Traoré Awa

Le blogueur centrafricain Baba Mahamat « Nous assistons à une situation très critique, intenable, insoutenable, invivable »

Le pays va mal , voilà un mot qui résume cette prise de parole du blogueur centrafricain Baba Mahamat pour qui le Cameroun est devenu un second pays alors que la secte Boko Haram trouble désormais le sommeil de Paul Biya président du pays des « Lions indomptables ». Je surnommais Baba avec des collègues à Abidjan « El présidenté » sur un ton taquin je disais aussi « prési célibataire » ,il me répondait que cela n’est pas grave au gondwana toi même tu sais…. bref passons au focus du jour. Ce jeune au sourire perpétuel nous livre ici ses doléances comme ses compatriotes qui s’expriment sur les enjeux des consultations populaires en cours.

C’est dur mon frère mais comme le dit le groupe Magic système de la Côte d’Ivoire tant qu’il ya la vie il ya l’espoir. Chez moi au Mali on se demande chaque jour quand est ce qu’il y aura une paix définitive au nord du pays? difficile de répondre mais disons que inchaallah… en 2015 tant que les pourparlers se poursuivent sans se ressembler.En attendant voilà le témoignage très personnel mais criant accordé à Reines d’Afrique(R.A) par Baba Mahamat une des hommes forts du blogging.

R.A : Comment se porte votre pays la Centrafrique même si vous vivez au Cameroun voisin ?

Merci tout d’abord de portez votre choix sur ma modeste personne en m’accordant cette interview. Mon pays la République centrafricaine n’a pas la bonne forme. Avec tout ce qui s’est passé et qui continue à faire de victimes au moment où nous parlons, dire que tout va pour le mieux, c’est méconnaitre les innocents qui ont été sacrifiés sans aucune raison valable, c’est aussi ignorer la situation que traverse chaque centrafricain dans son tréfonds. En de termes faciles, beaucoup reste à faire pour revoir ce pays bantu jadis paisible et hospitalier qu’est la RCA. La crise est encore présente et devant nous.

R.A : Avez-vous le sentiment que la situation se normalise dans votre pays ?

Pour être honnête, la situation s’améliore très lentement dans la capitale Bangui mais dans les provinces, c’est la population est laissée à la merci des hors-la loi. Il y a un vide sécuritaire qui n’a pas de nom. Nous assistons à une situation très critique, intenable, insoutenable, invivable. Les centrafricains en général, et ceux des provinces vivotent. Martyrisés soit par les antibalakas ou par les Seleka dans les zones qu’ils contrôlent et qui échappent complètement à l’autorité de l’Etat, la terreur est le mode de gouvernance pour faire asseoir leur autorité en se livrant à des actes de banditisme et de violence. Le peuple centrafricain est entre le marteau et l’enclume. Il ne sait à quel Saint se vouer. Chaque centrafricain vous dira qu’il n’attend plus, pas cette apparente accalmie qui peut être rompue à tout moment par la volonté soit des antibalaka soit des Seleka.

R.A : Quels sont les sources de blocage jusqu’à présent ?

Nous sommes dans une situation où la violence est utilisée et entretenue par de tierces groupes qui profitent de cette situation. Ces groupes et les personnes qui les soutiennent sont connus. Nous avons affaire à certains qui veulent bien retrouver la raison en voulant contribuer pour le retour de la paix. Cependant, un groupuscule continue à croire que seule la violence peut les amener à assouvir leurs envies lugubres. Il est malheureux que ces personnes qui nuisent au processus de réconciliation et de la paix ne soient pas inquiétées, pourtant connues même d’un enfant qui vient de naitre. Par ce qu’il y a des preuves et surtout des affirmations claires de leur part qui corroborent la thèse de leur soutien indéfectible à un groupe. Et dans ce cas de figure, les mettre hors d’état de nuire est un bon debout pour la résolution de la crise car on ne peut laisser un infime groupe d’individus prendre en otage tout un peuple.

R.A : Comment juges- vous le bilan de la présidente Catherine Samba Panza ?

La présidente de la transition Catherine Samba Panza est au pouvoir depuis une année déjà. Même si, la situation s’améliore très lentement, il reste beaucoup à faire. Lorsqu’elle avait été élue par les membres du Conseil national de transition, organe substituant le parlement centrafricain, tout le monde a applaudi le choix d’une femme qui va conduire ce peuple pour la première fois de l’histoire centrafricaine. Tout est à refaire dans ce pays, tous les indicateurs sont au rouge. Et l’espoir des uns et des autres était grand. La situation était tellement complexe et je suis sûr qu’elle ne mesurait pas les obstacles qui devraient faire surface. Elle a été très courageuse pour accepter ce poste. Mais des erreurs de choix ont été commises et tout porte à croire que l’équipe de transition n’est pas à la hauteur de ses tâches. Nous sommes dans une situation d’extrême urgence où des vies sont menacées, des enfants et des femmes dorment dans des camps de déplacés appelés « Ledger », un nombre important de la population a été contraint de se déplacer. De la sécurité en passant par les finances, l’éducation ou encore la santé, les attentes du centrafricain sont légions et difficiles à satisfaire par l’équipe de la transition.

R.A : Jugez Bozizé sans demander des comptes à Djotodja, est-ce rendre justice à la Centrafrique ?

Je me suis toujours demandé pourquoi les gens ne peuvent pas comprendre que nous vivons une situation qui résulte de nos erreurs du passé. Depuis plus de deux décennies, l’impunité s’est érigée en mode de gouvernance. N’importe qui peut se lever un matin, créer une rébellion et à défaut d’accéder au pouvoir même avec le sang dans les mains, être promu à des postes de responsabilité avec à la clé l’abandon des poursuites judiciaires. Ce cycle vicieux continue son chemin. Il est bien regrettable. Alors, pour revenir à votre interrogation, je suis entièrement d’avis que François Bozize et Michel Djotodia, tous deux soient poursuivis pour leurs rôles présumés dans le conflit qui a décimé tout un pays avec de milliers de victimes. Il faut que non seulement ces deux, mais aussi toutes les personnes soupçonnées d’atrocité, de viol, de pillage, … soient poursuivies par la justice. La justice doit faire son travail et c’est par ce biais que nous pourrons sortir du cycle infernal de violence et prévenir tous les fauteurs de troubles, s’ils ont encore en tête un autre projet funeste qu’ils alimentent. Les centrafricains en ont marre et veulent vivre dignement.

R.A : En tant que blogueur, comment racontez vous ce qui arrive à votre pays ? Est ce facile de rester neutre ou le blogging est forcement subjectivité ?

Le blogging m’a permis de m’engager de manière citoyenne dans la recherche de la paix dans mon pays. J’ai pu avoir un moyen très efficace d’expression afin de faire partager ma vision et mes idéaux pour la paix, la réconciliation, le pardon, le développement et le vivre-ensemble. Ensuite, avoir un point de vue neutre et objectif semble être le challeng pour tout blogueur même si les émotions peuvent perturber notre raisonnement. Je tente d’être neutre, impartial, objectif toute en respectant la liberté d’expression. Je ne cherche pas à offenser qui que ce soit, ni à porter des injures ou des affirmations sans fondements contre qui que ce soit. J’essaie juste d’apporter ma modeste contribution pour la refondation d’une nouvelle Centrafrique où les bases doivent être l’union, la solidarité, le respect des valeurs républicaines, le patriotisme et le sens aigu de responsabilité.

R.A : Comment observez vous l’aide à votre pays et le soutien aux réfugiés de la communauté internationale ?

Depuis deux ans, de milliers de centrafricains, des pères de foyers, des mères,… vivent dans le dénouement le plus total. Des personnes qui, il ya quelques mois encore tenaient un petit commerce, allaient aux champs, coupaient les bois pour nourrir leur progénitures. Mais hélas, l’insécurité occasionnée par la violence a muselé la force d’action de tout un peuple habitué à se battre pour avoir son pain quotidien. L’aide internationale n’est pas suffisante. Tout le monde sait que ce pays à besoin d’un important soutien afin de se relever de son coma. Je regrette que la communauté internationale qui est très consciente et bien informée de la situation ne fasse pas plus pour venir en aide à ces milliers de centrafricains obligés de vivre comme des animaux. Il faut une forte mobilisation (financière, matériels, humains,…) pour venir en aide à tous ceux qui ont tout perdu et qui ont besoin d’une infime aide pour réapprendre à vivre.

R.A : est ce facile de voir son pays dans cet état sans pouvoir changer le cours de l’histoire ?

