Réndodjo Em-A Moundona

12 years a Slave, j´ai vu le film

Credit Web
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Je n´ai vu que rarement les films traitant de l´esclavage. J´ai aussi parfois été critiques sur les différents angles de filmage mais, celui-ci, douze ans d´esclavage m´a convaincu. Avec un budget de 20 millions de dollars et sept semaines de tournage, voici un chef d´œuvre nécessaire. L´histoire contée par le rescapé lui-même avec beaucoup de fierté. A aucun moment, Platt ne laisse sa condition submerger sa dignité. 

1841. Solomon Northup est un homme libre qui vit avec sa femme et leurs deux enfants à Saratoga Springs, dans l’État de New York où, il gagne sa vie en tant que charpentier et joueur de violon jusqu´au jour où, deux prétendus artistes l´approchent pour un prétendu contrat dans un circuit. Ils le droguent et l’enchaînent avant de le vendre comme esclave. À La Nouvelle-Orléans,  il est appelé «Platt» par son propriétaire William Ford qui possède une plantation. Bien qu’esclave, Platt s’entend bien avec Ford, un maître bienveillant qui apprécie ses connaissances techniques.  Ford lui offre son violon. Mais le charpentier raciste employé par Ford, John Tibeats, est jaloux du succès de Platt au près du maître et commence à lui mettre des bâtons dans les roues. Les tensions atteignent leur paroxysme lorsque Tibeats le frappe et qu’il se défend. Pour se venger, Tibeats et deux de ses amis tentent de le lyncher. Pour le protéger du courroux de son charpentier, Ford est finalement contraint de revendre Northup à Edwin Epps, un propriétaire cruel et impulsif, convaincu que son droit de maltraiter ses esclaves est autorisé par la Bible.

À la plantation d’Epps, Northup récolte du coton. Chaque esclave doit ramasser au moins 90 kg (200 livres), sous peine d’être fouetté. Une jeune esclave nommée Patsey récolte 500 livres de coton par jour (environ 220 kg). Sa beauté et son talent attirent l’attention de son maître, mais rendent jalouse la femme de Epps ; celle-ci la défavorise et la frappe alors que son mari la viole de façon régulière. Lorsqu’une maladie s’abat sur le coton de la plantation, attribuée par Epps à un signe de Dieu. L’esclavagiste loue ses esclaves à une plantation voisine pour la saison le temps que les cultures récupèrent. Lorsque Northup retourne à la plantation d’Epps, il tente d’utiliser le peu d’argent qu’il avait pu récupérer ici et là pour convaincre un ancien contremaître blanc devenu ouvrier agricole d’envoyer une lettre à ses amis de New York. L’homme accepte,  prend l’argent, avant de dénoncer Platt à Epps. Il convainc son maître que l’histoire est fausse et brûle en cachette la lettre, son seul espoir de liberté. Un jour, Patsey demande  à Northup de l´étrangler dans les eaux du marais; ce que ce dernier refuse. Un dimanche, Patsey a disparu de la plantation pour chercher du savon. Epps, fou de rage et de jalousie, interroge Northup. Lorsqu’elle réapparaît, Epps ordonne à ses hommes de la déshabiller et de l’attacher à un poteau. Encouragé par sa femme, il hésite à la fouetter et, l´ordonne finalement à Platt qui, obéit à contrecœur. Epps lui arrache le fouet des mains et bat violemment Patsey jusqu’à ce qu’elle s’évanouisse.

Platt est affecté à la construction d’un pavillon sur la propriété d’Epps, en compagnie d’un travailleur canadien nommé Bass (Brad Pitt). Un anti esclavagiste qui, exprime à Epps son opposition à l’esclavage. Il lui raconte son histoire et le convainc de porter une lettre à Saratoga, ce qu’il accepte au péril de sa vie. La lettre arrive et Parker un commerçant chez qui il avait l’habitude de faire ses courses traverse tout le pays pour venir le libérer. Malgré les protestations et les menaces d’Epps, ainsi que le désespoir de Patsey, Northup quitte la propriété immédiatement. Après avoir été exploité pendant douze ans, il est à nouveau déclaré un homme libre et retourne vers sa famille.


Femme-journaliste ou journaliste-femme? Un billet collectif pour briser le silence sur les discriminations

Crédit photo :  Internews Network via Flickr/CC
Crédit photo : Internews Network via Flickr/CC

Etre une femme journaliste n´est pas un fleuve tranquille ou une promenade de santé dans les cours des organes de presse. Évoluer dans la profession a un coût moral et psychologique ardu pour les femmes africaines. Il faut faire ses preuves et travailler davantage que ses  confrères hommes à cause des  préjugés sexistes qui, loin des paillettes et autres mondanités, les voyages, les rencontres et découvertes qui rendent le métier beau, restent un vrai défi pour celles qui veulent exercer en tout professionnalisme. Le monopole masculin est là et s´imposer comme une journaliste est un combat difficile. Certaines ont osé et gagné le pari avec beaucoup d´écorchures. Ce billet collectif est un témoignage et un tour d´horizon avec des femmes journalistes et mondoblogueuses contre la précarité, le sexisme, la discrimination et le harcèlement sexuel dont subissent les journalistes femmes.

 

Chantal du Congo ouvre le billet en dénonçant le faible pourcentage des femmes dans les médias. Tandis que, Josiane nous dit depuis le Cameroun que la discrimination à l´égard de la femme journaliste commence au sein de sa famille même.

 

 

Chantal Faida, RDC : Les femmes n’ont pas plus de voix dans les médias

 

 

Les femmes parlent à 19% en RDC et ce pourcentage varie selon différents organes de presses (radios, journaux et télévisions). 22% de femmes sont dans les entreprises de presse et 18% occupent des postes de gestion. Seul 8% d’entre elles sont présentes dans la direction de presse en RDC. L’inégalité du genre dans le monde médiatique congolais est très visible. La panacée c’est de mettre des «lunettes» genres dans le traitement de l’information en vue d’un équilibre. Grâce à l’appui du programme inter bailleurs Médias pour la Démocratie et la transparence en RDC et en partenariat avec l’Osservatorio di pavia, l’Union Congolaise des Femmes des Médias, (UCOFEM en sigle) a, dans ses actions en faveur des droits  des femmes congolaises réalisé un monitorage des principaux médias congolais, écrits et audiovisuels, pour faire un point sur la représentation médiatique de la femme en RDC au mois de septembre 2013.

Le plus souvent, les femmes sont interviewées dans un rôle mineur

A en croire le rapport du monitorage, les récurrences de représentations inégales dans les médias sont légion. «Les femmes sont protagonistes, rarement interpellées en tant que sources expertes ou en tant que célébrités. Plus souvent, elles sont évoquées ou interviewées dans un rôle imprécis ou mineur. Bien que sous-représentées dans la plupart des rôles importants, les femmes reçoivent l’attention médiatique plus souvent que les hommes en tant que victimes de violence et donc dans les bad news.»

Plus loin, le rapport précise, «Les personnes représentées dans les médias sont parfois identifiées à travers leurs relations familiales la femme de…, le fils de … Cette démarche qui tend à diminuer l’importance des sujets est bien plus récurrente vis-à-vis des femmes que des hommes.»

Emprise de la coutume n’aide pas le progrès vers l’égalité

Il sied de noter que dans la plupart de cas, au Congo, la femme vit sous l’emprise de la coutume caractérisée par la prédominance de l’homme. «Un écart prononcé dans le département technique/technologique de l’information 9% et dans celui de l’impression et de la distribution 17%.  Les hommes prédominent dans tous les départements des entreprises de presse. 29%  de personnes figurant dans le département éditoriaux sont des femmes.» En exemple, la couverture médiatique sur l’égalité du genre est à seulement 0.5% en comparaison avec la couverture sur la politique qui est à 23%.

 

 

 

Josiane Kouagheu, Cameroun ; Sex-symbol ou journalistes tout court?

 

 

En mars 2013, j’écrivais un billet intitulé : Sex-symbol les femmes journalistes? Une question me trottait dans la tête : «n’y a-t-il pas des femmes journalistes qui s’imposent déjà?». Bien sûr que si!

 

«Les journalistes sont des bordels (prostituées)». Quand ton propre papa te le dit, tu réfléchis par deux fois avant de t’engager dans cette voie. Et lorsque tu t’engages, tu comprends qu’il n’est pas le seul à réfléchir ainsi. «Ah je suis sûr que comme tu es une femme, il va te répondre». «Tu portes la jupe. Vas-y, il va te donner le scoop…». Au sein des rédactions, les femmes journalistes ne sont pas épargnées. Et si en plus tu écoutes des commentaires du genre: «regardez les profils Facebook des femmes-journalistes. Leurs corps sont exposés. Elles veulent se vendre ou quoi?». N’ont-t-elles pas le droit de se filmer? N’ont-t-elles pas un corps de femme ? En fait, je pense que les hommes veulent se convaincre de l’incapacité des femmes dans les medias. J’ai parfois l’impression qu’ils veulent voir en les femmes journalistes, leurs épouses restées à la maison. Celles-là qui les attendent, les embrassent et se contentent de leur faire de beaux petits bébés. La femme-journaliste rentre parfois à 2 heures du matin des reportages et à 6 heures, elle est d’attaque à la rédaction. Ça fait peur aux hommes!

Il y a des brebis galeuses partout. Normal, certains hommes journalistes ne sont-ils pas à la solde des hommes politiques? Corrompus et achetés?  La femme journaliste n’est pas à l’abri des dérapages. Je ne me considère pas inférieur ou supérieur à mes collègues hommes. Je me dis seulement : «je peux faire ce qu’ils font. Et plus encore» !  Je ne mets ni mon corps, ni ma qualité de femme en exergue. Je ne suis pas une sex-symbol, mais une journaliste tout court!

Je dirais donc que l’Afrique ne réserve naturellement aucune place à la femme dans la société. Celle-ci doit se faire accepter ou s´imposer. Même dans la presse. Se voir refuser les reportages importants parce que femme, se contenter des chiens écrasés. Parfois, il faut s’autocensurer pour ne pas mécontenter la gente masculine. En tout cas, le constat est le même aux Caraïbes où, Mylène et Axelle nous amènent.

 

 

Mylène Colmar, Guadeloupe : De l’art de serrer les dents

 

 

En Guadeloupe, que tu es une femme, jamais certains (interviewés, patrons, collègues et même l’entourage proche) ne manquent de te le rappeler, de manière directe ou détournée (consciente ou pas). Directe : la drague, les avertissements paternalistes commençant par « Une femme comme toi ne devrait pas…», l’intimidation physique. Détournée : les regards enjôleurs très appuyés, les questions insistantes sur la vie privée, les remarques déguisées en compliments sur tes tenues vestimentaires, les interrogations du genre «Tu as obtenu ces infos comment ? Il ne t’a pas fait des avances quand même ? Tu l’as séduit, non ?» Et les blagues du type «Tu veux l’interviewer parce que tu es tombé sous son charme?». Propos entendus, situations vécues. Et comme parade, ma méthode qui a fait ses preuves : faire montre d’encore plus de rigueur, de professionnalisme.

Je râle parfois, irritée que certains aient encore ces réflexes et pensées rétrogrades. Néanmoins, je me calme très vite, car ailleurs d’autres femmes journalistes travaillent sous le feu des critiques, en dépit des risques encourus et malgré leur peur au ventre. Alors…

 

 

 

Axelle Kaulanjan (axelle971.mondoblog.org) : «Du mal kabritisme»

 

 

 

En Guadeloupe, l’on pourrait croire que les femmes journalistes ont de la chance, contrairement à d’autres pays de la zone Caraïbe-Amérique latine, car, a priori, traitées à la hauteur de leurs compétences, sans discrimination aucune. Et pour cause, nombre d’entre elles occupent des postes à responsabilités et bénéficient d’une excellente visibilité à la télé et en radio. Du moins au niveau du service public.

Mais tout cela n’est qu’apparences et la façon dont certains décideurs – notamment politiques – se permettent de les traiter, pourrait choquer.

