Ousmane Mamoudou

L’ empreinte numérique des pays pauvres

La place et les rôles qu’ont joués les civilisations dans l’Histoire déterminent, pour l’essentiel, la marche du monde contemporain. À travers les âges, les peuples ont utilisé diverses méthodes d’écriture et d’archivage dans le but de transmettre leurs histoires aux générations futures. Très souvent, l’efficacité de ces méthodes a été déterminante dans la perception et l’influence de cette civilisation sur le reste du monde.

Avec l’avènement d’internet, je pense que les empreintes numériques laissées par les populations suivant leurs conditions socioéconomiques auront un impact sur la place que celles-ci occuperont, ou sur le rôle qu’elles auront à jouer sur la scène mondiale. Par exemple, grâce au numérique, la guerre en Syrie est devenue l’un des conflits les plus documentés que l’humanité ait connu.

Qu’est-ce que l’ empreinte numérique ?

Tout comme l’empreinte carbone, l’empreinte numérique est l’ensemble des « traces et des marques que nous laissons derrière nous quand nous naviguons sur Internet » (Internet Society). Ces données concernent autant de domaines que de langues à travers le monde.

À mon sens, l’ empreinte numérique reste quand même une expression assez générique. Elle ne devrait pas, exclusivement, concerner les données générées par les seuls internautes mais aussi celles produites par des institutions ou des gouvernements, notamment avec l’open data.

Aujourd’hui, la surproduction de données numériques, communément appelées big data, permet le développement des techniques « d’apprentissage profond », ou deep learning. Ce qui signifie qu’il y aura de plus en plus de produits et de services dont la qualité et l’efficacité dépendra des données que produiront les internautes. Évidemment, la quantité de ces données ou empreintes numériques sera différente suivant l’ethnie, le pays ou le continent. Cela,  tout simplement parce que la répartition de l’accès à internet et aux TIC (Technologies de l’information et de la communication) reste assez inéquitable à l’échelle planétaire.

Même si aujourd’hui les données numériques sont générées par des processus assez standards, il n’en demeure pas moins qu’elles restent très variées dans leurs significations suivant les communautés. Ce qui, à mon avis, aura des conséquences sur la manière dont ces données seront interprétées par les algorithmes des géants du numérique.

Quelques exemples

Pour illustrer mes propos nous allons découvrir quelques services qui fonctionnent plus ou moins bien selon les données qu’ils reçoivent.

Les premiers sont les services de traduction en ligne. Intéressons-nous à Google Traduction, l’un des plus célèbres. Il faut savoir qu’il existe plusieurs méthodes de traduction en ligne. Google utilise la technique de la Traduction Automatique Statistique. Grosso modo, pour traduire un texte vers une autre langue, Google a besoin d’au moins deux millions de mots pour un domaine spécifique et bien plus pour un domaine général vers la langue cible. Vous trouverez tous les détails sur cette technique de traduction ici.

Donc, le résultat d’une traduction sera plus ou moins correct à partir du moment où la machine fera correspondre un nombre de mots assez conséquent entre les langues choisies, dans un sens de traduction comme dans l’autre.

J’avoue qu’en faisant mes recherches, je me suis demandé : mais où est-ce que Google trouve autant de mots dans les langues qu’il prend en charge? Sachez qu’il puise cette documentation au niveau des Nations Unies.

J’ai essayé de traduire un poème d’Emily Dickinson: To make a prairie. D’abord du français vers le haoussa (ma langue maternelle 🙂 ) et de l’anglais vers le français. Et bien les traductions étaient bien meilleures dans le second cas que dans le premier. Parce que tout simplement, il n’y a pas autant de références de mots sous forme de données numériques dans la langue haoussa que dans les deux autres langues.

C’est vrai que le haoussa n’a pas un lexique aussi large que l’anglais ou le français. Néanmoins, on voit que certains mots, bien qu’existant en haoussa, n’ont pas suffisamment de références numériques pour que la traduction en ligne les prennent en compte. C’est par exemple le cas du mot « rêverie ». Le manque de mots modifie aussi le sens de certaines phrases : en français, le vers « Si vous êtes à court d’abeilles » devient en haoussa « Si vous échappez aux abeilles » 😀

Traduction du poème d'Emily Dickinson

Les empreintes numériques qui existent dans cette langue sont donc faibles. On remarque que plus un pays a une faible connectivité à internet et un faible accès aux TIC, plus les services web construits dans et pour les langues utilisées dans ce pays auront un train de retard par rapports à ceux écrits dans les langues de nations plus avancées.

Un deuxième exemple est celui des services météos. Sur cette capture d’écran on voit comment différents services de météorologie interprètent les températures. La première fois que j’ai vu ces informations, j’ai souri. Évidemment on remarque tout de suite que ces services se trompent sur le ressenti de la température par les populations locales. On peut lire qu’il fait « extrêmement chaud » à 37 ° C, ce qui n’est absolument pas le cas : ici on dit qu’il « commence à faire un peu chaud » à une telle température. Il commencera à faire effectivement chaud lorsque les températures seront supérieures à 38°C et « extrêmement chaud » à 45°C ou plus.

Prévisions météos et empreinte numérique

C’est vrai que cette fois-ci, les données qu’utilisent les services météorologiques ne proviennent pas de l’ empreinte numérique des internautes qui l’utilisent, en tout cas pour l’essentiel. En effet, les constructeurs des applications de météo ne viennent, visiblement, pas de pays où il fait 37°C très souvent. Mais la mauvaise interprétation de ces informations par rapport à une population donnée risque d’avoir un effet dominos, potentiellement dangereux, sur un ensemble de services dépendant de ces prévisions. Non seulement l’empreinte numérique ne sera pas fiable, mais en plus elle pourrait s’avérer dangereuse.

Le troisième et dernier exemple que je vous propose concerne les services de géolocalisation en ligne. Là encore, on constate que le nombre de renseignements utiles sur une carte dépend de la facilité d’accès à internet des habitants qui y vivent. C’est sûr que ce n’est pas le seul critère, mais il reste néanmoins déterminant.

Les images ci-dessous montrent respectivement les villes de New York (8,5 millions d’habitants) et de Lagos (21 millions d’habitants). Dès que l’on zoome un peu (à 500 m), on voit tout de suite qu’il y a une vraie différence. Pour une même échelle, il y a moins d’informations disponibles pour la ville de Lagos que pour New York.

Ville de New York sur Google Maps

Ville Lagos sur Google Maps

En conclusion

Je dirais que l’empreinte numérique générale des pays technologiquement avancés est pour le moment beaucoup plus conséquente dans beaucoup de domaines. On voit par exemple que les assistants vocaux ne sont, pour la plupart, disponibles que dans les langues occidentales, de même que l’écrasante majorité des TIC et autres outils numériques.

J’espère que la standardisation des modèles actuels tiendra compte de la diversité des techniques, des langues et de bien d’autres caractéristiques qui ont façonné l’histoire de l’humanité des siècles durant. Cet héritage ne doit pas être englouti au nom de la nouvelle ère numérique.


Et si on utilisait la blockchain pour des élections libres et transparentes en Afrique ?

La blockchain est un terme devenu populaire grâce au Bitcoin. Mais avant d’être un mot, la blockchain est d’abord un concept et une technologie qui garantit transparence et sécurité des transferts d’information. Dès lors, une multitude d’applications devient possible.

Dans cet article vous allez découvrir :

  • Ce qu’est la blockchain
  • Son intérêt dans un scrutin, particulièrement en Afrique

Petite définition de la blockchain

De manière basique, la blockchain est en fait un ensemble de blocs reliés les uns aux autres à la manière d’une chaîne. C’est à partir de là que le mot « blockchain » ou « chaîne de blocs » a été adopté.

Mais puisque nous sommes dans une logique de vote, je vous propose de remplacer les blocs par des urnes. Pour que vous ayez une meilleure compréhension, nous allons prendre trois urnes. Ces urnes sont également reliées les unes aux autres car chacune contient un résumé de la précédente. Évidemment s’agissant de la blockchain, il n’y a pas d’urnes mais des fichiers appelés « blocs » reliés les uns aux autres.

Vous allez sûrement vous demander : « Mais à quoi ça sert de résumer ?». Et, vous aurez raison. En fait, résumer le contenu est important parce que la blockchain vérifie chaque fois l’historique des urnes précédentes avant de valider le moindre vote (transaction).

Mais comment résumer le contenu d’une urne (bloc) ?

C’est possible grâce au hash. Si vous êtes un aficionado du monde du logiciel ou un geek boutonneux 😀 , vous aviez sûrement croisé ce mot quelque part. En fait le hashage est une technique que les programmeurs utilisent pour transformer toute sorte de fichier en une suite de chiffre et de lettre, soit un nombre hexadécimal.

Voici un exemple de mots hashés :

Poule   ➔ afe4d55bbc890867c57970ac06d4a4cc5bbb9f41

Poules ➔ 623227e487cf4dd652468f6db546a15bfd1a8c59

Là, vous voyez que le premier hash est totalement différent du second parce que j’ai tout simplement ajouté un « s » à la fin du mot « Poule ».

Maintenant essayons de hasher cet article par exemple, soit 1525 mots en tout.

Article (1525 mots) ➔ 56b07bd61dd3ee4cee931bccd5724e7a1ebb0d0b

Vous remarquez que la longueur du hash ne change pas, vous pouvez hasher toute une encyclopédie si vous voulez, cette longueur sera toujours la même.

Vous pouvez vous amuser à « hasher » n’importe quel texte en vous rendant sur ce site 😉

En attendant, je vous ai préparé une petite illustration, en image, de la blockchain dans un contexte électoral 🙂

Illustration de la blockchain

Ça reste un résumé, ce n’est pas le contenu de l’urne (bloc)!

Oui, le hash est en fait une sorte de numéro de série unique attribué à chaque urne. Il permet de vérifier l’authenticité de l’urne en question. Cela veut dire que si une personne subtilise un vote déjà validé, cette urne ne sera tout simplement pas reconnue. Et comme toutes les urnes contiennent un résumé (hash) de la précédente, il y aura donc une sorte d’effet domino dans toutes les autres urnes.

Qu’y a-t-il dans un bloc (urne) ?

Je vais encore illustrer par une urne. Dans cette dernière il y aura exactement 999 bulletins de vote. En fait, la taille d’un bloc dans une chaîne est de 999 Ko (Kilo octet), généralement on arrondit à 1 Mo(Mégaoctet).

Les premières informations stockées dans ce type de blocs étaient des transactions monétaires, car la première utilisation connue de la blockchain est celle effectuée par la cryptomonnaie Bitcoin. Mais en sortant du cadre financier, la blockchain permet l’échange d’autres types d’informations. Celles-ci dépendent du type d’application que l’on veut faire de cette technologie. Dans chaque bloc, ou urne pour notre exemple, on peut donc implémenter des contrats, des votes ou n’importe quel autre type d’information.

Le vote électronique existe déjà en Afrique, où est l’intérêt ?

Oui, le vote électronique existe depuis un certain nombre d’années, même s’il est loin de faire l’unanimité. On reste quand-même assez prudent sur son intégrité en brandissant la crainte de possibles piratages.

En plus, sur le continent, toutes les formes de scrutins sont régulièrement tâchées d’irrégularités. Ceci est dû au fait que tout le processus d’élaboration, de contrôle et de validation des résultats reste entre les mains du parti au pouvoir. Sur place, tout le monde sait que les Commissions Électorales ne sont pas si « indépendantes » que ça. On peut citer l’exemple récent du Kenya, qui est loin d’être un cas isolé.

En Afrique, après un peu plus de 20 ans de transition démocratique, on se demande si la généralisation des processus électoraux a contribué à une consolidation de la démocratie. On a aussi l’impression que le vote reste très dysfonctionnel, étant donné qu’il n’est qu’un masque permettant le maintien d’élites dont les discours changent, mais pas les pratiques.

À quoi pourrait servir la blockchain alors ?

La révolution qui sera apportée dans ce cas serait d’adosser le système du vote traditionnel à la blockchain. L’objectif ici, est de rendre le scrutin totalement indépendant, libre et transparent. Ceci est possible puisque la blockchain est un système décentralisé, c’est-à-dire qu’il n’est géré par aucun organisme, et dans ce cas par aucune commission électorale.

