Christian ELONGUE







L’impact et les bénéfices de la crise du coronavirus sur l’éducation

Les périodes de crise globale – comme la crise économique de 2008, l’attentat du 11 septembre ou celle que traverse le monde actuellement – sont rares. Mais elles ont l’avantage de transformer profondément et irréversiblement les systèmes politiques, sociaux, environnementaux et économiques. Le monde de l’éducation, et particulièrement le secteur de l’enseignement supérieur, n’est pas en reste. Au-delà des réponses et solutions alternatives adoptés par les universités des pays que nous avons présenté dans cet article, de nombreuses autres universités et institutions académiques sont « contraint » d’innover leurs pratiques pédagogiques en se servant de la technologie.




70 solutions edtech gratuites pour l’apprentissage mobile à distance pendant le confinement Covid-19

Voici une liste d’applications et de plates-formes éducatives qui peuvent aider parents, enseignants, établissements et systèmes scolaires à faciliter l’apprentissage des élèves et à assurer des interactions et des services sociaux pendant la fermeture des écoles. Ces solutions ont généralement une large portée, de nombreux utilisateurs et une efficacité avérée. La plupart sont gratuites, et plusieurs sont multilingues. La majorité de ces applications sont recommandées par l’UNESCO. J’espère qu’au travers de ces applications, et en fonction des besoins spécifiques des apprenants, les enseignants, parents et éducateurs pourront continuer à apprendre et enseigner leurs enfants malgré le confinement. Si vous connaissez d’autres solutions non présente dans cette liste, prière de l’indiquer en commentaire.



Les femmes africaines jouent-elles autant aux jeux vidéo que les hommes ?

Les femmes en Afrique jouent-elles autant aux jeux vidéo que les hommes ? Il s’agit là d’une interrogation digne de figurer à l’émission française Questions pour un Champion. Evidemment, on pourrait à priori répondre par la négative mais disposons-nous de faits concrets pour justifier cette position ? Alors que de nombreuses études américaines[1], françaises[2] ou asiatiques pullulent sur le rapport des femmes au jeu vidéo, elles deviennent rares ou inexistantes lorsqu’il s’agit du continent africain. Pourquoi ? Parce que le jeu vidéo est encore un phénomène social et une pratique culturelle en mutation sur le continent. A l’exception de l’Afrique du Sud où l’industrie du jeu vidéo a démarrée dans les années 80-90, il faudra attendre les années 2000 pour voir apparaitre les premiers jeu vidéo sur mobile ou PC produits par des studios d’Afrique subsaharienne.

Mais bien avant la production de jeux vidéo africains, les jeunes africains étaient déjà en pratique immergés et habitués à consommer des jeux vidéo étrangers. Des salles de jeux arcades aux salles de PlayStation où les jeunes s’agglutinaient pour se livrer des championnats de FIFA ou Pro Evolution Soccer. Aujourd’hui, les pratiques ont légèrement évolué depuis le boom numérique et technologique qui a permis la démocratisation des outils et méthodes de jeu vidéo. Si auparavant, il fallait forcément se rendre dans une salle de jeu vidéo, où l’on payait environ 10 centimes de $ pour jouer une partie, il est désormais possible de le faire à partir de chez soi et même en itinérance.

Les coûts des équipements de jeu vidéo (consoles de salon, TV, PC…) ont progressivement chuté, permettant ainsi à de plus en plus de jeunes, de classe moyenne, de pouvoir s’en procurer. Mais c’est certainement les smartphones qui vont vulgariser la pratique des jeux vidéo en Afrique. Même les enfants, qui ne sont point propriétaires de smartphones, empruntent régulièrement celui de leurs parents ou aînés pour jouer à des jeux mobiles dont ils sont passionnés.

Dans nos analyses antérieures, nous avions abordé les mutations du jeu vidéo en Afrique, qui devient de plus en plus un phénomène social et culturel accepté. Ici, nous présentions le potentiel éducatif de ces jeux vidéo pour mobile made in Africa, les défis de financement[3], les opportunités économiques de cette filière[4] et formulions des recommandations pour le développement de cette pratique sur le continent. Mais s’il existe un aspect des jeux vidéo qui manque considérablement d’informations, c’est sans aucun doute en rapport avec la dimension du genre. Combien de femmes en Afrique jouent aux jeux vidéos ? Comment jouent-elles, sur leur smartphone, tablette, PC ou dans les salles de jeu ? Combien de fois jouent-elles aux jeux vidéo : est-ce occasionnellement ou régulièrement ? Quelle est leur perception et expérience des jeux vidéo existant sur le marché (Google Store, App Store…) ? Quelle est le pourcentage de femmes actives dans la conception des jeux vidéo en Afrique ? Etc.

Voilà autant de questions auxquelles il est difficile d’apporter des réponses fiables et chiffrées. C’est la raison pour laquelle, nous avons décidé de passer des observations et suppositions à la collecte de données pouvant renseigner le profil des joueuses de jeux vidéos africaines. Nous avons ainsi mené un sondage préliminaire sur Facebook à travers une question : « Les femmes en Afrique, jouent-elles autant aux jeu vidéo que les hommes ? ».

Les commentaires, diverses et variés, nous ont permis de constater que la compréhension des jeux vidéo est assez biaisée. En effet, la majorité des répondantes concevaient exclusivement l’expression « jeu vidéo » comme étant celui nécessitant une console de jeu et un écran de télévision. Alors que cela renvoyait à tout jeu sur ordinateur, télévision, console de jeu, ou mobile (tablette ou smartphone).

Avant cette clarification, la majorité des réponses furent donc négatives :

  • « Les femmes n’ont pas le temps de jouer aux jeux vidéo »
  • « Comment pouvons nous jouer aux jeux vidéo avec les taches ménagères et obligations familiales qui pèsent sur nous ? »
  • « Les jeux vidéo c’est pour les garçons et non pour les filles »
  • « Hum, je n’y joue pas parce que c’est pour les enfants »
  • « Mes parents m’interdisaient d’y jouer car ça devait développer de l’agressivité en moi… »
Image libre de droits – freepik

En somme, nous avons pu constater que l’une des barrières à la pratique des jeux vidéo par les femmes est d’ordre social. En général, les femmes hésitent beaucoup à se revendiquer joueuses ou « gameuses » et cette difficulté augmente avec l’âge. Bien que 48% des joueurs de jeu vidéo aux Etats Unis sont des femmes, mais seulement 6% d’entre elles se considère comme des « gameuses », une terminologie bien souvent réservée aux férus ou hardcore du jeu vidéo sur console et PC. Et même sur PC et consoles, on retrouve également les femmes. Peut-être pas suffisamment en Afrique, mais une étude britannique parue en 2014, a démontré que la moitié des femmes jouant à des jeux vidéo le font sur console.

