à sa tête en la personne de Mme Risch Alberte, une française, une surveillante : Mme verger, française aussi, une maitresse d’internat (chargé de surveiller et d’assister les élèves en dehors des cours magistraux) et d’un économe M. Noma Kaka, un nigérien.

Les filles avaient une permission de sortie le samedi matin et rentraient à 18H.  Une sortie était possible un dimanche dans le mois. Les sportives (dont madame la surveillante) avaient des permissions spéciales de sortie les jours de match. Mais les sorties clandestines aussi étaient de mise. «  Il est pratiquement impossible de commencer l’internat et de finir sans avoir un jour fait un détour par le couloir de la mort » dit-elle. « Je passais même par les barres de la grille. Parce que j’étais mince. ».

Mais qu’en est-il de la religion en ce temps-là ? Car je vois qu’il y a une mosquée entre la direction et « petit Paris ».

«  Oh, à ce temps-là nous ne pensions même pas à prier ou à Dieu. Seules les études nous intéressaient, il y avait une concurrence entre les élèves et avec les autres écoles aussi. Et puis, on disait que l’enfant qui priait trop mourrait vite. »

  1. Du collège moderne des jeunes filles de Bamako au Lycée Ba Aminata Diallo…

Les bâtiments ont vu des jours et des années s’écouler…

Le collège moderne des jeunes filles de Bamako est transformé en  Lycée des jeunes Filles  qui forme au DEF (diplôme d’études Fondamentaux) et au Bac de 1959 à 1965.

La réforme de l’enseignement (qui me vaut mon surnom de réforme il y a 4ans à l’Hégire) initié par Le président Malien Modibo Keita qui avaient pour but de malianiser l’éducation en lui trouvant un contenu malien tout en gardant un caractère universel, une décolonisation de l’esprit des maliens qui pourront bâtir ce jeune Etat et lui permettre de se développer la transforme en un établissement d’enseignement secondaire.

A partir de 1966, le lycée n’a plus sa section collège et forme uniquement  au baccalauréat.

Avec l’accroissement des effectifs, le lycée qui recevait « toutes filles qui passaient au DEF dans les régions » dixit la surveillante. La croissance du taux de scolarisation et la création des lycées dans les régions, le lycée des jeunes filles retrouve son ancien statut d’accueil de l’élite, faisant de la concurrence avec le lycée Askia qui ne sont pas loin, d’ailleurs les filles qui étaient orientées en série Lettres Classiques y partaient, le lycée technique le lycée de Badala qui disait être sur la colline du savoir. Mais l’internat y est supprimé en 1980.

C’est durant l’année scolaire 2000-2001 que le lycée des jeunes filles faillit perdre son caractère spécifiquement féminin par l’orientation de 1076 garçons.

Cela n’a pas été une bonne chose, car nous avons vu que cela ne marchait pas. Les autorités aussi qui ont demandé aux garçons de partir dans les autres lycées mixtes des alentours. Pendant cette période, les filles ne travaillaient plus. Ce rapprochement n’a vraiment pas bénéfique.

La directrice me parla d’un refus des garçons à partir « mais on leur a donné le temps et au bout nous nous sommes retrouvées comme avant ».

C’est en 1995 qu’il est baptisé Lycée BA AMINATA DIALLO du nom d’une valeureuse directrice qu’il connut de 1972 à 1983.

Maintenant le LBAD (prononcer elbade) est l’un des plus grands lycées de Bamako dirigé par Mme Fofana, une ancienne du lycée. Mes visites dans l’administration m’ont permis de voir un personnel très féminisé. Mais, ils ont un censeur qui m’a donné une documentation sur l’historique avec gentillesse. Je pouvais tout emporter et les ramener quand je voulais.

  1. LBAD de nos jours

    Credit Photo: Faty
    Credit Photo: Faty

Un lycée qui fascine. Il m’a plût dès l’entrée. J’en avais déjà entendu parler, notamment par ma cousine Fatou Sacko qui l’a fréquenté. Mon grand-frère aussi y a fait son stage de fin d’année de l’ENSUP. Ils m’ont parlé de jeunes filles élégantes, intelligentes, turbulentes, belles. Pratiquement l’Elite féminine malienne sort de ce lycée. La première directrice jouit d’un respect sans borne de la part des féministes maliennes dont la majorité est passée par ses mains. Quand Madame Sira Diop apparait dans une réunion, toutes les femmes se lèvent. On les retrouve dans tous les rouages de la machine administrative et dans le corps professoral à Bamako et partout au Mali. Elles etaient mères de famille, professeurs de lycée et d’université, fonctionnaires, consultantes, experts comptables,  commerçantes, banquières, magistrats, médecins, avocates, économistes, officiers dans l’armée malienne, ingénieurs de conception, ministres, députés, ambassadeurs (drice ?)Promotrices d’école, d’association ou d’ONG, artistes (la comédienne Nana Kadiatou Kanté de l’ORTM n’a pas fini sa scolarité profitant d’une suspension d’une semaine dû à histoire rocambolesque pour se diriger vers l’INA (Institut National des Arts).