Je vous propose d’appeler ce nouveau processus électoral le « Votecoin » 😉 , car il fonctionnera comme le Bitcoin. Sauf qu’ici les transactions ne seront pas monétaires mais électorales. Chaque vote sera vérifié, validé et enregistré par l’ensemble des participants et même par de tierces personnes depuis leurs canapés. Comme avec le Bitcoin, il suffira de télécharger le logiciel sur votre ordinateur pour pouvoir constater la légitimité du moindre vote en temps réel.

Un autre point important, c’est la sécurité. La solidité de la blockchain face aux attaques informatiques n’est plus à démontrer car elle est un registre distribué. Si vous voulez le corrompre, alors il va falloir le faire sur toutes les machines. Ce qui reste très difficile. C’est comme si tout le monde disposait d’une copie authentique de chacune des urnes dans sa maison. Pour truquer un seul vote, il faudra le truquer sur l’ensemble des copies distribuées.

Mais comment superviser le vote s’il n’y a personne pour le faire ?

Ce vote sera géré par tout le monde, il n’y aura plus un appareil séparé du reste du peuple qui s’en occupera. Le dépouillement sera effectué par les électeurs ou tout autre personne qui le souhaite. Ces personnes seront payés au même titre que les mineurs du Bitcoin (ceux qui effectuent les calculs de vérification des blocs précédents de la chaîne : pour chaque calcul effectué, ils reçoivent une rémunération).

Avec cette technologie, toute l’intelligence du processus électoral se trouve dans un logiciel libre de droit que chacun peut consulter et améliorer. Donc vous l’avez compris, en Afrique, la décentralisation du système électoral via son adossement à la blockchain serait une avancée. Les processus électoraux actuels sont presque toujours entachés d’importants soupçons de fraude aboutissant très souvent à des violences post-électorales. Mais avec la blockchain, le bourrage d’urnes est impossible, de même que les scores soviétiques.

En Afrique, et pas seulement, beaucoup de personnes ne font plus confiance au système électoral traditionnel. C’est ce qui explique les taux d’abstentions records. Aussi, certains électeurs ne peuvent tout simplement pas se rendre aux différents bureaux de vote pour diverses raisons. La possibilité de voter en ligne rend donc l’exercice beaucoup plus accessible. Et la confiance des électeurs peut même être récupérée, puisque la blockchain permet à toute la communauté,  et non à une seule entité, de valider les élections.

Personnellement, je pense que beaucoup de problèmes seront en grande partie résolus grâce à cette technologie. Plus besoin d’organiser, à coup de milliards, des élections pour des résultats qui n’en valent pas la peine.

Voilà, j’espère vous avoir fait découvrir de façon générale ce qu’est la blockchain et surtout les applications qu’elle rend possibles. Je sais que cet article est loin d’être complet, alors n’hésitez pas à me tenir au courant 😉


5 métiers du numérique dans les zones rurales du Niger

Depuis bientôt dix ans, on assiste à une métamorphose du milieu rural nigérien. La raison : les technologies de l’information et de la communication ( TIC ) qui ont fait irruption et, avant tout, le téléphone mobile bien sûr. Alors que l’essentiel de la population vit avec moins de deux dollars par jour, nous allons voir comment certains se débrouillent pour générer un peu de revenu.

Quels sont les métiers du numérique que l’on voit dans les zones rurales du Niger ?

Les métiers du numérique, ce sont tous les métiers liés, de près ou de loin, aux outils informatiques. Il peut s’agir du développement d’un jeu vidéo ou du remplacement d’un écran de smartphone. Mais en ce qui concerne les villages du Niger, nous sommes un peu éloigné de certains métiers qui nécessitent vraiment des compétences très avancées. L’essentiel des métiers que nous allons découvrir dans ce billet consistent essentiellement à l’assistance à l’exploitation et à la maintenance du téléphone mobile. Présentation.

1- Le transfert de fichiers multimédias

Vendeur de fichiers multimédias
C’est, je pense, l’un des plus rentables des métiers du numérique au Niger. En tout cas, pour ce qui est des zones rurales. Dans beaucoup de villages, il n’y a aucun ordinateur. Ceux qui transfèrent les fichiers font le tour des marchés hebdomadaires accompagnés de leurs machines.

Compter environ 25 à 50 FCFA (0,03 à 0,07 centimes d’euros) le fichier audio ou vidéo. Ces derniers restent évidemment les fichiers les plus plébiscités, surtout avec l’avènement des téléphones embarquant des microSD qui offrent un espace de stockage de plus en plus important.

Mais il faut noter que, dans la plupart des cas, le commerce de ces fichiers est totalement illégal. En effet, les musiques et les films sont généralement protégés par des droits d’auteur. Droits que le vendeur ne possède pas ; d’ailleurs, le plus souvent, ce dernier ignore même qu’il est dans l’illégalité !

2- La recharge électrique de batteries de téléphones

Système de recharge
Avec un taux de couverture en électricité extrêmement faible (14,3% en 2014), les villageois sont obligés de se débrouiller comme ils peuvent pour recharger leurs téléphones.

En général, il y a au moins une personne dans le village qui dispose d’un système de recharge multiprises, lié à une batterie de voiture ou de camion. Le coût de la recharge d’une batterie de téléphone oscille entre 50 et 100 FCFA (0,07 à 0,15 centimes d’euros).

3- La recharge de crédit téléphonique

Au Niger, le taux de bancarisation est assez faible (4,89% en 2015), d’ailleurs il est presque nul dans les zones rurales. De ce fait, et du fait que la population sur place reste encore fortement analphabète, les opérateurs ont mis en place un système de recharge de crédit téléphonique prépayé. Il suffit juste que le client se rende au point de vente et communique son numéro de téléphone. Le vendeur transfert le montant et reçoit une commission en contrepartie. Dans les villages, les transferts de crédit commencent à partir de 50 FCFA.

4- La maintenance téléphonique

Réparateurs de téléphone mobile
Dans les villages, les réparateurs de téléphones mobiles on plutôt la cote. Et ce, malgré le fait qu’ils soient de plus en plus incapables de réparer certains modèles à cause de la miniaturisation des composants… Mais, comme un grand nombre de personnes utilisent encore des téléphones assez anciens, à l’architecture simpliste, l’entretien devient d’un coup moins fastidieux !

Comme je l’ai déjà expliqué dans cet article, si vous voulez remplacer l’écran, le micro ou toute autre partie de votre téléphone, vous trouverez à coup sûr un réparateur. Mais attention, les meilleurs réparateurs ne sont là que les jours de marché hebdomadaire 😉

5- La vente d’accessoires pour téléphone

Étale d'accessoires pour téléphone mobile
La vente d’accessoires est aussi très développée. Ainsi, il n’est pas rare de croiser un nomade reconverti en vendeur ambulant d’accessoires pour téléphone mobile. Et autant dire qu’ils sont assez sollicités puisque les villages sont inondés de produits contrefaits de très mauvaise qualité. Chargeurs, écouteurs et autres câbles électriques sont régulièrement hors services et doivent être remplacés.

La photo ci-dessus montre comment les accessoires sont exposés aux clients dans un marché hebdomadaire. Il faudrait retenir que, dans les zones rurales, ces métiers ne sont pas du tout réglementés par l’État, d’où le manque de professionnalisme des villageois.

Voilà, nous sommes à la fin de l’article, j’espère vous avoir montré une nouvelles facette du monde rural nigérien. Un monde très marginalisé mais qui essaie de s’adapter malgré tout.


Petit résumé du CES 2018

Conduction osseuse, domotique, assistant vocal, etc. Si ces termes ne vous disent rien, c’est que vous avez raté le CES ( Consumer Electronic Show ) de Las Vegas.
Avec près de 4 000 entreprises et startups qui s’y sont précipitées cette année, leur poupard dans les bras, il fallait d’ingénieux arguments pour prouver à tous que son bébé n’est pas moche et réussir à le faire adopter 😉
Le CES est donc devenu, le premier évènement tech de l’année pour les startups et les amoureux des nouvelles technologies.

Quels sont les innovations présentées au CES 2018 ?

Il y a eu beaucoup de nouveautés, et comme d’habitude certaines sont utiles mais d’autres pas.
Alors moi, je vous donne une tendance et je pense que cette année était celle de la domotique. La domotique, c’est tout l’écosystème d’objets connectés destinés à rendre une maison intelligente. Des entreprises comme Netatmo, Legrand, ou Otodo y ont montré tout le sens que revêt un chauffage, un interrupteur connecté, ou une box capable de dialoguer avec tous les objets utilisant différents protocoles de communication.

On a aussi vu une forte présence des assistants vocaux tels qu’Alexa d’Amazon, ou Google Assistant. Il suffit, par exemple, de demander à ce dernier une recette pour qu’il s’exécute avec une foultitude de détails.

Je pense que l’assistant vocal pourrait quand-même porter le coup de grâce à la vie privée. En effet, de plus en plus de failles de sécurité comme la technique du dauphin ou la BlueBorne sont constamment mise à jour sur ces appareils. Ce qui peut transformer votre Google Home en véritable station d’écoute. Cependant, des patchs pour corriger ces différentes failles sont régulièrement déployés, même si l’on ignore ce qu’ils contiennent réellement. Eh oui, la confidentialité à encore de beaux jours devant elle 🙂

Un peu plus haut, j’évoquais le principe de la conduction osseuse. Grâce à ce principe, vous pouvez désormais téléphoner les doigts dans le nez… enfin, le doigt dans l’oreille je veux dire 😉
En ajoutant un module sur votre montre connectée, vous pouvez décrocher un appel; et c’est votre doigt qui joue le rôle du haut-parleur. Cette technologie a été développée par Sgnl, une entreprise sud-coréenne.

Il y a aussi eu cette superbe moto du constructeur YAMAHA qui se tient en équilibre et se pilote toute seule, grâce à un système avancé de gyroscopes.

Les pays les mieux représentés

Sans surprise, les entreprises et startups américaines se placent en pole position. Mais, elles sont lorgnées de près par celles françaises (364). Pour vous donner une idée, les Pays-Bas, en troisième position, compte un peu plus de 60 entreprises. C’est sûr que les entreprises n’ayant pas brillé pendant le CES, elles devront justifier leurs billets d’avion, tout comme Edouard Philippe… 😀

Personnellement, j’ai trouvé que les startups françaises sonnent plutôt américaines. Les dénominations de ces dernières sont un zeste trop anglicisées à mon goût. Mais bon, l’anglais c’est quand-même la langue des « winners» il parait, même le label associé se dénomme French Tech.

Vous trouverez sur ce site, la liste complète des entreprises et startups françaises et pourrez trier celles ayant remporté un prix.

En Afrique, trois pays ont été représentés : le Sénégal, le Mali et la Tunisie. Avec six entreprises francophones, c’est la toute première fois que le continent est représenté. Ce qui n’est pas mal, mais insuffisant, même si la participation au CES coûte chère.

Depuis le temps que l’on entend parler de la Silicone Valley africaine qui innove … On voit clairement qu’elle a du mal à décoller car les gouvernements sur place préfèrent laisser la besogne aux bailleurs internationaux. Mais malheureusement, ces derniers ne peuvent pas remplacer l’État.

Bref, il y a du chemin à faire, les ordinateurs high-tech que le gouvernement camerounais a commandé, en décembre dernier, pour ses étudiants en sont la preuve 😀 D’ailleurs, en réaction aux polémiques, le Directeur des Systèmes d’Information à même rappelé que 32 Gigaoctets en SSD(Solid-stat Drive) équivalaient à 500 Gigaoctets en HDD(Hard Disk Drive)!!! 😮

Pour rappel, le SSD et le HDD sont simplement deux solutions différentes utilisées pour le stockage et le traitement des données sur un ordinateur. Cependant, le SSD offre plus de performance dans le traitement de l’information qu’un disque dur classique, c’est-à-dire qu’il fait démarrer plus vite votre machine. Par contre en terme de capacité de stockage, les HDD sont pour le moment nettement en avance. Donc la meilleure solution serait une combinaison des deux.

Voilà, j’espère vous avoir informé sur l’essentiel. Si vous voulez tout savoir, rendez-vous sur le site officiel du CES 😉


3 raisons au succès de WhatsApp dans les villages du Niger

Les zones rurales du Niger concentrent l’essentiel de la population du pays. En général, cette population est très pauvre et n’a pas accès à internet ni à un certain nombre de services tel que la santé ou l’éducation. Mais, au milieu de toutes ces contraintes, une application mobile s’est fait une place : WhatsApp.

Dans ce billet, nous allons découvrir pourquoi WhatsApp rencontre autant de succès dans une région constituée de beaucoup d’analphabètes, malgré une faible couverture au réseau internet.

