Réndodjo Em-A Moundona

Miroir oh miroir, dis-moi qui je suis!

Enregistrement de l´Atelier des Medias/ #MondoblogAbidjan
Enregistrement de l´Atelier des Medias/ #MondoblogAbidjan

« Il n’est rien de plus beau ni de plus solide que la vérité. »
Citation de Platon
 ; Les lois – IVe s. av. J.-C.

Je venais d´atterrir à Hassan Djamouss ce lundi 12 mai. Devant le tapis roulant attendant ma valise, je téléphone en premier à tous les mondoblogueurs toute excitée de leur restituer tout ce dont j´ai pu bénéficier en ces 10 jours. Rendez-vous est donc pris pour le lendemain à l´IFT. A 10 heures de la matinée, me voila qui parlais de sécurisation de données, comment rester anonyme sur le Net avec les logiciels à l´appui que j´étais prête à laisser partager. Je faisais mon malin avec le Datajournalisme tout en paraphrasant Phillipe Couve : on ne peut emprisonner les chiffres, les statistiques et  les résultats d´enquêtes. Je tablais sur l´apparence de nos blogs et notre présence active sur la plateforme. Entre deux restitutions, je raconte donc que j´ai interpellé Ziad sur le nombre restreint des Tchadiens. Je donnais la réponse de Ziad. Cette belle vérité que si lui ne m´avait dit, un autre l´aurait fait : il a déploré le niveau très bas de l´enseignement supérieur au Tchad et surtout le manque de moyen qui est l´une des cause. J´avais dit à Ziad en sortant de la salle que c´était une belle vérité et que j´apprécie son franc-parler. J´ai aussi dit aux mondoblogueurs tchadiens que Ziad était content d´avoir connu Salim et moi-même qui somme une exception par rapport aux étudiants qu´il a rencontré lors de son dernier séjour tchadien. Qu´il est prêt à introduire dans le groupe d´autre jeunes blogueurs sans concours si on lui en présentait quelques.

Grande était donc ma surprise qu´ un article intitulé Blogging au Tchad : la belle claque de Ziad me soit servi comme le tout de ma restitution. Une accusation gratuite contre la personne de Ziad, une diffamation à la limite aussi de ma personne. Je confronte l´auteur qui a pris le soin de  fermer les commentaires. Je contacte Ziad et lui réitère ma position : j´aime son franc-parler. La vérité ne rougit que les yeux ; elle ne les crève pas. La baisse de niveau est criante au Tchad. Le niveau des élèves, étudiants et certains enseignants tchadiens est nul. On ne peut se le cacher soi-même. Le Baccalauréat 2013 en est la preuve avec moins de 9% d´admis. Pourquoi s´en prendre à un homme qui a juste déploré un fait lui qui, est prêt à admettre encore sur la plateforme de nouveaux recrus tchadiens sans concours si on lui en trouvait? C´était justement là ma bataille de l´heure lorsque j´ai ouverte cette parenthèse Ziad dan la restitution. J´ai invité mes camarades blogueurs à copter pour nous des jeunes dynamiques pour la prochaine venue de Ziad prévu pour septembre prochain.

Nous sommes ici dans un monde des idées et non dans le domaine de l´émotionnel. Que Ziad ait dit une vérité connue de tous est une manière d´interpeller notre ego à nous jeunes Tchadiens, nous amener à changer la donne. Si un d´entre nous pense qu´il ignore ce dont il parle ( je crois qu´il connait peut être mieux que nous la vérité pour avoir bosser avec des étudiants d´un Institut tchadien), qu´il le lui prouve en lui présentant en septembre des jeunes avec un niveau acceptable. Je ne ferais pas de la polémique mais, les grands hommes africains étaient des autodidactes comme les Sembène Ousmane et autres. Ils avaient aussi une Afrique coloniale dont juste une petite minorité élitaire profitait mais ils se sont battus pour se hisser. Pourquoi le jeune tchadien ne le ferait pas aujourd´hui?

Est-ce la faute à un pouvoir si ceux qui peuvent s´offrir une heure de connexion préfère la bière des bars et autre lieux de débauche que les bibliothèques? Personnellement, je crois qu´on doit être en mesure de savoir qu´il y´a fierté et fierté. Osons accepter les critiques pour avancer car Quand la vérité ne choque pas, elle excite l’admiration et la porte jusqu’à l’enthousiasme.
Citation de Louis-Philippe de Ségur ; Pensées et maximes – 1823.


Le Tchad, ce pays que je porte en moi

https://en.wikipedia.org/wiki/Chad
https://en.wikipedia.org/wiki/Chad

Vous est-il arrivé de frapper sur le moteur de recherche le mot ? Alors vous savez sans doute comme qu´il n´y´a pas trop d´information sur ce pays. Sinon souvent des informations erronées et incomplètes. Il est un pays ce Tchad. Culturellement diversifié avec un beau paysage et une mosaïque de peuples.
Le Tchad c´est une superficie de 1.284.000 km2 avec 560 km2 de terres cultivable logé tout au cœur de l´Afrique. Vingtième pays au monde par sa superficie et le cinquième pays le plus grand pays d’Afrique après le Soudan, l’Algérie, la République Démocratique du Congo et la Libye.

Ce pays se caractérise par son immensité, par son enclavement et son éloignement de la mer. Il est situé à 1700 km de Douala (Cameroun) et 2 400 km de Port Soudan sur la mer rouge.
Ses frontières sont communes avec le Soudan à l’Est, la République Centrafricaine et le Cameroun du Sud, le Nigeria à l’Ouest, le Niger au Nord –Ouest et la Libye au Nord.
Trait d’union entre le Maghreb et l’Afrique noire, carrefour des caravanes transsahariennes et berceau des civilisations nomades; ce qui influence fortement le mode de vie des Tchadiens ainsi que leurs habitudes alimentaires et vestimentaires : on mange le Kissar comme le Soudanais, l´Algérien et le Marocain. On le mange avec beaucoup de petites sauces comme l´Éthiopien. On mange les fécules comme le Bantou qui vient de la forêt.
Le Tchad est la somme des contrastes entre le désert du Nord et la savane du Sud. On peut le vérifier avec nos modes vestimentaires qui vont du voile fin et cotonné comme celui de la Mauritanienne et de la Djiboutienne. On se voile comme l´Indienne noue son Sar. Nous sommes le résumé de l´Afrique. Quand une tchadienne est au Sud du Cameroun, on la confond au filles du Sahel camerounais lorsqu´on nous confond pas aux sénégalaises à cause de nos boubous amidonnés.
Les populations nomades ici, vivent au rythme de leur chameau et au gré de pâturages se déplacent selon le tempo des saisons tandis que les agriculteurs sédentaires s’emploient à domestiquer la terre et à la rendre nourricière. On aurait un beau puzzle si, les conflits agriculteurs/éleveurs ne viennent pas de temps en temps perturber cette cohabitation.
Le Tchad c´est aussi une cuvette bordée par deux couronnes de montagnes et de plateau : au Nord avec le massif de Tibesti (3415 m au volcan de l’Emi Koussi) et à l’Est par le plateau gréseux de l’Ouaddaï (1360m) s’abaissant vers le Sud-Ouest. La zone la plus basse est occupée par le Lac Tchad, réceptacle final de vastes plaines d’inondation des fleuves Chari et Logone. Ces deux fleuves constituent l’unique réseau fluvial : le Chari coule sur 1200km depuis la Centrafrique et son principal affluent le Logone prend sa source au Cameroun sur 1000km. Tous deux confluent à l’approche de la capitale. Le coucher du soleil sur leurs rives est merveilleux. On compte aussi cinq lacs principaux : Tchad, Fitri, Iro, Lere, Tekem. Les eaux y sont très poissonneuses mais rendues dangereuses par la bilharziose et le ver de Guinée.
Son climat est tropical et humide au sud (zone soudanienne la plus arrosée et la plus peuplée), offrant un paysage de savane arborée et de forêt plus clairsemée à l’approche $des villages en raison de la coupe abusive du bois. Le climat de la zone centrale est de type sahélien caractérisé par une steppe épineuse, fortement marqué par une saison sèche plus longue que la saison des pluies. Le Nord, soumis à un climat saharien désertique aux paysages contrastés avec des oasis et des récifs montagneux ornés des peintures rupestres. Cette partie représente la moitié de la superficie du pays.
là se trouve les lacs d´Ounianga-kebir.
Les Tchadiens sont des hommes très hospitaliers. On a 200 grands groupes ethniques avec un maximum de 254 langues parlées. Un imbroglio qu´on a choisit d´agencer en choisissant le français, l´arabe et l´anglais (nous sommes membres de l´OPEP n´oubliez pas) comme langues officielles. Venez découvrir ce pays. Venez faire un tour dans les massifs du Tibesti. Venez les bords du Lacs Ounianga-Kebir vous attendent. Si vous ne voulez allez très loin, nous iront faire un tour à Douguia. Les poissons on un goût particulier là-bas.