En parallèle avec notre sondage sur les réseaux sociaux, certaines femmes perçoivent les jeux vidéo comme étant un loisir d’homme : 72% des 43 femmes ayant répondu au sondage sont d’accord avec ce point de vue. Il s’agit là d’une autre barrière pour celles qui veulent s’orienter professionnellement dans le secteur des jeux vidéo. Les métiers de la programmation étant associés aux mathématiques, une matière encore perçue dans l’imaginaire collectif comme masculine, accentue ce phénomène, alors que le jeu vidéo combine technique et artistique.

D’autres rattachent cette pratique à l’enfance et craignent d’être traité d’enfantin, si jamais elles étaient surprises à jouer à un jeu vidéo. Pour se conformer à la représentation sociale du jeu vidéo, certaines décident ainsi de ne pas y jouer, même si l’intérêt existe. Enfin, une dernière catégorie de répondantes, généralement âgées de plus de 26 ans, considéraient le jeu comme une pratique futile pour une femme dont le temps est consacré presqu’entièrement à la gestion du foyer et des enfants.

Après avoir apporté une clarification précisant le type de jeu vidéo, notamment celui sur mobile. Les réponses reçues furent légèrement différentes. Nous avions eu beaucoup plus de réponses positives et les répondantes indiquèrent qu’elles jouaient en moyenne une fois à une application de jeu vidéo installée sur leur smartphone. Cela corrobore avec une étude semblable menée par Médiamétrie en 2013, qui confirmait que les femmes [françaises] privilégient la tablette pour se divertir et communiquer. « 40% des femmes  » tablonautes  » ont joué au cours du dernier mois contre 35% en moyenne. Plus encore la tablette semble favoriser cette pratique puisqu’une femme sur deux joue davantage sur tablette que sur ordinateur.[5] »

D’autres cependant, ont révélé jouer régulièrement à des jeux sur leurs smartphones, surtout lorsque ces jeux abordaient leurs centres d’intérêt : relation amoureuse, développement personnel, jeu d’aventures, de découverte… Elles déclarent également que leurs pratiques vidéo-ludiques ont développé l’esprit d’équipe, la patience et leur créativité.

Image issue du jeu « The Walking Dead »

En quoi ces données préliminaires sur les pratiques de jeux vidéo par les femmes en Afrique, sont-elles importantes ?

La compréhension des attitudes et usages des jeux vidéo par les femmes permet de mieux définir les politiques éducatives s’appuyant sur les technologies mobiles et de mieux élaborer les approches et contenus pédagogiques pour/sur le continent africain. Par exemple, nous avions mené une étude sur l’efficacité pédagogique d’un jeu sérieux développé par le studio Ghanéen Leti Arts, pour permettre au joueur d’acquérir les connaissances utiles dans la prévention et le traitement du paludisme. Notre échantillon de participants à l’étude était constitué de 137 étudiants sages-femmes ou infirmier. Seulement 9%, soit 13 personnes, étaient des hommes alors que la majorité des intervenants était des femmes soit 91%, c’est-à-dire 124 femmes. Les résultats avaient ainsi démontré que les femmes de cette école d’infirmiers jouaient plus régulièrement à ce jeu que leurs camarades hommes. Elles se donnaient régulièrement des challenges afin d’obtenir le meilleur score dans le jeu Hello Nurse et cette pratique régulière du jeu avait considérablement et positivement influencé leurs connaissances et comportements[6].

Aussi, elles étaient moins exigeantes sur la qualité ludique et graphique du jeu en lui-même. Une tolérance liée en partie au fait que le personnage principal du jeu, Adjoa, était de genre féminin.

Conclusion

En définitive, nous sommes conscients des limites inhérentes à cette analyse, qui n’entre pas suffisamment dans les détails. Mais d’autres recherches ont démontré que les femmes sont proportionnellement plus nombreuses à jouer à des jeux sur smartphone, Facebook, ou sur des portails Internet. Ces types de jeux ne sont pas reconnus comme « nobles » par la communauté des joueurs, car souvent trop simples et peu recherchés.

Notre analyse propose un compendium sur le sujet de la mixité dans le jeu vidéo et montre la nécessité ou l’urgence d’accorder plus d’intérêt à la filière du jeu vidéo en Afrique, c’est un secteur prometteur où les femmes aussi auront leur rôle à jouer. Il faut investir sur l’éducation – et la sensibilisation – pour une plus grande mixité et représentation des femmes dans l’industrie des jeux vidéo. Dans une prochaine analyse, nous élaborerons davantage et en profondeur sur les profils des joueuses et développeuses de jeu vidéo sur le continent africain. Il s’agira d’interroger la dimension genre autant dans la production que la consommation des jeux vidéo en Afrique.

Notes et références


[1] Par exemple, le Pew Research Center a interrogé un échantillon réprésentatif de 2001 Américains de plus de 18 ans. D’après les résultats, 48% des femmes jouent au jeux vidéo contre 50% pour les hommes.

[3] Dans une interview accordée à RFI, Olivier Madiba, un des fondateurs du Studio Camerounais Kiroo Game soulevait cet accès difficile au financement pour les créateirs de jeu vidéo africains : « la plupart des créateurs sont vraiment bloqués par le financement. Il y a une qualité que vous ne pouvez pas atteindre quand vous vous demandez comment vous allez payer votre loyer dans deux jours. C’est impossible. Il y a beaucoup de jeunes qui veulent créer, mais aucune banque ne finance le jeu vidéo ici, comparé à l’Occident, par exemple, où certaines banques ne font que ça. C’est en train d’émerger, mais il n’y a pas encore de fonds, de capital risque, de mécènes qui croient en cela. » URL : https://www.rfi.fr/emission/20171112-afrique-jeu-video-production-consommation-madiba-kiroo-games 3/3

[4] Ngnaoussi Elongue C. Christian, « Les défis de financement des jeux vidéo produits en Afrique », Thot Cursus, consulté le 21 janvier 2019, https://cursus.edu/articles/41582/les-defis-de-financement-des-jeux-video-produits-en-afrique.