Parfois j’ai envie de fermer la télé, d’éteindre l’ordinateur et mon poste radio pour éviter d’avoir les nouvelles, dans la plupart des cas mauvaises du pays. Je me sens si faible et je m’en veux terriblement de ne pas avoir de pouvoirs surnaturels afin de mettre fin à toute cette tuerie qui n’a fait que trop duré. Mais je garde espoir car l’espoir est la seule chose qui nous reste lorsque nous avons tout perdu.

R.A : A quand une paix en Centrafrique marquée par des crises successives depuis son indépendance ?

La paix en Centrafrique est conditionnée par une prise de conscience individuelle puis collectif des centrafricains. Chaque centrafricain doit faire un examen de conscience et dégager des résolutions pour s’engager dans la résolution de cette crise. La paix ne doit pas être un vain mot, il doit être le réflet de notre comportement, une logique de notre réflexion, une manifestation de notre désir. Chaque centrafricain doit vouloir cette paix. Alors, la paix en Centrafricain, je pourrais être optimiste en vous disant que c’est pour bientôt mais le pessimisme ne peut se désemparer de moi.

R.A : Comment appréciez vous les attaques de Boko haram au nord du Cameroun ? Est-ce un facteur qui pourrait déstabiliser le régime de Paul Biya au pouvoir depuis plus de 30 ans ?

La secte Boko haram sévit dans les régions Nord du Nigeria depuis plusieurs années. Je suis d’autant surpris par la montée en puissance de cette secte qui continue de faire endeuiller de milliers de personnes. Même s’il est bien vrai que Boko haram représente un danger pour le Cameroun, il est clair qu’il s’agit d’un problème qui doit être résolu dans un schéma sous régionale. Cette secte peut inquiéter le pouvoir de Paul Biya en instaurant un état de violence mais la vigilance doit l’emporter sur ces terroristes qui n’ont pas de respect pour la vie humaine. Il faut une réponse régionale, très musclée et concertée sur le problème de Boko Haram.


Mauritanie: manifestation contre Charlie Hebdo

Les mauritaniens sont sortis ce 14 janvier pour manifester contre la caricature la Une de Charlie Hebdo de ce mercredi sur le prophète Mohamed (PSL). Cette marche de dénonciation des caricature de Charlie Hebdo s’est tenue de BMD vers la pâtisserie des princes où le convoi a été stoppé par un important dispositif sécuritaire qui était présente aux  alentours de l’Ambassade de France durant une bonne partie de cette journée.

 A chacun sa religion ,ses limites

Je vous parle à cœur ouvert  trop de liberté d’expression tue la liberté, oui j’adore la liberté d’expression, la tolérance, la solidarité, la compension mais cette liberté tant brandie doit avoir des limites c’est la seule façon d’éviter les tensions religieuses .Je crois en une valeur: mon prophète, ma religion, ma foi. Autant je condamne la barbarie sous toutes ces formes autant j’estime que tout n’est pas caricaturable sérieusement. J’ai des amis chrétiens avec qui je cause de tout sans problème car pour moi chaque religion est vénérée par ses pratiquants et on doit pratiquer ses principes sans offenser l’autre dans ses croyances. Je suis musulmane, je respecte la religion d’autrui car chacun marche grâce à ses valeurs religieuses, sans cela on n’a pas d’attache. C’est bien de savourer la liberté mais c’est aussi bien de connaitre ses limites sinon offenser l’autre peut  être une menace pour la stabilité du monde alors que nous avons besoin de paix.

Ambiance de manifestation à Nouakchott suite à la Une de Charlie Hebdo

Coïncidence ou pas, l’Institut Français de Mauritanie (IFM) qui se trouve dans cette zone a été fermé ce mercredi pour motif exceptionnel à partir de 16h30. Des manifestants se sont désolés du manquement de mobilisation pour mieux marquer cette sortie qui condamne « cette nouvelle provocation de Charlie Hebdo contre l’Islam » confie un manifestant. A rappeler qu’aucun ténor politique n’a pas prit part à cette manifestation qui a connu sans doute des failles d’organisation car jusqu’à la dernière minute je ne savais pas où et à quelle heure elle allait se tenir comme quoi il faut communiquer en arabe mais aussi en français  afin de toucher la Mauritanie plurielle.

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Manifestation contre charlie hebdo/crédit photo Awa Seydou
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crédit photo Awa Seydou
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crédit photo Awa Seydou
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Manifestantes/crédit photo Awa Seydou
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Foule vers immeuble Elmamy/crédit photo
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Manifestants/crédit photo Awa Seydou
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Carrefour pâtisserie des princes/crédit photo Awa Seydou
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Manifestants bloqué par forces de l’ordre/crédit photo
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Jeune manifestant/crédit photo Awa Seydou
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Manifestants/crédit photo Awa Seydou

 


Attentat contre Charlie Hebdo: la France est -elle en sécurité?

Au moment où les suspects de l’attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo retiennent un otage en Seine- et -Marne ce 9 janvier, les déclarations  en faveur ou défaveur du journal se poursuivent. En Mauritanie beaucoup condamnent l’attentat mais n’apprécient pas la ligne éditoriale de ce médias à polémique. Pour ma part, je condamne ce type de violence qui donne une mauvaise image de l’islam qui est la plus belle et grande religion du monde, ce commentaire n’engage que moi , une façon d’exprimer mon attachement à la liberté de presse , d’expression et de pensée. Je peux me tromper mais la violence n’est pas forcement la meilleure arme de riposte pour dire combien une religion est sacrée pour dire combien l’islam est sacré.

Solidaire mais éclairée

Ce drame fait surgir une nouvelle fois ces questions récurrentes: doit -on rire de tout? faire un attentat est – ce la meilleure réponse? la liberté d’expression a t-elle des limites? Charlie H pourra t-il changer un jour de ligne éditoriale?. Je suis solidaire mais éclairée, car je ne partagerai jamais l’avis du journal sur les caricatures de notre prophète (Paix et salut sur lui) et toutes autres idées ou actes qui peuvent porter atteinte à cette religion , car je tiens à ce principe « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres« . La meilleure façon de répondre aux provocations de Charlie H c’est d’user des plumes pour chanter les louanges de notre islam, vecteur de paix, de tolérance, d’amour bref d’humanité.

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Manif solidarité à Charlie Hebdo/Crédit photo

Tout en condamnant l’attaque contre Charlie Hebdo, je me pose certaines questions sur les faits, car je ne parviens pas à comprendre comment des individus ont accédé facilement à ce journal comme tout visiteur sans aucun soupçons, commettre cet acte et s’enfuir. Plus de quarante huit heures après l’attentat, les suspects courent toujours et font parler d’eux à travers une prise d’otage relayée par la plate forme www.mondoblog.org et la presse . La sécurité de Charlie Hebdo pour qui tout est caricaturable n’était -elle pas assurée alors que la France est sensée être en alerte face à son engagement contre le terrorisme ?  d’où la relance du débat sur la sécurité des journalistes et la sécurité en France.


« Mémoire Noire » témoignage sur une page sombre de la Mauritanie

Le réalisateur mauritanien Ousmane Diagana se penche sur une page noire de la Mauritanie, celle de tortures et exécutions de militaires sous le régime de Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Pour témoigner de cette page douloureuse de l’histoire mauritanienne, le réalisateur de « La blessure de l’esclavage » a rencontré Mahamadou Sy un rescapé auteur de l’Enfer d’Inal « Mauritanie : l’horreur des camps ».

Ce documentaire est celui d’un témoignage poignant sur une page d’histoire qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets car tous ceux qui ont été touchés de près ou de loin par cette tragédie attendent justice depuis plus de vingt ans. Ce film rappelle sans doute que l’histoire ne s’oublie pas ,que rien ne s’efface  car il y aura toujours des gens pour dire l’histoire ou rappeler les faits comme Mahamadou Sy un assoiffé de justice dont voici la version des faits. « Mémoire noire », est sélectionné pour le festival « Regards sur le cinéma du monde » qui se tient du 22 au 31 janvier à Rouen en France.

 


Mauritanie: Quand la chroniqueuse Mariem Derwich parle des femmes(Vidéo)

Pour démarrer 2015 je vous invite à la rencontre de la franco mauritanienne Mariem Mint Derwich pour qui la poésie est l’expression du monde. C’est ainsi qu’elle nous fait partager sa colère, ses envies et peurs notamment dans son recueille de poème et de textes intitulé: « Mille et un je » . Son constat est que ses consœurs peinent à s’imposer, à se libérer des lourdeurs sociales d’où ce goût d’inachevé. Témoignage d’une plume engagée à voir absolument:


Recrudescence des viols en Mauritanie

A Nouakchott une fille de 10 ans a été violée, brûlée avant de décéder des suites de ses blessures le 21 décembre dernier à l’hôpital national. Je vous avoue que mon moral est en berne. Je ne parviens toujours pas à comprendre comment une personne peut se donner le droit d’enlever la vie d’une autre personne. En Mauritanie, le viol devient pratique courante. Des militants des droits de l’homme dénoncent sans cesse « la recrudescence des violences sexuelles » et réclament « la mise en place d’une législation forte et appropriée en la matière ».