MondoblogAbidjan: Grand-Bassam, c´est No Limit

Je commence avec cette note musicale. Juste un souvenir. Juste un rappel comme Yannick l´a fait avec des photos. J´en profite pour vous dire que vous me manquez tous, tous ceux de la session trois de Grand-Bassam. Un rappel #NoLimit.

No Limit, cela peut être la plage à perte de vue ou la mer qui baigne cette plage infiniment. En tout cas, Grand-Bassam c´est la renommée sans limite d´une ancienne capitale, la ville des plages. Entre plénières et sessions, entre les joies des premiers jours et les fatigues de journées bien laborieuses, Grand-Bassam s´offre à nous mondoblogueurs, prête à se laisser découvrir. Prête à se laisser envahir par une horde de curieux blogueurs, chasseurs d´images par occasion. Chacun est en quête d´impressions personnelles.

Les miennes, qu´elles soient joyeuses ou décevantes comme le broutage,  qu´elles soient confinées au travail ou exploratrices dans Grand-Bassam, elles sont bien là, mais tous sans limite, sans tabou.

Abidjan c´est un autre monde. Un monde à part. Mais Grand-Bassam fut nôtre pendant dix jours. C´était le prologue avec des humeurs chercheuses comme où allez le soir. Puis les maquis se font réceptifs et accueillants avec leurs coloris, leurs odeurs de plats ivoiriens.

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Puis viennent des humeurs dansantes No Limit. Hummmm le Panda parle d´une affaire de gourou et de secte. Moi je ne peux confirmer. Bon pour information, je peux ajouter qu´on pourrait éventuellement penser un Mondogband qui ferait les scènes des pays francophones. C´est le résultat d´un karaoké d´un soir à l´Épilogue une boîte de nuit.

Je dirais donc un jour qu´il était une fois une session Mondoblog où tout commença et finit par l´Épilogue. Tout et à un rythme No Limit loin des yeux des formateurs.


#MondoblogAbidjan volet II Babi en images


Je pourrais donc dire un jour que j´ai eu la chance de visiter Abidjan. J´y ai connu les nuits, les jours, les couchers de soleil au bord de la mer, les nuits torrides avec leurs ambiances. Même sous la pluie. Je vous donne des images. Elles ne sont pas belles comme les cartes postales mais elles sont mes images. Appréciez et si vous le pouvez aller découvrir ces endroits par vous-même.
 
C´est un clin d´oeil, un bip comme on le dit ici d´Abidjan by night. Je me suis hasardée toute seule. Ouais toute seule pour voir donc un bon ami qui m´a montré la ville: Ici, on reprenait la route vers Treichville direction la gare de Grand-Bassam.
Mais c´était après l´enregistrement des émissions Atelier des Medias, Priorité Santé avec Claire Edon sur la photo et un milliard de voisins à l´occasion des 20 ans de RFI à Abidjan.
Enregistrement de l’atelier des médias spéciale Mondoblog
Qui dit Abidjan, dit la plage et par là, Grand-Bassam. Ses hôtels, les cocotiers et l´air marin que les marées hautes portent les éffluves plus loin portées par le bruit des vagues.
 
Crédit RendodjoPhoto sous licence Creative Commons

L´hôtel Tereso, QG de toute la grande famille #MondoblogAbidjan. Juste un Hachtag souvenir et documentaire pour contenir tous les données de ce moment de partage.

 

Photo sous licence Creative Commons

Des partages suscités par des rencontres de personnes avec qui on interagit depuis virtuellement. Comme quoi, entre le virtuel et le factuel, il n´y´a qu´un pas. Mes amitiés à toi David Kpelly.

 

Photo sous licence Creative Commons

À toi l´haitien content de visiter enfin pour la première fois la terre de tes aieux. Puisses-tu revenir comme tu le souhaite. Ce sera #NoLimit.

 

Crédit Rendodjo, Photo sous licence Creative Commons
#NoLimit comme cette formation qui nous a tous rassemblé. Nous sommes 80 Mondoblogeurs venant de 50 pays de la Francophonie. La grande famille.

 

Crédit Rendodjo, Photo sous licence Creative Commons
Famille on l´était. Une communauté ayant pris d´assaut la ville. Cette ville avec ses fruits dont nous n´avons pas hésité à déguster. Ah ces mangues juteuses.

 

Crédit Rendodjo, Photo sous licence Creative Commons
Ces mangues provenaient de ce marché de Grand-Bassam dont, je vous montre la rue principale.
Crédit Rendodjo, Photo sous licence Creative Commons
Je vous vois venir: je n´ai pas fait que le marché. J´ai aprris des choses merveilleuses comme comment documenter mes articles. le Datajournalisme. En avez-vous déja entendu parler?
Partageons donc les savoirs, ressourcons nous et refusons l´aliénation. Merci à toi Pierre Romera pour cette précieuse connaissance donnée.


#MondoblogAbidjan Volet I : le broutage no stop

Marché de Grand Bassam, rue de la gare/ Crédit Rendodjo
Marché de Grand Bassam, rue de la gare/ Crédit Rendodjo

Jeudi 1er . Je suis à 6heures du matin encore à N´Djaména à l´aéroport Hassan Djamouss. Je suis en route pour Abidjan. Haaaaa Abidjan la capitale de la Côte d´Ivoire. La Côte d´Ivoire j´en rêvais. C´est du coup des images, des sons, des goûts, des pas de danses, des rythmes et aussi les brouteurs ; c´est jeunes escroqueurs. Bref des particularités qui flirtent avec notre imagination.

Je m´enregistre. Pas besoin de faire un tour Google voir le temps qu´il fera. Abidjan c´est la joie no stop quelque soit le temps. Pas besoin de s´encombrer. L´hôtel est à la mer et on est en famille, la famille Mondoblog et donc des habits légers qui passent. On ne va pas au bar avec de la bière dit-on. De même on ne va pas à Abidjan avec des habits en pagne. Ce serait une insulte à tous ces firmes comme Woodi, Vlisco et compagnies. On arrive à Abidjan et on se laisse coudre des ensembles pagnes. On est chez Pathé´O l´un des grands stylistes africains quand même.

Me voici donc à Abidjan. C´était sans compter avec les brouteurs. Ils escroquent tous ce qui bouge, tout ce qui est humain, tout ce qui est broutable selon leur jargon. 14 heures je descends de l´avion. Je passe le contrôle. Comme Tchadien, on n’a pas besoin d´un visa. On se fait fichier et on passe sa route. Je sors et bingo, la pancarte : RFI, Atelier des Medias. Je me dirige là. On me reçoit, me place à côté et m´informe que je dois attendre un autre. Voici Marek qui pointe sa tronche. Notre bébémondoblogueur, non le plus jeune selon moi, de la session 3. On peut partir pour l´hôtel. Mais non, chacun de nous voulait une carte Sim, une connexion internet. Il faut twitter ses premières impressions d´Abidjan.