[5] Etude SELL/GfK « Les Français et le jeu vidéo » sur une base de 1 023 personnes âgées de 10 à 65 ans, octobre 2017

[6] Cedric Christian Ngnaoussi Élongué, « L’univers d’un jeu vidéo influence positivement la motivation dans l’apprentissage », Thot Cursus, consulté le 9 avril 2019, https://cursus.edu/articles/42777/lunivers-dun-jeu-video-influence-positivement-la-motivation-dans-lapprentissage.



Comment l’Intelligence artificielle permet de lutter contre le changement climatique ?

Alors que la planète continue de se réchauffer, les impacts du changement climatique s’aggravent. En 2016, il y a eu 772 événements météorologiques et catastrophes, soit trois fois plus qu’en 1980. 20% des espèces sont actuellement menacées d’extinction, et ce nombre pourrait atteindre 50% d’ici 2100[1]. Et même si tous les pays tiennent leurs engagements climatiques de Paris, d’ici 2100, il est probable que les températures moyennes mondiales seront 3˚C plus élevées qu’à l’époque préindustrielle. Mais nous disposons d’un nouvel outil pour mieux gérer les impacts du changement climatique et protéger la planète : l’intelligence artificielle (IA).

 C’est quoi l’intelligence artificielle ?

L’Intelligence artificielle est la science dont le but est de faire faire par une machine des tâches que l’homme accomplit en utilisant son intelligence. Elle vise à mimer le fonctionnement du cerveau humain, ou du moins sa logique lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Dans la pratique, cela consiste à mettre en œuvre un certain nombre de techniques visant à permettre aux machines d’imiter une forme d’intelligence réelle. L’IA se retrouve implémentée dans un nombre grandissant de domaines d’application dont celui de l’environnement avec le changement climatique.

Comment l’IA permet-elle de lutter contre le changement climatique ?

L’IA peut être appliquée dans la lutte contre le changement climatique et l’entrée dans la transition énergétique. Cela pourrait devenir un outil puissant pour mieux comprendre la mécanique du changement climatique et apporter des solutions pour y faire face. Par exemple, l’identification et la préservation de la biodiversité, la réparation des dommages causés, ou encore la modélisation de l’impact de l’Homme.

Grace aux techniques de l’IA, on peut créer une base de données comprenant la consommation électrique, les données de pollution de l’air, ou encore la pluviométrie et l’ensoleillement. L’utilisation de ces chiffres permettraient d’ajuster les besoins et donc la production en temps réel, et pourraient faire baisser les émissions polluantes.

L’IA rend possible l’analyse de grandes quantités de données pour cartographier le changement climatique, individualiser les soins de santé et l’apprentissage, prévoir les tendances en termes de consommation, rationaliser la consommation énergétique, la gestion des déchets, lutter contre le braconnage et la pêche illégale, etc. On peut s’en servir pour créer des cartographies des espèces vivantes, et de la déforestation, qui viseraient à la restauration des écosystèmes régionaux et globaux. Dans le secteur agricole, l’utilisation de données pourrait permettre d’automatiser les pratiques agricoles et l’irrigation ; réduire et mieux orienter l’utilisation des pesticides.

L’IA est donc l’un des meilleurs moyens pour répondre à la demande mondiale des différents marchés et des différentes industries d’abaisser leur empreinte carbone conformément aux objectifs mondiaux de lutte contre le réchauffement climatique[2]. En étant capable d’augmenter l’efficacité de toutes sortes de technologies, l’utilisation de l’IA va être fondamentale pour limiter le réchauffement de la planète. Elle va permettre des gains de productivité et d’efficacité énergétique. A ce propos, Jean François Gagné, PDG d’Element AI, déclarait : « L’utilisation de l’IA va être fondamentale dans notre habilité [à] augmenter l’efficacité de toutes sortes de technologies et réduire leur impact environnemental »[3].

Une solution innovante portée par les leaders mondiaux de l’industrie numérique.

Compte tenu de son besoin considérable en énergie, le secteur des TIC[4] reste une source nette d’émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). Les centres de données utilisés pour alimenter les services numériques contribuent actuellement à hauteur d’environ à 2% des émissions mondiales de GES.  Les grandes entreprises numériques intensifient leurs efforts pour réduire leurs propres émissions de GES et décarboner l’économie mondiale dans son ensemble.

Plusieurs entreprises comme les GAFAM (Google, Amazon, Facebook Inc., Apple, Microsoft) joignent déjà le geste à la parole. Google[5] par exemple, dans sa volonté d’approfondir sa politique écoresponsable, a commencé à utiliser l’intelligence artificielle pour gérer ses centres de données, ce qui a réduit la consommation totale d’énergie des centres de 15% et réduit l’utilisation d’énergie pour le refroidissement des centres de données de 40%[6]. En effet, le coût écologique des centres de données est énorme. Une recherche sur Google équivaudrait à une ampoule électrique allumée pendant une heure.

Leur système d’intelligence artificielle DeepMind[7] utilise une technologie de réseau neuronal qui reproduit le système nerveux central humain grâce à des algorithmes élaborés. DeepMind dispose de nombreux paramètres qui pourraient être utilisés pour arriver à une baisse de la consommation : aux types d’énergies utilisées et à la prédiction de pics de demandes et d’offres dans le domaine de l’énergie, à la météo et aux besoins énergétiques d’une ville ou région.

S’inscrivant dans la même vision que DeepMind, de nombreuses initiatives et entreprises sont nées pour réduire la consommation d’énergie. C’est le cas par exemple d’Energiency[8] est une start-up qui développe des algorithmes permettant aux entreprises d’optimiser leur consommation d’énergie en analysant en temps réel les données issues de compteurs électriques connectés. Climate Change Challenge, a pour objectif de mobiliser l’intelligence collective et les données ouvertes pour produire des solutions contre le changement climatique.