Violer en soi est un crime pour moi contre l’humanité. Aucune raison ne peut justifier ou pardonner cet acte humain inqualifiable. Je suis terrassée par l’incompréhension, une colère immense et des interrogations interminables. Comment cela peut-il se répéter soit près d’un mois après la condamnation à mort des meurtriers de Penda Soghé? .
J’avoue que j’ai eu beaucoup de mal à écrire ses lignes. La République islamique de Mauritanie devient-elle celle de l’impunité où les violeurs font la pluie et le beau temps. La prison ne fait rien à ces malfaiteurs.

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Militantes AFCF/Crédit photo AFCF

N’a-t-on pas en tant qu’enfant,ou adulte le droit de circuler librement dans son pays, son quartier, d’aller à l’école coranique sans danger ? Pourquoi la société mauritanienne devient violente,  pourquoi ?. J’ai la chair de poule depuis l’annonce de ce nouveau drame, ce énième viol suivi du meurtre de la victime comme si la vie de l’individu était insignifiante.

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24dec 2014 AMSME/crédit photo AMSME

 Cette situation signifie-t-elle que le combat mené est inefficace alors que les femmes notamment mauritaniennes s’activent pour l’adoption d’un avant-projet de loi pouvant criminaliser les violences sexuelles depuis 2012.

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« Espace droits des femmes » /Crédit photo rédaction Cridem
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Sit in AFCF 24 déc 2014/Crédit photo AFCF

Tout a été dit sur l’urgence de la mise en place d’une législation forte sur ces types de violences. La bonne mesure tarde, malgré  les sit -in, conférences de presse et plaidoyers.  Ce 24 décembre, une conférence de presse s’est tenue à l’AMSME, pour dénoncer ce énième viol. Au même moment, les parents de la victime et des militantes de l’AFCF ont organisé un sit in devant la présidence. Un hommage a été aussi rendu à la victime ce 26 décembre au carrefour Madrid durant une heure mais comment faire pour que la donne change une bonne fois pour toutes?. Affaire à suivre…

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Sit in contre viol et meurtre 26dec/crédit photo Awa Seydou

 

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Sit in carrefour madrid
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Hommage à Zeyneb/Crédit photo Awa Seydou

 

 


Le film de Abderrahmane Cissakho « Timbuktu » choque la blogueuse Fatouma Harber

Le nouveau film d’Abderrahmane Cissakho « Timbuktu«  a été présenté lors de la dernière édition du festival de Cannes. Ce court métrage revient sur l’occupation du nord du Mali par les Djihadistes et anarchistes. Ces derniers font subir durant des mois d’occupation des atrocités et injustices à la population dont celles de Tombouctou. Ce film tourné à Aoulata en Mauritanie retrace les grands axes de cette page sombre à travers des personnages.  Si beaucoup salue ce film , Fatouma Harber une Tombouctienne  a été choquée par cette production d’un des grands cinéastes du continent. En attendant que je rencontre peut être ici Abderahmmane.C ,la blogueuse malienne explique à Reines d’Afrique sa position critique sur « Timbuctu ».

Reines d’Afrique : Fatouma Harber, vous êtes une blogueuse malienne, le film de Abderahmmane Cissakho «  Timbuktu » vous a choqué, pourquoi ?

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Fatouma Harber/Crédit photo

Il y a beaucoup de choses dans ce film qui m’ont choqué du scenario aux idées que le cinéaste essaye de véhiculer sur la ville de Tombouctou. Il faut dire que je ne lui reproche pas d’avoir voulu faire un film sur Tombouctou ou n’importe quelle ville du Mali, que ce soit le nord ou le sud, il en a le droit je pense. Mais c’est cette engagement du film pour ceux qui nous ont fait souffrir (quand je dis-nous, je parle de toute la population de Tombouctou, noirs et blanc de toutes les ethnies aussi bien songhay, peul, bambara Touaregs qu’arabes).

Des inconnus viennent dès l’aube aux abords de votre ville, tirent un bon moment avant de rentrer dans la ville, conduisant des pick-up surmontés d’un drapeau inconnu qui crient azawad et détruisent tout dans cotre ville avant de faire le tour de la ville pour prendre tout ce qu’il y a comme véhicule pour les « prendre » et les faire disparaitre et instaurer une soi-disante charia qui n’est applicable que sur la population noire de la ville.

Beaucoup ont pris le chemin de l’exil, certains craignant de servir de cobaye pour ces fous de Dieu, d’autres ne voulant pas se mouiller avec ceux de leur ethnie qui ont pris les armes ou par peur de représailles… et ce film vient inverser le déroulement des faits, pour (j’utilise les mots de la presse française qui semble avoir adoré le film) « humaniser les djihadistes ». C’est cela qui m’a choqué. Cette velléité de changer la réalité des faits pour la remplacer par la sienne, cette phrase qui revient à chacun de ses commentaires ou de ceux de ces comédiens : c’est la réalité, cela s’est passé à Tombouctou alors que ce n’est pas la réalité et que les faits se sont déroulés bien autrement.

Quand on fait une fiction pour échapper aux critiques qu’un documentaire aurait fait naitre on se contente de dire que c’est une fiction, on ne chante pas partout que c’est basé sur la réalité et qu’une ethnie que vous avez choisi de défendre (vous en avez le droit autant que celui de faire ce film) est victime jusqu’à en pleurer. Un ami disait : c’est comme si, en pleine guerre mondiale on ignore toutes les souffrances que les nazis font vivre à la population, pour tourner un film sur une petite famille irréprochable allemande.

Cette représentation est celle d’un ami mais résume mon sentiment et celui de beaucoup ici à Tombouctou. Nous sommes bien impatients de voir ce film même si nous doutons que le réalisateur l’amène ici, car nous ne l’intéressons pas. Il veut juste effacer l’ardoise de nos bourreaux à l’international. Ce sont les mêmes personnes qui sont des victimes pour lui qui ont pris les armes. Le proverbe songhay dit : « quand un menteur te devances chez ta propre maman, tu n’auras pas ta part de gouter »

Reines d’Afrique : Telle est votre position par rapport à ce film qui est pourtant salué au niveau mondial comme un outil de compréhension de l’oppression djihadiste et du calvaire que cela a représenté pour la population de cette localité ?

Si le film est salué au niveau international comme outil de compréhension de l’oppression djihadiste et du calvaire de la population, je pense que les gens se flouent au niveau mondial car ce film est loin de montrer ce que nous avions vécu à Tombouctou (ou pas) pendant cette année d’occupation. Les gens se sont retrouvés du jour au lendemain sans aucun repère hiérarchique, administratif ou sécuritaire.

Ce n’était pas la charia, mais l’anarchie qui régnait, des femmes ont été enlevées et ont été violées à plusieurs reprises avant d’être remises à leurs familles pour être rejetées par leurs conjoints, plusieurs personnes ont été dépouillés de leurs biens, d’autres emprisonnés.

Dans le cas du jeune homme qui a été amputé d’une main alors que leur juge islamique avait réclamé une somme qui a été versée par la famille de la victime, cette fille qui a été fouettée le jour de la tabaski parce que « leur si gentils djihadistes » pensaient que son voile était trop transparent… c’est à n’en pas finir ! il est facile d’apprécier le beau paysage, le lyrisme ou même cette partie de foot avec un ballon invisible quand on vit à Paris ou même à Nouakchott, quand un adolescent parce qu’armé, du bon camp et de la bonne ethnie te confisque tout ce que tu as ordinateur, téléphone, montre, habits , argents et même tes amuse-gueule en plus des insultes qu’ il te crie en te mouillant avec sa salive…

Reines d’Afrique : Est-ce qu’il ya aussi des éléments de ce film que vous jugez intéressant en dehors de l’aspect critique qui est fondamental pour soigner l’image de marque de la cité des 333 saints ?

Oui que Tombouctou est une ville de savoir et de tolérance où les femmes se battent tous- les jours.

Reines d’Afrique :En tant que blogueuse que diriez-vous à Abderahmmane Cissakho si vous le rencontrez aujourd’hui ?

Si je rencontrai Sissakho, je lui dirai juste un proverbe : « on ne peut savoir lequel chante le mieux si on n’écoute pas le timbre de son de deux oiseaux »

Reines d’Afrique : Selon vos constats est- ce que le film « Timbuktu » a eu un impact ou non sur la vie des habitants de Tombouctou et du nord du pays en général ?

