Traoré Awa

Un taximan trahi par son ex-copine

J’ai tenu à partager avec vous une étonnante histoire d’amour de trahison dont a été victime un taximan guinéen répondant au nom de I. Barry que j’ai croisé à Nouakchott. Le soir du 9 décembre 2013, je me rendais au quartier Socogim PS pour prendre part à une des activités de la 4e édition de Traversées mauritanides à l’espace Diadié Camara.

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Inspiration

Un échange avec un taximan que je trouvais préoccupé m’inspira ce billet. Il passa par le carrefour BMD pour déposer un autre client avant de continuer sur mon axe. C’est là qu’il me raconta qu’il était très fatigué et qu’il avait des soucis. Un peu curieuse, je lui demandai de m’expliquer ce à quoi il faisait allusion.

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Tenez-vous bien; il me confia qu’il sortait avec une jeune dame d’ici depuis des années malgré l’opposition des parents de cette dernière. Croyant à l’idylle parfait, il assurait presque toutes les dépenses y compris les frais de scolarité de celle qu’il considérait comme la femme idéale.

Ainsi des années passèrent, il prit la décision sage au nom de cet amour de rompre sa liaison avec cette dulcinée qu’il  chérissait tant.  Une rupture difficile, car cette copine était finalement devenue comme un membre de la famille de Barry dont le frère se trouvait en Angleterre.

Le rêve brisé

I.Barry âgé d’une trentaine d’années a une partie de la famille qui se trouve également en Sierra Leone et sa mère aimerait maintenant qu’il se marie. Soucieux de bien gagner sa vie d’abord, il ambitionnait de se lancer dans la restauration vu que les taximen étrangers sont soumis désormais à un permis vert .

Mais oubliant que trop de confiance tue la confiance, il confia environ 500 000 Um (environ 1 200 euros ou 1 300 euros) à celle qui est devenue depuis lors son ex-copine pensant qu’il pourrait récupérer à tout moment son argent.

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Le moment venu, il alla chez son ex pour retirer son dû, cette dernière qui avait utilisé la somme confiée à d’autres fins, ne tarda pas à « pisser » sous ses yeux. Pris de panique, surpris I. Barry avala sa colère et s’en alla avec le sentiment d’avoir été déçu par une des personnes qu’il chérissait le plus au monde.

Avec cette somme, Il voulait payer une partie du matériel qu’il avait déjà commandé pour ouvrir le restaurant tant rêvé. Malgré mon insistance pour savoir s’il exigeait  ou non son remboursement, il m’expliqua le regard vide, encore sous le choc de cette trahison, que son ex n’avait pas les moyens de le rembourser. La solution dont il m’a fait part est de chercher un collaborateur pour combler cette fausse note digne d’une série de télé.

Awa Seydou


Mon séjour à Kaédi

C’est à bord d’un minus bus que je me suis rendue le 4 décembre dernier  à Kaédi, une ville située à 430 km de Nouakchott que je visitais pour la 2e fois. Un séjour de deux jours coïncidant avec la célébration de la Journée Internationale des Volontaires (JIV) célébrée pour la 1er fois à l’intérieur du pays (Mauritanie).

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 Cette journée du 5 décembre dédiée aux volontaires a été organisée par le Programme des VNU, en partenariat avec France volontaires et le Regroupement des Jeunes  de Kaédi pour le développement . Le slogan de cette activité 2013 se formule ainsi: «Jeunes mauritaniens, engageons-nous volontairement pour le développement et la paix».

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Après un trajet de 7 heures où les discussions des passagers ont porté sur les législatives & municipales mauritaniennes tenues le 23 novembre dernier,  le bus arrive enfin au centre de Kaédi où les passagers ont récupéré leurs bagages devant BMCI non loin de l’hôtel Yewti où j’ai logé durant mes 48 d’escale dans le sud du pays.

Après des minutes de longues salutations des autres participants venus prendre part à cette journée du 5 décembre dédiée à toutes les formes de volontariat, j’ai vite oublié ma fatigue en dégustant un dîner dont le menu était le méchoui accompagné de couscous marocain très prisé en Mauritanie.