Qu’est-ce que WhatsApp ?

À moins de sortir d’une très longue période d’hibernation au fond d’une grotte, vous devriez connaitre WhatsApp ! Si vous êtes déjà accro, bravo, vous pouvez passez au prochain paragraphe. Sinon, restez je vous fais le topo 🙂

Alors, WhatsApp est une application mobile qui fournit un système de messagerie instantanée via internet et le réseau mobile, et c’est tout (Merci Wikipédia) 😉

Pourquoi WhatsApp séduit jusque dans les zones rurales du Niger ?

Je tiens à rappeler qu’au Niger, toutes les régions ne disposent pas d’une couverture réseau et surtout internet. Mais les rares villages qui en dispose ont très vite adopté WhatsApp pour des raisons évidentes qui sont les suivantes :

  • D’abord c’est une application avec une prise en main facile avec une interface assez simpliste. En plus, pour utiliser WhatsApp, vous communiquez uniquement votre numéro de téléphone,  contrairement à certains services qui veulent tous savoir, y compris l’emplacement de votre talisman secret 😮
  • Ensuite, WhatsApp est venue briser les barrières linguistiques. En effet, c’est une application que vous pouvez utiliser quel que soit la langue que vous parlez grâce, notamment, à l’efficacité de son service de messagerie vocale. Service de messagerie qui, par ailleurs, ne consomme pas beaucoup de mégas, donc, par rapport à la concurrence,  WhatsApp  n’est pas « datavore ».
  • Enfin, dans les zones rurales du Niger, cette application est aussi un important outil d’aide à la décision : les prix des denrées alimentaires et du bétail s’y négocient, images à l’appui, ce qui permet de gagner beaucoup de temps et d’orienter les villageois vers tel ou tel marché hebdomadaire.

Au final, même si, au Niger, l’utilisation de cette application reste limitée pour diverses raisons…  il convient de noter que les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), de manière générale, sont en train de profondément modifier la vie quotidienne des ruraux.


Réchauffement climatique, ce que je constate

Depuis des années, scientifiques et activistes ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Le réchauffement climatique est une évidence et des mesures collectives doivent être prises. Mais dans ce partage de responsabilité il y en a qui, visiblement, nagent entre deux eaux.

Quelques jours après la fin de la COP 23, je vous propose mon regard d’africain sur cette lutte contre le réchauffement global qui nous dépasse un peu.

Comment lutter contre le réchauffement climatique ?

C’est simple : Arrêtons de rejeter trop de gaz carbonique dans l’atmosphère. Il faudrait aussi que tous les pays, dont les plus pauvres, diminuent leur production de CO2. J’ai plusieurs fois échangé avec des villageois sur ces questions et j’avoue qu’ils restent parfois sans voix.

Comment expliquer à des personnes qui vivent sans aucune forme d’énergie que celle que la Terre fournie saison après saison de diminuer leur consommation énergétique pour sauver le monde ? Sauf si vous compter équiper tout le monde de panneaux solaires, ce qui est loin d’être le cas.

Sur cette photo, nous pouvons avoir un aperçu du niveau de vie dans un village au Niger. On constate qu’il n’y a aucune installation électrique pouvant servir à pomper cette eau. De même, aucun véhicule motorisé n’assure le transport des bidons d’eau.

s'adapter au réchauffement climatique

Je crois qu’au Niger, et de manière générale dans les pays pauvres, le message qui sera acceptable consisterait à dire : « vous devez construire votre avenir sur les énergies renouvelables ».

C’est vrai qu’une aide a été promise, mais pour le moment, il semble que les financements restent coincés quelque part, dans les paradis fiscaux peut-être? Personnellement, je pense que le réchauffement climatique c’est comme les impôts. Ce sont toujours les plus pauvres qui paient.

Sur ce graphique on peut constater le gouffre énergétique qui sépare les pays pauvres de ceux développés.

Ces quelques aperçus nous apprennent que ceux qui polluent le moins paieront pourtant le plus lourd tribut. Car les industriels pillent les matières premières des pays pauvres via des clauses contractuelles mitigées.

Le double discours des décideurs occidentaux

Même si le retrait de l’administration Trump de l’accord de Paris ne traduit pas la volonté du peuple américain, il semble que ce hic est loin d’être un cas isolé.

On répète assez souvent que le modèle économique allemand est l’exemple à suivre. En effet, la balance commerciale de ce pays est souvent excédentaire et tout le monde applaudi. Cependant, la sortie de l’Allemagne du nucléaire s’est avérée être une vraie catastrophe pour l’environnement. L’économie de ce pays est en fait dopée à 40 % par un charbon très polluant. Madame Merkel n’est plus la chancelière « verte » tant acclamée en 2011.

À Blagnac (France), on applaudit aussi à l’annonce d’un contrat monumental pour la vente de 430 Airbus, alors que la COP 23 se passe juste à côté. Construire et exploiter ces avions laissera une emprunte carbone non négligeable. Tout ceci n’est pas tellement écologique car entre les discours et la réalité il y a les affaires.

Sommes-nous réellement prêt à changer nos habitudes ?

Si adaptation il devait y avoir, les pays pauvres s’en sortiront sûrement avec peu de contrainte. Par contre, dans les pays développés je pense qu’il serait très difficile de convaincre la population à abandonner son mode de vie énergivore.

Les scientifiques disent que pour rester en dessous de 2° de réchauffement d’ici à 2050, il faut laisser les réserves de charbon, de gaz et de pétrole  à respectivement 80, 50 et 32% dans le sous-sol, soit 500 Gigatonnes de CO2. Sauf que les industriels (Total, Shell,etc) ont en réserve 2500 Gigatonnes de CO2 qu’ils ont prévu d’exploiter. La preuve, cette année les émissions de CO2 ont connu une nouvelle hausse de 2% par rapport à 2016.

Aujourd’hui, l’occident ne peut pas renoncer aux sources d’énergie fossiles. Il faudrait effectivement imposer à chacun des changements radicaux dans la vie de tous les jours. Ce qui est difficilement applicable dans une démocratie. Par exemple, le groupe industriel énergétique français (Engie) a dû renoncer à son projet d’éoliennes parce qu’il se trouve situé sur un ancien champ de bataille où reposent des milliers de soldats australiens.

Le pétrole et le charbon restent à ce jour des sources d’énergies irremplaçables. C’est ce qui a expliqué la volte-face de Nicolas Hulot sur la question de la sortie du nucléaire. Mieux vaut susciter l’indignation de quelques écologistes que provoquer une crise de contestation sociale sans précédent.

Pourtant, la lutte contre le réchauffement climatique devrait se passer tous les jours et non en novembre lors des différentes COP. Tout le monde doit faire des efforts sinon « il sera bientôt trop tard ». L’humanité doit être consciente de ce qu’elle risque, car avec ou sans l’homme la planète tiendra toujours debout.


Accès internet en Afrique, la fracture numérique s’amplifie

Dans les Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l’Assemblée générale des Nations Unies, les États membres ont reconnu que la « diffusion des technologies de l’information et de la communication (TIC) et l’interdépendance mondiale ont un grand potentiel pour accélérer le progrès humains ». C’est ce que nous pouvons lire dans le paragraphe numéro 15.

Les TIC ne connaissent malheureusement pas le même essor partout. Il faudrait que l’Afrique dispose d’un accès Internet équitable. Pour le moment, la fracture numérique semble s’accélérer.

Dans ce billet, nous allons explorer le rapport de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) datant du mois de septembre 2017.

Pourquoi la fracture numérique ne faiblit pas ?

On estime que la proportion de ménages dans les pays en développement ayant un accès Internet est passée de 37,6% en 2015 à 42,9% en 2017. Cependant, il s’agit ici d’une moyenne mondiale. En Afrique, ce taux est de 18% en 2017, contre 84% pour l’Europe.

Pour moi, l’un des meilleurs indicateurs justifiant cette importante disparité reste le GCI (Global Connectivity Index). Cette variable classe les nations en trois principales catégories suivant une quarantaine de critères dont le big data, l’internet des objets, l’internet haut débit, les datacenters, etc. Dans l’ordre décroissant, nous avons les Frontrunners, les Adopters et enfin les Starters. L’essentiel des pays pauvres sont classés dans la dernière catégorie. Vous pouvez consulter la carte interactive de ce classement ici.

Ce score nous enseigne que les progrès cumulés dans le domaine des TIC par les pays technologiquement avancés deviennent exponentiels au fil du temps. À ce propos, dans le rapport de l’UIT, on peut lire à la page 16 que « nous assistons à l’équivalent TIC de l’effet Matthieu, où les riches deviennent plus riches et les pauvres s’appauvrissent davantage ». Autrement dit, plus votre accès internet est de mauvaise qualité, moins vous aurez de chance de jouir pleinement des avantages d’un smartphone, par exemple. Pour les spécialistes, la fracture numérique est telle qu’il faudrait à présent la qualifier de « gouffre numérique ».

Au Niger, les internautes se comptent sur le bout des doigts

Le rapport de l’UIT indique qu’au Niger les internautes ne représentent que 4,3% de la population. Parmi ces internautes, 0,1% disposent d’un abonnement fixe à internet contre 2% pour l’accès mobile. Pour cause, un coût élevé de l’offre, un manque d’infrastructures et de contenus numériques. C’est d’ailleurs ce qui explique l’absence du Niger dans le classement GCI.

Pourtant, une politique visant le développement des TIC a été mise en place depuis 2005. C’est le « Plan de développement des Technologies de l’Information et de la Communication au Niger ».

Machine à écrire fracture numérique

Malheureusement, on voit que les choses n’ont pas énormément bougé. En visitant une administration publique nigérienne, vous aurez la surprise de tomber sur des antiquités. La photo ci-dessus nous montre une machine à écrire totalement opérationnelle et très sollicitée encore aujourd’hui. Et non ! Vous n’êtes pas au musée, ni chez un collectionneur 🙂 . J’ai même eu l’occasion de saisir quelques mots.

Ci-dessous, la photo du moyen de communication le plus high-tech que j’ai trouvé, bien au chaud, dans le bureau du patron : un télécopieur 😮 . Oui, le fax n’est pas encore mort.

Néanmoins, dans le service que j’ai visité, il y a des ordinateurs. Mais ces derniers ne sont connectés à aucun type de réseau et ne servent qu’à distraire les employés. D’ailleurs, ces ordinateurs deviennent un fardeau pour le service. Ils sont comme de gros jouets consommateurs d’électricité et infestés de virus informatiques.
Télécopieur

Des changements en vue ?

Pour le moment, la fracture numérique continue sa route et rien ne semble l’arrêter. Je me demande bien quand est-ce que tous ces produits et services connectés disponibles ailleurs seront vulgarisés au Niger et en Afrique de manière générale ? Certains risquent même de disparaître sans avoir jamais servi chez nous. Pourtant, chaque dollar investi dans le secteur des TIC aujourd’hui générera cinq dollars en 2025.

Je pense que la solution est entre les mains de tous. Entrepreneurs, citoyens, militants, toutes les bonnes volontés doivent fonctionner en synergie afin de stimuler les volontés politiques.

De toute façon, il faudra un jour ou l’autre s’adapter. Les TIC, c’est comme l’industrie aéronautique, si vous voulez que des avions atterrissement chez vous, il vous faudra un aéroport d’un certain standing. Autrement, vous ne pourrez qu’apercevoir des tonnes de frets et de passagers voler au-dessus de vos têtes, emportant par la même occasion vos rêves et des milliers d’emplois.


Quand le téléphone mobile devient une niche à microbes

Selon plusieurs études, le téléphone mobile contiendrait 500 fois plus de bactéries qu’une cuvette de WC. De même, chaque individu touche environ 150 fois son téléphone par jour. Ce qui transforme très vite le téléphone mobile en un potentiel vecteur d’infections.

À travers ce billet, nous allons essayer de comprendre dans quelle mesure un téléphone cellulaire peut, potentiellement, devenir une source d’infection dans les zones rurales du Niger. Car ici, les villageois vivent déjà dans des conditions d’hygiène et d’assainissement assez précaires.

Pourquoi les ruraux sont-ils plus exposés ?

Téléphone mobile_Marché hebdomadaire de Mirriah

Dans les zones rurales du Niger, l’environnement est très souvent propice à la prolifération de divers germes et bactéries. En cause, une forte concentration d’hommes et d’animaux dans un espace relativement restreint. Nous pouvons également ajouter le manque d’eau potable, de sanitaires mais aussi de détergents. Ces éléments combinés favorisent le développement de microbes plus ou moins pathogènes.