De nombreux espoirs reposent sur l’IA[9] pour résoudre les effets dus au dérèglement climatique, mais ira t’elle assez vite ? Surtout lorsque l’on observe le boom économique des pays émergents comme la Chine, l’Inde et le Brésil, qui représentent à eux 3 environ 40% de la population mondiale.  Que se passera-t-il quand la Chine sera un pays développé à l’image des États-Unis ? Que se passera-t-il si les pays africains décident de tourner le dos aux énergies renouvelables pour accélérer leur développement technoscientifique ?

A cet effet, nous pensons fermement que la résolution des problèmes climatiques n’est pas qu’une question de politique, mais de survie de l’humanité. Le réchauffement du globe est la plus grande menace pour la sécurité mondiale. Il menace la paix, les villes et les milliards de personnes qui y résident. L’intelligence artificielle est l’une des solutions envisageables et concrètes pour nous aider à y parvenir.

 

Notes et références


[1] Joe Wiseman RENEE CHO, « Artificial Intelligence—A Game Changer for Climate Change and the Environment », State of the Planet (blog), 5 juin 2018, https://blogs.ei.columbia.edu/2018/06/05/artificial-intelligence-climate-environment/.

[2] RÉMI LONGUECHAUD, « L’IA contre le réchauffement climatique », Rémi Longuechaud (blog), 19 août 2017, https://remilonguechaud.fr/2017/08/19/lia-contre-rechauffement-climatique/.

[3] « L’intelligence artificielle, un moyen de lutte contre le réchauffement », La Presse, mai 2018, https://www.lapresse.ca/environnement/dossiers/changements-climatiques/201805/25/01-5183288-lintelligence-artificielle-un-moyen-de-lutte-contre-le-rechauffement.php.

[4] « Les TIC instruments de la lutte contre les changements climatiques | CCNUCC », consulté le 21 août 2018, https://unfccc.int/fr/news/les-tic-instruments-de-la-lutte-contre-les-changements-climatiques.

[5] « L’IA de Google lutte contre le réchauffement climatique », L’Atelier BNP Paribas, consulté le 21 août 2018, https://atelier.bnpparibas/smart-city/breve/l-ia-google-lutte-contre-rechauffement-climatique-1.

[6] « Intelligence artificielle : un bond vers le développement durable », Centre régional d’information des Nations Unies (UNRIC), consulté le 21 août 2018, https://www.unric.org/fr/actualite/4515-intelligence-artificielle-un-bond-vers-le-developpement-durable.

[7] Spécialisée dans l’intelligence artificielle et le Deep Learning, la société Deep Mind, rachetée en 2014 par Google, collabore avec les universités américaines afin de faire progresser la recherche en matière de réchauffement climatique.

[8] Arnaud Legrand, « L’intelligence artificielle bienveillante au service du climat », Libération.fr, 16 octobre 2015, https://www.liberation.fr/evenements-libe/2015/10/16/l-intelligence-artificielle-bienveillante-au-service-du-climat_1405276.

[9] Akhillé Aercke, « Comment l’intelligence artificielle peut se mettre au service de l’environnement | The Weather Channel », consulté le 21 août 2018, https://weather.com/fr-FR/france/news/news/2018-03-29-comment-intelligence-artificielle-au-service-environnement.


Les voitures-volantes : de la science-fiction devenue une réalité pour une meilleure mobilité urbaine.

Et si l’avenir du transport urbain se trouvait dans le ciel, comme dans Blade Runner ?

Apparue au début du dix-neuvième siècle, la science-fiction (SF) a accompagné les révolutions industrielles et technologiques, en repoussant les limites imaginaires de l’innovation[1]. Si Jules Verne fut un des pères fondateurs de la science-fiction, c’est un Américain d’origine luxembourgeoise, Hugo Gernsback, qui est souvent désigné comme l’inventeur du terme[2]. La SF présente souvent le futur de l’Humanité dans des récits parfois utilisés comme des éléments de prospective par les organisations, notamment dans les centres de R&D où on purge la SF de ses éventuels défauts. Le biologiste Miroslav Radman, co-auteur de Au-delà de nos limites biologiques voit la science-fiction comme « une simulation mentale du futur », qui permet « de se préparer émotivement et intellectuellement au changement[3] ». Elle annonce et accompagne les grandes tendances et révolutions économiques, politiques et technologiques. Et l’avènement des voitures-volantes, en est la confirmation.

Dans les années 50, lorsque naissait l’automobile, une vague d’excitation, d’engouement et d’enthousiasme avait secoué le monde. Malgré l’impact positif qu’a apporté l’automobile, on n’a pas tardé à se rendre compte de ses tares, notamment les bouchons ou la pollution de l’environnement. A partir des années 90, la littérature et le cinéma ont commencé à projeter des imaginaires où des voitures volantes révolutionnaient les transports, en passant de la saturation horizontale à une liberté verticale. Ce futur inspiré de la science-fiction a nourri les imaginaires et contribué à des innovation technologiques. On comprend donc pourquoi Albert Einstein déclarait jadis que : « L’imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l’imagination englobe le monde entier, stimule le progrès, suscite l’évolution ». Cette évolution désormais contemporaine est portée par quelques entreprises majoritairement européennes et américaines comme Airbus, Uber, A3. Ces dernières ont développé des prototypes de voitures volantes qui sont déjà opérationnelles et certaines ont même entamé des services pour le privé. La suite de notre article présentera comment cela révolutionnera la mobilité urbaine et à moindre coût.