Je n’ai pu constater cet impact en tout cas, beaucoup ne savent même pas que ce film existe ; ici on sort d’une mauvaise saison pluvieuse, il y a encore des bandits armés et autres des coupeurs de route, des engins explosifs et même des kamikazes alors que la population essayent de reprendre sa vie d’avant « cette occupation-là ».


Mauritanie : ce que je pense de la carte de séjour

Je reviens encore sur la décision de la Mauritanie d’instaurer en 2012 une carte de séjour . J’ai constaté que depuis cette date beaucoup de migrants ont plié bagage, vivent caché, ont réduit leur déplacement dans la ville par exemple,ou se sont résignés à payer cette somme pour s’offrir un séjour « tranquille » durant un an. Depuis lors, rien n’a changé, à part que les arrestations se font moins spectaculairement qu’avant comme me l’ont dit certains migrants. Oui, mon ami,  la décision d’instaurer la carte de séjour est « un acte souverain » mais le prix de cette denrée reste inaccessible pour de nombreux migrants qui évoluent dans le secteur informel gagnent leur vie  comme on dit molo molo (doucement).

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Centre recensement des étrangers/ Crédit photo Noorinfo

C’est même difficile de sortir surtout ceux qui ne sont pas à jour, tenez -vous bien, l’autre jour, j’ai demandé à ma tante « Couroumani » de venir passer la journée pour prendre de ses nouvelles, mais à ma grande surprise elle me réponds  » thié ma fille, c’est pas facile de sortir avec la carte de séjour, on peut me prendre et il me faudra verser l’argent , là je suis à cité » plage chez mon amie , on se reprends » voilà comment se termina la discussion téléphonique m’annonçant qu’elle est à Nouakchott pour quelque temps encore, elle vendeuse de bissap (jus) de son pays d’accueil.

Carte séjour deux ans après

Mais peu importe toutes ces raisons car la rim (République Islamique de Mauritanie) est décidée à mette la main sur les trente mille Um(75euro) de chaque étranger vivant sur son sol. La course au migrant pour le paiement de ce dû se poursuit lentement mais surement notamment vers les quartiers périphériques.Il faut souligner que suite à de nombreuses critiques au début sur les méthodes d’arrestation , refoulement,  cas de corruption, la rim a mis de l’eau dans son thé et veille comme discrètement au versement du montant de façon moins musclée. Voilà une bonne nouvelle pour les défenseurs de droit de l »homme, les migrants, et des mauritaniens pour qui la main d’œuvre étrangère est importante.

Malgré ce changement de stratégie d’action de nombreux migrants peinent encore à rassembler ce kalis ((argent) jugeant que la vie est chère et les charges nombreuses. Ce pendant  les pro « réciprocité » attendent juste que leur ambassade mettent des bus à leurs disposition pour rejoindre le bercail. Même ce matin, j’ai rencontré au centre d’enregistrement des étrangers de Tevragh Zeina lors du renouvellement de ma carte de séjour,  une malienne qui m’a juré qu’elle n’allait pas payé de son gré témoignant que son patron lui a donné les 30.000Um pour qu’elle « se mette à jour » . Je lui ai dit que c’est la seule voix normale pour « vaquer à ses occupations sans avoir la peur dans le ventre » pour reprendre bien dit le taximan Solo.

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Journée d’information des migrants/Crédit photo Awa Seydou

« Il faut l’application de la réciprocité »

Mais  tous ne sont pas de cet d’avis, comme une tigresse, mon interlocutrice avec qui je fais le rang persiste et signe: « ma sœur, il faut qu’on montre à la rim de quel bois le mali se chauffe, il nous fatigue, on doit agir avec la rigueur , la réciprocité, on ne peut pas compter le nombre de mauritaniens vivant au Mali, cela va leur servir de leçons ». En guise de calmant, Je lui ai dit que les autorités maliennes d’ici sont conscients de cela d’après des confidences relatives à ce débat d’actualité, mais que le Mali respecte depuis un texte signé avec la Mauritanie de Moctar Ould Daddah .Ce document stipule « la libre circulation des personnes et des biens ». Lassée de ma diplomatie, ma sœur me dit alors » le passé, c’est passé, on est dans le présent, nos fama(autorités)  n’ont qu’a agir face à ce que nous vivons depuis l’instauration de cette carte ». Le défaut du malien est qu’il revient rarement sur sa décision pensais-je. Une chose qui énerve Monzon pour qui « une ambassade qui ne règle pas les problèmes de ses ressortissants ne sert à rien ». Mon tonton Diarra plaidant en faveur de « l’unité des maliens » face à ce dossier sensible reconnait « l’attentisme des supérieurs maliens » au nom de la diplomatie.

Des migrants se font discret pour ne pas se faire prendre

La plu part des migrants qui se pointaient vers l’axe garage malien ou Sénégal entre autre se font rare comme au niveau du terminus de l’Eglise. De nombreux commerçants du soir ont soit fermé boutique ou descendent tôt pour ne pas prendre le risque de se faire choper au moindre faux pas ou oublie. Ben!! il ya en aussi qui préfèrent s’organiser, économiser pour payer la carte qui leur permettre durant un an de travailler sans risque de refoulement au bercail. Là encore, il faut faire du rang pas pendant des jours comme avant même si l’attente peut être parfois longue à cause des gardes postés devant le centre qui font de la préférence par ne pas dire de la discrimination en faisant rentrer  » les boss » au détriment des ordinaires. Ceci se passe devant des migrants pointés dans la fraicheur et souvent le soleil ardent attendant avec patience en trois temps: devant le centre , dans la cour, et enfin dans la salle tant sollicitée pour y verser les 30 .000.

Il faut un enregistrement sans favoritisme

Le suivi du rang est source de problème souvent. Ainsi à mon tour, j’ai fait une mise au point avec un garde qui fit rentré un autre migrant alors qu’on suivit le bout du tunnel. Me demandant ce qui se passait, je lui ai dit que l’autre est rentré sans suivre l’ordre, il me dit « et alors? » . Je lui ai répondu que cela n’est pas normal , il ajoute  » si vous parlez, vous sortez!! » tout d’un coup j’étais vraiment énervée, je lui ai répété » Mr ce que j’ai dit est simple, il n’avait pas à se mettre devant nous, s’il ne fait pas le rang ». Voyant que l’ambiance chauffait, son supérieur demanda des explications que j’ai fourni avec plaisir. Après écoute, il me dit que l’autre venait juste récupérer sa carte, une opération plus rapide que l’établissement ou le renouvelle de ma carte comme c’est mon cas. C’est pour vous dire vous dire que chaque patience à un coût bref une fin. Si les gens venaient et s’enregistraient sans favoritisme à travers plus de bureaux, tous les migrants qui le veulent ou peuvent se recenser en un temps record.

Mon avis rek

Pour finir j’ajoute pour un peu polémiquer que la carte de séjour peut être un frein à la polygamie de certains migrants qui penseront à réduire les charges plutôt qu’a les multiplier par two avis d’une malienne d’Afrique.


Mauritanie : condamnation à mort des meurtriers de Penda Soghé

Fin novembre dernier, les meurtriers de Penda Soghé ont été condamnés à mort à Nouakchott. Les mauritaniens qui ont demandé justice suite à ce drame peuvent désormais se réjouir de la condamnation à mort des meurtriers de la jeune Penda qui revenait de chez sa sœur quand elle prit un taxi ce soir là. Reines d’Afrique (R.A) vous livre le témoignage du porte parole de la famille de la victime qui alerte au passage l’opinion sur l’enjeu de la gestion efficace de l’insécurité dans la capitale mauritanienne.

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Khally Diallo/ Crédit photo Awa Seydou

 R.A : Bonjour Khally Diallo vous être le porte parole de la famille de Penda Soghé, une jeune mauritanienne violée puis tuée en mars 2013 , quelle est votre réaction par rapport à la condamnation à mort de ces meurtriers survenue le 27 novembre dernier ?

 Le veuf de Penda Soghé est très heureux de cette condamnation et dit n’avoir pas perdu confiance aux personnes qui ont aidé dans cette affaire en l’occurrence Me Fatimata Mbaye. La mère de Penda a accueilli le verdict avec confiance et estime que c’est le bon verdict. Pour rappel Penda Soghé avait été enlevée autour du carrefour madrid alors qu’elle prenait un taxi vers 20h pour rejoindre ses parents. Dans ce taxi hélas !!!! il y avait les trois criminels qui l’ont enlevé, séquestré ,violé ,puis assassiné en lui crevant les yeux selon l’autopsie en plus elle était en état de grosse.

 R.A : Quand le verdict a-t-il été rendu?