Les micro-organismes issus de cet écosystème iront donc se déposer sur tout type de support, dont le téléphone mobile. La photo ci-contre illustre la facilité avec laquelle le mobile peut entrer en contact avec des aliments.

Fille avec téléphone mobile
Deuxièmement, dans un village, un téléphone est utilisé par plusieurs personnes, ce qui accroît le risque de transmission d’affections contagieuses. Dans le village de Mirriah (situé à 18 kilomètres de la ville de Zinder), j’ai rendu visite une famille dans laquelle on comptait deux téléphones pour 16 personnes. Évidemment, en l’absence d’une moyenne, ce chiffre peut être majoré ou minoré selon les familles.

Lawissa, une habitante de ce village, prête quotidiennement son téléphone à un membre de sa famille ou à ses amies. La durée de l’emprunt peut varier de quelques minutes à une journée.

Troisièmement, la matière avec laquelle ces téléphones portables sont construits n’est pas fiable. En zone rurale, les téléphones mobiles sont majoritairement des contrefaçons. Cela veut dire qu’ils sont fabriqués avec des matériaux non conventionnels et peu résistants. Par exemple, un enfant pourra très facilement arracher et avaler une touche ou tout autre partie de l’appareil. Aussi, l’absence d’une surface autonettoyante ou antibactérienne sur le téléphone mobile contrefait démultiplie ses capacités à héberger encore plus de bactéries.

Quels types de microbes squattent le téléphone mobile ?

On trouve énormément de variétés différentes, dont les salmonelles et les staphylocoques dorés. Ces microbes sont responsables d’infections ou d’intoxications souvent mortelles.
Une étude réalisée par des biologistes de l’université de l’Oregon, aux États-Unis, a révélé que 82% des bactéries présentes sur les doigts des utilisateurs se trouvent aussi sur leur téléphone mobile. En tout, cette étude a identifié 7 000 types de bactéries différentes présentes sur un téléphone mobile.

Retrouvez l’intégralité de l’étude ici (En anglais).

Quels sont les risques encourus ?

Selon que vous soyez l’unique utilisateur de votre mobile ou non, le risque est plus ou moins important. En effet, une étude réalisée par l’Université de Manchester relativise le danger. Selon ces chercheurs, le risque est beaucoup plus important dans un environnement hospitalier. Dans les hôpitaux, des bactéries présentes sur les mobiles ont été soupçonnées d’avoir propagées certaines infections.

Cependant, je pense que dans les zones rurales du Niger, les conséquences ne sont pas pour autant anodines. Nous avons vu qu’il pouvait y avoir un certain nombre d’utilisateurs par téléphone mobile. De plus, ces derniers ne répondaient pas à certaines normes de sécurité alors même qu’ils sont utilisés dans un environnement très souvent insalubre.

J’espère que des études plus sérieuses et spécifiques aux zones rurales du Niger viendront, un jour, apporter plus d’éclaircissements. En attendant, veillez bien à nettoyer quotidiennement votre téléphone mobile ;-).


Le marabout dans la société nigérienne

Bien avant l’implantation de l’islam au Sahel, d’autres croyances existaient. Principalement animiste, la population de cette partie du monde s’est très vite convertie à l’islam et au christianisme. À coup de missions catholiques et de guerres saintes, ces deux religions révélées se sont facilement imposées.

Cependant, au milieu des traditionnels chefs religieux que sont les cheikhs, muftis et ayatollahs, l’installation de l’islam en Afrique subsaharienne a aussi accouché d’une nouvelle classe de dignitaires religieux propre au continent : les marabouts.

Mais qu’est-ce qu’un marabout ?

Une scène avec un marabout
Il est primordial de retenir que le terme « marabout » désigne deux choses diamétralement opposées. Il peut signifier soit un guide religieux musulman soit un sorcier. Même si cet article traitera principalement de l’influence des marabouts sorciers dans le quotidien des Nigériens, il convient néanmoins de retenir que la frontière entre ces deux mondes reste souvent ambiguë.

Dans la culture africaine, un marabout est un musulman doté de pouvoirs magiques. Comme tout magicien, il a le pouvoir de répandre le bien ou le mal dans le monde qui l’entoure. Toutefois, sachez globalement que les religions s’opposent à la magie. La foi religieuse est avant tout un acte de confiance en Dieu. Hors le magicien c’est l’homme qui prétend dominer Dieu au travers de ses incantations et formules supposées agir sur le monde des esprits. La magie est ainsi considérée comme un sacrilège par les religions.

Je vous ai vu tiquer ! Vous n’y croyez pas ?

Personnellement, je ne pense pas qu’il s’agisse de prouver si les marabouts sont réellement dotés de pouvoirs magiques ou non. Même s’il est totalement légitime de s’interroger à ce propos. Mais attention, je ne suis pas en train de nier le pouvoir magique des marabouts… Euh!! Oui, j’ai peur des représailles 😉
Bref, je pense que tout réside dans l’échelle de confiance et de conviction qu’accordent les adeptes aux pouvoirs du marabout. Si vous y croyez à fond, les formules magiques pourraient, dans le meilleur des cas, avoir une sorte d’effet placebo. En effet, dans certains cas, la croyance peut revêtir un pouvoir thérapeutique. Comme dirait Einstein: « …tout est relatif… »; pour un oisillon un chat est un monstre.

Le marabout et ses clients

La clientèle du marabout est très disparate au Niger, même si la gent féminine reste beaucoup plus intéressée. Toutes les couches socioprofessionnelles sont représentées. De la ménagère aux étudiants, en passant par les chefs d’entreprise, fonctionnaires et diplomates. On consulte parce qu’on est insomniaque, lorsqu’on passe un examen, un entretien d’embauche, pour se marier, etc.

Nous avons vu plus haut que l’usage de la magie était interdit par la quasi-totalité des religions, dont l’islam. Mais on voit clairement que l’islam, en s’implantant au sud du Sahara, a dû faire des concessions et cohabiter avec d’anciennes pratiques animistes. Aujourd’hui, les marabouts (sorciers), bien qu’ils transgressent profondément certains textes coraniques, restent respectés et même craints par endroit. Le marabout a réussi à rapprocher le charme magique de la prière religieuse. C’est, en effet, ce qui explique le vif intérêt de la population musulmane pour ces pratiques.

Des influenceurs hors pair

Je pense que le rôle des marabouts dans la dynamique de la société nigérienne, et sahélienne en générale, n’est pas sérieusement évalué. Même en passant outre l’effet papillon, je me demande bien : combien de fois un marabout a directement influencé le vote d’une loi ou directive dans l’hémicycle?

Beaucoup d’étudiants se confient à un marabout pour savoir s’ils doivent étudier par exemple la physique ou la médecine. D’autres personnes encore pour savoir s’ils doivent marier cette personne ou pas, prendre une deuxième épouse ou non, partir en exode, etc.
Le marabout exerce un contrôle dans les moments décisifs de la vie de beaucoup d’individus. Très souvent, même au plus haut niveau de l’État. Certains d’entre eux sont même des conseillers pour chefs d’État. C’était notamment le cas avec Amadou Oumarou dit « Bonkano », marabout du défunt président de la République du Niger Seyni Kountché. Ce que Bonkano n’a pas manqué de rappeler lors de l’émission Archives d’Afrique.

Écoutez l’extrait:


Retrouvez l’intégralité de cette émission ici.

Comment se passe une consultation ?

La consultation est assez classique, comme chez tout psychologue, à la différence près que vous ne serez pas invité à vous allongez confortablement sur un sofa pendant que ce dernier sonde vos pensées. Chez un marabout, on s’assied à même le sol, en tailleur de préférence, et le décor y est parfois macabre. Des animaux empaillés ou momifiés gisent partout, comme dans une galerie d’espèces disparues.

À la fin de la consultation, le remède est en général proportionnel à l’ampleur du problème. Si, par exemple, vous risquez un licenciement imminent par votre patron, le marabout pourra vous remettre un caillou magique que vous lancerez dans la bouche de votre chef afin de le faire taire et d’étouffer l’affaire à jamais 😀 Même s’il faudrait quand-même savoir bien viser, de toute façon vous n’avez rien à perdre.

La durée et le coût d’une consultation oscillent généralement entre le temps nécessaire pour correctement se récurer les narines à celui d’une vente d’un long-courrier.

Et les grigris dans tout ça ?

On ne peut absolument pas parler de maraboutage sans évoquer les fameux grigris magiques. Ce sont des amulettes aux formes diverses et variées que l’on porte autour du cou, du pied, ou comme bracelet ou ceinture. Vous pouvez aussi voir des grigris suspendus au plafond, sur le rétroviseur d’une voiture, etc.

Anneaux de marabout du Niger

Cependant, le port de grigris est de plus en plus dissimulé par certaines personnes. En effet, c’est un peu ringard pour un diplomate de s’orné le cou avec une amulette en cuir de rat. Alors la plupart du temps, les grigris restent dans les poches, chez les hommes, ou dissimulés dans les soutiens-gorge, les sacs à mains ou la chevelure chez les femmes. Vous pouvez aussi croiser des hommes avec une ou plusieurs bagues aux doigts. Ici, les grigris se transforment en talismans. N’allez surtout pas croire que ces anneaux sont des alliances pour polygames et encore moins l’expression d’une passion des cultures gothiques.

Dans la culture musulmane, le port d’objet d’ornement est interdit aux hommes, d’autant plus qu’en regardant de près l’une ou chacune des bagues, vous remarquerez sûrement des inscriptions. Je ne ferai pas de commentaires là-dessus, mais retenez que ces annaux jouent chacun un rôle, comme dans le film « Le saigneur des agneaux »… 😮 Non euh! Je voulais dire « Le seigneur des anneaux ». Vous savez? Ce film avec le fameux anneau unique comportant des inscriptions écrites en langue noire. « Un anneau pour les gouverner tous…»

Ahh! C’est peut-être pour ça que certains chefs d’État africains gouvernent depuis une époque que les moins de 50 ans ne peuvent connaitre.

Alors la prochaine fois que vous croiserez un diplomate avec les poches anormalement pleines ou un chef d’État s’habillant de la même manière depuis toujours, et bah vous êtes en droit de vous poser toutes les questions 😉


Naviguer sur internet avec une connexion lente en cinq étapes

Nous vivons dans une époque où l’accès à internet ne cesse d’occuper une place de plus en plus croissante dans le quotidien de tous. Cependant, d’importantes disparités en termes d’accessibilité et de coût existent suivant les zones géographiques de la planète. Une connexion lente à internet est la source d’importantes inégalités. Dans cet article, nous allons voir comment réussir à faire tourner une connexion lente au réseau internet, à son…


Le logiciel libre pour les nuls

Ah la liberté ! Qui n’en a jamais rêvé ? Pouvoir faire ce que l’on veut où et quand on en a envie. Sauf que dans le monde des humains on ne peut pas tout faire; même dans les démocraties qui font baver d’admiration migrants, activistes et réfugiés. Personnellement, je crois que des nudistes auront franchement du mal comme hôtesses ou stewards 😯 Quoique, la compagnie qui tentera le coup pourrait bien voir ses ventes de billets,ou ses avions, exploser . Eh oui ! Il faudrait compter sur nos djihadistes pyromanes parmi les fidèles clients…âmes sensibles, s’abstenir 😛

Bref, dans cet article nous n’allons pas parler de nudité, et tutti quanti, mais des avantages réels que confère l’usage d’un logiciel libre. Et je vous garantis que c’est plutôt excitant 😎

Qu’est-ce qu’un logiciel libre …pour les nuls ?

Nous allons nous inspirer des entreprises symbolisant les deux extrêmes dans ce domaine, Apple et Linux en l’occurrence. Vous devez retenir qu’un logiciel est très assimilable à une recette de cuisine, même si cette recette est écrite dans une langue un peu particulière.

J’ai donc, pour vous, recuit cette formule de la FSF (Free Software Fondation). Les éléments remplacés sont mis entre parenthèses, lisez plutôt:

« Quand les consommateurs (utilisateurs) ne contrôlent pas la recette (le programme), c’est la recette (le programme) qui contrôle les consommateurs (les utilisateurs). Le cuisinier (le développeur) contrôle la recette (le programme), et par ce biais, contrôle les consommateurs (les utilisateurs). Cette recette (ce programme) non libre, ou « privatrice (privateur)», devient donc l’instrument d’un pouvoir injuste. »

Pour mieux comprendre la logique du logiciel libre, je vous propose d’imaginer deux individus qui reçoivent, chacun, un livre de cuisine. Le premier reçoit un manuel édité par Linux, totalement libre et gratuit, et le second un bouquin édité chez Apple, donc propriétaire et payant.