La voiture volante, une solution aux bouchons et à la congestion humaine

Imaginez-vous un instant englué, pendant 4 heures dans un embouteillage routier sous la canicule. Vous avez une réunion de haute importance à laquelle vous devez participer à l’autre bout de la ville. Ou alors, vous retournez tout simplement à votre domicile, après une longue journée épuisante au travail. La canicule, impitoyable vous mitraille et vous commencez à avoir l’impression que même la climatisation (si jamais il y’en a) de votre véhicule, ne parvient pas à étouffer la chaleur. Les concerts sonores et tintamarresques des klaxons de chauffeurs énervés et exaspérés, vous irritent et vous êtes sur le point de craquer. A cet instant, vous donneriez tout pour pouvoir sortir de cette situation, mais votre esprit vous rappelle que c’est « impossible ». Sous d’autres cieux pourtant, notamment au Nigéria où un politicien nigérian envoie un hélicoptère récupérer sa petite amie, l’actrice Régina Daniels, qui était coincée dans les bouchons pendant plusieurs heures sur l’axe routier Lagos – Benin.

https://www.youtube.com/watch?v=UFcthb0oSiU

Mais puisque vous n’êtes point milliardaires, vous pensez ne pouvoir vous offrir ce « luxe ». alors, détrompez-vous ! Car l’impossible est désormais possible. Ce qui était un luxe est désormais accessible grâce aux voitures volantes, lesquels vous donneront une plus grande liberté individuelle dans vos mouvements, vous permettant d’aller où vous voulez et quand vous le voulez. Comme le défend Rodin Lyasoff, directeur exécutif de A³ – satellite d’Airbus pour tout ce qui se veut innovant – dans sa présentation TEDx.  Dans cette dernière, il présente le modèle Vahana, un taxi volant électrique qui peut être commandé via une application dédiée et atterrir sur des vertiports[4] (vertical + port). Il s’agit là d’un modèle plus performant que le Lilium Jet, une autre voiture volante crée en 2017.

Lors d’un test d’essai réalisé le 31 Janvier 2019, ce robot-taxi s’était envolé à environ 5 m de haut. Malgré cette performance réussie, il faudra tout de même attendre des perfectionnements et des changements législatifs pour la commercialisation de ce que d’aucuns considèrent comme « Le Uber du Futur ». Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate a d’ailleurs annoncé la commercialisation de ces taxi volants en 2023[5], à Los Angeles et à Dallas, deux grandes agglomérations américaines minées par les embouteillages.  Et le projet CityAirbus est également en cours d’affinage pour une variante manuellement pilotée.

Pourquoi utiliser des voitures volantes alors qu’il existe des hélicoptères ?

«Le coût, mais aussi le bruit. Le bruit de l’engin doit s’intégrer dans le bruit de fond de la ville», et cela nécessite une nouvelle technologie, notamment des hélices plus petites et une propulsion électrique », répond M. Thacker, responsable de l’innovation chez Bell. « Nous pensons pouvoir rendre ces appareils bien plus silencieux en redessinant les rotors ou en modifiant leur vitesse de rotation » ajoute Eric Allison, le responsable de la division Uber Elevate. En effet, rappelons qu’à São Paulo — où l’hélicoptère est utilisé depuis longtemps par les navetteurs brésiliens fortunés —, un service de taxi héliporté à bas tarif, Voom, avait déjà vu le jour, en juillet 2017.

Les avions n’auront bientôt plus le monopole du ciel. Ils devront cohabiter avec des nuées de modèles réduits : des aéronefs à décollage et atterrissage verticaux aux drones et applications commerciales dans la supervision, la livraison et même le transport de personnes, en plus de ceux des particuliers qui en ont une utilisation ludique. D’où la nécessité de réorganiser le ciel. C’est pourquoi les régulateurs planchent actuellement sur des réformes de leur sécurité aérienne dans de nombreux pays. Notre prochain article analysera plus en profondeur ces enjeux règlementaires, sécuritaires et environnementaux.

 

Notes et références


[1] Thomas Michaud, ‘La dimension imaginaire de l’innovation : l’influence de la science-fiction sur la construction du cyberespace’, Innovations n° 44, no. 2 (18 April 2014): 213–33.

[2] Gary Westfahl, Hugo Gernsback and the Century of Science Fiction, vol. 5 (McFarland, 2007).

[3] Le Point magazine, ‘La science-fiction, un divertissement qui est aussi outil de réflexion’, Le Point, 19 December 2012, https://www.lepoint.fr/culture/la-science-fiction-un-divertissement-qui-est-aussi-outil-de-reflexion-19-12-2012-1603981_3.php.

[4] Le Groupe ADP a annoncé un partenariat avec la RATP et Airbus pour le développement d’une solution agnostique capable d’accueillir différents types de taxis-volants. Il s’agit d’un vertiport à plateaux mobiles, se déplaçant et permettant donc d’embarquer ou de débarquer des voyageurs tout en accueillant d’autres véhicules en même temps. https://www.adp-i.com/fr/actualites-evenements/le-groupe-adp-va-concevoir-et-construire-des-vertiports-pour-accueillir-les

[5] Jérôme Marin, ‘« Dans dix ans, les taxis volants seront présents dans de nombreuses villes »’, Silicon 2.0, accessed 15 July 2019, https://siliconvalley.blog.lemonde.fr/2018/05/12/dans-dix-ans-les-taxis-volants-seront-presents-dans-de-nombreuses-villes/.


Comment les taxis volants électriques autonomes révolutionnent les modes de transport ?

Vers la mobilité du futur?

En 2010 pour la première fois sur la terre, plus de la moitié des êtres humains habitaient en zone urbaine et on pense qu’on passera les 60% en 2030. Chaque jour des centaines de personnes migrent vers les zones urbaines, à la quête de meilleurs pâturages. Cette explosion démographique entraine de nombreux autres problèmes politiques, sociaux et économique, de l’aménagement urbain à la communication interculturelle, du chômage à la pollution atmosphérique. Pour une meilleure gestion de ces défis, le concept de ville intelligente (Smart City) a émergé et est en train d’être démocratisé dans le monde. Cependant, la mobilité efficace et rapide des biens et des personnes demeure toujours une préoccupation constante, notamment avec les embouteillages routiers et la congestion humaine, qui affectent la productivité et le bienêtre des citoyens.

La situation semblait sans issue, surtout pour les masses citoyennes, ne pouvant se permettre l’usage d’autres moyens de transports plus rapide et sécurisé comme le transport aérien. Mais avec l’avènement des voitures volantes et des robot-taxis, depuis les années 2017, le paysage des transports urbains est en mutation. Les constructeurs aéronautiques ont ingénieusement donné vie à la science-fiction et envisage conquérir l’espace de basse altitude, pour faciliter le transport rapide, sécurisé, confortable et abordable des biens et personnes.