Premier acte de broutage: il me faut le CFA Cedeao sinon on ne pourra rien acheter ici. Oui vous avez entendu, il y´a CFA et CFA. Mais on les change quand-même bien qu´ils aient tous la valeur face à l´Euro. Ici je sors mon petit jeu et je discute le pourcentage du taux de change. Des 10% je paye 5% au final. Un premier triomphe. Je me dirige donc vers les vendeurs de carte d´Orange. Kiosque1, la Sim fait trois mille francs et on n’a pas de microsim. Kiosque2 la microsim fait cinq mille franc. On accepte car l´émotion, la beauté de la ville en vaut le prix. Toute carte Sim fait en principe cinq cent avec un crédit de cinq plus une configuration internet. Pourvu qu´on ait une bonne connexion. L´a encore la farce dure toujours.

Deuxième acte de broutage : on ne repart pas d´Abidjan sans pagnes et mèches. Je pointe dans une boutique, je touche le paquet de mèches. Il devait être à mille francs au trop. On me dit cinq mille. Je pose la marchandise et fait demi tour sans un mot. Je tente de me consoler dans un magasin de pagne à Grand Bassam. Je touche un Woodi : vingt mille francs crie la vendeuse. Je propose la moitié du prix. Elle refuse. Je tente le Kita (pagne traditionnel ivoirien). Trois cent mille la pièce de six mètres. Ah oui, j´oubliais que je sentais autre. Cette petite touche en moi qui dénonce mon statut de touriste.

Des propositions alléchantes aux paroles mielleuses d´amoureux, tout le monde tente de t´accrocher, t´approcher pour finir par te proposer un marché ou un super plan pour le week-end à la plage, te promener dans les boutiques de souvenirs et, tout cela à tes frais. C´est Babi ou Abidjan pour les autres et c´est le broutage no stop sur toute la ligne.

Après tout, ici à Babi, certains voient les solutions des autres pour leur créer des problèmes: écoutons Espoir 2000.


Voir N´Djaména d´un oeil nouveau

Maquette de la Cité des affaires/Ph DR  La place de la Nation/Ph DR
Coucher de soleil sur le Chari
Ecoutez moi donc. Je dois dire ce que je suis entrain de voir depuis 3 semaines dans N`Djaména. Non, je vous invite chez moi. Venez voir. Je redécouvre mon pays. Que de changements depuis son dernier séjour il y´a plus d´un an… il va falloir que je me réadapte tant la transformation est grande que radicale.
Non, venez chez moi : on a un bon soleil en haut pour se bronzer que je me demande ce que les tchadiens attendent pour émettre une taxe de bronzage pour les nons Africains qui résident ici. Après tout, ils profitent bien de notre soleil. Il y´a une certaine petite aisance qui se dessine en bas dans les couches sociales mais tout cela avec beaucoup d´opinions diversifiées au milieu de cette mutation.
La stabilité retrouvée et les petrocfa aidant, ma ville change enfin. Elle s´agrandit, s´embellit et pousse de taille. Elle se mue rapidement que je me demande si c´est sûrement et durablement. Tout bouge. Tout est mouvement. Même les Hommes. On s´entre passent, se dépassent sans se toucher. Même les amis se téléphone plus qu´ils ne se voient. Tout va à une allure infernale que les interminables déviations n´arrivent pas à freiner. Le changement, non la renaissance dit-on ici avec tout son corollaire.
Le concert des vrombissements de gros camions, la danse de grues, qui font surgir sur les rives du fleuve Chari, des bâtiments ultramodernes rendent la ville tapageuse mais aussi poussiéreuse. Je me suis rendue du côté des chantiers devant abriter les hôtes du sommet de l´Union Africain; ce n´est plus le Sabangali que j´ai habité à l´époque comme enfant. Une ville parallèle à Kabalaye et Ardep-Djoumal tout en face s´y développe.
En parlant d´engins, la circulation tchadienne est saturée et devenue fatigante à cause d´interminables déviations dû aux chantiers des voies de la ville. Les ponts aériens fait pour désenclaver les artères, personnes ne veut les utiliser. Sauf quelque rares particuliers. Je me suis permise de demander à un taximen un jour, lasse de supporter quinze minute dans un bouchon et à 45°C, pourquoi il n´avait pas emprunté le pont aérien. On sera déjà hors du bouchon et atteint notre destination. Savez-vous ce qu´il m´a répondu? Ces ponts aériens que vous voyez détruisent les moteurs de nos voitures je vous assure Mme. Une logique, la sienne mais partagé par beaucoup d´usagers de la route.
Personne donc ne veut les emprunter qui à supporter les embouteillages. La capitale doit être prête à accueillir le 25e sommet de l’Union africaine en fin Juin 2015. Une des raisons pour laquelle les chantiers sont ouvert partout dans la ville. Seuls les chantiers des centrales électriques sont en reste.
Si le gouvernement pouvait développer les infrastructures solaires, nous serions pourvu et exemptés des factures exorbitantes d´electricité, des coupures intempestives tout en réduisant notre dépendance énergétique à l’égard de nos voisins. Je suis là depuis trois semaines. Ne me demander pas combien de fois on s´est vu avec Mme l´électricité. Non, je ne vous le dirais. En tout cas je me delècte de cette chaleur. Elle fait du bien.


Cedibar, le bar sans alcool

MAQUETTE CEDIBAR 2 copie

Il sonne tout de même hors commun ce titre de billet. Pourtant, il ouvre ses portes ce 30 avril 2014 à Ndjamena au quartier Kabalaye. Ce bar qui est logé à côté de l´église catholique a un défi à relever : combattre l´alcoolisme en invitant les anciens alcooliques à boire des boissons non alcoolisées. Les prix des bouteilles des sucreries sont donc revus à la baisse pour encourager la consommation. Les employés de Cedibar accompagnent aussi les cures de désintoxication en prodiguant des conseils, en assurant un suivi psychosocial.

En collaboration avec l´hôpital de l´amitié connu comme l´hôpital chinois, le Cedibar accompagne les patients dans une cure de désintoxication de 10 jours. Les patients sont amenés à raconter leur histoire. Il utilise donc l´ethnopsychocologie, la psychologie occidentale associée fortement a la culture tchadienne. Les patients sont amenés à inscrire sur une fiche les raisons qui les ont poussés à avoir recours à l´alcool comme solution. Il s´ensuivra trois jours, à la sortie de la cure de désintoxication, une période de connaissance de soi.

Le bar sera donc tenu par des volontaires qui veulent bien consacrer un peu de leur temps aux autres. Le Cedibar est un projet qui veut s´étendre à l´ensemble du territoire national. Le témoignage des désintoxiqués est encourageant et semble s´inscrire dans le temps. Le taux de réussite est de 40 % : un résultat dû à la volonté et à la conviction des uns et des autres.


J´ai rencontré le Jerryclan

Un partenariat est un partenariat peu importe son échelle. Les mondoblogueurs et le Jerryclan en ont signé un hier à l´IFT pour créer un Weblaboratoire tchadien. Oui, on veut et peut le faire. On a posé un premier pas hier 15 avril 2014. Entre deux discussions, j´ai vu pour la première fois un ordinateur jerryclan.

Les membre du jerryclan et leur fabrication.
Les membre du jerryclan et leur fabrication.

Pendant deux heures d´affilé nous avons discuté de la faisabilité du projet de laboratoire, des moyens et retenu une date pour une première sortie officielle. J´en ai profité pour me renseigner sur ce qu’on appelle un  ordinateur Jerry.

Un Jerryclan est donc un ordinateur placé dans un bidon en plastique récupéré. Le modèle actuel des ordinateurs enfermés dans des boîtes noires n’est pas satisfaisant, car trop cher et non adapté. Les membres de la communauté Jerryclan ont donc pensé faire des ordinateurs autrement. En contribuant au projet Jerry Do It Together, ils s´invitent dans l’aventure de Jerry à travers le monde. Chaque Jerry est unique, car conçu et fabriqué en équipe avec ce que l’on trouve autour de soi. Il équipe ceux qui n’ont pas les moyens de s’offrir une infrastructure informatique pour proposer de nouvelles façons d’utiliser la wifi, le web, les SMS, etc…

 La mission du JerryClan est de faire vivre l’aventure du développement local de Jerrys d´enrichir les connaissances communes de Jerry Do It Together. La communauté déploie des logiciels libres sur Jerry et crée de nouvelles façon d’utiliser les technologies (PC pour écolier, serveur gestion SMS pour association, pirate box pour tout le monde…)
tout en rassemblant et testant des composants électroniques.