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Après des heures de repos mérité, arriva le 5 décembre où fut célébrée en grande pompe cette journée mondiale des volontaires devant la mairie de Kaédi. Une activité pilotée par le Programme des Volontaires Nations Unies (programme VNU), qui compte une vingtaines de volontaires dont 9 internationaux.

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Après plus d’une heure d’attente, la journée fortement sonorisée fut officiellement lancée après l’arrivée  des officiels qui a été précédée d’une course sémi marathon où des volontaires, des jeunes & sportifs de la localité ont pris part.

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Vers 11h après l’annonce de la journée dans les différentes langues du pays par des communicateurs, Sow Moussa Demba dit Thiombé, maire de Kaédi candidat à sa propre succession présenta son discours dans un décor ensoleillé.

Puis ce fut le tour du Représentant Résident Adjoint  du PNUD, José Levy de tenir son allocution où il a été question de « placer le volontaire au cœur du processus de paix et de développement ».

Ensuite le président du  Regroupement des Jeunes de Kaédi pour le Développement  Mohamedou AW,  fier « d’accueillir » et d’abriter la première JIV organisée en Mauritanie par le PNUD hors de la capitale prit la parole.

Puis ce fut le tour du Wali (gouverneur) du Gorgol, M. Mohamed El Moustapha Ould Mohamed Vall de clôturer cette cérémonie de lancement par son discours tenu en arabe.

Par la suite plusieurs jeunes ont présenté un sketch de sensibilisation sur  l’émigration  & le volontariat très suivi par le public réuni sous une Khaima ( tente).

Après cette partie officielle, avec quelques autres collègues on fit un tour au marché vers 12h 30 (en attendant la reprise de l’activité le soir) pour découvrir les multiples facettes de la teinture des femmes de Kaédi une activité commerciale et culturelle très réputée dans cette ville.

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La suite de l’activité de la JIV a été marquée par la tenue d’un match de football inter quartier opposant Touldé & Jedida.  Une rencontre amicale sanctionnée par la victoire (3- 0) de  Jedida sur Touldé.

Voilà comment j’ai vécu cette spéciale journée du 5 décembre consacrée aux volontaires même si le volontariat au niveau du programme VNU  reste majoritairement pratiqué par les hommes au pays de Dimi Mint Abba.

 

Awa Seydou

 


Priorité à la participation politique des Mauritaniennes

Plus d’une semaine après la tenue du 1er tour des élections législatives & municipales (le 23 novembre dernier), je vous parle ce matin encore de la participation des femmes à ces échéances dont le 2e tour est fixé le 7 décembre prochain.

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Accéder d’avantage aux sphères de décision politiques voilà désormais l’ambition affichée des mauritaniennes depuis 2006. C’est pour parvenir à ce challenger qu’elles battent le pavé pour promouvoir leur participation politique.

Un combat qui a permis à la Mauritanienne dans le cadre de la loi électorale de 2006 d’obtenir l’instauration d’un quota de 20% de femmes au niveau des listes électorales.

Malgré les pesanteurs sociales, les défis liés à l’analphabétisme, le manque de moyens, les mauritaniennes veulent accéder plus à l’arène politique afin de faire prévaloir leur savoir faire. Malgré les préjugés donc, elles se disent travailleuses & bonnes gestionnaires, certaines sont même convaincues d’avoir plus de compétences que certains hommes allergiques à la cause féminine.

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Les femmes faiblement présentes dans les sphères de décision sont démographiquement pourtant majoritaires. Elles représentante plus de 50% de la population du pays de millions de poètes. A défaut d’obtenir un meilleur taux de dépôt malgré la médiatisation de leurs activités, elles ont eu droit à une liste nationale des femmes.

En plus de cela, la Constitution mauritanienne assure, dans son article 1 « à tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe ou de condition sociale, l’égalité devant la loi« . Elle accorde aussi à la femme le droit d’éligibilité et elle garantit le droit à l’égalité, les libertés et droits fondamentaux de la personne humaine et les droits « attachés à la famille, cellule de base de la société islamique« .

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Par ailleurs, dans cette constitution, on rappelle que les citoyens les citoyennes peuvent accéder aux fonctions et emplois publics, sans autres conditions que celle fixées par la loi .