J’ai en tête un souvenir particulier datant de 2006, alors que j’étais une toute jeune journaliste. La radio avec laquelle je collaborais inaugurait alors ses nouveaux locaux, et des leaders politiques de tous bords avaient été conviés, pour une journée d’émissions spéciales. Bien sûr, le buffet et le bar étaient ouverts. L’un de ces politiciens, connu pour son penchant pour la boisson locale, le rhum blanc « sec » – c’est-à-dire bu sans sucre ni aucun accompagnement –, après un verre, s’était permis, devant les yeux pas si ébahis des autres hommes présents, de mettre une main aux fesses d’une de mes collègues. Alors en pleine évolution professionnelle, elle s’était sentie « obligée » de sourire, la mort dans l’âme, après ce geste plus que déplacé ; ajoutant ainsi une certaine approbation du silence au sentiment d’impunité de ce mal kabrit .

Voilà donc, un aspect du milieu dans lequel les femmes journalistes guadeloupéennes doivent évoluer : un microcosme apparemment lisse et beau, mais qui, au fond, comporte bien des vers qui le pourrissent. Et, dans ces cas, pour survivre et garder sa dignité, et ne pas se vendre, il faut trouver des stratégies d’évitement. Par exemple, nombre de ces femmes journalistes, quand elles doivent interviewer un de ces mal kabrit notoires se font tout simplement accompagner d’un homme de la profession. Tristes tropiques.

1-    Littéralement, mâle cabrit, bouc. Par extension, désigne tout homme au comportement sexuel démesuré, par comparaison à ces caprins qui « sautent sur tout », sans distinction.

S´offrir à ces supérieurs, du directeur des programme au ministre de tutelle, ou moisir en enchaînant de petits contrats. Alors le journalisme, un métier d’homme? Je dirais non. Mais un métier où il vaut mieux être un homme, ça c’est sûr ! Sinon avoir la poigne d´un homme. Cela peut être aussi bien nécessaire. C´est l´avis de Salma.

 

 

 

 

Salma Amadore du Cameroun : Journaliste aux seins d’une rédaction

 

 

 

 

C’est le genre d’article où je ne sais vraiment pas comment ordonner mes idées car j’ai tellement de choses à dire. Parler de la femme journaliste dans mon environnement ne peut passer que par ce que j’ai vécu. Hé bien à une époque durant mon enfance, la télévision et surtout la CTV (nouvelle CRTV) pour moi, représentait des noms tels que Charles Ndongo, Denise Epotè, Eric Tchinje, barbara Nkono. C’est sur ces noms que reposaient mes connaissances en matière de journalisme.

La Famille

Faut dire qu’être journaliste dans une famille au Cameroun c’est d’abord dans la tête des parents «passer à la télé, être comme Charles Ndongo». J’avais beau dire aux membres de ma famille que j’étais journaliste de la presse écrite, tout ce que je disais tombait dans des oreilles de sourds. Il avait une seule question « tu dis que tu es journaliste non, pourquoi je ne te vois pas à la télé ? ». Pour eux ce métier signifiait qu’on devait forcément passer à la télé. Ma grand-père a cette idée comme quoi «  les journalistes sont riches et côtoient les grands hommes donc je me marierais sans doute à l’un d’eux et je serais une grande femme qui voyagera partout ». Pauvre grand-mère tu ne sais pas que si c’était autant facile tout le monde ferait ce métier pour voyager.

Par la suite dans la belle famille, Je peux dire que les femmes journalistes ne sont pas bien accueillies dans la société en général. Les gens disent qu’elles « bavardent beaucoup », « qu’elles ne sont pas fidèles vu qu’elles rencontrent  et passent parfois du temps avec les grandes personnalités, elles se prennent la tête », « ce sont des mauvaises mères car elles voyagent trop et ne sont jamais là pour éduquer leurs enfants », « si elles se marient, elles iront toujours dévoiler leurs problèmes dans les médias pour salir leur mari », un tas d’idées reçues qui noircissent le tableau de cette profession pour la femme.

Dans mon équipe

Il  faut dire qu’être une femme dans le journalisme, c’est être une femme comme ailleurs. Je veux dire que même dans nos familles nous bagarrons beaucoup pour obtenir certaines choses contrairement aux hommes. C’est donc avec passion que je deviens reporter, j’avais ce plaisir à voir mon nom au début ou à la fin d’un article. Les femmes dans les rédactions sont comme des appâts. Elles sont dans la plupart des équipes sur le terrain pour « ouvrir certaines portes » car là où il sera difficile à un journaliste homme de faire une interview pour une quelconque raison, une femme pourrait l’obtenir rien que par son charme. La plupart du temps j’avais des instructions du genre « je ne veux pas savoir si tu dois le draguer ou faire quoique ce soit avec lui, mais ramènes-moi mes informations ». Et moi je me disais intérieurement « je suis comme une prostituée donc je dois faire les quatre volontés de Mr ou Mme tel rien que pour un papier ? ». Et puis je me suis disait « est ce que c’est un lion ? Il ne va pas me manger », et puis quelqu’un dans la salle de rédaction me lançait « il aime les femmes et surtout les filles comme toi ». Après ça je perdais tout mon courage.

Je vais dire que le charme, la courtoisie, la sympathie, la simplicité et le respect m’ont toujours permis d’obtenir ce que je voulais comme informations.

 Le harcèlement tout comme le chantage  n’échappent pas au paysage, surtout quand vous êtes la cible d’un de vos dirigeants et que ce dernier vous fait comprendre que « si tu n’acceptes pas ma proposition, tu ne graviras jamais les échelons dans cette boîte ».Alors  soit vous cédez, soit vous vous forgez un moral tellement fort que les autres vous prennent pour une sorcière. Et vous vous dites intérieurement « je préfère être une sorcière aux cuisses lourdes  qu’un ange aux cuisses légères ».

D’autre part il y a toujours ces idées reçues sur les sujets à traiter qui conviennent à tel sexe. Un peu comme à l’échelle nationale on donnerait volontiers le ministère de la famille à une femme, dans les rédactions les femmes sont bonnes pour les rubriques  beauté, société, mode, etc. Il lui faudra mener un combat de titans pour être chef de rubrique économie, politique, diplomatie et autres. Ce sont autant de combats qu’il reste à mener.

Etre une sorcière aux cuisses lourdes ? Un avis que partage aussi Bryaelise. Cependant on peut s´imposer par son travail. En tout cas ce dont témoigne ma consœur venant du Tchad comme moi.

 

 

Bryaelise ;  Femme journaliste au Tchad ?

 

 

«Parce que je suis une femme, on a tendance à me confier les reportages les plus faciles : la journée internationale de la femme, les séminaires de moindre importance et les petites cérémonies qui parlent des femmes et des enfants. Je me suis battu par le travail pour mériter le respect des autres collègues», me disait Halimé Asadia Ali, actuelle Directrice de la Télé Tchad. Comme Halimé, beaucoup de femmes journalistes vont au-delà d’elle-même pour affirmer leur compétence.

Être femme journaliste, s’est se voir d’abord traitée de moins que rien. Ensuite, n’importe lequel de tes collègues, même le plus cancre et le plus vilain pense que tu peux te livrer à lui pour avoir ses «faveurs». Quand tu leur tiens tête, il y en a qui racontent que ce sont eux qui écrivent tes articles à ta place. Il y a des gonflés qui vont jusqu’à raconter que les femmes de leur rédaction  ne réussirent que grâce à leur soutien.

Je me rappelle les heures supplémentaires que je me tapais pour être chaque semaine la plus productive, la plus active et la plus présente. Ma ténacité m’a valu le respect de mon Directeur de publication et l’estime des lecteurs.  Je suis fière de voir mes confrères rougir des remontrances de notre Directeur alors que moi, je recevais des félicitations et reconnaissances.

Etre femme journaliste peut être une expérience édifiante si l’on brave la discrimination sexiste, le harcèlement sexuel et le laxisme. J’ai pitié de celles qui salissent le métier en ouvrant leur cuisse au premier venu pour avoir les faveurs et la promotion.

Une chose est sûre, je suis fière d’être femme et journaliste battante.

Au vu de ces témoignages, je me demande, est-on femme-journaliste, journaliste-femme ou journaliste tout simplement?

 

 

Rendodjo Em-A Moundona-Tchad; la ténacité est la meilleure carte de visite

 

 

Etre femme-journaliste suppose dans le milieu du journalisme tchadien, être obliger de faire le canapé du chef. Eh bien le mot est dit. S´offrir à ces supérieurs, du directeur des programme au ministre de tutelle, ou moisir. Je venais d´intégrer la rédaction de la radio. J’avais la tête plein de projet et de synopsis d´émissions lorsque la réalité se présenta à moi. C´était lors du grand journal de quatorze heures. Au beau milieu de l´émission, mon encadreur me demanda de l´embrasser. Face à mon refus, il me retira l´autre moitié que je devrais présenter en duo avec lui «tant que tu ne m´embrasseras pas, tu ne passeras pas à l´antenne. C´est la loi ici». Un verdict tranchant. N´étant pas prête à offrir un spectacle pareil aux techniciens qui observaient la scène de l´autre côté de la bais vitrée, je quittais l´antenne résolue de ne pas céder à pareille chantage. Personne ne s´émeut lorsque j´évoque le problème en conférence de rédaction. J´entendrais plus tard d´autres histoires plus drôles et scandaleuses que choquantes les unes les autres plus tard. Des histoires qui renforcent bien la réputation de femme légère qu´on prête aux femmes de médias.

On me confia la direction du desk politique car il me serait facile d´accéder aux hommes politiques. «Tes courbes sont une carte de presse très valable» disait parfois mon chef. Je me suis imposé une rigueur et une discipline mais n´empêche que de temps à autre, on me rappelle ma condition de femme. En tailleur ou en jeans et basket, que ce soit au bureau ou sur le terrain, je reste la femme-journaliste. Mes confrères verraient bien en moi la jolie consœur qui, perché sur des talons avec des jupes taillées sur mesures et doigts bien manucurés, les introduiraient facilement dans les bureaux des dirigeants et autres hommes politiques.

Quant à la mère de mon ami à l´époque, elle ne cessait d´interroger son fils sur sa volonté de vouloir vivre avec une femme qui ne serait jamais au foyer. Une qui porterait la culotte à la maison…

Il était difficile pour moi de m´imposer tout simplement comme journaliste! Alors j´ai laissé parler ma plume, mon ardeur au travail et ma ténacité. Il faut avouer que le trio fut une bonne carte de visite.

Le travail, la ténacité et la persévérance n´aident toujours pas lorsque la société qui est supposée encourager les femmes se veut le lit de toutes ces discriminations vis-à-vis de la journaliste. Il ne reste donc qu´un seul choix, celui de s´assumer, conseille Sinath l´Africaine.

 

 

 

Sinatou Saka du Bénin

 

 

 

Généralement, lorsque l’on parle des journalistes engagés en Afrique, les vraies images qui apparaissent le plus sur l’écran, ce sont celles des hommes. Les femmes, on leur réserve la presse ordinaire et docile qui caresse les tenants du pouvoir dans le sens du poil. Mais l’époque où la femme était reléguée aux travaux familiaux est passée. En choisissant de devenir journaliste et blogueuse, j’étais consciente qu’il serait difficile d’avoir une vie privée normale, car ça exige de nous énormément de mobilité et une abnégation sans nul autre pareil. L’actualité évolue si rapidement que nous avons à peine le temps de penser à autre chose, mais c’est le prix à payer quand nous voulons faire un métier qui nous passionne d’abord. Cependant comme le dit un de mes proches, c’est à l’homme de décider s’il recherche une femme intelligente et autonome que dépendante et soumise. Face à certaines considérations qui minimisent les capacités intellectuelles, j’aime à le rappeler, tout se passe dans notre cerveau. En ce qui me concerne, je ne me considère pas inférieur aux hommes sur le plan intellectuel, alors ceci ne pourrait représenter un obstacle pour moi dans mon métier. Les discriminations sont là. C’est certain, mais on va au-delà et on n’en fait pas un handicap.

S´assumer ou choisir le free-lance comme Fatou qui apprécie cette liberté de ton que le blogging lui procure.