Les recettes se trouvant dans ces manuels respectifs, sont toutes inspirées d’un très grand chef cuisinier appelé Unix. Même si, le style d’écriture de nos deux bouquins peut sembler différent, il convient de retenir que des similitudes existent. En effet, si dans l’un ont dit « ajoutez une cuillère à café de sel » dans l’autre on dira « ajoutez une pincée de chlorure de sodium », ce qui revient quasiment au même.

Mais c’est quoi la vrai différence alors ?

Le premier réflexe lorsqu’on a un livre entre les mains, c’est quand même de l’ouvrir afin d’en lire quelques lignes. Eh bien cette action, assez anodine, est tout bonnement impossible à effectuer pour l’utilisateur disposant du livre édité chez Apple. Pour ce dernier, le logiciel, donc le livre dans notre cas, est dit « propriétaire », cela signifie que ce qui s’y trouve appartient exclusivement à Apple, et ce, même si vous l’avez acheté. C’est ce qu’on appelle la sécurité par l’obscurité 😮 Je ne sais pas vous, mais personnellement, je me sens beaucoup plus vulnérable dans le noir.

Ainsi, pour pouvoir lire le contenu de ce livre, Apple vous propose d’acheter une liseuse. Mais attention ! Pas n’importe laquelle des liseuses, il vous faudra une iLiseuse, spécialement conçu par Apple. C’est cette iLiseuse qui fera la cuisine pour vous en utilisant des ingrédients dont vous ignorez quasiment tout. Par exemple, lorsque vous commandez une pizza, et bah vous aurez uniquement la pizza sans aucune information sur sa composition…si vous avez un Qi de dingue vous pourriez même vous demander si c’est effectivement une pizza.
Et comble du désarroi, Apple vous interdit de partager cette pizza avec quelqu’un, même par charité. Ah !! crApple!! 😡 Moi je prononce « crAppule » …tout dépend de votre accent en fait 😉

Une dernière chose à savoir : Apple propose aussi des recettes gratuites, mais généralement en mode freemium. Ce qui signifie que vous devez payer si vous désirez plus d’assaisonnements. C’est notamment le cas d’iTunes. Mais sachez qu’il est interdit d’utiliser ce logiciel pour fabriquer une arme nucléaire ou un missile pendant que vous écoutez de la musique 😮 Je vous jure que c’est vrai! Lisez, c’est par là 😆 Ils sont quand même un peu paranos !

/! Attention : Chaque logiciel libre est gratuit, mais tous les logiciels gratuits ne sont pas forcément libres car la recette (le code source), reste souvent protégée et donc non modifiable et c’est le cas de notre cher iTunes.

Venons-en au premier livre maintenant, vous vous souvenez ? C’est celui édité chez Linux. Comme il est totalement libre, vous pourrez non seulement le lire en intégralité, mais aussi pouvoir distribuer des copies à vos voisins sans débourser le moindre sous et, surtout, sans risquer de vous faire pincer !

Une autre chose, assez sympa, est que vous avez même la possibilité de modifier les recettes qui sont dans le bouquin, c’est ce que l’open source permet de réaliser.

C’est pas dangereux que tout le monde puisse en modifier les recettes ?

Il faut quand-même reconnaitre que ça fait un peu flipper ! Mais même lorsque quelqu’un, de mal intentionné, introduit un poison dans votre recette, le poison sera très vite débusqué puisque la recette est ouverte à un très grand nombre de personnes dont beaucoup de spécialistes de très bonne foi.

Par contre si vous choppez un cancer en consommant un produit dont la recette reste secrète et onéreuse, personne ne pourra directement faire le lien entre votre maladie et ce que vous mangez, surtout lorsqu’on ignore totalement de quoi cette nourriture est faite. Le vrai paradoxe concernant les recettes propriétaires (non libres), c’est que non seulement le cuisinier protège jalousement sa recette mais pire, il se dérobe de toute responsabilité si jamais il vous arrivait malheur.

Tandis que dans le monde du logiciel libre vous pouvez non seulement lire et modifier les recettes, mais vous avez aussi des informations de niveau quasi moléculaires, pour ne pas dire atomiques, concernant les ingrédients de vos plats favoris et tout cela sans dépenser le moindre sous.

De même, l’acquisition de nouvelles recettes ou celles mises à jour, est totalement gratuite. Ce qui peut être très pratique lorsque vous gérez plusieurs restaurants par exemple. Dans ce cas si, vous n’aurez plus qu’à partir chez votre libraire (on parle de dépôt de logiciels dans le jargon informatique) et réclamer vos nouveaux bouquins, totalement libres et gratuits.

Moi je trouve que les logiciels libres sont quand même moches

C’est vrai que, très souvent, le logiciel libre n’est pas très sexy, mais il reste néanmoins très fonctionnel.
Si vous voulez être cool, séduire quelqu’un ou rester tendance, alors les produits Apple sont biens pour vous ! Par contre si, comme moi, vous n’avez pas de poches, et que vous voulez quelque chose de solide et d’assez portatif, Linux est l’élu qui rendra vos jours meilleurs.

Alors bien sûr je respecte le choix des utilisateurs, fanatiques ou pas, pour tel ou tel produit. Néanmoins, vous devez retenir que l’essentielle des technologies ayant rendu la fabrication de ces produits, libres ou pas, possibles et qui permettent de les faire fonctionner sont totalement libres.

Par exemple si vous partez dans n’importe quel type de restaurant et que vous commandez une bouillie, et bah dites-vous que la grande majorité des serveurs qui traitent la moindre de vos requêtes, encaissent les additions, et qui tolèrent vos brimades, travaillent sous le label Apache qui est un très grand promoteur des recettes libres. Autrement dit, ils font tourner gratuitement l’établissement sans demander une rémunération au gérant. Cependant, ils acceptent volontiers les pourboires (dons) qu’ils reversent ensuite à la fondation Apache. D’ailleurs c’est cette dernière qui paie, nourrit, et soigne ses serveurs !

Vous êtes arrivé jusqu’au bout ? Bravo, j’espère que vous aimez les cadeaux ?

Si vous voulez découvrir, d’avantage, le logiciel libre ainsi que les domaines qu’il couvre, consultez ce lien.

Maintenant je vous propose quelques logiciels qui ne sont pas libres mais gratuits et qui font ce qu’on leur demandent sans dégainer votre portefeuille.

  • WPS Office : Vous êtes radins et n’aimez pas le design de LibreOffice ? Ce logiciel est fait pour vous. Il ressemble beaucoup aux dernières versions des suites Microsoft Office pour Windows. Sauf que celui-là est totalement gratuit et il propose des tonnes d’extensions pour vos fichiers.
  • Le Montage vidéo avec LightWorks : Si vous aussi êtes frappé, de plein fouet, par la crise et que vous souhaitez acquérir un logiciel de montage vidéo afin de montrer au monde ce que vous vivez, ce logiciel vous aidera beaucoup 😉 Si ça peut vous exciter un peu plus, sachez qu’il est utilisé par les studios d’Hollywood et qu’il a notamment servi dans la création du film Le loup de Wall Street avec Leonardo DiCaprio.
  • TunnelBear : Un dictateur vous persécute dans votre pays ? Vous aimez visiter, incognito, certains sites web pas très catholiques? Ce programme totalement gratuit vous aidera à mieux contourner les censures et disparaître sur la toile.

Nous voilà à la fin de cet article un peu long et incomplet. J’espère que désormais, vous tournerez sept fois votre doigt sur le clavier avant d’installer un logiciel 😉


L’ alphabétisation fonctionnelle au Niger

Le Niger est un pays aux multiples difficultés, aussi bien économiques, sociales que politiques. La conjonction de ces facteurs avec d’autres viennent aggraver, un peu plus, les conditions de vie des uns et des autres. En 2014, le taux d’alphabétisation était estimé à 26,5% ; l’accès à l’éducation est, somme toute, l’un des principaux défis que doit relever le gouvernement dans les années à venir. Pour ce faire, le gouvernement devra aussi prendre en compte l’analphabétisme des adultes. C’est donc dans ce contexte que l’ alphabétisation fonctionnelle a été instituée depuis des années.

Qu’est-ce que l’ alphabétisation fonctionnelle?

Ce type d’alphabétisation vise principalement les adultes. Son caractère fonctionnel tient au fait qu’elle est une composante, souvent essentielle, des projets de développement. L’ alphabétisation fonctionnelle présente donc un double avantage. En effet, elle lutte contre l’analphabétisme à travers un programme d’apprentissage intégrant, lui-même, des thématiques s’articulant autour de connaissances pratiques liées par exemple à la gestion de l’eau, de la nutrition, du vote, etc.

Fonctionnement d’un centre d’ alphabétisation fonctionnelle

Lorsque vous visiter pour la première fois une telle classe au Niger, vous pourriez remarquer le clivage « homme-femme ». Effectivement, pour des raisons culturelles et religieuses, les femmes et les hommes sont instruits séparément. Les premiers participent aux cours dans la journée et les seconds attendent la soirée.

Centre d'alphabétisation de Bazaga
Il est aussi important de savoir que les classes sont, en général, construites ou allouées par les participants en guise d’apport au projet. Ce sont également les apprenants qui déterminent les horaires de classe. La gestion des matériels et fournitures de cours (bancs, ardoises, craies, lampes, manuels, etc.), est confiée à un comité villageois d’alphabétisation, spécialement créé pour la circonstance, dont les membres résident exclusivement dans le village.

C’est d’ailleurs ce comité qui sélectionne les personnes qui bénéficieront gratuitement du programme d’ alphabétisation fonctionnelle soumis par le projet.

À quoi ressemble une classe d’ alphabétisation fonctionnelle au Niger ?

En regardant la première partie de cette vidéo, on a vraiment l’impression que le centre du village de Koundigué représente beaucoup plus une crèche, qu’une classe d’apprentissage réservée aux adultes.
Une classe d’ alphabétisation fonctionnelle est différente d’une classe traditionnelle puisque le publique ciblé est différent. Ici, l’analphabète n’est pas exclusivement présent pour s’instruire, il est surtout là pour apprendre à pérenniser le fonctionnement d’une initiative pour le développement de sa communauté. Pour ce faire, la disposition même des apprenants doit être différente de celle d’une classe traditionnelle, où c’est le maître qui dirige tout.

Disposition d'une classe d'alphabétisation fonctionnelle

En comparant ces schémas avec la vidéo ci-dessus, nous pouvons constater qu’ici les chefs d’orchestres sont, essentiellement, les femmes et les bébés. L’animateur parle très peu, car se trouvant dans une position relativement inappropriée tandis qu’il essuie littéralement des « cris de face » provenant des bébés. On voit à quel point une fécondité élevée au Niger peut avoir des conséquences sur le quotidien des mères.
Ah oui! j’oubliais, le plafond de cette classe est squatté par des chauves-souris qui participent, elles aussi, aux animations à coup de grincements et de déjections. Ce qui donne au cours une saveur un peu particulière 😉

Les centres que j’ai visités sont essentiellement féminins; non pas parce que j’aime les femmes, ce qui n’est pas faux 🙂 , mais surtout du fait du décalage horaire entre une classe féminine dont les cours commencent entre 13, 14 ou 15 heures, selon les villages, et une classe masculine dont les cours ne commencent qu’après 20, 21, ou 22 heures du soir.

Du coup, il m’est devenu plus pratique de couvrir les centres féminins, puisqu’il est possible d’en faire plusieurs en une journée, pendant que le soleil est encore bien haut. Dans les zones rurales, les nuits sont hyper sombres, et comme j’ai très peur du noir, cela a peut-être influencé ma décision 😀

Bref, trêve de bavardage, j’ai quand-même surmonté ma phobie et pu en visiter quelques uns comme on peu le voir sur les photos ci-dessous.
Centre de Sabara et d'Ifricawane

Si vous venez de terminer ce manuel de l’UNESCO(Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) traitant de l’ alphabétisation fonctionnelle, vous serez bien surpris en visitant un vrai centre au Niger, surtout dans les zones rurales. Je ne suis pas spécialiste en la matière, mais je pense qu’il y’a un certain nombre de choses à revoir.