Enjeux de la participation des femmes Mourabitounes

Les mauritaniennes pour unir leurs efforts ont mis en place un groupe de plaidoyer pour la  participation politique des femmes à cette élection du 23 novembre . Il s’agissait de 4 scrutins combinés auxquels plusieurs partis politiques ont pris part alors que d’autres ont opté pour le boycott.

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Plus  d’une semaine après la tenue du 1er tour le taux de participation au premier tour est de plus de 75% selon Mohameden Ould Sidi, le directeur des opérations électorales (CENI) a fait part de la disponibilité des résultats de 200 communes sur les 218 du pays ainsi que des résultats des législatives.

En attendant, suite  au  dépouillement de  224.971 bulletins de vote aux législatives du 23 novembre en Mauritanie, les partis UPR(Pouvoir) et Tawassoul(Opposition) sont toujours en tête de la liste nationale des femmes. Un dépouillement qui fait état de l’avance de l’UPR 20.14 % des chiffrages exprimés. Un parti suivi de formations telles que Tawassoul(16.87%,) APP (7.95 %)  El Wiam 3.93%, Sursaut de la Jeunesse 3.54% et AJD/MR 3.35%.

Au terme de cette échéance dont la seconde manches  se jouera samedi prochain, selon une source contactée au niveau du groupe de plaidoyer pour la participation politique des femmes (Mauritanie) l’heure est au décompte « nous suivons la publication, on n’a pas beaucoup évolué. Pour les fonctions électives, nous sommes à moins de 5% à ce stade.

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Alors que pour les législatives « on est presque sûr d’atteindre 20% » annonce t-elle  affirmant que certains partis n’ont pas respecté la loi en matière de représentativité de liste nationale des femmes même si d’autres ont fourni l’effort reconnait -elle . Selon ses propos, les partis ont placé les femmes en second position alors qu’il fallait équilibrer (homme-femme). Une exigence pour promouvoir la représentativité du genre dans les sphères politiques en Mauritanie comme le prévoit  l’objectif 3 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ratifié par notre pays.

Un objectif qui fixe la représentativité des femmes dans les fonctions électives administratives, dans les fonctions et mandats électoraux à au moins 33%, d’ici 2015. Un vœux dont les mauritaniennes espèrent la concrétisation malgré les objectifs de la lutte.

Awa Seydou


Carnet de route: Retour sur la commémoration d’Inal 2012

Inal, les mauritaniens se souviennent encore. Après deux éditions successives dont j’ai pris part, le voyage vers Inal n’a pas eu lieu cette année.  A la place chacun a tenu à rendre hommage les 27 & 28 dernier aux 28 militaires négro-mauritaniens  pendus à Inal (Nord Mauritanie) sous le régime de l’ancien président, Maouya Ould Taya.  A la place du voyage vers Inal , Le Collectif des Victimes de la Répression(COVIRE) a marqué cette commémoration par la ténue d’une conférence de presse et un meeting vers le carrefour Yoro Sarr.

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D’autres associations de défense de droit de l’homme ont aussi commémoré ces journées  tristement célèbre. Pour marquer l’évènement, je vous propose mon carnet de route multimédia cette fois- ci sur la commémoration d’Inal 2012 .

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Carnet de route: Retour pèlerinage d’Inal 2012

Comme en 2011, les journées de souvenirs dédiées aux martyrs d’Inal se sont tenues les 27 et 28 novembre 2012 sous la houlette de COVIRE (Le Collectif des Victimes de la Répression). Une dizaine d’organisations de défense de droit de l’homme ont pris part à ce voyage de souvenir pour prendre hommage aux martyrs d’Inal.

Ce voyage organisé pour la deuxième année consécutive a permis l’identification des tombeaux des officiers tués 1990. Des heures d’hommage marquées par le recueillement à la mémoire des martyrs, les témoignages émouvants des rescapés et parents des victimes et les plaidoyers en faveur du règlement définitif de ce passif humanitaire dont dépend la réconciliation nationale selon des défenseurs de droits de l’homme. Pour des parents des victimes: « Il ne sera jamais question de faire table rase du passé tant que les responsables de ces tortures ou exécutions ne sont pas connus et traduits en justice» précisent souvent en larme.