Fatouma Harber, Mali

Journaliste, un métier qui ne va pas avec tout le lot de stéréotypes qui existent dans la société malienne. La femme est plutôt bien vu dans le rôle de femme au foyer, reproductrice en puissance qui au pire pourrait se laisser exploiter par son mari pour les travaux champêtres ou faire du petit commerce. Le journalisme – et d’ailleurs tout autre métier qui voudra l’extraire de cet environnement – est mal vu au Mali. Les femmes qui exercent ce métier – surtout à la télé – ne seraient que des « soungourouba »- prostituées sinon femmes fatales, en bambara – useraient de leurs charmes et en étant des Marie-couche-toi-là ! Un journaliste obtient un poste de chargé de communication dans une ambassade ? « C’est un bon journaliste ! » entendras-tu dire, mais quand c’est une femme, on lui cherchera un copain au gouvernement ou quelque part, bien placé quand même! Il faut être déterminée et passionnée pour faire ce métier dans un pays pareil. C’est ainsi un secret de polichinelle à Bamako que les filles ont plus de chance que les garçons pour avoir des missions intéressantes à la « télé nationale », on en oublie que ces filles ont étudié.

Personnellement, je me suis d’abord orientée vers le journalisme après les études en psychologie avant de l’abandonner quand j’ai su qu’il fallait en plus sortir, connaitre des gens, jouer à la bourgeoise et surtout « porter des pantalons » – chose que je déteste le plus au monde- et  surtout savoir sourire bêtement et se taire. Ne pas avoir d’opinion ou tout simplement la taire fait aussi partie des principes pour une femme qui veut percer dans le journalisme au Mali. Et là j’en oublie les aventures sans lendemain qui deviennent ta spécialité et t’attire cette réputation de chasseuse de têtes.

Le blogging et internet m’ont permis de reprendre des activités de journalisme en écrivant pour plusieurs sites et un journal malien. Je me plais bien dans cette position du travailleur indépendant qui n’aura juste qu’à envoyer son « papier » à un courriel. J’en garde ma si précieuse liberté -d’expression et de mouvement-.

Blogueuse ou journaliste, exercer cette fonction revient à se faire l´avocat des réformes et innovations et, on doit dénoncer vigoureusement tout méfait, mensonge, abus de pouvoir, discrimination, le harcèlement sous toutes ses formes, le conservatisme et les approbations démagogiques fondées sur le genre. Qu´ils soient commis par nos collègues, nos supérieurs ou par des élus ou des particuliers contre qui que ça soit. Il est impensable dès lors que celles qui dénoncent subissent.

On ose le dire et tout haut !


J´ai tenté de comprendre la Reforme d´Obama

La Réforme tant attendu de la NSA est enfin chose faite. Obama a dit oui à la reforme mais, que veut ou peut-il réformer concrètement? Ce que j´ai pu retenir de ce projet de réforme, c´est qu´elle est en fait une poudre aux yeux et le croire n´engagerait que qui veut bien y croire.

«Tout ce qui ne met pas fin à la surveillance de masse, sans suspicion (préalable) des Américains n’est pas acceptable» (dixit l’Union américaine de défense des libertés civiles).je dirais que toute Réforme qui n’opère aucun changement dans le fond n´est pas une réforme.

En présentant son projet de réforme de la NSA ce vendredi 17 janvier, Barack Obama a voulu atténuer les critiques dont cette agence essuie depuis les révélations d’Edouard Snowden.  depuis le printemps dernier ont provoqué un débat de fond aux Etats-Unis sur les méthodes de l’agence de renseignement et la protection de la vie privée des citoyens. Le scandale a même grippé les relations entre Washington et certains de ses alliés. Le projet de réforme a juste prévu des garde-fous dans les méthodes de surveillance, elle ne soutire en rien  cause à la NSA ses prérogatives. A-t-on attendu une réforme qui curera les tréfonds de la machine de surveillance mondiale? Eh bien il va falloir ne plus s´illusionner : l’essentiel de la réforme de la NSA ne concerne que la méthode. Donc une réforme sur la forme plus que sur le fond. L’agence de renseignement va, en effet, continuer de recueillir des millions d’informations sur nous et nos mouvements et les conservées.

N´empêche les propos d´Obama qui se veut rassurant comme quoi, «nous n’espionnons pas nos alliés, mais nous n’allons pas nous excuser parce que nous sommes efficaces». Ne dit-on pas que qui s´excuse s´accuse ? La NSA va continuer de recueillir des informations sur les activités et les intentions des gouvernements à travers le monde.

Voilà comment j´ai compris ce discours énoncé par un Obama qui se voulait convainquant. Les alliés se sont réjouis. Doivent-ils s´en tenir à une promesse ? La plus grande des promesses faites par Barack Obama, qui a certainement réjouis beaucoup, n´est pas encore tenue. Guantanamo nargue encore l´électorat américain.

En clair, la NSA continuera par espionner le monde. Voilà comment je résume le discours tenu sur la réforme tant attendu. Je peux me tromper mais j´aurais essayé de comprendre Obama.


Un mariage forcé en cadeau de Noël

La machine du mariage forcé vient encore de frapper une jeune fille au Tchad.

Préparation d´une jeune mariée/ Crédit La Beauté Tchadienne
Préparation d´une jeune mariée/ Crédit La Beauté Tchadienne

Aminé,  jeune étudiante tchadienne en France, a eu la désagréable surprise lors d’une visite à sa famille d’avoir comme cadeau de Noël, un mariage. Aminé, ignorant totalement ce qui se tramait, avait été priée par sa famille de venir passer les fêtes de fin d’année à Ndjamena. Grande a été sa surprise lorsque ce vendredi 27 décembre, les parents et l’imam du quartier sont arrivés pour célébrer sa  » fatiha ». On sait tous qu’au Tchad, le mariage forcé est une coutume et que beaucoup de filles ne sont pas épargnées. Les filles sont des proies faciles pour leur famille qui n’hésite pas à leur imposer un mari. Comme des centaines d’autres filles la pauvre Aminé dira adieu à ses études et se contentera d’être une femme au foyer. Elle  ne pourra plus  rêver de voyager sinon, uniquement avec son cher époux. Une fois encore, les filles tchadiennes qui vivent à l’étranger réfléchiront par deux fois désormais avant de rentrer au Tchad.

Il faut dire que certains parents ne sollicitent pas l’avis de leurs enfants lorsqu’il s´agit de les marier. Souvent le mariage est arrangé entre les deux familles ou entre la famille de la jeune fille et un homme jeune ou âgé. La jeune fille est  n´est pas informée du projet dès le début. Projet qui peut avoir lieu dans le pays d’établissement de la fille ou dans le pays d’origine. Quand cela se passe dans le pays d’origine, c´est bien souvent au cours d’un voyage ou lors des vacances. Tout est tenu secret par les parents et l’entourage. Les jeunes filles se trouvent mises devant un fait accompli.

Même si diverses raisons sont évoquées, la véritable raison est socio-économique. Ainsi deux familles ou deux clans tissent une alliance qui leur permet de créer, voire de renforcer leurs liens de solidarité. Les familles qui s’orientent vers un mariage préférentiel avec les cousins et cousines germain(e)s cherchent, elles, à rester dans l’entre-soi et à préserver les biens et l’héritage familial.

Il faut noter que les familles pauvres consentent le mariage d’une fille avec un homme nanti pour faire accéder celle-ci à un niveau de vie économique supérieur et en même temps de se faire verser une dot importante. Cependant on évoque toujours des raisons acceptables par le commun des mortels comme la volonté de caser la jeune fille pour la soustraire à un éventuel libertinage, l´honneur de la famille et les prescriptions religieuses. Autant de subterfuges qui, à mon avis, ne servent qu´à contrôler le corps et la sexualité de la femme. Beaucoup d´hommes rêvent encore d´épouser des femmes vierges. Ceci est vu comme un gage de fidélité et d´obéissance de l´épouse.


La prostitution, cet autre visage de Château rouge

Crédit: Rendodjo
Crédit: Rendodjo

Tout le monde en a parlé, beaucoup on écrit sur cette autre image de Château rouge, un quartier parisien du 18e arrondissement, envahi par la prostitution.  Moi, j´ai lu ce qui se rapportait à ce sujet, j’ai bien écouté aussi, mais pris le tout avec des épinglettes jusqu´à ce que je me rende compte. Le jour où j´ai compris ce que cela veut dire : se prostituer, j´ai eu de l´aversion envers tous ceux qui entretiennent ce métier, ceux à qui cela profite et ces jeunes prostituées africaines qui gardent un silence complice.

Pour la petite histoire, Château rouge est la petite Afrique du jour, mon marché préféré, mais aussi là où, je fais mes cures lorsque j´ai la nostalgie du marché central de Ndjamena. On y trouve tous les produits alimentaires africains, légumes, épices, fruits vendus à même le sol comme en Afrique. On discute les prix, on se hèle, se chahute. Toute l´atmosphère des marchés africains est là, sauf que la nuit venue, une autre sorte de marchandise est proposée à un autre type de clientèle. J’ai mes petites habitudes dans ce quartier que je croyais  connaître. Oui, mais connaître chaque rue, ruelle, boutique et recoin d´un endroit ne veut forcément pas dire qu´on connaît l´endroit. Car Château rouge a bien deux visages ; l´un du jour joyeux, coloré, exaltant et parfumé d’épices et autres délices et l´autre sombre, morose, aux relents pestiférés qui déshumanisent la femme.

A défaut de vitrines et boutiques, elles sont exposées dans le froid hivernal ou la moiteur estivale dans des habits peu chauds avec des touffes de mèches de toutes couleurs sur la tête et les visages peint aux vives couleurs. Depuis quatre heures on fait le va-et-vient sur l´avenue principale du quartier Château rouge de Paris. Comment photographier sans me laisser prendre ? Trottoirs et halls d’immeubles sont depuis quelques minutes envahis par des groupes de femmes qui lentement s´installent, traînent les pieds, lorgnent les enseignes ou discutent entre elles. Certaines ont sous les bras de gros pull-overs. Elles savent qu´elles  resteront jusqu´au petit matin. Ces trottoirs sont livrés toute la nuit à de jeunes et très jeunes Africaines, Ghanéennes et Nigérianes tenues d’une main de fer par les « mamas ». Derrière cette prostitution du pauvre, se cachent de puissants réseaux qui exploitent les femmes et leur font payer un lourd tribut. Impossible de les faire parler. Elles sont si méfiantes et je lis la peur dans leur regard comme si un œil invisible les surveille et qu´une oreille invisible les écoute.

Elles portent un sac en bandoulière et n’apparaissent qu´en fin d’après-midi dans les quartiers où se pressent de nombreux passants. Vêtues  d’ habits simples, ordinaires, elles montrent toutefois l´essentiel à offrir. Les quartiers de la Goutte-d’Or (XVIIIe) les secteurs Marcadet-Poissonniers et Château Rouge ne proposent qu’un triste spectacle. Les habitants, qui ne supportent plus cette présence  sous leurs fenêtres, dans leur cages d’escalier, sous les échafaudages d’un ravalement d’immeuble, à côté des abris de bus, ont fini par se résigner. On est obligé de faire avec dira une dame. Elles sont une machine à satisfaire avec des passes taxées à 20 ou 30 €.

Crédit: Rendodjo
Crédit: Rendodjo

Une image désolante que je veux filmer, mais comment? Je suis accompagnée d’une  lectrice de Mondoblog pour pouvoir passer inaperçue. Mais, très vite nous sommes repérées. On nous renifle : on sent les intruses. Les hommes potentiels clients nous toisent de haut, les yeux pleins de questions. Les filles, elles sont prêtes à sortir leurs griffes. Elles observent chacun de nos mouvements. La défense de son terrain est primordiale dans leur monde. Je simule un achat dans une boutique, question d´avoir le bon angle, mais j´échoue. Vaincue, je range mon appareil photo et me décide à repartir sur le trottoir avec mon téléphone. J’ai réussi à voler quelques images et alors que je suis  en train de les  regarder un courageux ose nous aborder. Notre air dubitatif lui fait comprendre qu´il ferait mieux de tenter sa chance ailleurs. Inutile de traîner longtemps puisque les proxénètes commencent à se faire présents. Après un bref échange de coup d´œil, on  décide de s’éloigner pour  s’engouffrer dans la première entrée de métro .