Il a été rendu le 27 novembre dernier

 R.A : Comment expliquez- vous le fait que l’annonce de ce verdict est presque passée inaperçue dans la presse?

 Je le vois sur deux aspects , d’abord parce que le tribunal n’a pas informé les gens à temps même la famille de feu Penda ,ensuite la presse était surement trop préoccupée par le 28 novembre (fête nationale d’indépendance).

 R.A : Tous les 3 meurtriers  ont -ils été condamnés à mort?

 Oui les 3. Mais n’oublions pas que la condamnation à mort en Mauritanie se résume en une peine à perpétuité vue que dans notre pays la loi existe mais elle est dite une loi dormante. Et personnellement ce qui m’inquiète est qu’ils risquent d’être graciés un jour soit par l’actuel pouvoir ou un autre qui arrivera. Je me dis même est- ce que tout cela n’est pas qu’un cirque pour faire passer l’opinion à autre chose (rire) .

 R.A : La sanction donc est tombée pour les meurtriers de Penda , que comptez- vous faire pour tous ces mauritaniens victimes d’insécurité ,de viol parfois de meurtre ?

 Continuer à faire le plaidoyer, afin que les parlementaires fassent voter des lois

 R.A : Justement l’application de la loi est un problème en Mauritanie?

Oui un problème réel car la loi facilite la tache aux criminels et auteurs de viols. Puisqu’elle ne les punit pas sévèrement et n’est pas explicite. Je pense que les députés mauritaniens ont le devoir de voter une loi explicite qui punit sévèrement les violeurs en Mauritanie sinon tous les efforts seront sans impact.

R.A : Au delà de cet appel, que penses-tu de la gestion de l’insécurité à Nouakchott ?

La gestion de l’insécurité à Nouakchott incombe à tous les citoyens de la ville . Les populations doivent changer leur comportement et savoir que la capitale est devenue une grande ville .Il faut donc redoubler d’efforts et dénoncer toute personne suspecte. En plus de cela, les autorités doivent assumer leur responsabilité celle de sécuriser les populations.Il faut arrêter les rafles à l’aveuglette et souvent des rafles discriminatoires. La délinquance n’est pas qu’au 5e ou 6e seulement mais c’est dans tout Nouakchott même dans les quartiers comme Tevragh-Zeina elle est bien présente.

Propos recueillis par Awa Seydou Traoré

 

 

 


Mali: décès de la princesse de Bozola Fantani Touré

C’est en feuilletant ma page facebook que j’ai appris ce matin cette nouvelle fracassante, celle du décès de la chanteuse malienne Fantani Touré dite la princesse de Bozola dans la capitale française.Elle avait la musique dans le sang,une joie de vivre, bref une passionnée , et puis chose impressionnante elle affichait toujours un sourire en toute circonstance. Voilà le souvenir que je garde de cette dame de fer pour qui la musique était une langue universelle, une expression identitaire, une source de mondialisation. La douce moitié du comédien Gumba national s’en va ainsi rejoindre sa dernière demeure à la suite d’une maladie.

Fantani qui compte parmi les plus imposantes artistes du pays de IBK est une bête de scène qui faisait vibré le public par la voix forte, la vibration de ses yeux et talent de danseuse,une façon de communier avec ses fans aujourd’hui en pleurs comme son mari, ses enfants et ses collègues…

L’autre chose que j’ai aimé chez cette Diva, est son attachement à sa culture comme le montre constamment son style d’habillement, si ma mémoire est bonne je peux même dire que je ne l’ai jamais vu qu’en Boubou. Une façon de dire qu’elle était sublime dans ses habits,comme en voile.

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Fantani Touré/Crédit photo

Artiste engagée, elle avait le sens des initiatives, ainsi elle présidait  l’Association Kolomba Mali et c’est sa houlette qu’était organisé le festival « Les voix de Bamako », une initiative qui vise entre autre à promouvoir la réussite des femmes. Cette cantatrice en plus de son engagement social, artistique, avait sans doute un goût pour la chose politique vu qu’elle a participé au lancement officiel du clip de  candidature de l’actuel homme fort du Mali. Elle nous manquera dans toute sa dimension, elle qui s’était mariée avec un des illustres comédiens malien Habib Dembélé alias Gumba national.

Voilà la triste nouvelle tombée ce matin toute la question est de savoir comment sera préservée l’immense héritage de cette femme engagée qui avait une narration musicale propre à elle. Tout en présentant mes sincères condoléances à la famille endeuillée, prions pour le repos de la princesse de Bozola.

Awa Seydou Tra

 


Taxi charrette à Nouakchott

A quelques heures de la célébration de la fête d’indépendance de la Mauritanie qui se tient ce 28 novembre inchaallah dans une ambiance de joie et souvenir par rapport aux évènements de Inal .Je vous fais découvrir un moyen de transport de notre chère capitale qui se met aux couleurs nationales.

Je suis toujours fascinée par la fluidité de conduite de ces taxis charrette de plus en plus en vogue. Ces charretiers conduisent des fois en toute anarchie au grand dame des taximan qui les traitent parfois anarchiques. Ils sont en général sollicités par des commerçants et des citoyens pour des courses ou transport de bagage,ils posent  d’énorme embouteillage conduisant souvent à des disputes.

Ils font partie du décor de la circulation surtout dans les quartiers périphériques. En attendant que ces charretiers soient écartés de ces lieu publics comme le souhaitent des citoyens, je vous laisse découvrir ces allures chevaleresques dont le coût est fixé à des prix symboliques en temps normal.

Je ne sais pas si c’est le cas chez vous, mais les animaux sont présents encore dans la circulation nouakchottoise, ils conduisent et traversent la route en toute inspiration. Parfois des habitants vous taxent en cas de choc avec leurs animaux à la recherche de manger.Vous voyez… les animaux sont parfois ici des rois, même si les ânes et les chevaux sont les moins choyés dans certaines circonstances, voilà un constat personnel. Place aux images…

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Charretier Nouakchott/ Crédit Photo Awa Seydou
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vers El mina/ Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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L’âne en pause/ Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou


Mauritanie: Arrestation du militant Biram Ould Dah Ould Abeid

Le pays vit au rythme de l’arrestation  de  Biram .O.D.O.A et compagnie intervenue le mardi 11 novembre dernier à Rosso, au sud de la Mauritanie. Cette nouvelle retentissante occupe la Une des causeries au pays des dunes de sables. Biram militant anti esclavagiste, qui s’est classé 2e lors de la dernière présidentielle mauritanienne est le Président de IRA( Initiative de résurgence de l’abolitionnisme en Mauritanie). Un mouvement non reconnu jusqu’à là mais qui parvient à promouvoir ses activités par un élan de communication.

L’arrestation est survenue alors que IRA et l’ONG Kawatal menaient une caravane contre l’esclavage foncier. Une mobilisation qui ne respecte les conditions requises pour son organisation selon une note officielle du Wali(gouverneur) du Trarza adressée au Président de l’Association Kawatal  dont voici une copie.

IRA CARAVANE INTERDITE

 Selon le site de Biram. O. D.O.A, « Huit militants de la lutte anti-esclavagiste en Mauritanie ont été inculpés et incarcérés à Rosso, dans le sud du pays, pour activités au sein d’une organisation non autorisée ».

Cette source rappelle aussi les autres chefs d’inculpation retenus contre ces derniers dont: « rassemblement et résistance à la force publique durant l’accomplissement de son devoir », « insurrection » et « incitation au rassemblement et à l’insurrection ».

Des accusations réfutées par IRA qui les qualifie de « fallacieuses ». Pour certains les arrestations constituent une atteinte à la liberté d’expression et de mouvement, alors que d’autres estiment qu’il faut tirer les leçons de l’instabilité qui prévaut dans la sous région.

En attendant l’issu de ce nouvel bras de fer entre le pouvoir et l’IRA tous les regards tournés vers la ville de Rosso où seront jugés ce 18novembre les 8 poursuivis selon l’avocat des militants en prison cité par Balla Touré chargé des relations extérieures de IRA.

Rappelons que depuis le début de cette affaire, des marches de soutien ont été dispersées pendant que d’autres  militants des droits de l’homme dont SOS- Esclaves estime »Les revendications des militants antiesclavagistes sont légitimes et en parfaites adéquation avec la reforme foncière de 1983 qui pour objet l’accès des anciens esclaves à la propriété foncière à travers le partage des terres collectives arables entre les membres de la communauté sans exclusion ». Verdict ce mardi… si tout se passe bien inchaallah


Nouakchott reçois des coups de balaie

Depuis le 25 octobre dernier les mauritaniens s’activent pour nettoyer les principaux axes de la capitale. Une initiative voulue par le président Aziz , président en exercice de l’Union Africaine qui veut désormais que son pays se débarrasse des ordures même si ce job est exécutée par la CUN.