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Un recueillement au cours du quel une orpheline s’est évanouie sous le coup de l’émotion lors de la visite funèbre des fosses communes, dirigé par le rescapé Sy Mahamadou sous le regard attentif des éléments de l’escadron d’Inal. Des minutes amères durant lesquelles les victimes jeunes et vieux face à « des hommes en tenue insensibles » peinaient à garder leur sérénité dénonçant « un silence coupable ».

Pour les organisateurs « Inal constitue le paroxysme de l’ignominie ». Même si la lutte peine à donner ses fruits, ils  comptent redoubler d’effort, pour « une identification effective des sépultures afin que leurs proches reposent en paix ». Pour Kane Mamadou, président du Covire.   qui se dit favorable à la visite des 32 sites de tortures  fustige dans ce décor silencieux « les crimes de sang commis, le racisme de l’Etat, les crimes de l’esclavage, de la déportation et de l’exclusion que connaît notre pays ».

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Cette 2e commémoration des journées de souvenirs d’Inal s’est déroulée en présence des membres de la diaspora mauritanienne,  des rescapés comme Sy Mahamadou rescapé dInal , auteur de « L’enfer d’Inal » , Ibrahima Ba rescapé, des enfants et des parents des officiers  tués les 27 et 28 décembre 1990, rendant Inal tristement célèbre.

Après les difficultés d’accès au site Inal, liées  cette année encore au contrôle minutieux du convoi parfois « sans motif  réel » des forces de l’ordre, le convoi mené par une vingtaine de voiture, regagne sa destination sollicitée ce 28 Novembre vers 11h à travers un accueil moins chaleureux des agents de l’escadron de la brigade d’Inal. Une présence marquée par un enregistrement de tous les manifestants et un accès limité au site. Le recueillement s’est tenu en plein air, sous un soleil de plomb et sous le regard curieux des habitants d’Inal.

Pour des militants comme Alassane Dia coordinateur de TPMN les événements d’Inal symbolise « une bêtise, une tentative de génocide » qui ne doit pas rester impuni d’où son appel en faveur « des efforts concrets » pour que la lumière soit faite sur cette « date symbolique, et de recueillement » face au semblant de « règlement du passif ». Une exigence de vérité « pour honorer la mémoire des victimes » à travers l’abrogation de la loi 1993.

Témoignages des militants des droits de l’homme

Maimouna Alpha Sy, Secrétaire Général du Collectif des veuves, tenant son chapelet estime que cette visite des lieux marque une évolution de la gestion du passif car « venir ici était une chose impensable avant, c’est une concrétisation qu’il ya bien eu avancée ». Pour elle, il est temps de gérer ce passif qui prends en otage « la cohésion sociale».

Sall Amadou du collectif REV (1989-1991) est une victime civile dont le père est mort à Zouérate. Ayant perdu son père très jeune, Amadou ainé de sa famille, sans boulot stable, s’active pour arrondir ses fins de mois à travers des cours du soir  afin de combler « le financement médiocre » dont bénéficie son association. Il est certain que  « le dossier traine, l’Etat ne fourni aucun effort » ajoute -il.

D’après Mamadou Lamtoro Camara, membre du collectif des orphelins et victimes civiles et militaires (1986-1991) étudiant en 3e droit public à l’université de Nouakchott : « Il faut que  la Mauritanie puisse regarder son passé en face ». Pour ce dernier qui a effectué le voyage de commémoration de Sorimalé avant celui d’Inal cette année, il est important d’instaurer « les journées de deuil national » afin de perpétuer la mémoire des victimes.

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La représentante de la diaspora en Europe pour cette édition Marieme Kane, par ailleurs présidente de l’Association des Femmes Mauritaniennes du Fleuve (AFMA) vingt ans après les faits  estime que l’heure de la justice a sonné. Cette année une plainte sera lancée dit-elle par la diaspora car pour elle, il est important d’avancer car « sans résultat ce n’est pas la peine de continuer le combat ». En attendant, elle prône l’unité des acteurs confiant qu’il ya « tellement de division nous empêche d’avancer ».

En attendant, pour finir nous vous livrons le témoignage de Ibrahima Ba, Rescapé d’Inal . Entre 1990 -1991, Ibrahima Ba était infirmier dans la garnison d’Inal, au bord des larmes, il confie qu’il a subi plusieurs tortures avant de parvenir à s’échapper avec 500Um en poche en compagnie de Mahamadou Sy .