Des contraintes supplémentaires

Centre féminin de Tamaka
En dehors des problèmes techniques relatifs à la disposition des apprenants, de la taille des salles qui restent assez petites je trouve; certains animateurs (enseignants) font régulièrement face à des pénuries de craies, ou de piles électriques pour l’éclairage des cours de nuit car les ONG n’approvisionnent pas, dans les délais, les sites concernés.
Les villages sont tellement isolés qu’il faut parcourir plusieurs kilomètres pour acheter un morceau de craie. Aussi, les animateurs ne sont pas payé à temps, ce qui occasionne des désertions.

Généralement, ce sont les femmes qui rencontrent le plus de difficultés pour pouvoir assister au cours. Dans les villages, les femmes se réveillent et se couchent avant et après tout le monde. Lorsqu’elles arrivent en classe, beaucoup ont juste fait une pause d’une rude journée qui ne fait que commencer. C’est notamment le caractère soutenu de cette corvée qui justifient le fort absentéisme dans les classes féminines.
Souvent, des maris obligent leurs épouses à abandonner les cours. Des fois aussi, les jeunes filles se voient mariées et donc contraintes de laisser tomber le programme.

De mes visites, j’ai globalement tiré un avis positif, car ayant rencontré des hommes et des femmes analphabètes qui veulent véritablement apprendre à lire et à écrire dans leur langue. Cependant, la plupart des villageois que j’ai questionnés sur le « pourquoi » de leur motivation me répondent que c’est avant tout pour apprendre à mieux utiliser un téléphone mobile et écrire soi-même des messages. Je me demande bien si apprendre à envoyer des SMS fait partie des objectifs du projet qui a financer une telle formation…

Comme quoi un savoir, même spécifique, reste extrêmement malléable et adaptable.


La contraception au Niger

Avec plus de 7 enfants par femme, le Niger est tout simplement le pays qui enregistre le plus fort taux de fécondité au monde. Résultat, de 1960 à nos jours sa population est passée de 3 à près de 21 millions d’habitants. Pourtant des programmes ont été financés dans le but de stopper cette fulgurante croissance de la population alors que la croissance économique peine à suivre.

Qu’est-ce que la contraception ?

Elle se définit comme un ensemble de méthodes modernes ou traditionnelles utilisées afin de stopper, momentanément, la procréation dans le but de mieux planifier les naissances en fonction de certains critères.

Pourquoi un taux de fécondité aussi élevé au Niger ?

Dans ce pays, et dans la plupart des pays sahéliens, le statut de « mère » est très valorisé. La fertilité est donc très plébiscitée, tandis que la femme ou l’homme stérile souffrent de stigmatisation car la stérilité est souvent considérée comme une malédiction. Aussi, la famille nombreuse bénéficie d’un prestige en ce sens qu’elle est respectée et qu’elle dispose d’un important réservoir de main d’œuvre capable de faciliter les travaux champêtres.

Au Niger, l’absence d’un système de sécurité sociale place la progéniture comme principale « valeur refuge » en cas de décès ou d’invalidité du père de famille. Si, en plus de ces facteurs, nous ajoutons le taux de mortalité infantile (qui reste quand même élevé), il apparaît que le paysan n’a pas beaucoup de perspectives pour l’avenir et c’est plutôt la théorie des naissances de remplacement qui l’emporte.

La contraception explique-t-elle la baisse de la fécondité ?

“ L’échec d’un certain nombre de projets montre que connaitre l’existence d’une technologie est une condition nécessaire mais pas suffisante de son adoption „ (Jacques Giri).

Nous venons, plus haut, d’énumérer quelques causes, assez simplistes, justifiant cette forte fécondité. Mais ne suffit-il pas d’apporter une contraception pour résoudre ce problème ?
Et c’est là, je pense, qu’il faille réfléchir autrement. En sociologie on dit souvent que « la concomitance n’est pas toujours une causalité ». Cela veut dire que ce n’est pas parce que des événements se passent en même temps qu’ils sont forcément liés. Il ne faut donc pas accorder beaucoup de crédits à certaines théories comme celle des naissances de remplacement.

La contraception n’est pas la cause directe qui fera baisser la fécondité, elle en est surtout le moyen qui permettra, raisonnablement, d’atteindre cet objectif. Cela signifie, qu’il existe des facteurs de blocage qu’il faut reconsidérer.

Comment la contraception est perçue au Niger ?

Dans les zones rurales du Niger, il existe, globalement, une certaine méfiance face aux méthodes modernes de contraception qui sont entre autre la pilule, le stérilet, le diaphragme, le préservatif, etc.
Ces méthodes modernes, mis en avant par l’occident, imposent tacitement des systèmes de valeurs qui peuvent créer des résistances. C’est ainsi que certains produits contraceptifs sont difficilement acceptés par les populations locales, lorsque d’autres sont carrément considérés comme des outils de dépravation, à l’exemple du préservatif, car ayant fortement été utilisé dans la lutte contre le Sida.

Cependant, il est important de savoir qu’il y a, dans chaque société humaine, une régulation des naissances. Dans le cas du Niger, les principales méthodes contraceptives acceptées par l’écrasante majorité de la population sont traditionnelles : il s’agit de l’allaitement et du tabou post-partum. Les mères nigériennes pratiquent un allaitement intégral après l’accouchement. Des études ont prouvé que l’allaitement, lorsqu’il est régulier, a le même effet qu’une pilule contraceptive. Ainsi, cet allaitement combiné au tabou post-partum, période au cours de laquelle la mère se retire chez ses parents, protège la femme de toute possibilité de tomber enceinte à nouveau.

Mais malheureusement, cette puissante combinaison de méthodes contraceptives traditionnelles est rendu presque totalement obsolète du fait de la polygamie. En effet, le mari pourra toujours procréer étant donné qu’il dispose de plusieurs épouses.

L’Islam hostile à la contraception ?

Les sociétés sahéliennes sont très complexes dans leurs dynamiques, elles sont difficiles à apprivoiser. Même l’Islam, qui est souvent perçu comme hostile aux discours contraceptifs, n’a pas réussi à interdire certaines pratiques qui existaient bien avant son implantation. C’est notamment le cas des scarifications, formellement interdites pour les musulmans. Malgré cela, on trouve à ce jour des imams aux visages tatoués.

Les discours « anti-contraception », de certains chefs religieux sulfureux, ne sont absolument pas un frein qui pourrait empêcher d’atteindre de tels objectifs. Si nous comparons le Niger à l’Indonésie (le pays comptant le plus de musulmans dans le monde), le contraste est assez frappant. L’Indonésie enregistrait en 2016 un taux de fécondité de 2,13 enfants par femme, à peine un enfant de plus que la majorité des pays d’Europe. Même si ce pays a une dynamique sociale différente de celle du Niger, la contraception a porté ces fruits jusqu’au niveau des couches sociales les plus défavorisées.

Comment promouvoir efficacement la contraception au Niger ?

Si les campagnes de sensibilisation ont jusqu’ici échouées, c’est parce que les dynamiques globales de nos sociétés n’ont pas sérieusement été pris en compte et analysées.

Pour ma part, je crois que le meilleur moyen pour s’assurer de la bonne recevabilité du message par les populations, sur l’usage des méthodes contraceptives modernes, c’est l’éducation. Une fille éduquée sera moins fataliste, en plus elle aura une meilleure perception de son propre corps. L’éducation va aussi améliorer sa position sociale en lui assurant une certaine autonomie financière. Elle pourra donc consulter des médecins et aura une meilleure santé en matière de reproduction.

L’État devrait aussi lutter contre le mariage précoce et imposer le respect d’un âge minimum au mariage. L’âge au mariage influe sur la sexualité hors mariage et exerce donc un véritable contrôle par rapport à la survenue de la première naissance en gelant une partie de la vie féconde.

En attendant Rakiatou Kaffa-Jackou, ministre de la Population du Niger, dit promouvoir « …la sensibilisation au niveau des 256 communes du pays… ».Mais je pense qu’il faudrait aussi que Madame la Ministre songe à rendre les produits contraceptifs accessibles et surtout disponibles : les cases de santé dans les zones rurales du Niger sont assez peu approvisionnées.

Dans cet article, assez incomplet et généraliste, j’ai essayé de faire ressortir quelques-unes des grandes problématiques qui ont facilité l’échec de la contraception au Niger.
Les spécialistes de ces questions devront réfléchir sur de nouvelles approches, puisque celles classiques n’ont pas l’air de fonctionner.


Le téléphone mobile dans les zones rurales du Niger

De nos jours le téléphone portable est tellement indispensable pour nous que l’on n’ose même pas s’imaginer un monde sans. Grâce à la révolution du mobile, on pourrait presque dire qu’il y a aujourd’hui plus de téléphones que de toilettes ou de brosses à dent sur Terre.


Eh oui ! Côté hygiène, le téléphone mobile n’est pas vraiment le saint Graal. Des études prouvent que l’écran d’un smartphone aurait quatre fois plus de bactéries différentes qu’une cuvette de toilette publique. En Afrique, cette révolution a changé bien des choses. Grâce au téléphone mobile, les distances et les délais de réponses ne sont plus significatifs.

Dans cet articles, je vais tenter d’apporter quelques réponses non pas sur l’usage quotidien d’un téléphone mobile au Niger, mais sur la manière dont le monde rural nigérien acquiert et entretient ses téléphones.

Qui représente le monde rural au Niger ?

Dans ce pays, plus de 80% de la population vit en zone rurale, c’est-à-dire hors des principales villes du pays. La principale caractéristique de cette partie du Niger, c’est évidemment l’extrême niveau de précarité des personnes qui y vivent. Vous ne pouvez pas vous imaginer ce qu’implique pour ces gens le fait de trouver de l’eau ou un fagot de bois pour préparer à manger quotidiennement.
Le téléphone mobile a donc très vite été adopté car il a permis de vaincre le temps, en ce sens qu’il permet notamment de joindre facilement un proche parti en exode tout en facilitant les transferts de devises.

Le marché du mobile dans les zones rurales

Etale de téléphone mobile
Évidemment, la première question à laquelle il faut apporter une réponse est relative à l’achat même du mobile. Si le téléphone mobile était hors de prix il y a quelques années, aujourd’hui on en trouve pour tous les budgets.
Souvent, les villageois en reçoivent un, en guise de cadeau, par un membre de la famille. Désormais, ils peuvent s’en procurer dans l’un des marchés hebdomadaires par leurs propres moyens. Dans le marché que j’ai visité voici quelques jours, les prix du téléphone mobile fluctuait entre 1 750 à 20 000 FCFA, soit grosso modo de 2 à 30 euros.

Eh oui ! Il est loin le temps où certains villageois troquaient quelques têtes d’animaux contre cette coque magique. Néanmoins, à ce prix-là, autant dire que vous n’aurez pas droit au tout dernier smartphone en vogue. Dans ces types de marché, on ne trouve que des téléphones « chinois » comme ils le disent eux-mêmes et pas « français ». Ici, « chinois » est synonyme de « contrefaçon » ou de « quincaillerie », tandis que « français » désigne des produits faisant l’unanimités en termes de qualité… Ahhh! si seulement ils connaissaient le cinéma français… 😀

Vous pouvez voir dans cette vidéo, ultra mal tournée de ma part, comment se passe une vente de téléphone dans un marché hebdomadaire.

Comment recharger son téléphone mobile ?

Au Niger, le taux d’accès à l’électricité était de 14,3% en 2014, l’écrasante majorité de la population n’y a pas accès.Système de recharge Dans ces villages, on vit au rythme des saisons, c’est-à-dire sans aucune forme d’énergie que celle que la nature fournie saison après saison.
Recharger son téléphone devient donc un vrai défi. Dans le meilleur des cas les villageois trouvent une solution locale en connectant une batterie de voiture à un panneau solaire. Le système est couplé sur un type de secteur multiprise improvisé (voir la photo ci-contre). Il faut retenir qu’il n’y a, en général, qu’un seul point de recharge dans un village.

Dans les pires des cas, les villageois ne rechargent leurs téléphones qu’une fois par semaine, le jour du marché hebdomadaire. D’ailleurs, certains parcourent plusieurs kilomètres à pied rien que pour faire le plein d’énergie. C’est donc pour cela qu’il est assez courant de voir les gens avec plus d’une batterie à recharger pour un même téléphone, histoire de faire des réserves. Pour recharger une batterie, il faut compter entre 50 et 100 FCFA (soit 0,07 à 0,15 euros).

Cependant, il faut noter que les panneaux solaires sont de plus en plus utilisés comme sources d’énergie. Mais, malheureusement, beaucoup sont des produits « chinois » (quincaillerie) et se gâtent très vite. Ce qui décrédibilise l’usage et l’efficacité de cette technologie.