La particularité de ces ordinateurs c´est qu’ils ne sont fabriqués rien qu´à base d’ objets récupérés et ils fonctionnent avec des logiciels libres et modifiables. Les membres de jerryclan sont donc des élèves, des étudiants et leurs professeurs.

Désormais, ils assurent le support technique pour les blogueurs tchadiens en nous fournissant du matériel informatique et nous ferons leur communication comme la frontoteam pour faire vivre le web tchadien.


Prague et ses Africains

Marins africains sur le pont Charles Roi/ Crédit Rendodjo
Marins africains sur le pont Charles Roi/ Crédit Rendodjo

Ils sont peu nombreux comparés à d´autres communautés, mais visibles de partout dans les circuits touristiques. Ils sont conscients de leur statut de minorité, mais en tire le profit au maximum si profit il y a. Ils, ce sont les Africains de Prague. Entre la quête de visibilité, le désir de s´imposer comme communauté forte, la volonté de s´assumer et le désir de se sortir de la crise financière, les vies des hommes et femmes qui se battent au quotidien.

Mon titre, il n´a rien de partial ou d´impartial. Je ne suis pas en train de faire un autoracisme. Je parle d´un fait. Nous sommes d´accord qu´aujourd´hui, il n´y´a aucune ville européenne qui dira qu´il n´a pas d´Africains en son sein. Toute métropole du monde qui se respecte à son quartier africain comme Matongué, Château rouge à Paris et la place Vatslaf à Prague. Que cette communauté africaine soit grande ou non. Je veux juste présenter une communauté qui si petite qu´elle soit s´impose au quotidien même si certains milieux leur demeurent fermés.

Il n´est pas rare le soir, au centre de Prague, sur la place Vatslaf de voir des rabatteurs noirs pour des boîtes de nuit plus ou moins louches. Inutile de vous dire que l’impression que j´ai reçue n’est pas positive. Donc, si vous êtes quelqu’un de sérieux ou si vous voulez imposer le respect des autres communautés que vous côtoyez, il faut tenter de s´en démarquer, essayer de montrer que tous les Noirs ne sont pas de malfrats. Ces Africains sont le plus souvent des diplômés en quête de travail qualifié . Il y a ceux qui sont en situation illégale et attendent d’être régularisés. Quelques un se sont lancés dans le tourisme et s´habillent en marin vendant des tickets de « boat trip ». Ce qui attire d´ailleurs les touristes qui s´intéressent à ces marins africains en plein coeur d´un pays de Bohême.

Une petite discussion avec ces Africains suffit pour se rendre à l´évidence que la communauté n´est ni menacée, ni totalement intégrée. Comme fille africaine, il est quasi impossible de trouver un travail conséquent sauf si, on veut travailler comme « réceptionniste »dans un bureau. Le ton tiré sur le mot réceptionniste peut faire naître des idées, mais qu´importe pour elles. Elles assurent leurs 1 000 euros la fin du mois. En général, les Tchèques sont un peuple renfermé, ils sont cependant gentils et tolérants. «Il n’y a absolument aucun problème à être noir à Prague, personne ne vous fera de remarque, ce serait un comble!» garantit un des matelots originaire de la Côte d´Ivoire. Mais cette tolérance n´est pas non plus le gage d´une acceptation totale.

La question à ne pas poser au détour d´une conversation est celle d´une éventuelle intention de retour en Afrique ou la tentation de changer de pays. Ils se sentent bien dans Prague ainsi que le reste de la République tchèque répondront ces Africains. Dans tous les cas, Prague est une ville très sûre à vivre quelle que soit la couleur de sa peau. On peut s´y promener le soir sans crainte. Cela ne peut être aussi que je juste une impression,mais après deux visites, je peux croire en cette impression.


Ce temps où, j´écrivais mes cahiers d´amitié

Crédit image Google
Crédit image Google

Que le téléphone portable soit un outil identitaire, le symbole d´un statut dans notre société moderne est connu. Qu´il extrait l´utilisateur accoutumé de la société, de son temps est aussi une vérité. Mais force est de constater que le portable vole aussi aux jeunes d´aujourd´hui leur jeunesse. La vraie communication entre les jeunes disparaît pour laisser place au superficiel. Quand je vois tout ceci, je pense à cette époque où, nos cahiers d´amitié étaient un prétexte pour se voir et parler de tout et de rien.

Je n´habite pas loin d´un collège et mon activité favorite à mes heures d´oisiveté est d´attendre la sortie des classes pour prendre le bus des élèves et m´offrir le loisir de vivre avec eux ces moments de liberté. Ecouter ces jeunes, partager leurs petites querelles de copains, leurs colères contre la maîtresse qui a laissé trop de devoir de maison me ramène à mon enfance parfois. Seulement ces instants deviennent très rare ces derniers temps. Disons depuis que les smartphones sont vendus comme de petits pains. Ils sont tous imbibés du monde 2.0 jusqu´aux os. Plongés dans les réseaux sociaux, n´accordant à peine attention au monde qui les entourent et ne s´adressant presque plus la parole. Chaque fois que je les vois, je me dis qu´il est loin le temps où, j´avais mon cahier d´amitié.

On me dirait que mon monde n´était pas avancé technologiquement. Si c´est vrai. Mais bon, de mon temps, on avait du respect pour l´amitié et le contact social. Les amies et l’amitié sont si importantes qu’elles méritaient bien un livre spécial rien que pour elles. Très complet, ce livre traite de tous les sujets qui nous intéressaient, mes amies et moi. On y écrivait  d’idées originales pour entretenir et approfondir notre amitié. Des tests et des questionnaires qui nous aident à mieux connaître nos amies. Ce cahier voyage chez les camarades de classe, il faut qu’il soit imperméable et costaud ! Et oui car le principe du cahier de l’amitié est que le camarade l’emmène chez lui pour un ou plusieurs jours et le ramène rempli de jolis dessins, une photo d´elle,  de sa star préférée, d´une personnalité qui l´inspire ou juste d´une chose qui l´anime, la plaît le plus. C´était toujours une raison de débat entre nous à la sortie des classes. On y écrivait nos rêves de jeunes et formulaient nos désirs futurs.

Le portable construit des adultes solitaires

N´allez pas chercher loin, c´est une opinion personnelle. Ça c´est moi qui le dit et je l´assume. D´après une enquête, 91% de ces jeunes de 10 à 17 ans n´ont plus qu´une communication plus courte et moins coûteuse. C´est le constat que je fais avec ces élèves que j´observe à loisir depuis ces 2 ans, car écrivant juste de brefs messages pour revenir rapidement dans les réseaux sociaux. Ils ne sont plus en mesure d´avoir entre camarades de classes un dialogue soutenu. Le bus avait à peine démarré lorsqu´une fille demanda à sa camarade, question de se rassurer, quand devrait-on rendre les devoirs de maison. Pour toute réponse elle eut un «je ne sais pas» de l´autre qui n´a même pas pris la peine de détacher ses yeux de son écran de téléphone. Quel repli sur soi! Elle est belle cette jeunesse insouciante avec ces fous rires aux éclats entre amis, ces moments où, on chante à perdre haleine entre copains, on vit juste l´instant présent à fond avec tout son être. Or avec le portable, on a juste besoin de sa vue, de ses doigts et des monosyllabes pour échanger. On a nul besoin de grand réfléchir car le monde 2.0 s´est créé son propre langage. Il suffit de taper un mot pour que l´appareil propose toute la phrase.

En réalité, il est bien de disposer de connexion partout où on est, d´accéder au monde un peu partout mais il ne faut pas faire une croix sur la communication réelle. Sans elle, aucun enfant ne peut développer ses manières de penser, d’apprendre, d’appréhender les autres qu´on ignore pour se consacrer à ce monde qui se résume à la toile.

Après un tour sur les profils et les commentaires sur les réseaux sociaux, je me demande si l´avènement des téléphones intelligents n´a pas réduit les capacités des jeunes à la capacité de la jeune génération de penser, d´écrire, de réfléchir?