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A la retraite depuis 2010 Ibrahima Ba témoigne ainsi de ces années sombres : « je ne sais pas si l’état actuel va régler ce problème ou pas, mais  l’Etat  à l’époque était au courant de tout, de toutes les violences qui se pratiquaient, c’est l’Etat qui a fait ça, ils sont responsables. Je ne peux pas oublier ce que j’ai subi durant cette période cauchemardesque, j’envisage même de faire un documentaire sur ça, par devoir de mémoire. Ce qui s’est passé était un acte raciste » conclut-il.

Les organisateurs de ces journées de souvenir exigent  à travers un appel :  la construction à Inal d’un mémorial pour les martyrs, l’adoption des enfants des martyrs comme des pupilles de la nation, l’application du décret d’identification des sépultures, l’annulation de la loi d’amnistie de juin 1993,le  respect des normes et mécanisme de la justice transitionnelle, la mise en place d’une commission indépendante et autonome pour le règlement des violations graves des droits humains, l’indemnisation adéquate des victimes et ayants droits.

Awa Seydou

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Mauritanie : carte de séjour pour les étrangers

Depuis 2012, tous les étrangers vivant sur le sol mauritanien sont munis d’une carte de résident. Le montant de cette carte exigée pour tous est les ressortissants fixé à environ 75 euros.

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Une nouvelle dont l’annonce  a été un coup de tonnerre pour de nombreux migrants raflés,  refoulés parfois de manière draconienne durant la période où cette loi est entrée en vigueur notamment.

Pendant un moment il y avait un seul centre d’enregistrement à Nouakchott. Une situation qui obligeait les ressortissants des différents coins du pays de faire le voyage pour la capitale, un trajet coûteux pour nombreux d’entre eux vivant surtout de  petits métiers. Un parcours du combattant durant lequel ces derniers étaient soumis à plusieurs difficultés.

En effet, l’instauration de cette mesure dont l’application a défrayé la chronique surtout à ses débuts tant les formalités étaient jugées lourdes, son octroi clientéliste (corruption des agents), manque de bureau, favoritisme, lenteur dans les procédures (pour s’enregistrer des gens passaient la nuit devant le centre d’enregistrement), rafles, refoulements et traitement parfois dégradant de migrants pour qui la Mauritanie est devenue «une deuxième patrie».

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Une restauratrice comme Aminata vivait la peur dans le ventre prenant le soin de fermer boutique par crainte de rafles et refoulements : « J’avais peur d’être débarquée car je n’ai pas pris ma carte, nos charges sont nombreuses, le montant de la carte élevée vraiment ». C’est ainsi que son chiffre d’affaires a baissé. Son restaurant qui porte son nom n’était plus fréquenté, car elle ouvrait en fonction de la faiblesse des rafles. Son mari travaillant dans la poissonnerie a pris sa carte dès l’entrée en vigueur de cette « décision souveraine » qui vise entre autres le contrôle du flux migratoire de la Mauritanie.

Face à ces traitements qui dégradaient parfois l’image de marque du pays hôte comme l’ont souvent condamné des organisations de défense de droits de l’homme, la Mauritanie a légèrement revu la forme de sa politique mettant fin au rafles et refoulements spectaculaires.

Depuis lors bien d’eau a coulé. Les autorités annoncent par la suite la gratuité de la mesure, une annonce accueillie par une grande pompe par la majorité des migrants jugeant le montant élevé par rapport à leur revenu. Ce fut la prise d’assaut des centres. Les ressortissants notamment des Ouest-Africains se sont fait enregistrer, en recevant un reçu en retour. Mais grande fut leur déception en apprenant à nouveau quelques temps après que la carte est payante. Il fallait se munir de son reçu payer la bagatelle de 30 000 UM en un mot « être en règle » en Mauritanie qui est un pays de « transit » pour de nombreux migrants.

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(Migrant au tour d’un grin- causerie thé)

Un revirement dont de nombreux ressortissants n’ont pas compris l’enjeu et l’aboutissement. Alors que certains misent sur la réciprocité, le respect de la décision ou le non-paiement d’autres privilégient le retour au pays.