Émettre un appel téléphonique

Après avoir acheté son téléphone, il faut déjà pouvoir s’en servir sinon ça ne sert à rien d’investir ses sous. Au Niger, il y a quatre opérateurs mobiles. Cependant, seuls deux d’entre eux tentent de fournir un service acceptable sur l’ensemble du territoire national. Comme plusieurs localités n’ont pas d’antennes relais fonctionnelles à plein temps (voire pas d’antennes du tout), il faut grimper sur un arbre, un rocher ou une dune de sable pour capturer le moindre signal et pouvoir communiquer.

Comment réparer mon téléphone ?

Réparateurs de téléphones mobiles

Si jamais votre petit bout de chou tombe en panne, il y a toujours un gourou qui saura le réparer. Mais, attention, les meilleurs ne viennent que les jours de marché hebdomadaire comme le montre l’image ci-dessus. Alors si vous faites confiance, n’hésitez pas !

La gestion des déchets électroniques

Etale de batteries usagées
Comme vous l’avez remarqué sur les images, la plupart des téléphones vendus sont déjà usagés. Au Niger, on comptait en 2015 46,5 téléphones pour 100 habitants, ce qui n’est pas si énorme comparé au reste de la planète. D’autant plus que le téléphone mobile reste le principal déchet électronique : très peu de villageois disposent d’un téléviseur, d’une chaîne hi-fi ou d’autres équipements électroménagers. Néanmoins, des efforts doivent être fait afin d’éviter une pollution massive de l’environnement rural. En effet, le taux d’équipement en termes de téléphone mobile connait une croissance exponentielle, il a été multiplié par plus de 2 300 en 15 ans.

Voilà! J’espère avoir fait le tour des principales questions que l’on peut souvent se poser en entendant parler du fulgurant succès de la téléphonie mobile dans cette partie du monde, un tout petit peu méconnue.


L’aide au développement dans le Sahel

Pour les peuples du Sahel l’aide a toujours existé ; fruit de la légendaire entraide qui caractérise les familles africaines. Cependant, au lendemain des indépendances, une nouvelle société sahélienne est née, façonnée par de nouvelles valeurs. Désormais, il faut gouverner, manger, se loger et se soigner comme les occidentaux. Cette manière de vivre nécessite un certain niveau économique que l’Afrique ne disposait pas, il fallait donc emprunter et s’endetter. Alors l’État moderne sahélien c’est très vite retrouvé au beau milieu d’une économie mondialisée où le capitalisme ne fait pas de cadeau. Les déficits économiques se sont creusés et il fallait une aide au développement encore plus conséquente.

Quels types d’aide ?

Quels type d'aide?

Nous pouvons retenir qu’il existe principalement deux types d’aide, celle publique et celle privée. La première est accordée par des institutions spécialisées comme le FMI, la Banque Mondiale ou même des États comme la France via l’AFD. Au Sahel, cette aide est dans la majeure partie des cas engloutie par le détournement, l’entretien des infrastructures publiques, l’ameublement des bureaux, les véhicules de services, au détriment de secteurs souvent prioritaires comme la santé, l’éducation, etc.
La seconde est fournie par des ONG qui s’approvisionnent elles-mêmes grâce aux dons privés ou de particuliers, cette aide est pour l’essentiel destinée à appuyer les communautés rurales qui manquent de tout. Elle est donc principalement orientée vers l’appui alimentaire, la santé, l’éducation, la nutrition, les cultures irriguées, l’accès à l’eau, etc.

Il faut retenir que même si en apparence une aide parait gratuite, elle est très souvent minée par des contreparties.

Une aide au succès mitigé

Dans son ouvrage, Le Sahel au XXIe siècle, édité en 1989 Jacques Giri explique, à propos de l’aide au Sahel, que “l’échec d’un certain nombre de projet montre que connaitre l’existence d’une technologie est une condition nécessaire mais pas suffisante de son adoption ”.
Prenons l’exemple des méthodes contraceptives dont l’efficacité n’est plus à démontrer. Au Niger, malgré les moyens aussi bien techniques, humains que financiers mobilisés pour lutter contre la croissance démographique, ces techniques n’ont pas produit les résultats escomptés. En effet, ce pays dispose en 2017 du taux de fécondité le plus élevé de la planète avec 7,9 enfants par femme. La population du Niger est passée de 3 millions en 1960 à 21 millions aujourd’hui.
Dans ce même ouvrage, nous pouvons lire aussi que “ la prochaine génération sahélienne lèguera à ses enfants qui seront deux fois plus nombreux un capital naturel inférieur à ce qu’elle aura elle-même reçu en héritage ”. Au Sahel, comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’état de richesse ou de pauvreté d’une famille est très lié à son capital foncier.

De 1960 à 2017 la population du Niger a été multipliée par 7. Dans ce pays, seul 8% de la superficie est cultivable, alors que le rendement par hectare n’a pas évolué, alors que le taux d’occupation de l’espace agricole, jugé critique à 25%, a fortement grimpé et dépasse 70% dans certaines zones.

En près de cinquante années d’aide au développement en Afrique, seul le pilotage des programmes d’intervention d’urgence s’est quelque peu amélioré. Cependant, les agriculteurs sont toujours aussi surpris par les successions de mauvaises récoltes et par les sécheresses.

Des difficultés qui persistent

Casse-tête

Pour moi, les institutions d’aide sont elles-mêmes en crise, puisqu’elles ne savent plus comment résoudre le casse-tête africain. Sur place, beaucoup d’ONG apportent les mêmes appuis dans une même zone donnée. Elles se font souvent concurrence au lieu de mieux collaborer. Ces ONG mettent aussi des fonds considérables à la disposition des villageois qui, très souvent, dépassent leur capacité de gestion. C’est d’une part ce qui explique les échecs répétés de l’aide au développement, car les assistés essaient d’abord de profiter de cette masse de devises ou de biens et ne songent pas à apporter leurs contributions pour continuer eux-mêmes la gestion une fois le projet à terme.

On se pose plein d’autres questions en dehors de celles liées à la démographie. Par exemple, beaucoup d’ONG soutiennent des handicapés afin qu’ils puissent quitter la rue et travailler. Mais paradoxalement, les rues sont de plus en plus peuplées de mendiants, handicapés ou pas, et qui ont, pour certains, fait un tour dans un centre de formation. Des fonds sont toujours consommés, mais pour un résultat insignifiant dans bien de cas.

Quelles solutions pour l’avenir ?

Quelles solutions pour le future?

Il est clair qu’il ne faille pas balayer d’un revers de main les efforts qui sont en train d’être réalisés sur place par l’ensemble des acteurs. Il est néanmoins évident qu’il faut améliorer et changer beaucoup de choses. Les fiascos de certains programmes ne doivent pas être vus comme des échecs mais comme des formes d’expériences à capitaliser.

L’aide au développement doit aussi être plus efficace et moins opaque, pour Gaston Leduc dans son livre L’aide internationale au développement, “ les pays développés doivent s’y montrer des partenaires actifs et loyaux, afin que leur prospérité fasse tache d’huile et s’étende progressivement à l’ensemble du monde ”.

Très souvent on dit que si l’Afrique connait autant de difficultés, c’est parce qu’il y’a trop de bouches à nourrir. Mais à titre personnel, je pense que le problème de l’Afrique, ce n’est pas qu’il y ait trop d’africains, le problème de l’Afrique c’est qu’il y’a trop de pauvres. Cette pauvreté est elle-même issue de facteurs essentiels qu’il faut chercher dans le fonctionnement des gouvernements actuels, mais aussi dans les profondeurs de la société traditionnelle sahélienne.

Pour conclure cet article bien trop court et donc assez incomplet, il faut se rendre à l’évidence que l’avenir du Sahel a toujours été décidé dans des forums ou d’autres rencontres pour le succès que l’on sait. D’ailleurs Barack Obama a un jour rappelé que “ l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ”. Je pense aussi que, les dynamiques d’adaptation des sociétés sahéliennes doivent être mieux comprises.

Que l’aide au développement connaisse un succès ou pas, il est certain que des changements seront quoiqu’il en soit impulsés par d’autres forces ou d’autres valeurs. Comme l’a si bien remarqué G.Balandier “ Toute société porte en elle d’autres sociétés possibles ”.


Plongée dans un ordinateur quantique

En ce 21ième siècle, les ordinateurs font désormais partie intégrante de la société humaine. Cependant, même si toujours plus puissants, leurs manière de raisonner n’a pas fondamentalement changé. Vous pouvez vous réjouir en déballant votre nouveau PC, mais sachez qu’il raisonne strictement de la même manière que Colossus né voilà plus de 70 ans.
Ordinateur Colossus
Pour information Colossus avait une puissance de calcule estimé à 5 000 opérations par seconde; aujourd’hui la plupart des smartphones ont une fréquence horloge d’au moins 2 GHz, ce qui signifie qu’ils sont capables de réaliser un minimum de 2 milliards d’opérations par seconde.

Comment fonctionne un ordinateur classique ?

Avant d’aborder les principes de fonctionnement d’un ordinateur quantique, il serait intéressant de faire un petit rappel concernant la manière de calculer d’un ordinateur classique.
Globalement, il faut retenir que votre ordi traite l’information grâce à une série de circuits électriques qui s’allument et s’éteignent à la commande. Les statuts « allumer » et « éteint » sont respectivement représentés par des « 1 » et des « 0 » contenus dans une case, c’est ce qu’on appelle un bit. Le cerveau de votre machine est donc principalement constitué de milliards de cases contenant des 0 et des 1. Après traitement, cette information (la suite de 0 et de 1), est transformée en image, vidéo ou son et c’est tout.

À quoi ressemble un bit ?

Sur l’image de gauche on peut voir la surface d’un CD (Compact Disc) vu au microscope et sur la droite celle d’un disque dur . Ainsi donc, les bits sont des trous gravés sur un disque.
Bits vus au microscope

/!Attention : Un bit est différent d’un byte. Le byte est une suite de huit bits.

Un Byte

De la puissance de l’ordinateur classique

Supercalculateur IBM
Si comme moi vous galérez pour écrire du texte sur Word ou faire des calculs sur Excel, un tout petit PC suffit amplement. Par contre pour des entreprises opérant dans le trading haute fréquence par exemple, qui stockent et traitent des centaines de milliers d’opérations toutes les minutes, il faut des supercalculateurs comme celui se trouvant sur la photo ci-dessus.
Pour réaliser des calculs gigantesques, les scientifiques ont besoin d’ordinateurs toujours plus puissants. Pour cela, il faut donc accroître la puissance de calcul de l’ordi en augmentant sa mémoire et le nombre de ses processeurs. Ce qui permettra de respectivement stocker et traiter plus d’informations.

Cependant, aussi puissant que soit un supercalculateur il peut prendre un sérieux coup de fatigue lorsqu’il s’agit de traiter des problèmes relativement complexes comme celui du voyageur de commerce.

Le fonctionnement d’un ordinateur quantique

Ordinateur quantique D-wave

Contrairement à votre ordi classique, celui quantique n’utilise pas des bits mais des qbits ( quantum bit) qui sont en fait de minuscules particules magnétiquement suspendues dans un environnement extrêmement froid, proche du zéro absolu (-273°C). Eh oui ! vous avez bien entendu, dans un ordinateur quantique les informations sont stockées dans des particules comme l’électron, les ions ou même les photons. C’est justement pour cette particularité qu’il porte le qualificatif d’ordinateur quantique.

En quoi un ordi quantique résonne-t-il mieux ?

Les qbits utilisent certaines propriétés de la physique quantique. Autrement dit, si un bit sur un ordinateur classique ne peut prendre que la valeur 0 ou 1, un qbit peut non seulement prendre l’une de ces deux valeurs mais il peut encore aller plus loin en étant simultanément chacune de ces deux valeurs. Il faut savoir que les effets de la physique quantique ne peuvent pas être utilisés pour décrire le monde à l’échelle humaine. À l’échelle quantique, je peux être moi-même et quelqu’un d’autre à la fois. Vous pouvez jeter un coup d’œil sur la théorie du chat de Schrödinger si vous désirer savoir un peu plus.

Un ordinateur quantique est largement plus puissant qu’un ordinateur classique et ce avec moins de processeurs. Par exemple un ordi quantique avec 1 qbit est 21 fois plus puissant qu’un ordi avec 1 bit , un ordi avec 2 qbits est 22 fois plus rapide, avec 3 qbits il est 33 plus rapide qu’un ordi classique et ainsi de suite.