Du citoyen lamda au boss, chacun mets désormais la main à la patte afin d’offrir à la ville, un environnement sain et durable , en tout cas c’est la volonté affichée. Depuis l’appel du président, on vit au rythme de la campagne d’assainissement des quartiers surtout les week end.

J’ai l’impression que quand « l’ordre vient du chef, tout le monde l’exécute » mais des gens me murmurent aussi qu’ils ont toujours nettoyé « sans attendre le coup d’envoi de quiconque » comme quoi à chacun son argument et ses raisons.

Bref ce qui réjouit le plus, c’est que Nouakchott se fait belle et donne du plaisir à se faire voir, même si les plus pessimistes attendent de voir la pérennité de cette action , le suivi stricte de cette mobilisation est au menu des discussion en un moment où verser ses ordures devient problématique.

Dans mon quartier à Basra, les gens se regardent bizarrement parfois maintenant,le dépôt d’ordre dérange par son anarchie et son odeur. Un voisin que je surnomme Black Joe a fait retourner à son propriétaire un sac d’ordures hier soir après avoir mis du feu sur une partie de ces déchets qui constituent une source de pollution surtout pour nous les habitants d’en face .

Bon attendant, qu’on sache qui va gérer désormais ses actions de nettoyage au niveau communautaire, pour vous j’ai capté quelques images sur une journée assainissement tenue ce 9 novembre dans le quartier  Pk 13.

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Nettoyage Pk13/ Crédit photo Awa Seydou
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Crédit Photo Awa Seydou
SALUBRITE AMSME
Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou

                                                                                                                                                                                                    

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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou
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Crédit photo Awa Seydou


Top 10 des conseils au président

La révolution Burkinabé m’a inspiré ce billet qui se veut un cri de cœur pour une vraie gouvernance démocratique en Afrique.A mon avis, l’Afrique connaitra un réel essor avec les présidentes, oui ceci n’est pas à exclure même si les préjugés sont encore durs comme fer. Comme on dit « un rêve peut devenir réalité ». Vu que les hommes confisquent chaque fois le pouvoir, les présidentes opteront j’en suis sûre pour un mandat non révisable. Oui il faut que le style de gouvernance change au gondwana , il faut que nos dirigeants sachent une bonne fois pour toute que « les hommes partent, les institutions restent ». Voilà la principale leçon à retenir du soulèvement « Des Hommes intègres » contre celui qui a dirigé le Faso durant 27 ans.

J’ai l’impression que pour beaucoup de nos dirigeants font semblant d’oublier qu’il ya une fin à tout. Avec de tels raisonnement ils offrent en général un spectacle de désolation au peuple qui est la principale victime des soulèvements ou instabilité. Face  à ce constat, je propose un top 10 qui sera inclu dans l’article 37.

1 – Limitation du mandat présidentiel

Le 1er principe est celui de la limitation du mandat. Tout président doit savoir qu’il ya un début et une fin de mandant. Cette décision doit être irrévocable.

2 – Exigence de résultat

Il faut que l’électorat s’attend à la satisfaction de ses préoccupations ,  à savoir le développement sur tous les plans. Dans le cas contraire il optera pour un vote sanction ne laissant à place aucune place au communautarisme. C’est le résultat ou départ du pouvoir.

3 – Interdiction de familiariser le pouvoir

Oui comme vous le savez, beaucoup de présidents d’ici et d’ailleurs ont tendance à donner des pouvoirs injustifiés à leur parents ou procéder à des nominations fictives,arrangées On doit mettre fin à ceci en nommant les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, pour des motifs précis, une durée précise et un résultat précis.

4 – Conseils à la 1er dame

Comme vous le savez, il est dit que » dernière tout grand homme se cache une grande dame », la donne ne va pas changer mais il faut l’améliorer en rappelant à certaines Fisrt Ladies que le pouvoir n’est pas « le champ de leurs grands mères » comme le rappelle un adage du Mali.

5- Préserver les bien publics

Il faut une séparation des biens à savoir quantifier ce qui est pour le peuple (public) et celui de la personne exerçant cette fonction, la gestion de ce bien précieux doit être diamétralement opposée afin d’éviter tout accaparement ou conflit d’intérêt

6- Il faut éviter d’imiter les autres présidents

Le pouvoir est sacré, il faut être là utilement et ne pas faire toujours comme les autres, chacun a son mouvement comme disent les Ivoiriens. Ce n’est pas par ce que l’autre a duré, que je dois faire pareil, la liste des exemples est longue…

7- Des raisons pour partir du pouvoir

Un président trop malade doit quitter son fauteuil volontairement (constater la vacance du pouvoir s’il vous plait!!! ), un autre impliqué dans des scandales financiers doit démissionner (sinon on aura un président commerçant), éviter la guerre de successions(sinon on aura un royaume etc…

8- Écouter la sagesse

On conseille aux présidents d’éviter de trop croire à la bonne parole de leur entourage qui profite souvent  des délices du pouvoir tant que le président fondateur est aux commandes. Il faut éviter l’ingérence d’un parti dans la gestion,en un mot les intérêts ne doivent pas primés comme l’illustre Poutine et Medvdev

9– L’armée dans les casernes

La grande muette peut protéger un pouvoir mais pas pour toujours comme le montre la révolution menée au pays des Bobodiouf et de Kadi jolie . Et puis même qui a dit que les militaires doivent toujours assurer la transition ? les Hommes intègres sont entrain d’opter pour le contraire. Une décision historique qui pourrait influencer d’autres pays africains.

10– Le pouvoir du peuple

Malgré une longévité au pouvoir, il ne faut jamais sous estimer la population car c’est elle qui vote pour élire un président. C’est à ce peuple de faire et défaire un président. Même s’il ya des hommes forts comme le disait Blaise Compaoré, des institutions fortes selon  Barack Obama , je note qu’il ya des populations fortes comme viennent de le prouver les Burkinabès.

 


Malala Yousafzai Nobel de la paix à 17ans

A seulement 17ans  ,la pakistanaise Malala Yousafzai est déja dans la cours des grands. Oui , elle vient d’obtenir le Nobel de la paix, un symbole qu’elle partage avec son voisin l’Indien Kailash Satyarthi.

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Cette attribution qui offre au Pakistan son 1er Nobel de la Paix salue le combat d’une jeune pakistanaise engagée en faveur de la scolarité des filles . Une lutte qu’elle a mené au risque de sa vie dans une zone où les talibans font souvent la pluie et le beau temps.

Elle doit ressentir une immense joie de se sentir si connue , si influente, si importante et si contournable. Une situation confortable qui ne plait pas sans doute à ses détracteurs qui n’ont pas hésité à lui concocté un attentat en octobre 2012.

S’engager au risque de sa vie

Malala a risqué sa vie pour le droit à l’éducation un des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) .Promouvoir l’accès au savoir pour les filleS, voilà la mission qu’anime Malala qui vit désormais avec sa famille pour raison de sécurité en Angleterre. A mon avis , c’est un exemple de révolution, d’émancipation et de leadership féminin elle doit se sentir chanceuse de  faire partir des grands de ce monde si tourmenté.

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Crédit photo

Cette militante de la cause des enfants a reçu une balle à la tête une tentative d’atteinte à sa vie afin qu’elle cède de plaider en faveur de l’instruction des filles. Avec un courage exceptionnel dont j’aimerais qu’elle me donne le secret, elle confie plus engagée que jamais, à l’endroit de ses détracteurs « Ils voulaient nous réduire au silence mais ils ont échoué ». Depuis lors, elle a posé ses valises au pays de Beckam où elle poursuit ses études et ses nombreux déplacement pour Prêcher en faveur de la cause qui lui a valu ce prix si convoité.

Certes, il yavait les filles qui partaient moins à l’école avant par rapport à maintenant dans beaucoup de zones du monde dont l’ Afrique . La donne change progressivement grâce à des battantes comme elle. Cette jeune fille nous enseigne que l’instruction est la clé de la réussite,  pour l’égalité des chances dans un monde où les habitudes changent parfois au pas de tortue comme en Afrique. Mais avec Malala le rêve est permis de voir les filles ou les femmes s’exprimer plus , se révolter et de bloguer pour donner au verbe son pouvoir dans un monde où l’accès à la parole est un luxe encore pour la junte féminine.


Top 10 de mon enfance

Je commence ce billet en adressant mes chaleureuses félicitations aux news mondoblogueurs notamment à ceux de la Mauritanie. Soyez- les bienvenue dans cette famille de blogueurs dont la mission est de favoriser la création de contenus francophones sur la blogosphère.