Si tous sont unanimes pour dire que les rafles et les refoulements ne sont plus pratiqués comme avant, de nombreux ressortissants surtout ouest-africains s’accordent à dire que le montant exigé est « élevé ». Les ambassades malienne, ivoirienne et sénégalaise dont j’ai rencontré les responsables ont opté pour une coordination afin d’alléger les souffrances de leurs ressortissants par rapport à ce dossier.

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(Représentant Ambassade Mali)

Le Mali rappelle  «la libre circulation des personnes et des biens entre les deux pays »  comme le stipule une convention d’établissement et de circulation des personnes entre le Mali et la Mauritanie datant du 25 juillet 1963. Le consul ivoirien va bientôt signer avec la Mauritanie trois conventions dont une relative à la libre circulation. L’ambassadeur sénégalais quant à lui préconise la réduction du montant exigé ou l’augmentation de la durée des cartes de séjour.

Des vœux dont la réalisation est vivement attendue par de nombreux migrants pour qui la Mauritanie est « une seconde patrie ».

Awa Seydou Traoré

 

 

 

 

 

 

 

 


Nouakchott : Kadji Toure dite Yaye 6ans violée et assassinée

Ces jours –ci je ne vous annonce pas de  bonnes nouvelle car l’actualité n’en offre pas forcement ici même si  les tapages politiques se poursuivent dans l’allure dans prochaines élections  législatives & municipales prévues novembre prochain.

En attendant l’insécurité bat son plein dans la capitale économique de la Mauritanie où sévissent viol et meurtre de filles et femmes notamment . Une situation inquiétante pour beaucoup de populations.

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Ce 27 octobre, une fillette âgée de 6ans portée disparue à 10heures du matin a été retrouvée morte au bord de la plage de Nouakchott vers 17h (de la même journée). Une nouvelle tragique qui fait la Une des journaux et domine l’actualité des réseaux sociaux particulièrement facebook où la condamnation de cet acte ignoble se multiplie depuis la publication de la nouvelle.

L’autopsie effectuée par un médecin de l’hôpital national révèle  le viol puis l’assassinat de Kadji qui devait reprendre le chemin de l’école ce 28 octobre.

Kadji Toure dite Yaye si rayonnante sur cette photo a été enterrée quelques heures après la découverte macabre de son corps sur la plage de Nouakchott. Les mauritaniens comptent se mobiliser pour dénoncer de tels drames et réclamer plus de sécurité pour les populations.

Awa Seydou Tra

 

 

 


La peur de prendre un taxi souvent

Depuis la mort tragique de la mauritanienne Penda Soghé Gakou mars 2013,  je vous avoue que je fais désormais une fixation sur la sécurité dans les taxis : disons que je fais désormais plus attention de là où je mets les pieds.

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En effet en Mauritanie toutes les âmes sensibles ont été bouleversées par le viol et le meurtre collectif de cette jeune mère de 20ans, mariée & et mère d’1 garçons qui a malheureusement atterri ironie du destin sans doute dans un taxi dont les conducteurs cherchaient une autre proie ce soir là. Un soir que je ne vais jamais oublié tant l’acte perpétré est ignoble et impardonnable.

Elle s’appelait Penda, elle avait 20 ans, mariée et mère d’un enfant de près de 3 ans. Elle a été violée puis tuée alors qu’elle retournait chez au 6e. Cette jeune femme a pris pourtant un taxi devant sa grande sœur, elle ne rejoindra pas sa destination dans la nuit du 28 au vendredi 29 mars. Malheureusement, c’était dans la soirée où le célèbre humoriste Mamane donnait un spectacle inédit à Nouakchott intitulé « Bienvenue au Gondwana » à l’IFM où je m’étais rendu d’ailleurs. C’est plus tard que la nouvelle de la disparition fut annoncée avant que son corps ne soit retrouvé le lendemain après d’instance recherche. Une nouvelle qui déchaine toutes les sensibilités.

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Une violence sans égale, un drame inqualifiable, la jeune Penda a été : « retrouvée assassinée, violée, les yeux arrachés, le coup cassé, un couteau enfoncée dans la tête jusqu’à sortir par la nuque » un fait inqualifiable qui heurte la sensibilité humaine.