Un tour dans Göttingen « la ville du savoir »

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Göttingen vu des 72m de la tour de l´Eglise Jacobi/ Ph Aliette

Je veux réparer une erreur avec ce billet. J´ai eu à parler de bien de ville sur ce blog mais jamais celle dans laquelle je vis. Göttingen est la première ville européenne qui m´a accueilli à mon arrivée outre-mer. Depuis je n´en suit sortie que pour visiter d´autre ville et j´y suis toujours revenue.

Göttingen en français Gœttingue ou Gottingue est une ville d’Allemagne, dans le Land de Basse-Saxe. Elle se situe à mi-chemin entre Bonn et Berlin et presqu´au centre du pays. On y dénombre en 2008 130 000 habitants, dont 26 000 étudiants. C’est une ville universitaire. L’université de Göttingen est l’une des plus célèbres d’Allemagne, avec 26 000 étudiants et 2 500 enseignants. On l´appelle l´Université des 44 prix Nobel parce que 44 porteur du prix Nobel du monde ont soit enseigné ou soit étudié à Göttingen.

C´est la ville verte par excellence. Lorsqu´on fait un tour à la gare centrale, on se rend compte que un habitant de la ville sur trois a un vélo. Ils discutent la route avec les voitures, bus et autres transports. La grande majorité de ces vélos roulent sans phare et autre lumières de signalisation la nuit si ce n´est qu´un gilet lumineux. Göttingen est aussi bien célèbre pour ses vélos.

Une vue des vélos de sur le Campus/Ph Rendodjo
Une vue des vélos de sur le Campus/Ph Rendodjo

Mais Barbara elle, fait plutôt référence aux roses de la ville. «Mon Dieu que les roses sont belles à Göttingen» chante-t-elle (Göttingen est une chanson de Barbara, sortie sur son album Le Mal de vivre en 1964). Barbara est une enfant juive qui échappa à l’extermination, se rend sans enthousiasme en Allemagne en réponse à l’invitation de Hans-Günther Klein, directeur du Junges Theater de la ville universitaire de Göttingen. Dans son autobiographie  elle écrit : «En Göttingen je découvre la maison des frères Grimm où furent écrits les contes bien connus de notre enfance. C’est dans le petit jardin contigu au théâtre que j’ai gribouillé ‘Göttingen’, le dernier midi de mon séjour. Le dernier soir, tout en m’excusant, j’en ai lu et chanté les paroles sur une musique inachevée. J’ai terminé cette chanson à Paris. Je dois donc cette chanson à l’insistance têtue de Gunther Klein, à dix étudiants, à une vieille dame compatissante, à la blondeur des petits enfants de Göttingen, à un profond désir de réconciliation, mais non d’oubli.» (Dans « Il était un piano noir : Mémoires interrompus »).

Ville du Savoir

Göttingen abrite l´un des prestigieuses universités du monde (Shanghai-Ranking 2006) et la première en Allemagne selon le classement de 2010-2011. Il est courant de découvrir au détour d´une rue de la vieille ville la statuette de ces grands scientifiques qui sont passées dans cette université. Des chercheurs comme Otto Hahn, Max Born, Adolf Windaus qui découvrit la vitamine D, Einstein, Friedrich Wöhler qui isola l´aluminium pur en 1827 ou encore le professeur Georg-Christoph Lichtenberg surnommé le génie universel de 18 ème siècle. Aujourd´hui encore, beaucoup de maisons et d´appartements de Göttingen portent encore le nom de leurs célèbres habitants.

La ville compte 25000 étudiants sur ses 130 000 habitants.


Il était une fois une Lison au Oies

GöttingenGänseliesel/Ph DR
GöttingenGänseliesel/Ph DR

Nous sommes encore en Mars donc le mois de la femme. Je vous présente donc une femme magnifique que j’ai connu il y´a quatre et demie. Elle c´est la Gänseliesel : la jeune fille qui reçoit le plus de baisers au monde.

Tous les touristes qui visitent Göttingen viennent lui dire bonjour. Tout nouveau venu vient lui présenter ses civilités et les Nouveaux docteurs ayant défendus leurs thèses viennent lui donner une gerbe de fleurs après délibération du jury.

Depuis quelques décennies, ce ne sont plus les étudiants nouvellement inscrits qui lui portent leurs baisers, mais ceux qui ont terminé leurs études et surtout leur doctorat.

La tradition universitaire veut que, les doctorants de l’université ayant reçu leur diplôme doivent marcher au centre-ville (souvent accompagnés par toute leur famille et tous leurs amis et montés sur une brouette décorée), escalader la fontaine de la Gänseliesel, la « Lison aux oies », pour lui offrir un bouquet de fleurs et lui donner un baiser sur la joue. Cette tradition séculaire était pendant longtemps officiellement interdite, mais toujours tolérée. En été, on peut voir presque tous les jours les cortèges des doctorants se dirigeant vers la fontaine. La Gänseliesel littéralement: « Lison aux oies » est une figure de sculpture thématisée dans les pays germanophones. Elle représente une fillette ou une jeune fille accompagnée d’oies qu’elle amène au marché ou à la mare. C´est une décoration de fontaines ou de maisons. La Gänseliesel de Göttingen construite depuis 1901 est le symbole de cette ville universitaire. Sa copie se trouve au-dessus de la fontaine située en face de l’ancien hôtel de ville tandis que l’original est au musée de la ville.

Situé en plein centre-ville en pleine zone piétonne et commerciale, il est impossible de flâner en ville sans lui porter un regard. En été, elle est le repère et le point de rencontres. Des amoureux qui s´enlacent sous ses yeux, là des copains qui trinquent une bouteille sous son ombre ou les flâneurs qui viennent paresser en écoutant le murmure de sa fontaine qui coule.

La légende raconte que ce fut une statuette dédié par le prince à sa gardienne d´oie dont il en tombât amoureux et finit par épouser. Le jeune prince cherchait un gardien d´oies pour sa basse-cour. Or une famille très pauvre n´avait pour tout enfant qu´une fille et voulait bien avoir ce travail pour subsister. La mère coupa les cheveux de sa fille et la déguisa en garçon pour l´envoyer postulé chez le prince. Ce dernier lui confia la garde de ses oies. Puis un jour, il découvrit que le gardien serait plutôt une gardienne : elle coupait régulièrement ses cheveux dont les mèches qui s´en échappait finir par la trahir. D´autre version de la légende prétendent qu´avec l´âge, la féminité de son physique dont elle ne pouvait plus dissimuler  finir par révéler son genre.


Ladies Night: pourquoi je n´y suis pas allée cette année

Ici en Allemagne, on connait 8 mars mais on ne la fête pas.  Ici, sauf les boutiques en font leur fond de commerce. Elles célèbrent la femme tous les 7 mars par une soirée shopping : le Karstadt un grand magasin de mode envoie donc à ses clientes abonnées une invitation avec un bon de réduction de 10% sur toutes marchandises. Cette célébration est dénommée Ladies Night. Depuis trois ans j´y allais chaque 7 Mars. Cette année j´ai refusé de me présenter. La raison elle est simple : toutes les cinq minutes, une femme est victime de viol en Europe d´où l´Allemagne, mon pays d´accueil aussi. Que cela soit dans le confort d´un foyer conjugal, sous la houlette d´un père ou d´un proche ou tout simplement victime de la barbarie d´un homme dont rien ne les lie. Leurs crimes le fait d´être une femme.

Du viol aux salaires inégaux pour un même travail, la femme allemande n´est pas non plus sortie de l´auberge de la discrimination. Aussi je me suis demandé pourquoi une journée comme le 08 Mars est simplement ignorée ici? Pourquoi aller faire du Shopping alors que je me serais réjouie d´une invitation à une conférence ou quelque chose du genre sur la condition de la femme. Même s´il est vrai que la femme européenne dispose aujourd´hui d´assez de droit qui la protège, il existe encore bien nombre d´entre elles qui souffre dans le silence de leurs appartements. Pourquoi n´en parle-t-on pas? Juste un peu de lumière pour celle qui comme ma condisciple Helga*, est battue pour un oui pour un non par son concubin pour être mise au final à la porte avec  un petit garçon de deux ans.