Quand est-ce que je pourrais avoir un ordinateur quantique ?

Ces ordinateurs ne sont pour le moment destinés qu’aux grandes institutions qui font énormément de calculs comme Google ou la NASA et autant dire qu’ils coûtent un bras. Pour le moment, seul D-wave en fabrique pour les commercialiser.
Néanmoins, selon le laboratoire de recherche de Google, il serait envisageable dans les 10 prochaines années de vulgariser l’usage de tels ordinateurs au grand public.

Pour le moment, la principale problématique reste d’ordre logistique. Les qbits ont besoin d’être totalement isolés du monde extérieur. C’est donc pour cela qu’ils sont refroidis par une température proche du zéro absolu car le moindre écart de température peut perturber les électrons et en modifier ainsi l’information qui y est stockée.

Aussi, si effectuer une opération de « copier-coller » est un jeu d’enfant sur un PC classique, avec un ordinateur quantique cette opération est tout bonnement impossible à réaliser actuellement. Ceci, car nous sommes dans un environnement répondant aux lois quantiques où tout change en permanence. Les bits changent constamment de valeur, si vous copier une image d’un chat par exemple elle peut se transformer en une image de lézard… 😮 …C’est juste un exemple totalement décalé pour vous donner un aperçu 😉

L’avenir de l’ordinateur quantique

Actuellement les scientifiques travaillent pour arriver à faire tourner n’importe quel algorithme sur un ordinateur quantique.
Vous devez aussi savoir qu’il existe des algorithmes quantiques, déjà que je nage pour comprendre les algorithmes classiques!!! 🙁 Celui de Shor par exemple permet de casser un encodage RSA en un temps relativement raisonnable à l’échelle d’une vie humaine. Si nos mails et nos sms sont solidement protégés et quasi inviolables, c’est grâce au chiffrement RSA. Une fois implémenté, c’est-à-dire mis en pratique dans une machine, cet l’algorithme va poser de sérieux problèmes de sécurité concernant la cryptographie puisque toutes les anciennes clefs de chiffrement vont se voir cassées en moins de deux.

Bref, l’ordinateur quantique est juste à ses débuts et pleines de surprises nous attendent.


Quels avenirs possibles pour la politique au Sahel(2)

Dans un précédent article, je vous proposais d’analyser l’avenir politique des pays sahéliens. Dans cette seconde partie, cette question est traitée au regard de ce que nous avions appris à mieux réaliser sur la base d’années d’échecs répétés.

Les rencontres politiques au Sahel

Après plus d’un demi-siècle d’indépendance, les forums et les sommets sont « mieux » organisés. Malheureusement, de ces événements internationaux, nous ne pouvons retenir qu’une organisation faste sur fond de protocoles bourgeois. En effet, les principales institutions panafricaines n’ont, jusqu’ici, pas réussi à apporter la moindre solution louable aux principales problématiques qui gangrènent le Sahel. Une écrasante partie de la population du Sahel continue à vivre de la même manière que l’humanité vivait il y’a quelques siècles : sans aucune forme d’énergie que celle que la nature fournie saison après saison.

D’un point de vu sécuritaire, l’interventionnisme de la France est toujours d’actualité, c’était notamment le cas dans un passé récent au Tchad et aujourd’hui encore au Mali et au Niger. L’armée française n’est plus la seule à « chasser le terroriste » dans cette zone, désormais les allemands sont aussi de la partie de même que les américains, même si dans une moindre mesure.

Le multipartisme au Sahel

En un demi-siècle nous avons aussi appris à « mieux » partager le pouvoir grâce ou multipartisme. Au Niger, il existe plus de 70 partis politiques dont seulement 10 sont représentés à l’Assemblée nationale. Il faut aussi savoir que 40 de ces partis se sont rangés derrière celui au pouvoir. Des organisations politiques qui n’ont absolument aucune chance de remporter les élections mais qui sont là pour chaque fois s’allier derrière le candidat qui à coup sûr sortira vainqueur.

Le multipartisme est une bonne chose certes, mais je pense que la création d’un parti politique au Sahel doit être sérieusement revue et corrigée afin de correctement rentrer dans le moule d’une politique juste et efficace. Je ne suis pas en train de dénoncer l’illégalité de ces partis, puisqu’ils ont légalement été créés. Je dis que ces partis ne sont justes que sur la forme, dans le fond ils n’apportent qu’une contribution assez substantielle voire nulle ou même négative dans le pire des cas, en ce sens qu’ils ne sont là que pour profiter du pouvoir et résoudre leurs propres difficultés d’abord.

Ils ne font la politique que pour disposer de certains privilèges ou facilités concernant par exemple l’attribution des marchés publics, les recrutements, l’obtention de financements,etc. Il faut savoir que ce sont les titulaires ou membres de ces types de partis politiques qui construisent des écoles qui s’écroulent, des routes bitumées qui fondent sous le soleil, qui écoulent l’aide alimentaire sur le marché, leurs caractères peu scrupuleux n’est plus à démontrer.

Les causes profondes du détournement de fonds

En un demi-siècle de jeu politique, certains fonctionnaires ont goûté au mode de vie occidental et sont prêts à tout pour le conserver. Alors des fonds sont détournés, et pour moi chaque franc extirpé des caisses de l’État équivaut à affaiblir d’avantage l’espérance de vie de chaque homme, femme ou enfant citoyen de ces pays.

La culture citoyenne au Sahel

Nos pays sont très loin de rentrer dans la définition de l’État-nation car beaucoup trop de citoyens en ignorent les valeurs fondamentales. Cette population ignore presque tout, de l’hymne nationale en passant par la devise du pays de même que la couleur du drapeau ou encore le sceau de la République. J’ai rencontré, chez moi, des citoyens qui ne connaissent pas le nom de la capitale de leurs pays. Au Niger, l’analphabétisme est roi, de ce fait même la Constitution reste pour beaucoup une exégèse.

Quelles sont les solutions pour l’avenir ?

Je pense qu’il serait naïf de croire qu’une décision, même dans le cas où elle est appliquée, apportera une solution aux principales difficultés politiques du Sahel. Je crois que le Sahel est une entité relativement complexe puisqu’il n’a pas fondamentalement changé même après plusieurs siècles de colonisations et d’esclavage.

Soyons optimistes et imaginons ces épines retirées par un coup de baguette magique : plus de corruption, les élections sont libres et transparentes, les citoyens devenus de vrai patriotes, les terroristes et autres rebelles ont déposé les armes…
Un scénario souhaitable mais qui sera soumis au poids du passé, car le Sahel a hérité d’une histoire indélébile. En effet, plusieurs générations ont reçu le mauvais message : la corruption et le détournement sont devenus presque légitimes pour certaines consciences. L’impunité est devenue un symbole de virilité pour ceux qui se considèrent au-dessus de la loi.

Les hommes politiques sont chacun un élément d’un tout, ce qui limite significativement leur marge de manœuvre. Aujourd’hui, le Sahel est donc une sorte de système obligé d’interagir avec d’autres systèmes par le biais de la mondialisation. Il faut donc arrêter de trop se focaliser sur les problématiques présentes et essayer de faire germer une graine qui poussera bientôt. Cependant, au Sahel, tout le monde sait que beaucoup d’événements sont possibles entre le temps que prendra une graine avant de germer et la moisson.
Il faudra donc s’armer d’une dose de sagesse et d’un zeste de patience.


Bataille juridique entre Apple et Qualcomm

Dans cet article nous allons tenter de comprendre les motifs des différends ayant conduit les deux mastodontes de la téléphonie mobile et partenaires commerciaux que sont Apple et Qualcomm devant la justice.

Qui sont Apple et Qualcomm ?

Logo Apple et Qualcomm
Si le fabricant d’iPhone et de Mac qu’est Apple n’est plus une firme à présenter, Qualcomm par contre n’est pas aussi connue par le grand public. Pour ceux qui l’ignorent, Qualcomm est tout simplement leader mondial en ce qui concerne la conception de processeur et de système sur une puce pour appareils mobiles.

C’est en partie grâce à Qualcomm que la 2G, la 3G, et la 4G existent. C’est aussi lui qui a réussi à implémenter ces concepts dans des produits. À ce jour, 80% des puces qui permettent de se connecter au réseau 4G sont délivrées par Qualcomm. Les composants qu’il fabrique équipent la plupart des smartphones des grandes marques comme Samsung, LG, etc.

Processeur snapdragon

Ce sont les puces, les modems et les processeurs de Qualcomm qui permettent aux smartphones de se connecter au Wifi, de prendre des photos toujours plus fines, ou carrément de faire tourner leurs systèmes d’exploitation grâce au fameux processeur Snapdragon.

Cependant, Apple et Qualcomm sont désormais engagés dans ce qui sera probablement une bataille épique et longue depuis quelques mois.

L’objet du litige

La principale source du conflit entre les deux géants du mobile que sont Apple et Qualcomm résulte du fait qu’Apple accuse Qualcomm de réclamer des royalties démesurées concernant l’utilisation de ces modems.
Prenons un exemple plus concret : pour que l’iPhone puisse se connecter au réseau 3G, Apple a dû acheter un modem chez Qualcomm permettant la connexion sur ce type de réseau. Cependant, même si Qualcomm a vendu cette technologie à Apple, ce dernier doit encore verser des redevances à Qualcomm sur chaque iPhone vendu dans le monde et qui utilise ce modem . Aussi, chaque fois qu’Apple crée un service compatible avec cette norme, comme l’iCloud par exemple, et bien il doit encore payer des redevances supplémentaires qui viennent s’ajouter aux précédentes.

Accusations et révélations mutuelles

Apple accuse aussi son partenaire de réclamer des royalties toujours plus croissantes et qui changent en fonction du modèle d’iPhone. Il rappelle aussi que très souvent ces royalties n’ont rien à voir avec le nombre de licence qui sont utilisés dans la norme 4G. Apple s’est par exemple vu réclamer plus de redevances sur un iPhone avec 256 Go de mémoire que sur un modèle 32 Go. Ce qui est scandaleux, car selon Apple il n’existe aucun lien entre la capacité de stockage et la 4G.

Les experts estiment que Qualcomm perçoit près de 20 dollars sur chaque iPhone vendu dans le monde, ce qui fait un joli magot. De plus les sous-traitants d’Apple doivent aussi payer. C’est comme si vous achetez une pizza et que vos amis doivent aussi payer une taxe sur chaque bouchée. Je n’ai rien compris du schéma explicatif, mais vous pouvez y jeter un coup d’œil dans la plainte d’Apple à la page 24.

De son côté Qualcomm réplique lui aussi, dans une plainte de 139 pages que vous pouvez télécharger ici, contre Apple. Qualcomm répond que, sans ses brevets portant sur le réseau, « Apple n’aurait jamais pu générer plus de 760 milliards de dollars de ventes d’iPhone ».
Donc sans Qualcomm Apple n’aurait pas eu le succès qu’il connait aujourd’hui.

Dans sa plainte Qualcomm n’hésite pas à indiquer les surcoûts que pratique Apple concernant les redevances que Samsung lui paie. Selon Qualcomm, Apple fait verser à Samsung 7,14 dollars par appareil vendu pour l’utilisation de seulement trois brevets d’interface : écarter les doigts pour zoomer sur une photo, taper sur l’écran pour également zoomer et le rebond de l’interface quand on arrive au bout d’un menu ou d’une page. C’est vrai que c’est un peu cher quand même !

Qualcomm joue aussi les mégalos. Jetez un coup d’œil à la page 53 de sa plainte. Qualcomm dit, de façon grossière, que c’est grâce à ses technologies que Uber, Pokémon GO, Snapchat, Spotify, Apple Music, Skype, et Google Maps ont été créés. Autrement dit, si Qualcomm n’avait pas existé, ces services n’auraient jamais vue le jour.

La sortie du prochain iPhone est-elle compromise ?

Personnellement je ne pense pas que cette histoire puisse entraver la sortie de l’iPhone 8, car ce litige porte essentiellement sur les modems qui gèrent la connexion aux réseaux mobiles 3G, 4G et bientôt la 5G. Ce n’est pas un énorme souci car même dans le cas où ces antagonistes se séparent méchamment il y a d’autres fournisseurs qui proposent des licences et des modems similaires comme Intel.

Bref vous l’aurez compris, la bataille entre Apple et Qualcomm ne fait que commencer puisque ni l’un ni l’autre ne semble lâcher le morceau.