Pour dénoncer ce crime odieux, et la violence sous toute ses formes en Mauritanie, un sit in a été prévu pour le 3 avril devant l’Assemblée nationale afin de « demander à la justice de condamner ces criminels à perpétuité. La démarche vise à « demander Justice et surtout demander aux députés de prendre leur responsabilité, celle de défendre le peuple et les citoyens qui les ont élus. Mais également un appel pour que ces criminels soient jugés sévèrement. Nous demanderons également au Président de la République de prendre sa responsabilité, celle d’un gardien du peuple et sa constitution » précise le communiqué annonçant cette marche de dénonciation pacifique en hommage à Penda Soghé. Ce sit in jugé « pacifique et responsable » avait pour slogan « Non à la violence ».

Témoignages contre l’insécurité

Pour dénoncer l’insécurité croissante à Nouakchott, comme prévu ce 3 avril, des milliers de mauritaniens se sont rendus devant l’assemblée nationale pour dénoncer le crime abominable dont a été la défunte Penda Soghé, 20 ans dans la nuit du 28 mars dernier.  Pour ce sit in  pacifique qui avait pour slogan « Non à la violence », les mots d’ordre étaient : la justice équitable, la sécurité pour tous, la sécurisation des transports publics, la fin de l’impunité et la pendaison des  auteurs de ce viol et crime.

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Un sit in dont ont pris part les membres de la famille de la victime émus, mais déterminés à réclamer justice afin que les citoyens puissent circuler en toute sécurité dans leurs pays qui devient « une ville fantôme à cause de la recrudescence de la violence sous toutes ces formes »dénonce dans la foulée la militante Aminetou Mint El Moktar, présidente de l’AFCF(Association Chef de Famille). Cette dernière se disant révoltée par de tels agissements recommande à l’Etat « d’agir afin de mettre en place une meilleure sécuritaire et de procéder au contrôle des transports publics ».

A quelques minutes du départ convoi, vers le Ministère de l’intérieur Me Fatimata Mbaye de l’AMHD nous a confié « être sous le choc à cause de ce crime barbare qu’aune société ne peut accepter » d’où la nécessité selon elle de protéger les groupes vulnérables notamment les femmes et les enfants. Ce drame doit dit-elle inciter tous les mauritaniens à se « mobiliser » afin de demander une fois de plus à l’Etat d’adopter la loi sanctionnant toutes les violences afin de ne pas « cautionner ces faits ». D’où « ce signal d’alarme » pour que soient prises des mesures administratives pour la sécurisation des transports, l’organisation, l’identification  et la numérotation du parc automobile mauritanien. Telles sont les pistes qui peuvent permettre selon Me Mbaye de mettre fin à « ces actes de terrorisme et de vandalisme ».

Parmi les manifestants, on remarquait aussi Dr Mbareken , Vice président de l’Ordre National des Médecins et Pharmaciens  qui est venu dire « non à la délinquance, non à l’insécurité absolue » expliquant avoir chaque jour l’écho de cas d’agression.

Zeinabou Mint Taleb Moussa, présidente de l’AMSME (L’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant) une des organisations initiatrice de la marche contre la violence faite aux femmes en 2012, très émue se dit favorable pour la 1er fois à « l’application de la peine de mort sur ces assassins » estimant que les femmes ne sont plus en sécurité dans notre pays malgré les multiples appels contre les violences sous toutes ces formes.

La longue attente des parents de la victime

Plus de sept mois après les faits, j’éprouve toujours un sentiment de peur et de révolte quand je prends un taxi surtout la nuit. Chaque fois que cela m’arrive, je prie pour Penda partie dans la fleur de l’âge pour le voyage non retour. Des mois que, les parents de la victime sont l’attente d’un procès exemplaire même si la procédure parait « lente ». La demande de liberté provisoire des meurtriés a été rejetée. Une nouvelle accueillie favorablement par la famille de la défunte qui réclame des sanctions exemplaires afin d’éviter que la RIM ne devienne un jour l’Inde en matière d’insécurité contre les femmes.