Aujourd’hui, Airbus et Boeing sont à peu près au même stade d’avancement dans les tests de leurs taxis volants. Le géant américain Boeing s’exprimait sur l’avenir de ce secteur : « le vol autonome ouvre de nombreuses possibilités. Le trafic dans les zones urbaines denses va se transformer. On estime que 25% des trajets pour se rendre jusqu’à son lieu de travail, partout dans le monde sont supérieurs à 90 minutes, alors imaginez le gain de temps que pourrait offrir un taxi volant autonome[1]». Il semble tout à fait possible que des véhicules aériens autonomes soient en service dès 2020. Si tel est le cas, en 2024, aller de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle à un site olympique en taxi volant ne sera point une chimère, mais un objectif « réaliste » pour Aéroports de Paris (ADP), qui veut profiter des Jeux Olympiques pour tester un projet de mobilité du futur, avec Airbus et la RATP. Cependant, il reste du chemin à parcourir avant d’intégrer un véhicule volant dans le transport urbain. Avant qu’on en arrive là, il existe des enjeux contemporains sur l’usage des voitures volantes, que la seconde partie de notre article entend explorer, notamment les questions règlementaires, sécuritaires, économiques, environnementales et d’acceptabilité sociale.

L’enjeu règlementaire

La voiture volante, « les gens en rêvent sur le papier depuis des décennies et, maintenant, la technologie est là. La seule question, c’est comment nous allons nous y prendre », déclare Michael Thacker, vice-président du constructeur d’hélicoptères américain Bell.  Avant de survoler la tête des citadins avec ces nouvelles machines, un énorme travail de réglementation doit être mené à l’échelle mondiale. Airbus a pris le devant de ses concurrents (Boeing, Uber etc.), en menant un important travail de lobbying et d’évangélisation des esprits. Par exemple, la publication une grande enquête sur l’acceptabilité sociale de la mobilité aérienne urbaine, interrogeant 1540 personnes dans les villes de Los Angeles, Mexico ainsi qu’en Suisse et en Nouvelle Zélande.

Figure 1: Airbus a réalisé un sondage sur la perception de la mobilité aérienne auprès de 1540 personnes.

Dans le rapport d’enquête, les habitants des zones rurales sont peu enclins à utiliser ces nouveaux modes de transport alors que les jeunes urbains confrontés aux embouteillages les plébiscitent. Mais au-delà de l’acceptabilité sociale, les constructeurs devront faire modifier les règles du trafic aérien et de survol des zones habitées. Pour y parvenir, Airbus et Uber font des progrès. D’une part, Uber a établi un partenariat avec la NASA pour concevoir un système de gestion du trafic aérien urbain, puisqu’elle estime qu’elle pourrait exploiter plusieurs milliers de vols quotidiens d’ici 2023. Airbus de son côté a mené des expérimentations sur le campus de l’université de Singapour où le drone Skyways d’Airbus Helicopters a réussi un vol de livraison d’un colis chargé automatiquement par un bras robotisé. Les étudiants peuvent utiliser ce mode de livraison pour leurs commandes sur internet.

Figure 2: Le drone livreur de colis d’Airbus en action sur le campus de l’université de Singapour

Aux Etats Unis, certains Etats sont déjà favorables comme Los Angeles et Chicago. La Nouvelle Zélande  aussi, en autorisant la société américaine Kitty Hawk a réalisé des tests sur son territoire avec leur  « Flying Taxis Cora ». En Allemagne, la chancelière Angela Merkel a signé une lettre d’intention avec les représentants d’Audi (groupe Volkswagen) et d’Airbus pour tester des taxis aériens dans la ville d’Ingolstadt et ses environs. « Les taxis volants ne sont plus une vision, ils peuvent nous emmener vers une nouvelle dimension de la mobilité », a déclaré à ce propos, le ministre des Transports allemand, Andreas Scheuer.

Comme on peut s’en rendre compte, les questions de législation tournent essentiellement autour de l’acceptabilité et de la sécurité. La législation qui encadrera l’insertion de ces nouveaux engins volants dans l’environnement urbain et périurbain est un préalable indispensable pour que cette nouvelle industrie prometteuse décolle, et d’après la banque Morgan Stanley, elle devrait représenter un chiffre d’affaires annuel de 1,5 milliard de dollars en 2040. Et au regard des évolutions actuelles, on envisage leur usage pour le transport des personnes d’ici 2025, mais bien avant pour le transport des biens, comme des produits médicaux d’urgence.

Entre autonomie et sécurité.

La majorité sinon toutes les voitures volantes existantes sont autonomes[2], c’est-à-dire que la navigation repose essentiellement sur le pilotage automatique. Elle est intelligente, avec des caméras et un radar permettant de détecter et éviter des obstacles inattendus. La majorité des tests se font sans passagers. A l’exception de ceux réalisés par la firme chinoise Ehang qui a réalisé en Février 2018, une série de vols publics avec des passagers dans la ville de Canton, Guangzhou.

Cette série de vols était non seulement avec des ingénieurs mais aussi des officiels du gouvernement chinois. En tout, une quarantaine de personnes ont déjà volé dans ce drone-taxi et les passagers cobayes chinois n’ont eu qu’à s’asseoir à bord sans s’occuper du pilotage puisque le Ehang 184 est entièrement autonome. Une fois le client  qui aura commandé son taxi via son smartphone pris en charge , c’est l’ordinateur de bord qui prend le contrôle et le transporte à bon port grâce à un pilote automatique. Toutes les conditions météo ont été testées jusqu’à faire voler le taxi drone propulsé par un quadrirotor 100 % électrique dans le brouillard, par temps de jour et de nuit et même par un vent de force 7. Un autre aspect sécuritaire est la présence d’un réseau 4G, qui permet d’effectuer un suivi en temps réel par un centre de supervision et en cas de défaillance technique il se pose immédiatement sur le vertiport le plus proche. Au-delà de la chine, les Émirats arabes unis espèrent que d’ici 2030 le quart de toutes les courses de taxi de leurs États s’effectueront grâce à des services de transport automatisés.

L’enjeu environnemental

Les voitures volantes, comme Lilium Jet sont entièrement électriques et n’émettent pas de CO2, bien qu’étant capable d’atteindre 4000 m d’altitude. Le Lilium Jet peut accueillir deux passagers et vole à une vitesse de croisière de 250-300 km/h. Mais ce véhicule peut également ranger ses ailes pour intégrer les itinéraires terrestres, comme n’importe quelle voiture, tout en respectant l’environnement. Son financement a d’ailleurs été réalisé par diverses institutions publiques et privées militant pour la diminution des changements climatiques.