Il y´a des fois où, on peut aussi bien désiré avoir les forces d´une Catwoman. Des fois comme cette nuit où, notre voisin d´en dessous à attendu en pleine nuit pour frapper sur sa femme dans tous les sens. Personne n´a osé sortir de son appartement pour vois ce qui se passe. Réveillée par les cris, l´histoire me fut donc racontée par un autre voisin noctambule qui par hasard déboulé sur la bastonnade. Oui, des histoires de femmes battues, vitriolées, tuées sont aussi légions ici et passées sous silence. Comment donc aller m´éclater si je risque à mon retour de croiser dans mes escaliers une femme couverte de bleu? Je ne peux être indifférente lorsqu´on peut parler.

L´indifférence voilà ce qui tue la femme. Et j´ai décidé de ne plus être indifférente cette année, faire une virée shopping jusqu’à minuit, boire de la champagne en compagnie des VIP qui seront invités.  Parce que je côtoie ces femmes victimes tous les jours et ma pensée s´en va à elles en cette semaine et d´ailleurs tous les jours. Alors en lieu et place de bonne fête, je dirais à elles bon courage. Elles en ont besoin pour le long chemin qu´est la lutte contre les violences faites à elles. Oui, il est temps qu´elles sortent de l´ombre.

* le nom est changé pour préserver l´anonymat.


Ces Africaines qui portent sur leur dos le poids entier d’un continent

Defricheuses de champs, crédit LBT
Defricheuses de champs, crédit LBT

Ceci est un hymne pour une grande visibilité et reconnaissance de la femme dans le monde des législations. Je fais un appel à plus de protection sociale pour la femme rurale. Cette gardienne de la nation qu´on discrimine, harcèle, bat, viole, répudie, vitriole sans un jugement sévère. Et encore dans ce 21e siècle.

Dans l´Afrique ancestrale, les hommes, quand ils ne peuvent pas aller à la chasse ou à la guerre, ni palabrer, ils se reposent sous l´arbre, s´enivrent de leur vin, joue au D’awalé ou se racontent des histoires. Pendant ce temps-là, les femmes africaines élèvent leurs enfants, vont travailler dans les champs, font le marché, s’occupent du budget et font à manger pour leur famille. Elles portent toute la famille. Aujourd´hui encore, force est de constater que, la femme rurale en Afrique est délaissée à son sort : une condition de vie dure, les moyens de production archaïques. Beaucoup sont victimes des violences conjugales. La femme tchadienne en milieu rural subit la misère dans laquelle la société la contraint à la mort de son mari. Déshéritée, on lui arrache ses enfants avant de la mettre hors du domicile conjugal. Elle perd non seulement l´héritage auquel elle a droit, mais aussi, les biens dont elle a contribué à l´acquisition en commun accord avec le mari défunt. Nombreuses sont les lois ratifiées par le Tchad, mais combien sont réellement entrées en vigueur? Le code de la famille peine à voir le jour à cause des divergences politico-religieuses. La loi 006 portant sur la santé de reproduction est une mort-née qui n´embellit que des tiroirs de l´administration. Il ne suffit pas d´adopter des lois, mais il faut les mettre en application : les auteurs de viol ne sont jamais punis, tout comme les crimes qui sont classés passionnels et classés sans suite.

Mais bon, c´est un problème d´envergure continental. Bien que beaucoup d´Africaines ont un enseignement supérieur permettant l´occupation de postes clés dans l’élaboration des politiques dans tous les domaines, les femmes passent quasi inaperçues dans les instances de décision. Seules 6 femmes sont au gouvernement sur les 42 membres soit 1,5 % ; 29 femmes parlementaires sur 180 députés soit 16 %. Un effectif assez réduit pour impacter et influencer les décisions en faveur de leurs consœurs en milieu rural qui, portent le poids de tout un pays : premières à se lever au chant du coq, elles sont les dernières à se coucher lorsque toute la maison dort. Elles sont la cheville ouvrière du pays car ce sont les premières productrices des denrées de base.

Tous les pays africains logent presque à la même enseigne en dehors du Rwanda qui a 56 % de femmes au Parlement. Les stéréotypes culturels ont la peau dure. La société africaine est encore phallocrate. On aura beau accumuler les journées internationales de la femme les unes après les autres, tant qu´il n´y´aura pas de lois fortes, la protection sociale de la femme, cet être ressource de nos sociétés ne sera qu´un discours de chaque 8 mars.

Je finis l´article avec ces personnalités qui ont honoré la Femme.

 «La femme est l’avenir de l’homme», Louis Aragon, Jean Ferrat

«L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain», Stendhal

«Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde», Léon Tolstoï

«Appeler les femmes « le sexe faible » est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes», Gandhi

«Les femmes n’ont pas tort du tout quand elles refusent les règles de vie qui sont introduites au monde, d’autant que ce sont les hommes qui les ont faites sans elles», Montaigne, Essais, III, 5


Bangui, j´accuse. Je nous accuse

Credit photo DR
Credit photo DR

Je n´aime ni accuser, ni pointer du doigt, car les miens non plus ne sont propres. Mais lorsque je vois la société centrafricaine qui s´entre décime, ma vue se brouille dans ce sang. Lorsque j´observe tout un peuple réuni qui se conduit de manière insensée, alors mon entendement s´arrête. Je n’accepterai jamais de garder silence face à un meurtre.

Même si on accuse aujourd’hui mon pays d´être le pompier-pyromane, moi je dirais; laissons ces accusations politico-politiciennes aux seuls intéressés qui s´en abreuvent. Le Tchad peut se targuer d´être le gendarme de l´Afrique, moi je ne m´y reconnais pas. Je suis Tchadienne certes, mais je suis avant tout Africaine. Je me suis tant contenue que je n´en peux plus. J´aurais aimé que nous jeunes Africains fassions une introspection de nous-mêmes. C´est la raison de ce billet. Après tout, nous sommes les éternels perdants. On observe et laisse ces vautours gavés de pouvoir nous voler notre jeunesse au nom des idéaux assez mal définis que la perception de ce Dieu (ou Allah) que nous avons emprunté aux colonisateurs et aux marchands arabes. Au nom de quel Dieu s´entretue-t-on à Bangui ? Un Dieu belliqueux ? J´en doute fort en voyant son œuvre  : la beauté de la nature.

Je ne parle pas de la RCA seulement dans cet article. Je parle d´une Afrique qui se tue, se brise. Il y a vingt ans, c´était le Rwanda. Avant-hier, le Mali et hier le Soudan du Sud. Si tu ne respectes pas ton bien, comment veux-tu qu´un autre le fasse pour toi ? Une génération entière privée d’avenir a basculé dans la violence. Des jeunes qui massacrent, pillent, violent, volent celles qui pourraient être leur épouse, mère, sœurs et filles. Ne venez pas après me dire que l´ennemi c´est l´autre, que notre mal vient d´ailleurs. Oui,  mais qu´en est-il de nous-mêmes ? On accuse Sangaris de faire le lit des anti-Balaka. Soit, mais ont-ils appuyé sur les gâchettes en lieu et place des anti-Balaka ? Je ne vois que des mains africaines comme les miennes qui brandissent les membres découpées des Africains comme eux devant les caméras européennes. On se dévoile petit à petit avec nos haines insensées. « Je m´associe à tout le monde pour faire le bien, mais je ne m´associerai à personne pour faire le mal « disait Frederick Douglass en son temps. Je crois qu´il est temps aussi que la jeune génération africaine reprenne les mêmes pensées de cet abolitionniste américain. Oui, notre silence et notre neutralité face à cette barbarie en RCA seraient une trahison vis-à-vis de nous-mêmes et de nos enfants.