Voici mes vœux messieurs les chefs de « tas » africains

Image Google
Image Google

Messieurs les chefs d´Etats, comme je n´aime pas trop les civilités, on va aller droit au but. Salam alekoum, paix sur vous car il n´y´a point d´autres vœux ou souhaits que je puisse vous faire. La longévité vous l´avez déjà aux pouvoirs. Le bonheur? Vous l´avez malgré que vos peuples broient du noir, meurent de faim et rendent l´âme juste à cause d´une crise de paludisme ou une épidémie de choléra dont le vaccin existe. La santé ? Vous vous la procurez dans vos hôpitaux, suisses, londoniens ou parisiens à coup des impôts du contribuable. Le travail et le succès? Vous les avez à vie ainsi que vos progénitures. Que vous souhaiter que vous n´aviez déjà? Vos tables sont garnies et je souhaite qu´il en soit ainsi pour toujours afin que vous ne  connaissiez pas ce qu´avoir faim veut dire.

Messieurs les présidents (que présidez-vous-même au juste? Entre nous), je ne suis pas pessimiste, loin de là. Mais lorsque je regarde mon Afrique du vingt et unième siècle, voilà l´image qui se défile à ma vue : des guerres, la famine, la pauvreté, les maladies, les pandémies, les épidémies, la balkanisation du continent en micro Entités ethniques et religieuses, les cerveaux en exil, l´exode des jeunes vers l´Europe. Pourtant nous avons un sol riche avec des potentialités immenses. Des bras valides et une démographie avec une courbe enviable. Tout un potentiel qui n´attend qu´un Start-Up. Et l´occasion, c´est cette nouvelle année qui s´offre à nous tous (même si je sais que vous n´aimez pas partager, 2014 est à nous tous) pour mettre enfin un terme aux guerres qui nous endeuillent.

S´il est vrai qu´il y a un paradoxe dans la guerre, celle qui nous apprend que la vie continue mais n´est pas éternelle, il est temps que nous regardons autour de nous. Regardons aujourd´hui la RCA et le Soudan du Sud après le Mali. Mais ne regardons pas ces images que nous connaissons déjà trop bien : la guerre, les violences, le sang, les larmes et les soupirs des vulnérables. Regardons les images des gens qui, malgré l’incertitude et la violence, ont le courage de vivre, de sourire et de marcher dignement dans les rues. Contemplons tous ensemble la beauté de ces images de la vie quotidienne malgré les grands drames  sociaux, économiques, culturels et politiques. Comment les gens réussissent à trouver la joie, le plaisir, la beauté et la liberté au quotidien. Les gens qui, fatigués de la guerre, pour ne pas devenir fous essaient de vivre comme ils le peuvent, au prix de leurs dignités. Certains ne connaissent rien que la guerre. Je suis une de cette génération. Ils naissent, vivent et meurent, sous des bombes qui continuent à exploser soit chez eux, soit chez le voisin. Pourtant les enfants continuent de rire même s´il n´ont plus la chance d’aller à l’école. Pourtant, la vie continue contre tout… il faudrait comprendre ces images et en tirer un art de diriger vos Etats. Que nenni vous voulez encore attendre cinquante prochaines années.

Non, nous faut-il encore attendre 50 ans pour voir peut-être nos petits-enfants circuler librement en Afrique? Profiter des richesses de nos sous-sols et vivre en paix? Voilà cinquante ans que l´Afrique trime sans se construire, refusant d´évoluer. Vous connaissez-vous-même les nœuds du problème qui sont l´injustice et l´insécurité sociales, le manque d´un consensus électoral auxquels il faut appliquer l´équitabilité dans le partage des richesses, la démocratie participative et l´égalité des chances. Vous les avez presque tous évoquez dans vos discours la veille de ce nouvel an. Est-ce trop vous demander Messieurs les présidents d´agir à présent que vous venez de vous réveiller? Non, certainement non. Alors réfléchissez-y. En attendant, bonne année à vous.

PS : J´attends toujours ma part de cadeau que les Premières dames ont rapporté de leurs congés de Noël.


Bloguer au féminin

Bloguer c´est appartenir à une communauté virtuelle qui, parfois dérange les uns, arrange les autres. Bloguer c´est écrire, crier, fustiger les malversations politiques, c´est appeler, rappeler et interpeller une société qui somnole, porter la voix d´une jeunesse en manque de repère. Bloguer c´est appartenir à une communauté qui convoque sa génération, suscite les débats, blâme les injustices qu´on lui fait. Cependant la blogosphère tchadienne est jeune, diversifiée à l´image du Tchad mais encore novice et peu connue. Nous allons à la découverte d´une communauté qu´on tente d´étouffer, d’enfermer et de briser mais qui résiste satisfaite de ses petits combats. Une série de portrait de chaque blogueur pour découvrir l´univers de ces acteurs du Web tchadien.Je vous présente une mondoblogueuse : Brya Elise Grâce.

Elise Grâce Brya/ Ph DR
Elise Grâce Brya/ Ph DR

Si on me demandait de décrire cette jeune Tchadienne que j´ai longtemps côtoyé, je la décrirais comme travailleuse, courageuse, battante, optimiste et surtout très croyante. Ancienne élève du Lycée Collège St Charles Lwanga, agronome, communicatrice d’entreprise, consultante en leadership des jeunes, premier prix en presse écrite du concours de meilleur reportage en éducation de la CONFEMEN, cette sociologue a toujours été amoureuse de l’écriture. Une passion qui l’a guidée vers le journalisme qui, fait désormais partie de son quotidien. « J’écris pour m’évader, pour dire ce qui est bien ou mal. Mais surtout pour contribuer à construire quelque chose de fort. Ma vision est de prouver que le Tchad est un pays très beau pour être toujours jugé de travers» confirme-t-elle. Chef de service presse à la primature tchadienne, chargée de communication de Médecins Sans Frontière, cette mère de quatre enfants trouve le temps de bloguer.

Bloguer est pour elle partager ce qu´elle voit et ressent avec les autres. Même si bloguer constituer un danger dans certains pays dont le Tchad, elle n´a pas peur des menaces ni du manque de respect à l´égard de la blogueuse qu´elle est : «je suis une femme c’est pourquoi ce que je dis est sérieux. L’humanisme est le fort des femmes celui qui me menacera est certainement un faible qui ne sait pas résoudre les problèmes de la meilleure façon c’est à dire communiquer. Le blogging au Tchad a du chemin à faire trop de facteurs défavorisant notamment le difficile axé à l’internet et le bas niveau en utilisation de l’outil informatique il y a aussi la peur d’être menacé ainsi que la baisse de niveau les jeunes tchadiens sont nombreux sur Facebook mais les blogueurs tchadiens se compte au bout du doigt ».   Journaliste et bloggeuse, elle ne voit aucune barrière entre les deux activités sauf que bloguer donne l’impression de s’exprimer librement et à sa façon pas besoin de style journalistique ni de censure d’un chef en parlant liberté. La presse tchadienne aujourd´hui vit sous une épée de Damoclès qui plane sur elle à tout instant. « Ce qui se passe au Tchad, c’est de l’intimidation les particuliers utilisent la justice pour régler leur propre compte et cela ne peut pas aider à construire un Etat de Droit les journalistes tchadiens s’améliorent chaque jour un peu plus alors les autorités doivent les aider à mieux faire au lieu de les intimider » confie-t-elle. Etre femme journaliste au Tchad n´étant pas une sinécure, elle avoue tout de même imposer le respect de ses pairs par le travail soigné et bien fait. «De prime abord la femme journaliste est vue comme une cuisse facile du coup elle doit bosser deux fois plus que l’homme pour s’affirmer aussi, les femmes qui préfèrent la vie facile ne facilitent pas la tâche à celles qui travaillent sérieusement pour mériter leur place» affirme-t-elle. Cependant Brya Elise Grâce peint un tableau mitigé de la jeunesse tchadienne très pessimiste, selon elle, et qui, préfère vivre au jour le jour et fait de l’alcool son compagnon quotidien. Elle avoue tout de même qu´il y a un brin d´espoir avec d´autres qui font des choses merveilleuses, qui osent et qui réussissent à donner peu à peu une image d’espoir au Tchad.

À 28 ans, celle dont l´éducation a été assurée par les prêtres jésuites dit avoir trouver sa voie dans l´écriture. «Déjà, étant au collège, puis à l’université. Je tenais chaque année un cahier dans lequel j’aime raconter mes joies, mes frustrations et mes chagrins. J’ai appris les valeurs (ignaciennes) qui ont guidé mon destin. Celles de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour rendre les autres heureux; donner chaque jour le meilleur de moi».


Le Tchad s´offre sa tablette

Vous savez, parfois il est bien d´espionner les profils Facebook des autres, il s´y cache des pépites. J´en ai découverte une au hasard de mes espionnages guidées par le seul instinct de gawala (Kongossa). Zoom sur un jeune, ambitieux et autodidacte. Il vient de mettre sur le marché tchadien la première tablette réalisé au Tchad pour la consommation locale.

Sigui Pouidankreo, 38 ans, tchadien originaire de Fianga et résidant en France, à Bourges vient de lancer la première tablette tchadienne avec des prix défiant la concurrence afin de permettre aux jeunes d’y avoir accès. Pour Sigui Pouidankreo qui est actuellement l´un des administrateurs de Global Technologie Europe,  les tablettes sont un moyen d’ouverture sur le monde et un moyen pour que la jeunesse tchadienne puisse renouer avec l’entrepreneuriat. Aussi, il n´est pour lui pas question que les prix grimpent au-delà de ce qu´il a fixé : de 85 000 CFA à 120 000 CFA. Les dites tablettes sont en phase de promotion post lancement actuellement. Des échantillons sont arrivés au Tchad depuis un certain temps. L´entreprise qui assure la promotion est Toumaï Hanana Technologie dont Sigui Pouidankreo est le fondateur.

La réponse à un appel

Cette entreprise veut s´implanter dans les 23 régions du Tchad avec directement ou indirectement 600 emplois à créer. « Je vais surprendre le politique car, le fond national d’appui à la jeunesse  est une réalité qui n´attend que des projets à financer » clame ce jeune consultant, expert en commerce international passionné de nouvelles technologies.  Sigui Pouidankreo est aussi économiste juriste d’entreprise administrateur et contrôleur de projet. Désormais il a décidé de passer 9 mois sur 12 en Afrique. Sigui Pouidankreo attend de voir quel écho son projet aura auprès des dirigeants tchadiens.  Répondre au  besoin réel de la population tchadienne pour réduire la fracture numérique et contribuer à résoudre le problème de la baisse du niveau scolaire, tels sont ses objectifs. Cependant, il déplore la lenteur dans ces correspondances avec l´administration tchadienne qu´il souhaiterait avoir pour premier soutien. «Le projet existe depuis plus d’un an et j’ai dû traverser beaucoup d’épreuves entre les différentes étapes si j’avais baissé les bras je n’en serai pas là, je veux faire comprendre au politique que chaque rendez-vous que nous manquons est contre-productif pour notre pays, que le politique est mis à présent devant ses engagements. La jeunesse tchadienne peut incarner la renaissance que le président appelle de tous ces vœux. Ce projet a répondu au discours de son investiture  mais c’est à la fois un appel de détresse, un SOS que nos dirigeants doivent entendre. Le monde ne nous attend pas, l’Afrique numérique doit se faire avec sa technologie».

Tabchad

Une vie et une vision

Il a commencé son cursus scolaire chez les sœurs de Notre-Dame des apôtres de N´Djaména  avant de rejoindre le Collège d´Enseignement Général N°2, le lycée Félix Èboué et par la suite, la France, où il a suivi différentes formations. Selon Sigui Pouidankreo, sa marque et sa technologie revendique trois valeurs qui sont: les origines du Tchad et de l’Homme, les traces les plus anciennes de l’évolution et aujourd’hui l’évolution qui se traduit par la technologie pour le peuple africain; c’est aussi l’expression de la fierté d´une société africaine dans son ensemble au-delà du monde et la preuve qu’ un autre modèle économiquement bénéfique est possible pour les africains. «Notre consommation ne doit plus nous être imposé nous devons désormais passer du rôle de simple spectateur  à celui d’acteur» conseille-t-il.