L’anecdote m’a beaucoup fait rire. C’était vers 1973, la directrice dirigeait l’école d’une main de fer. Elle choisissait la chef de classe et établissait une liste avant de le faire savoir aux élèves. Les filles de Bamako qui sont les plus civilisées décidèrent qu’aucune fille des régions « une  broussarde » ne sera chef de classe. Elles firent passer le message et mirent des filles de Bamako à la place de celles des régions que la directrice avait choisies. Les régionales ne firent pas d’histoire car elles devaient bien craindre ces filles-là. Le pot aux roses fut découvert par la directrice à la première occasion quand les responsables de classe partir pour retirer la craie pour les cours et fut étonnée d’avoir des personnes différentes. « Madame ce sont les filles qui ont dit que la fille de Sikasso ne peut pas être responsable et que je devais prendre sa place » répondit la première qu’elle interrogea.

Je m’en vais vous faire une petite liste des plus connues.

  1. Deux premières dames :
  • La femme du premier président du Mali Modibo Keita, Fanta Diallo
  • Adame Bah Konaré, femme du président Alpha Oumar Konaré, historienne de renom.
  1. 2.   Des femmes de premiers ministres :
  • Maïché Diawara, femme du premier ministre du gouvernement de transition Zoumana Sacko ; candidat aux présidentielles de juillet 2013.
  • Aminata Maiga, épouse d’Ibrahim Boubacar Keita, IBK, candidat aux présidentielles de juillet 2013.
  1. Des politiciennes:
  • Mme Cissé Mariam Kaidama  Sidibé,  dernier premier ministre du règne ATT
  • Mme Diarra Diagossa Sidibé, ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.
  • Mme Diarra Afoussatou Thiero, ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.
  • Mme Mbam Diarra, militante de la société civile. C’est elle qui devrait diriger cette soi-disant commission de reconciliation si elle était vivante. Que Dieu ait son âme.
  • Mme Traoré Fatoumata Nafo, ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille.

Je pourrais en citer encore et encore…

Quel prestige !

Mais le lycée des filles de Bamako est entré dans les mêmes travers que connaissent tous les établissements scolaires maliens  avec notamment la baisse des niveaux. Les taux de passage au bac sont la preuve. Des élèves n’ayant aucun gout pour les études malgré le parquet de professeurs chevronnés qui y sont.

L’année dernière, sur trois classes de SHT (série sciences humaines) la série qui a le plus de candidates, une seule élève a franchi le cap, « des mortes intellectuelles », selon une enseignante.

Les plus rentables sont les élèves de LLT (Littérature, Langue terminale).  S’y retrouvent des élèves aux moyennes littéraires et scientifiques basses. Elles sont très proches des terminales SBT  (série Sciences biologique terminale). On observe le plus de passage dans les séries les plus difficiles « selon les élèves » car c’est une série qui demande à l’élève une culture générale impressionnante et un amour pour la lecture et la littérature en général et en général le malien ne lit très peu, d’aucuns disent que « si vous voulez cacher quelque chose au malien, il faut le mettre dans un livre. ».

La surveillante a évoqué aussi la démission des parents d’élèves qui laissent les jeunes filles sans aucune éducation sexuelle et leur accorde une grande liberté.

« De notre temps ; les filles arrivaient au lycée des jeunes filles déjà pubères. Elles ont les 14 ans dépassés et ont fait d’objet d’une bonne éducation dans leurs familles avant d’être internées. Ce n’est plus le cas pour les filles de maintenant qui sont dans la majorité des filles de Bamako. Elles entrent à l’école précocement et arrivent au lycée pendant la crise de l’adolescence. Nous sommes obligés de prendre en charge cette partie de leur éducation et ce ne sont pas toutes qui se laissent faire.  Certaines se retrouvent avec des grossesses non désirées. »

Est-ce que le programme scolaire prend en charge cette éducation sexuelle en évoquant la contraception ou les préservatifs contre les MST ?

« Non, pas du tout. Cela ne fait pas parti du programme et nous n’avons jamais profité d’une formation du genre dans notre établissement »

Comment se passe les cas de grossesses ?

« Avant, lorsqu’une seule fille était soupçonné d’entre enceinte, toute la cour suivait une visite médicale et tous les cas détectés étaient immédiatement renvoyées. Maintenant ce n’est plus le cas. Si l’élève arrive à le supporter, elle peut venir en classe jusqu’au dernier jour de sa grossesse et même le jour d’après l’accouchement. Celles qui en font la demande font l’objet d’un ajournement. Mais nous ne renvoyons pas les élèves pour cette raison. D’ailleurs, il y a parmi elles, des femmes mariées. »

Ce lycée est pratiquement le fleuron de l’Elite féminine du Mali. Est-ce que des sortantes du lycée des jeunes filles vous ont aidé ?