Après vous avoir dit en langue Bambara « An be Kun » ou bienvenue, je vous invite sur une note nostalgique à la lecture de ce top 10 de quelques moments forts de mon enfance.

De cette période de ma vie, des images et des rencontres m’ont énormément marqués, je vous dévoile une partie de mon album en espérant au passage un règlement définitif de la crise sans précédent qui a secoué le nord Mali en 2012.

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Palais Koulouba/crédit photo

Je tiens à partager ces quelques coups de flash de cette étape décisive de ma vie où la « Awa Bléni » (Awa la Blanche) que j’étais surnommée a passé de belles années à Kouloula, le quartier présidentiel du Mali. Un quartier où j’ai passé une bonne partie de mon cursus scolaire dans une école public fréquentée  par des enfants  de l’ancien président Alpha Oumar Konaré .

–          Koulouba 

c’est cette colline qui surplombe magistralement la capitale malienne. Tenez-vous bien, c’est notre maison blanche, où loge le président IKB, le nouveau maître des lieux après l’élection de septembre 2013. On y réside, on y va travailler, on sy rends pour faire du sport ou pour aller à la découverte de l’histoire du Mali par la visite du palais.

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En face Koulouba/Awa Seydou

Situé sur la route de Kati, ce lieu facile par sa verdure, sa beauté, sa sculpture et son histoire. J’aimais me retrouver seule ou avec des amies sur des parties de ce patrimoine  pour réviser nos leçons ou pour se faire des confidences ou relater nos coups de cœur par rapport aux feuilletons qui nous ont tant marqués comme Mari Mar, Izaroi, Rosa, Cercle de Feuilleton, Destin de femme etc…

–          L’amitié de Massaran

C’est avec un souvenir indescriptible que je vous parle de Massaran, mon amie d’enfance et qui fait partie des rare personnes que je revois encore lors de mes séjours au Mali.

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Souvenir de Koulouba Awa & Massaran

Aujourd’hui mère de famille, voilée, Massaran qui tarde à trouver un emploi comme beaucoup de jeunes maliens, est la confidente qui a été présente dans tous les moments décisifs de mon parcours . Moins bavarde que moi, elle était à l’école du genre « stylée » en matière vestimentaire alors que j’étais façon simple et m’habillais en garçon comme on aime le dire au Mali.

J’avoue que malgré la distance, le temps qui passe, elle me manque énormément car elle est une perle rare, ma perle , mon amie, ma confidente. Elle vit désormais là bas et moi ici sur la toile mauritanienne mais les regards rivés sur le Maliba surtout en ces temps de négociations.

–          Une Joueuse de foot :

Je consacrais mon temps je vous le confie à jouer au foot près du celibatéreuisme surtout pendant l’hivernage. En plus on me surnommait Yondo sister, chaque soir, avec des amis d’enfance on se retrouvait au terrain pour pratiquer un peu ce sport histoire de maintenir la forme.

–          L’athlète

Je garde un grand souvenir de ces séances de sport loin des salles de classes. En fait , c’était un des rare moments où on se retirait entre élèves et notre prof d’EPS surnommé à l’époque « cheval blanc ». On se retrouvait sur le terrain avec Massaran ,Sali et Atou. Avant les séances d’entrainement, on allait aussi cueillir des mangues en racontant nos films .

Il fallait me  voir dans mon Rôle de conteuse. Je mémorisais les faits et gestes de ces feuilletons, séries ou films comme si j’étais la scénariste. Souvent je faisais sans m’en rendre compte des jalouses. Une fois une élève s’énerva et me traita de tous les noms d’oiseaux en me disant » hé la Awa bléni  parle trop, toujours entrain de résumer des films, tu penses qu’on n’a pas de télé chez nous ou quoi? » Yafoye « ce n’est rien’ comme disent mes chers compatriotes, la go ignorait que c’est en croquant ces films que j’ai croisé le français de Senghor.

–          Mandela à Koulouba

Ce fut un des moments indélébiles de mon enfance. Oui un soir,tous les enfants de notre école ont formé une marée humaine vers le palais de Koulouba avec le slogan « Madiba et Alpha Oumar Konaré » .On venait d’ accueillir Nelson Mandela le symbole de la démocratie africaine en visite au Mali. C’est avec le recul que j’ai réalisé que je venais de voir de près un des hommes les plus puissants de la planète.

–          Sori le sourd – muet

Il était un veillard divorcé qui cultivait chaque hivernage le champ de mon père qui se trouvait dernière notre demeure. J’étais toujours fasciné de ses explications avec mon père qui lui donnait des consignes quant à la manière dont il veut voir son champ évolué. En les regardant, j’ai appris des signes de Sori dont le sourire me revient toujours. Lui qui nous permettait de récolter du maïs l’arachide , gombo  et  Bissap.

–          L’homme des femmes

Je me rappelle comme c’était hier d’un Mr du nom de Dri. Il était connu pour être un éternel séducteur , bref un accro aux femmes.Sa vie amoureuse faisait couramment la Une des causeries du grin(retrouvaille des jeunes autour du thé). Dri déceda à la surprise générale à la fleur de l’age d’une longue maladie comme c’est le cas après un tel rythme de vie.

  – Passage au lycée des jeunes filles

J’obtiens le DEF(Diplôme d’Études Fondamentales) en 1999 et sera orientée au lycée des jeunes filles devenu Lycée Aminata Diallo. Je quittais enfin la colline pour le centre ville, deux mondes différents. A cette époque, le Mali vibrait au rythme des grèves interminables au plan éducatif ont porté un coup à la qualité de l’enseignement.

–          Fille à maman

 Impossible pour moi de faire ce rétro sans parler de sama yaye (ma maman comme disent les sénégalais). Pour témoigner de la profonde complicité qui nous liait, on me traitait de fille à maman, tellement il m’était impossible de passer un séjour quelque part sans sentir la présence de cette mère qui incarnait la femme modele pour moi la malienne de Nouakchott. Passer 24h loin de sa tendresse était une souffrance pour moi pour qui une mère est irremplaçable.


Mauritanie : « meurtre » d’Abderrahmane Kane de l’ONG AEPN

Pourquoi une telle barbarie? voilà la question que je me pose une fois de plus suite au décès tragique, abominable du mauritanien Abderrahmane Kane retrouvé mort à Nouadhibou. Comme d’habitude l’argent est sans doute le nerf de la guerre dans cette histoire qui a mal tourné pour Abderrahmane K présent de l’ONG Aide aux enfants et parents nécessiteux (AEPN).

Encore une nouvelle fois, la violence a fait la loi,  laissant place à la peur, au sentiment d’insécurité, de vulnérabilité, d’injustice. L’on me dira que de tels drames se déroulent tous les jours ici, loin des flashs, des caméras et autres regards du 4e pouvoir, qu’est la presse. Mais il est de notre devoir de condamner s’il le faut chaque jour ces agissements qui portent un coup à notre République dite « islamique ».

Pourquoi autant de violence? quelle suite aux marches de protestation contre ces violences qui touchent de plus en plus la RIM? c’est bizarre à part les infos relayées par la presse sur ce meurtre macabre, je n’ai pas entendu d’échos de condamnation ou de prise de position sur ce fait alarmant dont doit se saisir tout défenseur de droits de l’homme. Ma démarche ne se veut point un jugement, non je ne suis pas encore une Fatou Bensouda.

Confidence source familiale

En fait je ne peux pas comprendre qu’on puisse attenter à la vie d’une personne à cause de « l’argent » me dit -on . Et pourtant cela est arrivé à  Abderrahman Kane dont le corps a été retrouvé sur une plage de la capitale économique Nouadhibou trois jours après sa disparition.

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Nouadhibou, Cap Blanc/ Crédit photo

Selon une source proche de la famille le défunt  avait « confiance dans ses collaborateurs » notamment le SG de l’ONG AEPN qui a « écarté tout le monde pour être proche » du président A.K. Le SG était devenu l’homme de confiance, celui qui s’occupait de la comptabilité, gestion location, entrée de fonds, bref qui voulait plaire au boss pour « servir ses propres intérêts ».

C’est au mois d’août que les choses ont pris un autre virage me confie une source au moment où s’est tenue une réunion « fabriquée » chez le président de l’AEPN sous la houlette du SG. Comme il n’y avait pas d’ordre du jour, une autre réunion s’est déroulée au domicile du président Kane le 8 août. Au cours de cette réunion, les collaborateurs de Kane lui ont demandé de devenir président d’honneur ou vice président de l’Association. Sans aucune concertation préventive, ses collègue venaient de lui demander de céder sa place, une place  convoitée par l’homme de confiance, le comptable ou SG. Une décision rejetée par le patron de l’AEPN.