Bienvenue donc à la nouvelle marque de tablette « Made For Chad » et vivement on attend ses nouvelles réalisations qui seront sur le marché très bientôt. Les ingénieurs sont déjà à pieds d´œuvre.


RCA, je compatis

La RCA est sombré dans un génocide qu´on refuse d´admettre. Le conflit centrafricain est devenu religieux. De loin, on peut très mal écrire pour dénoncer quoi que ça soit. Je livre ici en intégralité la fusion de deux communiqués de la Chancellerie de l’Archevêché de Bangui qui l´atteste des atrocités de ce conflit. Comme quoi tout Tchadien n´est pas Séléka comme les vidéo tourna sur le web le montre. On compatit avec le peuple centrafricain. Il faut avoir vécu un février 2008 à N`Djaména pour savoir ce que cela veut dire vivre sous des tirs nourris de canons et être pris entre deux feux. Les centrafricains sont eux victimes de tout part quelque soit leur appartenance socioreligieuse.

 » ENCORE DES VIOLENCES, C’EN EST TROP !!!

Certaines paroisses dont Notre Dame d’Afrique ont été victimes directes des affres de violences des éléments de la seleka, d’autres comme SaintPierre de Gobongo, SaintJean de Galabadja, Saint Bernard de  BoyRabe, Saint Charles Lwanga de Bégoua ont reçu des menaces d’attaque. Ces violences ont endeuillé plusieurs ménages : la population civile compte un nombre élevé parmi les victimes. Des chiffres sont avancés :85, 105, 130, voire plus. Une chose est sûre : l’on n’a pas fini de découvrir et de compter les morts ; encore qu’on apprend que des représailles menées par la séléka contr la population non­‐musulmane sont en cours dans la quasi-­‐totalité des quartiers de la capitale; et que les anti-­‐balaka sont encore dans Bangui et ses environs. Alors que la nuit couvre de son manteau noir la Centrafrique, une nuit des longs couteaux est certainement à craindre. Nous espéronsque  l’adoption par le Conseil de sécurité de du projet  de résolution autorisant les troupes d’intervention africaines et françaises à recourir immédiatement à la force, ainsi que la décision à l’issue du Conseil Français de Sécurité d’intervenirdès ce soir, vont être suivies d’effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui n’a que trop souffert…

Toute la nuit jusqu’{ la cessation du couvre feu, des tirs sporadiques sont signalés dans certains quartiers de Bangui, des corps sont découverts du côté de Fatima, Bimbo, PK 15 sur la route de Boali, Boïng, Kattin, et j’en passe. Des opérations de représailles et de pillages de la population non musulmane par les éléments de la seleka encore en cours ont doublé d’intensité à Boy-Rabe, Fouh, Gobongo, PK 10, PK. 11, PK 12… La pluie qui s’abat sur Bangui et ses environs depuis l’aube jusqu’en fin de matinée n’a aucunement constitue un empêchement pour ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants de Bangui.
Aujourd’hui, entre 12h00 et 13h00, je me suis rendu { la base des FOMAC de MPOKO dans le but de trouver un couloir permettant de faire sortir les scouts, les guides et les pèlerins restés bloqués à NGUKOMBA encourant le risque de passer pour cibles des représailles. Quelles atrocités n’ai-je pas vues le long de la route de la Cathédrale à Combattant :  plus de trente corps sans vie d’hommes, de femmes et d’enfants qui gisent au sol, quelques uns à proximité des éléments de la seleka en faction ; les rues, les routes et les marchés sont déserts.
Les informations reçues en début d’après-midi m’ont fait comprendre que mon constat ne représente que la partie visible de l’iceberg. Beaucoup de morts jonchent les sentiers et les coins des rues de presque tous les quartiers de Bangui et ses environs.
Pour exemples :
 le quartier Boeing situé { proximité de l’aéroport Bangui-MPOKO en a recensé une quarantaine ; tandis qu’{ Bégoa où l’un des chefs de quartier est assassiné ce matin avec ses enfants, tous disent qu’il y a eu trop de morts ;
 la vie des gens restés terrés à la maison est en danger ;
 les personnes ayant trouvé refuge dans les structures d’église ne sont pas { l’abri des balles pour le moins, sinon des attaques des éléments de la seleka qui infiltrent même ces structures. C’est le cas aujourd’hui de ceux de la paroisse Saint Bernard de Boy-Rabe et du Monastère Notre Dame du Verbe où l’on dénombre déjà trois (3) décès parmi les personnes qui y ont trouvé refuge : l’un suite à un arrêt cardiaque, les deux autres après avoir reçu des balles ; c’est également le cas de la paroisse Saint Charles Lwanga de Bégoa et l’église protestante des Castors.
Pour revenir au dernier exemple, l’église protestante des Castors a accueilli plus de mille personnes. Dans la soirée d’hier, cette église a reçu des menaces d’attaque en raison de la mobilisation des jeunes de la localité lors des manifestations de protestation qui ont suivi l’assassinat par la seleka du magistrat BRIA. Aujourd’hui, un colonel de la seleka nommé BICHARA et ses éléments ont fait irruption dans cette église et ordonné que seuls les femmes et les enfants sortent, les hommes devant rester. Les hommes n’y obtempèrent pas et se décident à sortir en même temps que les femmes et les enfants. C’est alors que la seleka a ouvert le feu sur eux, tuant cinq hommes.
A voir toutes ces atrocités commises et le sang-froid de ceux qui impunément les commettent, l’on est en droit de s’interroger sur le sens humain de ces détracteurs sans foi ni loi des paisibles habitants du Centrafrique. Si tant est qu’ils n’ont d’égard ni pour les vivants ni pour les morts, c’est { se demander si la vie humaine a une valeur à leurs yeux. Nous avons appris des aînés que la personne humaine doit être respectée, qu’elle soit vivante ou morte. Plus que les vivants, les morts méritent respects et honneurs. La mort ? Ça se célèbre.
Interrogée sur les raisons de ces morts qui jonchent les routes et rues de la capitale, la Croix-Rouge répond :
 Pas de couloir pour permettre la circulation des agents,
 Pas de véhicule pour déporter les agents et transporter les morts,
 Enterrement de la plus part des victimes aux abords des routes et rues où elles sont trouvées.
L’on s’aperçoit que sans moyens et possibilités, la Croix-Rouge se démène pour aider. N’empêche que cela ne va pas sans corolaires :
 des parents considèreront comme disparus certains des leurs qui de fait sont morts et inhumés,
 des familles seront dans l’impossibilité de célébrer certains de leurs morts parce qu’ils ne connaissent ni la date de leur décès, ni le lieu de leur inhumation,
 la pollution des espaces vitaux à cause des inhumations dans les villes, villages et quartiers non indiqués à cet effet,
 la psychose { l’idée qu’on a certainement (bien ou mal) inhumé quelqu’un proche de chez soi…
La crainte que je nourrissais hier comme premier responsable du site du Sanctuaire Marial de NGUKOMBA au sujet des scouts et des guides, ainsi que quelques pèlerins déployés sur le site susceptibles de passer pour cibles des représailles est en passe de trouver une solution.
Nelson Mandela dont le décès survenu hier à ravi la vedette sur le plan médiatique à la situation pré-génocidaire en Centrafrique a laissé une assertion qui doit interpeller les partis en conflit, faiseur du malheur des Centrafricains : «Personne n’est né en haïssant une autre personne à cause de sa couleur, de sa culture ou de sa religion. La haine doit être apprise. Mais on peut aussi apprendre l’amour. Et l’amour vient plus naturellement { l’humain que la haine.»
Au crépuscule de ce jour, des avions certainement français ont survolé le territoire centrafricain, cela en appoint aux patrouilles franco-africaines intenses depuis la matinée. Nous en attendons les effets bénéfiques pour l’inoffensive population centrafricaine qui se meurt…
Abbé Dieu-Béni MBANGA
Chancelier de l’Archidiocèse de Bangui « 

La France intervient depuis jeudi soir déjà. Mais devrait-on en arriver là? Bientôt on commémorera les vingt ans du génocide rwandais. Doit-on le célébrer de la sorte avec un autre conflit d´une telle envergure dans un autre pays africain? Nos chefs d´Etats ont-ils la mémoire si courte? Il est temps de comprendre que le miracle pour conserver un pouvoir c´est d´établir une justice équitable pour toutes les couches de la population et pourvoir au besoin élementaire des administés. Le temps où, on donnait un peu de pain, un peu d´eau et beaucoup de jeux aux peuples est révolu.


Complainte pour un héros

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Héeee, l´hommage est unanime. Haaaaa, J´aurais aimé le pleurer, mais les larmes ne suffiront pas ohhh. Comment rendre un hommage digne à un homme pareil? Ecoutez ma complainte, fils d´Afrique écoutez ma complainte. Celle que chante ma grand-mère pour le repos des grands guerriers.

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba, tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee.  Mandela, tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes les confessions prient pour le repos de ton âme.

 » La mort est une chose inévitable ». Quand un homme a fait ce qu´il considère comme son devoir envers son peuple et sa patrie, il peut mourir en paix . Je crois  que  j´ai fait cet effort,  alors, je peux m´endormir pour l´éternité  » tu l’as dit toi-même, bravement. Tu n´avais pas eu peur de la mort et tu étais prêt à partir, quitter cette vie comme tu l´avais aussi fait en abandonnant  le pouvoir et ses jouissances, alors que  tant d´autres s´y accrochent au prix de vies humaines.

Héee, l´Afrique vient de perdre un sage, le vrai. Un héros, le vrai, une étoile. Oui étoile, tu es pour des millions d´Africains et d´autres hommes. Suis la Voie lactée et de là-haut puisses-tu éclairer les recoins sombres de l´Afrique comme la Centrafrique !

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee. Mandela tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes confessions prient pour le repos de ton âme.

Héee mes chers chefs d´Etat africains, de grâce épargnez nous vos hommages hypocrites. Le véritable hommage que vous pouvez rendre à ce « modèle » serait d´arrêter le génocide centrafricain, l´enfer congolais et le chaos malien. Lui a fait sa part et tire sa révérence la conscience libre et en paix. Vous n´avez pas su être digne de lui de son vivant. Pas de larmes de crocodile ohhh! Ne venez pas salir la mémoire de cet homme héee. N´allez pas déposer sur sa tombe des gerbes de fleurs tenues de vos pleines du sang d’innocents.

Madiba mon cœur saigne ohhhh. Mon cœur saigne parce qu´ils  t´on vu, mais ne t´ont pas écouté. Tu étais là, mais ils n´ont pas eu du respect pour tes yeux qui voyaient leurs crimes. Que feront-ils après leurs hommages débités entre deux guerres ? Tu aurais pu changer de continent, mais tu es resté car il n´est pas bon qu´un héros comme toi ne meure hors d´Afrique, ta Jérusalem à toi . Héeee, ohhh, Mandela héeee, Madiba ohhh, ici s´arrête ma complainte à moi. Madiba héeee tous les continents te pleurent.

Héeee, toi Bon Dieu qui créa le monde et créa l´homme héeee. Oh Bon Dieu qui me créa et créa la mort à mes côtés héeee. Madiba tu es parti pour ne plus voir toutes ces atrocités héeee. Ils t´ont tous écouté, mais ils n´ont jamais appliqué tes conseils héeee. Mandela tu étais las de leurs frasques héeee, las de leur boulimie du pouvoir, héeee. Tes yeux se sont fermés pour ne pas voir Sanogo à la barre. Habré aussi. Tu tires ta révérence pour ne pas être complice des atrocités en RCA héeee. Tous les peuples font ton deuil. Toutes les nations te pleurent. Les Ivoriens sont en train de crier yako. Les Camerounais disent assia. Les Tchadiens clament sabour. Toutes confessions prient pour le repos de ton âme.