« Pour ainsi dire non. Nous avons eu à mettre sur pieds une association des sortantes du lycée des jeunes filles du temps d’Alpha Oumar Konaré avec Adame Bah. Nous avions organisé une soirée à l’issue de laquelle la Société Sapec a repeint le bloc principale. »

Les enseignants sont attristés par voir les filles accuser le coup et oublier le combat que leurs grand-mères ont mené pour le développement du Mali et le Salut de la Femme malienne.

Credit photo: Faty
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Le Nord est libre et après?

La nouvelle de la libération de Gao m’a trouvé à Mopti le samedi 26 janvier. Presque  une année après la première attaque des rebelles à Aguelhoc et le massacre des militaires maliens. c’est un souvenir douloureux pour tous les maliens -je ne veux pas ajouter . ce sont de jeunes soldats qui ont été fauchés à l’affection de leurs familles.  j’ai passé toute  la journée du dimanche à regarder France 24 car , même si j’ai longtemps dénoncé ce média pour avoir servi de plateforme à la propagande du MNLA – à défaut de sa maman, on tète sa grand-mère dit le proverbe-

Mon cœur ne bat pas , il galope. je suis tellement heureuse! je ne pouvait imaginer cela il y a seulement une semaine. je perdais toutes mes illusions, convaincue que les blancs -les européens et autres américains- ne viendront jamais nous aider et regarderons des afghans et autres pakistanais couper des mains. Gao est libre et après Gao , ça sera certainement le tour de ma ville natale et si chérie TOMBOUCTOU -albili-soudan, le pays des hommes noirs, la surnommait-elle dans l’histoire-. Je ne crois pas avoir dormi. la journée a été bien laborieuse bien que je n’eusse pas bougé du canapé.  les français sont-ils en train de bombarder ma ville? et mes parents qui sont si proche de leur -les islamistes- centre de recommandation de je ne sais plus quoi.

j’entendis la bonne nouvelle sur RFI le dimanche matin , je ne sais à quelle heure et je bondis et fis un geste énergique du point  – le même que font les footballeurs quand ils arrivent enfin à égaliser – enfin fini cette répression! plus de barbu étranger errant dans les rues de ma ville , qui scrute ta tenue pour soit trouver matière à fouet ou à couper un bout de pantalon.

LA France est le pays de la liberté et elle nous permet de retrouver la notre. Oui! c’est un devoir pour la France qui à travers Sarkozy a armé le MNLA qui n’a pas hésité à attirer d’autres vautours pour envahir nos terres  avec une « loi islamique » qu’ils ont du concocter dans les montagnes qu’ils ont longtemps habité.

ALHAMDOULLILAH! Dieu Merci! c’est fini. Mais ceci n’est qu’un pan de l’iceberg, le problème demeure. Que va-t-il arriver maintenant? les populations ne vont-elles pas s’en prendre à tous les touaregs, à tous les arabes qui n’ont pas hésité à rallier ces terroristes?  l’amalgame si désigne sera-t-il évité?
possible si les touaregs décident de sortir de cette torpeur et de ce silence qui font d’eux des complices alors je sais bien que nombre d’entre eux n’approuve pas cette lutte armée du MNLA, ne connait personne de ce mouvement

Tous les touaregs ne sont pas des têtes brulés qui tirent sur nos compatriotes. La majorité d’entre eux sont de simples et paisibles éleveurs nomades qui ne recherche que la paix et le silence du désert.

Pendant la présentation de la feuille de route du premier ministre du mali Diango Sissoko, une discussion forte et passionnée a été  animée par les députés qui bien qu’ayant donné leur accord n’ont pas hésité à évoquer le sujet de la justice. Toutes les personnes coupables de crimes de guerre doivent en répondre devant les juridictions nationales ou internationales.   mais cela ne suffit pas , car la fracture entre les ethnies est si grande qu’il serait très difficile de convaincre les autres habitants du nord du malien que tous les touaregs.  » c’est la guerre qu’ils veulent ont va continuer à la faire jusqu’au bout, on ne jamais leur pardonner ce qu’ils nous ont fait » moi ce que je voudrais c’est une voix touareg, qui osera enfin faire voir la réalité à tous les habitants du nord. Il n’y pas de raison pour se rebeller. le Mali est l’un des pays les moins développés du monde; se rebeller et quitter cet état permettra -t-il le développement? Nous reclamons , mais regardons bien notre pays , le sud est aussi peu développé que le nord sinon moins.

De  grâce que les semeurs de troubles et chefs de projets à la recherche de butin de guerre du MNLA -qui mérite le surnom de « haine est là » que je lui donne- laissent LE MALI POURSUIVRE SA MARCHE VERS LE DEVELOPPEMENT AVEC TOUS LES MALIENS.