Ces images à longueur de jour sur les chaînes étrangères m’irritent. Je dis, ne pourrions-nous pas renvoyer une autre image de nous ? Est-il si difficile pour nous de comprendre enfin que les guerres et autres massacres ne nous ont rien apporté que la désolation, les larmes, la misère, la souffrance, la haine de l´autre ? Si nous pouvions nous asseoir un jour et faire le bilan de toutes ces guerres africaines. Triste bilan : pillage de nos biens, de nos richesses et de nos matières premières, vandalisme contre nos frères de couleur, destructions de nos biens, trésors (je vois encore les manuscrits de Tombouctou éparpillés) matériels qu´immatériels, … Pourtant ce sont ceux qui détruisent qui payent chèrement après la fin de la guerre.  Notamment cette jeunesse. Les seigneurs de guerre ont toujours eu la vie de pacha ailleurs. Bozizé, Djotodia ainsi que Patassé avant eux  se la coulent douce devant l´océan quelque part à Cotonou ?

J´aurais aimé que chaque potentiel anti-Balaka et futur cannibale qui me lit, retienne ceci : avant de nous laisser emporter par cette soif de sang, il va falloir nous poser des questions du genre : pourquoi dois-je faire la guerre ? Que reproche-t-on concrètement à l´autre? N´y´aurait-il pas une autre solution que la violence ? Et si c´était moi la victime ? Que resterait-il de nous après ? Comment vivrais-je après avec ma conscience ? Ecoutons  ces cris de désolation qui montent des profondeurs de la RCA. Si toute la jeunesse refusait de prendre les armes, ces seigneurs de guerre déposeraient les leurs.


Lisbonne, cette dame qui joue de son charme

Lisbonne, la seule capitale d’Europe se trouvant en quasi-bordure de mer, est une ville contrastée. Moderne et traditionnelle à la fois, Lisbonne cette ville, de par son originalité séduit tout visiteur. Lisbonne est un « domaine où la terre finit et où la mer commence » dixit Camoes. Ville au flair cosmopolite ouvert au monde, la capitale du Portugal est un mélange d´une métropole avec une allure provinciale. Elle a une certaine lassitude qui explique bien ces saudades, musique mélancolique chantée le soir dans les restaurants ou sur l´avenue Liberdade. Un laisser-faire et une lenteur élégante quelconque tout l´opposé au rush hour européen. 

 

Le monument Marques de Pombal Credit Rendodjo
Le monument Marques de Pombal Tout en face l´Avenue Liberdade Credit Rendodjo

Tourné vers l’Atlantique, bercé par les flots du Tage et le fado, la vieille Lisbonne fait chavirer le cœur. Lisbonne est aussi une capitale vibrante, particulièrement la nuit dans les ruelles animées du Bairo Alto. La légende raconte que la ville fut bâtie par Ulysse. De l´aéroport à l´hôtel, on a le temps de contempler le paysage tropical qui s´offre à soi. Des palmiers le long des avenues, rues et ruelles. Cette moiteur tropicale et les vingt-trois degrés affiché par le thermomètre qui font absolument du bien quand on vient d´un peu plus au Nord du Globe. Si on doit faire une visite en 72 heures, voici un bon planning. Jour 1, sortez à 8 heures du lit, offrez-vous un petit déjeuner copieux puis bienvenue dans l’une des plus belles villes d’Europe, mais aussi des plus attachantes. Il faut se mêler à cette foule d´hommes et de femmes dont les tenues impeccables tranches avec les culottes et autres tee-shirts de touristes profitant de la chaleur estivale. 

Carte de la découverte du monde Credit Rendodjo
Carte de la découverte du monde Credit Rendodjo

Au-delà de cette belle ville aux accents poétiques parfois surréalistes, au-delà de ce mélange d’odeurs d’épices, de cannelle qui caractérise Lisbonne et des images de vieux pavés moussus, c´est la diversité raciale qui marque tout visiteur.Une vue des hightlight de la ville s´impose avant de se prélasser au bord de la mer. Passer le restant de la première journée à la tour de Belém avec le monument de la Navigation comme Phare et la carte de la découverte du monde sous ses pieds fait savourer les délices des lointains voyages. La mer, le murmure des vagues et le bruissement du vent dans les feuilles de palmiers des alentours. Au deuxième jour, il faut faire honneur au monument Christi el Rei qui rappel en beaucoup le Christ de Rio de Janeiro. Il faut passer receoir la bénédiction de ce roi-sauveur avant de prendre la direction des plages de Waikiki. Qui ne succomberait pas aux sardines grillées?

 

Christi del Rei Credit Rendodjo
Christi del Rei Credit Rendodjo

 

Le melting-pot lisboète

Le Portugal c´est aussi une population multicolore et multiculturelle. Lisbonne, en étant le reflet, ne possède pas d’individualité et d´uniformité raciale. On n´y rencontre toute sorte de métissage possible pour un résultat des plus sidérant: des noirs aux cheveux blonds, des vrais je vous assure. Des métis aux yeux bleus avec une ethnicité africaine, des Caucases crépus, des métis indo-africains, se mélangeant et se touchant, composant ensemble sans discrimination. On retrouve toute les types de peaux dans toutes les classes sociales. Lisbonne c´est  comme si toute la race humaine s´est donné un rendez-vous dans cette partie de la terre pour accomplir toute les métissages possible au grand dam  des défenseurs de la suprématie raciale.

Le troisième jour et le dernier, il faut se reserver quelques heures de la matinée pour faire une rencontre personnelle avec Lisbonne. Lisbonne se vit, elle ne se raconte pas. Il faut se fondre dans diversité et décocher des bonnes enseignes pour les souvenirs du retour. Il ne faut pas oublier de s´offrir une petite sculpture du célèbre coq de Barcelos comme souvenir de Lisbonne.

L´endroit favorit des jeunes Madrilènes. Ils s´y prélassent au coucher du soleil Credit Rendodjo
L´endroit favorit des jeunes Madrilènes. Ils s´y prélassent au coucher du soleil Credit Rendodjo


Moi petite fille de l´exciseuse, une conversation avec ma grand-mère

Filles initiées Mboum. Au 1er plan, la matrone. elles ne sont pas excisées comme les autres peuples du Tchad. Crédit Capture d´écran ONRTV
Filles initiées Mboum. Au 1er plan, la matrone. elles ne sont pas excisées comme les autres peuples du Tchad. Crédit Capture d´écran ONRTV

Dur, dur de parler de l´excision lorsque l’on vient soit même d´une famille d´exciseuses. Que voulez-vous, on ne choisit pas sa famille mais on peut aller outre le chemin de sa famille. Ici se trouvent une partie de mes conversations avec ma grande tante cette exciseuse qui m’a une fois donné les vraies raisons de l´excision. Je n’accuse pas, je ne plaide pas coupable, je transcris fidèlement ses propos. Oui j’ai échappé à son couteau. Elle en veut à mon père et moi je les aime tous les deux. Chacun à sa manière a voulu faire du bien à sa progéniture que nous sommes mes sœurs et moi.

Ceci est un article que je me serais bien passée d’écrire. Voyez-vous, ce genre de publications que vous hésitez à produire car elles sont une partie de vous. C’est l’histoire d’une personne qu’on aime mais qui a fait des fautes qu’il faut reconnaître. Je veux parler de cette grand-mère qui fut une exciseuse. Je reviens sur nos discussions avec elle quand elle fut encore en vie. J’ai toujours voulu savoir pourquoi elle en voulait tant à notre père qui a refusé de nous laisser passer sous la lame de son couteau. C´est comme si je soulevais un pan de voile sur un secret familial. Qu´importe si cela doit expliquer certains refus, éclaircir certains doutes, je le ferai donc moi, petite fille de l’exciseuse.

Nous avons, mes sœurs et moi, été sauvé de justesse des griffes de la «tradition».  La tante de mon père est une exciseuse attitrée, gardienne de la tradition ancestrale. Sa fierté a toujours été d’exciser toutes ses petites nièces jusqu’au jour où, elle buta sur le refus de mon père de nous laisser emprunter avec elle le chemin de la forêt sacrée. Ses rêves de voir une de nous hériter de son savoir ancestral s’effondra ainsi. Elle a toujours vécu avec le remords et le regret qu’elle laissait par moment échapper quand elle nous observait à la corvée. Curieuse, j’ai toujours embêté grande tante avec mes questions sur les raisons véritables de cette culture de l’excision. Cette lame qui tailladait les parties intimes des jeunes filles, c’était «le couteau que m’a légué ma grand-mère. C’est un couteau qui traverse le temps. On ne le lave pas, on ne l’aiguise pas, on ne le met pas au feu non plus». Un nid de microbes pensait ma petite tête à l’époque.