 

Awa Seydou Tra

 


Tabaski : une famille brulée par l’explosion d’une bouteille de gaz

Ce 16 Octobre, fête de Tabaski dans plusieurs musulmans comme la Mauritanie, restera pour la famille Gueye une journée inoubliable. Cette famille qui vit au 5e, un des quartiers de Nouakchott a été victime de l’explosion d’une bouteille de gaz, selon notre confrère Khally Diallo  a rapporté les faits dont les images des victimes témoignent de la gravité de ce qui s ‘est produit alors en plein Tabaski .

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Récit :

La mère de famille Binta Gueye a acheté un gaz qu’elle s’apprêtait à recharger. Mais à sa grande surprise la bouteille a eu une fuite, ainsi la chambre s’est enflammée.

Sous le coup de l’émotion, Binta jeta la bouteille et se fait bruler malheureusement à « un degré avancé » précise Khally Diallo qui sonna l’alerte afin que soutien soit apporté dans de meilleurs délais à cette famille dont la fête venait gâtée tristement.

Voyant sa mère « enflammée » la fillette Faty revenant de la boutique « s’est jetée sur elle pour la sauver » un geste hautement symbolique.

C’est dans cet élan d’émotion pourtant que « Malheureusement, la fillette prit feu à son tour ainsi que deux autres membres de la famille qui se trouvaient dans la maison ».

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C’est par la suite que les voisins entendant des cris sont revus à la rescousse de la famille Gueye. Des membres de cette famille touchés par ce drame ont été amenés à l’hôpital où ils suivent toujours des soins en attendant leur éventuelle évacuation tant souhaitée.

Pour plus d’élan solidarité

 Now place à la chaine de solidarité à afin de secourir ces personnes hospitalisées à la suite de l’explosion d’une bouteille de gaz Tabaski dernier.

Awa Seydou Tra


Mauritanie : la marche des femmes pour plus de réprésentativité dans les sphères de décision

Ce matin , je vous parle du combat que les Mauritaniennes ont engagé depuis 2006 afin qu’elles soient davantage représentées dans les sphères de décision dans un pays où elles constituent la majorité de la population.

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Ce pays surnommé le pays des « mille poètes »  s’apprête à organiser des élections municipales et législatives en novembre prochain. Une compétition électorale où les femmes entendent être largement représentées, elles qui représentent plus de 50 % de la population . Elles entendent jouer leur part de responsabilité dans la gestion de ce pays où une femme n’a jamais été encore ministre. En attendant, elles demandent plus de représentativité  dans les sphères notamment politiques.

En effet des représentantes de groupes de femmes se sont dites « choquées et déçues du peu de candidatures féminines en vue des prochaines élections municipales », l’annonce a été faite lors d’une conférence de presse le 9 octobre dernier à l’hôtel Mauricenter.

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Une action menée par le regroupement d’initiatives de plaidoyer pour la promotion de la participation politique des femmes qui « lance un appel solennel aux décideurs, aux partis politiques mauritaniens et à l’opinion publique » pour une meilleure représentativité des femmes lors des prochaines échéances.

Le regroupement malgré sa mobilisation, a fait « état d’un maigre 4 % de candidatures féminines pour les fonctions de maires ». Ces femmes qui disent ne pas vouloir baisser les bras incitent « les partis politiques à accorder plus de place aux candidatures féminines aux législatives ».

L’initiative de plaidoyer qui travaille avec le NDI plaide pour une révision de la loi actuelle (2012-034 du 12 avril 2012) relative aux quotas des femmes durant la présente session extraordinaire de l’Assemblée nationale en tenant compte du mécanisme proposé dans l’avant-projet de loi que ses représentantes ont soumis au président de la République et à la ministre des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille et que les partis politiques appuient et mettent en œuvre les dispositions suggérées par le regroupement dans l’avant-projet de loi qui leur a été transmis.

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Les Mauritaniennes présentent au sein de ce regroupement souhaitent l’atteinte de l’objectif 3 des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ratifiés par leur pays.  Cet objectif fixe la représentation des femmes dans les fonctions électives administratives, dans les fonctions et mandats électoraux à au moins 33 %, d’ici 2015.

A près d’un mois des échéances tant « sollicitées » les Mauritaniennes entendent intensifier leur campagne de communication pour atteindre un meilleur niveau de représentativité dans un pays où « les pesanteurs sociales» ont encore tout leur pouvoir.

Awa Seydou Tra