L’enjeu économique

Il s’agit précisément d’une économie de temps et de ressources financières. Par exemple, avec le projet Lilium, on peut parcourir 300 kilomètres et rallier l’aéroport J.-F. Kennedy à Manhattan en six minutes pour un tarif de 70 dollars à 80 dollars (72 euros) par passager. Le tarif moyen avec Vahana de la firme A3 d’Airbus coutera environ 50 Euro. Avec de tels coûts, une entreprise est rentable. Et bien qu’il existe des services de taxi avec des hélicoptères comme Voom au Brazil, ils s’avèrent être un peu chers, un peu difficiles à piloter et trop bruyants pour les utiliser au quotidien dans les villes.

Conclusion

Il y a plus de 20 entreprises dans le monde qui travaillent en ce moment sur des projets de création ou d’amélioration de véhicules volants. Le cabinet Deloitte évalue le poids du marché à 17 milliards de dollars d’ici à 2040, rien qu’aux Etats-Unis. Dans les cinq prochaines années, on verra des vertiports apparaître dans quelques villes, et des petites icônes d’avion sur les applications de covoiturage. Ça pourrait commencer par une dizaine, mais un jour ou l’autre, on pourrait en avoir des centaines, survolant nos villes. Ça va fondamentalement transformer la manière dont nous nous déplaçons. Si au siècle dernier, c’était le trafic aérien qui connectait notre planète ; dans le prochain, il va reconnecter nos communautés locales, et j’espère qu’il nous reconnectera les uns avec les autres. Car bien qu’on puisse être fasciné par le progrès que les voitures volantes représentent, on doit également être vigilant des possibles dérives. De pareilles technologies doivent être appréciés en termes de valeur pratique plutôt que d’éloignement de nos possibles antérieurs.

Notes et références


[1] Valentin Cimino, ‘Boeing se dit prêt à lancer son taxi volant autonome pour un usage urbain’, Siècle Digital (blog), 6 March 2019, https://siecledigital.fr/2019/03/06/boeing-se-dit-pret-a-lancer-son-taxi-volant-autonome-pour-un-usage-urbain/.

[2] Normand, ‘Y a-t-il un pilote dans le taxi volant ?’, 17 May 2019, https://www.lemonde.fr/la-foire-du-drone/article/2019/05/17/y-a-t-il-un-pilote-dans-le-taxi-volant_5463533_5037916.html.


Les enjeux du multi-salariat pour les pays en voie de développement

La seule différence substantielle entre le travail à la chaîne du siècle passé et les plateformes de micro-travail, est que ces dernières se basent non pas sur une hyperspécialisation mais sur une hyperstandardisation des actions.  Malgré les controverses qui tournent autour des entreprises participantes à cette économie des plateformes (Amazon Mechanical Turk, Upwork, Isahit…), il n’en demeure pas moins qu’elles ont des avantages non négligeables. Dans cet article, nous montrons comment l’économie de plateforme participe au développement des compétences et l’importance de se focaliser sur la maximisation de la valeur qui revient aux travailleurs.


Comment les statuts WhatsApp nous renseignent sur la personnalité des individus

Saviez que les statuts live de vos amis peuvent vous donner des informations précieuses sur leur état d’esprit ? Saviez vous que ces murs sont des outils de communication parallèle efficaces mais redoutables ?

Deux scénarios éloquents sur le caractère aliénant des statuts.

Premier scénario :

Abena Owusu, une jeune femme ghanéenne âgée de 26 ans, vient de recevoir un appel de son copain, qui l’annonçait n’avoir plus d’intérêt et voulait stopper leur relation amoureuse qui perdure depuis 4 ans. Abena, étouffe de colère, tout son corps tremble tellement elle est enragée. Après quelques heures de pleurs, elle se rend sur son statut WhatsApp où elle poste des messages apparemment innocents pour un observateur lambda, mais très éloquent pour leur destinataire. Vindicative, ses messages sont lourds de reproche, d’avertissement et de menaces dont la finalité ultime est d’amener son Roméo à renoncer à sa décision ou du moins, à le lui faire regretter et à développer. Quelques jours après cet incident, elle est victime d’un choc cérébral entraînant la paralysie complète du coté gauche de son corps. Plusieurs mois de traitement à l’Hôpital n’ont aucun effet, les médecins ne parviennent pas à identifier exactement la cause de cette paralysie. La famille a ainsi vite fait d’attribuer cela à une attaque mystique d’un(e) jaloux du bonheur et de la beauté de leur fille Abena. La famille ignore qu’Abena traverse une crise émotionnelle depuis sa rupture. Elle ne peut ni ne veut le leur dire également. Son père est un diacre très respecté et influent qui ne rate jamais l’occasion de chanter la chasteté et l’exemplarité de sa fille unique Abena. Ni lui ni aucun autre parent ne se doutent de la vie parallèle dans laquelle cette dernière vivait. Si seulement, ils consultaient les statuts WhatsApp de leur fille, ils auraient longtemps compris qu’il y’avait quelque chose d’anormal qui clochait. Et cela aurait peut-être constitué une piste de résolution du mal intérieur qui rongeait Abena…

Deuxième scénario :

Si le premier scénario est une histoire vraie qui nous a été narrée, la seconde a été personnellement vécue. Notre compagnie avait organisé une soirée de gala pour remercier et dire aurevoir à certains membres sortants du Conseil d’administration. Après le repas et les témoignages, vint l’instant de se défouler. Le DJ de l’occasion joua des rythmes et sonorités locales, mais étant donné que la soirée avait été organisée un vendredi soir, après une longue journée de travail, tous les collègues étaient épuisés et certains retournèrent à leur domicile se reposer. Cependant, une jeune collègue de 27 ans se lança avec énergie sur la piste de danse. Initialement, je crus qu’elle était emportée par la musique, mais je m’aperçu quelques secondes plus tard qu’elle tenait son iPhone en mode selfie, s’autofilmant pendant qu’elle dansait. Elle sollicita même un tiers pour mieux la filmer pendant quelques minutes. Lorsque je l’interrogeais, un peu surpris, elle déclara innocemment que ces vidéos étaient réalisées juste pour alimenter ses statuts WhatsApp, Facebook et Instagram…