Repose en paix Nelson Mandela ! C´est le repos du guerrier.


Au fil de la liberté : le discours du quatre décembre 1990

petrole

Le régime d’Hissène Habré vivait ses dernières heures. Le 30 novembre dans la soirée, HH comme les Tchadiens l´appelle a convoqué l´Assemblée Nationale. L´air était surchargé et son discours manquait de hargne et de fouges qu´on lui connaît. Il savait que tout est fini pour lui. Officiellement devant l´AN il se dit prêt à laisser le pouvoir s´il le faut. Revivez avec moi ce moment qui a bouleversé l´histoire d´un pays. Je vous raconte la marche du Tchad vers la démocratie.

Je n´oublierais jamais cette phrase prononcé par Hissène Habré : «si Deby veut le pouvoir, je le lui laisse». J´avais huit ans mais très portée sur la chose politique surtout que mon père écoute toujours la radio nuit et jour. C´est pour vous dire la radio de papa ne se tait que le temps de rechanger les piles. Aussi ce discours fut une non concordance avec les journaux parlés de la RNT qui nous annonce toujours la déroute des rebelles. Beaucoup de grandes personnes susurraient déjà tous que le départ d´Hissène Habré n´était qu´une question de temps. Il revenait du sommet de la Baule en France où, il a exprimé sa volonté de maintenir son régime dictatorial qu´il qualifiait de démocratie à la tchadienne.

Qui aurait cru que HH le président unificateur, le pacificateur, le lion du Nord et son lionceau partirait sur la pointe des pieds par une matinée de décembre? La RNT prise par les nouveaux maîtres de N`Djaména ne nous diffusait que de la musique. À six heures trente minutes, la matinale de RFI confirmait la nouvelle. On attendait tous de voir le nouveau visage de l´homme fort du Palais de N´Djaména. Les élèves du collège qui ont dû rebourser chemin apportaient au compte-goutte les échos de la ville. Papa sorti sa chaise longue et se plaça devant la concession pour ne rien manquer. Il acclamait entre deux écoutes les forces armées libératrices des Tchadiens qui entraient. Notre quartier reste jusqu´aujourd´hui la porte d´entrée de N´Djaména. On a vu tous les conquérant du pouvoir passer par là. On voyait donc des Toyota 4×4 couleur de sables et lourdement armées. L´une d´elle s´arrêta et les hommes armés demandèrent de l´eau à boire. Ils se montraient gentils et se voulaient confiants et consolants qu´ils eurent toute de suite la sympathie de la population de mon quartier.  Tout le monde était impatient, anxieux et curieux en même temps. On se demandait qui  serait le nouveau locataire du palais rose qui était en construction. Qu´aurait-il comme totem? HH avait un lionceau qu´il exhibait partout. Ce lionceau qui dévorerait quiconque n´est pas avec UNIR (Union Nationale pour l´Indépendance et la Révolution).  Chacun y allait de son anecdote sur le lionceau de l´UNIR. Entretemps le suspens durait du côté des nouveaux venus. Aucun discours officiel, aucune revendication, aucune déclaration. Les jours se succédaient et se ressemblaient tous.

Et la liberté donnée…

Les trois jours semblèrent une éternité puis, au soir du 4 décembre un visage apparu; celui d´Idriss Deby. Enfin il parla à la Nation. Son discours était simple, concis et crédible à l´époque. Il parlait de liberté offerte. « Je ne vous apporte ni or ni argent mais la liberté ». Imaginez des hommes qui ne pouvaient confier un secret à leurs femmes le soir sur leurs lits parce que celles-ci les trahiront dès le lever du jour. Un père qui ne peut donner son opinion politique dans son salon parce que sa fille le dénoncera. Le premier journal indépendant naquit sous le nom de N`Djaména Hebdo. Il diffusa la liste de tous les agents de la DDS. Des familles entières découvrirent le visage de leurs tantes et, oncles, sœurs, frères, époux et épouses, fils et filles, petits-fils avec leurs numéros d´agents de renseignement. Enfin on sut qui a trahi qui, qui a livré qui. Les langues se délirent et les paroles longtemps étouffées furent débitées. L´abcès tchadien s´est crevé ce décembre là et les plaies rouvertes. On pouvait enfin s´exprimer. D´autres journaux indépendants virent le jour. Je me souviens encore de la Roue, Contact. Les journalistes, les vrais rentrèrent de leurs exils.

                                                                 …fut vite reprise.

Les premières arrestations de journalistes reprirent. On censurait, saisissait des journaux. Aujourd´hui, près de vingt-trois ans d´essai démocratique, je me dis qu´on est toujours à l´état embryonnal. Quand ton ennemi a raison il faut le lui donner hein. Il faut reconnaître qu´il y´a eu des avancées mais nous faisons un pas en avant pour rebondir de deux pas en arrière. La presse est toujours traquée et les opposants crédibles souvent anéantis. Le multipartisme a échoué et l´opposition se vend elle-même à coût de poste ministériel. La géopolitique est érigée en système de gestion de la chose publique.

Depuis le vent de la démocratie, on a chanté au son de querelles intestines, parlé trop de nos illusions, travaillé très peu et beaucoup détourné nos richesses. Oui on se vole nous-même. On vole nos enfants et nos petits-enfants. Que celui qui ose dénonce. La prison est là pour le recevoir. Voici la liberté reçu en cadeau un quatre décembre 1990. Une démocratie donnée par les armes ne peut régner qu´à l´aide des armes, de l´intimidation et de la corruption.


Un homme, un combat et la misère enfantine

Die Arche Gründer
Bernd Siggelkow/Ph Réndodjo

Bernd Siggelkow est cet homme que certains prenait pour un qui délirait à la limite lorsqu´il parlait de la misère enfantine en Allemagne. Seules sa femme et ses enfants ont cru en lui. Aujourd´hui il dirige une organisation chrétienne allemande qui vient en aide aux enfants des familles démunies: Die Arche.

Aurais-je titré mon billet je suis allemand et j´ai faim que vous me diriez que c´est impossible. Eh bien vous n’êtes pas le seul. Les grands journalistes et Peoples allemands ont aussi pensé qu´il n´y´a pas de la misère enfantine chez eux. Mais un homme les a convaincu. Il s´appelle Bernd Siggelkow et  est pasteur pentecôtiste. Die arche est sa revanche sur sa vie, son histoire. L´histoire d´un enfant de l´Allemagne d´après la guerre ayant connu la misère, eu un père super endetté, une grande mère souffrant d´un cancer métastasé et une mère qui jeta l´éponge face au destin de ses enfants.

 Comment j’ai rencontré le pasteur Sigelkow

Il était un soir de veille de noël 2012. Le pasteur Sigelkow fait le tour des arches sur l´ensemble du territoire allemand. Il est donc à Göttingen pour visiter l´Arche de la ville et présenter son livre « les enfants oubliés de l´Allemagne les histoires d´espoir de l´Arche » paru aux éditions GerthMedien. J’ai cherché dans les linges une nouvelle tenue aux plis impeccables comme je ne trouvais pas je me dis mais pourquoi ce faire du tort s’il est le bâtisseur de l’arche c’est qu’il ne s’attardera pas trop sur l’extérieur des autres. J’enfile vite fait une jupe en cotonnade qui traînait là et je mis en route. L`Amphithéâtre 120 était déjà moitié remplie lorsque j´arrive. Je m´installe à mon tour juste à la première table. L´homme me fascinait et je voulais ne rien perdre de ses paroles et gestes. Il conta l´histoire de l´Arche et ses débuts. Ses rencontres avec les différents donateurs. Son quotidien partagé entre sa famille et ces enfants qui le prennent et l´appellent papa. Oui un père c´est bien celui qui est présent et qui donne son amour. Il répond aux questions et signa à la fin ses livres pour ceux qui l´ont acheter. Je m´offre un exemplaire et je fais calmement la queue pour attendre mon autogramme. Je me suis mise express à la fin du rang question de pouvoir avoir plus du temps.

Ph DR
Ph DR

A aujourd´hui 49 ans, Bernd a pansé ses blessures personnelles en donnant aux autres ce que lui-même n´a pas reçu. Il avait six ans lorsque sa maman quitta son père, divorça et partie. «J´ai pleuré de tous les eaux de mon âme bléssée mais personne ne m´entendait. Personne ne me vint en aide. Personne ne me consola. Personne ne me serra sur son cœur. Je venais de perdre ma mère et notre situation ne s´améliora pas avec son départ. Mon père croupit sous une montagne de dettes. Je partais le matin de la maison sans manger. A mon retour de l´école mangeais-je si grand-mère avait la force et l´argent nécessaire pour se le permettre… A dix ans je faisais des courses pour une dame de notre voisinage qui en retour me payait cinquante Pfennig avec lequel je pouvais me procurer des sucreries» se souvient encore le pasteur dans son autobiographie « le jour où ma mère partit».

L´Arche

Début 2010 alors que je venais d’arriver en Allemagne et que je m’ennuie. Mes pas me conduisent vers l’arche. Si l´Arche de la bible est un bâteau de sauvetage construit par Noé sur ordre de Dieu, l´Arche dont il est ici question est un ensemble de bâtiments d´une école restructurée par Bernd (il prèfère être appelé par son prénom. Même par les enfants de sa fondation) pour offrir gîte, couvert, divertissements, secours, attentions et un peu d´amour aux enfants démunis. Sa succursale de Göttingen est sous les hospices de l´église dans laquelle je suis. Comme une ancienne responsable de la jeunesse, je voulais rester utile. On aidait les enfants à faire leurs exercices après les cours, on jouait avec eux, répondait à leurs questions sur la vie et toutes autres banalités. On était juste des oreilles attentives pour ses âmes sensibles. Une main prête à les serrer, les réchauffer. On était là pour offrir à ses enfants leurs enfances que la misère familiale a volé. Deux ans après, en fin 2012 je me suis retirée de l´Arche parce que mon emploi du temps ne me permettait plus. C´est le moment choisi par le fondateur pour rendre visite à son ONG. Il était donc impossible pour moi de rater ce moment où, je pourrais voir cet homme dont l´histoire est une preuve de foi et d´amour.

On compte aujourd´hui neuf Arche dans toute l´Allemagne avec trois cent employés qui servent au moins deux milles enfants par jour. La misère existe encore et les enfants y vivent. Ils les héritent de leurs parents. Je parlerai de la dynastie de la misère. Les perspectives ne sont pas nombreuses mais au moins ces enfants ont un repas chaud par jour et une personne adulte pour les conseiller, orienter et leur montrer ce qu’être enfant veut dire. Peut-être qu´il faudrait un jour faire en sorte que les chances d´étudier pour un enfant ne soient pas dépendant des revenus de ses parents.


Ma vie de ministre

Etre ministre d´une République n´est pas une chose facile surtout lorsque l´on doit encore vivre l´ingratitude de ces collaborateurs. Voici le quotidien d´un ministre sur les berges du Chari. 

Au premier jour de sa nomination, à la passation de prise de service en présence de la télévision il déclare qu’une lourde tâche l’attend. Quoi ? Il doit dire quelque chose aux micros qu’on lui tend. N´importe quoi, mais pourvu qu´il parle, alors il parle de sa lourde tâche. Le soir de cette annonce commence l’élaboration d´une liste du personnel de son cabinet qui l´aidera à accomplir sa mission. Une revue de troupe de la famille, sous l´œil de madame, a lieu. Tant pis pour les sœurs ou beaux-frères qui n´ont jamais aimé madame. Mais cireur de chaussures ou fille de salle vous ne serez pas.

Pour accomplir une lourde tâche, il faut aussi être connu. Ainsi, au deuxième jour de la nomination commence les ouvertures de séminaires, accompagnement de la première dame à une cérémonie de remise de dons. Au troisième jour, c´est la  déclaration de la journée mondiale de polio, handicapés, rire, sommeil, … il faut être sous les rampes de la télé et que le peuple voit qu´on est partout et dans tous les cas pour lui. Quand on commence un travail, il faut l´accomplir et ça, nos ministres tchadiens le savent bien. Ainsi ils reviennent toujours quatrième jour pour la clôture du même séminaire qu´ils ont ouvert. Je dirais, c´est la logique ministérielle tchadienne.