AUTOPSIE
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 La bêtise humaine

Dans la matinée du 9 août, A.K prit son petit déjeuner avant de dire à sa femme qu’il va « travailler » au camping. Sa femme le téléphona à « 14h10 » en lui demandant de venir déjeuner, il réponds qu’il est « loin » et qu’il se trouve au cap blanc. D’après une source, la femme pressentie que son mari ne se trouvait pas au lieu indiqué, se référant à « une localisation téléphonique ». Par la suite, A.K téléphona sa femme et lui rassura qu’il sera de retour à « 16h », ce fut la dernière fois qu’elle parla à son homme qui n’était pas libre de « ses mouvements » ajoute une source.

Lassée par des heures d’attente sans nouvelle de A.K, la femme alerta la famille. Vers minuit , « les collaborateurs de Kane sans l’aval de la famille » déclarent à la gendarmerie sa disparition d’où la formulation d’un avis de recherche selon une confidence. D’après cette source, « le SG et ses collègues » ont appelé des parents du défunt pour leur dire que  » Abderrahmane s’est peut être suicidé » expliquant que le camping que ce dernier gérait « ne marchait pas ».

Plus j’écoute le récit , plus je me demande pourquoi briser une relation humaine au profit de l’argent?. Trois jours après sa disparition , des pêcheurs alertent la gendarmerie qui vienne retrouver ainsi le corps enterré , mutilé de A.K qu’elle remettra ensuite à la police . Par la suite, le corps sera transféré à l’hôpital Espagnol ajoute une source familiale. Cette dernière révèle aussi que « le défunt a été retrouvé couché sur le ventre, pieds et mains liés, une partie du visage fracassée, nez cassé, morsure sur son bras, trace corde sur le dos ».

Un enterrement marqué par « des chamailleries »

Les détracteurs du défunt « n’étaient pas de bonne humeur ». D’après une confidence ces derniers ont battu campagne pour que le corps  » en état de décomposition » soit vite « enterré » alors que la famille voulait que tous les  examens certifient l’origine du décès tragique « d’un homme dévoué à la cause des nécessiteux ». On me confia qu’il yavait beaucoup de « chamailleries « . Finalement A.K alla rejoindre sa dernière demeure alors que les habits qu’il portait quand son corps a été retrouvé  ne furent pas « retrouvés » jusque là bref seraient avec un des accusés en fuit du nom de Diack m-a t-on dit.

Quelques jours plu tard, l’enquête évolue selon notre confrère Amadou SY du journal « Quotidien de Nouackhott » sur place à Nouadhibou . En attendant de connaitre leur sort, les 4 accusés (dont le SG ) croupissent dans la prison de Nouadhibou alors qu’un des complices est toujours introuvable selon notre source.

Siège centrale de l'Association de l’ONG Aide aux Enfants et Parents Nécessiteux/Crédit photo
Siège centrale de l’ONG Aide aux Enfants et Parents Nécessiteux/Crédit photo

Alors que la famille du défunt réclame justice, des questions planent. Quel avenir pour l’ONG Aide aux Enfants et Parents Nécessiteux suite au « meurtre » de son président et l’emprisonnement de ses plusieurs membres, la dite association qui devait recevoir 24 à 25 millions UM comme subvention de partenaires Allemands. Cette somme , arrivera t-elle à destination vu que  » les activités de l’Association sont suspendues jusqu’à nouvel ordre », en un mot jusqu’à ce que « les choses soient claires ». Une situation de deuil qui ne sera pas sans conséquences pour les bénéficiaires de l’Association qui se trouvent ainsi « orphelins » suite à « une trahison , un meurtre à cause de l’argent, c’est horrible ce qui est arrivé » me confie t-on.

 L’AEPN crée il ya 11 ans se relèvera t-elle de ce séisme ? difficile de lire l’avenir mais la reprise sera lente dè. Quel successeur à Abderrahmane Kane dont l’association a construit un orphelinat équipé, un terrain de basket, un jardin d’enfant entre autre me raconte une source. Le défunt qui était parrain de FC Nouadhibou (équipe de basket)  essayait d’œuvrer socialement pour offrir une vie meilleure à ses concitoyens dans le besoin avec l’appui de ses partenaires. Au vu des faits A.K a peut être trop fait confiance sans savoir que « cet excès de confiance » lui serait fatale et maintenant l’avenir de l’AEPN Solidarité est en jeu. Affaire à suivre


Nord-Mali : lettre à mon oncle Ava

Ces derniers jours, je ne parviens pas à te joindre par phone toi qui a décidé de t’installer définitivement au nord du pays (Mali) depuis ta retraite en 2011. Un endroit où tu te sens plus libre face à la nature, l’écho du désert. J’ai donc décidé de t’exprimer ma nostalgie à travers cette lettre qui se veut un cri de cœur, de paix, pour un Mali unique et laïque.

RAIDS AÉRIENS FRANÇAIS DANS LE NORD MALI
Mali: Force Serval/Crédit photo

Tu es resté sur place avec la famille malgré la crise qu’a connue cette partie malienne depuis 2012: la rébellion MNLA, le séjour des djihadistes, la libération des deux villes du Nord dont Gao et Tombouctou. Une libération inachevée dans la mesure où Kidal reste toujours sous occupation MNLA .Des moments d’instance émotion où il m’était difficile d’avoir de tes nouvelles comme ce fut le cas de beaucoup de parents. Je tenais à entendre ton sourire, à sentir cette joie de vivre qui te caractérise malgré les tempêtes du désert de ces dernières années. Je me rappelle de ton vœu suite à ma demande de t’inviter à venir t’ installer à Bamako.

Passionné de thé, tu sais être souvent ferme, je me souviendrai toujours de cette confidence  : « Ma fille je me sens bien, ici c’est chez moi, je resterai même si je dois mourir, je suis malien, je ne trahirai jamais mon pays que j’ai servi avec loyauté toujours, le Mali est un et indivisible ». Parole d’un homme qui connaît si bien cette partie malienne où il a servi dans l’armée dont il parle avec fierté malgré tout ce qu’on peut reprocher à cette force jugée « mal équipée, mal répartie dans les villes du Nord » sans compter le favoritisme dont bénéficient des généraux.

DIALOGUE INTER MALIENS
Alger : discussions inter maliennes/Crédit photo

Bref tout est à refaire afin que « nos vaillants soldats » si bien chantés par notre Djeneba Seck national puissent garantir la sécurité du faso (pays) contre vents et marées pour épargner aux populations de nouvelles humiliation, des souffrances indescriptibles durant cette crise  sans précédent  ayant touché les 3 villes du Nord-Mali. Des blessures que l’on peut ressentir dans ce coup de gueule de ma compatriote blogueuse Faty Harber dans ce billet émouvant et véridique sur le film « Timbuktu » de Abderrahmane-Sissako de la Mauritanie.

Certes nous suivons en plus de la médiation burkinabè par minute les discussions d’Alger entre les autorités gouvernementales et les groupes armés pour mettre fin à ce conflit. Mais nous devons trouver une solution définitive afin que les armes se taisent à jamais pour un développement durable du Maliba de Salif Keita.

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Entrée Kidal/ Crédit photo

Je suis pressée de te voir Ava, mon oncle au beau sourire quelque part à Almousarat(dans la région de Gao), une ville où le cousin Anoune parvient à se procurer de la connexion malgré le mauvais réseau téléphonique de ces jours derniers. Tu es resté dans ton fief tout au long de cette crise où l’armée faisait ses repris stratégiques jusqu’à déserter laissant le terrain aux forces MNLA, aux djihadistes. Des périodes noires où les populations ont souffert avec le sentiment d’être abandonnées.

En attendant, les regards sont tournés vers Alger où la reprise des discussions vient d’être reportée au 1er septembre prochain laissant planer des interrogations et inquiétudes sur ces dialogues qui ont abouti à je cite  « la feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d’Alger » et une « déclaration de cessation des hostilités » selon www.reflexiondz.net. Ava, je suis sûre que tu suis de près l’évolution de ces discussions si décisive pour l’avenir du pays car comme tu le sais via ton média favori RFI .

Si loin mais si près de notre Mali, j’estime que des points tels que: l’intégrité territoriale, l’autonomie ou l’indépendance ne sont pas du tout négociables au nom de la sacralité de la souveraineté nationale. La priorité doit être accordée entièrement au développement de ces villes mais et celui du reste du Mali.

Par cette lettre , j’ai voulu exprimer ma maliennité (Mon appartenance éternelle au Mali, à ce pays qui m’a vu naître ) même si je navigue dans les eaux mauritaniennes au nom du dialogue entre les cultures n’est pas cher Ava?.