« Non » se justifiait toujours tantine. «C’est avant tout un rituel tribal et ce n´est jamais sale le couteau. Il a nettoyé la «chose» proprement pour les maris de beaucoup de femmes. Il le fait et le fera toujours». J´ai compris dans les demi-mots de ma grande tante que nous appelons affectueusement grand-mère que,  le but de l´excision est de rendre les filles moins frivoles, une sorte de ceinture de chasteté. À l’origine, cela se voulait une sorte d´éducation à la vie adulte, à la vie de femme mariée. Cette phase de la vie doit rendre les filles plus dociles aussi, et pour elle, c’est les ancêtres qui l’imposeraient. Toute femme devrait donc passer par là.

Dans notre milieu, il fut un longtemps où, nous ne fûmes que des petites « Koye » ou effrontées. Mais père a pris le soin de nous apprendre à être fortes face aux injures et autres discriminations. Pour ces femmes excisées, les non-excisées n’ont pas de valeur aux yeux de la société dans laquelle elles évoluent. Notre père nous a montré que la valeur d´une femme est ailleurs. Bravement et fière j’ai parfois passée ma route sous les regards qui narguent et qui se veulent hautains. Qu´importe, ma tête est bien faite par le père.

L´excision c´est…

Une tradition qui marque le passage de l’état d’enfant à l’état de femme. Les trois mois et demi où la fille va vivre dans la forêt sacrée, la matrone et ses acolytes enseignent les secrets de la vie comme comment tenir et retenir son mari au foyer, développer tous les sens de la femme : cette sensibilité féminine,  l´auto-thérapie en cas de problème, le pouvoir d’une vraie femme africaine en quelle sorte.

Je compris au fil des explications de grand-mère que cette pratique répond aussi au besoin de contrôle des hommes sur les femmes. La société africaine à l’époque vivant d´une économie agro-pastorale est aussi composée de chasseurs et de guerriers.  Les hommes étaient sur les routes des mois durant. Il fallait bien trouver un moyen de mutiler la femme et lui ôter ses instincts de femme. Bref, l’excision fut trouvée pour emprisonner la libido de la femme afin de mieux posséder et contrôler cette dernière. Ceci est ma conclusion. Pour grand-mère, elle nettoyait juste la femme, la rendait propre pour le mari. Une question me taraude l´esprit : est-ce que le clitoris serait une impureté selon cette tradition? Elle arrive très tard cette question. Elle n´est plus là pour me répondre. Qu´importe, la jeune génération des hommes a sa petite réponse. Et moi aussi.


Février de nos souvenirs : comment la guerre de 2008 a recollé le tissu social tchadien

Forces rebelles fait prisoniers de guerre à N´Djaména. Image DR
Forces rebelles fait prisoniers de guerre à N´Djaména. Image DR

La guerre de février 2008 peut être résumé en chiffre : 730 personnes tuées entre le 28 janvier et le 8 février 2008 par 42 «bombes» avaient été lâchées depuis des hélicoptères, dont 37 avaient explosé selon le rapport d´Amnesty International. Au plus fort des combats, nous n’avions plus la possibilité de fuir. Beaucoup d´entre nous n’avaient qu´attendre la fin des combats pour partir. 50 000 Tchadiens ont franchi la frontière pour trouver refuge au Cameroun. Survivre après avoir vu la mort, c´est l´instinct qui a prévalu. Six ans après, aujourd´hui en cette date anniversaire, je me demande où en est-on au Tchad?

Le 01 février en se couchant le soir, les N´Djaménois n´imaginaient pas qu´ils seront réveillés par des bruits d´armes lourdes au lendemain. C’est vers 8h00 du matin à N’Djamena que les combats ont commencé, à une vingtaine de kilomètres au Nord de la capitale, les positions de l’armée tchadienne étant très rapidement enfoncées par les forces rebelles, bien équipées, montées à bord de véhicules 4×4 armés de mitrailleuses lourdes, et dotées de lance-roquettes et de fusils d’assaut Kalachnikov. Les forces rebelles tchadiennes ont pris N’Djamena au début de la matinée du 2 février 2008, se rendant maître de la quasi-totalité de la capitale à l’exception du Palais présidentiel. Le Vendredi 1er février, à Massaguet, à 50 kilomètres environ de N’Djamena, le président tchadien Idriss Déby Itno avait combattu lui-même afin de stopper l’avancée rebelle sur la capitale. Mais les dieux de la guerre ont déserté N´Djaména dont la coalition s´en empara. Trois jours d´affilés, on était terrés comme dans les maisons sans la moindre idée si on survivrait les minutes suivantes. Tirs d´armes lourdes, éclats de bombes, bruits d´hélicoptères survolant la ville à basse altitude.

Ce sont six ans passés tous ces cauchemars. Je me demande qu´est ce qui s´est bien passé après cette offensive en matière de continuité d´un Etat tchadien? Comment vivent les Tchadiens après? Quels sentiments animent encore la génération victime de cette guerre?

Socialement, les tchadiens ont appris à surmonter leurs haines et réaliser que le mal n´est pas absolument mon voisin et s´ils devraient survivre, il fallait se tendre la main. Dans les camps et les hôtels de Kousseri, on a vu le Nordiste et le Sudiste s´entraider.  La scène qui m´a interpellé est celle-ci : une femme sudiste à bout de souffle dans le rang pour l´unique guichet toute transpirante. Le jeune homme, un musulman qui observait sorti et revient quelques minutes avec une bouteille de sucrerie qu´il tendit à la dame. Tenez et buvez madame; vous risquez une hypoglycémie. Vous tremblez depuis quelques minutes. Qui aurait cru en temps normal à une scène pareille ? Ce 2 février, nous avons compris les groupes d’opposition armés ne s´intéressaient à rien sauf le pouvoir et que nos vies ne valaient rien contre cela. Ils n´ont pas hésité à mettre celles-ci en péril. Ils n’ont pas choisi de mener leurs attaques loin des zones où vivent les populations civiles. Ils nous ont utilisé, musulmans comme chrétiens, comme bouclier humain. En un mot, les tchadiens ont compris la leçon. Une guerre c’est faire un bond de 20 ans en arrière.

Sur le plan juridique, l’État tchadien a durci ses lois à la sortie de cet assaut créant ce paysage juridique liberticide. Tout commence avec l’ordonnance 05 promulgué le 20 février soit quelques jours après l´assaut. La presse fut rapidement mise sous coupe. Il s´en est suivi le nettoyage des groupes armées, le renforcement des capacités de l’armées. On imposa l´état d´urgence en a profité pour déguerpir des quartiers. Le revers de la médaille c´est cette passivité de la population qui semble protéger la  »stabilité » acquise. La prise de conscience de la jeune génération des méfaits des coups d’états est un gage pour la reconstruction du tissu social disloqué par plus de trente années de guerres socioreligieuses et fratricides entrainant d´éternels recommencements sur le plan économique.

Politiquement on stagne sur certains plans. La mémoire d´Ibni Oumar hante les esprits mais le blason  diplomatique se redore malgré cela avec l´entrée au conseil non permanent de l´ONU, l´intervention au Mali au côté de l´opération Serval même si, il faut encore prouver la neutralité du Tchad dans le conflit centrafricain.

Six ans après, N`Djaména s´élève majestueuse des ruines de février 2008. On construit, on investit, on planifie de nouveaux chantiers en dépit encore d´une électrification lente du pays ainsi qu´un manque de réseau internet performant qui handicapent le développement de cette capitale. Cette actuelle quiétude, cette soif de construire qui anime enfin la jeune génération, on a mis une trente d´année à la germer et laisser mûrir dans l´esprit de chaque jeune qui, semble ne plus vouloir revivre un autre sinistre février. Comme quoi, tous les grands malheurs du Tchad sont arrivés de l´Orient un certain matin de février : 1979 et 2008. Si ce n´est le mois d´avril : 1975 et 2006.