Cette déclaration me rappela les propos d’une amie Magalie Laliberté, qui disait en parlant des réseaux sociaux que : « Les jeunes ne vivent plus l’instant présent. Ils documentent le présent. » En effet, les réseaux sociaux sont rapidement devenus des outils aliénant affectant la santé mentale des jeunes, surtout les « digital natives ». Ces derniers n’envisagent point leur vie sans accès à internet, à leur portable, à Internet et tous les contenus qu’on y retrouve. Dans une analyse antérieure, nous présentions déjà l’importance voire l’urgence de parfois de déconnecter, pour respirer, se désintoxiquer, prendre du recul et mieux apprécier la vie sans internet ni réseaux sociaux. Dans celle-ci, nous nous pencherons sur une fonctionnalité spécifique des réseaux sociaux, les statuts, afin de montrer comment ils fournissent de précieuses informations sur l’état psychologique des jeunes et leur potentiel usage pédagogique.

Mais pour faciliter l’analyse, nous avons tenté une catégorisation des profils d’utilisateurs des statuts.

Young women showing a WhatsApp Messenger icon – CC

Les profils d’utilisateurs des statuts.

Image libre de droit

 

Les Annonceurs ou reporters : Cette catégorie regroupe tous ceux qui se servent de leurs statuts comme plateforme publicitaire leur permettant d’annoncer à leurs proches et au monde, les événements auxquels ils sont impliqués ou intéressés. Il est ainsi possible de savoir exactement le lieu et l’activité que réalise ce genre d’individu juste en se rendant sur son statut. Tel des journalistes reporters, ces derniers sont obsédés par le besoin d’informer les autres de tout ce qu’ils font en temps réel. Au niveau psychologique, il s’agit parfois d’un manque de confiance en soi, d’un besoin d’approbation des autres ou tout simplement la satisfaction de leur ego.

 

 

Image libre de droit

 

Les Blagueurs : il s’agit là de personnes passionnées d’humour et baignant régulièrement dans une humeur positive. Sur leurs statuts, la majorité de leurs contenus sont des images ou vidéos hilarantes, le plus souvent collectées sur internet dans des groupes dédiés. Par exemple, il existe des communautés ou groupes Facebook uniquement destinés au partage de contenus humoristiques ou sarcastiques. Il s’agit d’une source d’approvisionnement pour les Blagueurs qui éprouvent du plaisir à diffuser de la bonne humeur ou à arracher un sourire à un proche autour d’eux. Du point de vue psychologique, diffuser le rire pour les Blagueurs a une fonction thérapeutique, un exutoire pour se libérer du stress quotidien du travail, des études, de la famille ou de la vie en général.

 

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Les Cachotiers : Cette catégorie renvoie aux personnes comme Abena Owusu, ceux qui se servent de leurs statuts comme des postes de combat pour mitrailler ceux qui les auraient offensés. Parfois, les attaques sont ciblées et directes lorsque le Cachotier mentionne clairement le nom du destinataire. Mais le plus souvent, elles sont anonymes et seules des proches peuvent cerner les sous-entendus ou non-dits. Au niveau psychologique, les Cachotiers sont parfois des personnes colériques ou timides qui n’arrivent pas toujours à exprimer ouvertement et verbalement leurs émotions. Leurs statuts deviennent ainsi un ring de boxe, où ils peuvent se défouler, cracher leur venin en toute sécurité et confort mental, blotti avec leur portable. De nature renfermés, ils se sentent courageux et puissant lorsqu’ils sont abrités derrière leur écran. Les statuts leur permettent ainsi d’extérioriser leur état psychologique : dépression, stress, fatigue, frustration… Vous ne pourrez saisir leur état émotionnel qu’en visitant leur statut WhatsApp car ils ne vous diront pas ou rarement qu’ils ne vont pas bien.

Les Pros comme l’expression l’indique, désigne ces personnes, parfois matures, qui ont un usage stratégique et consistent de leurs statuts. Il s’agit parfois d’entrepreneurs accomplis ou en devenir qui s’en servent pour éduquer leur audience, marketer leurs produits, motiver leurs followers, réaliser leur branding personnel ou organisationnel etc. Il n’est ainsi pas surprenant de retrouver des profils avec des produits de beauté ou électroniques en vente. Le follower ou regardeur a ainsi une relation directe quoiqu’informelle avec le fournisseur de services. C’est cette pratique qui a motivé WhatsApp à développer une version « business » pour les entreprises afin d’avoir une meilleure relation de proximité entre clients/marchands.

Les Spirituels : il s’agit là de croyants – chrétiens ou musulmans le plus souvent – qui utilisent leurs statuts pour partager des contenus religieux dérivés de leur expérience personnelle ou tiré de livres ou personnalités religieuses. Il est par exemple courant de retrouver des versets bibliques ou coraniques, des mots d’encourages chrétiens… Evidemment, il est peu recommandable de se fier à ces statuts à caractère religieux pour mesurer la maturité spirituelle d’un individu.

Voilà ainsi présentés les 5 profils d’utilisateurs des statuts sur les réseaux sociaux. Evidemment il ne s’agit point de catégories closes et fixes, mais juste des traits dominants. On peut ainsi retrouver un Cachotier partager des contenus spirituels, pour se remonter le moral ou attaquer une cible invisible. On peut également avoir un Annonceur pro, qui est consistent et stratégique dans ses usages. Le plus important n’est point cette catégorisation, mais le fait qu’elle permette de ressortir et d’apprécier les dynamiques en cours dans les usages des réseaux sociaux. Les professionnels de la santé, surtout mentale, trouveront en cela un matériau supplémentaire pour améliorer le diagnostic de leurs patients. Et parfois, cela peut sauver des vies, surtout lorsque la victime de trouble psychologique n’extériorise point véritablement son état émotionnel ou psychologique.

Cependant, la communauté éducative est-elle consciente des immenses potentialités contenues dans les espaces d’apprentissage informel comme les statuts, et exploite-t-elle l’omniprésence des technologies mobiles afin d’encourager de nouvelles percées pour relier entre eux les environnements scolaires, post-scolaires et familiaux ? Telle est la question principale à laquelle la seconde partie de notre analyse tentera d’apporter un éclairage.