Les jeudis sont des jours très spéciaux pour les ministres de la République tchadienne. C´est ici que chacun vient faire le contenu-rendu de sa semaine, son mois à la tête du ministère et réciter le plaidoyer pour ses actions à venir, négocier l´augmentation du budget du ministère, le carburant des attachés de presse, les voyages de shopping de la maîtresse, le budget des vacances de ses enfants.

La vie d´un ministre de la République n´est pas tranquille. On bouge beaucoup pour les ouvertures, clôture, visite de terrain, prise de contact, constat de visu de tout et de n´importe quoi. Heureusement il y a ces organes de presse qui sont les seuls à les comprendre et les accompagnent toujours. Pour cela il faut aussi une compensation, tant pis si le premier ministre ne veut pas. Le peuple, tant qu´on travaille pour lui, il est permis de détourner ses biens. C´est logique. Toute chose mérite un salaire pour le temps que tarde un remaniement.

Puis un soir, on apprend que par la faute d´un nouveau partisan on vient de nous remercier. Alors qu´on a pas encore fini d´accomplir sa lourde tâche, il faut rapidement organiser une passation de service pour mon successeur qui a hâte de se mettre à l’ouvrage :  construire ses duplex, garnir ses parcs-autos, sélectionner de nouvelles maîtresses, organiser les luxueux voyages de sa progéniture… Tout un programme pour la République.


Le chemin de l´Eldorado

Elle est jeune, rêvait d’une vie épanouie. Une vie dans laquelle elle vivrait ses fantasmes. Elle décida de partir par la route pour l’Europe. De son Cameroun natal à la Belgique, elle subit viols répétés, les menaces et arnaques des passeurs maures et arabes. Elle endure pour atteindre l’Eldorado. Elle, c’est cette coiffeuse de Matongué qui m’a confié un pan de sa vie.

Son périple vers l’Eldorado aurait pu écrire à lui seul un livre biographie d’un migrant qui se respecte. Je me croyais dans le scénario d’un de ces films qui vous fait froid au encore au dos lorsque le générique de la fin résonne.

Elle me coiffe déjà depuis deux ans et sait de moi que j’ai passé trois années de ma vie au Cameroun et que je connais bien le marché Mokolo à Yaoundé et le marché Congo de Douala. En fait, nous avons nos petites histoires et anecdotes sur le Cameroun. Elle s’est toujours émerveillée que je parcoure des kilomètres pour lui confier mes cheveux (je n’en ai pas beaucoup alors je ne le donne pas à n’importe qui pour me les maltraiter) et moi je suis adulée par son savoir-faire et son calme, cette manière si appliquée qu’elle a de faire son travail. Ce sont deux femmes avec une certaine sympathie l’une pour l’autre. J’ai choisi de la nommer elle car j’ai promis de lui accorder l’anonymat total.

Tu viens de la région flamande ?, me demandait-elle la première fois, et je répondis non. Tu t’en sors apparemment bien de l’autre côté avec la langue alors à t’écouter au téléphone. Je lui raconte alors mais difficultés à me faire comprendre à cause de mon accent particulier. En se racontant les difficultés que nous rencontrons en tant qu’étrangers et Africains en arrivant ici. Nous voici entrain de raconter nos routes vers l’Eldorado européen. Beaucoup d’immigrés en narrant leur vie en Europe omettent toujours de conter la route qui les y a mené. Ils font l’éloge de l’immigration clandestine et ils ignorent sciemment de dire la souffrance que ça implique. Avant de vivre ce luxe européen qu’ils repartent vendre les illusions aux autres jeunes, il y a d’abord une déchirure profonde qu’ils vivent. De la marche interminable dans le désert saharien, l’exploitation des passeurs arabes aux viols que les filles subissent, c’est l´histoire de jeunes forcés de quitter leurs proches qui leur sont chers pour échapper à la misère qui les accable dans leurs pays d’origine.

Elle me raconte donc l’histoire de ces filles qui prennent la route vers l’Europe. Cela peut être aussi son histoire à elle qui sait. Toute immigrée peut se retrouver au travers de ces filles et leurs souffrances. Dans un salon entre femmes ça parle de tout et de rien. Tout le monde connait tout le monde et il suffit qu’une passe pour qu’on dépose son dossier. Alors elle passa avec sa nouvelle tenue et sa brésilienne jusqu’au reins. C’était suffisant pour soulever la question de son identité, la souffrance de sa famille au pays et la misère qu’elle a vécu lors de la traversée. Curieuse, je me renseigne un peu plus. «Ma co (entendez copine), je dis que hein, les filles qui traversent à pieds là souffrent. Je dis bien elles souffrent. Si tu veux embarquer comme fille en premier, il faut payer en nature. Je dis que hein, on te viole si tu veux ou pas en plus de ton argent. Les passeurs vont des choses ici dehors avec ces filles.»

C’est parti pour que chacune raconte ce qu’elle sait de l’arrivée d’une telle ou une telle autre. Elles payent chers jusqu’aux portes de l’Europe, les abris de fortunes dans les forêts maghrébines pour embarquer sur les bateaux certains passeurs les acceptent que si ces filles se livrent. Contraintes, elles acceptent et cèdent parfois à tout un groupe de passeurs. Comment refuser lorsqu’on a aux trousses des prêteurs d’argent qui ont permis le voyage jusqu’aux portes du paradis ? Retourner au pays d’origine serait un échec que la famille ne serait pas prête à cautionner. Ceci explique l’avidité de ces immigrées clandestines vis-à-vis des euros. « Elles ont toutes le sang dans les yeux les filles que tu voient ici dehors à cause de leurs souffrances. Que tu t’amuses avec son centime, elle te finit. Quand tu les vois dans les rue de Matongué ici là, elles sont prêtes à tout.» Oui, il est évident qu’il faut arriver à Matongué aux alentours de neuf heures pour se rendre compte de la réalité de l’immigration clandestine : je ne sais pas s’il faut parler du milieu de la nuit ou de la journée mais des filles plus dévêtues que vêtues devant les dancings et aux recoins des rues. Des jeunes hommes qui jouent à cache-cache avec la police belge. Ils font tout et ne font rien pourvu que cela rapporte d’argent.

«Comment a été ton voyage à toi jusqu’ici puisque tu n’es ni en regroupement familial ni étudiante ?», risque-je. «Hum, c’était quand même difficile. Je dirais même très difficile». Comprenne donc qui pourra.


Quand ruines et taudis gonflent l´économie de l´Etat

Bairo Alto et ses anciennes maisons

Il y a un phénomène qui s´est passé et se passe encore sous mes cieux. Le déguerpissement. Phénomène d´urbanisation, d´agrandissement, de modernisation, d´aménagement, et que sais je. Je ne sais qui des dirigeants a eu l´idée. On rase des quartiers sur un critère connu seul par nos maires imposés sans l´avis des archéologues, les géologues, urbanistes, géographes, historiens et sociologues. La légende populaire raconte que la jalousie entre deux hommes pour une femme est devenue une affaire de clan et on a rasé Dembé qui est à présent le repaire des brigands coupe-gorge colombiens et le logis de tous les bandits et autres criminels et pickpockets.

J´écris aujourd´hui, car en visitant certains pays, je vois comment les vieilles baraques rapportent de l´argent. Parfois j´y ai aussi laissé passer mes maigres sous histoire de voir et me rendre compte à la fin que ce n´était pas si grand que ça ou si historique qu´on le croit. Il y´a trois semaines, j´ai payé pour voir les taudis comme  Chaido, Bairo Alto qui font Lisbonne. Des maisons ou des ponts  en ruine, parce qu´ayant résisté à un tremblement de terre. Je me suis arrêté devant des fondations des maisons non achevées, des maisons écroulées allant parfois me laisser photographier et souriant comme un niais. Puis un clic. Une lumière a jailli dans ma tête et je me suis dit :  si on n’avait pas rasé Gardolé pour un hôpital sans goût et sans architecture définie. Si on n´avait pas rasé Moursal, Mme Togui pour un commissariat actif qui s´accommode des voleurs au lieu de protéger la population. Je me dis si on n’avait pas détruit  tous ces vieux quartiers, je me serais faite guide pour touristes racontant les épopées de mes ancêtres les Sao et leur arrière-grand-père Toumaï. Bla bla bla Toumai a fait ci, bla bla bla Sao a fait ça. Là, c´est le tombeau du fils de Mbang Gaourang avec la reine Maijenesaisquoi, de l´autre côté le château en ruine du fils adultérin de la reine de Midi avec le roi Sao qu´ils ont caché pour ne pas s´attirer la colère de la reine mère. Au Nord de là, le tombeau de Brahim Seid et, etc. J´aurais eu un job de rêve ; beaucoup d´argent pour peu de travail. Les touristes laissent souvent de gros pourboires pour un mensonge bien concocté.

Voyez-vous tout ce qu´on aurait pu faire de nos taudis d´Amriguébé, de Ngueli, Sabangali, Chagoua et tout le reste ? Et ce n´est pas tout. Mon petit frère aurait pu vendre aux touristes des pacotilles soi-disant des bracelets des reines Oumé, Maidjouré. Ma grande serait restauratrice et proposerait le bouillon des chasseurs. Bouillons que prenaient les Sao avant la saison des chasses. Mon père se déguiserait en ancien garde du palais royal du royaume Kanembou pour compléter sa petite pension de retraité tchadien. Je sais que ma mère se réjouirait d´arrondir ses fins de mois et préparer sa prochaine retraite en économisant un peu. Elle jouera la prêtresse du temple des rois du Ouaddaï.

Vous voyez ce qu´on aurait pu faire avec tous ces taudis qu´on a rasés ? Ce billet sert donc de plaidoyer pour tous ces autres quartiers déguerpissables qui portent des croix blanches du cadastre. Ces futurs déguerpis d´Atrone, d´Habéna, d´Atrone ou Kamda. On peut moderniser une ville, l´embellir sans devoir casser, raser , déboiser. Au contraire on peut utiliser chaque composante, en tirer profit pour l´économie. On aurait investi l´argent pris sur les entrées des sites pour les entretenir ou construire la ville. Il nul besoin d´être sorcier pour avoir une suite dans les idées. Voilà, c´est que je peux après ce billet être une bonne conseillère au ministère du Tourisme, développement urbain ou à l´aménagement du territoire. Et si après lecture de ce billet on ne revoit pas la politique du déguerpissement. Je dirai que nul ne veut le bien de la population tchadienne.

Voilà, j´ai parlé.


Immigration clandestine, mes chefs d´Etats africains j´ai honte pour vous

Au moins cinq opérations différentes plus de 400 morts lors de deux naufrages au large de Lampedusa rien qu´en Octobre, un sommet ce vendredi 25 à Bruxelles, les projets Frontex et Eurosur sont redynamisés. L´Europe débloque des moyens et tient des sommets comme en temps de guerre. Que fait l´Afrique dont les enfants sont la cible de ces assises? Rien.

Ici sur ce continent, un sommet n´est organisé que quand il s´agit de protéger un chef de guerre. En plein crise du premier naufrage, un sommet se tenait parallèlement à Addis Abeba dans l´indifférence totale pour ces Africains que les vagues ont brisés les crânes contre les roches de Lampedusa. Même pas une minute de silence en leur mémoire. La tête de présidant kenyan valait plus que des centaines de cadavres d´autres Africains. Depuis le début de l’année, 13 000 migrants et demandeurs d’asile ont débarqué sur les côtes italiennes à bord de 140 navires. Ce sont des «diplômés-chômeurs» qui ne trouvent pas d’emplois qualifiés dans leur pays d’origine ou bien leurs revenus ne leur permettent pas de joindre les deux bouts : des jeunes désespérés que je refuse de juger. 700 autres migrants ont encore été secourus dans le canal de Sicile dans la nuit de jeudi à vendredi 25 Octobre. Les dirigeants européens se réunissent vendredi à Bruxelles pour soulever l’épineuse question de l’immigration. Une prochaine réunion des ministres de l’Intérieur de l’UE se tiendra les 5 et 6 décembre 2014. Le contrôle des frontières extérieures Frontex dispose d’un budget de 85 millions d’euros, d’avions légers, de bateaux et d’hélicoptères, ainsi qu’une troupe d’intervention rapide pour contrer l´Immigration. Où est l´Afrique dans tout ça? Nulle part. Ses dirigeants sont comme toujours aux abonnés absents pendant qu´on décide du sort de leurs populations. Pour qui voulez-vous conserver vos fauteuils présidentiels si toute la jeunesse devrait mourir à Lampedusa? Pas un discours, pas un deuil continental ou national. Pas la moindre larme ni le moindre remords.

Ma grande surprise est le silence de la présidente de l´Union Africaine. Une femme qui a certainement connu les douleurs  de la maternité, qui connait les valeurs d´une progéniture et la rage de perdre celle-ci. J´aurais pu me taire puis que le Tchad n´est point concerné par le phénomène. Mais connaissez-vous ce sentiment qui vous envahie lorsqu´on vous lance dans la rue des œillades soupçonneuses parce qu´Africaine donc absolument nouvelle migrante ou une clandestine? Cette gêne lorsqu´une collègue lors de la pause entre deux bouchées de pains, regard amusé, vous demande ce que vous pensez de ce nouveau naufrage? La rage de ne pouvoir défendre deux Africains comme vous qui se font rabougrir dans un commerce par la vendeuse parce que, demandeurs d´Asile ne parlant pas la langue locale? Le jour où, vous aurez vécu cela, comme moi vous vous poserez certaines questions et criez votre rage à nos dirigeants.

Les moyens ne manquent pas à l´Afrique j´en suis convaincue. La stratégie non plus. Nous avons vu au Mali la capacité de l´Afrique à s´unir. Pourquoi ce mutisme quand il s´agit de défendre votre jeunesse contre l´immigration?Comment voulez-vous que l´Europe vous écoute quand vous êtes sourds face aux larmes de vos fils? Pourquoi refusez-vous que la CPI vous juge quand vous commettez des crimes humanitaires? Car l´immigration est bien un crime à mes yeux.

Les politiques européens avec beaucoup de perceptions que de faits jouent sur les maux et les mots faisant des clandestins des envahisseurs. J´aurais aimé qu´avant ces sommets on cherche les raisons de l´immigration clandestine. C´est un mal que ni Frontex ni les discours aux relents violemment racistes ne pourraient arrêter. Les migrants sont organisés ainsi que les passeurs qui vivent de la misère des autres. Ils trouveront d´autres moyens pour contourner ces mesures de sécurité. Qu´adviendrait-il si l’Europe investissait ces moyens de sécurité dans une politique d’intégration et projets de développement dans les pays d’émigration? Qu´adviendrait-il si l´Europe jouait le franc jeu de la non-ingérence dans les politiques africaines en rompant tout soutien aux pouvoirs dictateurs? Pour venir à bout de ce fléau, il faut beaucoup de composantes dont la voix des Etas africains en premiers. Sortez de vos sommeils avant que tout un continent ne meurt.

Je vous ai averti.


La réforme de la renaissance

Dites-le à ceux qui veulent bien entendre. Il y´a longtemps certains savent que votre fort c´est de déplacer les problèmes, accorder la responsabilité aux autres. Enfin de compte on sait que les têtes la sont chauves alors allez peigner ailleurs. Moi je refuse cette réforme du système éducatif tchadien. Elle ne rehaussera pas le niveau des élèves, elle ne payera pas régulièrement le salaire des enseignants, elle ne construira pas des salles de classes et des amphithéâtres de qualités pour les futurs dirigeants du pays. Bref cette réforme telle que vous l´envisagé n´aura servi à rien avant son élaboration même.

 Ces dirigeants tchadiens vraiment, j’arrive plus à les comprendre. Je ne sais pas si c´est moi le problème ou le problème c´est eux. Peu importe. Mais une chose est sûre, on ne se comprend pas. Beaucoup de Tchadiens d´ailleurs ne les comprennent pas. Dans un pays qui compte moins de 40% de taux de scolarisation, pour les estimations les plus généreuses, on décide du jour au lendemain de fermer plus de la moitié des lycées publics sous prétextes que le taux de réussite aux examens nationaux serait très bas Ou étaient-ils dans les années passées puisque ce taux de réussite au baccalauréat n´est pas nouveau sous le soleil tchadien. Aucune raison ne peut justifier la fermeture ou  la suppression de certains établissements.  Je me demande si ce n´est pas un masque pour sublimer le manque cruel d’enseignants sur l´ensemble du territoire. Si tel est le cas, je ne crois pas qu´avec peu de collège et lycées l´on comblera ce vide.  En tout cas, on vous connaît avec vos mesures réglementaires.

Nous sommes à la rentrée scolaire et je me demande bien ce qui adviendra de ces élèves des établissements fermés. Les lycées nationaux croulent déjà sous les nombres pléthores et, peu de parents peuvent se permettre d´inscrire leurs enfants dans le privé. Avons-nous encore une Assemblée Nationale avec des représentants du peuple? Si oui, pourquoi n´ont-ils pas jusque-là réagit? Depuis l´annonce de cette suppression d´établissements scolaires, j´ai attendu d´écrire mon article. Je ne voulais mettre la charrue avant les bœufs. J´attendais donc que les illustres représentants convoquent le ministre de l´enseignement en session même si c´est extraordinaire. Ce que j´avais oublié c´est que, au Tchad il n´y´a de session extraordinaire que s´il y´a une menace pour nos élus en personnes. Et puis, pourquoi doivent-ils arrêter leurs sommeils et trimbaler leurs embonpoints sous ce soleil de plomb jusqu´à l´Assemblée quand on sait bien qu´ils ne sont pas concernés au premier degré? Qui de leurs enfants fréquentent dans ces établissements?

Chers parents d´élèves, allez-vous plaindre ou vous voulez. Ce n´est la faute à personne si dans la vie, il y´a les uns et les autres. Les riches et les pauvres. Les nantis et les démunis. Les intelligents et les moins intelligents. Les bons établissements et les mauvais établissements. Pour ma part j´aurais pu proposer qu´on fasse les Etats Généraux de l´éducation tchadienne. Cependant combien d´Etats Généraux a connu ce pays depuis la République des Libertés (entendez depuis l´avènement de la démocratie au Tchad. Donc depuis 23ans)? Il y´a eu les Etats Généraux de l´Armée nationale mais on rencontre encore les policiers, gendarmes et militaires qui lisent les cartes d´identité à l´envers, sirotent le thé sous les nîmiers ou lieu d´être dans leurs bureaux. Il y´a eu les Etats Généraux de la presse, les journalistes sont encore poursuivis de plus belle.  Je crains qu´ après ceux de l´éducation, les enseignants engagent une grève sans interruption. Ce qui est moins préférable à la fermeture de quelques établissements mal lotis.


Autopsie de la politique allemande

Je n´ai jamais parlé de la politique allemande avec vous sur cette plateforme. Et Dieu sait, des choses à dire, il y´en a. J´ai voulu juste me taire ce fut mon choix, mais avec cette vague d´élections, les législatives le 22 septembre et la présidentielle dans les jours prochains, je crois qu´il est temps de m´exprimer. Pour être franche, je ne me suis jamais intéressée à la politique allemande jusque-là. Et Dieu encore,  sait combien on a à dire du pays  d´où je viens, le Tchad. Il serait malhonnête de crier sur l´autre quand notre maison elle-même  est sale. Bref, je croyais que ou je ne voulais pas parler d´une chose dont je n´en sais que peu. Mais j´ai changé d´option. Je vis désormais ici, ici, et mon nouveau chez moi et j´ai un droit de regard sur ce qui se fait dans ce pays, les idéologies, les concepts et les projets sociaux que les partis vendent aux citoyens que nous sommes.  Cet article est essentiellement basé sur mes entretiens avec le petit nombre d´Allemands qui acceptent encore de parler politique ouvertement, mes propres impressions suite aux débats télévisés, coupures de presse et les informations; les quelques rares que j´ai suivies et ma subjectivité. Des opinions qui m´engagent donc personnellement.

 A tout seigneur tout honneur : je ne peux que commencer par le parti dirigeant, la coalition CDU qui est une Union socio-démocratique chrétienne. Elle est la grande “Volkspartei der Mitte” défendant au fond des valeurs chrétiennes-sociales et adoptant une position à la fois conservatrice, mais libérale. D´après la génération actuelle, c´est dans les maisons de retraite que se trouve son plus grand électorat. La CSU (Christlich-Soziale Union (in Bayern)) : elle est le pendant du CDU en Bavière. Elle est reconnue très conservatrice. La jeune génération d´Allemands n´apprécie pas la ligne politique de ce parti : on ne travaille que pour payer l´impôt.

La SPD ou le Sozialdemokratische Partei Deutschlands est le grand parti d’opposition et représente le parti allemand le plus longtemps établi au Parlement. A l’origine d’une idéologie social-démocrate, elle s’oriente progressivement vers le social-libéralisme. Cette formation a eu le vote des Africains parce qu´ouverte  à l´intégration des migrants.

Die Linke offre son soutien à la classe dirigeante : les demandes minimales que le parti présente sur ses affiches – salaire minimum, revenu minimum de retraite, impôt sur la richesse, pas d’intervention dans les guerres – masquent sa politique en réalité antiouvrière. Partout où Die Linke a gouverné, il a appliqué une politique diamétralement opposée à sa propagande électorale. Le Land de Berlin, que Die Linke a gouverné de 2002 à 2011 en coalition avec le SPD, a joué un rôle précurseur dans les attaques à l’échelle nationale contre les emplois et les salaires du secteur public et dans la réduction des dépenses publiques. Die Linke est la gauche allemande en quelque sorte.

Bündnis 90/Die Grünen : Le “Bündnis 90” représente un groupement de militants des droits de l’homme. “Les Verts” défendent des valeurs surtout écologistes. Je ne sais pas pourquoi, mais je vois en ce parti un rassemblement de tantes habillées de cotonnades avec leurs cheveux teintés jaune, rouge ou vert. Elles polluent plus l´atmosphère avec les BMX cylindrées qu´elles n´agissent.

FDP (Freie Demokratische Partei) : c’est  le parti libéral en Allemagne. Une formation qui milite pour le renforcement de la liberté et la responsabilisation de l´individu. Selon les Allemands, les gens du FDP sont des capitalistes. Aussi longtemps que leurs entreprises marchent, tout va bien et le reste n´est pas leur souci. Ce parti ne siègera plus à l´assemblée, car il vient de perdre sa place au législatives passées avec 4,8 % de vote. Son électorat est turc. Quoi de plus normal qu´un environnement des affaires propice pour propager les Dönerladen (restaurants turcs où l´on vend des sandwichs turcs appelés Döners) ? L´humour allemand dira qu’ y-a-t-il de commun entre la bière et le FDP ? La réponse est 4,8 % (l´une en pourcentage d´alcool et l´autre en pourcentage d´électorat). Ces résultats ont d´ailleurs contraint le chef du parti Phillip Rösler à démissionner.

NPD ou l´extrême droite allemande avec pour slogan l´Allemagne aux Allemands. Sans se voiler la face, c´est le parti le plus radical des partis extrémistes avec des idées anti-étrangers.

Die Piraten ou les pirates est le dernier des partis de l´arène politique allemande. Jusque-là, je n´arrive pas à cerner ce parti. Aucune politique, aucun projet de société en dehors de l´Internet accessible et sans contrôle pour tous. Pour moi, c´est une bande de copains geeks en veste de cuir avec des piercings et des tatouages partout sur le corps. Bientôt des députés tatoués jusqu´au crâne dans l´hémicycle. Ce ne serait pas mal aussi.

« Alternative pour l’Allemagne » (AFD), est un nouveau parti qui se veut anti-euro. Il enregistre une montée de populisme assez inquiétant en ce moment. Une aubaine pour les Allemands qui, exaspérés par les plans de sauvetage des pays du sud de l’Europe, se questionnent de plus en plus sur leur rôle dans l´Union et expriment aussi vertement leurs peurs pour leur économie dite stable et leurs emplois.